La salle de Défense contre les Forces du Mal était plus silencieuse que d'habitude, l'atmosphère lourde et tendue. Ron était assis à sa place habituelle, mais un malaise profond l'agitait. Depuis quelques semaines, chaque cours avec Tom Jedusor était devenu une épreuve pour lui. Il sentait constamment cette présence oppressante autour de lui, une force obscure qui semblait se rapprocher un peu plus à chaque leçon.
Jedusor, debout devant la classe, parlait d'une voix douce mais perçante, ses mots traversant la salle comme une brise glaciale. Il expliquait des techniques de défense mentale, insistant sur la maîtrise des émotions dans les duels sorciers. Mais chaque phrase qu'il prononçait semblait avoir un double sens, une nuance cachée que seul Ron pouvait percevoir.
Daphné, assise à côté de lui, jetait des regards inquiets dans sa direction. Elle avait remarqué depuis un moment que Ron luttait avec quelque chose de plus grand que de simples soucis scolaires. Aujourd'hui, la tension autour de lui était presque palpable.
Jedusor s'arrêta soudainement, un sourire mince étirant ses lèvres alors qu'il fixait Ron avec un intérêt étrange.
« Mr Weasley, » dit-il d'une voix soyeuse, « pourquoi ne pas nous montrer votre maîtrise de la technique que nous venons d'étudier ? Après tout, vos capacités pourraient... surpasser celles de vos camarades. »
Ron ressentit immédiatement une vague de pression monter en lui. Chaque mot de Jedusor semblait s'enrouler autour de son esprit, comme un serpent prêt à se refermer. Il savait que Jedusor jouait avec ses émotions, qu'il tentait de pousser ses pouvoirs empathiques au-delà de leurs limites. Ron avait essayé de garder le contrôle jusqu'à maintenant, mais la pression devenait insupportable.
Il se leva, essayant de rassembler ses pensées. « Je… je ne suis pas sûr que... »
« N'ayez pas peur, Mr Weasley, » murmura Jedusor, ses yeux brillant d'une lueur malsaine. « Libérez ce qui sommeille en vous. Ne vous retenez plus. »
Les mots résonnèrent dans la tête de Ron comme un écho, amplifiant chaque doute, chaque peur qu'il avait essayé d'étouffer. Il sentit son contrôle lui échapper. Ses pouvoirs empathiques, qu'il avait tant de mal à gérer, commençaient à tourbillonner dans son esprit, déclenchant une tempête émotionnelle.
Daphné, observant son agitation croissante, tenta de l'atteindre. « Ron, concentre-toi. Respire. Ne laisse pas... »
Mais c'était trop tard. La pression à l'intérieur de lui éclata. Une vague d'énergie invisible, alimentée par ses émotions déchaînées, balaya la salle. Daphné recula instinctivement, sentant la force de cette explosion magique. Cependant, à l'extérieur de la salle de Défense contre les Forces du Mal, l'effet de cette décharge émotionnelle ne se limita pas à la classe.
Dans une autre aile du château, la salle de métamorphose de McGonagall était plongée dans le calme habituel, les élèves de cinquième année – parmi lesquels se trouvaient Hermione, Ginny, Harry, et Drago – concentrés sur leurs exercices. McGonagall se déplaçait silencieusement entre les pupitres, observant les progrès de ses élèves.
Soudain, une onde invisible traversa la pièce comme un courant d'air étrange. Les effets furent immédiats et déroutants.
Ginny, qui venait de réussir à transformer un lapin en coupe à thé, laissa tomber sa baguette en se retournant brusquement vers Drago Malfoy. Son regard, d'habitude rempli de mépris à son égard, changea en une admiration étrange, presque amoureuse.
« Malfoy... » murmura-t-elle, les yeux brillants d'une émotion inexplicable. « Tu es... tellement magnifique. »
Harry, assis juste à côté de Ginny, la regarda avec des yeux écarquillés. « Quoi ?! »
Drago, de son côté, fixait Hermione d'un regard inhabituellement intense, ses traits durs adoucis par une admiration qu'il ne comprenait visiblement pas. « Granger, » dit-il d'une voix basse et posée. « Tu es... fascinante. »
Hermione se figea, levant les yeux de son livre pour fixer Drago avec une incompréhension totale. « Qu'est-ce que tu racontes, Malfoy ? »
Drago s'approcha d'elle, les yeux brillants. « Je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas vu plus tôt... tu es... magnifique. »
Hermione, d'abord abasourdie, sentit sa colère monter en flèche. Elle se leva brusquement, son visage rougissant de fureur. « Malfoy, tu es complètement malade ! »
Avant que quiconque ne puisse réagir, elle serra le poing et, sans hésiter, le frappa en plein visage. Drago tituba en arrière, la main sur sa mâchoire, totalement abasourdi par le coup.
Ginny, toujours envoûtée par cette étrange fascination, se leva d'un bond et se précipita vers Drago. « Oh non, Drago, est-ce que ça va ? »
McGonagall, qui observait la scène avec une horreur grandissante, comprit que quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas une simple querelle d'élèves ; il se passait quelque chose de plus profond, quelque chose d'invisible mais puissant. Son regard se durcit lorsqu'elle comprit que ces réactions étranges étaient liées à une force extérieure.
Elle leva sa baguette pour restaurer l'ordre dans la salle. « Assez ! » Sa voix résonna, coupant net les interactions surréalistes qui se déroulaient. « Quelque chose ne va pas. »
Elle tourna ses pensées vers Ron. Son filleul avait des pouvoirs empathiques instables, et elle savait que s'ils dérapaient, l'impact pourrait se propager bien au-delà de sa propre salle de classe.
« Weasley, Potter, Malfoy, suivez-moi, » ordonna-t-elle d'une voix glaciale. « Nous allons régler cela immédiatement. »
Pendant ce temps, dans la salle de Défense contre les Forces du Mal, Ron se tenait au centre du chaos qu'il avait créé. Ses camarades étaient étourdis par l'explosion d'émotions qu'il avait involontairement libérée. Daphné, malgré le choc initial, tenta de s'approcher de lui.
« Ron, tu dois reprendre le contrôle ! » dit-elle, la voix tremblante mais déterminée.
Mais Ron tremblait de tout son corps, la tempête émotionnelle à l'intérieur de lui hors de contrôle. « Je... je ne peux pas... » murmura-t-il, sa voix brisée par la panique. « C'est trop... je n'arrive plus à les retenir... »
Jedusor, toujours debout près de son bureau, observait la scène avec un sourire satisfait. « Fascinant, » murmura-t-il. « Vous voyez ce que vous pouvez faire, Mr Weasley, lorsque vous cessez de résister ? »
Daphné se tourna brusquement vers Jedusor, ses yeux lançant des éclairs. « Vous saviez que ça arriverait. Vous l'avez poussé à bout exprès ! »
Jedusor haussa simplement les épaules, son sourire toujours présent. « Mr Weasley a besoin d'apprendre à maîtriser ses dons. Ce n'est pas moi qui ai déclenché cette explosion. C'est lui. »
Daphné serra les poings, consciente qu'elle devait agir rapidement pour protéger Ron de lui-même. « Ron, écoute-moi, » dit-elle doucement, mais avec une force qui transperça le brouillard émotionnel. « Tu dois te concentrer. Respire. Ferme les yeux et bloque tout ça. »
Ron, vacillant, ferma les yeux, essayant désespérément de suivre les instructions de Daphné. Il prit une grande inspiration, cherchant à rassembler ses forces. Mais avant qu'il ne puisse retrouver son calme, la porte de la salle de classe s'ouvrit avec fracas.
McGonagall entra, suivie de près par Harry, Ginny, et Hermione, tous visiblement secoués par les événements. Elle leva immédiatement sa baguette et lança un sort de confinement autour de Ron, apaisant temporairement les effets de son explosion émotionnelle.
« C'est assez, Ronald, » dit McGonagall d'une voix ferme mais rassurante. « Je suis là. »
Ron, épuisé, ouvrit les yeux, ses jambes tremblant sous lui. Il sentait la présence de McGonagall comme une ancre qui le ramenait lentement à lui-même. La tempête à l'intérieur de lui commença à se dissiper.
McGonagall posa une main ferme sur son épaule. « Tu viens avec moi, Ron. Nous devons t'éloigner de tout ça pour l'instant. »
Il hocha la tête, trop épuisé pour protester. Daphné les regarda partir, soulagée que McGonagall ait pris les choses en main. Elle savait que Ron avait besoin d'aide, et elle ferait tout pour qu'il la reçoive.
Dans la chambre secrète de McGonagall, Ron se retrouva face à Dumbledore. Le vieil homme l'observait avec une bienveillance infinie, mais aussi une gravité qui témoignait de l'ampleur de la situation.
« Ronald, » dit Dumbledore doucement, « ce qui vient de se passer n'est pas entièrement de ta faute. »
Ron, encore secoué, leva les yeux. « Je n'ai pas pu me contrôler... »
Dumbledore hocha la tête. « Jedusor t'a poussé à bout. Il a cherché à exploiter tes pouvoirs, et il a réussi en partie. Mais tu n'es pas seul, Ron. Tu ne l'as jamais été. »
McGonagall prit la parole, sa voix douce mais ferme. « Nous allons t'aider à maîtriser cela. Tes pouvoirs sont puissants, mais ils ne doivent pas te contrôler. »
Dumbledore croisa les mains devant lui, ses yeux brillants de sagesse. « Tu vas devoir affronter ce qui est à l'intérieur de toi, Ron. Mais tu n'es pas seul dans cette bataille. Nous sommes avec toi. »
Ron hocha lentement la tête, se sentant apaisé pour la première fois depuis longtemps. Il savait que le chemin serait difficile, mais avec l'aide de McGonagall, Dumbledore, et Daphné, il trouverait un moyen de maîtriser ce don qui lui avait toujours semblé plus une malédiction qu'une bénédiction.
Le château de Poudlard baignait dans une atmosphère lourde de tension après l'explosion des pouvoirs de Ron. Les couloirs semblaient plus sombres, et même les portraits murmuraient entre eux sur les étranges événements qui s'étaient déroulés. McGonagall avait emmené Ron, mais personne ne savait encore vraiment ce qui s'était passé, à part Daphné.
Hermione, cependant, ne comptait pas rester dans l'ignorance. Après avoir vu Ron dans cet état, sa propre inquiétude se transformait en une colère sourde et un besoin pressant de comprendre. Elle était furieuse de ne pas avoir été là pour lui, de ne pas avoir su avant que quelque chose n'allait pas. Elle avait vu Daphné aider Ron, et maintenant elle devait savoir.
Après avoir quitté la salle de métamorphose où McGonagall les avait renvoyés, Hermione se dirigea d'un pas rapide vers Daphné, la trouvant près des escaliers qui descendaient vers les cachots. Daphné semblait ébranlée mais tentait de garder un visage impassible.
« Daphné ! » appela Hermione, la voix tranchante comme une lame. « Attends ! »
Daphné s'arrêta, surprise par le ton urgent et plein de colère d'Hermione. Elle savait que cette confrontation était inévitable, mais elle espérait avoir un peu plus de temps pour se préparer. Se retournant lentement, elle croisa le regard d'Hermione, plein de questions et de frustration.
« Hermione, je... »
Mais Hermione ne la laissa pas finir. « Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? Qu'est-ce que Ron t'a dit ? Et pourquoi tu étais la seule à comprendre ce qui se passait ? »
La colère d'Hermione était palpable. Elle avançait vers Daphné, son visage rougi par l'émotion. « J'ai besoin de savoir, Daphné. Je ne peux plus rester dans l'ignorance. »
Daphné inspira profondément, essayant de rester calme face à cette tempête d'émotions qui lui arrivait dessus. Elle comprenait la réaction d'Hermione, mais elle savait aussi que la situation de Ron était plus compliquée que ce qu'elle pouvait expliquer en quelques mots.
« Ron traverse quelque chose de très difficile en ce moment, Hermione, » commença-t-elle, d'une voix mesurée. « Ses pouvoirs sont... instables. »
« Instables ? » répéta Hermione, son ton montant d'un cran. « Qu'est-ce que tu veux dire par 'instables' ? Il m'a parlé de ses pouvoirs empathiques, mais jamais de ce que tu dis ! Il me cache des choses ? »
Daphné secoua la tête. « Il ne te cache rien intentionnellement. Il essaie de gérer tout ça, et il n'a pas encore trouvé comment. Jedusor a... a joué avec ses émotions, a essayé de les manipuler. C'est ce qui a déclenché cette... explosion. »
Hermione se raidit en entendant le nom de Jedusor. « Jedusor... » murmura-t-elle, la haine dans sa voix palpable. « Bien sûr, il serait derrière ça. »
Daphné hocha la tête. « Il a vu quelque chose en Ron, quelque chose qu'il veut exploiter. »
Hermione serra les poings, essayant de contenir sa rage. « Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Je suis censée être celle qui est là pour lui, mais c'est à toi qu'il se confie. Pourquoi ? »
Daphné fit un pas en avant, son expression devenant plus sérieuse. « Ce n'est pas une question de confiance, Hermione. Ron t'aime, ça se voit à chaque fois qu'il te regarde. Mais ce qu'il traverse en ce moment, il pense que c'est trop pour toi, qu'il te protégerait en ne te disant pas tout. »
« Me protéger ? » s'exclama Hermione, la voix brisée par la frustration. « Je n'ai pas besoin qu'il me protège ! Je suis capable de gérer les choses avec lui ! Il me met à l'écart comme si j'étais... comme si j'étais incapable de comprendre. »
Daphné soupira, sentant l'injustice de la situation pour Hermione. « Ce n'est pas ça, Hermione. Il a peur de te perdre. Il sait à quel point tu comptes pour lui, et il pense que s'il te montre à quel point ses pouvoirs sont incontrôlables, tu seras en danger ou que tu souffriras. »
Hermione croisa les bras, un mélange de colère et de tristesse sur le visage. « Et toi ? Pourquoi toi ? Pourquoi est-ce que tu es celle qui est là pour lui ? »
Daphné laissa échapper un petit rire amer. « Parce que je suis son amie. Et parce que je suis là pour le soutenir d'une manière différente. Ce n'est pas de l'amour romantique entre nous, Hermione. C'est autre chose. »
Hermione fixa Daphné avec un regard perçant. « Autre chose ? Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Daphné soupira, réalisant que c'était le moment de tout mettre à plat. « Je suis comme une sœur pour lui. Tu dois comprendre que l'amour a différentes formes, Hermione. Toi, tu es celle qu'il aime d'un amour passionné, celle avec qui il veut construire quelque chose. Moi, je suis celle qui l'aide à porter ses fardeaux quand il ne sait plus comment faire. »
Hermione resta silencieuse, digérant ces mots. Une partie d'elle était encore furieuse, mais une autre comprenait enfin ce qui se passait. Ron l'aimait, mais il avait trop de fardeaux à porter et ne voulait pas l'impliquer dans ce chaos.
Daphné continua, voyant qu'Hermione commençait à écouter. « Ron ne t'a jamais mis de côté. Il essaie simplement de gérer quelque chose qu'il n'a jamais affronté avant. Ses pouvoirs sont liés aux émotions, et parfois, il ne peut plus les contrôler. Il a besoin de toi, Hermione. Mais il a aussi besoin de soutien. »
Hermione ferma les yeux un instant, laissant sa respiration redevenir calme. « Alors pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? »
« Parce qu'il a peur, » dit Daphné doucement. « Peur de te faire du mal. Il pense que s'il te montre toute l'étendue de ce qu'il traverse, tu ne seras plus capable de l'aimer de la même manière. »
Hermione ouvrit les yeux, et cette fois, la colère avait laissé place à une profonde tristesse. « C'est idiot. C'est lui qui me fait du mal en me cachant des choses. Je l'aime, Daphné. Je l'aime plus que tout, et je veux être là pour lui, peu importe ce qu'il traverse. »
Daphné s'avança doucement et posa une main rassurante sur l'épaule d'Hermione. « Alors dis-le-lui, Hermione. Quand il reviendra, parle-lui, montre-lui qu'il peut se confier à toi. Il a besoin de savoir que tu ne le quitteras pas à cause de ses pouvoirs. »
Hermione hocha la tête, les larmes aux yeux. « Je le ferai. »
Daphné lui sourit doucement. « Ron a de la chance de t'avoir. Je suis là pour l'aider, mais toi, tu es celle qui le guide, celle qui lui donne la force de continuer. »
Hermione essuya une larme qui coulait le long de sa joue. « Merci, Daphné... de veiller sur lui. »
Daphné acquiesça. « C'est ce que les amis font. Mais n'oublie pas que c'est toi qui comptes le plus pour lui. »
Hermione la regarda, puis la remercia d'un signe de tête avant de se détourner, prête à attendre le retour de Ron, déterminée à ne plus laisser la distance émotionnelle s'immiscer entre eux.
Daphné, observant Hermione s'éloigner, poussa un léger soupir. Elle savait que cette confrontation était nécessaire, et elle espérait maintenant que, lorsque Ron reviendrait, il serait enfin prêt à tout lui dire.
Ron était allongé dans une chambre isolée, loin des tumultes de Poudlard. McGonagall l'avait amené ici, loin de l'agitation et des risques que ses pouvoirs représentaient pour les autres. Le calme qui l'entourait n'était cependant pas suffisant pour apaiser la tempête qui se déchaînait à l'intérieur de lui.
Sa tête tournait, pleine de pensées confuses. Dumbledore et McGonagall lui avaient parlé longuement, expliquant la gravité de la situation, mais une seule chose l'obsédait réellement : Hermione. Il savait qu'il l'avait blessée, même s'il avait tenté de la protéger de tout ça. Mais à quoi bon la protéger s'il finissait par la repousser ?
Il ferma les yeux, essayant de se calmer, mais une vague de colère, de tristesse, et de frustration le traversa soudainement. C'était trop familier. Ce n'était pas sa propre colère… c'était celle d'Hermione. Il pouvait la sentir, comme une flèche émotionnelle traversant son esprit.
Ron serra les poings, une partie de lui voulant repousser cette connexion empathique pour ne pas être envahi par les sentiments qu'il ressentait chez elle. Mais au fond de lui, il savait que ce n'était pas la bonne chose à faire. Hermione avait besoin de comprendre, et lui avait besoin de la calmer. De la rassurer.
Lentement, il laissa ses pouvoirs s'étendre, cherchant cette connexion qu'il ressentait toujours avec elle, bien qu'il n'ait jamais osé l'explorer aussi loin. C'était risqué, il le savait, mais cette fois, il devait le faire. Il se concentra sur la colère d'Hermione, sur ce lien qui les unissait, et laissa son esprit glisser vers elle, essayant de s'y connecter.
Dans les couloirs de Poudlard, Hermione marchait sans but précis, encore ébranlée par sa conversation avec Daphné. Les émotions s'entremêlaient en elle : colère, tristesse, amour… et une profonde frustration envers Ron. Comment pouvait-il penser qu'elle ne comprendrait pas ? Pourquoi lui cacher tout ça alors qu'elle voulait juste l'aider ?
Soudain, elle s'arrêta net. Quelque chose changea autour d'elle. Comme une brise légère, mais intérieure, qui caressa doucement son esprit. Un murmure à peine perceptible, mais familier.
« Hermione… »
Elle plissa les yeux, croyant d'abord que son esprit lui jouait des tours. Mais non, elle reconnaîtrait cette voix parmi mille. C'était Ron. Elle pouvait presque le sentir près d'elle, comme s'il essayait de l'atteindre d'une manière qu'il n'avait jamais tentée auparavant.
« Ron ? » murmura-t-elle, incertaine, son cœur battant soudain plus vite.
« Oui… c'est moi. Je suis désolé… »
Sa voix dans son esprit était douce, empreinte de regret, mais aussi de sincérité. Hermione s'immobilisa, fermant les yeux, se laissant glisser dans cette étrange connexion qui venait de s'établir entre eux. Elle pouvait sentir qu'il était proche, même à distance.
« Qu'est-ce que tu fais ? » pensa-t-elle, son esprit répondant instinctivement à cette communication nouvelle. « Pourquoi maintenant, Ron ? »
Elle ne savait pas exactement comment ils étaient connectés, mais elle ressentait sa présence dans chaque fibre de son être, comme s'ils étaient liés par quelque chose de plus profond que la simple magie.
Ron, de son côté, sentit la colère d'Hermione diminuer légèrement alors qu'elle acceptait cette connexion. Il prit une grande inspiration avant de continuer. « Je… je voulais te parler, Hermione. Mais je ne savais pas comment. Je suis désolé de t'avoir mise à l'écart… Je voulais juste te protéger. »
Hermione serra les poings, sa colère revenant en force. « Me protéger ? » pensa-t-elle avec une amertume palpable. « Tu crois que c'est ça, la protection ? Me laisser dans l'ignorance alors que tu traverses tout ça seul ? »
Ron ferma les yeux, sentant la vague de ressentiment qui montait en elle. « Non… Je sais que j'ai mal agi. J'avais peur. Peur que tu ne puisses pas… gérer tout ça. Que mes pouvoirs te mettent en danger. Que je te fasse du mal sans même m'en rendre compte. »
Hermione soupira intérieurement, mais ses pensées restaient fermes. « Ron, je ne suis pas une petite fille. Je sais que c'est compliqué, mais je veux être là pour toi. Peu importe ce que ça implique. »
Ron ressentit la détermination d'Hermione et la chaleur qui émanait de cette pensée. « Je sais… je sais que tu es forte. C'est juste que parfois, je me sens... dépassé. Mes émotions sont incontrôlables, et je n'arrive pas à tout maîtriser. »
Hermione, adoucie par sa confession, répondit d'un ton plus apaisé. « Ron, tu n'as pas à affronter ça seul. Si tu m'avais laissé t'aider dès le début, on aurait pu traverser ça ensemble. C'est ça, l'amour. On porte ces fardeaux ensemble, pas chacun de notre côté. »
Ron se sentit envahi par la culpabilité. Elle avait raison, bien sûr. Il avait sous-estimé sa force, son amour pour lui. « Je t'aime, Hermione… plus que tout. C'est pour ça que j'avais si peur de te perdre. Mais tu as raison. Je dois te laisser entrer dans cette partie de moi, même si c'est difficile. »
Hermione sentit une chaleur douce l'envahir, dissipant peu à peu la colère qu'elle avait accumulée. « Je t'aime aussi, Ron. Mais tu dois me promettre que tu ne me repousseras plus jamais comme ça. Je suis avec toi, quoi qu'il arrive. »
« Je te le promets, » murmura Ron dans leur connexion mentale. « Plus de secrets, plus de distance. Je veux que tu sois à mes côtés dans tout ça. »
Hermione esquissa un léger sourire, bien que ses yeux soient fermés. La connexion entre eux se renforçait à chaque mot échangé, comme si leurs esprits étaient devenus des extensions l'un de l'autre, partageant non seulement leurs pensées, mais aussi leurs émotions.
« Alors, quand tu reviendras, » pensa Hermione, plus légère maintenant, « nous parlerons de tout. Tu n'as plus à te battre seul. »
Ron acquiesça dans leur lien, sentant une paix intérieure qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps. « Oui, on le fera ensemble. Merci, Hermione. »
Le lien entre eux se dissipa doucement, mais cette fois, il ne laissa pas de vide. Au contraire, il laissa un sentiment de calme et de compréhension entre eux, quelque chose de plus fort que la simple parole.
Hermione ouvrit finalement les yeux, toujours immobile dans le couloir, un léger sourire sur les lèvres. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait en paix. Ron reviendrait bientôt, et cette fois, ils seraient prêts à affronter ensemble tout ce qui viendrait.
