Bonjour, Bonsoir :)
17/11/24 : j'enlève l'immense pavé de blabla hyperactif que mon moi du passé s'était senti obligée d'écrire, pavé que vous aviez sans aucun doute skippé, j'espère pour vous. Les premiers chapitres ont été réécris complètement et corrigés, ils ne me correspondaient absolument plus. Le résumé a également été changé, à titre provisoire.
Aux anciens lecteurs, rebonjour :) Cette longue pause m'a été bénéfique et j'en sors plus forte (hourra !) avec, je l'espère, quelque chose de bien plus tangible à vous offrir.
Aux nouveaux lecteurs, coucou :D Promis, je ne vous abandonnerai pas comme les anciens. N'hésitez pas à commenter et déposer un avis, c'est seulement de cette manière que je sais si mon histoire vous intéresse. Et si vous aviez besoin de ça aujourd'hui : vous êtes fort.e.s. Cessez d'hésiter.
Ce premier chapitre existe déjà depuis quelques mois (années ?), mon style apparaîtra un peu plus tard.
Bonne lecture !
Citation de Frédéric Beigbeder.
« Synesthésie : Trouble de la perception dans lequel une sensation supplémentaire est ressentie dans une région du corps autre que celle qui est perçue normalement.»
Prologue :
« C'est donc cela, la vie d'adulte : construire des châteaux de sables, puis sauter dessus à pieds joints. »
2020. Vingt-et-un an. La guerre s'était achevée il y a vingt-et-un an déjà, mais pour certains, les cicatrices restaient béantes : ils cherchaient encore à se reconstruire comme on rassemble des éclats de soi, à la fois dans leur chair et leur esprit
Il fallait réapprendre à vivre ; se faire confiance, s'aimer, oublier. Endeuillés par les vies arrachées, certains tentaient enfin de se retrouver et de s'accepter. Vingt-et-un an étaient passés depuis la fin de la guerre, et aucun d'eux n'était jamais vraiment redevenu le même.
Comment devenir adulte lorsqu'on n'a jamais vraiment été un enfant ?
Certains Mangemorts et aspirants Mangemorts avaient cherché rédemption, mais tous n'avaient pas eu la chance d'être aidé. S'ils n'avaient pas été enfermés à Azkaban, la plupart avaient pris la fuite vers les pays de l'Est, aussi n'en restaient-ils que quelques-uns en Angleterre. Théodore Nott, Blaise Zabini, Draco Malfoy, Daphnée Greengrass... Alors que le chapitre se terminait en emportant la vie et la souffrance, eux seuls avaient su compter sur le soutien de leurs camarades.
Vingt-et-un étaient passés, et l'histoire avait marqué un autre tournant. Les survivants avaient grandi, mûri. Ils avaient désormais un métier, un partenaire, une famille. Le mariage de Hermione Granger et Ron Weasley avait été la première roue d'un fort engrenage. Malgré les fantômes communs, tous devaient aller de l'avant.
Harry Potter avait été présent lors du procès de Draco Malfoy. Il avait été le premier à prendre son parti, comme il a été le premier à lui accorder son pardon. Draco Malfoy les avait aidés pendant la guerre, il avait fait face avec et pour eux, et seul cela importait. Et si Harry Potter, L'Élu, le Survivant, le Vainqueur, avait décrété que Draco Malfoy, le vicelard, le piètre assassin, était un innocent, un martyr, alors la justice ne pouvait plus rien y faire : même le plus impartial des juges allait être erroné.
Un an après la fin de la guerre, Harry Potter sortait avec Draco Malfoy. Deux ans plus tard, ils se mariaient. L'année suivante, deux enfants avaient vu le jour. La guerre leur avait appris à ne plus s'encombrer de non-dits, d'absences ; ils avaient suffisamment attendu.
Vingt-et-un an sont passés, depuis la fin de la guerre. Certains ont réussi à se reconstruire, plus que d'autres. Harry Malfoy-Potter, le Survivant, le Vainqueur, trouvait qu'il ne s'en était pas trop mal sorti.
2012_ Parc d'Attraction
Harry n'avait pas trente ans lorsqu'il s'est rendu compte qu'il avait réussi sa vie, qu'il se sentait enfin libéré des entraves de son passé. Ça lui avait pris un après-midi dans un parc d'attraction, lorsqu'il avait regardé Draco rire en secouant la tête comme il le faisait toujours, un goût de glace à la vanille sur les lèvres.
Les enfants s'amusaient sur le manège tournant face au banc sur lequel ils s'étaient posés - la tresse lâche de Lilly se balançant au grès des mouvements de son corps lorsqu'elle s'agitait sur son cheval de bois, le visage rayonnant ; la mine espiègle de James et son demi-sourire facétieux qu'il arborait alors qu'il expliquait à son frère Leo, de deux minutes son ainé, pourquoi est-ce que les enfants de leurs âges aimaient autant ce genre manège - explications que Leo s'empressa d'écarter d'un geste de la main désintéressé, le regard impassible.
- On devrait peut-être songer à rentrer, fit Draco en laissant son rire s'éteindre dans sa gorge pour aviser sa montre en argent. Il va bientôt faire nuit et les enfants ont école demain.
Harry n'avait pas trente ans lorsqu'il comprit qu'il avait réussi sa vie. C'était un accomplissement jouissif, ce qu'il aurait aimé n'être qu'un éternel recommencement.
- Restons encore un peu. Ils ont l'air de bien s'amuser.
Harry tourna à demi la tête vers Draco, gardant du coin de l'oeil la surveillance de ses enfants. Son mari l'observait en arquant un sourcil.
- Ce ne serait pas raisonnable.
- Qui te dit que j'ai envie d'être raisonnable ?
Harry laissa ses lèvres s'incurver en un sourire qui n'en était pas vraiment un. Il sentait sur sa joue le regard curieux de l'homme à ses côtés.
- Quelques minutes. Une heure, rajouta Harry.
- Quelques minutes ou une heure ?
- Une heure et quelques minutes, sourit Harry. (Il tourna son visage vers les quatre enfants qui tendaient un énième ticket au forain pour un nouveau tour. ) Ils sont beaux, pas vrai ?
Draco laissa tomber pour cette fois, glissa sa main chaude dans celle de Harry pour entrelacer leurs doigts, sourit.
- Évidement qu'ils sont beaux ! se rengorgea-t-il fièrement. Ce sont mes enfants !
- Ils tiennent plus de moi que de toi, rétorqua Harry en ricanant, avisant les cheveux bruns ébouriffés de James et ceux, plus soignés, de son frère.
- Regarde-moi cette posture raffinée ! Tu penses vraiment que c'est avec tes manières de sauvages qu'ils ont su adopter une attitude aussi élégante ?
- Je n'ai pas des manières sauvages ! riposta Harry en donnant un coup d'épaule à l'autre homme. Je sais me tenir, figure-toi !
- Reparle-moi en lorsque on se retrouvera chez les Weasmoches, se moqua le blond.
- Chez Ron c'est différent, Malfoy ! marmonna Harry, presque boudeur, parce que ce soir, il avait cessé d'être un adulte, contre Draco.
- Malfoy-Potter, corrigea aussitôt Draco et Harry ne mit qu'une petite seconde pour tourner son visage vers lui et déposer ses lèvres sur les siennes.
Harry aimait Draco et Draco aimait Harry. Harry se sentait niais mais ça ne le dérangeait pas pour ce soir. Exhaler des soupirs entre des lèvres humides, s'arrêter une seconde pour reprendre son souffle, rire un peu en se disant que c'est l'un qui cessera le premier, n'ouvrir les yeux que pour croiser ceux encore plus brillants de l'autre, espérer qu'aucun enfant ne fasse ils-ne-savaient-quoi pendant ces quelques secondes de pause.
Harry arrivait à oublier les regards transperçant d'admirations des familles autour de lui, il ne sentait que cette main chaude dans la sienne, que ces doigts rassurants autour de sa nuque, que ces genoux cognant contre les siens et cette langue avide qui caressait avec tantôt une tendresse doucereuse, tantôt une passion inamovible sa propre langue avide.
Draco avait vraiment le goût de la glace à la vanille sur les lèvres.
oOo
2020_Poudlard
Depuis la fin de la Guerre, le Ministère de la Magie avait rendu obligatoire des leçons de civilités. Décrétant que ça permettrait de prévenir tout risque potentiel, et pour donner aux élèves les clés du respect de l'autre, McGonagall se trouvait obligé d'enseigner une heure par semaine aux adolescents de Poudlard.
Pour elle, selon ses classes, ces cours étaient synonymes de débat, de psychologie, ou juste de cour de récréation.
Pour les sixièmes années de Gryffondors et Serpentards, en l'occurrence, elle avait surtout l'impression de faire classe à des enfants de quatre ans.
« Le harcèlement sexuel peut présenter beaucoup d'aspect à l'école, expliquait-elle, pour ce qui devait être la quinzième fois de la journée. Un camarade avec des yeux qui vous déshabille de haut en bas dans les couloirs, un camarade qui vous montre un dessin à caractère sexuel, la main d'un camarade qui s'égare... par accident sur votre corps.
- Pffff, faut dire ça à Libertin, m'dame. »
McGonagall prit le temps de pousser un soupir pincé avant de se tourner vers sa classe. Ses yeux perçants accrochèrent un regard plus moqueur. Seul un élève employait le mot Libertin.
« Mais va te faire foutre, Malfoy-Potter ! » cracha Quentin Jones, le susdit Libertin.
James Malfoy-Potter, qui se balançait nonchalamment sur sa chaise, tourna ses yeux pétillants vers lui, un léger sourire en coin.
« Désolé, il me semble que c'est justement l'une de tes spécialités, ça, je me trompe ?
- Du calme ! » apaisa rapidement McGonagall avant que leur échange ne commence à empiéter sur son cours. Elle n'avait pas besoin d'une de leur interminable querelle.
Avec un avertissement pour les deux Gryffondors de sixième année, elle reprit calmement :
« Les contacts physiques peuvent être classé en trois catégories : les feux verts concernent les comportements normaux. Les feux oranges concernent des comportements limites tel que le fait d'étreindre quelqu'un ou...
- Où est le mal si on étreint quelqu'un ? intervint Amy Chane, une Serpentard, l'air horrifiée. Moi, je passe ma vie à étreindre les gens !
- Mademoiselle Chane, dit McGonagall qui connaissait parfaitement la réputation de la jeune fille. Pour vous, cela peut être gentil, mais ce n'est peut-être pas le cas pour vos camarades.
Surtout que la plupart du temps, c'était agressif.
Amy Chane ouvrit de grands yeux écarquillés et posa son regard sur l'ensemble de la classe.
« Vous vous sentez agressé quand je vous étreins ?
- Nooon, dit un élève.
- Pas du tout, renchérit un autre.
- Absolument pas. »
Amy Chane esquissa un sourire satisfait.
« Je vous étreindrai tous après la sonnerie.
- La politique de Poudlard est très clair sur ce point, mademoiselle, intervint à nouveau la professeure, agacé (A quoi servait ces cours, bon sang ?). Demandez d'abord la permission avant d'avoir un contact physique avec l'un de vos camarades.
- Euh... à chaque fois ? »
Levant les yeux au ciel, McGonagall opina, laissant la jeune femme se réinstaller lentement à sa place, abasourdi.
« Et pour finir, les feux rouges concernent les contacts délibérés, non souhaité et par surprise. »
À ces mots, McGonagall distingua du coin de l'œil un mouvement brusque, et eut tout juste le temps de voir Audrey Weasley se pencher sur sa table pour faire quelque chose à James Malfoy-Potter avant que celui-ci ne fasse un bond de sa chaise dans un brusque sursaut - renversant au passage sa chaise qui était déjà dans un équilibre plus que précaire.
« Une autre question ? s'impatienta McGonagall qui avait très bien saisi que la jeune Weasley venait de mettre en pratique le contact délibéré, non souhaité et par surprise*
- Ah, euh... (Le brun aux yeux verts parut pris au dépourvu, il réfléchit à toute vitesse) Est-ce que si on reçoit des tapes derrière la tête comme ça ( il frappa l'arrière du crâne de son meilleur ami Sean Londubat qui lui renvoya un coup de coude dans le ventre ) Humpf, ça en fait partie ?
- C'est une forme de harcèlement banalisé. Vous en recevez ? »
James Malfoy-Potter coula son regard émeraude vers son frère jumeau Leo. Le Serpentard haussa un sourcil moqueur, comme pour le défier de dire quelque chose. James reporta son attention sur elle.
« Naaan, c'était juste pour savoir. »
Dans un profond soupir, la pauvre femme frappa dans ses mains.
« Pouvez-vous rester concentré deux minutes, s'il vous plaît ? J'ai l'impression de faire cour à des enfants de quatres ans.
- C'est l'âge mental de certains..., ricana Quentin Jones en jaugeant James avec mépris.
- Ahah, articula James avec ironie. Te moque pas de moi Libertin. Rappelle-moi qui a...
- Silence ! tonna McGonagall.
- Dîtes, madame, intervint Thomas Lupin en frottant l'extrémité de son crayon sur sa joue, songeur. Si on doit se déshabiller dehors, est-ce que...
- Ça, ça s'appelle le naturisme, mon pote, ricana Sacha Black.
- Votre cas est différent, Monsieur Lupin. Au moins les soirs de pleine Lune. » McGonagall décida d'ignorer l'intervention du Serpentard. « Puis-je retrouver le calme ? »
La femme croisa ses mains dans son dos pour attendre les derniers dissipés.
« Je tiens également à préciser que l'activité sexuelle n'est pas admise dans le château. (Elle adressa un regard sévère à Quentin Jones et Amy Chane) Et que toute forme de harcèlement sera sanctionnée d'un renvoi temporaire. Est-ce bien clair ? »
Alors qu'un docile « Oui ! » résonnait dans la salle, la cloche sonna la fin de l'heure.
oOo
Il parcourait le mur des yeux. De droite à gauche, passant en revue les silhouettes des souvenirs qui se mouvaient dessus comme sur un écran. Il détaillait les émotions sur leurs visages, discernait les étincelles dans leurs regards et les sourires au coin de leurs lèvres.
Il comprenait. Il comprenait que les souvenirs, les ombres des enfants et les émotions n'étaient pas de lui, que ses entités qui vivaient sur son mur vivaient aussi dans son monde, qu'il n'avait qu'à tendre la main pour effleurer leur réalité.
Il comprenait qu'il pouvait les brandir comme des amulettes, qu'à partir d'eux il pouvait créer des attrapes-rêves, qu'il pouvait contrôler, tout contrôler, comme le chef d'orchestre imposerait le rythme du spectacle.
Les rires des entités en appelaient d'autres, et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé à rire seul devant son mur qui reflétaient des souvenirs qui n'étaient pas à lui. La couleur de son rire était blanche, alors que celles des ombres avaient la teinte nuancée du jaune de la joie. Il ne comprenait pas bien pourquoi - il voyait les émotions en couleur mais avait du mal à les ressentir ; l'orangé de l'amusement s'était toujours détaché des autres, elle avait toujours été la plus distinct à interpréter et à mimer.
Pourtant, il ressentait une lourdeur dans sa poitrine, une ombre de sentiment d'étonnement ou de stupéfaction, parce qu'il ne comprenait pas pourquoi il rigolait devant un mur reflétant les souvenirs d'un château- mais cette lourdeur et cette ombre se matérialisaient qu'à peine dans un éclair, toujours trop rapidement pour qu'il se permette d'éprouver.
Sur le mur, les silhouettes avaient des visages d'enfants qu'il ne reconnaissait pas. Un regard métallique lui rappelait vaguement le sien, mais ça faisait des années qu'il ne s'était plus regardé dans un miroir pour pouvoir vraiment comparer. Les silhouettes se mélangeaient dans un imbroglio de mouvements qu'il n'arrivait plus à discerner. Des cheveux bruns, noirs, blonds. Des yeux verts, gris, marrons. Et des rires, et des sourires, et des éclats dans les regards.
Il sourit. Son sourire était orangé, parce qu'il n'arrivait à ressentir que de l'amusement, parce qu'il aimait rire et qu'il ne pouvait que le faire, parce que sinon c'était le vide. Il n'avait pas peur du vide, parce qu'il ne ressentait pas les émotions et que la peur en était une - mais il préférait sourire à l'immensité du rien qu'attendre en continuant d'observer les couleurs des émotions de la vie autour de lui.
Sur le mur, des yeux mordorés s'étaient allumés. Sa couleur, à cette entité aux yeux dorés, avait une vague nuance de turquoise. Il ne comprenait pas pourquoi l'entité était entouré de turquoise. Le turquoise était une jolie couleur, cependant, et il aurait aimé voir plus de turquoise sur son mur plutôt que tout cet écœurant jaune de joie ou ce pastel de rose synonyme d'amitié et d'affection profonde. Le turquoise n'était pas un beau sentiment, mais ça restait une jolie couleur.
Il voulait provoquer le turquoise.
Son aura se teinta du bordeaux de la détermination, et c'était la première fois depuis des années que son orangé se distillait d'une autre émotion. C'était presque effrayant, - mais il ne ressentait pas l'effroi, il le mimait avec le regard et le coin des lèvres - mais c'était surtout excitant, et ça l'excitation, l'amusement, ça lui connaissait.
Il voulait provoquer le turquoise.
Parce que cet objectif était un préquelle à la recherche de ses couleurs, parce que le turquoise lui faisait apparaitre du bordeaux et qu'il n'avait jamais ressenti cette teinte, parce que le turquoise était synonyme d'angoisse et que l'angoisse l'avait toujours amusé.
Il voulait provoquer le turquoise.
Alors il se redressa, l'allure droite et assurée du bel homme qu'il avait pu être, et lui, Nesth - le seul souvenir distinct qu'il se rappelait, son prénom -, fit un pas en avant, et se fondit dans le mur qui réfractait les souvenirs de la Nouvelle Génération.
Et voilà pour la mise en bouche !
Alors, prêt à rentrer dans le manège ?
Laissez moi vos avis :D
Verdict ?
