Bonsoir et bienvenu pour le "relancement" officiel de cette fiction.

Le rythme sera d'un chapitre toutes les deux semaines, le vendredi en fin de journée. Merci à vous pour vos adorables retours, ils m'ont ravivé mon petit coeur d'autrice :P

RàR anonyme :

Excalibur : merci énormément pour tes reviews :) Ahah, que de mystère ! La seule chose que je peux te garantir, c'est évidemment que cet homme à la fin du premier chapitre joue un rôle clé dans l'histoire. Mais bon... je suppose que tu t'en doutais un peu ? :') En tout cas, s'ils ont réussi à te faire rire, ma mission est réussie ! J'avais peur que ça soit un peu trop "lourd", mais ça a l'air d'être plutôt bien passé. Et la "prophétie" est également un mystère qui sera réglé dans, disons, très longtemps ahah ? Mais si je peux te donner un indice, ce n'est pas tout-à-fait une prophétie, en réalité. Allez, au plaisir de te retrouver pour ce chapitre, bonne lecture :D

J'espère vous retrouver au taquet dans les reviews, on se retrouve en bas de page !

Bonne lecture !

Citation de Marguerite Duras.


Leo et les manipulations Serpentardiennes.

« On croit que, lorsqu'une chose finit, une autre recommence tout de suite. Non. Entre les deux, c'est la pagaille. »

Les rires et les murmures étaient ce que Harry exécrait le plus, depuis que l'annonce de la monstruosité Malfoy-Potter s'était ébruité dans le château millénaire. Incapable de quoi que ce soit d'autre que de serrer les dents et de rentrer la tête dans les épaules, il préférait se terrer seul à la bibliothèque ou dans son dortoir à la fin de chaque cours. Hermione était compréhensive, et elle s'effervait à le rassurer : "ton avenir n'est pas tout tracé, Harry ! Les choses peuvent encore changer." comme si Harry voulait que les choses changent. Harry voulait surtout que Malfoy disparaisse de la surface de la Terre et qu'il n'en entende plus jamais parler.

Un soir, alors qu'il se cachait une nouvelle fois derrière des bouquins et ses devoirs, quelqu'un le tira de sa sempiternelle danse.

« Salut. Je... J'ai pas encore eu l'occasion de me présenter. »

Harry a levé les yeux, et il est tombé sur une Gryffondor aux tresses d'un blond très pur.

Son coeur est tombé au fond de sa poitrine. Quelque chose a remué en lui, une émotion forte et indescriptible qui s'est élevé du fond de ses entrailles, pour le prendre à la gorge. Il l'a observé, le ventre noué, avec l'intime conviction que la suite n'allait pas lui plaire.

« Je... » commença doucement la jeune fille, visiblement mal-à-l'aise face à son manque de réponse. « Moi, c'est Lilly. »

Lily. Lilly.

Elle avait des grands yeux mordorés sous ses cils, une belle peau de miel, comme la sienne. Elle avait des traits fins, des toutes petites mains osseuses qu'elle triturait par nervosité ; et elle avait ses longs cheveux, les mêmes que cet enfoiré, lustrés d'un blond presque neigeux, qui volaient dans sa tresse lâche.

Contrairement à James ou Leo, cette fille-là ressemblait bien plus à son Serpentard de père, qu'à lui. Et elle était belle.

« Lilly, hein ? » répéta-t-il, sans savoir quoi répondre d'autre.

La colère et le malaise se disputaient dans sa poitrine, et il se sentait incapable de pouvoir l'apaiser. Il avait envie d'être cruel, de l'envoyer balader, de leur faire comprendre qu'il ne voulait pas les croiser dans les couloirs - ou n'importe où ailleurs. Qu'il voulait qu'on le laisse tranquille, qu'il puisse oublier cette histoire en paix.

Supporter les remarques sarcastiques de James à longueur de journée était déjà bien trop que ce qu'il pouvait donner.

« T'as les yeux jaunes. » lâcha-t-il comme une constatation, le ton acerbe. « Pas très Malfoy-Potter, ça, hein ?

- C'est que...

- Tu t'es présenté à Malfoy ? Je suis certain que tu feras sa fierté. » grinça-t-il encore. « Une parfaite petite héritière Serpentarde. Toi, t'es sa fille. Pas la mienne. »

Le regard de Lilly a vacillé, déstabilisée.

« Je suis une Gryffondor. » murmura-t-elle d'un air blessé, et même sa voix coulait comme du miel. « Et jusqu'à preuve du contraire, c'est toi qui m'as appelé Lilly. »

Le prénom résonna en lui comme un écho cruel.

Voyant qu'il ne trouvait rien à répondre, le regard de Lilly se fit plus doux, presque compréhensif.

« Tu sais... » lui souffla-t-elle, presque comme une confidence. « Je comprends que ça surprenne. Et puis, t'as commencé avec James qui n'a aucun tact, et cet handicapé des sentiments qu'est Leo. Je pense pas que ça ait aidé dans... l'acceptation. »

Harry déglutit. Il voulut lui dire qu'il n'aurait de toute manière jamais accepté cette idée immonde, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. A la place, il ouvrit la bouche, laissant un borborygme inintelligible ponctuer sa réponse.

« Mes frères ont été bercés trop près du mur. » plaisanta Lilly, voyant qu'elle ne se faisait pas envoyer chier. « Mais... on est une sacré famille, tu sais ? Un peu bancal et maladroite, mais je... Je suis sûre que tu arriveras à l'apprécier, un jour ! »

Malgré son enthousiasme évident, Harry était incapable de chasser l'angoisse qui lui tordait les tripes. Cette gamine ne devait pas être plus qu'une quatrième année... Elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il était en train de vivre. Est-ce qu'il n'y avait que lui que ça choquait, bon sang ?! C'était Malfoy !

Face à son manque de réaction, le sourire de Lilly s'effaça légèrement. Et Harry n'eut même pas de peine lorsqu'il asséna sèchement :

« C'est pas moi ta famille. C'est une autre version de moi. Plus tordu. Pour aimer Malfoy, c'est sûr que...

- Oh, stop...! » l'interrompit Lilly en levant les yeux au ciel. « T'as que ça à la bouche, sérieusement ? Malfoy par-ci, Malfoy par-là. T'as l'air de beaucoup penser à lui pour quelqu'un qui dit le détester. »

Le visage d'Harry vira cramoisi, tandis qu'une bouffée de colère le prenait soudainement à la gorge. L'insinuation le fit presque trembler, alors qu'il se levait violemment de sa chaise, ses mains plaqués sur la table pour éviter de faire quelque chose qu'il pourrait regretter.

« Je suis obligé de parler de lui puisque vous existez ! » cracha-t-il d'une voix forte, attirant sans le voir l'attention des autres élèves. « Comment je fais pour arrêter d'y penser si vous me collez sans arrêt comme des petits caniches ?! Merlin, si...

- Silence ! » tonna Pince, l'interrompant par la même occasion dans sa diatribe méprisante. « Monsieur Potter, si vous ne savez pas vous conduire correctement, vous sortez d'ici ! »

Harry serra les dents, et rangea prestement ses affaires - fourra brusquement était plus exact. Face à lui, Lilly le regardait d'un air blessé, sans un mot. Il voulu le regretter - après tout, il avait été dur, elle n'y pouvait rien - mais n'y parvint pas. Depuis quand était-il devenu si peu sensible ?

« Pa-... Harry, attends ! » l'interpella Lilly au moment où il fit basculer son sac sur son épaule. Elle lui agrippa le bras dans son élan - le contact l'électrisa, et il se dégagea aussitôt d'un coup sec. La blonde n'y prit pas garde et murmura : « Je suis désolée. Je voulais pas t'énerver ou quoi... M'en veux pas. »

Son regard ambré brillait, et Harry se sentait cueillir par lui. Il y avait tellement de tout, dans ses yeux, d'un tout d'émotions vifs et bruts, comme un enfant qui prenait les choses trop intensément. Cette gamine était un livre ouvert, et Harry détestait ressentir de la compassion pour la mélancolie pure qui émanait d'elle.

« Je suis pas énervé. » grogna-t-il avec une voix qui disait le contraire. « Mais vous comprenez pas que... je peux pas. C'est au dessus de mes forces.

- Non, je... je comprends. Vraiment. » rajouta-t-elle face à son levé de sourcil. « Mais... c'est aussi nouveau pour nous. Je te promet qu'on fera des efforts mais fais-en pour nous aussi. N'oublie pas que... malgré tout, nos parents, c'est quand même... vous, à la base. »

Elle grimaça, comme si elle craignait qu'Harry ne se mette à nouveau en colère. Il n'était pas si impulsif, voyons !

« Je suppose que je peux vous ignorer au lieu de vous fuir. » marmonna-t-il finalement, avec une manifeste mauvaise foi.

Lilly leva les yeux au ciel.

« Je suppose que c'est un début. » ironisa-t-elle.

Harry n'eut rien à répondre à ça, et le silence s'installa.

Ca n'avait rien du silence tacite de Ron, ou celui apaisant d'Hermione. C'était un silence gêné, lourd et plein de tout ce qu'ils ne pouvaient pas dire, et du rien qu'ils avaient à se dire. Ils avaient presque le même âge, mais ils n'avaient rien en commun, par Merlin, en dehors de l'immense doigt d'honneur que le destin avait décidé de lui tendre. Et Harry avait déjà assez donné pour ses monstres pour aujourd'hui.

Alors qu'il se décidait qu'il était grand temps pour lui de fuir l'endroit - partir, pardon, sa langue de Gryffondor avait fourché - Lilly décida que c'était le moment idéal pour raconter les petites anecdotes de vie dont il se foutait totalement - et, au passage, de le mettre à nouveau en rogne.

« Tu sais, Harry, t'es un sacré personnage, hein ? » lança-t-elle avec une touche d'humour, alors que ses doigts jouaient à nouveau nerveusement entre eux. « Malgré les époques, tu restes... égal à toi-même. »

Harry fronça les sourcils, incertain quant à savoir s'il devait le prendre ou non comme un compliment.

« Mais... t'es un père génial ! Je sais que tu aimes pas qu'on en parle... » rajouta-t-elle aussitôt lorsqu'elle le vit ouvrir la bouche avec colère. « Mais c'est vrai. Par exemple, regarde : je m'appelle Lilly. »

Harry s'était toujours dis qu'il donnerait à sa fille le nom de la femme la plus forte de sa vie.

« Et pourtant... » fit-elle, comme si elle suivait son cheminement de pensée. « Il y a deux L à mon prénom, parce que tu t'es dis que c'était déjà suffisant de porter le nom de deux héros comme vous. »

Il se retint de pouffer. Malfoy, un héros ? Quelle blague !

« Tu m'as donné ce nom parce que tu voulais qu'on se souvienne de ta mère, mais tu voulais aussi que je sois différente. Pas elle. Pas toi. » Elle lui a sourit, et Harry crut un instant voir le sourire rassurant de Luna, un peu rêveur. « Je ne suis pas Lily Evans. Je suis Lilly Malfoy-Potter, et malgré mon héritage, je suis juste... moi. »

Elle s'est tu, laissant Harry avec le ventre en vrac.

« Je... Désolé de te décevoir, souffla-t-il finalement d'une voix rauque, presque brisée. Mais je ne suis pas ton père. Arrête avec ça.

- Non... c'est pas ce que j'ai dis ! Je parlais de toi, mais... pas toi toi. »

Mais Harry n'avait pas envie de se bercer d'illusion. Il n'y avait pas de lui lui moins lui que lui. Ça lui faisait mal au crâne, toutes ces histoires de passé et de futur, mais il était certain de ça, depuis qu'il était retourné dans le temps avec Hermione, en troisième année : Harry Potter et Harry Truc-Potter étaient une seule et même personne.

Et cette idée même lui tordait les tripes.

« Stop, Lilly. » claqua-t-il, durement. « Tu n'es pas une Malfoy-Potter. Juste une erreur. »

Il s'est retourné, dans l'espoir de faire taire l'angoisse qui lui tordait les tripes - et cette fois, de partir pour de bon. Il ignora le regard blessé de la gamine Malfoy - après tout, ce n'était pas son problème, hein ? - et sortit de la bibliothèque d'une démarche raide, sentant le poids des yeux de Lilly sur sa nuque.

Les soirs d'après, il a fui la bibliothèque, ne laissant comme refuge que son dortoir.

Mais son dortoir n'avait rien d'un refuge.

Les quatre nouveaux Gryffondors s'étaient installés, et ils empiétaient. James était constamment sous ses baskets pour lui rappeler ses erreurs futurs, et lorsqu'il ne lui lançait pas des piques sarcastiques, il passait son temps à se disputer avec Quentin Jones qu'il appelait "Libertin", ce qui avait sensiblement le don de lui taper sur les nerfs. Thomas Lupin, en médiateur, tentait constamment de calmer les choses, mais le fait est que la situation commençait sérieusement à peser à 9 dans un si petit espace.

Deux semaines plus tard, les choses n'avaient pas changés. Et alors qu'Harry se rendait à son cours de potion, il croisa Malfoy.

Devant la porte de la salle, les sixièmes années de Serpentard et de Gryffondors attendaient patiemment que Snape arrive.

Et Malfoy était là, face à lui. Le Serpentard se dirigeait vers ses amis quand Harry fuyait le plus possible le petit caniche aux yeux verts qui partageait son dortoir. Face à face, leurs regards s'accrochèrent.

Et Harry sentit son souffle se couper.

Ca n'avait rien à voir avec la colère. Il ne se sentait ni furieux, ni énervé. Malfoy était là. Avec ses grands yeux gris et sa peau blanche. Il le regardait d'un air sombre, Harry voyait bien que sa mâchoire était serrée si fort que ses dents devaient lui faire mal. Même ses poings, coincés négligemment dans les poches de sa robe, devaient être crispés.

Mais Harry, lui, ne ressentait aucune colère.

Il en avait marre d'être en colère.

Il voulait cesser de fuir.

« Dégage de mon chemin. » lâcha Malfoy, du bout des lèvres, comme s'il lui en coûtait de lui adresser la parole.

Harry voulut hausser les épaules et s'écarter, mais il s'en sentit incapable. Il sentait ses jambes faibles, et son corps lourd. Son coeur aussi. Ses mains tremblaient, tandis qu'il sentait l'épuisement monter en lui. Un instant, il crut qu'il allait tourner de l'oeil.

Deux semaines que les choses n'avaient pas bougés. Deux semaines qu'il dormait encore plus mal qu'avant. Il en avait marre de ne pas être heureux.

Il ne voulait plus être en colère.

« Je sais que t'es un Mangemort. » murmura doucement Harry, en clignant des yeux. Même ses paupières étaient lourdes.

Face à lui, il vit le regard de Malfoy se mettre à flamboyer d'un éclat de fureur absolu. Ses épaules se redressèrent, comme pour le dominer.

« Dégage de mon chemin avant que je le fasse moi-même. » siffla le Serpentard d'une voix enrouée, en sortant ses mains de ses poches, baguette en évidence.

Harry baissa les yeux vers ses mains. Elles étaient effectivement crispées, ses doigts étaient serrés si forts que ses phalanges blanchissaient à vu d'oeil. Eux aussi étaient osseux, comme ceux de Lily. Sûrement froides, et peut-être même sèches. Ça ne devait pas être agréable d'être touché par elles.

« Tu peux te décaler si tu veux partir. » lâcha Harry en haussant les épaules. « Moi, je suis bien là. »

Les joues pâles de Malfoy se mirent à rougir de rage, créant un étonnant contraste avec la glace qu'il incarnait. Harry crut un instant qu'il allait imploser, mais finalement, Malfoy dû se dire qu'il n'en voulait pas la peine, car ses épaules se relâchèrent, ne laissant rien d'autre que l'éclat de son regard pour témoigner de son mépris.

« Tu es pathétique, Potter. » lança Malfoy d'une voix traînante. « Arrête de nous faire croire que tu vaux quelque chose pour ce monde. La blague ne fait rire plus personne. »

Et, juste comme ça, comme s'il décidait lui-même que la conversation était close, Malfoy le contourna d'une démarche de conquérant, un petit rictus méprisant aux lèvres.

Mais ce n'était pas lui qui décidait de ça - Harry lui empoigna alors violemment le bras, tandis qu'il passait à côté de lui.

« La conversation n'est pas finie, Malfoy. » claqua-t-il d'une voix dure.

Sa main se resserra autour de son bras. Les iris orageuses de Malfoy passèrent de lui à sa main, pour revenir jusqu'à lui. Leurs regards s'accrochèrent. S'écorchèrent.

« Ce n'est pas toi qui dictes les choses, Saint Potter. » Malfoy se dégagea d'un coup sec, avant de lui faire à nouveau face, froid, presque dédaigneux. « Contrairement à ce que tu penses, tu ne contrôles rien. Le monde n'est pas à tes pieds. »

Autour d'eux, les sixièmes années commencèrent à remarquer leur altercation, et les conversations se dissipèrent, ne laissant place qu'aux murmures distincts des rumeurs. Le ventre d'Harry se tordit, son coeur s'enfonçant dans sa gorge.

A quelque part derrière l'épaule de Malfoy, il croisa un regard vert amusé, et un autre, gris, plus calculateur. Il détourna le regard avec une pointe de rancoeur. Ses yeux tombèrent à nouveau sur Malfoy, dont le regard était sombre, presque indéchiffrable.

Les poils de sa nuque se hérissèrent, et Harry s'écarta vivement.

« Le monde n'est peut-être pas à mes pieds. » lança Harry d'une voix forte, moqueur. « Mais il paraît que toi, tu l'es. »

Pourquoi venait-il de dire ça ?

Un éclat de rire cristallin résonna dans le silence relatif de sa tirade, mais - fort heureusement pour lui - ce fut le moment que choisi Snape pour ouvrir la porte de sa salle de classe.

Harry s'engouffra le premier à l'intérieur, les jambes flageolantes.

Il s'enfonça jusqu'au fond de la salle, avant de se laisser tomber lourdement sur le tabouret, le souffle court.

Il avait perdu la tête, ou quoi ?

Harry secoua la tête, et lorsque Ron s'installa à côté de lui, il marmonna d'une voix à peine audible :

« Je commence à devenir fou, mec.

- En même temps, tu te caches derrière tes craintes pour pas avoir à nous affronter. »

Le coeur d'Harry fit la salsa dans sa poitrine, et lorsqu'il se retourna brusquement vers Ron, ce n'était évidement pas lui assis à sa place. Mais le frère de James, un de ces saletés de Serpentards.

« Tu t'es trompé de place, lui lança Harry, avec l'espoir vain qu'il lui réponde : « oh, pardon, je m'en vais de ce pas, désolé cher camarade qui n'est pas mon père ! »

Un peu plus loin, Ron l'observait d'un air perdu, au milieu de l'allée. Et lorsque sa fille Audrey Weasley lui fit des grands signes pour venir s'asseoir, il lui adressa un regard désolé avant de l'abandonner lâchement.

« Non, c'est parfaitement là où je dois être. » répondit le garçon aux yeux gris, le ton neutre.

Harry se prit la tête entre les mains, désespéré.

Merlin n'avait-il jamais pitié de lui ?


Leo avait souvent été considéré comme la tête pensante du groupe.

Evidemment, quand on le comparait à l'impulsivité de James ou la naïveté de Lilly, le niveau était nivelé vers le bas. Il n'empêche que Leo était le complet opposé de son frère jumeau : il n'était pas bavard, préférait se faire discret, et il réfléchissait avant d'agir. Aussi, cela lui laissait tout le loisir d'observer. Pendant que James fait son numéro, lui, il se tait, et il regarde.

Il observe Draco, et ses mimiques alors qu'il aligne les ingrédients face à lui pour former une ligne parfaite. Il note son demi-sourire satisfait, et son regard qui s'allume lorsque Blaise se penche pour lui murmurer quelque chose à l'oreille.

Il observe son frère qui discute avec son meilleur ami Sean Londubat. Il a des cernes sous les yeux et les cheveux encore plus en pagailles que d'habitude. Lorsqu'il se retourne pour lancer une pique à Quentin Jones, il croise son regard et lui fait un clin d'oeil.

Et puis, il observe Harry, à côté de lui.

Alors que Draco a la prestance et la prétention que tout le monde lui connait, Harry ne ressemble en rien à son Papa. Paradoxalement, Harry parait plus vieux, plus étriqué, plus torturé que son homonyme du futur. Ses traits sont fatigués, ses yeux sont creusés, et sa bouche est constamment arqué dans une expression où le dégoût se dispute à la douleur.

Voyant son regard sur lui, Harry se lève brusquement, faisant racler sa chaise sur le carrelage de la salle.

« 'Vais chercher les ingrédients. » marmonna-t-il du bout des lèvres.

Leo se leva à son tour, sous le regard désespéré d'Harry. Pas question qu'il le lâche d'une semelle.

« Tu connais les ingrédients de la potion de Mort-Vivant ? interrogea Leo, impassible.

- Tu me prends pour qui ? » rétorqua aussitôt Harry, piqué au vif.

Mais lorsqu'ils furent devant la table, Harry semblait à court d'idées. Leo leva les yeux au ciel. Pourquoi ça ne l'étonnait pas ?

« Prend la fiole, là. » lui ordonna Leo, et Harry obéit sans y réfléchir. « C'est du mucus de Veracrasse. Prend des racines d'asphodèle aussi. Je vais prendre de l'armoise et des fèves soporifiques.

- C'est tout ?

- On a le reste sur notre table. »

Harry hocha la tête, l'air ailleurs.

« Adorable, cette petite collaboration père/fils. » railla James, les mains remplit d'ingrédients qui n'avaient absolument rien à faire dans un philtre de Mort-Vivant. « Je vous envierai presque. »

James lui fit un demi-sourire lorsqu'il passa près de lui.

« Je suis certain que tu vas gérer à la perfection, mon frère adoré.

- Mieux que toi, en tout cas. » lâcha sèchement Leo. « Je peux savoir ce que tu vas faire avec tout ça ?

- Ben... mon philtre ! Tu m'as pris pour quoi ? Un fauteur de trouble ? »

Leo leva les yeux au ciel, en lui adressant un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de tout ça.

Si James voulait réussir à se faire apprécier, il devait commencer par arrêter d'être un aimant à problèmes. Et à en voir la manière dont Harry s'était aussitôt écarté d'eux, comme pour éviter de se faire contaminer par leur côté Malfoy-Potter, il restait encore un long chemin à parcourir.

- Si tu veux faire autre chose que ce philtre, trouve quelque chose d'utile à faire pour une fois, lui murmura Leo, presque calculateur. Histoire de faire avancer la situation.

Il lui adressa un regard entendu, que James lui rendit par un clin d'oeil, un sourire sarcastique aux lèvres.

« Message reçu. Je vais aller faire semblant d'avoir une vie intéressante. Mais je reviendrai te voir, mec. T'es mon côté sombre préféré. »

Leo leva les yeux au ciel, et suivit Harry lorsqu'ils allèrent se réinstaller à leur place.

La potion fut expéditive. Harry avait seulement à suivre ses directives, et puisqu'il ne voulait pas lui parler plus que nécessaire, il ne le contredisait même pas dans la marche à suivre. Leo aurait pu lui ordonner de tondre l'intégralité de ses cheveux pour les mettre dans la potion qu'il l'aurait suivi sans hésiter.

« Comment on peut mettre ce truc en poudre ? » râla Harry, presque par reflexe, tandis qu'il s'évertuer à casser une griffe de Dragon. « C'est aussi dur que de la pierre !

- Tu sais que tu es un sorcier, Harry ?

- Je vois pas le rapport. » renifla-t-il encore, presque condescendant.

C'est Sainte Mangouste qui se fout de la charité.

« Eh bien, t'as juste à lancer un sort de désintégration. »

Harry cligna des yeux.

« Oui, bon, ça va ! Pas la peine de prendre ce ton avec moi. »

Et lorsque Harry lança le sort, la griffe partit en fumée, ne laissant qu'un reste de poudre. Leo leva une énième fois les yeux au ciel, amusé malgré lui.

« T'es vraiment une bouse en Potion, lui lança-t-il, moqueur.

- Oh, c'est bon ! Je peux pas exceller partout.

- Parce que tu excelles où ? »

Harry leva ses épaules avec fierté, comme s'il devait redorer l'honneur de quelque chose.

« Le Quidditch, évidemment ! »

Leo observa les yeux brillants de son père. Adieu la fatigue qui lui tenait le dos et l'aigreur qui faisait grincer ses muscles. A peine avait-il prononcer ces mots qu'il semblait respirer à nouveau, comme si quelque chose avait été débloqué en lui. Le Quidditch, ça avait toujours été le moteur de Harry ; et celui de son père.

Pour la première fois, Leo vit enfin son papa en lui.

« J'ai fais très peu de Quidditch, dans ma vie. » lui lança Leo, l'air de rien. « Toi, tu fais quoi ? »

Et tandis qu'Harry se mettait à déblatérer sur le fait qu'il était le meilleur attrapeur de l'école, Leo posa son menton sur sa main, son regard gris détaillant le visage rayonnant de son père. Son sourire, son souffle court, ses joues rosées. Harry était facilement manipulable. Leo connaissait par coeur ses passions et ses craintes, il lui était donc facile de venir titiller le point précis qui le ferait s'ouvrir un peu. Harry n'était, après tout, qu'un gamin de son âge. Un gamin perdu et sans repère, qui plus est.

Leo était certain qu'il arrivera à le faire s'ouvrir enfin, à force de persuasion. Inutile d'y aller la tête la première.

La subtilité, ça a toujours été son truc.

Ca ne servait donc à rien de lui préciser qu'il détestait le Quidditch, le trouvant brutal et peu raffiné. Lui préférait les parties d'échecs intellectuelles avec son deuxième père, plutôt que les courses poursuites endiablés de son papa avec James et Lilly.

Il n'empêche, Harry paraissait revivre, lorsque ses grands yeux émeraudes brillaient de cette flamme brûlante.

Leo ferait n'importe quoi pour qu'elle ne s'éteigne jamais.


Et vualàààà.

Alors, avis ?

On se retrouve dans deux semaines ;) D'ici là, prenez soin de vous et n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez :)