Hello !

Un graaaaaaaaaand merci à Psufix et pour vos reviews. Je suis désolée de vous avoir fait ressentir autant de peine, mais recevoir les notifications m'ont énormément fait plaisir (coeur).

Bonne lecture !


CHAPITRE 16 – «Veni, Vidi, Vixi»

When you said your last goodbye

I died a little bit inside

I lay in tears in bed all night

Alone without you by my side

But if you loved me

Why'd you leave me

Kodaline – All I want

La nuit avait été courte. Non pas courte car Olivier avait peu dormi, mais parce qu'elle était passée aussi vite qu'un Eclair de Feu à sa vitesse maximale. Quand il avait ouvert les yeux, il avait eu la sensation qu'il venait de les fermer. Pourtant quand il avait regardé l'heure, il avait compris que la fin d'après-midi et la nuit s'étaient écoulées.

Il était sept heures et onze minutes.

Rapidement, il s'était décidé à aller à Poudlard. Son ancienne école avait besoin d'aide. Il se devait de lui offrir. Violet et George s'étaient réveillés peu après lui. Il avait espéré les retrouver «plus eux». Il n'en était rien.

La première question de Violet leur avait asséné un coup supplémentaire à tous les deux.

— C'était un cauchemar? avait-elle demandé, les yeux à peine ouverts, d'une voix innocente, comme une enfant.

— Non mon cœur, avait-il répondu. C'est bien réel.

Réel. Toujours cet affreux mot.

Violet avait retrouvé sa position de la veille. Assise, protégée par ses jambes contre sa poitrine et cadenassée par ses bras qui les entouraient. George avait perdu le peu de couleurs qu'il lui restait. Olivier avait eu un pincement au cœur.

Son regard s'était posé sur la photo accrochée au-dessus du canapé. Ils étaient tous les cinq, à leur premier Noël tous ensemble. Le seul Noël ensemble qui avait été véritablement joyeux. Un souvenir si récent et si lointain.

Avant Poudlard, Olivier se rendit chez les Tonks. Quand il arriva, Teddy venait de terminer son biberon. Ce matin, il avait les cheveux bruns comme ceux de Remus. Olivier se demandait s'il s'agissait de sa couleur naturelle. Est-ce que Teddy avait hérité de son père? Son cœur se pinça, encore, Remus ne verrait jamais Teddy grandir.

Andromeda avait les traits tirés et de profondes cernes marquées son visage. Ses yeux étaient plus sombres que doux. Contrairement à eux, la nuit avait dû être longue. Ça conforta son idée.

— Je dois aller à Poudlard, annonça-il. Si vous le souhaitez, Violet peut garder Teddy. Elle n'ira pas à Poudlard et la présence de Teddy l'apaisera.

— Tu penses qu'elle en est capable? l'interrogea Andromeda.

— Je pense que Teddy va l'aider à en être capable.

Il en était certain.

— Je veux bien, accepta Andromeda. Je pourrai me rendre à Sainte-Mangouste. Ted a besoin de soins particuliers pour se remettre plus vite. Maintenant que… Je – Je te prépare tout ce qu'il faut.

Andromeda déposa Teddy dans les bras d'Oliver. Il en était très mal à l'aise. Il n'avait jamais porté de bébé. Teddy était si petit. Si léger. Si fragile. Même un balai ne lui avait jamais semblé aussi fragile. Andromeda lui expliqua comment bien le maintenir. Et Teddy s'endormit dans ses bras. Il ressentit une pointe d'apaisement. Tout ce dont aurait besoin Violet.

De retour à l'appartement, Olivier entendit l'eau de la doucher couler. Violet était sur le canapé. Olivier déposa Teddy sur Violet et elle le lova contre elle. Teddy ne gigota pas, profondément endormi et en pleine confiance.

Olivier posa le sac de Teddy sur la table et en sortit le berceau qu'Andromeda avait rétréci pour le déplacement. Il lui rendit sa taille normale et l'installa contre le canapé. Violet leva sa baguette magique. Il ferma les yeux, priant Merlin pour que le sortilège fonctionne.

Accio sac!

Il ouvrit les yeux, les dents serrés. Le sac était toujours sur la table. Il n'avait pas bougé d'un millimètre. Violet reposa sa baguette magique.

— Il faudra qu'on aille chez Ollivander, peut-être qu'il pourra la réparer.

— On va attendre encore un peu. Ça va revenir.

Il ne souhaitait pas la contredire. Violet haussa les épaules. Olivier allait partir quand le doute le submergea. Était-ce le bon choix? Quel genre de fiancé était-il à la laisser seule?

— Je dois aller à Poudlard, dit-il, en cherchant son regard. Je dois aider tout le monde, mais si tu…

— Je sais, le coupa-t-elle. J'ai envoyé Quid à tes parents pour leur demander de venir.

— Oh! s'étonna-t-il. Très bien.

En effet, c'était très bien. Olivier était rassuré d'apprendre qu'elle avait été capable de se déplacer. Qu'elle avait été capable de demander de l'aide. De tout cœur, il espéra que Quid se rende rapidement à Dauphy's Sea et que ses parents ne tarderaient pas.

— Tu viens avec moi? demanda-t-il à George quand celui-ci sortit de la salle de bain.

— Je vais rester un peu avec Violet. Je vous rejoins plus tard.

Olivier serra l'épaule de George en guise de soutien. Il embrassa Violet sur le front. Elle maintenait toujours Teddy contre elle. Il était désormais sûr que la présence de Teddy lui était bénéfique.

Olivier quitta l'appartement, le cognard au ventre.


George s'installa à côté de Violet, leur coude se frôlait. Elle ne réagit pas. Il l'observa avec le petit Teddy. Le nouveau-né lui rappelait tant ce qu'il avait perdu cette nuit. Il se remémorait la joie d'Erine d'être Marraine et elle n'aurait pas la chance d'en profiter. Erine était heureuse, mais, lui, n'éprouvait aucun bonheur face à ce souvenir. Il ruminait tout ce qu'Erine manquerait. Tout ce qu'elle ne réaliserait pas.

Il se liquéfiait.

Violet était avec son frère. Lui n'avait plus le sien. En une nuit, elle avait gagné deux frères. Lui avait perdu le sien. C'était égoïste de penser ainsi, mais il ne pouvait s'en empêcher.

George avait perdu une partie de lui qu'il ne pourrait jamais retrouver. Il avait perdu la moitié qui formait son tout. Il n'y croyait toujours pas. A chaque instant, son frère pouvait surgir en riant:

Surprise! Je t'ai bien eu, hein!

Il espérait que ce soit une mauvaise plaisanterie. La plus mauvaise qu'il ait faite.

George pivota vers Violet. Malgré sa terrible pensée à l'égard de sa meilleure amie, elle était sûrement la seule personne qui pouvait comprendre ne serait-ce qu'un petit peu ce qu'il vivait.

— Vio, est-ce que tu peux poser Teddy, s'il te plaît?

A sa grande surprise, elle ne réagit pas. Encore. Teddy dormait paisiblement sur elle et Violet ne cillait pas. Elle était ailleurs. Inaccessible. George ne pouvait pas la laisser ainsi. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Peut-être que Violet n'en avait pas encore conscience, mais ils étaient leur seul soutien.

— Violet, j'ai besoin de ma meilleure amie.

Parfois, Violet n'entendait plus rien. Toutes ces sensations disparaissaient. Elle ne percevait aucun mouvement d'elle. Des instants noirs. Déconnectée du monde dans lequel elle vivait. Elle n'était pas en mesure d'estimer le temps qui s'écoulait. Elle savait juste qu'elle n'avait plus été là dès que son esprit lui revenait.

Les mots de George l'avaient rattrapée en chemin. Il les avait prononcés de manière très basse, ou alors c'était ainsi que son cerveau les avait reçus. Bas, pourtant suppliants. Ce n'était pas le genre de George. Il n'avait jamais été friand d'affection, certes plus que…

Violet ferma les paupières. Elle ne voulait pas y penser. Elle déposa Teddy dans son berceau. Son petit frère resta calme. Pouvait-il se rendre compte de ce qu'il s'était passé?

George faufila un bras derrière elle. Elle ne l'entoura pas, comme elle l'aurait toujours fait, mais elle ne se résista pas. Sa tête sur lui, il passa son deuxième bras devant elle pour la serrer contre lui.

Ce moment ne pansa aucune de ses blessures, mais il eut le mérite de l'apaiser quelques secondes.

— Je suis content que tu sois là, murmura-t-il – cette nuit l'avait vraiment perturbé. Et Olivier.

Elle mouva d'un léger geste les épaules. George aurait pu s'en sentir vexé, mais il n'avait aucun doute sur la réciprocité. Violet avait toujours été là. Violet les aimait. Il la serra un peu plus avant de s'éloigner.

— Je dois aller à Poudlard aussi. Ma famille a besoin de moi, la prévint-il et elle hocha la tête. Tu ne veux pas venir?

Il crut qu'elle ne parlerait pas. Violet ne s'exprimait que très peu depuis hier. Il ne reconnaissait pas sa meilleure amie.

— Ma famille est là, Georgie, répondit-elle – à sa surprise.

George eut un frisson. Il aurait préféré ne pas entendre sa voix. Elle ne lui allait pas, tant elle était fade. Les yeux sombres de Violet se posèrent sur Teddy.

— Je vois... On se voit tout à l'heure, petit oiseau. Fais attention à toi.

Devant la cheminée, des crépitements l'empêchèrent de l'emprunter. La mère d'Olivier, suivie de peu par son père arrivaient. Violet ne serait pas seule.

— George… Nous sommes vraiment désolés.

Ruth l'enlaça et Sebastian lui accorda un discret sourire. La mère d'Olivier était bien différente de la sienne, mais elle gardait ce réconfort.

George quitta l'appartement, plus vide que jamais.


Quand leur fils leur avait annoncé les terribles nouvelles, Ruth et Sebastian avaient été dévastés. Le monde des sorciers avait déjà connu une guerre sans précédent. Celle qui venait de se terminer marquerait à toujours Poudlard et toute la Grande-Bretagne.

Cela n'était rien vis-à-vis de ce qu'ils avaient ressenti pour leur fils et pour Violet.

Quid était arrivé juste avant qu'ils ne débarquent ici. L'enveloppe ne contenait qu'une simple question:«Pouvez-vous venir à l'appartement? Violet.». Ils n'avaient pas hésité. Ils n'auraient jamais hésité.

Désormais devant elle, Ruth et Sebastian se lancèrent ce même regard inquiet. L'état de Violet était pire que ce qu'ils avaient pu imaginer. Elle n'avait plus rien de la jeune fille qu'ils connaissaient.

Cette simple question se révélait être bien plus profonde, elle signifiait un réel appel à l'aide.

Comme ils l'avaient fait la veille avec leur fils, chacun s'installa à côté de Violet. Elle ne leva pas la tête. Elle ne remarquait pas leur présence. Elle paraissait être prisonnière d'une force qui leur échappait.

Ses yeux marrons autrefois pétillants ne décrochaient pas le nouveau-né présent devant eux. Le cœur de Ruth se serra, Violet était-elle capable de projeter ce qu'elle avait perdu la veille sur Teddy? Pouvait-elle réaliser ça? Ou bien était-elle simplement encore sous le choc de la guerre?

— C'est ton petit-frère? demanda Sebastian.

— Oui, c'est Teddy, répondit-elle.

Le son de sa voix leur donna la chair de poule. Elle n'avait aucun timbre, aucune personnalité. Sebastian prit Violet l'épaule et elle se laissa aller contre lui.

— Merci d'être venus.

Ses remerciements se fondirent dans ce qui aurait pu ressembler à un sanglot s'il n'avait pas été si silencieux et sans émotion. Ruth caressa sa joue et Violet ajouta:

— Vous êtes ma famille.

Violet restait là, accrochée au peu qu'il lui restait.


Les barrières autour du château avaient été déployées à la première heure du matin. Olivier n'en était pas déçu. Il avait pu s'évader dans ses pensées de Pré-au-Lard à l'entrée du château. Il avait profité de l'air frais, du vent, des nuages, du ciel. Ce sentiment de liberté lui avait manqué. Sans jamais oublier Violet. Il remettait en question son choix d'être parti pour la reconstruction de Poudlard. Il avait pesé le pour et le contre. Il se rassurait, Violet n'était pas seule.

— Dubois! Comment allez-vous?

La professeure McGonagall – qui semblait avoir vieilli de cent ans en quelques heures –l'accueillit d'un air triste. Son chignon était plus détaché que d'habitude et son visage était détendu, perdant la sévérité qu'elle portait en classe. Olivier secoua les épaules. Comment allait-il?

— Comment va miss Lupin ?

— Je ne sais pas… Mes parents sont avec elle et il y a aussi Teddy, le fils de Remus et Tonks.

— Je vois…

Son ancienne Directrice de Maison n'insista pas. Elle lui désigna l'entrée du château. Il avançait au ralenti, tête baissée. Le château ressemblait beaucoup à celui qu'il avait connu, mais il lui manquait tant de parties. Autant qu'à eux. Il n'atteignit pas la cour centrale qu'il croisa Alicia Spinnet et Katie Bell. Elles avaient l'air aussi tristes qu'eux.

— On est désolées, Olivier, dit Alicia.

— Violet n'est pas avec toi? demanda Katie. Comment va-t-elle?

— Je ne sais pas…, répondit-il à nouveau.

— Angie n'est pas venue non plus… Elle n'était pas prête.

Il ne pouvait que comprendre, Angelina avait perdu la personne qu'elle aimait. Peut-être devrait-il passer la voir un jour, elle le méritait. Il quitta ses deux anciennes poursuiveuses et commença à lancer des sortilèges pour réparer les colonnes entourant la cour centrale. Il n'eut pas le temps de terminer celle qu'il avait commencée qu'il entendit:

— HARRY, NON!

C'était la voix d'Hermione Granger.

Olivier se tourna. Harry fonçait sur lui, déboussolé. Olivier s'apprêta à lui demander de ses nouvelles, lui demander comment il gérait la situation, lui demander s'il voulait venir chez eux. La voix furibonde de Harry l'en dissuada.

— Andromeda m'a dit que vous étiez passés hier. On aurait pu y aller ensemble.

— Violet avait besoin d'y aller tout de suite et nous sommes rentrés car elle était totalement extenuée, se tempéra-t-il.

Il espérait qu'Harry soit compréhensif. Malheureusement, il était aussi fatigué qu'eux. Tout le monde perdait en rationalité.

— Où est-elle? l'interrogea-t-il. Tu ne l'as pas laissée seule?

— Non, Harry. Violet est avec Teddy et mes parents sont avec elle.

— Mais elle doit être avec nous, insista Harry. Elle a besoin de nous. Sa famille est ici.

— Teddy est sa famille et elle a appelé d'elle-même mes parents. Je pense qu'elle sait ce qu'il lui faut pour maintenant.

Il termina sa colonne. Olivier avança vers une autre. Détruite. Il avait du travail. Des cailloux craquelaient derrière lui, Harry le suivait. Il ne lâcherait pas le morceau. C'était aussi pour cette raison qu'il était un bon attrapeur.

— Comment fais-tu pour être aussi calme? poursuivit Harry

Hermione et Ron tentaient de le canaliser. En vain. Parce que c'était Harry qui avait besoin de Violet et non le contraire.

— J'en reviens à hier, mais c'était trop, Olivier. Tu aurais dû attendre!

Malgré toute la compréhension dont il faisait preuve et le calme olympien qu'il tentait de garder, Olivier souffla. Il était exténué et n'avait pas la force de débattre. Il s'était assez battu hier.

— Arrête, Harry! Je ne pense pas que ce soit le moment de me dire ce que tu aurais fait ou non. Personne n'a besoin de leçons de morale. Là et maintenant.

— Elle allait assez mal, tu n'avais pas besoin d'en rajouter! enchaîna Harry.

— Et elle ira mal encore longtemps! s'énerva Olivier.

Malgré tous les regards vers eux, Olivier ne pouvait plus se taire. Il n'en pouvait plus. Il était en colère que Harry s'en prenne à lui.

— Elle a presque tout perdu ! s'exclama-t-il.

— J'ai beaucoup perdu aussi!répliqua Harry.

Ils avaient l'air ridicules à se disputer alors que certaines personnes avaient donné leur vie à ce même endroit. Ils s'étaient battus pour la liberté, mais ces derniers mois et la finalité les avaient tous abattus.

Derrière eux, George arriva:

— Olivier, ne l'écoute pas… Harry, laisse-le ce n'est pas le moment. On en discutera plus tard.

George était fantomatique. Comment pouvait-il être calme? Ce n'était pas lui qui se chargeait d'être médiateur d'habitude… Tout était chamboulé. Qui était qui? Que devenaient-ils?

Olivier détestait qu'Harry s'en prenne à lui. Peu importait qu'Harry se préoccupe de ce qu'il pensait être le bien-être de Violet. Olivier détestait qu'Harry remette en question sa manière d'agir avec elle.

— Ne pense pas qu'à toi, nous parlions de Violet! Elle a perdu son père, il a accepté la Mort pour elle et elle l'a vu tomber ! Elle a perdu la femme de son père et elle se rend compte que son nouveau petit-frère sera comme vous! Sans parent! Elle a perdu son meilleur ami ET sa meilleure amie.

George blêmit et les abandonna dès qu'Olivier évoqua Fred et Erine. Olivier culpabilisa, les mots sortaient sans qu'il n'en ait le contrôle.

— Et elle apprend qu'elle a perdu notre enfant! Oui, c'est trop, mais c'est la réalité! Violet a trop longtemps souffert des choses qu'on lui cache. Elle en a marre qu'on lui mente Harry!

— Olivier, rends-toi compte, c'est ma sœur, je…

— Et c'est ma fiancée.

Il interrompit les futures paroles d'Harry. Olivier détestait qu'on lui coupe la parole, mais il ne désirait pas entendre ce qu'il allait inventer. Aussi soucieux qu'il était, Harry ne connaissait pas Violet comme il la connaissait lui. Olivier la connaissait par cœur, tout comme elle le connaissait par cœur. Il haïssait parler à sa place, mais serait-elle capable de se défendre à nouveau? Sûrement. Violet était forte et courageuse. Cependant, elle n'était pas là et il ne pouvait laisser Harry croire qu'il pourrait choisir pour elle.

— Je la connais depuis neuf ans, Harry. Neuf ans. Violet a trop souffert, de tout. Tu penses savoir ce qui est le mieux pour elle, mais elle seule le sait. Elle m'a bien assez répété ces dernières années qu'elle voulait tout savoir. De plus, je n'ai pas de leçon à recevoir de toi alors qu'il y a quelques heures tu l'as FORCEE à te vendre à Voldemort, tu l'as forcée à te tuer, tu l'as forcée à SE TUER! Et moi… Elle est morte dans mes bras, Harry! J'ai cru ne jamais pouvoir sentir son cœur battre à nouveau.

Des murmures s'éparpillèrent comme des miettes autour d'eux, Harry se retenait d'intervenir. Olivier n'avait pas fini. Non, il n'en était qu'au tout début.

— MAIS PIRE QUE TOUT, HARRY! Tu lui demandes d'être une personne qu'elle n'est pas! Tu ne peux pas l'inciter à reprendre une identité qui ne lui appartient plus, sans même lui offrir le choix! Tu ne te rends pas compte de toutes les répercussions que ça peut avoir sur elle! Ce n'est pas à nous de décider qui elle est. Ce n'est pas à TOI de décider qui elle est. En lui disant ça, tu n'as pas pensé une seule seconde à elle. A toi peut-être ou aux autres, mais certainement pas à elle!

— Qu'as-tu dit, Harry? chuchota Hermione.

— Là, maintenant, je pense à elle, poursuivit Olivier. Elle avait besoin d'avoir la vérité. Toute sa vie, elle a vécu dans des mensonges ou dans les secrets: on lui a menti sur ce qu'il s'est passé le jour de la mort de vos parents, on lui a demandé de cacher qu'elle avait un frère, tu lui as caché pourquoi tu es parti! Et toutes ces fois? J'étais là.

La rage diminuait pour échanger sa place avec une profonde tristesse. Il avait tellement vu Violet affligée qu'il avait pu comprendre tout ce qui traversait son esprit. Il la comprenait. Olivier l'écoutait.

— J'en suis désolé. J'aurais vraiment aimé que ça se passe autrement. Que tu la connaisses mieux que moi. Mais la vérité est que tu ne sais rien d'elle, Harry. Tu détestes qu'on te cache des choses, mais tu fais exactement pareil. Tu as toujours joué le parfait soldat et tu continues. Je n'ai aucune leçon à recevoir de ta part. Donc maintenant, je vais faire ce pour quoi je suis venu ici. Je vais faire ce pour quoi je l'ai laissée le temps qu'il faudra. Et je sais qu'elle est bien entourée pour aujourd'hui, même si je ne peux m'empêcher de penser à elle. Et ce soir, j'irai la retrouver parce qu'elle a besoin de moi et que j'ai besoin d'elle. Et toi, Harry, repose-toi. Mets ton égo de côté car elle aurait besoin de toi aussi et je n'ai aucun doute que c'est ce que tu cherches aussi. Mais tu parles d'être sa famille alors que tu n'as même pas demandé comment elle allait…

Il s'interrompit avant de terminer. Olivier aurait aimé ne pas avoir à faire tout ça seul. Parfois, il pensait que Remus avait préparé son départ, pour qu'Olivier soit prêt le jour où il ne serait plus là.

— J'ai promis à son père de toujours faire ce qui me semble le mieux pour elle. Je lui ai promis de toujours penser à elle avant tout. Crois-moi, Harry, c'est ce que je fais.

C'était assez. Il décida de trouver un autre endroit à reconstruire. Il étouffait ici alors même qu'il était à l'extérieur. Harry tenta de le retenir. Olivier l'ignora. Il leva la main pour lui demander de ne pas insister. La dernière voix qu'Olivier entendit fut celle de George et Olivier pensa qu'il avait mille excuses à lui présenter, mais surtout mille remerciements.

— Violet est entourée de personnes qui feraient tout pour elle, essaie de le comprendre. Olivier fera toujours tout pour elle. Je le sais car il a toujours fait ce qu'il fallait pour elle. On a tous beaucoup perdu, J'AI tout perdu. Tu fais ton deuil et gère tous ces événements comme tu le peux, je n'en doute pas. Mais respecte aussi le nôtre. Respecte nos besoins et si tu n'en es pas capable, personne ne t'en voudra. Mais ne viens pas nous voir.

Sur le chemin, Olivier croisa le professeur Flitwick. Le professeur de Sortilèges s'arrêta devant lui, affligé. Le professeur avait toujours été très sensible. Aujourd'hui n'avait aucune raison d'être une exception.

— Bonjour, Professeur, le salua Olivier.

— Bonjour, Dubois… Comment va miss Lupin?

Olivier baissa la tête. Il savait à quel point Violet avait toujours été importante pour le professeur Flitwick. Il s'était toujours assuré de son bien-être et lui avait toujours apporté la confiance nécessaire. Olivier savait qu'il pouvait en dire plus sur Violet.

— Je ne sais pas, elle me paraît… Absente…, avoua-t-il. Mais elle n'est pas seule, mes parents sont avec elle.

— C'est une période douloureuse, il faudra du temps pour qu'elle revienne à elle. Soyez juste présent, c'est tout ce dont elle a besoin. Arrivera un jour où elle ressentira toute la peine et c'est à ce moment qu'il ne faudra surtout pas l'abandonner… Mais j'ai confiance… Et vous, Dubois?

— Je fais ce qu'il faut faire.

Il n'avait pas d'autres réponses. Il cherchait à s'occuper les esprits pour ne pas perdre la tête de nouveau. Il souhaitait retrouver Violet. Il désirait pouvoir la serrer dans ses bras. Il avait besoin de se rassurer, qu'elle était encore là.

Elle lui manquait, plus que jamais elle ne lui avait manquée.

Il réfléchit les paroles du Professeur Flitwick. Les mots employés étaient justes. Olivier craignait ce fameux jour. Olivier s'en voulut d'avoir parlé ainsi à Harry, mais tout le monde pensait à Violet, pourquoi n'en était-il pas capable?

Il y avait une personne avec qui il aurait aimé en parler. Une personne qui aurait su le tempérer. Le conseiller. Une personne qui l'aurait soutenu. Elle ne pouvait plus le faire. Il pouvait toujours la voir.

— Professeur, puis-je voir Erine, s'il vous plaît?

Le professeur le pria de le suivre. Les corps étaient toujours dans la Grande Salle. Chacun reposait sur une table. De longs draps blancs les recouvraient. Ils passèrent devant plusieurs tables. Ils s'arrêtèrent devant le parchemin «Erine Zoey Green. 11 novembre 1977 – 02 mai 1998».

La main d'Olivier trouva sa gorge. L'air devenait irrespirable. Il tentait d'alimenter ses poumons qui se compressaient à chaque seconde. Le professeur Flitwick décala légèrement le drap. Le visage blanchâtre d'Erine apparut. Ses traits étaient toujours aussi doux et ses cheveux noirs contrastées la couleur sa peau. Il avait craint que son visage soit différent. Au contraire elle semblait simplement endormie.

Il s'approcha. Olivier réalisa petit à petit qu'il s'agissait de son sommeil le plus long, celui dont elle ne se réveillerait jamais. Il était en proie à ses émotions, il n'empêcha pas quelques larmes de s'échapper. Il les laissa s'écouler tout doucement ce qui lui chatouilla la joue.

— Je suis vraiment désolé…, s'autorisa-t-il à parler. Je suis désolé de t'avoir perdue. J'aurais dû rester avec toi, nous aurions dû rester à deux. Je suis désolé… J'espère que tu ne m'en veux pas.

Un sanglot explosa et se poursuivit dans un écho jusqu'à la sortie de la Grande Salle. Il goba une profonde bouffée d'air.

— Tu n'imagines pas le vide que tu laisses. Tu me manques déjà tellement, Erine. Tu n'imagines pas à quel point tu étais importante dans ma vie. Tu étais la meilleure amie que n'importe lequel d'entre nous pouvait avoir. Je te promets que je prendrai soin de Violet et de George comme tu l'aurais fait. Et Holly aussi… Je te promets que je ne t'oublierai jamais et que tu seras toujours présente d'une certaine manière. Je suis vraiment désolé, mais je te promets que pour me faire pardonner tu auras toujours cette même place. Fais attention à toi là-haut Erine et j'espère que tu n'es pas seule. Que Fred est avec toi.

De son poing, il essuya ses larmes et recula. Il jeta un œil à la table juste à côté«Fred Weasley. 01 avril 1978 – 02 mai 1998». Il aurait tant eu à dire à Fred aussi. Olivier était incapable de s'étendre, probablement car il culpabilisait de ne pas s'être montré plus démonstratif avec lui. Ils étaient meilleurs amis et ne se l'étaient jamais réellement dit. Maintenant il était trop tard. Le retour en arrière pour y remédier était impossible. Ils avaient été incapables de saisir l'occasion quand elle était là. Il était trop tard.

— J'aurais aimé ne jamais te demander d'être plus sérieux. J'aurais aimé ne jamais t'empêcher de nous faire rire. Tu étais exceptionnel et je n'ai pas su l' rire manque à nos vies. À la mienne.

Olivier effectua un demi-tour en jetant un rapide coup d'œil aux tables de Remus et de Tonks. Il était oppressé. Il devait sortir d'ici et trouver une occupation. Il devait redevenir le maître de son esprit.

— Professeur, où puis-je aller aider? demanda-t-il au professeur Flitwick qui le suivait de près.

— Je crois que le terrain de Quidditch aurait besoin d'être remis à neuf. Ça vous convient?

— C'est parfait. Merci, Professeur.

Côte à côte, silencieux, ils effectuèrent le chemin ensemble. Quand Olivier dut prendre une voie différente, il continua – sans un mot. La voix fluette du Professeur Flitwick l'interpela et il s'arrêta :

— Vous n'êtes pas responsable, monsieur Dubois. Ce n'est pas votre faute.

Olivier sourit. Il comprenait pourquoi Violet tenait tant à ce professeur. Olivier reprit sa route, celle qui connaissait parfaitement et qu'il aurait pu prendre les yeux fermés.

Lorsqu'il arriva à ce terrain qui l'avait propulsé vers son rêve d'enfant, Olivier s'affligea. Outré de ne pas reconnaître son terrain. La moitié des gradins était détruit et reposait au sol. Le bois était brûlé et comme certaines parties du château, des cendres tapissaient l'herbe. Un anneau de Quidditch valsait au gré de la brise.

Quelle honte…

L'objectif de sa présence ici serait atteint sans une once de doute.


Le soleil se couchait quand Olivier et George rentrèrent à l'appartement. La journée avait été éprouvante physiquement et émotionnellement. Cette reconstruction leur avait rappelé la destruction, elle n'avait cessé de ressasser les souvenirs de la veille aussi mauvais étaient-ils.

Les lueurs orangées du soleil perçaient à travers les vitres du salon, éclaircissant la pièce avec intensité. Olivier et George les traversèrent, les yeux plissés. Ils se retrouvèrent face à Violet et aux parents d'Olivier. Teddy n'était plus là.

— Andromeda est venue chercher Teddy, déclara Violet, la voix aussi vide que son regard.

Tandis que George restait en retrait, Olivier s'approcha et s'agenouilla face à elle. Il l'embrassa sur le front. Elle n'allait pas plus mal que ce matin, elle n'allait pas mieux pour autant. Il observa ses parents qui haussèrent les épaules. Sa mère se leva:

— On va vous laisser, dit-elle en passant le dos de la main sur la joue de Violet. On reviendra demain si besoin.

— Et tous les jours suivants s'il le faut, ajouta son père.

Olivier les accompagna jusqu'à la cheminée d'où ils prirent une pause ensemble, murmurant pour ne pas être entendus.

— Elle n'a mangé qu'une cuillère de soupe de légumes, annonça sa mère avec tristesse.

— Elle n'a quasiment pas parlé, enchaîna son père. Le peu qu'elle prononçait semblait avoir été dicté à sa place, mais ça n'en était pas moins percutant… Son état nous inquiète.

— Le pire reste à venir, déplora Olivier. La professeure McGonagall et Kingsley Shacklebolt organisent une cérémonie à Poudlard demain. Ils rendront les corps aux famille. Ensuite, les enterrements devraient s'enchaîner. On va devoir encore vivre ça… Peut-on venir à Dauphy's Sea après?

— Nous viendrons demain, déclara son père.

— Et vous viendrez à la maison dès que tout ça sera fini et resterez autant que nécessaire, termina sa mère.

Il y avait tant de regrets qui s'accumulaient. Tant d'instants qu'il aurait aimé faire différemment. Il n'avait cessé d'y penser. Mais il avait réalisé qu'il avait la possibilité d'apprendre de ses remords et d'agir autrement dans le futur. Il ne pouvait continuer comme il l'avait toujours fait. Olivier devait profiter avant qu'il ne soit trop tard. Avant que le temps ne les rattrape.

Alors il prit un à un ses parents dans les bras. Il les serra fort contre lui et ils le lui rendirent comme les parents attentionnés qu'ils avaient toujours été.

— Merci, murmura-t-il avec sincérité à chacun d'entre eux, pour Violet et pour lui.

Ils disparurent après une lancée de poudre de cheminette. Olivier retrouva George et Violet, déjà couchés sur le canapé. Il s'allongea à la même place que la veille et lança un Accio pour récupérer les potions que Molly leur avait donné.

— On devrait dormir. Demain va être une longue journée.


« Veni, Vidi, Vixi » est un poème du recueil Les contemplations écrit par Victor Hugo. Je ne peux que vous conseiller de le lire ainsi que l'œuvre entière.

Ce chapitre vous a-t-il plu ?

Le POV d'Olivier est essentiel dans cette partie. J'espère qu'il vous plaît, que vous comprenez ces émotions, ses états d'âme, ce qui le traverse. On aura de plus en plus d'Olivier, notamment car son personnage a beaucoup évolué depuis le tome 1 et il ne cessera jamais d'évoluer. Croyez-moi.

Qu'avez-vous pensé de ce moment entre Violet et George ? Leur amitié a toujours été très forte, même si elle n'était pas toujours visible. Violet est une soeur pour George. Il a encore sa famille, mais pour moi, dans cette histoire, il aura surtout besoin de Violet et Olivier.

Ce moment à Poudlard ? La confrontation entre Olivier et Harry était nécessaire. Harry a des gros trauma - tout le monde le sait. Violet est la seule famille de sang qu'il lui reste, il s'y accroche. Malheureusement, tout n'est pas si simple. Harry est traversé par beaucoup de contradictions et le fait d'être le Survivant, d'être celui qui a vaincu Voldy. C'est lourd à porter, ça et toutes les pertes. Je ne le voyais pas tout accepter d'un claquement de doigts. C'est énorme ce qu'il leur arrive, ils sont possédés par des émotions et des pensées irraisonnées. Mon but n'est - CERTAINEMENT PAS - qu'on déteste Harry. Je veux juste qu'on le voit comme l'humain qu'il est. Tout comme je veux qu'on voit l'amour qu'Olivier porte pour Violet, le respect qu'il a pour elle. Ni Olivier, ni Harry a 100% raison. C'est juste une question de besoins, de sentiment d'appartenance et de timing.

Je suis désolée pour ce moment dans la Grande Salle. A la première écriture, cette scène n'était pas prévue. Cependant... C'était si logique. Erine a toujours été l'Amie avec un grand A d'Olivier. Je vous rappelle qu'iels sont platonic soulmates. Olivier devait lui parler. Et Fred... Olivier a beaucoup de regrets.

Ruth et Sebastian, je n'ai plus les mots tant j'ai d'amour pour ces personnes. (coeur)

Bref, j'ai beaucoup blablaté. Je ne sais pas quand sortira le prochain chapitre. Il est dur, même si ce n'est pas le plus dur... Je ne trouve pas ça juste de vous l'offrir à Noël ou au Nouvel An. Alors soit il sortira entre les deux, soit courant janvier. J'essaierai de vous offrir d'autres choses entre temps (je dis bien essayer car j'avance dans mon roman "La constellation des chaussons" et j'ai bien envie de le terminer ahah).

Au prochain chapitre "La cascade aux souvenirs" : Le monde des sorciers se recueillent à Poudlard afin de rendre hommage à ceux perdus lors de cette guerre.

A bientôt.