N.d.A :

ENFIN ! (Yata !)

Ça fait plaisir...

J'espère qu'à vous aussi !

Allez, c'est Noël en avance cette année ;)

Je vous souhaite une délicieuse lecture et un excellent week-end ! (cœur cœur)

Et de très Joyeuses Fêtes de Fin d'Année !

- LL.


Chapitre 10 : Un nouveau départ

Hermione remontait à pied la route entre Pré-au-Lard et Poudlard sous un ciel gris chargé de pluie. Elle était vêtue d'un long manteau en feutre au col remonté, coiffée d'une casquette béret, sa lourde valise voletant magiquement derrière elle, et accompagnée de son familier. Arrivée devant le grand portail, elle fit un arrêt entre les deux imposantes statues de sangliers ailés, perchées sur leurs colonnes respectives, qui montaient la garde devant le parc du domaine. Son regard se porta sur la façade de vieilles pierres et les hautes tours du château, avec le sentiment chaleureux d'être enfin de retour chez elle. Elle était prête pour la rentrée.

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Hermione avait passé plus de cinq mois seule en expédition sur le terrain pour remplir l'inventaire du Département de contrôle et de régulation des créatures magiques du ministère ; équipée en dotation d'une tente sorcière de bonne facture, d'un appareil photo et d'une plume autoencreur, ainsi que d'une paire de bottes en cuir de dragon - et toujours inséparable de son indispensable petit sac en perles enchanté. Son isolement interrompu seulement lorsqu'elle collaborait temporairement avec un expert local, magizoologiste ou traducteur. La jeune femme avait vu et appris énormément de choses nouvelles pendant cette expérience : des paysages sauvages grandioses à vous couper le souffle, à la biologie et culture méconnue des nombreux êtres rencontrés. Elle avait notamment eu la chance rare de visiter plusieurs jours d'affilée une cité sous-marine à l'architecture millénaire de merrows en Irlande, de côtoyer pendant près de deux mois un troupeau de centaures dans les forêts d'Ecosse - à distance respectueuse au départ, le temps que ceux-ci acceptent sa présence sur leur territoire - et d'observer une danse de Veaudelunes dans le pays de Galles. La sorcière s'était plusieurs fois frottée à ses risques et périls (et parfois de justesse) à des salamandres, des Strangulots, des Fangieux, des Kelpy, divers trolls - un Grapcorne, une fois - et autres lutins ! (y perdant parfois plusieurs vestes et chapeaux…). Elle avait même aidé des dresseurs à guider une des dernières vouivres du pays qui s'était égarée ; mais elle avait décidément toujours le mal de l'air en balais. Elle avait pu observer à loisirs des licornes et des vivets dorés, et avait placé chez les Weasley un chartier secouru, blessé à la patte par un piège moldu, pour les aider à débarrasser le jardin du Terrier de ses gnomes (à la grande joie de Molly).

Hermione avait eu beaucoup de temps pour lire et se recueillir. Elle avait tenu une relation épistolaire régulière avec Ginny pendant son absence. La sorcière avait notamment fait part à son amie de son altercation et désaccord avec Lucius Malefoy, lui racontant comment le Serpentard avait semblait-il eu depuis un moment pour idée de concrétiser et poursuivre leur liaison, mais qu'elle avait refusé. Même sans donner de détails sur comment s'était déroulé la fin de la nuit où le ministère s'était fait attaquer, la jeune femme se douta que la perspicace rouquine avait dû deviner la vérité, bien qu'elle ne lui posa pas la question, respectant l'intimité de son amie. Chacun avait droit à son jardin secret, après tout. Cependant, Hermione n'avait parlé à personne du soir du philtre d'amour. Harry lui avait reproché plusieurs fois de ne pas plus souvent transplaner pour venir les voir et donner des nouvelles, notamment lorsqu'elle leur avait rendu une rare visite à la maternité de Ste Mangouste pour rencontrer avec émotion leur second fils : Albus Severus, et le tenir dans ses bras. Avec le soutien de Ginny, elle avait patiemment expliqué à son meilleur ami la charge logistique déjà importante de sa mission, et son besoin actuel d'avoir du temps seule, pour elle, pour méditer et se reposer.

La brunette avait aussi eu l'occasion d'échanger de nombreuses fois par hibou avec ses anciens camarades Gryffondor, Luna et Neville, leur faisant parvenir des photographies ou des échantillons de spécimens végétaux, accompagnés de ses notes, demandant leurs avis et prenant de leurs nouvelles.

Dans la forêt de Sherwood, en Angleterre, Hermione rencontra un Fléreur mâle adulte, solitaire et curieux, a priori sauvage, qui se prit d'amitié pour elle. Bien qu'elle ne l'encouragea pas, commençant par l'ignorer, le bel et intelligent animal au pelage gris roux ocellé sembla s'attacher à la sorcière et ne la quitta plus d'une semelle, la suivant partout, et la protégeant même une fois en la prévenant d'une attaque nocturne de Filet du Diable qui avait poussé près de sa tente (ce dont elle le remercia grandement par la suite). Il était vrai que la jeune femme se sentait bien seule dans son appartement depuis le décès de Pattenrond l'année dernière. Avant de transplaner vers sa prochaine destination d'étude, Hermione fit la demande d'un permis de détention auprès de son département pour garder le Fléreur avec elle, qu'elle enregistra au nom de Mystigris ("Mysty" pour les intimes), et l'emmena ronronnant avec elle dans ses bras.

Au milieu de sa mission arrivèrent finalement les élections du - ou de la - futur(e) ministre de la Magie. Le jour des élections, Hermione se rendit au bureau de vote sorcier le plus proche de sa situation géographique actuelle. La jeune femme savait que tous ses amis, en souvenir et fidèles à l'ancien Ordre du Phoenix, votaient pour Kingsley Shacklebolt ; mais elle-même hésita le moment venu. Après tout, la ligne politique principale de Kingsley semblait reposer uniquement sur les opérations récentes de capture des derniers Mangemorts rescapés de la seconde guerre, et qui avaient fortement joué en faveur de sa popularité auprès de la communauté magique… Hermione se remémora ses derniers échanges infructueux avec le sorcier ancien Auror, puis ses premières impressions lorsqu'elle avait entendu et rencontré Shafiq, même si elle connaissait encore peu la sorcière… Puis la jeune femme décida de faire taire ses doutes et de prendre un pari pour l'avenir, en accord avec son instinct et sa conscience. Et elle vota pour Edna Shafiq. C'est bien la sorcière qui fut élue, à quelques pourcentages de voix près, malgré des scores serrés.

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De retour à Londres et au ministère pour le début de l'été, une fois sa mission terminée, Hermione se présenta joyeusement à son bureau, avec un hâle de vacancière et quelques kilos en moins. L'esprit plus clair et léger, elle se sentait pleine d'une énergie renouvelée et voyait ses horizons agrandis. Tout en distribuant quelques spécialités rapportées de son dernier voyage à ses collègues ravis et reconnaissants, la jeune femme découvrit avec surprise une enveloppe à l'aspect officiel posée en évidence à son attention. Lorsqu'elle s'en saisit pour l'ouvrir, un hibou du ministère s'engouffra par la porte grande ouverte avec un parfait timing et déposa sur son bureau une unique rose blanche avec un léger hululement, avant de s'envoler à nouveau. La jeune femme leva un sourcil blasé, ne se laissant pas impressionner. Déjà ? Il semblerait que quelqu'un d'autre soit aussi au courant de son retour. Le message n'avait pas besoin d'être livré par un certain grand-duc pour que la sorcière sache de qui il provenait. L'attention, autant inutile qu'inappropriée, portait clairement sa signature. Était-il présent dans le bâtiment aujourd'hui ? Se détournant avec un désintérêt marqué de l'importune - et pas innocente - rose, Hermione reporta son attention sur la lecture de la lettre…

Une promotion ?!

Elle retourna la lettre dans tous les sens, comme pour en vérifier la provenance et le cachet.

C'était officiel ?…

Mais… qui ?… et, pourquoi ?

— Alors, au courant de la bonne nouvelle, Granger ?

La sorcière leva la tête pour voir approcher son directeur.

— Je ne comprends pas, dit-elle avec une honnêteté désolante, j'ai été absente pendant des mois…

Pourquoi ne la prenait-on enfin au sérieux que maintenant ? Alors qu'elle n'avait avancé aucun dossier important… Qu'est-ce qui avait changé ?

Le sorcier sourit d'un air crispé, balayant la remarque de la main.

— Allons, vous l'avez mérité !

Est-ce que l'on cherchait à se débarrasser d'elle ?

Ses collègues se rapprochèrent, l'un d'eux lisant par-dessus son épaule.

— Un transfert au Département de la justice magique ? Félicitations, Hermione ! Ce n'est pas ce que tu as toujours voulu ?

— Si…

Une sorcière applaudit, semblant impressionnée et enchantée pour elle.

— Tu vas nous manquer !

— Merci, dit la concernée, vous aussi, mais je…

Puis Hermione remarqua quelque chose qui lui avait échappé auparavant, son regard balayant la pièce.

— On a du nouveau matériel ? demanda-t-elle en remarquant le mobilier neuf.

— Oui ! Après le dernier audit, notre budget a été augmenté, contre toute attente ! rirent ses collègues autour d'elle. On va même ouvrir un nouveau poste ! Je crois que ce n'était jamais arrivé depuis que je suis là… Heureusement, ça tombe à pic avec ton départ !

La jeune femme fronça les sourcils, et son regard retomba lourdement sur la rose toujours posée comme en évidence sur son bureau, tel un douloureux rappel.

Évidemment… Elle aurait dû s'en douter.

Lucius Malefoy avait acheté sa promotion.

Fermant soudainement les yeux de dépit, Hermione déglutit difficilement face à l'amère déception… Et prit sa décision finale.

— Je ne peux pas accepter, souffla-t-elle.

— Quoi ?!

La sorcière rouvrit les yeux, plus déterminée que jamais.

— Je démissionne, annonça-t-elle plus fermement, avec assurance.

Tous la regardèrent avec des yeux ronds et des airs de carpes hors de l'eau, comme si elle était prise de folie.

Laissant lentement glisser la lettre de ses mains jusqu'à sa corbeille à papier, Hermione se tourna sans un mot vers son bureau, fit apparaître un carton d'un coup de baguette et commença à rassembler ses affaires personnelles, ignorant son chef qui - dans l'incompréhension totale - essayait en vain de la convaincre du contraire, tandis que les autres détournaient le regard et retournaient à leurs occupations et propres bureaux, mal à l'aise.

Mais c'était inutile de tenter de la faire changer d'avis maintenant. Il s'agissait de l'une des rares fois de sa vie où la jeune femme était certaine de faire le bon choix. Son voyage lui avait ouvert les yeux. Elle ne pouvait plus vivre ainsi, en suivant ces règles… C'était hors de question.

Elle sortit et traversa le couloir en direction des cages d'ascenseur, avec son carton rempli dans les bras et la ferme intention de quitter les lieux. Elle monta à côté d'autres sorcières et sorciers et pressa le bouton de l'atrium. Tous descendirent à un étage différent. Lors d'un arrêt particulièrement long, les portes s'ouvrirent pour laisser entrevoir un petit groupe d'hommes et de femmes - dont certains vêtus des robes couleur prune du Magenmagot - qui sortaient de derrière une porte et s'arrêtèrent dans le couloir pour poursuivre leur discussion. Parmi eux, Hermione reconnut instantanément Lucius. Ce dernier lui faisant face, il leva le regard et croisa celui de la jeune femme, apparaissant au milieu de la foule évacuant entre eux. Voyant comment elle était chargée, et comprenant soudainement, le sourire de convenance du sorcier, qu'il affichait précédemment, mourut sur son visage, et il écarquilla les yeux de stupéfaction, l'interrogeant du regard. D'abord déstabilisée de le voir, Hermione se reprit rapidement et lui répondit silencieusement en lui renvoyant un regard olympien et inflexible, les portes de l'ascenseur se refermant lentement sur elle.

Une fois seule, la sorcière soupira de soulagement, adossée à la grille de la cage doré, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle était libre.

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— Et que vas-tu faire, maintenant ?

Hermione haussa les épaules devant son verre à moitié vide.

— Pas encore décidé, marmonna-t-elle avec indifférence. Pas réfléchis…

Hannah Londubat, anciennement Abbot, explosa de rire devant la désinvolture nouvellement acquise de son amie, en distribuant au groupe sa nouvelle tournée de Bièraubeurres.

— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de notre Hermione Granger ? la taquina-t-elle.

Angelina Weasley-Johnson rit à son tour.

— Pour sûr, elle aura été remplacée par un changelin rencontré dans une de ces forêts infestées ces derniers mois ! surenchérit la sorcière avec un clin d'œil.

En compagnie de Ginny et de Luna, les anciennes élèves de Poudlard étaient de sortie ce week-end pour une soirée entre filles aux Trois Balais de Pré-au-Lard.

Elles trinquèrent toutes en cœur joyeusement à "l'absence de perspectives d'avenir et aux carrières avortées", avant que Madame Rosmerta ne rappelle à Hannah que sa pause était terminée. La blonde Poufsouffle soupira en levant les yeux au ciel, bien qu'en souriant toujours, avant de se lever, munie de son chiffon et de son tablier, pour retourner servir ses clients.

— Je préfère voir cela comme l'occasion de faire quelque chose de nouveau, dit Hermione avec une petite moue obstinée et mutine, essayant de s'en convaincre elle-même.

Les amies s'étaient réunies pour fêter son retour et lui remonter le moral, tout en profitant pour rattraper les dernières nouvelles de leurs vies respectives.

— Moi je pense que tu as pris une bonne décision, très courageuse ! Compte tenu de la situation et des récents évènements, dit Ginny. Avec Shafiq qui remplace Kingsley, Papa et Harry ne savent pas du tout à quoi s'attendre…

Hermione but une gorgée de sa Bièraubeurre, se retenant de répondre.

— On évolue toutes, dit Angelina. Regarde : après sa formation de guérisseuse, Hannah a finalement quitté l'infirmerie de l'école pour devenir serveuse et aider à tenir les Trois Balais. Et elle est très heureuse ainsi ! Moi-même, contre toute attente, j'ai décidé d'arrêter de jouer, quelques années après la naissance de Fred, pour devenir auteure. Et personnellement, je te trouve plus rayonnante maintenant que quand tu as commencé à travailler au ministère !

Luna acquiesça distraitement.

— Il est vrai que tu sembles changée, dit la lunaire jeune femme de sa voix quelque peu rêveuse habituelle. Comme si on t'avait retiré un poids… Tu as rencontré quelqu'un dernièrement ?

Hermione faillit recracher sa Bièraubeurre à la question inattendue, et elle remarqua du coin de l'œil que Ginny aussi.

— Pourquoi tu penses ça ? demanda Hermione avec un sourire crispé. Bien sûr avec mon voyage, j'ai eu l'occasion de rencontrer plein de…

Luna secoua la tête.

— Non, je veux dire, quelqu'un de proche, en particulier. Les personnes qui nous touchent et nous entourent nous façonnent à leur manière. Il est indéniable que Harry a changé quand il a commencé à sortir avec Ginny en sixième année. Et j'ai changé quand je vous ai rencontrés, puis quand j'ai rencontré Rolfy. Nous devenons des versions différentes de nous-même - meilleures peut-être, dans un sens, certains diraient - quand nous vivons quelque chose de fort.

— Je… Je ne vois pas de quoi tu veux parler…

Hermione détourna le regard. La Serdaigle avait toujours été très (trop) perspicace. Elle devina Ginny qui se cachait derrière son verre. Elle savait à qui son amie pensait - tout comme elle - ayant bien fini par suspecter que quelque chose avait dû se passer… Est-ce que cela l'avait vraiment changée pour le mieux ?

Angelina leur lança un regard suspicieux, en fronçant les sourcils, avant que Luna ne change d'elle-même totalement de sujet, sur un coup de tête, complètement inconsciente du malaise qu'elle avait jeté.

— L'autre jour Neville m'a dit que le professeur McGonagall avait beaucoup de mal à remplacer les professeurs Vector et Babbling… Comme tu as du temps de libre en ce moment, Hermione, je suis sûre que cela lui ferait très plaisir si tu lui rendais visite pendant les vacances !

Tiens ? Voilà en effet une idée qu'Hermione trouva beaucoup plus intéressante.

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Fort heureusement pour la santé mentale de la jeune femme, la presse sorcière semblait s'être lassée d'elle et de Malefoy au cours des derniers mois. La dernière photographie qui était parue d'eux dans la Gazette du sorcier n'était qu'un second plan qui avait été pris au cours de la soirée après l'attaque et l'arrestation des Maîtres Inferi au ministère. En y prêtant bien attention, on les voyait apparaître parmi les convives, se tenant proches et se souriant l'un à l'autre en échangeant un regard complice, semblant intime et amical, presque galant, décontracté… Hermione avait eu le numéro du journal entre les mains, livré par hibou postal, une paire de semaines après le début de sa mission sur le terrain. L'image animée en noir et blanc l'avait fortement marquée et brûlée, et ne l'avait quittée, inoubliable, comme imprimée en négatif sur sa rétine. Le visage à la fois si détendu et (semblant) si rarement sincère de Lucius, la lueur dans son regard, son sourire… Rappelant douloureusement à la sorcière les sensations raccrochées à cet instant, ce souvenir… ce mensonge…

Même si - heureusement - pas aussi souvent qu'autrefois, il arrivait encore à la jeune femme d'y repenser. Contre sa volonté, Hermione en rêvait régulièrement. Elle se revoyait dans les appartements de l'hôtel privé du Sud de la France en sa compagnie, ou au manoir… se voyait lui faire passionnément l'amour au lieu de se disputer… son cerveau réinventant des scènes du quotidien d'une banalité touchante et désarmante, aux côtés d'un Lucius tendre et aimable… aimant

À son réveil, réalisant la supercherie de l'illusion, la sorcière était toujours assaillie par les mêmes sentiments : choc, déception, peine… dégoût d'elle-même… haine du sorcier…

Était-ce vraiment ce qu'elle voulait ? Ce qu'elle aurait voulu ? Elle était ridicule…

Et c'était sans citer les rares cauchemars fortement perturbants ou elle le voyait, lui, allongé, le regard vide, les yeux grand ouverts de stupeur, abattu d'un éclair devant ses yeux, impuissante, par un Maître Inferi…

Ni son profond soulagement à son réveil, et de ce que l'idée même lui faisait ressentir, à l'intérieur…

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"GRYFFONDOR !"

Hermione se joignit aux autres professeurs pour applaudir les nouveaux élèves répartis un à un dans les différentes maisons de Poudlard par le Choixpeau magique. Ce dernier était tenu par un Neville rendu fébrile par sa nouvelle tâche, sous le regard bienveillant de la directrice. Il était étrange d'assister à la cérémonie de répartition des première année de l'autre côté de la Grande Salle. À la table des professeurs, parmi ses nouveaux collègues, Hermione était assise entre Flitwick - qui avait été ravi de la revoir et avec qui elle avait longuement discuté - et le remplaçant du professeur Babbling, qu'elle ne connaissait pas ; un bel homme d'à peu près son âge, de belle stature, à la peau légèrement mâte, les boucles noires coupées courtes, et des yeux bleu foncé en amande.

— Bonjour, dit-il en se tournant vers elle avec un léger accent. Daniel Fawn, se présenta-t-il en lui tendant la main. Mes amis m'appellent Danny. Je suis le nouveau professeur d'étude des Runes anciennes.

— Hermione Granger, répondit la jeune femme avec un sourire en lui serrant la main. Arithmancie, précisa-t-elle à son tour.

Il hocha la tête, et Hermione vit avec ravissement à son regard qu'il ne la connaissait pas du tout, de nom ou de réputation ; ce qui la changeait agréablement.

— Tu as été élève ici ? demanda-t-il avec un hochement de tête en direction des tables des élèves.

— Oui, à Gryffondor. Et toi ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu.

— Non, en effet. J'ai étudié à Ilvermorny, aux States. Puckwoodgenie, précisa-t-il avec un clin d'œil.

Hermione avait déjà un peu entendu parler des maisons de l'école de magie états-unienne via l'un de ses anciens correspondants Nord-américain ; mais elle ne connaissait que trop peu leur histoire, et sa curiosité l'emporta.

Les deux jeunes gens commencèrent à échanger avec entrain sur les particularités de leurs écoles respectives, alors que la cérémonie de répartition prenait fin et que le festin débutait.

— Tu enseignais aussi déjà les Runes à Ilvermorny ? demanda Hermione.

Daniel secoua la tête en signe de négation en finissant de mâcher sa bouchée avant d'avaler poliment.

— Je me suis reconverti, dit-il. Avant d'enseigner, et juste après l'obtention de mon diplôme, j'ai poursuivi une carrière de danseur de ballet pendant plusieurs années, dans une compagnie moldue, à New-York.

Enregistrant ses paroles, Hermione arrêta tout de suite de s'intéresser au contenu de son assiette pour se tourner pleinement vers son interlocuteur, avec une lueur pétillante dans le regard.

— Vraiment ? dit-elle dans un sourire.

Voilà une information qui l'intriguait !

Discrètement, le regard joueur et inquisiteur de la jeune femme glissa sur la robe du sorcier. Elle se souvenait avoir assisté à des représentations de ballets avec sa mère… et se rappelait très bien de ce à quoi ressemblaient les fessiers des danseurs sous leurs collants…

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Les semaines passèrent. Le début d'année se déroula très agréablement, sans encombre. Hermione trouva rapidement ses marques et établit de bonnes relations, autant avec ses collègues qu'avec ses élèves. Elle adorait arpenter de nouveau les couloirs du château de son adolescence. Elle pouvait aussi profiter de voir plus souvent Hagrid, ainsi que passer du temps avec Neville. Faire partie de l'équipe enseignante de Poudlard, et loger sur place pendant l'année scolaire, était comme vivre dans une bulle ; son travail et son quotidien ne faisaient qu'un. C'était à la fois très reposant - comparé à son ancien rythme au ministère à Londres - et en même temps, la sorcière avait l'impression d'avoir fui le reste de monde, et de vivre en recluse. Elle se confortait dans l'idée qu'elle participait ici à façonner le monde futur, en formant les jeunes esprits des sorciers et sorcières de la société de demain. Une noble tâche.

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Une après-midi, Hermione se rendit dans le bureau de la directrice pour s'entretenir avec McGonagall sur un changement dans le programme scolaire. Elle prononça le mot de passe devant l'affreuse statue de la gargouille, qui fit alors un pas de côté pour laisser apparaître l'escalier en colimaçon. Arrivée devant la porte en chêne, elle actionna le heurtoir en cuivre en forme de griffon.

— Entrez ! Ah, Professeur Granger, toujours aussi ponctuelle. Approchez, je vous prie.

Hermione salua son ancien professeur de métamorphose d'un signe de tête, refermant la porte derrière elle, et la rejoignit devant son immense bureau aux pieds en forme de serres. Se faisant, la sorcière passa devant l'étagère où étaient entreposés le Choixpeau magique et l'épée de Gryffondor.

— Nous allons être rejointes par un membre du conseil d'administration.

Hermione n'eut pas le temps de répondre que la porte se réouvrit derrière elle.

McGonagall sortit la tête de ses parchemins et se leva de son fauteuil en jetant un coup d'œil par-dessus l'épaule de la jeune femme, tendant une main devant elle pour accueillir le nouveau venu.

— Mr Malefoy, très aimable à vous de nous rejoindre…

Hermione blêmit instantanément en écarquillant les yeux, sentant son cœur manquer un battement avant de s'emballer dans sa poitrine.

Lucius ? Ici ? Non, elle n'était pas prête…

Puis elle ne put se retenir et s'empêcher de tourner la tête prestement pour constater par elle-même, avant même d'avoir pu se ressaisir.

— Toujours un plaisir de vous revoir, professeur… Ou devrais-je dire, madame la directrice ? dit de sa voix traînante Drago Malefoy avant de se tourner vers Hermione pour la saluer sobrement à son tour : Granger.

Hermione sentit le sang lui monter au visage, rouge de confusion, ne parvenant à dissimuler tout le flot d'émotions qui se déversait et devait se lire en elle à ce moment. Était-elle… soulagée, ou bien… pire… déçue ? La jeune femme murmura une vague formule de salutation à l'attention de son ancien camarade de classe avant de détourner le visage pour tenter de cacher sa gêne et de se reprendre. Elle s'était sentie tellement en sécurité dans son quotidien loin et cloîtré derrière les hauts murs de l'école, que l'idée même et soudaine (qui ne l'avait jamais effleurée jusque-là, après tout ce temps) l'avait surprise et déstabilisée. Mais bien sûr, cela faisait longtemps que Lucius Malefoy ne faisait plus partie du conseil ; la sorcière n'avait juste pas été au courant que Drago avait pris la place vacante et remplacé son père depuis… Qu'elle était stupide !

Essayant coûteusement de se calmer petit à petit - et de ne pas trop réfléchir à ce qui venait de se passer - Hermione suivit d'une oreille distraite et participa à mi-mot aux échanges qui suivirent. Bien entendu, égal à lui-même, elle pouvait compter sur Malefoy pour étrangement l'aider à remplacer son trouble par une juste colère irritée, lui remettant ainsi un peu la tête sur les épaules, en trouvant à la contredire et s'opposant à elle, semblant prendre un malin plaisir à la situation, comme s'il se moquait d'elle. Il semblait ainsi que, avec un autre Malefoy siégeant au conseil d'administration, la sorcière allait avoir du fil à retordre pour faire évoluer certains aspects du programme de l'école ! Elle soupira intérieurement… Comme si elle regrettait ses anciennes joutes juridiques au ministère. À croire que certaines choses ne changeraient décidément jamais.

Quand l'entretien fut terminé et qu'ils furent congédiés, Hermione ne demanda pas son reste et fila dans les escaliers après avoir souhaité rapidement bonne journée à sa directrice, et sans un regard de plus vers Malefoy. Mais à peine arrivée en bas du colimaçon et dépassant la gargouille, elle n'eut pas le temps de disparaître au bout du couloir qu'elle entendit derrière elle le bruit de pas précipités et redouté du sorcier qui la suivait et la rattrapait déjà à grandes enjambées.

— Granger, attends ! Par la barbe de Merlin ! Tu es si pressée ou tu me fuis, à la fin ?

Ne cherchant pas à cacher son ennui, Hermione accepta de finalement s'arrêter pour lui faire face, levant les yeux au ciel pour essayer de regagner un peu de confiance.

— Que veux-tu, Malefoy ? soupira-t-elle, clairement agacée.

— Remarque, ajouta-t-il, non pas que je m'en plaindrais en temps normal ! Je dois dire que le ministère est un endroit bien plus agréable depuis que tu ne le hantes plus… abandonnant enfin ta triste carrière pour venir rejoindre le rang des vieilles filles de Poudlard !

Hermione lui jeta un regard noir en serrant les poings.

— Si tu n'as rien d'autre que de basses et gratuites insultes à me servir, espèce de petite fouine, je m'en vais !

Drago leva les mains en signe de paix feinte.

— Ça va, ça va ! Je plaisante… Quelle susceptibilité ! Pas la peine de devenir vulgaire, souffla-t-il en roulant des yeux.

— Malefoy… prévint-elle d'une voix menaçante que sa patience avait des limites.

— Voilà. En fait… Je voulais te parler de mon père…

Elle rêvait. Hermione se serait attendue à tout sauf à ça.

— Je n'ai pas le temps pour tes bêtises.

Elle secoua la tête en faisant mine de se détourner pour mettre fin à la conversation. Lorsque le sorcier fit un geste pour la retenir.

— Mais attends, enfin ! Je suis sérieux, Granger.

— Tu as eu ce que tu voulais, non ? Je ne suis plus dans les parages, lui lança-t-elle en lui faisant face de nouveau.

— Oui, admit-il… Enfin… non ! C'est compliqué…

— Préviens-moi quand tu seras d'accord avec toi-même…

Et elle commença à s'éloigner.

— Il n'est pas heureux, Granger !

Drago avait parlé d'une voix forte, ce qui stoppa Hermione en plein mouvement. Cependant, elle n'osa pas tout de suite se retourner pour le regarder, assimilant la nouvelle. Est-ce que quelque chose lui était arrivé ? Et quand bien même… devait-elle se sentir concernée ?

Elle entendit le Serpentard soupirer et l'imagina aisément se passer une main dans les cheveux pour les ébouriffer, détournant le regard de gêne à son tour. La jeune femme n'était pas certaine de vouloir avoir cette conversion, et surtout pas avec lui…

— Je n'arrive pas à croire que je vais dire ce que je vais dire, soupira le jeune homme. Je crois que… Non, en fait, je suis sûr…

Il grimaça de dégoût, comme si les mots lui étaient arrachés.

— Tu lui manques.

Hermione se retourna enfin, osant à peine le regarder dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu attends de moi, Malefoy ? demanda-t-elle tristement. Que veux-tu que je réponde à ça ?

Le visage du sorcier s'empourpra légèrement de colère face à son propre paradoxe.

— Tu crois peut-être que ça me fait plaisir de t'imaginer baiser mon père ?!

Hermione lui lança un regard dur et Drago soupira de nouveau, semblant se dégonfler.

— Écoute, je… se reprit-il. Désolé, là, OK ? T'es contente ? Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous… et sincèrement, je ne veux pas le savoir ! Rien ! Jamais ! Mais… Pense ce que tu veux de moi, Granger, mais j'aime mon père. Et le voir malheureux comme ça…

— D'accord, Drago. Mais que veux-tu que j'y fasse ?

Cela sembla le surprendre, comme une évidence.

— Eh bien… Il semblait… Il était mieux… quand il était avec toi, je veux dire… Bien que ça me fasse mal de l'admettre…

Hermione rougit légèrement, confuse. Vraiment ?

— Je m'inquiète pour lui, Granger. Ma mère, elle ça va, elle s'en remettra. Elle a toujours été plus forte…

Hermione secoua la tête, soudainement énervée.

— Tu ne me demandes quand même pas de… quoi ? Sortir avec lui ? Et pour quelle raison, te faire plaisir ?

Drago fit une moue boudeuse.

— Ça n'avait pas l'air de te déplaire quand c'était le cas, marmonna-t-il piteusement…

Nouveau regard noir.

— Ce ne sont pas tes affaires, Malefoy. Ça ne te regarde pas !

— Tu crois que c'est facile pour moi, peut-être ? Il est infernal depuis que tu as quitté le manoir ! Déjà qu'il n'a jamais été facile à vivre, je te laisse imaginer… Et encore, il ne m'a jamais autant fichu la paix que quand tu étais là ! Je dois avouer que ça m'arrangeait bien, finalement…

— Je te demande pardon ?

Malefoy haussa un sourcil avec un petit sourire en coin goguenard et malicieux.

— Quoi, tu ne lis pas le journal ? Au sujet de mon mariage.

Hermione réfléchit. Elle se souvenait en effet avoir vu passer une annonce de la cérémonie ayant eu lieu entre lui et Greengrass… Mais elle ne voyait pas le rapport.

— Tu veux que je te félicite, peut-être ?

Le sorcier leva les yeux au ciel, excédé.

— Tu n'as pas lu les prénoms ? J'ai épousé Astoria, Granger, et non Daphné !

Hermione se rappela alors l'étrange échange qu'elle avait eu avec la petite sœur de sa fiancée ce fameux soir à la réception au manoir familial.

— Toi et Astoria… Vous sortiez déjà ensemble ?

Drago acquiesça, presque fier et enjoué de l'avouer.

— On s'était fréquenté en secret en septième année… Nos parents voulaient que j'épouse Daphné. Ce n'était pas la bonne sœur, mais je n'osais pas m'opposer à eux, et je ne savais pas comment l'annoncer. Et Astoria m'en voulait de mentir à sa sœur. Sauf qu'entre leur séparation et toi, autant dire que mon père n'était plus en position de me reprocher quoique ce soit, ou de m'empêcher de faire ce que je voulais… Et on n'a jamais été vraiment proches avec Daphné de toute façon, donc il a été facile de la convaincre…

Hermione fronça légèrement le nez. Imaginer Drago Malefoy amoureux… Et utiliser sa relation avec Lucius comme argument de pression… (Ils sont tous fous ces Serpentard !) Mais d'un certain côté, la sorcière était presque heureuse pour Astoria et lui, au final (et pour Daphné aussi - rien de pire que d'être enfermés dans une relation sans réels sentiments).

— Écoute, je ne te demande pas de retourner vivre avec lui (quoique, si tu es prête à le faire et d'accord…), ou te remettre avec lui, poursuivit-il avec un rictus. Ou peu importe comment vous appeler ça, ou ce que c'est, entre vous… Mais est-ce que tu ne pourrais pas… je ne sais pas, lui laisser une "seconde chance", ou retenter, ou quelque chose comme ça ?

Hermione retint un petit rire nerveux devant toute l'absurdité de cette situation. Comme si elle était là pour faciliter la vie aux Malefoy ! Et il ne savait clairement pas de quoi il parlait…

— Ce n'est pas ce que tu crois, Malefoy. Il n'a jamais été question de… On n'a jamais été…

Drago souffla de frustration.

— Et tu ne peux pas juste lui rendre visite, au moins ?

Était-il si mal en point ?

Et pourquoi ce serait à elle de faire quoique ce soit ? Elle n'était pas seule dans toute cette histoire !

Fatiguée, Hermione s'apprêtait à décliner et mettre fin à la conversation, lorsqu'elle eut une idée. Elle croisa les bras devant elle, le défiant en levant le menton dans sa direction.

— Et si j'accepte de le voir, est-ce que toi de ton côté tu accepteras de présenter sous un meilleur jour ma proposition de changement du programme scolaire au conseil ?

Se fut au tour de Drago de lui lancer un regard noir en serrant les poings le long de ses flancs. Lui non plus n'aimait pas être manipulé.

— Tu ne perds pas le Nord, Granger…

— S'il y a bien quelque chose que fréquenter ton père m'a appris, Malefoy, c'est qu'on n'a jamais rien sans rien !

Puis elle lui fit un petit signe de la main avant de s'éloigner en riant. Elle espérait qu'au moins, ainsi, il la laisserait tranquille avec ses idées saugrenues. Elle et Lucius, sérieusement ?

xxx

Quelques jours plus tard, pour les vacances d'automne, Hermione accepta de jouer les chaperons pour le week-end de sortie à Pré-au-Lard, en compagnie de Daniel, qui l'invita à prendre une Bièraubeurre aux Trois Balais (que Hannah leur servit avec un clin d'œil caché à l'attention Hermione, et un regard rieur en biais qui en disait long sur son approbation de son choix de sorcier - ce qu'Hermione essaya d'ignorer en retenant un sourire flatté et amusé). Il était vraiment un homme charmant, très doux et amusant, avec lequel il était très facile de converser et se lier d'amitié. Elle lui parla de ses parents et de son ancien travail au ministère, et il lui apprit ses origines amérindiennes et les déboires de son divorce trop jeune avec une moldue…

À la fin de la journée, ils marchèrent ensemble sur le chemin les ramenant au château - inconscients du fait d'être observés et suivis. Hermione se doutait que les rumeurs iraient bon train parmi les élèves et enseignants le lendemain.

Le mage la raccompagna jusque devant la porte de ses appartements privés, et ils échangèrent quelques derniers mots enjoués sur le palier. Les minutes s'étirant et s'éternisant, Hermione hésita un instant à lui proposer d'entrée prendre une tasse de thé, en tout bien tout honneur bien sûr, mais sentait que ce serait trop étrange. Daniel lui-même semblait un peu gêné, bien qu'amical, et hésita à son tour une fraction de seconde malaisante, avant de finalement lui dire au revoir d'un signe maladroit de la main, à bonne distance, lui donnant rendez-vous au souper dans la Grande Salle le soir même.

Soupirant de soulagement et satisfaite par son agréable journée, Hermione fit demi-tour et pénétra dans ses appartements en refermant la porte derrière elle.

Toc, toc, toc !

Surprise, la jeune femme se retourna et rouvrit la porte en affichant un petit sourire amusé, levant les yeux au ciel avec dérision.

— Oui, Danny ? Tu as oublié quelque chose ? plaisanta-t-elle.

Mais la sorcière s'arrêta net, estomaquée, en voyant apparaître devant elle un Lucius Malefoy tout aussi pimpant que furibond dans l'entrebâillement.

— Vraiment navré, Miss Granger, dit-il de sa voix la plus traînante derrière des dents serrées (et pas désolé le moins du monde), vous attendiez quelqu'un d'autre, peut-être ? Danny, c'est cela ?

Le sorcier haussa un haut sourcil autant accusateur que jugeant.

Hermione se reprit rapidement, une fois la surprise passée.

— Mr Malefoy ? Que faites-vous ici ?

Il plissa les yeux.

— Bonsoir à vous aussi. Permettez…

Et d'un geste de sa canne à pommeau d'argent, il fit mine de vouloir la dépasser pour s'inviter de lui-même. Mais Hermione avait anticipé la manœuvre, et fit un pas de côté pour lui barrer le passage.

— Je réitère ma question, dit-elle fermement sans se laisser démonter. Quelles affaires vous amènent?

Lucius sembla hésiter, comme s'il réfléchissait.

— Je souhaiterais m'entretenir avec vous.

Hermione hocha la tête.

— Je vous écoute.

Elle savait que cela le frustrerait.

— Pas dans le couloir, précisa-t-il en sifflant.

La jeune femme sentait qu'elle lui faisait perdre patience, et se retint elle-même de soupirer.

— Et qui vous dit que j'ai la moindre envie de vous consacrer de mon temps ?

Il la regarda, étudiant attentivement le visage de la sorcière, et sa propre réponse.

— Drago a laissé suggérer que ce serait peut-être le cas.

La jeune femme dû se retenir de pousser un juron en se mordant l'intérieure de la joue. Évidemment… Fichu Serpentard !

— Vraiment ? Il a dit ça ?

Lucius opina lentement du chef.

— Il lui a semblé que vous n'étiez pas… indifférente à la situation.

Puis il se permit d'esquisser un léger sourire signé Serpentard, avant de poursuivre d'une voix plus forte avec un détachement feint.

— Je souhaitais aussi vous entretenir sur votre implication avec le bureau des Aurors pour me piéger. Mais si vous préférez, nous pouvons en effet en discuter ici.

Il regarda innocemment autour de lui, suggérant que quiconque pouvait apparaître et les surprendre à tout moment.

Hermione piqua un fard, lui lançant un regard mauvais, avant de souffler d'exaspération en levant les bras au ciel, abandonnant. Puis elle lui tourna le dos pour rentrer à grandes enjambées, lui laissant silencieusement la place de la suivre et d'entrer à son tour.

Profitant de sa courte victoire, le sorcier referma précautionneusement la porte derrière lui, observant son entourage.

— Charmant, comment vous avez décoré cette pièce…

— Arrêtez les fausses flatteries, s'il vous plaît, l'interrompit Hermione en croisant les bras devant elle.

Le regard du Sang-Pur se posa alors sur Mystigris, lové sur les coussins de l'un des fauteuils, et qui dardait son regard d'or sur le nouvel arrivant. Malefoy haussa un sourcil avec étonnement.

— Vous possédez un Fléreur ?

— Et il n'aime pas beaucoup les inconnus, le prévint-elle mesquinement, alors méfiez-vous !

Lorsque l'animal se leva pour aller à la rencontre de Lucius, ce dernier sembla prêt à reculer et sortir sa baguette pour se défendre d'une attaque, peu rassuré. Mais au lieu de grogner, Mysty renifla la cape du sorcier, avant de se frotter contre sa jambe en ronronnant.

Hermione jeta un regard outré et lourd de reproche à l'animal. Traître

Lucius la regarda avec un petit sourire en coin amusé, tandis que le félin s'éloignait.

— En effet, dit-il d'un ton lourd de propos, voilà un animal bien farouche… comme sa maîtresse.

Hermione ne répondit pas, détournant le regard, et Lucius en profita pour la détailler.

Elle attendait qu'il prenne la parole le premier.

— J'ai l'impression que vous avez maigri, dit-il soudainement. Vous mangez bien, au moins ?

Resserrant autour d'elle ses bras toujours croisés sur sa poitrine, Hermione soupira.

— Venez-en au fait, Mr Malefoy. Je ne pense pas que vous êtes venu uniquement pour vous enquérir de ma santé. Que me voulez-vous ?

La sorcière craignit un instant qu'il veuille l'entretenir sur l'affaire du philtre d'amour. Puis elle se rappela des manigances du sorcier à son égard pour se glisser dans son lit, et la volonté qu'il avait émise de devenir officiellement son amant.

Malefoy se racla la gorge avant de reprendre.

— D'après Drago, il y aurait une chance pour que vous vous languissiez de moi, peut-être ?

Il lui lança un regard intense, plein d'espoir. Hermione sentit la colère monter pour dissimuler sa gêne devant pareil orgueil.

— Oh, je vous en prie ! s'exclama-t-elle. Si vous avez un tant soit peu de respect pour moi, ne prétendez pas être ici pour mon bien ! Trêve de faux semblants, soyez un peu honnête, à la fin, vous me devez bien ça…

— Ah, ne me parlez pas d'honnêteté ! s'énerva-t-il à son tour. La seule fois où j'ai essayé de l'être avec vous, vous avez fui à l'autre bout du pays pendant des mois ! Alors, merci, mais très peu pour moi…

— Je n'ai pas fui ! se défendit la sorcière, outrée. Je faisais mon travail !

Lucius émit un son peu prestigieux.

— S'il vous plaît ! se moqua-t-il. Un travail dangereux et ennuyeux que personne ne vous a demandé de faire ? Vous parlez d'un courage de Gryffondor !

Ils tombèrent tous les deux dans un mutisme boudeur de fierté mal placée, échangeant des regards noirs ; avant que Malefoy ne reprenne d'un air mauvais :

— C'est comme votre connivence avec Potter, cracha-t-il presque… Vous êtes bien placée pour me faire la morale. Vous êtes-vous seulement regardée dans un miroir récemment, Miss Granger ? Parce que j'ai eu une fort intéressante discussion avec Gawain Robards. J'avoue que je ne vous suspectais pas si bonne actrice ! Mais éclairez-moi sur un détail, je vous prie : avez-vous commencé à m'espionner pour le compte des Aurors avant ou après avoir couché avec moi sous Amortentia ?

Hermione pâlit légèrement.

— Je… Ma mémoire avait été effacée, avoua-t-elle sincèrement. Je n'étais moi-même pas au courant avant… que très récemment…

Puis elle se fit accusatrice à son tour.

— Et je n'aurais jamais eu à accepter cette mission au départ si vous n'étiez pas aussi ambigu, et n'aviez vous-même pas cherché à utiliser toute cette situation pour vos manigances personnelles et plans de séductions !

— Il n'empêche que malgré vos reproches à mon égard, je suis bien le seul parti réellement lésé dans cette histoire, prétendit-il avec arrogance. Car il s'avère que, malgré tous vos préjugés à l'égard de mon passé, j'étais bel et bien innocent.

— Vous voulez dire, comme vos préjugés sur mon statut de sang ? rétorqua Hermione avec la volonté d'effacer son petit sourire impertinent.

Elle n'était pas près de le plaindre.

Lucius haussa un sourcil.

— Chose qui a clairement changé, si vous me permettez, si mes actes seuls peuvent en témoigner… Et comment auriez-vous accepté autrement ? Comment aurais-je pu apprendre à vous connaître ?

Hermione secoua la tête.

— Manipuler les gens, leur mentir… Ce n'est pas comme cela que l'on apprend à connaître quelqu'un! expliqua-t-elle en se pinçant l'arête du nez. Qu'on les pousse à faire ce que l'on veut, ou que l'on construit une relation basée sur la confiance…

— Oui, Miss Granger, énonça Malefoy avec supériorité, au cas où cela vous aurait échappé : je suis un Serpentard ! Manipuler les gens est dans ma nature. J'ai toujours été prêt à tout pour obtenir ce que je désire, et je ne m'en suis jamais caché. Tout comme vous, en bonne et naïve Gryffondor, vous êtes prête à vous sacrifier, et ne pas respecter les règles, pour démasquer un soi-disant Mangemort. Et pourtant je suis prêt à accepter ce trait de caractère chez vous, alors pourquoi pas l'inverse ? Pouvez-vous en dire autant ?

Hermione ne trouva pas quoi répondre. Était-il réellement en train de lui dire qu'il était le plus tolérant des deux ? Et elle, serait-elle capable de l'accepter tel qu'il était, sans chercher à le changer ? Était-ce déjà le cas ?

— Vous m'avez menti aussi, poursuivit-il alors, et pourtant cela ne nous a pas empêché de nous rapprocher. Osez me dire que votre opinion sur moi n'a pas évolué ? Que vous n'avez jamais rien ressenti à mon égard pendant notre temps passé ensemble ?

La jeune femme commença à peine à y réfléchir, connaissant déjà la réponse mais refusant de le formuler à voix haute, avant de détourner le sujet.

— Et alors ? conclut-elle. En quoi cela changerait quoique ce soit à tout ce que vous avez fait ? Ou dit ?

Elle avait été trop blessée… trompée… déçue

Malefoy réfléchit très sérieusement, et Hermione se demanda un instant s'il était prêt à se remettre un tant soit peu en question, et à reconnaître ses torts. Comment réagirait-elle dans ce cas ?

— Je sais ce que vous pensez, dit-il doucement avec un air déconfit. Mais vous ne pouvez ignorer… Tout n'était pas calculé. Ce soir-là, au ministère, je me suis réellement mis en danger, sans réfléchir… Tout comme vous. Ce n'était pas prévu. Ça ne devait pas se passer ainsi. Et ça m'a surpris, et choqué aussi… C'est là que j'ai compris.

Hermione n'osa prononcer un mot, assimilant ses propos, se remémorant… et se posant vaguement la question : est-ce que lui aussi faisait toujours des cauchemars la nuit ?

Était-il sincère dans son désarroi ? Pouvait-elle lui faire confiance ?

Malefoy soupira longuement, semblant lasse, et se passa une main sur la nuque avec malaise.

— Je n'aurais jamais dû insulter la mémoire de votre… mes propos étaient déplacés. Et pour cela, j'en suis vraiment désolé.

Hermione releva la tête pour croiser son regard, autant surprise et touchée.

— Mais vous ne pouvez pas éternellement vivre dans le passé en vous raccrochant à vos souvenirs matériels, Hermione, plaida-t-il presque plaintivement.

C'était une des rares fois où il s'adressait à elle par son prénom ; et cela sembla si doux, si intime…

— Le garçon est décédé, c'est triste, mais c'est la vérité. Moi, je suis bien vivant, et je ne vais pas m'en excuser, ni renoncer.

Hermione déglutit, fermant un instant les yeux tristement et détournant le regard, en essayant de retrouver un ton dur et assuré, si étranger et éloigné d'elle à cet instant.

— Ce n'est pas une raison, dit-elle. Vous n'êtes pas pour autant mon dernier choix. J'ai toujours d'autres options…

— Si vous faites référence à ce bellâtre américain, je ne vois pas l'intérêt de vous enticher d'un collègue pour vous lasser de lui au bout de deux mois, comme vos précédentes conquêtes ! explosa soudainement Malefoy.

Hermione écarquilla les yeux, lui lançant un regard outré, ne s'étant pas attendue à une telle réaction à chaud du sorcier, ni à une telle attaque.

— Parce que vous vous estimez mieux, peut-être ? Je pourrais tout aussi bien décider de rester seule… Il s'agit de mon choix, et c'est mon droit, Mr Malefoy !

— Je vous l'ai déjà dit, Miss Granger, dit-il fermement en s'avançant d'un pas vers elle pour lui faire face. Je ne souhaite pas n'être qu'un coup d'un soir ou une aventure de passage. Je veux être plus que ça. Je veux plus que ça.

Hermione rougit devant son regard.

— Que suggérez-vous alors ? balbutia-t-elle en reculant et détachant ses yeux des siens pour dissimuler sa confusion.

— Ce que nous avions pendant notre accord, mais sans les mensonges et les faux-semblants.

Pour de vrai.

— Une relation plus "pérenne" ?

— Et exclusive, cela va sans dire, sourit-il.

Hermione haussa les sourcils, dubitative.

— Pourquoi ?

— Pourquoi pas ?

— Non, je veux dire : pourquoi moi ? Vous ne m'aimez pas…

Ce n'était pas une question. N'est-ce pas ? Lucius déglutit, marquant un temps d'arrêt et de réflexion. Hermione observa son visage, comment il cherchait à rester en contrôle sans trop se révéler, sans montrer sa vulnérabilité ou se mettre en position de faiblesse. Cela semblait nouveau pour lui. Il hésita.

— Vous rendez ma solitude plus… supportable, murmura-t-il finalement.

— Pardon ?

La jeune femme n'était pas sûre de comprendre.

Il ferma un instant les yeux, semblant se surprendre lui-même par ses aveux et explications.

— Je ne suis pas un homme tendre, ni même romantique, Miss Granger, la prévint-il. Je ne suis pas quelqu'un que je qualifierais de bien ou de bon… Mais j'aimerais partager ma solitude avec vous.

Hermione le regarda avec de grands yeux de biches, et comme elle ne l'interrompait pas, ni répondait, il poursuivit, se rapprochant à nouveau doucement d'elle et tendant une main pour glisser une mèche de cheveux derrière son oreille, frôlant à peine son visage, trouvant courage et libération derrière ce simple geste, l'étudiant attentivement.

— Je souhaite vous garder dans ma vie car vous y apportez quelque chose de nouveau qui me remplit de contentement, contre toute attente.

Quand elle s'endort lovée dans un fauteuil en lisant en sa présence… Quand ils passent des heures à débattre jusque tard de tous les sujets possibles ou imaginables… Quand elle l'accompagne et se tient à ses côtés, par sa simple présence…

— J'ai appris à découvrir et apprécier votre appétit pour la vie, et le feu de votre esprit que je trouve rafraîchissant. Inespérément, vous me faites me sentir jeune à nouveau…

Hermione cligna des yeux, comme hébétée. C'était… Personne ne lui avait jamais dit cela, ne lui avait parlé comme cela… Toutes ces belles choses

En fin de compte, ne nous retrouvons-nous pas toujours seuls dans la vie ? Cela parlait à la sorcière. Elle n'aurait jamais pensé voir les choses ainsi. Cela faisait longtemps qu'elle se sentait seule, se rendit-elle compte. Et dernièrement, elle pensait être condamnée à le rester toute sa vie. Mais… partager sa solitude avec quelqu'un d'autre ? Elle aimait bien cette idée. Cela semblait... rassurant ? Mais que cette personne soit Lucius Malefoy ? L'aurait-elle cru ? Mais oui, il était vrai que contre toute attente, ils avaient trouvé un rythme et une sorte de confort de compagnonnage pendant leur temps passé ensemble…

La main de Lucius vint se poser contre sa joue, son pouce se faisant caressant contre sa pommette, ses pupilles plus sombres…

— Vous ne me regardez dans les yeux que lorsque nous dansons, faisons l'amour ou nous disputons sur un sujet qui vous tient particulièrement à cœur, susurra-t-il. Vous en êtes-vous rendus compte ?

Le changement de sujet la surprit.

— Non, c'est faux… chuchota-t-elle piteusement en détournant les yeux et rougissant, le trouvant soudainement intimidant et attirant à la fois, lui donnant raison.

L'élégant Sang-Pur sourit en coin en connaissance de cause, presque tendrement, avec une lueur de convoitise dans le regard.

Était-ce pour cette raison qu'il la provoquait sans arrêt ? Pour qu'elle le regarde dans les yeux ?

Et pourquoi Hermione ne pouvait-elle s'empêcher de le trouver si sexy ?…

— Comme cette première nuit où vous m'avez séduit, dit-il à voix basse presque pour lui-même… Vous sembliez ne pas avoir peur de moi, s'étonna-t-il presque. Savez-vous combien peu de sorciers osent me regarder dans les yeux ? J'ai trouvé cela très captivant, et envoûtant…

Il se pencha lentement vers elle. Hermione savait ce qu'il faisait, ou ce qu'il cherchait à faire… Ses paroles et son parfum étaient enivrants.

Délicieuse

Ce dernier mot, il le murmura les yeux mi-clos dans son souffle chaud, presque tout contre ses lèvres.

Mais la voix de la raison s'invita dans cette utopie.

— Ce n'est pas possible, inspira finalement Hermione en désillusion en détournant le visage pour rompre le contact et la tentative de baiser. Il y a trop d'obstacles, trop d'incompatibilités…

Elle déglutit.

Malefoy se redressa en se réajustant sombrement, ravalant sa déception.

— Je sais que je ne vous suis pas indifférent, Miss Granger, reprit aussitôt le sorcier avec dignité sans se laisser démonter, se faisant insistant. Nos différents peuvent être outrepassés. Je n'abandonnerai pas. Je pense sincèrement pouvoir vous offrir tout ce que vous désirez ou nécessitez.

Il avait déjà tenté de la séduire par sa fortune, son esthétisme et son intellect, sachant qu'elle n'y serait pas insensible ; la sorcière s'en rendait compte maintenant.

— Au contraire, je pense que nous sommes compatibles sur les points essentiels, ceux qui comptent réellement : sur le plan physique - indéniablement - mais aussi intellectuel, et surtout professionnel…

— Vous me feriez un enfant ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint pour l'interrompre, cherchant la faille dans son argumentaire.

Cela le déstabilisa, et il perdit son sourire. Il lui lança un regard interrogateur et inquiet. Était-elle sérieuse ? Elle soutint son regard sans ciller, le mettant au défi. Il redevint sérieux et soupira.

— C'est la seule chose que je ne peux vous offrir, en effet, dit-il amertume en secouant tristement la tête et baissant les yeux, la mâchoire serrée. J'ai déjà un fils et je ne souhaite pas d'autres enfants. Mais vous non plus, n'est-ce pas ?

Hermione s'était doutée que Lucius avait surpris sa discussion avec Ginny dans son manoir sur son absence de désir d'avoir des enfants. La jeune femme se fit alors la réflexion que le sorcier semblait l'avoir autant espionnée qu'elle pendant leur cohabitation ; cherchant maladroitement à la comprendre, et montant méthodiquement son projet…

— Je devrais au moins avoir le choix, non ? avança-t-elle avec humeur.

Lucius acquiesça respectueusement.

— Bien sûr. J'ai concrétisé et poursuivi mes ambitions vous concernant après vous avoir entendu avec Mrs Potter ce jour-là dans le jardin d'hiver, confirmant la seule information qu'il me manquait. Éliminant le seul argument que vous auriez pu me présenter et que je ne pourrais contrer… Bien évidemment, si fonder une famille est réellement votre vœu, je me retirerais.

Il lui lança un regard tellement sincère et désarmant qu'Hermione ne put s'y résoudre et maintenir la mascarade. Elle répondit silencieusement par la négative, secouant la tête. Non, elle ne voulait pas d'enfants. Elle le savait. Et lui aussi…

Lucius respecta un moment de silence avant de nouveau faire un pas dans sa direction.

— Je sais que je ne suis pas un homme au caractère facile, Miss Granger, proposa-t-il, bien que cela ne vous ait jamais effarouchée. Mais je sais me montrer généreux. Et je peux être un amant très attentionné.

Hermione l'avait en effet déjà vu faire preuve de passion. Mais il n'agissait jamais sans raison.

— Généreux, mais pas désintéressé, c'est ça ? lança-t-elle.

Il cherchait seulement à lui donner une raison de rester avec lui.

Il sourit fièrement.

— Si vous saviez tout le pouvoir que je peux vous apporter en vous soutenant, offrit-il avec ardeur. Vous voyez-vous ministre de la Magie dans sept ans, Hermione ?

Était-ce seulement si facile pour lui de changer sa vie, et pour elle d'atteindre son rêve de carrière à portée de main ? Si elle se laissait tenter…

— Je ne suis pas intéressée par le contenu de votre coffre-fort à Gringotts, Mr Malefoy, s'offusqua Hermione. Et, grâce à vous, j'ai quitté le ministère…

Malefoy souffla dédaigneusement en croisant les bras devant lui, agissant comme celui ayant une raison de se vexer.

— J'ai vu ! Si j'avais su que vous démissionnerez sur un coup de tête, je n'aurais pas cherché à vous aider…

M'aider ? s'énerva-t-elle. En m'achetant et me décrédibilisant ?

Lucius lui lança un regard noir.

— Oh non, j'ai bien compris depuis longtemps qu'il était inutile d'essayer de vous acheter quoique ce soit ! dit-il avec mépris. Combien d'années encore croyez-vous que vous seriez restée coincée dans ce département si je n'avais pas fait en sorte que vous rencontriez Edna Shafiq quand elle m'a dit s'intéresser à vous ?

Cela surprit Hermione, qui tomba des nues.

— Vous avez fait quoi ?

— Je suis au courant de votre ambition pour devenir la première née-moldue siégeant au Mangenmagot, avoua-t-il tout en dénigrant l'idée. Et bien que cela soit ridicule, j'avoue être presque curieux de vous voir y parvenir, et d'être présent pour y assister en première loge ! Même si vous avez bien vite abandonné…

Avait-il aussi entendu son échange dans le bureau de Kingsley à travers la porte entrouverte tous ces mois auparavant ?

Hermione dut faire un effort pour se remettre de ses émotions contradictoires.

— Quand bien même, dit-elle, je refuserais le poste si je l'obtiens seulement pour avoir été votre maîtresse…

Lucius souffla d'exaspération.

— Vous êtes tellement égoïste…

Il semblait affligé, et elle se sentit insultée.

— Je vous demande pardon ?

Il la regarda très sérieusement.

— Miss Granger, envisageriez-vous une relation avec moi si j'avais été pauvre ?

Hermione fut prise de court par l'étrange question sortie de nulle part et semblant hors sujet.

— Cela n'a jamais été un critère pour moi.

— Alors en quoi ma fortune poserait un problème ? présenta-t-il presque en accusation. Je n'ai pas honte d'être riche, ni de m'en servir.

La traitait-il d'hypocrite ?

— Ce n'est pas ainsi que je vois les choses, dit-elle pour se justifier. Je refuse d'être une femme-objet et de profiter de…

Sans crier gare, le sorcier se jeta soudainement sur la jeune femme, lui attrapant le visage à deux mains et la bâillonnant de ses lèvres pour la faire taire, dans un baiser enfiévré, avant de la saisir à bras-le-corps.

Tout d'abord désarçonnée, ses bras entravés de part et d'autre de son corps, Hermione se perdit suffisamment dans la sensation pour penser à protester ou se débattre. Le calme et le silence régnèrent de nouveau dans la pièce pendant un bref instant.

Cela semblait si naturel, et si bon… si vrai… si juste. Pourquoi ? Pourquoi avec lui ? Pourquoi était-elle autant attirée par le sorcier ? Se pouvait-il qu'elle le désire réellement et qu'une nuit n'ait pas suffit ? Et était-ce seulement sexuel, ou est-ce qu'il y avait plus ?…

— Précisément, souffla chaudement finalement le Sang-Pur d'un air ravi et comme en évidence, après avoir interrompu le baiser dans un bruit de succion humide, posant ses yeux sur elle. Je sais combien vous êtes stupidement honnête… Justement, vous ne cherchez pas à m'utiliser, ni mon argent… et c'est ça qui m'attire chez vous ! Savez-vous combien cela est rare dans notre monde et ma position ? Je veux être désiré pour moi-même, Hermione.

Hermione rosit légèrement devant l'aveu et le ton employé, se rendant compte qu'il ne l'avait pas encore libérée de l'étreinte de ses bras, et se tenant très près.

Par le caleçon de Merlin ! Elle n'était pas seulement attirée physiquement par Lucius Malefoy… La sorcière avait-elle réellement fini par développer des sentiments pour cet homme ? Impossible. Elle était fichue… Mais en effet, Hermione ne voyait plus le sorcier comme avant, et ne pouvait pas revenir en arrière.

Prise d'un coup de chaud, la jeune femme s'humecta les lèvres avant de se dégager et de poser ses mains à plat sur le torse du sorcier pour le repousser doucement, et il accepta d'avoir pitié et de la lâcher, non sans dissimuler un petit sourire.

— Vous souhaitez changer les choses au ministère, reprit-il, mais vous refuseriez d'utiliser tous les atouts en votre possession par fierté mal placée ? Vous est-il déjà venu à l'esprit que j'agissais ainsi seulement parce que j'en avais envie ?

Hermione déglutit, lui lançant un nouveau regard. Est-ce que la fin justifie les moyens ?

— Et en échange, vous espérez que je vous donne ce que vous voulez ?

Lucius eut un petit rire amer, presque amusé, et caressa d'une main les boucles sauvages de la brunette comme pour les lisser.

— Oh, espérer, ça oui ! dit-il avec galanterie. Mais non, je ne m'attends à rien avec vous. Je sais combien vous êtes… incorruptible, souffla-t-il avec suggestion. Contrairement à d'autres, qu'importe ce que je pourrais vous donner, vous n'auriez aucun mal à vous défaire de moi à la minute où je n'esquisserais qu'une intention d'ingérence dans vos choix ou vos actions.

Il rit de nouveau doucement, et Hermione trouva le son rare et beau.

— Vous voyez ? Vous êtes en sécurité. Alors accordez-moi ce caprice et laissez-moi vous gâter, s'il vous plaît.

Il se pencha légèrement pour lui susurrer ses derniers mots aguichants en incitation, comme une prière.

— Et vous garder à mes côtés pendant que je grimpe les échelons ? ajouta Hermione avec un sourcil levé et désabusé. Après tout, "les Malefoy ont toujours touché au pouvoir dans l'ombre", n'est-ce pas?

Un sourire machiavélique et satisfait vint étirer les fines lèvres de Lucius Malefoy alors que la sorcière citait le grimoire de son histoire familial.

— Exactement.

Mais après tout, où était le mal s'ils obtenaient tous deux ce qu'ils désiraient de cette relation ? Ils étaient deux adultes consentants et éclairés…

Lucius sentait qu'il parvenait à la gagner à sa cause. La sorcière ne le repoussait plus avec autant de combativité qu'avant. Elle se faisait petit à petit à l'idée. La possibilité s'immisçant en elle.

Cependant, Hermione n'était pas encore totalement convaincue et lança au Serpentard un regard en biais, comme si elle le soupçonnait de préparer un mauvais coup.

Alors il insista encore un peu plus.

— Que vous faut-il pour vous convaincre de me laisser une chance, Miss Granger ? Est-ce que je ne représente pas votre plus grande victoire sur notre monde, déjà ? Parmi tous les sorciers, être parvenue à me faire changer d'avis, moi, sur l'ordre des choses ?

Alors qu'il parlait, Hermione observa le sorcier qui semblait presque s'en plaindre.

— Vous m'avez changé, Miss Granger, constata-t-il presque sur un ton de reproche consterné, avec une grimace de dégoût. Vous rencontrer et vous côtoyer a changé l'idée que je me faisais du monde, l'idée que je me faisais de vous

Hermione repensa aux discussions qu'ils avaient eues sur l'hérédité de la magie et la notion même de statut du sang.

Le fait semblait presque déranger le sorcier dans un sens. Il en frissonna comme pour se débarrasser d'un sentiment trop humain.

Réussir à faire évoluer sur ses idées politiques quelqu'un comme Lucius Malefoy et ouvrir son esprit sur le monde, en élargir les possibilités ? Jamais - en défendant ses idées sensibles avec élan devant lui - la jeune femme n'aurait imaginé pouvoir parvenir à toucher une corde sensible chez le Sang-Pur. Était-il possible qu'elle ait pu avoir une telle influence sur l'homme sans s'en apercevoir ? L'idée la rendait fière et émue à la fois. Elle le voyait sous un jour nouveau. Tout n'était peut-être pas perdu après tout… Cela lui redonnait espoir dans le monde des sorciers. Dans le fond, avait-elle vraiment abandonné ses convictions en venant travailler à Poudlard ? Accepterait-elle d'emblée si Shafiq lui proposait un poste au Département de la justice magique ?

Lucius sentit néanmoins que la jeune femme ne lui faisait pas encore complètement confiance, et se méfiait de ses réelles intentions. Pouvait-il vraiment le lui reprocher ?

Il soupira comme en défaite.

— Très bien, dit finalement le sorcier avec lassitude, semblant prendre une décision importante. Plus de cachotterie, annonça-t-il de but en blanc. Demandez-moi ce que vous voulez. Posez-moi n'importe quelle question, et je vous répondrais sans détour, promis.

Hermione haussa un sourcil septique dans la direction de son interlocuteur. Vraiment ? Voilà qui intéressait la jeune femme comme marché, s'il était honnête… Mais pouvait-elle le croire ? Comment savoir ? Le sorcier était-il si désespéré d'obtenir son approbation ?

Hermione réfléchit.

— J'ai le droit à combien de questions ?

Lucius grimaça douloureusement.

— Autant que vous voulez…

— Très bien. Que vous a murmuré à l'oreille Narcissa Black en regardant dans ma direction aux fiançailles de Drago ?

Lucius ouvrit de grands yeux surpris, ne s'attendant clairement pas à cette question.

Puis il se reprit très vite, esquissant un coquin petit sourire en coin.

— Serait-ce de la jalousie que je perçois, Miss Granger ?

Hermione se rembrunit.

— Vous refusez de répondre ?

— Non non, bien sûr. Il se racla la gorge. Ma… femme avait deviné mes intentions à votre égard, et utilisait la situation pour me charrier, s'amusant à retourner la baguette dans la plaie pour se venger depuis notre séparation.

Il hésita. Hermione attendit.

— D'après elle, je souhaitais obtenir quelque chose que je ne pouvais avoir, et cela la ravissait. Elle est convaincue que nous ne pouvons être que mauvais l'un pour l'autre.

L'amertume des propos s'entendait dans sa voix.

— Cependant, en souvenir du bon vieux temps, poursuivit-il avec sarcasme, elle accepta de me faire une fleur et de m'aider… en vous rendant jalouse justement. A priori cela fonctionne toujours à actionner la convoitise chez la gent féminine.

Hermione accusa le coup, se faisant la note mentale de se méfier à l'avenir de Mrs Malefoy.

— Je suppose qu'elle espère réellement que je finisse par en souffrir.

Au moins, Malefoy semblait honnête.

— Est-ce que je dois m'inquiéter de votre femme, Mr Malefoy ?

— Si vous parvenez à faire passer une loi sur le divorce des sorciers, elle vous soutiendra, je vous l'assure !

Le sorcier semblait ne plaisanter qu'à moitié. Hermione retint son jugement.

— En quoi consistait réellement les affaires négociées dans le Sud de la France ?

— Vous voulez parler des documents que vous avez subtilisés dans mon bureau ?

Hermione parut très légèrement gênée sous le regard amusé du sorcier, mais le maintint malgré tout.

Lucius soupira de nouveau en défaite.

— Il s'agit d'un projet qui me tient à cœur depuis de longues années. Je cherche à monter une opération de récupération des œuvres d'art d'origine sorcière présentes dans le monde des Moldus pour les restituer à leur société. Et, pour être en règle, et dans la légalité, mes poltrons de partenaires souhaitaient le soutien du ministère, et donc des deux candidats au poste de ministre de la Magie.

Hermione haussa de hauts sourcils, clairement étonnée (et presque impressionnée). Elle se rappelait le goût et la culture de Lucius Malefoy pour les arts sorciers. Elle comprenait mieux maintenant le choix et les identités des différents protagonistes invités et rencontrés aux cours des différentes occasions. Cette révélation venait certes éclairer quelques conversations perçues autrefois…

— Vous avez conscience que cela peut être mal vu, car considéré comme du vol, ou risquer de mettre en danger les accords internationaux avec les gouvernements moldus ? dit-elle simplement.

Il faudrait certainement user de magie pour pénétrer dans des lieux publics, et même privés, allant à l'encontre de nombreuses lois de protection des Moldus.

Luicus sourit comme s'il s'était attendu à cette remarque de la part de la sorcière.

— Et c'est exactement pour cette raison que je m'évertue pour l'instant à rester dans le cadre étriqué des lois actuelles, Miss Granger (quitte à me tenir sur la fine et floue limite, ou à "militer" pour les faire évoluer un petit peu…) et pourquoi je n'ai pas souhaité vous en faire part en détail plus tôt.

Hermione lui lança un regard lourd de sens et de jugement.

À la limite entre mensonge et vérité… songea-t-elle intérieurement, où une poignée d'or pouvait faire la différence…

Mais là n'était pas le sujet. Ou pour un autre jour.

— Mr Malefoy, dit-elle. Si - et je dis bien "si" - j'accepte votre… proposition de poursuivre, ou plutôt de commencer, une potentielle relation, disons plus officielle, avec vous…

— Oui ?

— Avez-vous réfléchi… Enfin, je veux dire, ne pensez-vous pas que nous serons… jugés ?

Elle se rappela les articles, les œillades, les chuchotements et les remarques sur son passage… Et grimaça au souvenir.

— Après tout, vous êtes toujours officiellement marié, je vous rappelle.

— Séparé, précisa-t-il.

Puis il rit avec dérision.

— Et moi qui pensais que vous alliez aborder notre différence d'âge, me voilà rassuré.

Hermione ne partagea pas sa légèreté et essaya de rester sérieuse.

— Et cela ne vous dérange pas ? insista-t-elle.

Lucius sembla prêter sérieusement attention aux inquiétudes de la jeune femme avant de donner sa réponse.

— Hermione, vos amis seraient-ils prêts à accepter une telle possibilité ?

Aïe ! Hermione n'y avait pas pensé… Cela ne serait certes pas facile à expliquer la première fois, mais… Oui. Elle avait confiance en l'amour et le soutien de ses proches, au final.

La sorcière acquiesça fermement et dignement après mûre réflexion.

— Dans ce cas, dit Malefoy, que vous importe l'opinion d'inconnus, tant que vous êtes heureuse ?

Hermione lui jeta un regard touchant. Telle était la question, n'est-ce pas ? Et si justement, elle ne l'était pas… heureuse ?

Lucius vit son désarroi se dessiner sur son joli visage.

— Que craignez-vous, Hermione ?

Elle hésita.

— Et si… cela se passait mal ?

Hermione savait qu'elle avait tendance à vouloir faire trop facilement confiance, et à s'attacher rapidement. Et avec Lucius, cela l'effrayait…

— C'est un risque que je suis prêt à prendre, jugea-t-il sagement avec douceur. Ne pas tenter par peur que cela échoue serait de la lâcheté. Avez-vous si peur de baisser votre garde et de tomber sous mon charme, pour finalement vous retrouver face à la dure réalité que je ne partage pas, ou plus, vos sentiments ? Ce serait plutôt à moi de craindre de vieillir, alors que vous, vous serez encore jeune, belle et brillante ; et alors ce sera peut-être bien vous qui ne voudrez plus de moi.

C'était la première fois qu'il lui faisait ouvertement de tels compliments.

Partageaient-ils réellement les mêmes angoisses face à l'avenir, sur un pied d'égalité ?

— Sincèrement, Mr Malefoy, je ne vois pas - au vu de la situation - comment cela pourrait bien finir…

Il se mordit la lèvre en réflexion. Autant de mimiques qu'Hermione se rendait compte qu'il affichait maintenant en sa présence, faisant quelque peu tomber le masque.

— Quelles traditions existent chez les Moldus pour concrétiser une relation, demanda-t-il, comme un mariage, par exemple ?

Bien qu'étonnée par sa question, ne comprenant pas où il voulait en venir, Hermione répondit ouvertement :

— Le couple échange des vœux et des alliances (des bagues) au cours d'une cérémonie, voire signe un contrat.

Lucius acquiesça.

— Rien qui ne me semble irréalisable ou très compliqué, affirma-t-il avec satisfaction. Croyez bien, Miss Granger, que si vous me le demandez, je serais prêt à prêter pareil serment magique, ou à signer tout parchemin ensorcelé que vous jugerez approprié. Et si vous le souhaitez, nous pouvons nous rendre dans ma chambre forte pour que vous sélectionniez le bijou de votre choix, ils sont à vous.

Hermione fut déstabilisée par son offre au point d'en être mal à l'aise. Elle ne le pensait pas si véhément et prêt à s'engager sérieusement. Était-ce ce qu'elle souhaitait ? Avec lui ? Ils ne se connaissaient pas encore si bien que ça, n'est-ce pas ? Ou avait-elle justement envie de continuer à le découvrir… pour peut-être en arriver là un jour ?

Ron aussi avait été empoté quand il s'agissait de verbaliser ses sentiments, mais pas dans ses actes. Pour Hermione, les gestes étaient plus importants que les mots… plus romantiques aussi.

— Ne nous emballons pas, dit-elle en levant les mains avec humour pour cacher le rougissement de ses joues et détendre l'atmosphère. Nous n'en sommes pas là, pas encore. Je pense que - pour commencer - un premier vrai rendez-vous sera largement suffisant.

Une lueur victorieuse pétilla dans l'œil du sorcier à ses mots.

— Alors, dit-il plein d'espoir pressant en faisant un pas dans sa direction, dois-je comprendre que vous acceptez ?

Hermione chercha une dernière fois à garder la tête froide sous l'intensité du regard du sorcier.

— J'ai des conditions.

Malefoy acquiesça patiemment, sans se démonter.

— Je m'en doutais. Je vous écoute.

— Pour que ce soit clair, il y a certaines choses que je n'accepterais pas : vos tentatives de contrôle, votre attitude possessive ou vos éclats de jalousie.

Lucius fit la moue, peu convaincu.

— Je ne peux rien vous promettre, je suis un homme jaloux…

— Je suis sérieuse, Mr Malefoy ! insista Hermione en le pointant du doigt. Si j'accepte de sortir avec vous, je vous serais fidèle le temps que cela durera, mais vous devrez me faire confiance, et j'en attends de même pour vous !

— Là-dessus, nous sommes d'accord. Bien, je ferai un effort. Et sinon, vous n'aurez qu'à me recadrer…

Hermione se fit la réflexion que ce sorcier aimait beaucoup trop la faire sortir de ses gonds. Pour sûr, elle n'allait pas s'ennuyer.

— Je souhaite conserver mon indépendance et ma liberté. Hors de question que je vienne vivre au manoir !

— Ce manoir fait partie de l'héritage de Drago. Maintenant qu'il est marié, il élèvera bientôt son enfant dedans. Nous pourrons nous installer dans une autre de mes demeures, comme dans le Hampshire ou le Yorkshire, comme vous préférez. D'où viennent vos parents ?

— Du Oxfordshire.

Il haussa les épaules.

— Je peux acheter une demeure là-bas aussi, si cela vous ferait plaisir.

— Dans tous les cas, je compte garder mon appartement à Londres.

Malefoy tiqua, semblant vexé et dans l'incompréhension.

— Et pourquoi cela ?

— J'ai besoin de mon propre chez moi, Mr Malefoy. Tout comme je compte terminer mon contrat annuel de professeur à Poudlard avant d'envisager de retourner au ministère.

Lucius fronça les sourcils, semblant légèrement contrarié, mais comprenant qu'il ne servait à rien de discuter.

— Entendu, finit-il par concéder à contre-cœur. Et quand puis-je espérer le plaisir de votre compagnie?

Hermione sourit.

— Je pense que l'on pourrait commencer par un dîner…

Le regard du sorcier sembla s'illuminer.

— Mais dans un restaurant moldu de mon choix, ajouta malignement la sorcière avant qu'il n'ait pu faire la moindre remarque, le mettant au défi de se plaindre.

Le sorcier grimaça, comprenant qu'elle allait lui en faire voir de toutes les couleurs.

— Vous avez décidé de me faire souffrir, à ce que je vois…

Hermione rit avant de lui faire un clin d'œil.

— Non, Mr Malefoy, si je voulais vraiment vous torturer, je vous emmènerais au cinéma…

Elle le vit pâlir, bien qu'il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle faisait référence, et redoutait le pire.

— Tant que vous ne m'obligez pas à assister à un dîner chez Arthur Weasley.

— Voyons, pourquoi infligerais-je cela aux Weasley ?

Elle répondit avec un petit sourire rieur à son regard noir.

Puis il s'adoucit et profita de son hilarité, qu'il trouva charmante, pour se rapprocher subrepticement d'elle et l'enlacer.

— Puis-je réclamer un baiser, au moins ? Pour sceller cet accord…

Elle le laissa faire. Elle avait pensé garder les choses simples mais, envahie par le parfum qui émanait de lui, elle ne put s'empêcher d'approfondir l'étreinte pendant de longues minutes. Lorsqu'enfin, ils se séparèrent, quelque peu essoufflés.

— Je suppose que vous ne me proposeriez pas de rester pour la nuit, par hasard ? suggéra-t-il d'une voix rauque avec un air charmeur.

Hermione ne put retenir un petit sourire mutin en lui claquant amicalement l'épaule par jeu, cherchant à le repousser sans grande conviction.

— Ne tentez pas votre chance, Mr Malefoy…

Lucius, corrigea-t-il.

La jeune femme lui sourit avec une étincelle malicieuse dans le regard.

— Nous verrons.

Fin.

xxx


N.d.A : Musique recommandée et d'inspiration (rythme, paroles) pour la relation torride entre Hermione et Lucius : "Vertige", de Mylène Farmer (1995).

MILLE MERCI POUR VOS LECTURES, VOS RETOURS, VOTRE PATIENCE, VOTRE ENTHOUSIASME ET VOTRE FIDÉLITÉ !

Voilà, voilà ! C'était en effet la fin que j'avais en tête et prévue depuis le début ^^

J'avoue que c'est une des rares fois où mes personnages finissent et restent ensemble, au final... (même si c'était le couple le moins probable !)

J'adore les romances impossibles, avec des personnages de camps opposés, mais cela me tient aussi à cœur que la psychologie des personnages soient respectée, donc souvent ça ne peut pas finir en "happy ending" sans vraie bonne raison... (puis c'est romantique les tragédies aussi...)

Mais là j'aimais bien cette idée où ils se retrouvent dedans un peu contre leur volonté, avec leurs étranges sentiments qui s'immiscent, contre toute attente, mais qu'ils finissent par se l'approprier un peu envers et contre tout, et que ça leur convienne au final, et soit peut-être amené à évoluer dans le futur, avec une fin ouverte aux possibilités...

J'espère avoir réussi à transmettre subtilement certaines idées correctement, sans moral et sans froisser la sensibilité de qui que ce soit (je voulais quelque chose d'un peu décalé et de bancal, des fois triste, des fois drôle, énervant, excitant... ; mais aussi de sexy et de touchant, mâture, avec des clins d'œil à l'égalité, au féminisme, à la liberté, la dépression, l'accomplissement, au regard des autres et de la société... et que nos propres valeurs et envies soient questionnées par les personnages, mais sans jugement ou réponse finale).

PS. J'ai pris quelques libertés avec Hannah Abbot : normalement elle devient patronne du Chaudron Baveur (mais ça m'arrangeait qu'elle travaille aux Trois Balais ^^")

PPS. Cela n'a pas été précisé (seulement suggéré), mais le torque offert à Hermione par Lucius a bien été commandé spécialement par ce dernier pour elle et en souvenir de leur nuit de folie (NB. La baguette d'Hermione est en bois de vigne, et c'était en automne...)

PPPS. Envie de plus d'Hermione x Lucius ? Je vous invite à lire mon autre fanfiction (en cours) : "Les Puissants" ;)

Un dernier cadeau ? Il y a un chapitre BONUS qui arrive (Lucius POV !)

- LittleLote.