La Fosse aux Lions
(The Lion's Den, Arcawolf)
Comme précisé dans le résumé, il s'agit de la traduction d'une fanfiction que j'ai beaucoup aimée, The Lion's Den, écrite par Arcawolf. Une fanfiction que j'ai trouvée vraiment excellente, alors je voulais la faire partager. Elle est très longue (110 chapitres), ça va être une longue publication.
Un nouveau chapitre est prévu chaque vendredi (possibilité d'être publié le samedi si je n'ai pas le temps vendredi avec le travail). Je publie aussi cette traduction sur AO3.
Bonne lecture !
Partie 1 : Introduction
Chapitre 1 : Prologue
L'exécution s'était achevée, et avec elle le monde.
Enoshima était morte. Eux, ses loyaux guerriers du Désespoir Ultime, avaient regardé avec scepticisme et déni ce garçon – Naegi – la conduire tout droit dans la tombe. Même après que le bloc se soit abattu pour la dernière fois, ils n'y avaient pas cru. Ils s'étaient attendus à ce qu'Enoshima resurgisse immédiatement, et rie du désespoir sur les visages de ses camarades.
Mais elle n'était pas réapparue. Enoshima était morte et avec elle, le monde s'était brisé.
Tsumiki hurla le plus fort. Son cri, la plainte stridente de quelqu'un ayant perdu en un instant et son cœur et son âme, résonna entre les murs et secoua le sol. D'autres mugissements s'élevèrent pour la rejoindre. De tous, seul celui de Kuzuryu semblait être composé de réels mots. Les autres cris étaient de simples hurlements de douleur bestiaux. Ils savaient que leur réaction était partagée dans leurs autres bases, où leurs camarades devaient regarder la même émission. Cette seule pensée, le désespoir irrésistible qu'elle provoquait, leur apportait tout autant de l'angoisse qu'une joie délirante.
Mais alors que la majorité du Désespoir Ultime se délectait dans son agonie, il y avait quelques exceptions. Pekoyama, les poings serrés et le teint pâle, restait silencieuse, plus préoccupée par son jeune maître que ce qu'elle venait de voir. Kamukura observait les autres avec un intérêt modéré. Et Komaeda... Komaeda s'était traîné jusqu'à la télévision, et avait posé amoureusement sa main sur l'écran.
La caméra de la télévision était braquée sur la salle du tribunal, où les six survivants se regroupaient après leur victoire. Komaeda n'avait d'yeux que pour l'un d'entre eux et, avec une attention malsaine, il observait cette petite silhouette aux cheveux châtains parler à ses camarades. Ce que la personne disait, il ne pouvait en être certain maintenant que le son de la diffusion avait été coupé avec la mort d'Enoshima, mais il pouvait s'en faire une petite idée. Et ainsi, Komaeda pressa presque son visage contre le verre pour mieux lire sur ses lèvres les mots inaudibles de l'Espoir.
Espoir. Espoir Ultime. Sa respiration sifflante trembla d'un rire silencieux. Cela avait été la raison pour laquelle il avait rejoint Enoshima (parce que comment pouvait-on créer l'espoir sans désespoir?) et elle avait finalement porté ses fruits. Le Désespoir Ultime était tombé, et de ses cendres, l'Espoir Ultime se dressait !
Il ressentait tant de choses. De l'affliction. De la colère. De la joie. Du ravissement. Il avait aimé et haï Enoshima, tout comme il aimait et peut-être haïssait ces lycéens pour l'avoir tuée (mais pas l'Espoir. Jamais l'Espoir). Tout cela tourbillonnait et s'entrechoquait en une mixture qui le rendait malade. Mais tout allait bien, parce que cette fusion d'euphorie et de misère était l'un des prix à payer pour créer un grand espoir.
Les six survivants commencèrent à se diriger hors de l'écran et Komaeda les suivit du regard avec avidité. Une partie de lui avait honte – de quel droit espionnait-il ces gens talentueux? - mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Son âme grondait d'envie. Oh, comme il souhaitait qu'Enoshima l'ait emmené avec elle au lieu de sa sœur! Il aurait pu respirer le même air que l'Espoir Ultime, posé ses yeux sur l'Espoir Ultime... il aurait même pu mourir pour l'Espoir Ultime. Cela n'aurait-il pas été jouissif ?
Il suivit du doigt l'Espoir Ultime jusqu'à ce qu'il soit hors de vue. Le garçon (Naegi Makoto, ronronna la voix dans son esprit) avait été le dernier de ses camarades à quitter les lieux, laissant la salle sans vie. Komaeda continua à fixer l'écran. Maintenant que l'Espoir était parti, il se sentait vide.
« Qu'est-ce que tu fais? »
La tête de Komaeda roula presque en arrière pour voir qui parlait. Kamukura était penché au-dessus de sa forme accroupie, fronçant les sourcils.
Komaeda ravala un petit rire. « Tu as vu ça? La naissance de l'Espoir? Je me demande ce qu'il va faire maintenant. »
Kamukura soupira. « C'est ta seule question? C'est évident, une équipe de sauvetage de la Fondation du Futur est déjà en route. Les survivants vont la rejoindre.
-La Fondation du Futur », Komaeda marmonna dans sa barbe. Ses entrailles se tordirent de dégoût. La Fondation du Futur... Ils avaient failli pénétrer dans l'Académie à quelques reprises. S'ils y étaient parvenus, ils auraient interféré avec le Killing Game avant que l'Espoir Ultime ne soit né!
Les ongles de Komaeda s'enfoncèrent dans ses bras alors qu'il se cramponnait à lui-même. Il ne pouvait... comment pourrait-il... Il ne laisserait pas un espoir aussi remarquable tomber entre leurs mains indignes! C'était son devoir envers l'espoir, envers le monde, (envers la maîtresse qui était morte pour cette fin). Lui, le serviteur indigne, pouvait enfin trouver sa place.
« Hé, Kamukura-kun... Je crois que je viens d'avoir une nouvelle idée.
-Bien. Ces dernières semaines ont été extrêmement ennuyeuses. »
Komaeda sourit rêveusement. Ah, son chemin était clairement tracé devant lui. Il savait ce qu'il avait à faire.
Après tout, personne d'autre dans le monde ne comprenait l'espoir aussi bien que lui.
