Résumé du dernier chapitre : Hirako Shinji et Hiyori Sarugaki s'en sortent finalement face à des Kôji ayant pris l'apparence de Komamura Sajin et de Sôsuke Aizen, à l'aide de Kasumi Kitâko.

Pendant ce temps, le véritable Aizen a une discussion plutôt animée avec Kurosaki Ichigo et son groupe, qui partent pour une mission, le cœur lourd.

Enfin, Zaraki Kenpachi s'entraîne avec Shunô Kaminari, avant d'être vaincu, incapable d'atteindre son plein potentiel. Vient alors Byakuya Kuchiki, qui propose son « aide » dans cet entraînement …

BLEACH — THE DARK AGES

CHAPTER 4 : EVANESCENCE

Un certain calme relaxant donnait une atmosphère agréable à la pièce. Une petite chambre simple et sobre, comportant un lit collé au mur, un miroir, un bureau, une petite armoire, et un chevet. Il s'agissait-là du strict nécessaire : la Brigade d'Expédition ne lésinait pas sur les moyens d'améliorer les outils d'entraînement, mais demeurait plutôt avare lorsqu'il s'agissait du confort de ses troupes. Même si cette démarche pouvait facilement se comprendre, et témoignait surtout des priorités de l'organisation des Shinigamis.

Allongée sur le lit, Inoue Orihime regardait le plafond, d'un œil complètement plat. La journée avait été particulièrement difficile et longue, beaucoup de travail étant demandé à la jeune rousse dans le soin des troupes, qui ne se faisaient vraiment pas prier pour se blesser assez sévèrement. Plus le temps passait, plus l'intéressée fatiguait d'ailleurs. Ce monde était devenu si obscur, que cette simple pensée suffisait à l'étouffer …

La porte de la salle de bain s'ouvrit doucement, laissant l'ombre fine de Rukia Kuchiki apparaître, une serviette sur la tête et un kimono blanc entourant le reste de son corps. Les traits du visage de la petite Kuchiki illustraient une certaine fatigue, soulagée par le bain qu'elle venait de prendre.

« — Kuchiki-san ! s'enquit plus joyeusement Orihime. Est-ce que tu te sens mieux ?

— Oui, ça va … je suis toujours un peu fatiguée. La journée a été rude, soupira la brunette, en s'allongeant à côté de son amie. Tu pouvais venir avec moi tu sais.

— J'ai déjà pris une douche aujourd'hui, sourit gentiment son interlocutrice. Tu devrais te reposer, tu as vraiment l'air d'en avoir besoin.

— Mmh … oui … j'aurais quand même voulu savoir si Nii-sama allait combattre le Capitaine Zaraki … ça ne me dis pas grand-chose qui vaille, cette histoire … je devrais peut-être aller jeter un coup d'œil …

— Ton frère est très fort, je suis sûre que ça ira pour lui !

— Tu as sûrement raison … »

Fermant lentement les paupières, la jeune noble se tourna en direction de son amie, plongeant dans ce qui semblait être un sommeil assez perturbé. Depuis ces six derniers mois, Rukia Kuchiki ne semblait pas du tout épanouie. Orihime, sa plus proche amie, pouvait être gourde quelques fois, mais se rendait bien compte de cette réalité. L'ancienne lycéenne ne saurait expliquer son malaise, et la noble n'en parlait de toute manière jamais. Doucement, elle-même étant assez épuisée, la rousse éteignit la lumière, et prit son amie dans les bras, sombrant elle-même dans ceux de Morphée …

Pour un souci tactique, la Brigade d'Expédition avait décidé de séparer le groupe dans deux bases différentes. Ainsi, dans le cas de figure où l'une des bases tomberait, un lieu de repli déjà soigneusement préparé pouvait accueillir les rescapés. Disséminées à travers le monde, il existait encore d'autres bases non utilisées actuellement. Dans les couloirs de cette base souterraine, un homme marchait doucement, en direction de l'une des nombreuses chambres qui se trouvaient ici. Une fois arrivé devant l'une d'elle, il frappa poliment.

« — Entrez, entendit-il, de l'autre côté. »

Il s'exécuta, en ouvrant doucement la porte. Jushirô Ukitake baissa un petit peu le regard, lorsqu'il constata que Nanao Ise se trouvait toujours aux côtés de son Capitaine, l'air de plus en plus épuisée. Depuis l'affrontement contre la Cavalière Heisei, Kyôraku Shunsui avait littéralement perdu des fragments de son âme, s'il avait bien compris le propos. Et depuis lors, il restait dans cet état léthargique, sans que personne ne parvienne à le réveiller d'une torpeur qui semblait éternelle.

Assis sur une chaise roulante, l'homme qui était jadis si jovial, n'esquissait plus le moindre geste. Sur le lit à côté de lui, Nanao affichait une mine toujours aussi maussade, comme depuis tant de mois maintenant.

« — Il n'y a … rien de nouveau, je présume ? demanda lentement Ukitake, quand bien même connaissait-il l'horrible réponse à cette interrogation.

— Toujours rien … répondit faiblement l'ancienne Lieutenante, en secouant négativement la tête.

— Je vois … tu devrais essayer de dormir un petit peu. Il n'y a pas grand-chose d'autre que nous puissions faire actuellement, il ne vaut mieux pas que tu te fasses trop de sang d'encre. Je suis sûr qu'un jour, Kyôraku reviendra à lui, comme il l'a toujours fait. »

Aussi rapidement qu'il était venu, Ukitake fit demi-tour. Ses paroles qui se voulaient rassurantes, ne masquaient pourtant pas ses doutes particulièrement élevés quant à la situation de son vieil ami. Croyait-il vraiment dans ce futur radieux qu'il venait de décrire ? Non, bien sûr que non. C'est là que le mal blessait particulièrement. L'homme à la longue chevelure blanche décida simplement de continuer sa route, en direction de la salle d'entraînement où la plupart des Shinigamis s'étaient attroupés pour assister à l'affrontement entre Zaraki Kenpachi et Shunô Kaminari.

L'ancien Capitaine de la Treizième Division avait également connu quelques périodes troubles au cours de ces derniers mois. Ses blessures avaient plutôt guéri, mais un nombre important de personnes avaient disparues pour de bon. Il avait toujours du mal à se faire à cette idée, secouant négativement la tête, de temps à autres, afin de ramener de l'ordre dans des pensées devenues un petit peu trop sombres à son goût.


Dimension Royale — Palais de la Déesse Sakae.

« — Pour réussir à éliminer définitivement l'Enfer, il va falloir faire quelque chose concernant ces gouffres qui déversent continuellement des particules de ce monde sur le nouveau. »

La toute-puissante divinité de la destruction, assise sur son trône, lançait un regard neutre sur l'assemblée qui se tenait face à elle. Toute l'armée n'était pas présente, puisque l'on pouvait dénoter l'absence particulièrement remarquée des trois Généraux de l'Ombre. De même, le Palais n'étant pas assez grand pour contenir plusieurs milliers de soldats dans une seule et même pièce, ne venaient que les personnes les plus importantes, y compris parmi les fantassins. Tous posaient un genou au sol, en signe de respect, pendant le discours de celle qui avait les commandes du monde céleste désormais.

« — Si les choses n'ont pas changé depuis des siècles, alors les gouffres de l'Enfer fonctionnent toujours de la même façon, continua lentement la déesse, de sorte à ce que tout son auditoire puisse clairement entendre ses propos. Il nous faut aller en Enfer, de l'autre côté du passage. Là-bas, déclencher une source d'énergie suffisamment puissante dans le vortex, pour le déséquilibrer. En réaction, le gouffre se referme automatiquement. Pour achever le processus, il faut que ceux qui restent de l'autre côté du gouffre fassent de même. Bien entendu … ne restez pas en Enfer lors de la fermeture du passage, empruntez-le.

— Oui, Sakae-sama ! s'exclamèrent en chœur les soldats.

Néanmoins, cela ne constitue qu'une partie de notre attaque. Rien n'empêchera le Diable d'ouvrir d'autres passages, plus tard. Il nous faut simplement une zone saine, sans particule de l'Enfer. De ce fait … inutile de se disperser partout. Quelques groupes devraient suffire. N'oublions pas qu'eux aussi devraient envisager un déploiement de leurs forces dans notre monde.

— Compris !

Je donnerai des ordres plus précis dans la soirée. En attendant, reposez-vous. »

En temps de guerre, même durant les préparatifs cette dernière, l'accalmie devait être chéri par les belligérants. Une fois englués dans le cycle de destruction que représentaient les conflits, alors le processus ne s'arrêterait pas avant d'avoir causé de lourds dégâts. Même pour les plus puissants subordonnés de la déesse, pour les plus sanguinaires, un temps de paix était accepté avec une certaine joie, plus ou moins dissimulée selon les personnalités.

À l'intérieur du grand Palais de la déesse, se trouvaient les chambres dédiées aux plus hauts gradés, à savoir les Valkyries, les Généraux de l'Ombre, ainsi qu'à leurs proches subordonnés.

Dans l'une d'elles, la sobriété était de mise. Les murs peints d'un gris sans défaut, deux placards, deux lits, une fenêtre donnant sur un monde pourtant assez vide, une tapisserie assez sombre … tous ces éléments achevaient de donner un aspect assez austère à cette chambre, assez spacieuse de surcroît.

« — Tu es sûr de toi ? »

Assise sur son lit, la Valkyrie Sigrûn portait un regard plutôt anxieux vers son jeune frère, Kanyô, juste à côté d'elle. L'intéressé affichait une mine sérieuse, typique des personnes ayant longuement réfléchis à un sujet avant d'en parler. Le brun hocha positivement la tête.

« — Je préfère ne pas t'accompagner dans tes missions, je te gênerai plus qu'autre chose. Je vais plutôt m'occuper de missions exclusivement assignées dans le Nouveau Monde.

— Ce sont des missions dangereuses, affirma son aînée, en plissant le regard. Les Hollows qui y sévissent sont puissants, et tu pourrais rencontrer des ennemis plus redoutables encore. Pourquoi ne préfères-tu pas simplement servir de garde au Palais, ou même au Reiôkyu ? Je serais nettement plus tranquille si je te savais en sécurité.

— Nee-san, tu sais que j'ai moi aussi envie de bouger un petit peu ?

— Ça ne me plaît pas du tout. En tant que Valkyrie, je devrais peut-être t'enfermer pour ta sécurité.

— Haha, tu as le don d'exagérer. Mais tu n'as pas à t'inquiéter, je suis nettement plus prudent que tu ne l'es.

— Mmh.

— Tu t'en fais un peu trop, à mon avis. »

Doucement, Kanyô ramena la tête de son aînée contre son épaule, lui caressant sa chevelure bistre. Cet antagonisme entre la personne qu'elle montrait en public, et l'inquiétude presque maladive qu'elle éprouvait pour lui … personne d'autre ou presque, ne pouvait en être témoin. La Valkyrie soupira légèrement, en fermant les paupières.

« — Des troupes seront envoyées demain dans des secteurs moins touchés par les particules de l'Enfer. Je commencerai là-bas, je ne vais pas participer aux expéditions pour les refermer directement.

— Tu l'as envisagé, en plus ?

— Non, pas vraiment, sourit lentement l'intéressé. Mais dis-moi, pourquoi les Généraux de l'Ombre ne se trouvaient pas à la réunion ?

— Ils ont une autre mission spécialement donnée par la déesse. Je crois que ce seront eux qui vont s'occuper des Shinigamis.

— Vraiment ? Seuls ? Ça me paraît risqué quand même.

— Nous aussi, devrions envisager cette possibilité. Mais Sakae-sama préfère nous mobiliser contre l'Enfer. Bon, va manger plutôt. Il commence à se faire tard. Kahra est une bonne cuisinière malgré les apparences, tu devrais goûter à sa nourriture.

— Heu … oui, ok.

— Je vous rejoindrais plus tard, j'ai besoin d'une grosse douche, articula lentement la Valkyrie aux cheveux bistre, en se redressant.

— Comme tu veux. »

Les deux ne tardèrent pas à se quitter rapidement.

Il existait forcément plusieurs salles à manger au sein des différents Palais. Toutefois, celui où résidait Sakae était différent. La divinité n'avait pas besoin de se nourrir. Quant aux Valkyries et aux Généraux, en-dehors de Brynhild et Rân, ils ne se fréquentaient que rarement, alors les dîners communs l'étaient encore davantage.

De la même façon, cette logique s'appliquait également aux troupes des concernés. Ainsi, lorsque Kanyô pénétra à l'intérieur de la salle à manger, il ne trouva aucune trace des Généraux ou de leurs subordonnés : en revanche, assise les jambes croisées sur une chaise, la Valkyrie Kahra était plongée dans un livre.

« — … Kahra-sama ?

— Mange donc, Kanyô-kun, la nourriture est prête, lança la concernée, sans sortir de sa lecture.

— Très bien … »

Personne d'autre ?

Le « réfectoire » était ici assez grand, comportant cinq tables pouvant chacune accueillir cinq à six individus. En temps normal, il n'y avait pas autant de personnes, mais les constructeurs ont bâti tout cela de manière particulièrement grandiose.

Pour régner, il fallait aussi s'en donner l'apparat. Dégustant un curry japonais simple mais plutôt appréciable, le jeune homme ne reçut pas la moindre remarque de la part de la cuisinière du jour. Le silence s'installa, sans qu'il ne fasse rien de particulier, jusqu'à ce qu'une trombe ne vienne rompre l'harmonie, en ouvrant bruyamment la porte. Kahra souleva sur l'instant son regard, pour croiser celui, particulièrement taquin, de sa collègue, Brynhild.

« — Alors Kahra ? Que faisais-tu pendant tout ce temps, mmh ?

— Je lis un livre, répondit doucement son interlocutrice. Est-ce que tu aimes les comédies ? Je trouve ça étrange.

— Huh ? Tu me prends pour qui ? Tu crois que je vais lire du … 'Aristophane' ? Enfin, ça ne répond pas vraiment à ma question. Je sais pertinemment que tu as rencontré Höder aujourd'hui. Alors ?

— Je ne sais pas quoi te répondre, concéda la Valkyrie aux longs cheveux rose. Je n'aime pas cet homme, rien de plus. C'est viscéral et réciproque.

— Ah oui, à ce point-là ? Enfin, bon. J'ai faim moi. C'est bon, Kanyô-kun ? »

Avant que l'interpellé ne puisse répondre, sa supérieure vint lui prendre littéralement un morceau de viande, provoquant une vague de surprise dépitée sur son visage, à la bouche entrouverte. Brynhild, elle, ne s'en préoccupa pas le moins du monde, et avala simplement le morceau, en hochant finalement positivement la tête, signe que le plat était plutôt à son goût.

« — Tu manques vraiment de manière parfois … soupira Kahra, quelques mètres plus loin, en secouant négativement la tête. N'hésite pas à en reprendre, hein, Kanyô-kun …

— Je … oui, plus tard, merci.

— Oh, ça va, reprit la dernière venue. Personne ne vient manger ici j'ai l'impression. Peut-être que tu leur fais peur, hein ?

— Peut-être.

— Oh fait, je viens de voir la déesse. Les troupes seront envoyées dès demain.

— Que veux-tu que je te dise ?

— Rien de spécial. Mais préparons-nous aussi. Parce que si l'on en croit les rumeurs, le Diable aurait lancé plusieurs soldats de haut niveau sur tout le Nouveau Monde … »

Nouveau Monde — Côtes de la Grande Mer du Sud.

« — Prendre un bain ou faire du surf est inenvisageable, j'imagine ? »

Un trio de personnes longeait actuellement une longue étendue de sable, bordée d'eau salée. Les mers de ce nouveau monde ne servaient en réalité pas à grand-chose. Toute forme de vie à l'intérieur ne pouvait pas naître, leur taux de salinité étant beaucoup trop élevé.

« — Shûhei, ferme ta gueule, tu te crois drôle ou quoi ?

— … Ok, j'ai compris.

— Pff, Kensei, tu veux avoir l'air cool ou quoi ? Tout le monde se souvient très bien que contre ce Général au Seireitei, tu t'étais fait exploser en un rien de temps !

— Toi aussi ferme-la ! On est en mission, là. Y'a un putain de Hollow qui ne doit pas être très loin, alors trouvons-le, qu'on en finisse vite. Faîtes gaffe, Shinji est tombé sur un Kôji récemment, alors ne soyez pas stupides. »

Les trois membres de l'ancienne Neuvième Division avançaient à pas feutrés. Dans cet environnement sombre, le moindre faux pas pouvait s'avérer fatal. L'air semblait presque bourdonner, tant l'impact des particules de l'Enfer était grand. À certains endroits, respirer s'avérait même difficile. Les yeux de Shûhei se portèrent un petit peu partout dans les environs, la méfiance étant particulièrement importante en ces temps difficiles. Non loin du trio, une ville désormais réduite à l'état de morceaux disparates.

Pas une trace de vie. Seul le bruit régulier des vagues frappant le rivage permettait de sortir d'un silence plus pesant que jamais. Cette situation demeura pendant de longues minutes, le temps pour le trio d'atteindre les restes d'un centre-ville autrefois foisonnant. Une fois arrivé à destination, il n'y avait pourtant aucun signe d'amélioration. Pourtant, un Hollow devait bien se trouver dans ce secteur, si on se fiait à l'émission des particules spirituelles … Kensei devenait de plus en plus dubitatif. Seraient-ils tombés dans un piège ?

« — Peut-être que le Hollow peut se camoufler ? proposa Mashirô, en usant de sa main comme une visière pour —vainement— améliorer son champ de vision.

— C'est possible. Dans tous les cas, il va falloir être capable d'agir convenablement, ne baissez pas votre garde, lui rétorqua son Capitaine, cherchant également la moindre trace ennemie. »

Hisagi ne savait, pour sa part, que dire. Les nerfs de son supérieur hiérarchique direct dissuadaient toute tentative de plaisanterie, qui lui auraient pourtant bien plu, histoire d'éloigner, ne serait-ce que pour un temps, cette ambiance lugubre qui s'immisçait jusqu'à la moindre de ses pensées. La longue marche continua, sans pour autant offrir de meilleurs résultats, alors que les Shinigamis arpentaient dorénavant le plein centre de la ville en ruines.

« — Höder-sama avait raison. Les Shinigamis semblent bien poursuivre ces Hollows.

— On les élimine ?

— Ne sois pas si présomptueux, Mêrich. Avec le contact prolongé de la Brigade d'Expédition, les vaincre ne sera pas une tâche aussi facile que tu ne sembles le croire.

— Toujours le don de dramatiser, hein Velgrîn ? »

Sur le toit du plus grand des bâtiments, voilés par deux longs manteaux noirs, les ombres malveillantes survolaient le secteur du regard. Mêrich, un homme à la peau assez sombre, une large balafre sur le visage lui offrant un air bien peu commode. Son crâne rasé en possédait également, renforçant cette absence d'air amical. L'autre susnommé, Velgrîn, homme également bien mature —dans la trentaine en apparence— paraissait nettement plus posé. Sa chevelure blanche bouclée et son regard de jais contrastaient, lui donnant presque l'air d'un être à la fourberie dissimulée. Derrière les deux individus, le crâne gigantesque et ensanglanté d'un Hollow gisait, dans une mare d'hémoglobine morbide.

« — Mais tu as raison, reprit doucement la voix de Velgrîn. Notre mission est de nous attaquer à ces Shinigamis, et il va falloir le faire. Il ne semble pas y avoir d'autres Hollows dans le secteur, alors la confrontation devrait être assez tranquille. Mais aussi rapide, nous ne pouvons pas nous permettre d'engager un combat trop long.

— Pff, no stress man, lui répondit son partenaire, en esquissant un sourire bien confiant. Ces types-là n'ont pas l'ombre d'une chance de s'en sortir. Butons le Capitaine en premier.

— C'est en effet la meilleure solution. »

Les minutes défilaient, longuement et sans que rien ne puisse rompre cette chaîne ennuyeuse du temps. Pourtant, les faits semblaient bien sur le point de changer, pour les Shinigamis envoyés par la Brigade d'Expédition.

Bras croisés, les yeux balayant tous les environs, Kensei Muguruma se stoppa soudainement dans sa marche, provoquant une certaine réaction d'incompréhension chez ses deux subordonnés.

« — Kensei ? Tu fous quoi là ?

— Capitaine ? Il y a un problème ?

— Chut, fermez-la, martela l'intéressé, en scrutant toujours les environs, plus méfiant que jamais. Ouvrez l'œil, on n'est pas seuls ici.

— Quoi … ? Le Hollow ? s'interrogea Hisagi, la main sur son Zanpakutô.

— Nan, ils essaient de masquer leur présence … mais y'a quelque chose, j'en suis sûr. »

Ni Hisagi, ni Mashirô ne parvenaient pourtant à détecter le moindre flux de reiatsu inconnu. Les évènements ne tardèrent pourtant pas à s'enchaîner à une vitesse particulièrement brutale : Kensei se retourna violemment, le visage marqué par une certaine surprise. Sans crier gare, l'ancien Capitaine dégaina libéra son Shikai, Tachikaze, et le plaça juste en face de son visage : un cliquetis aigu résonna, signe que quelque chose avait bien attaqué le Vizard, sous l'œil éberlué de ses subordonnés. Kensei recula sur quelques mètres, quelques gouttes de sang ayant touché sa joue droite, avant de répliquer avec une force plus conséquente, repoussant un assaillant qu'il ne voyait absolument pas.

À quelques mètres, une ombre humaine commença à se former, tandis qu'Hisagi et Mashirô se positionnèrent devant leur supérieur, prêts à combattre. Bientôt, l'assaillant devint clairement visible, possédant une épée noire, à la lame assez fine, en guise d'arme.

« — Bravo, Shinigami. Tu es plutôt méfiant et tu as du répondant, pour avoir senti mon arrivée. Mais ne fais pas le fier : j'ai volontairement affiché ma présence.

— Et tu es ? siffla l'intéressé.

— Appelle-moi Mêrich. Je suis au service d'Höder-sama. Enfin, j'suis surtout venu te buter, man. Toi et tes petits sous-fifres. »

Kensei plissa son regard, resserrant sa poigne sur son Zanpakutô. D'un signe de tête distinctif, il ordonna à ceux qui l'accompagnaient de se mettre en position de combat. Il n'y avait plus de place pour l'honneur, plus de place pour les valeurs des Shinigamis dans ce monde en totale déperdition. La mission qu'ils devaient accomplir prenait le pas sur tout le reste. Une bataille en supériorité numérique ne le dérangeait pas outre-mesure. Un petit sourire sombre se dessina sur le visage du Vizard à la chevelure blanche.

« — Tu fais partie de la Légion Noire, hein ?

— Ouaip, t'as capté, répondit le dénommé Mêrich, en affichant une confiance exacerbée qui ne plaisait pas vraiment à ses interlocuteurs.

— Ok, changement de plan les gars … on l'éclate … et on le ramène vivant.

— Vous êtes sérieux ?! s'étrangla Hisagi.

— Bien sûr que oui, pauvre idiot. Ce type-là … a sûrement des intentions similaires. Mais ne soyez pas stupides : il n'est peut-être pas seul. »

Le dernier venu ne masquait pas son air enjoué. Alors ces Shinigamis voulaient le capturer ? Voilà une idée intéressante et arrogante. Il allait leur montrer comment on se battait réellement. Doucement, son corps commença à disparaître aux yeux de ses adversaires, en même temps que son reiatsu, qui s'évanouit dans les cieux sombres de la ville détruite.

« — Si ton pouvoir consiste juste à devenir invisible, nous ne sommes pas impressionnés ! Fauche, Kazeshini ! »

Hidoyuki Fukusawa — Sekkin

Plus haut, n'ayant pas bougé d'un pouce, Velgrîn resta les bras croisés, le regard affichant une certaine dose de mécontentement.

« — Cet idiot de Mêrich ne comprend décidément rien, articula-t-il doucement. Il va probablement falloir que j'intervienne. Si cette mission est un échec, alors nos vies s'arrêteront. Höder-sama n'est pas du genre à se préoccuper de ceux qui ratent. »

Les doubles lames du Shikai de Shûhei tranchèrent littéralement l'air, à la recherche de l'ennemi disparu. Mais rien dans la ruelle ne semblait indiquer sa présence, et malgré les propos qu'il venait de tenir, Hisagi ne savait pas réellement par quel bout prendre le problème.

« — Kensei ? On fait quoi ? demanda Mashirô, en haussant les épaules.

— À ton avis ? Trouvons-le et butons-le. Occupez-vous en, tous les deux. Y'en a un autre qui n'est pas loin.

— HA ! Méfie-toi plutôt de ton dos, Shinigami ! »

Un shunpô permis aussi bien à Kensei qu'à la petite fille qui l'accompagnait, d'éviter un coup puissant, qui trancha le sol désormais abandonné. Cette attaque donna au moins un signal clair à Hisagi, situé légèrement aux avants postes, sur la position de leur ennemi : le jeune homme prit appui sur le sol, pour s'élancer vers l'adversaire, lançant Kazeshini dans l'espace inoccupé. Mais là encore, l'ancien Lieutenant de la Neuvième Division ne put constater qu'une chose : son assaut échoua, purement et simplement. En même temps, une vive douleur s'empara de sa côte, l'hémoglobine qui coula abondamment de son flanc était bien suffisant pour le prouver. Serrant les dents, le Shinigami rappela instantanément ses lames, pour les faire tournoyer autour de lui : sans résultat. Un puissant coup fit cambrer son corps, une douleur vive s'empara de son ventre.

« — Qu'est-ce qu'il se passe, petit ? Tu m'semble plus aussi confiant. »

La voix de son ennemi résonnait encore dans sa tête, lorsque ce qu'il devina être un coup de coude le projeta violemment en direction du sol, où Hisagi parvint à retomber les deux pieds sur le sol, relevant un regard plutôt irrité en direction des cieux.

« — Mashirô-Kick ! »

À une vitesse éclair, l'autoproclamée « Super Lieutenant » de la feu Neuvième Division s'écrasa sur le sol, non loin de Shûhei, qui se protégea le visage des nombreux débris soulevés lors de cet assaut plutôt sauvage. Au bout de quelques instants, au milieu d'un écran de fumée opaque, la jeune fille afficha un air plutôt dubitatif.

« — On dirait que j'ai manqué mon coup, lança-t-elle, en haussant les épaules.

— Vous êtes vraiment médiocres, il faut le dire. »

Nonchalant, Mêrich refit son apparition, les mains dans les poches de son manteau noir, son épée plantée dans le sol. Penchant légèrement la tête sur le côté, le subordonné d'Höder affichait un sourire narquois et provocateur, tandis qu'Hisagi et Mashirô se préparaient déjà à une seconde vague d'assaut.

« — On dirait qu'il va falloir trouver une stratégie, annonça la dernière citée, en plaçant une main devant son visage.

— Hollowfication ? J't'en prie. »

Hisagi cherchait quelques solutions. L'ennemi semblait pouvoir disparaître totalement à l'aide de son pouvoir. Mais de quelle nature était ce dernier ? L'épée avait-elle un lien direct avec ses capacités d'invisibilité ? Dans ce cas-là, il pourrait tenter de tirer avantage, quand bien même son plan pouvait être risqué.

Le reiatsu de Mashirô gonfla en même temps que son masque apparut sur son visage, la jeune Vizard s'élançant immédiatement à une vitesse importante sur son ennemi, qui souleva son sabre pour s'en servir comme rempart.

Mais ce dernier ne s'avéra guère efficace : les mouvements de son assaillante furent suffisamment rapides pour qu'un violent coup de poing ne soit infligé en plein ventre, projetant sur l'instant le coéquipier de Velgrîn. Lourdement, il chuta au sol, quelques gouttes de sang traçant un sillage macabre jusqu'à son corps endolori.

« — Ahh … pas mal de forces … dans ce coup, toussota-t-il, en se redressant.

— T'es pas très malin toi, pourquoi tu as autant baissé ta garde ?

— Tu crois que j'avais besoin de ça ? Je teste votre force, voilà tout.

Bakudo n°62 : Hyapporankan ! »

De véritables piques de lumière explosèrent en direction du subordonné d'Höder. Sautant sur les côtés pour esquiver le sort de kidô lancé par Hisagi Shûhei, il reçut tout de même un certain nombre de dégâts au niveau de sa jambe gauche, blessée et ruisselant de sang. Décidant de ne pas le laisser le temps de respirer, le jeune homme fonça à vive allure vers lui, pour lancer une fois de plus Kazeshini, stoppé dans un premier temps par le sabre adverse, avant que l'utilisateur de ce dernier ne disparaisse une fois de plus des environs.

« — Merde ! Même blessé, il ne laisse aucune trace de sang ?

— Tu pensais que mon pouvoir était si merdique ? »

Sa voix, tout proche de lui ! Hisagi tourna légèrement sur le côté, avant de parvenir à bloquer un coup à l'aide de son Shikai. La puissance renvoya légèrement le jeune homme en retrait, sans qu'il ne puisse réellement lire les assauts ennemis.

Dans le but de lui prêter main-forte, Mashirô s'élança, toujours armée de sa Hollowfication, pour placer un véritable coup de pied là où elle jugeait que Mêrich se trouvait. Manque de chance : cet assaut s'avéra infructueux, la jeune fille à la chevelure verte ne frappant que l'air. Un coup puissant fracassa sa côte, la propulsant droit sur le sol contre lequel elle s'écrasa violemment, dans un râle de douleur.

« — Pff, tu pensais sérieusement que je ne m'attendais pas à une attaque de ce type ? »

Il était de nouveau apparu, le sabre négligemment placé derrière son épaule, un sourire toujours arrogant bien greffé au visage.

À quelques encablures, Velgrîn observait d'un œil calme la tournure des événements. Cet idiot commençait à vouloir s'amuser avec ses ennemis ? S'il meurt dans les minutes à venir, il aura bien cherché cet affront. Quelques bruits de pas résonnèrent toutefois dans le dos de l'homme à la chevelure blanche, qui ne se retourna pas pour autant.

« — T'as été négligent, martela la voix rude de Kensei Muguruma. T'as dû être déconcentré, et j'ai pu localiser ton reiatsu.

— Ce n'était pas de la négligence, affirma calmement son interlocuteur, en se retournant doucement. Mêrich n'aurait eu aucune chance à trois contre un, s'il y avait un Capitaine dans le lot. C'est pourquoi tu es ici face à moi maintenant. Je n'ai pas envie de laisser de place au doute, je te tuerai moi-même. »

NEXT CHAPTER : WEAKNESS

Les coulisses du Chapitre — « Les personnages délaissés »

Hisagi Shûhei : Cool, il semble que j'ai un rôle dans cette histoire

Kensei Muguruma : Ne sois pas stupide. Ça avait commencé pareil dans Rising Hell, et tu n'as servi à rien au final.

Mashirô Kuna : Moi non plus ! J'ai eu moins de cinq répliques dans toute l'histoire !

Kaien Shiba : Pourquoi vous vous plaignez ?

Kon : J'avoue. Nee-san m'a oublié à Karakura et je suis désormais perdu sans elle … Nee-san … Nee-san ! NEE-SAN !

Rukia Kuchiki : Oh.

Iba Tetsuzaemon : Et moi alors ?

Ichigo Kurosaki : Pourquoi vous vous plaignez ? C'est moi la victime dans l'histoire. Personnage principal ?! Et je suis où dans le chapitre, là ?!

Tout le monde : Dégage !

Ichigo Kurosaki : En fait vous êtes juste jaloux parce que je suis meilleur que vous. Voilà. C'est tout.

Quelqu'un rit, de dos à l'assemblée. Un rire témoignant d'une confiance absolue.

Sado Yasutora : Hahaha. Ichigo.

Ichigo Kurosaki : Heu …

Sado Yasutora (serein) : Tu penses vraiment être meilleur que moi, Ichigo ? Sache que je ne suis plus le personnage délaissé par les fans et les auteurs que tout le monde connaissait jusqu'à maintenant. J'ai changé.

Ichigo Kurosaki : Ah ouais … bah … ça se voit …

Sado Yasutora : Au final, maintenant … vous pouvez m'appeler Gonzales Ihran.

Ichigo Kurosaki : HEIN ?!

Hitsugaya Toshirô (marmonne en sirotant son jus de fruit) : Kai Dragoon c'est largement mieux.

Sado Yasutora : Oui. Je suis Gonzales Ihran. Parce que j'ai décidé de changer de nom pour montrer mon évolution.

Grimmjow Jaggerjack : Pourquoi as-tu de si grands poings … ?

Un silence passe. Sado Yasutora se retourne vers Grimmjow, qui possède un air étrangement sérieux.

Sado Yasutora (tête baissée) : C'est pour … te défoncer !

Chad frappe. Grimmjow arrête facilement son coup.

Grimmjow Jaggerjack : Tu vas défoncer quoi, comme ça ? Vous … les personnages de merde secondaires … on veut pas de vous.

Sado Yasutora (transpire et tombe à genoux) : Est-ce que … c'est la fin ? Je suis … ne suis-je pas à la hauteur ? Oh … je vois. Je ne suis … qu'un personnage délaissé …

? : Non, relève-toi.

Tout le monde se retourne vers le nouvel arrivant … ! Mains dans les poches, regard froid, cela ne peut être que …

Hanatarô Yamada (visage caché par les mèches de cheveux) : Relève-toi, Sado Yasutora. Il est temps que nous luttions pour nos droits.

Sado Yasutora (larmoyant) : Ah … oui … tu as raison, Hanatarô.

Saint Seiya OST — Odin's Theme

Sado Yasutora (redressé) : Je me battrai pour avoir un temps d'antenne plus important.

Hanatarô Yamada (sourire en coin) : Voilà qui est mieux.

Iba Tetsuazemon : Je me battrai aussi !

Sado Yasutora : Iba-san ?!

Iba Tetsuzaemon (larmoyant) : Je veux aussi me battre pour mon futur, même si je suis déjà mort.

Hanatarô Yamada (ferme les paupières) : Je vois. Toi aussi n'est-ce pas, Kira Izuru ?

Kira Izuru (tête baissée) : En effet. L'heure de la rédemption vient de sonner.

Hisagi Shûhei : La rédemption … je dois aussi le faire.

Kensei Muguruma (sourit légèrement) : Ah, les gamins. Mais ce n'est pas faux. Il est temps de faire tomber … les personnages principaux.

Mashirô Kuna : Oui, allons-y !

Sado Yasutora : Que la force de nos liens …

Hanatarô Yamada : Illumine le monde !

Une aura lumineuse entoure les différents « personnages délaissés », Hanatarô au centre.

Grimmjow Jaggerjack (aveuglé) : Impossible … ! Quel … quel est ce pouvoir ?!

Hanatarô Yamada (met des lunettes de soleil) : Gomen ne, Grimmjow. Tu ne peux rien faire face à nos liens.

Grimmjow Jaggerjack : Cet enfoiré a raison … ! Leur pouvoir me consume !

Grimmjow disparaît finalement, dans une lumière éclatante …

Ichigo Kurosaki : Hanatarô !

Hanatarô Yamada :

Ichigo Kurosaki : Hanatarô ! Réveille-toi enfin !

Hanatarô se réveille en sursaut.

Hanatarô Yamada : Ah … ce n'était … qu'un rêve …

Ichigo Kurosaki : De quoi ? Le prochain chapitre, Weakness ?