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Chapitre 4


Penelope alla donc promener avec les deux prétendants suivants, Lord Dakondé, le baron Hasgard et le vicomte Mamford, mais ils étaient loin d'être aussi intéressants que le prince Friedrich. Pourtant la cadette Featherington avait fait l'effort de se forcer à leur accorder son attention, d'essayer de les considérer comme de vrais partis potentiels, mais aucun n'avait su allumer une étincelle en elle.

Lord Dakondé partait du principe qu'elle l'épouserait car il était assurément plus vigoureux que le prince Friedrich, il suffisait de le regarder ! Lui, le fils de cette magnifique terre d'Afrique, digne des guerriers zoulous, il était bien plus grand et musclé que le jeune prince, ce gringalet. Penelope n'aimait pas l'attitude du Lord, certes il essayait de se mettre en valeur car il savait qu'il était le plus âgé, mais il n'était pas obligé, pour cela, de dénigrer les autres. Penelope trouvait cela stupide et irrespectueux, alors même si elle ne pouvait nier que le Lord était séduisant malgré son âge avancé, et qu'il paraissait plus jeune que son âge, elle se jura de ne jamais se marier avec lui, même si pour cela elle devait terminer sa vie au couvent !

Le baron, lui, essayait maladroitement de lui faire la cour, mais il était évident qu'il ne savait rien de ces choses-là. Il lui avoua n'avoir que 13 ans et être bien plus versé dans l'amour des chevaux et de ses entraînements d'escrime que dans l'art de courtiser les jeunes femmes. Penelope décida donc de lui poser des questions sur ses chevaux, et le jeune garçon devint rapidement plus à l'aise et plus loquace. A partir de ce moment, la promenade avec lui devint bien plus agréable, mais ils conclurent d'un commun accord que se marier ensemble serait une erreur. D'ailleurs, le jeune baron avoua sur le ton chuchotant de la confidence qu'il n'était pas prêt à se marier et encore moins à assurer son devoir conjugal, mais que c'était sa mère qui l'avait obligé à venir courtiser la jeune femme. Penelope s'en amusa et ils se séparèrent, heureux d'être tombés d'accord et de constater que tous les deux avaient été victimes de leurs mères.

Le vicomte était très gentil et intelligent, sa discussion était très agréable et intéressante, malheureusement la protubérance disgracieuse sur son visage ne pouvait être ignorée. Et même si Penelope faisait de son mieux pour ignorer cette partie de lui, mais le jeune homme en avait parfaitement conscience et faisait souvent référence à cette anomalie physique qui le destinait probablement à rester célibataire toute sa vie. Penelope avait beaucoup de peine pour lui, mais le jeune homme lui avoua qu'en réalité de toute façon, il serait doublement seul puisqu'il préférait les hommes. Il savait que c'était mal vu et donc il cachait cette préférence, mais il l'avait avoué à Penelope car il ne voulait pas lui mentir. Il la courtisait car il savait qu'elle était un bon parti, maintenant que Miss Whistledown avait parlé d'elle, mais il ne voulait pas pour autant faire un mariage de façade. Il trouvait cruel d'emprisonner une jeune femme dans un mariage où elle ne serait pas heureuse et où elle devrait affronter son horrible visage tous les jours. Qu'elle devrait s'offrir à lui pour lui faire des enfants alors que ni lui ni elle n'auraient envie de devoir accomplir leurs devoirs d'époux. Penelope fut touchée par la sincérité de Brian Mamford et le remercia. Elle lui proposa qu'ils restent bons amis, ce que le vicomte accepta aussitôt, car il avoua qu'il la trouvait très gentille et que converser avec elle était très intéressant car elle avait une grande culture.


Elle rentra chez elle après la troisième promenade et commença à écrire sa chronique. Ce matin elle avait reçu la lettre de Friedrich et y avait répondu, oui elle serait ravie d'aller faire cette promenade à cheval en début de semaine prochaine. En attendant, elle attrapa sa plume et commença à écrire :

Mes très chers lecteurs,

Beaucoup de choses se sont passées depuis ma dernière chronique il y a trois jours de cela. Vous n'avez pas été sans remarquer le regain d'attention porté à Miss Penelope Featherington suite à l'article concernant le bal. Tous les hommes à marier, jeunes et moins jeunes, semblent s'être rués sur la jeune femme, elle a volé la vedette à Francesca Bridgerton, le joyau de la saison. On a ainsi pu voir la cadette Featherington se promener avec pas moins de trois hommes en trois jours !

Mais ce que tout le monde a remarqué a été sa première promenade faite avec le prince Friedrich, le lendemain du bal. D'ailleurs, les deux jeunes gens ont eu un comportement pour le moins déplacé. On a pu en effet voir le prince tenir et caresser la main de la jeune femme en plein milieu d'un salon de thé bondé ! Le prince semble avoir oublié que les règles de bienséances ici ne sont pas les mêmes qu'en Prusse, manifestement.

Toutefois, il a été évident que les autres partenaires de promenade de Miss Featherington n'ont pas semblé éveiller l'intérêt de la jeune femme. Les pauvres sont, selon mon humble avis, déjà vaincus par le séduisant prince prussien. D'après des rumeurs, trois autres prétendants attendent de pouvoir passer du temps avec Miss Penelope dans les prochains jours. Aucun doute que ces derniers ne feront pas mieux que leurs trois compères. En effet, comment rivaliser avec un beau jeune homme issu de la royauté ?

Bien que ce couple soit mal assorti, il semblerait que le prince Friedrich et Miss Featherington semblent réellement s'apprécier et s'intéresser mutuellement. Miss Penelope deviendra-t-elle bientôt une membre de la famille royale ? Nous le saurons sous peu à n'en point douter. D'ailleurs selon des sources, le prince et Miss Featherington auraient déjà prévu de se revoir bientôt.

Votre dévouée chroniqueuse reste à l'affût du moindre potin à vous relater lors de la prochaine chronique.

Bien à vous.

Lady Whistledown.

Après avoir écrit la chronique, Penelope alla discrètement la porter chez son imprimeur et revint ensuite se préparer pour sa quatrième promenade de la semaine.


Les jours suivants, Penelope continua ses promenades avec ses prétendants mais aucun ne réussit à réellement capter son attention. Elle les écoutait et discutait avec eux, mais aucun ne parvenait à lui faire ressentir ce que Friedrich déclenchait en elle. Les nuits depuis leur promenade elle s'était même surprise à faire des rêves érotiques la mettant en scène avec le beau prince. Chaque fois elle se réveillait à la fois excitée et légèrement honteuse d'avoir ce genre de pensées. Elle imaginait le beau corps musclé du prince contre le sien, qu'il la serre dans ses bras et l'embrasse, qu'il la fasse devenir femme. C'était la première fois de sa vie que la jeune femme avait des pensées obscènes qui la mettait en scène dans des actes très explicites avec un homme. Chaque matin il lui fallait plusieurs minutes après son réveil pour reprendre contenance avant de sortir de sa chambre.

Le comte se montra aussi hautain et imbu de lui-même pendant la promenade que pendant l'entretien dans le salon de la famille Featherington. Il passa tout son temps à parler de lui et à admirer son reflet chaque fois qu'il le pouvait. Il était si insupportable que Penelope fut obligée d'écourter leur promenade car elle ne le supportait plus. Elle sentait que si elle restait une minute de plus elle allait le gifler. Car en plus d'avoir une très haute estime de lui-même, il ne s'empêchait pas de faire des remarques désobligeantes à son égard, notamment en lui disant que si ils devaient se marier, elle devrait perdre du poids avant car il était hors de question qu'il épouse une truie, qu'après chaque grossesse elle ait intérêt à perdre le poids qu'elle aurait pris pendant celle-ci, et que si il avait envie de prendre des maîtresses, c'était son droit légitime, qu'en tant qu'épouse elle n'avait rien à dire. Penelope avait failli s'étouffer d'indignation.

Enfin, le duc était effectivement doux et gentil. Il était adorable, timide, à l'écoute, réellement intéressé par Penelope. Toutefois, si ils n'avaient pas la même idée sur un sujet, il n'osait pas la contredire ou défendre son opinion. Il écoutait réellement quand elle lui parlait, et voulait tout connaître d'elle. Penelope était triste de devoir l'éconduire, car elle savait que le duc serait un bon époux et rendrait sa femme heureuse car il était évident qu'il serait prêt à tout pour la femme qui partagerait sa vie. Mais il manquait de caractère pour Penelope, elle trouvait qu'il n'avait pas assez d'assurance, et qu'à coup sûr, elle finirait par le manger tout cru à la longue. Car il se rangerait toujours de son côté, c'était évident, mais elle avait besoin de challenge, d'un homme qui puisse défendre ses arguments et son point de vue pour créer un débat. Il était évident que le jeune Daniel Rogers ne porterait pas la culotte dans son couple. Il lui murmura d'un air de conspirateur :

-Je suis sûr que vous êtes Lady Whistledown, mais ne vous inquiétez pas, votre secret est bien gardé avec moi.
-Que… quoi ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
-Je suis d'un naturel plutôt timide, j'ose rarement inviter des jeunes femmes à danser au bal. J'ai donc le loisir d'observer les gens moi aussi pendant ces événements, et j'ai vu votre façon de constamment scruter tout le monde. Je vois la lueur d'intelligence dans vos yeux, en discutant avec vous, j'ai constaté que vous avez certaines expressions en commun. J'ai aussi remarqué pendant nos conversations aujourd'hui que vous êtes très cultivée, vous devez beaucoup lire je pense, et cela me fait donc déduire que vous pourriez être la mystérieuse personne derrière la chronique. Encore une fois, je ne le dirai à personne, même si vous ne m'épousez pas. Je n'utiliserai jamais cela comme argument pour vous pousser à m'épouser, je ne veux contraindre personne.
-Merci beaucoup, c'est tout à votre honneur. Je dois avouer que vous êtes un jeune homme remarquable, mais vous manquez un peu de caractère à mes yeux. Vous êtes vraiment gentil et je sais que vous rendrez une femme heureuse, mais cette jeune femme, ce ne sera pas moi.
-Je comprends, mon père m'a reproché d'être trop mou et gentil jusqu'à son dernier souffle. Cela ne m'étonne pas que vous me disiez cela vous aussi, et c'est à ça que je reconnais que vous êtes cette chère Lady Whistledown. Merci de m'avoir accordé cette promenade, même si votre mère vous a contrainte à l'accepter, mais vous vous êtes tout de même montrée agréable, bien que je sache que vous êtes amoureuse du prince. Et croyez-en l'avis d'un jeune homme qui sait aussi bien observer que vous : le prince est amoureux de vous, lui aussi.

Il prit sa main dans la sienne et y déposa un baiser :

-Miss Penelope, j'ai été positivement charmé de passer ces quelques heures avec vous. Je vais vous raccompagner à votre voiture et j'espère que vous aurez passé un bon moment vous aussi, même si vous auriez préféré la compagnie du prince.
-Ce fut un plaisir partagé, Monsieur Rogers. Sachez que j'ai passé un très bon moment malgré tout et je suis impressionnée que vous ayez découvert la véritable identité derrière la plume.

Ils marchèrent donc jusqu'à la voiture de Penelope et le duc murmura pour que personne autour ne puisse l'entendre :

-Si Lady Whistledown me critique, je ne le prendrai pas mal, ne vous inquiétez pas.

Il se redressa et lança plus haut car des regards curieux s'étaient tournés vers eux :

-Ce fut un moment merveilleux Miss Featherington, j'espère avoir l'occasion de vous inviter à nouveau à vous promener.
-C'est réciproque, passez une bonne fin de journée, Monsieur le duc.

Il déposa un nouveau baiser sur sa main et l'aida à monter dans le carrosse. Après quoi la voiture se mit en marche et Penelope sourit, le duc était vraiment gentil et elle savait qu'il ne révélerait pas son secret.


Penelope retrouva enfin Friedrich pour la fameuse balade à cheval. La jeune femme n'était pas habituée à ce genre d'activité, mais elle était heureuse de passer du temps avec Friedrich. Elle avait appris les bases de l'équitation, bien sûr, mais ce passe-temps n'avait jamais été une passion pour elle. La jeune femme avait toujours eu une préférence pour la lecture et les activités calmes, artistiques et non sportives. Friedrich sourit en la voyant en selle, il avait pris deux chevaux des écuries royales pour leur promenade. Une jument très docile pour Penelope, et un pur sang pour lui :

-Vous êtes très élégante et distinguée, j'ai beaucoup de chance.

Il monta à son tour sur sa monture et ils partirent.

Friedrich avait prévu une promenade dans les bois près du palais royal pour être tranquille, car il en avait assez que chaque chronique le pointe du doigt et que tous les regards soient fixés sur lui chaque fois qu'il sortait du palais ! Ici au moins, personne ne viendrait les embêter, les juger et les observer. Lady Whistledown ne pourrait rien dire ! Il soupira et déclara dès qu'ils furent dans la forêt :

-Lady Whistledown semble prendre un malin plaisir à nous épier. Je crois que notre relation naissante l'intrigue vraiment.
-En effet. Avant, jamais mon nom n'avait été mentionné, et là deux fois de suite… c'est fou ! Il est vrai que nous faisons couler beaucoup d'encre, pourtant nous ne sommes que deux jeunes gens qui apprenons à nous connaître.
-C'est vrai que je ne comprends pas l'engouement autour de nous, comme vous l'avez dit, nous ne sommes que deux jeunes gens qui apprenons à nous connaître. J'aime beaucoup sa façon d'écrire, même si j'ai été légèrement vexé lorsqu'elle a dit que je ne savais pas que les règles de bienséances n'étaient pas les mêmes ici et chez moi. Bien sûr que je le sais ! Mais il est vrai que mon geste était plus que cavalier, surtout en public.
-Vous ne pensiez pas à mal, c'est le plus important à mes yeux. Mais vous ne détestez pas Lady Whistledown pour ce qu'elle écrit ?
-Non, j'aime qu'elle dise tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, qu'elle mette en lumière les défauts de l'aristocratie qui se veut si parfaite. Je pense qu'un bon coup de pied dans la fourmilière peut faire du bien. Ça m'amuse plus qu'autre chose, pour être honnête. Et comme je l'ai dit, j'aime son style d'écriture. Alors c'est vrai que d'être ainsi sa victime deux fois de suite n'est pas plaisant, mais j'aime lire sa chronique malgré tout, je ne suis pas fâché. J'avoue que comme beaucoup de gens, je suis même plutôt impatient de lire sa chronique lorsqu'elle sort des presses. Toutefois, je trouve cela plaisant tant que ça ne blesse personne, si cela arrivait à faire de la peine à quelqu'un que j'aime, alors je me montrerais beaucoup moins conciliant avec cette femme. Car s'en prendre à moi car je fais partie de la royauté c'est une chose, mais s'en prendre à quelqu'un à qui je tiens, uniquement à cause de mon statut, ça c'est impardonnable à mes yeux.

Penelope était réellement touchée par les paroles du prince, elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse avoir un tel point de vue. La plupart des gens victimes de la plume acerbe de Lady Whistledown la détestait, mais Friedrich, lui, semblait s'en délecter, même si il était tout de même agacé d'être ainsi pointé du doigt. Mais elle était aussi émue par le fait que les attaques sur lui n'avaient pas d'effet, mais que celles sur ceux qu'il aimait pouvaient en avoir, c'était réellement un homme bien.

Le duo avança tranquillement dans la forêt, se délectant de la nature si calme et apaisante. Friedrich l'observa :

-Alors, comment étaient vos promenades avec tous ces prétendants ?
-Intéressantes, disons. Certains d'entre eux étaient réellement sympathiques. Disons que sur cinq, deux étaient réellement détestables, et les trois autres étaient très gentils. Mais l'un était un enfant, un autre nous n'étions pas au goût de l'autre, et le dernier était bien trop gentil, il manquait de caractère pour moi.
-Je pense en effet qu'une jeune femme avec votre intelligence a besoin d'un homme avec du caractère, pour qu'il puisse lui tenir tête quand cela est nécessaire.

Elle rougit légèrement à cette remarque du prince et hocha la tête :

-Je ne souhaite pas un mari avec qui je serai constamment en conflit, mais en effet, je recherche un homme qui sache défendre ses arguments sans toujours me laisser le dernier mot parce que je suis une femme.
-C'est tout à votre honneur de vouloir cela.
-Et vous, que recherchez vous chez une femme ?
-Qu'elle soit intelligente me semble essentiel, afin que nous puissions avoir de longues discussions sur des sujets variés. Une femme douce et aimante bien sûr, mais avec du caractère, je ne souhaite pas épouser une poupée de chiffon ! J'espère aussi trouver une épouse qui voudra des enfants et qui se montrera très tendre avec eux. Il faut aussi que l'honnêteté soit le pilier de notre relation, sinon ça ne fonctionnera jamais. Pour le reste, l'aspect physique dépend car j'ai appris à voir au-delà, comme nous en avons déjà discuté. Et je pense avoir rencontré la jeune femme qui représente tout cela, mais pour le moment, nous commençons tout juste à nous connaître.

Penelope baissa les yeux en rougissant légèrement, elle espérait réellement que tout ceci n'était pas une blague cruelle du jeune prince et qu'il pensait réellement qu'elle était la femme qu'il lui fallait. Ils arrêtèrent leurs chevaux près d'une petite cascade dans la forêt. Friedrich aida Penelope à descendre de son cheval et il prit son bras sous le sien avant de commencer à avancer :

-J'oubliais, il faut que la jeune femme que j'épouserai soit prête à me suivre chez moi en Prusse. Qu'elle accepte de se séparer de sa famille et de ne les revoir que rarement. Je sais que c'est un grand sacrifice que je demanderai à mon épouse, et je comprends que toutes les jeunes femmes ne soient pas prêtes à cela.
-Je comprends, votre vie est en Prusse, il faut que celle que vous épouserez soit prête à l'accepter. Pour ma part, j'ai toujours rêvé de voir autre chose que Londres. J'aime ma ville, mais je deviens lasse de voir toujours les mêmes endroits, de ne pas être autorisée à voyager. J'ai cette soif d'aventure qui m'a toujours été refusée.

Friedrich sourit et s'assit sur une souche au bord de la cascade. Il posa son mouchoir à côté de lui sur le tronc pour que Penelope puisse s'y asseoir sans salir sa robe couleur pêche. Elle le remercia et s'installa à ses côtés. Friedriech prit ses mains dans les siennes :

-Penelope je vous apprécie vraiment, et chaque minute passée à vos côtés me donne des raisons de penser que vous répondez à tous les critères que je recherche chez une jeune femme. Jusqu'à présent ce n'était pas vraiment officiel comme démarche, mais j'aimerais vous demander officiellement l'autorisation de vous courtiser. Car je me rends compte que si je reste ainsi à la limite entre faire la cour et simplement passer du temps avec vous à discuter, cela pourrait vous donner l'impression d'être simplement une bonne amie que je garde sous mon emprise en lui donnant de faux espoirs, mais ce n'est pas du tout le cas. J'envisage réellement de vous faire une demande en mariage quand le moment sera venu.

Penelope en avait le souffle coupé, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui révèle cela. Elle sentit des larmes lui brouiller les yeux et son cœur cogner contre sa poitrine. C'était la plus belle déclaration qu'elle aurait pu imaginer. Toutefois, la voix de Lady Whistledown lui murmura :

-C'est beau ce qu'il vient de dire, mais il ne faut pas oublier le point le plus important : son envie de sincérité. Le prince a été clair, sans sincérité ça ne fonctionnera jamais.

Penelope déglutit avec peine, Lady Whistledown avait raison ! Elle inspira un grand coup et plongea son regard dans celui de Friedrich :

-Il faut que je vous avoue quelque-chose, avant que vous ne commenciez à me courtiser réellement. Cette révélation pourrait vous faire changer d'avis et je ne vous en voudrais pas si c'est le cas, ne vous en faites pas.
-Je vous écoute.
-Je… c'est difficile à dire mais… je suis Lady Whistledown.

Le prince resta silencieux un moment, une expression neutre sur le visage. Il semblait méditer les paroles que la jeune femme venait de prononcer. Il finit par arquer un sourcil :

-C'est vraiment vous ?
-Oui.
-Pourquoi avoir créé ce personnage ? Et cette chronique ?
-Eh bien… j'étais invisible, donc cela m'amusait beaucoup de révéler les secrets des gens. Car quand on ne voit pas quelqu'un, alors on ne fait pas attention à ce que l'on fait ou ce que l'on dit, on ne pense pas à paraître, et cela m'amusait beaucoup de le pointer du doigt.
-Je vois, mais parfois c'était à la limite de la cruauté pour des personnes sensibles. Je suis déçu que vous ayez pu vous montrer si dure dans vos écrits alors que chaque fois que j'ai passé du temps avec vous, vous étiez charmante.

Penelope rougit et ses yeux se remplirent de larmes, jamais elle n'avait pris le temps de se mettre à la place des victimes de Lady Whistledown et à présent elle se sentait odieuse. Friedrich soupira et se leva, faisant les cents pas, les mains dans le dos. Penelope se sentait si mal, elle se répétait mentalement qu'elle n'aurait jamais dû lui avouer la vérité ! Le prince semblait réfléchir sérieusement, des expressions sur son visage montraient la dualité en lui. Finalement il se tourna de nouveau vers Penelope et arrêta ses allés et venus :

-Je vous remercie pour cet aveu, j'imagine à quel point cela a dû vous demander du courage. J'ai été surpris, je ne peux pas dire le contraire, mais au final, ce n'est pas si grave que ça. Je veux dire, vous n'avez jamais poussé qui que ce soit à commettre des actes irréparables, n'est-ce pas ?
-Non, en effet, répondit la jeune femme d'une petite voix.
-Alors c'est le plus important.

Il reprit ses mains dans les siennes :

-En réalité je suis heureux de connaître enfin le secret que je sentais que vous me cachiez. Je suis rassuré que ce ne soit que ça, j'imaginais que vous alliez me parler un jour d'un enfant caché ou de quelque chose d'aussi grave que cela.

Penelope ne put retenir un rire, soulagée que le prince prenne si bien la chose finalement, et secoua la tête :

-Non, rien de tout cela. J'espère que vous n'allez pas m'avouer une telle chose vous non plus.
-Non, je vous garantis que vous ne risquez pas ce genre de mauvaises surprises avec moi. Contrairement à beaucoup de jeunes hommes, j'ai décidé de me garder pour mon épouse. La tentation a été forte parfois, mais je n'ai jamais cédé.

Penelope rougit à nouveau et détourna le regard, elle n'était pas habituée à aborder de tels sujets si ouvertement. Friedrich caressa doucement sa joue :

-Ne vous en faites pas, votre secret sera bien gardé avec moi.

Il se pencha et déposa un baiser sur son front :

-Vous êtes vraiment une jeune femme très surprenante Penelope, vous m'intriguez un peu plus chaque fois que nous nous voyons.

La jeune Featherington avait l'impression qu'elle allait s'évanouir. Jamais un jeune homme n'avait eu de geste aussi intime envers elle. Friedrich recula et sourit en prenant le bras de Penelope sous le sien pour se remettre à marcher. Après quelques instants il reprit la parole :

-Je suis heureux que nous ayons discuté de tout cela. Toutefois vous n'avez pas répondu à ma demande de pouvoir vous courtiser officiellement. J'irai également faire ma demande à votre mère demain, mais j'ai également besoin de la vôtre.

Penelope hocha la tête, sa gorge était nouée par l'émotion :

-Bien sûr que je vous donne l'autorisation ! Mais en échange, vous devez me promettre de ne pas vous jouer de moi, de ne pas me briser le cœur par amusement.
-Je vous le promets Penelope.

Il déposa un baiser sur sa main, puis l'aida à remonter sur son cheval.


Les deux jeunes gens retournèrent au palais, puis Friedriech aida Penelope à descendre de sa monture. Une fois qu'elle fut sur le sol, il garda ses mains sur sa taille quelques secondes de plus, avant de reculer avec un léger sourire :

-J'ai dit que j'allais bien me comporter, et je tiendrai promesse. Je vais vous raccompagner à votre voiture à présent.
-Merci, Votre Altesse.
-Non, appelez-moi Friedriech, je vous l'ai déjà dit.

Penelope rougit encore et le prince l'accompagna jusqu'à sa voiture. Il déposa un baiser sur sa joue quand ils furent devant la porte :

-Je vous dis donc à demain, ma douce Penelope.
-A demain Friedrich, j'ai hâte de vous revoir.
-C'est une impatience partagée.

Il lui caressa la joue et l'aida à monter dans la calèche. Quelques instants plus tard, les chevaux avancèrent et Penelope fut partie pour de bon. Friedriech regarda le carrosse en souriant, il avait été choqué par la révélation de Penelope, mais il n'avait pas été complètement surpris. Au fond de lui, il avait détecté cette intelligence et ce côté critique qu'avait Penelope. Certes elle n'avait pas réellement critiqué la société devant lui, mais elle avait dépeint ses autres prétendants d'une façon qui avait fait penser au style de Lady Whistledown. Et même lorsqu'elle faisait la critique d'un livre qu'elle venait de lire, Friedriech avait tout de suite senti cette façon commune de s'exprimer entre la jeune Featherington et la célèbre chroniqueuse.

Le prince retourna dans sa chambre en souriant, il avait l'impression d'être sur un nuage. Penelope avait accepté qu'il la courtise, et il connaissait son plus grand secret. De son côté, il était ravi d'avoir pu lui avouer qu'il était toujours vierge et ce qu'il recherchait réellement chez une femme. Ces aveux lui avait permis de retirer un poids de sa poitrine. Car pour la première fois avec une jeune femme, il avait pu être lui-même, Friedriech, et non le prince de Prusse qui doit constamment surveiller son image ! Friedriech se laissa tomber sur son lit, un sourire idiot aux lèvres, et rêva déjà à l'idée de revoir Penelope demain, et de pouvoir la courtiser ouvertement, en sachant tous les deux où cela allait les mener.


A suivre