23 Décembre : Papa 7
XiaoMao avait fait son entrée à la cour avec angoisse et soulagement tout à la fois. Cette formalité avait été une soirée d'angoisse et de concentration comme elle espérait ne plus jamais devoir en subir. Elle avait, comme n'importe quelle jeune fille, pas mal romantisé la cour, ce qui s'y passait et les jeunes gens qui devaient y vivre.
La déception avait été à la mesure du danger que la cour représentait. Elle avait attendu des jeunes gens charmants et bien éduqués, respectables et respectés, des individus roués aux intrigues de palais, à la politique et absolument remarquables autant qu'intelligents. Elle n'avait rencontré que des fouines avides qui ne savaient pas cacher leurs désirs et leurs magouilles,
Bien sûr, elle avait été éduquée par tout JingYun en plus de ses papas ainsi que les shishen de son a-die. Elle avait très, très vite était plongée dans les manipulations, l'étude de l'histoire politique passée et confrontés à la réalité de l'existence.
Réaliser que les nobles n'étaient pas mieux que le paysan du coin, juste avec de la soie sur les fesses au lieu de lin, avait été une petite gifle qu'elle n'avait pas anticipée. Elle comprenait mieux pourquoi ses papas n'avaient pas refusé quand elle avait demandé à voir la cour. Elle avait détesté les regards huileux des adultes. Elle avait détesté le calcul dans leur regard, la façon dont ils avaient de la déshabiller comme si elle n'était qu'une jument chez le maquignon. Si elle avait adoré porter les robes que MiChong lui avait préparé, elle n'avait pas aimé les regards sur elle.
Elle n'avait pas non plus aimé qu'on cherche à la tripoter. Plus d'une épouse avait tenté de juger son épaisseur et ses muscles avant qu'elle ne se cache dans les robes de son a-die et que son baba ne menace les furen d'un regard assassin.
Un soupir échappa à l'adolescente. Elle n'était encore qu'une toute jeune fille. Être considérée comme un atout politique avant d'être considérée comme une personne l'avait heurté.
"- Baba!"
Boya lui ouvrit les bras en souriant lorsque sa fille courut vers lui pour lui sauter au cou. Il la souleva de terre comme lorsqu'elle était une toute petite fille tout en la serrant très fort contre lui.
"- ça ne va pas, ma puce?"
Ils étaient rentrés très tôt le matin même. Il l'avait envoyé dormir tout son saoul.
"- Je n'ai pas aimé la soirée d'hier, baba. Je n'ai pas aimé qu'on me traite comme une jument."
Boya ne semblait pas vraiment étonné. Ni de la manière dont elle avait été traitée, ni qu'elle ait détesté ça. Il l'avait élevé non pour faire d'elle une futur épouse mais une femme forte et indépendante.
"- oui, je me doute. Mais c'est toi qui as demandé. Je préfère que tu constates la réalité de la cour maintenant plutôt que tu en rêves au point de faire une bêtise."
La petite adolescente posa sa joue sur l'épaule de son père. Même quand elle serait une adulte, elle savait qu'elle resterait proche de ses parents. Même si elle était issue des reins de son père, elle avait été élevée dans la meute de son a-die. Elle en gardait les reflexes et les attentes. Un petit ne s'éloignait jamais de sa meute après tout.
"- Tu ne me forceras pas à me marier n'est-ce pas?"
Boya la serra contre lui tout en la portant à la cuisine.
"- Si tu trouves un garçon à épouser, je me débrouillerai pour que ce soit lui qui se marie chez nous et pas toi qui parte dans sa famille."
XiaoMao soupira de soulagement.
"- Tu crois qu'oncle ShaSha acceptera d'être mon chaperon à ce moment là?" Elle avait une confiance aveugle dans son oncle Sha ShengShi.
De tous les shishen de son a-die, il était celui qu'elle préférait, au point que Boya avait parfois une étincelle de suspicion dans les yeux que QingMing calmait toujours d'un coup sur l'arrière de la nuque. Leur fille était encore trop jeune pour ce genre de choses. Et quand elle serait plus grande, il fallait être réaliste, quitte à ce qu'elle teste des trucs, elle serait plus à l'abri avec son shishen qu'avec un obscur jeunot qui pourrait tenter d'en tirer quelque chose ou de la manipuler.
Boya devait bien l'admettre mais refusait d'y penser avant au moins dix ans. Peut-être même quinze. XiaoMao cacha son sourire contre l'épaule de son papa. Elle aimait bien l'embêter un peu.
