Bien le bonsoir ! Me voilà de retour pour cette nouvelle année avec un nouveau chapitre des aventures d'Albert !
Un très grand merci à ShainaCobra, ViMiKi, Hysaky, Hecatebtrl et aux personnes mystérieuses sans noms pour leurs très gentilles reviews !
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Totalement perdu, voilà où en était Albert en ce début d'après-midi. De la pierre blanchâtre a perte de vue, trois pauvres arbres qui se battaient en duel et le soleil qui tapait sur son pauvre visage. Oui il savait bien que sa pauvre peau habituée à la douce grisaille yvelinoise devait être protégé face au lumineux jour grec. Oui il avait acheté un carton entier de crème solaire avant de partir de France. Sauf que voilà, le prévoyant monsieur Pichon était à présent à court de protection anti-UV et il n'y avait aucune pharmacie dans le charmant village totalement paumé et isolé du monde qu'était Rodorio. Le boulanger avait bien essayé de demander à Camus de lui dépanner d'une crème au deux. Avec sa peau pâlichonne, il devait être encore plus nordique que lui et devait bien avoir besoin de se protéger aussi pour ne pas ressembler à une tarte aux fraises. Pourtant son compatriote lui avait répondu qu'il n'en avait pas besoin et qu'il ne pouvait donc pas l'aider.
Est-ce que leur cosmos magique les protégeait aussi des rayons ultra-violets? Parce qu'à ce rythme, Albert serait prêt à signer à la fin de la journée.
Le quinquagénaire se permit une petite pause et s'échoua lamentablement sur une grosse pierre. Ses pauvres chaussures étaient pleines de petites cailloux et ses pieds seraient bientôt plein d'ampoule. En plus, son dos commençait à le faire souffrir puisque son sac à dos était plein à craquer. Prévoyant, Albert avait emporté trois litres d'eau et un bon paquet de viennoiseries pour être sûr de tenir le long de son expédition. Il se désaltéra d'une grande rasade d'eau, au moins cela allègerait un peu son sac. Au moins la mer bleu azur au loin valait bien le trajet qu'il avait fait pour gravir cet immense tas de caillasse. Monsieur Pichon ne s'était pas souvent rendu à la mer dans sa vie. Il avait une fois mis les pieds à Paris plage mais ce n'était rien comparé à l'eau scintillante qu'il avait sous les yeux. Bon en même temps, Paris Plage avait si peu d'intérêt que la marre aux canards en bas de chez lui paraissait aussi bien qu'une plage de Polynésie. Enfin bref, Albert profitait grandement du paysage qui s'offrait à lui et en oublia même un instant les graviers dans ses baskets et la mission qu'il s'était fixée: s'infiltrer dans le sanctuaire.
Il avait tout prévu! Après quelques semaines, il avait compris que le fameux sanctuaire d'Athéna était protégé par de simples gardes en plus des chevaliers. Et ces gardes portaient tout un tas de casques aux allures grecs et romains sortis tout droit d'un antiquaire. Ces gardes avaient une mauvaise tendance à se rendre au bar du village le soir pour célébrer la paix en cours en buvant un peu trop. Monsieur Pichon s'était donc rendu à ce bar le soir précédant et avait gentiment offert des gressins à ces messieurs pour accompagner leur beuverie. Evidemment sa gentillesse avait été remerciée par une invitation à leur table. La soirée s'était écoulée en même temps que les bouteilles, surtout pour eux et moins pour lui. Puis au moment de rentrer, l'un de ces gardes avait malencontreusement oublier son casque sur une chaise à côté de lui. En bon samaritin qu'il était, ce brave monsieur Pichon l'avait récupéré. Pour le lui rendre… A un moment indéterminé… Pour l'instant il comptait bien se rendre au sanctuaire en se faisant passer pour un garde avec ce fameux casque, légèrement trop petit pour sa tête mais ça irait bien. L'idée était tellement grosse que cela ne pouvait que marcher. Albert se faisait confiance en tant que grand amateur d'Arsène Lupin et d'Hercule Poirot, il avait mis au point un plan parfait pour se rendre incognito au sanctuaire et découvrir plus d'information au sujet de ce fameux mariage.
Étape 1: Se fournir un costume pour passer incognito dans le sanctuaire.
C'était déjà chose faite. Le casque «emprunté» se trouvait dans un sac qu'il trimballer péniblement dans un tote bag à l'effigie d'une librairie parisienne quelconque. Le tas de métal pesait d'ailleurs bien trop lourd pour sa pauvre épaule déjà sollicité par l'eau et les viennoiseries. Comment faisaient les gugusses de l'armée d'Athéna pour se balader avec des machins pareils sur la tête 365 jours par an?
Pour les vêtements, aucune crainte! Albert n'avait qu'à porter un vieux t-shirt et un jean usé pour se fondre dans la masse. Rodrigue manquait cruellement de magasin de vêtements.
Étape 2: Trouver le sanctuaire.
Là encore, la solution avait été vite trouvée. Corrompre Kiki avec des gâteaux. Oui ce n'était pas bien de gaver un gamin de sucreries en échanges d'informations mais Albert appliquait ici une technique apprise dans son enfance.
Quand il avait entre sept et quinze ans, le petit Albert passait tous ses étés chez grand-mamie Pichon. Jeanne, de son prénom, vivait dans la maison familiale du Loiret que la plupart de la famille avait quitté à cause de son mauvais caractère. Le pauvre petit Pichon n'avait d'ailleurs pas été épargné par ses humeurs acariâtres. Il fallait dire que mamie Pichon n'avait qu'un seul amour: ses hortensias. De toutes les couleurs, méticuleusement plantées et entretenues, elles lui valaient les jalousie de tout le village. Dans ce village, il y avait madame Liger connue par tous pour ses gâteaux et ses hortensias. Des plantes magnifiques mais si légèrement moins impressionnantes que celles de madame Jeanne Pichon. Grand-mamie Pichon avait un secret pour ses hortensias, toute la ville le suspectait puisque personne n'arrivait à avoir des plantes aussi belles que les siennes. Et évidemment le petit Albert qui devait jardiner avec elle tout l'été le connaissait. Un jour, madame Liger lui a proposé une offre terrible: le secret de sa grand-mamie contre une pithiviers préparer par ses soins. Dilemme sûrement cornélien pour certains mais pas pour le futur boulanger. Il adorait les gâteaux, grand-mamie un peu moins. En échange du secret de Jeanne Pichon, il avait pu repartir avec un pithiviers qu'il dévora tout seul et la recette de celui-ci.
Albert ne doutait donc pas une seconde qu'un bec sucré comme Kiki lui donnerait les informations en échange d'assez de gâteaux. Il avait bien fini par se rendre compte que les pâtisseries qui disparaissaient de sa boutique n'étaient pas dû à sa propre folie mais bien aux pouvoirs magiques du gamin. En échange d'un an d'éclairs au chocolat gratuit et la promesse de ne jamais dire au maître du petit qu'il volait des gâteaux, ce brave monsieur Pichon avait obtenu ce qu'il voulait.
Étape 3: Trouver son chemin.
Le jeune au front constellé de gommettes lui avait même gentiment tracé un plan que le boulanger suivait religieusement depuis trois heures. Bon il lui avait dessiné les constellations pour le guider mais ce pauvre Albert n'y connaissait rien en étoiles et était de toute façon parti de jour. Il avait donc simplement emprunté les chemins qui lui semblaient les plus logiques par rapport au dessin. Sauf que les chemins ne ressemblaient depuis quelques temps plus du tout à sa carte et le boulanger avançait avec l'espoir de voir apparaître les fameuses maisons du zodiaque au détour d'un tas de pierre.
Borné, il s'obligea tout de même à monter la dernière grosse colline composée de fantastiques cailloux, grosses pierres et gravas. Avec un peu de chance, ce que le pauvre boulanger cherchait serait enfin en vue. Que le dieu grec des gens perdus qui qu'il soit lui vienne en aide. C'est le visage rouge et à bout de souffle qu'Albert parvint au sommet, non en avoir manqué une ou deux fois de glisser à cause de roches moins stables que les autres.
Toujours rien, juste une mouette qui le regardait en se demandant qu'est-ce qu'un énergumène comme lui fichait en haut d'un tas de caillou avec rien à des kilomètres à la ronde. Dépité, Albert s'avoue vaincu. Il se voyait déjà à apprendre les constellations pour pouvoir suivre le chemin de nuit. Entre ça et le grec, ça lui en faisait des choses à apprendre le soir… La prochaine fois, il partirait de nuit! L'obscurité le rendrait encore moins suspicieux sous son casque en plus! Désolé pour le pauvre garde qui devait toujours être à sa recherche.
Peu motivé à devoir remonter et redescendre tout le trajet qu'il avait fait jusqu'ici, Albert s'approcha du bord vers la mer qui descendait abruptement. Ne pourrait-il pas trouver un chemin qui descendait le long de la berge pour rentrer un minimum au plat et avoir accès à l'eau pour se rafraîchir.
«-Attention à toi Albert, marmonna-t-il alors qu'il se penchait. Tu sais que tu as autant d'équilibre qu'une quille dans une tempête.»
Maladroit patenté, il avait quand même une belle tendance à se prendre les pieds dans les tapis, les chats, les plaques d'égout ou même simplement le vide. Le boulanger se pencha donc doucement au-dessus du bord. Rien, juste une falaise qui tombait à pic. Autant sauter plutôt que d'essayer de descendre, rien que de regarder cela lui donnait le vertige.
Étape 4:?
Ce pauvre monsieur pichon se releva doucement pour ménager son pauvre dos face à sa charge trop lourde. Il se retourna ensuite rapidement pour ne plus voir le vide derrière lui.
«-Eh bien Albert tu es encore bon pour rentrer à pied…»
Il s'élança donc sans grande conviction sur le chemin du retour. Ou plutôt, son pied fit un premier pas dans cette direction et se posa sur une pierre parmi d'autre. Cette pierre malmenée par le temps, la mer et un visiteur impromptu ser glissa sans sommation. Le pauvre monsieur Pichon sentit sa jambe partir avec, puis rapidement tout son corps. Apparemment son déséquilibre habituel était accentué par son paquetage bien trop lourd. La roche tomba alors en direction de la mer…
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Et Albert tomba avec elle…
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Et voilà ! J'espère que ce chapitre vous aura plu !
