Jazzy : J'ai ri en lisant ton message :) Non tu comprends bien le personnage de Brittany. Il est l'heure des confidences pour quelqu'un ! Voici un chapitre que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire, j'espère que tu prendras plaisir à le lire. A bientôt :)

Chapitre 16 :

Rogue referma la porte de ses appartements avec un soupir las. La journée avait été interminable, entre les cours d'élèves insupportables et les préoccupations liées à l'entraînement intensif de Brittany. Tout ce qu'il désirait à cet instant, c'était un moment de calme.

Mais en franchissant le seuil, une scène inhabituelle l'arrêta net. Une table joliment dressée trônait au centre de la pièce. Des chandelles flottaient au-dessus de la vaisselle impeccable, et un parfum alléchant émanait des plats disposés avec soin: homard rôti, légumes délicatement glacés, et une terrine de foie gras accompagnée d'un vin rouge aux reflets profonds.

Il haussa un sourcil, son esprit devinant immédiatement l'origine de cette mise en scène.

Dumbledore, murmura-t-il d'un ton acide.

Un mouvement dans la salle adjacente attira son attention. Brittany apparut, ses cheveux encore humides, un mince nuage de vapeur s'échappant de sa peau fraîchement lavée. Une simple serviette blanche était drapée autour d'elle, révélant sa silhouette fine et ses épaules délicates.

Elle s'arrêta en le voyant, les yeux s'écarquillant légèrement.

Qu'est-ce que… ? demanda-t-elle, pointant la table d'un geste hésitant.

Rogue détourna rapidement les yeux, mal à l'aise malgré lui.

Cela, dit-il en désignant la scène d'un mouvement brusque de la main, est typique du directeur.

Dumbledore? s'étonna-t-elle.

Qui d'autre? répondit-il sèchement, un peu trop vite.

Il lui lança un regard furtif, et malgré sa maigreur évidente, il ne put s'empêcher de constater qu'elle n'était pas laide. Cette réalisation le fit grimacer, autant pour réprimer ses pensées que pour masquer son malaise. Pourquoi se surprenait-il à noter ce genre de détails?

Vous devriez vous habiller, conseilla-t-il, sa voix redevenue glaciale.

Brittany crut percevoir du dégoût dans son expression et haussa les épaules, impassible. Alors qu'elle s'éloignait dans sa chambre, Rogue se pinça l'arête du nez.

Par Merlin, murmura-t-il pour lui-même, ce vieux fou ne pouvait pas choisir un autre moment?

Quelques minutes plus tard, Brittany réapparut, vêtue d'une robe simple mais élégante. Elle jeta un regard dubitatif à la table.

Il espère quoi, exactement? demanda-t-elle.

Probablement que nous nous comportions comme un couple normal, répondit Rogue d'un ton chargé de sarcasme. Ce qui, évidemment, est ridicule.

Ridicule, répéta-t-elle en s'asseyant face à lui, mais un sourire effleura ses lèvres.

Ils commencèrent à manger, et l'atmosphère, bien que tendue au départ, s'adoucit légèrement à mesure que les plats disparaissaient. Alors qu'ils entamaient le plat principal, Brittany brisa le silence.

Lors de cette fête… comment devrais-je me comporter? demanda-t-elle. Puis-je rester muette? Ou… dois-je parler?

Rogue posa sa fourchette, réfléchissant un instant.

Peut être que vous devriez m'expliquer pourquoi vous vous murez dans le silence?

Brittany hésita, puis détourna les yeux.

Je n'aurais pas dû poser cette question, oubliez cela.

Rogue sourit légèrement.

Vous êtes têtue…

Cela ne va pas poser un problème si, dans mon souvenir, nous discutons autours de ces plats incroyables, alors que je suis sensée être muette?

Un sourire sarcastique étira les lèvres de Rogue.

Nous dirons à Dumbledore que, emportés par nos élans passionnés l'un pour l'autre, nous avons totalement oublié notre mission, répliqua-t-il avec ironie. Il pourra toujours nous offrir un autre dîner hors de prix pour rejouer cette comédie en silence.

À sa grande surprise, Brittany éclata d'un petit rire cristallin.

Vous n'aimez pas beaucoup Dumbledore, remarqua-t-elle.

Disons que je trouve ses méthodes… exaspérantes.

Moi non plus, je ne l'aime pas, admit-elle.

Rogue la dévisagea un instant, intrigué par cette sincérité inattendue.

Voilà au moins un point sur lequel nous sommes d'accord, dit-il, presque amusé. Puisque nous en sommes aux confidences, allez-vous enfin répondre à mes questions?

Vous d'abord. En quoi consiste votre rôle d'espion?

Il hésita, les paroles de Carrick résonnant dans son esprit : "vous devez vous ouvrir un peu." Pourquoi cela revenait-il maintenant ?

Mon rôle est… d'écouter, d'observer, de transmettre. Et parfois d'intervenir, dit-il, pesant chaque mot.

Intervenir? fit-elle, fronçant les sourcils. Vous voulez dire… tuer? Torturer?

Il planta son regard sombre dans le sien.

Voulez-vous vraiment vous couper l'appétit? demanda-t-il avec un léger sarcasme.

Oui, répondit-elle fermement.

Il inspira profondément.

Oui, j'ai tué. Torturé aussi. Mais jamais violé, si cela peut être porté à mon crédit

Pourquoi?

Parce que même sous les ordres du Seigneur des Ténèbres, j'ai mes limites. Il y a toujours des volontaires pour… ce genre de tâches.

Brittany resta silencieuse, observant son expression. Un instant de malaise s'installa, où Rogue se demanda pourquoi il parlait autant. Était-ce le vin? Non. Brittany avait une façon étrange de poser des questions qui le désarmait plus qu'il ne voulait l'admettre. Elle avait l'air de vraiment s'intéresser à lui.

Pour garder la confiance du Seigneur des Ténèbres, je dois exécuter ses ordres, dit Rogue d'une voix basse, presque rauque. Mais si je peux éviter d'en arriver aux extrêmes, je le fais. Si je peux sauver des vies, je le fais.

Il marqua une pause, son regard sombre fixé sur un point invisible, comme s'il voyait les fantômes de ses choix passés.

Parfois, poursuivit-il plus doucement, il n'y a pas d'alternative. Parfois, il faut sacrifier des innocents pour en sauver d'autres. C'est le prix à payer pour que mon rôle d'espion reste crédible. Ne pensez pas que je prends plaisir à ces... atrocités.

Il reprit une gorgée d'eau, comme pour apaiser l'amertume qui lui montait à la gorge.

Brittany détourna les yeux. Elle piqua machinalement dans un morceau de homard. Elle aurait voulu dire quelque chose pour briser la lourdeur de l'atmosphère, mais les mots lui manquaient.

Mon rôle est de rapporter à Dumbledore toutes les attaques prévues. C'est lui qui décide lesquelles pourront être déjouées. Malheureusement, l'Ordre n'a pas le luxe de sauver tout le monde.

Il marqua une nouvelle pause, son regard sombre fixé sur un point invisible devant lui. Pendant un instant, Brittany crut qu'il ne dirait rien de plus.

Vous pensez peut-être que je dors bien après tout ça ? ajouta-t-il d'une voix rauque, presque inaudible. Que le fait de transmettre ces informations me suffit pour me donner bonne conscience ?

Il se passa une main lasse sur le visage, comme pour effacer un poids invisible.

Chaque fois que je regarde ces victimes, que j'entends leurs cris ou que je les vois tomber… Je me demande combien d'entre eux auraient pu être sauvés si seulement j'avais été plus rapide. Plus persuasif. Et chaque fois que Dumbledore choisit une cible à protéger, il me faut vivre avec l'idée que d'autres paieront le prix de cette décision.

Sa voix s'étrangla légèrement, mais il reprit rapidement son ton froid, comme s'il tentait de réprimer toute émotion. Il releva les yeux vers Brittany, qui le fixait avec une expression indéchiffrable. La jeune femme resta silencieuse, les yeux fixés sur Rogue. Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait, mais en vérité, elle ne savait même pas ce qu'elle espérait entendre. Elle aurait voulu un motif pour continuer de le haïr, mais ce qu'elle voyait devant elle était un homme brisé, caché derrière des murs qu'il avait lui-même bâtis.

Je vous préviens d'ailleurs, ajouta-t-il, la voix redevenue tranchante, que notre petite fête n'en sera pas une pour tout le monde. Vous devrez rester stoïque.

Vous plaisantez, j'espère? répondit-elle, les yeux écarquillés.

Voulez-vous une petite blague pour que je vous rappelle à quel point je suis doué en humour?

Il laissa un silence s'installer, observant la tension dans ses épaules, le froncement de ses sourcils.

Ce n'est pas une plaisanterie, conclut-il. Ce sera une démonstration de force. Et un rappel que, dans ce monde, il vaut mieux paraître impitoyable que faible.

Il réalisa soudain qu'il avait parlé plus qu'à l'accoutumée et il ne pouvait nier que ces paroles lâchées dans le feu de la conversation lui avaient apporté une étrange forme de soulagement. Pas seulement quelques mots échappés par agacement ou sarcasme, mais de vraies confidences — ce qu'il n'avait jamais partagé qu'avec Dumbledore, et encore, avec parcimonie.

Un léger frisson le parcourut. Il n'était pas habitué à ce sentiment de vulnérabilité. Et pourtant, contre toute logique, il ne ressentait pas le rejet ou le mépris qu'il redoutait toujours en ouvrant son cœur. Brittany n'était pourtant pas acquise à sa cause, mais il n'avait pas l'impression qu'elle le rejetait complètement. Elle voulait vraiment en apprendre plus sur lui.

Vous semblez pensif, fit remarquer Brittany, brisant le silence.

Rare moment de réflexion profonde, ironisa-t-il, reprenant son masque d'indifférence.

Elle esquissa un sourire, mais son regard restait interrogateur.

Rogue soupira intérieurement. Albus avait souvent parlé du pouvoir curatif des confidences, mais il avait toujours écarté cela comme des fadaises sentimentales. Pourtant, ce soir, il ne pouvait nier que ce fardeau, si lourd d'habitude, semblait soudain un peu plus supportable. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il appréciait sa compagnie, bien sûr. Mais pour la première fois depuis longtemps, il se sentit un peu moins seul.

Bien. Si je ne peux pas aborder le souvenir de vos parents, la raison de votre mutisme, ou encore ce fichu étui argenté que vous gardez si précieusement, pourrais-je au moins savoir pourquoi vous portez ces lunettes ridicules alors qu'il est évident que vous n'en avez pas besoin pour voir?

Brittany, surprise, éclata d'un rire léger avant de retirer lentement ses lunettes. Elle les posa sur la table avec un geste presque théâtral.

Vous n'aimez pas? Elles ont pourtant servi à décourager bon nombre de prétendants trouvés par mon père. Une fille pas très jolie avec des lunettes épaisses et maladroite? Pas très attirant.

Son sourire se fit plus amer.

Je n'avais simplement pas prévu qu'un crétin accepterait de m'épouser sans même prendre la peine de voir à quoi je ressemblais.

Rogue, malgré lui, esquissa un sourire narquois.

Je note d'ailleurs que vous n'avez rien cassé ce soir. Félicitations.

Alors qu'ils se levaient pour débarrasser la table, Brittany murmura presque timidement :

Merci.

Rogue se tourna vers elle, surpris.

Pour quoi?

Pour… m'avoir parlé de vous.

Je ne peux pas en dire autant, répliqua-t-il. Vous êtes toujours aussi mystérieuse.

Il faut bien garder quelques sujets de conversations pour le prochain repas.

Je croyais qu'il nous fallait un souvenir silencieux?

Vous pensez qu'il n'organisera pas de troisième tête-à-tête? demanda-t-elle avec un sourire taquin. J'ai vraiment aimé le homard.

Le silence qui s'installa ensuite dans leurs appartements ne fut ni pesant ni inconfortable. Ce soir-là, pour la première fois, ce silence semblait rempli d'une étrange complicité. Brittany se surprit à penser qu'elle n'avait pas envie que ce moment prenne fin. Rogue, de son côté, repoussa cette étrange sensation d'apaisement qui l'envahissait. Ce n'était qu'un dîner. Rien de plus.