Chapitre 35 : La Tour Blanche

Le voyage vers Tar Valon commença tôt le matin. Les montagnes lointaines du Shienar laissaient peu à peu place aux vastes plaines, et au-dessus des collines, l'horizon promettait l'imposante Tour Blanche. Arno, cependant, n'était guère impressionné par le paysage.

"Eh bien, si ce n'est pas charmant... Un autre matin brumeux dans ce monde 'magnifique'. Allez, Paulette, Claudette, préparez-vous, mes filles. On va rencontrer un club de magie féminine. Qui sait, peut-être qu'elles feront de moi leur mascotte."

Il lança un regard à ses épées accrochées à ses hanches. Comme à son habitude, il brisait le quatrième mur, parlant à un public invisible. "Ça se trouve, y'a un concours de magie noire ou un truc du genre. J'espère qu'elles ont un prix pour le Sorceleur le plus stylé. Je vous promets, je compte bien gagner... Si je ne finis pas en cobaye d'ici là."

Les premières heures du voyage furent plutôt calmes. Quelques marchands ambulants passaient sur la route. Arno les observait d'un œil distrait, son esprit s'échappant un instant vers ses propres réflexions. Il aurait dû se sentir soulagé, en route vers une potentielle solution pour rentrer chez lui. Mais au fond de lui, quelque chose clochait.

Sur la route, un marchand curieux s'approcha de lui, les yeux pétillants de curiosité. "Vous êtes en route pour Tar Valon, vous aussi ? Les Aes Sedai sont impressionnantes, n'est-ce pas ?"

Arno esquissa un sourire. "Oh, oui. Je suis ravi de leur rendre visite. Il paraît qu'elles adorent jouer avec des mecs comme moi. J'espère juste qu'elles ne me feront pas essayer de nouvelles herbes magiques ou je ne sais quelle potion. La dernière fois, ça ne s'est pas bien terminé pour moi, croyez-moi."

Le marchand, un peu perplexe, rit nerveusement avant de s'éloigner. Arno le regarda partir avec un sourire narquois. "Ouais, bonne chance, mon gars. Moi, je vais droit dans la gueule du loup."

Le reste du voyage fut ponctué de moments similaires. Quelques villageois le fixaient, certains chuchotaient à son passage. Arno leur répondait parfois avec un clin d'œil et une remarque acerbe. "C'est bien beau de me regarder comme ça, mais je ne fais pas de spectacle gratuit. Pas avant midi, en tout cas."

Mais derrière son masque d'humour, Arno ne pouvait s'empêcher de réfléchir à ce qui l'attendait réellement à la Tour Blanche. Il connaissait la réputation des Aes Sedai. Puissantes, mystérieuses, capables de tout pour satisfaire leur curiosité. Leur aide pouvait être précieuse, mais il savait que les risques étaient nombreux. Pourrait-il réellement trouver un moyen de rentrer chez lui ? Ou bien finirait-il enchaîné, étudié comme une bête de foire ?

"Pas de panique, Arno. Tu t'es déjà sorti de pires situations... Enfin, je crois."

Il lança un regard vers les montagnes au loin, là où Fal Dara n'était plus qu'un souvenir. "Allez, Tar Valon. Montre-moi ce que t'as dans le ventre. Moi, je suis prêt."

Il ajouta, s'adressant au lecteur : "Si je trouve pas un moyen de rentrer, je vais sérieusement envisager d'ouvrir un business ici. Genre un stand de potions ou une agence de détective. Sérieusement, ça paierait bien dans ce monde."

Avec un soupir théâtral, il reprit sa route, se dirigeant vers le cœur de Tar Valon, là où les véritables défis l'attendaient.

Arno se tenait face à la Tour Blanche, les mains sur les hanches, le regard levé vers l'immense structure d'un blanc éclatant qui s'élevait au-dessus de la ville. Ses yeux parcouraient les murs lisses, les fenêtres qui semblaient observer chaque mouvement, et la flèche vertigineuse qui touchait presque le ciel. Un sourire narquois étira ses lèvres.

"Eh bien, si ce n'est pas le plus gros bâton de glace que j'ai jamais vu..." Il haussa un sourcil et se tourna légèrement pour parler au lecteur, comme d'habitude. "Vous croyez qu'elles compensent quelque chose ? Genre, leur manque d'humour ? Parce que, franchement, ça respire le sérieux ici."

Il continua de s'avancer, jetant des regards ici et là. Des jeunes filles en robes grises, probablement des novices, allaient et venaient, la tête baissée, concentrées sur leurs tâches. Arno leur adressa un petit salut, mais elles l'ignorèrent, trop absorbées par leur devoir. "Sympa l'accueil... À croire qu'elles n'ont jamais vu un mec cool avant."

Finalement, il fut accueilli par un groupe d'Aes Sedai qui l'attendaient à l'entrée. Leur visage était un mélange de curiosité, de méfiance et, pour certaines, de froideur absolue. Arno les observa un instant, puis lança : "Dites donc, c'est un comité d'accueil digne d'une star de cinéma. Allez, avouez, vous vous êtes mises sur votre 31 pour moi, hein ?"

Une Aes Sedai, plus âgée que les autres, prit la parole, l'observant d'un regard perçant. "Vous êtes attendu, Sorceleur. Suivez-nous."

"Ah, direct dans le vif du sujet. J'adore." Il suivit le groupe avec une nonchalance apparente, tout en notant intérieurement les regards qu'on lui jetait. Certains étaient pleins de curiosité, d'autres franchement hostiles. Une jeune Aes Sedai, un peu plus en retrait, le dévisageait presque avec horreur.

"Quoi ? J'ai quelque chose entre les dents ? Ou bien c'est juste mon charmant visage de mutant qui te fait flipper ? Je sais, c'est un peu... particulier." Arno lui fit un clin d'œil, mais elle détourna les yeux, mal à l'aise.

Alors qu'ils s'enfonçaient de plus en plus dans les couloirs sombres et silencieux de la Tour, l'atmosphère devint plus pesante. Arno, malgré son habituel humour, commençait à ressentir la tension qui montait. "Bon, les filles, vous savez, si c'est une surprise party, vous avez oublié les confettis. Et les gâteaux. Juste un conseil, hein."

Les Aes Sedai restaient silencieuses, leurs robes glissant sur le sol de marbre sans un bruit, renforçant l'impression d'être dans un lieu sacré où chaque pas devait être mesuré. Arno, quant à lui, n'avait jamais été du genre à mesurer ses pas, ni ses mots d'ailleurs.

Finalement, ils arrivèrent à une grande salle d'interrogatoire, sobrement décorée, mais imposante par sa taille et la froideur de ses murs. "Eh bien, c'est un endroit charmant pour discuter. Ils font des thés ou on passe directement aux tortures mentales ? Juste pour que je sache à quoi m'attendre."

Une des Aes Sedai, un sourire à peine perceptible sur les lèvres, répondit avec calme. "Vous êtes ici pour répondre à nos questions. Vous allez devoir faire preuve de coopération."

Arno leva les mains en signe de reddition, toujours avec son sourire en coin. "Oh, mais je suis tout à vous, mesdames. Vous savez, on peut toujours faire ça de manière détendue. Genre, des questions, des réponses, et ensuite on va tous boire un coup. Non ? Pas votre style ?"

L'atmosphère dans la pièce s'épaissit encore, la plupart des Aes Sedai le fixant désormais avec des expressions indéchiffrables, oscillant entre la fascination et la froideur. Elles semblaient évaluer chaque mot, chaque geste. Et Arno le savait.

Mais derrière ses plaisanteries, il sentait que la situation se corsait. "Bon, d'accord. Sérieusement, qu'est-ce que vous voulez savoir ? Je viens d'un autre monde, c'est compliqué, et franchement, tout ce que je demande, c'est de savoir comment rentrer. Vous pouvez m'aider avec ça ? Ou est-ce que je dois me débrouiller tout seul ?"

Le silence s'éternisa quelques secondes de trop, et Arno sentit la tension croître, comme un étau invisible se refermant lentement autour de lui.

Arno s'installa dans une chaise en bois rigide au centre de la pièce, les pieds étendus avec nonchalance devant lui, un sourire en coin comme à son habitude. La pièce, froide et baignée d'une lumière éclatante provenant de plusieurs globes lumineux suspendus au plafond, semblait tout droit sortie d'un manuel sur les interrogatoires médiévaux.

Il jeta un regard rapide à travers la salle, notant les Aes Sedai alignées en demi-cercle devant lui, leurs visages impassibles, mais curieux. "Eh bien, mesdames, je dois dire que pour un interrogatoire, vous avez bien plus de classe que mes vieux copains du Nilfgaard. Par contre, si vous espériez m'intimider, va falloir un peu plus qu'un éclairage à la 'salle de bain stérile' pour me faire peur."

Une Aes Sedai au visage sévère, dont les yeux perçaient Arno avec une froideur glaciale, ouvrit la séance. "Nous avons des questions pour vous, Sorceleur. Des questions sérieuses."

"Je suis tout ouïe," répondit Arno, levant les mains en signe de reddition feinte. "Mais si vous voulez vraiment que je parle, je vous préviens, vous devrez peut-être me torturer avec des trucs... salaces. Histoire de voir si je craque."

Un silence tomba dans la pièce, mais Arno détecta un léger soupir exaspéré de l'une des Aes Sedai plus jeunes. Il se pencha légèrement vers elle, baissant la voix comme s'il lui confiait un secret. "T'inquiète, c'est une blague. Je suis professionnel, je craque sous la pression."

Les Aes Sedai, toutefois, ne semblaient pas d'humeur à jouer. L'une d'elles, plus jeune mais visiblement agacée par son comportement, prit la parole d'un ton tranchant : "Nous voulons en savoir plus sur votre transformation. Comment êtes-vous devenu... ainsi ?"

Arno laissa son sourire s'élargir un instant, avant de se caler plus confortablement sur sa chaise. "Oh, vous parlez de ça ?" Il désigna son propre visage avec un geste théâtral, son ton toujours léger. "Ouais, alors... comment dire. Imaginez un mauvais spa. Un vraiment mauvais. Vous arrivez pour une petite cure, mais au lieu de gommages relaxants, vous obtenez des potions qui font fondre vos entrailles et des mutations qui transforment vos os en métal."

Il fit une pause, se tourna légèrement vers le lecteur, et continua : "Bon, pour ceux d'entre vous qui lisent ça confortablement dans leur fauteuil, vous avez de la chance. Parce que l'Épreuve des Herbes, c'est pas vraiment ce que j'appellerais une expérience cinq étoiles. En gros, vous êtes un gamin. Et ces charmants 'alchimistes' vous injectent une série de potions. Vous convulsez, vous hurlez... Vous savez, la routine. Neuf fois sur dix, les enfants meurent. Je suis le un sur dix qui a survécu. Et voilà le résultat." Il passa une main sur son visage défiguré.

Le silence dans la salle était devenu pesant. Les Aes Sedai, qui se tenaient toujours droites et composées, avaient les traits légèrement crispés par ce qu'elles venaient d'entendre. Certaines semblaient horrifiées, d'autres fascinées. Une Aes Sedai murmura presque pour elle-même : "C'est inhumain..."

Arno hocha la tête. "Ouais, c'est un peu l'idée. Mais le petit bonus, c'est que maintenant, je suis pratiquement immortel. Je me régénère. Alors, vous pouvez me planter des épées dans le dos, me brûler... Je cicatrise. Pas mal, non ? Bon, il y a eu un effet secondaire : ce magnifique visage de mutant. Mais je pense que ça a du charme."

Il pointa Paulette, son épée en argent, qu'il avait déposée soigneusement près de lui. "Et ça, c'est mon autre bonus. Les sorceleurs, nous utilisons un peu de magie sauf moi. J'ai jamais reussi.Rien d'aussi sophistiqué que vous, mesdames, juste de quoi tenir tête à un Troll ou deux. Et on a des potions, des trucs qui boostent nos réflexes, notre vision, tout ça. Bien sûr, pour un humain normal, ce serait du poison."

L'une des Aes Sedai, qui jusque-là s'était montrée stoïque, se pencha légèrement en avant. "Les sorceleurs... Vous avez dit que vous étiez créés pour une raison. Quel était le but de ces... transformations ?"

Arno, toujours détendu, se redressa un peu sur sa chaise, prenant un air plus sérieux. "La Conjonction des Sphères. C'est ce qui a tout déclenché. Un événement cosmique qui a fusionné différents mondes, amenant des monstres dans le nôtre. Et pour survivre à ces bestioles, l'humanité a décidé de créer des chasseurs de monstres. D'où les sorceleurs. On est des solutions sur pattes contre des problèmes surnaturels. À la base, on nous a créés pour ça, mais... bon, c'est un peu parti en vrille depuis."

Il se tourna à nouveau vers le lecteur. "Vous voyez, dans ce monde magique, je pensais que ça allait être différent, un peu plus relax. Mais non. Même ici, je suis juste une expérience ambulante. Ils veulent tous savoir comment je fonctionne."

Les Aes Sedai semblaient toutes plus ou moins secouées par ses explications. La division entre elles devenait plus visible. Certaines chuchotaient entre elles, les yeux fixés sur Arno comme s'il était une bête curieuse. D'autres, comme la plus jeune d'entre elles, avaient un regard plein de compassion.

"Il est clair," dit l'une des Aes Sedai les plus froides, "que vous représentez un danger. Nous ne pouvons pas simplement vous laisser partir comme ça. Vous devez être étudié, surveillé. Qui sait ce que vous pourriez déclencher ici."

Une autre, celle qui avait murmuré plus tôt, ajouta d'un ton plus compatissant : "Peut-être qu'il y a quelque chose que nous pourrions faire pour l'aider. Il ne mérite pas d'être traité comme un objet d'étude."

Arno, fidèle à lui-même, leva les bras. "Allez-y, enfermez-moi, prélevez mes échantillons, faites vos trucs mystiques. Mais, honnêtement, je préférerais un bon massage plutôt que d'être enfermé dans une cellule."

Les Aes Sedai se redressèrent légèrement sur leurs sièges après l'explication d'Arno. Une Aes Sedai plus âgée, aux traits rigides et aux yeux perçants, prit la parole d'une voix calme mais inquisitrice : "La magie, dans ton monde... Est-elle réservée aux femmes, comme elle l'est ici, où les hommes deviennent fous en essayant de la canaliser ?"

Arno leva un sourcil et éclata de rire. "Oh, mesdames, vous allez adorer ça. Non, chez moi, la magie n'est pas réservée aux femmes, loin de là."

L'une des Aes Sedai fronça les sourcils. "Mais les hommes ne deviennent pas fous en l'utilisant dans ton monde ?"

Arno hocha la tête. "Pas vraiment. Disons que chez moi, les règles sont un peu différentes. La magie ne rend pas dingue, mais elle demande beaucoup de contrôle et d'entraînement. Pas de danger de perdre la tête à cause de ça, du moins pas directement."

Une autre Aes Sedai, plus pragmatique, fronça les sourcils. "Mais il n'y a pas de conséquences à l'utilisation de la magie pour les hommes dans ton monde ?"

"Eh bien, ça dépend de la dose et de la maîtrise," expliqua Arno en jouant avec une mèche de ses cheveux. "

L'Aes Sedai la plus méfiante plissa les yeux. "Et ces mages, hommes et femmes... ils ne risquent rien en manipulant la magie à de grands niveaux ?"

Arno secoua la tête. "Non, tant qu'ils savent ce qu'ils font. Ce n'est pas comme ici où les hommes deviennent fous. Ça arrive parfois qu'ils perdent pied, mais c'est généralement dû à des expérimentations trop poussées ou à un manque de maîtrise. Pas parce qu'ils touchent à une source interdite."

"Intéressant," murmura l'une des Aes Sedai. "Donc dans ton monde, la magie n'est pas corrompue pour les hommes..."

Arno, toujours désinvolte, leur fit un clin d'œil. "Exactement. Pas de folie garantie. Juste un léger mal de tête de temps en temps."

Décision d'emprisonnement

La salle d'interrogatoire, jusque-là plutôt tendue, se transforme rapidement en une arène de débat houleux entre les Aes Sedai. Certaines, horrifiées par les révélations d'Arno sur sa transformation, ne peuvent cacher leur dégoût. La plus véhémente, une Aes Sedai de l'Ajah Rouge, prend la parole d'un ton glacé :

« Cet homme est un danger. Son corps a été altéré d'une manière contre-nature. Nous devons le maintenir sous étroite surveillance pour l'étudier. »

Une autre, de l'Ajah Bleue, intervient, l'air plus mesuré :

« C'est peut-être notre chance de comprendre une forme de magie inédite, un processus qui pourrait être bénéfique. Nous pourrions, peut-être, recréer quelque chose d'utile ici, dans ce monde. Imaginez si nous pouvions créer des sorceleurs. »

Les discussions continuent, le ton monte. Chaque argument en faveur de l'emprisonnement ou de la liberté est scruté par des regards aiguisés. Arno, pour sa part, observe avec une certaine désinvolture. Il se penche légèrement en avant et murmure au lecteur :

« Je vous le dis, ça commence comme un débat scientifique et ça finit en show politique. Si seulement ils savaient qu'ils vont m'étudier... Mais bon, tant qu'ils ne me font pas porter une blouse blanche, ça va, non ? »

La tension dans la pièce est palpable, mais Arno décide qu'il est temps d'ajouter un peu d'humour à cette situation sérieuse. Il se lève légèrement et, d'un ton moqueur, interrompt la discussion :

« Mesdames, ne vous battez pas toutes pour moi, je peux rester ici encore un peu si ça vous amuse. Je vous laisse même la première place pour me faire des trucs salaces... euh, des expériences, bien sûr. Je suis un garçon ouvert. »

Un silence s'abat dans la pièce, choquant tout le monde. Quelques Aes Sedai froncent les sourcils, d'autres échangent des regards déconcertés. Mais l'Amyrlin reste impassible.

L'Amyrlin, d'un ton solennel, tranche finalement la discussion :

« Nous allons l'emprisonner. Il est unique, et ses capacités doivent être comprises, pour notre protection et pour la connaissance de la Tour Blanche. Il sera étudié de manière approfondie, mais nous chercherons également un moyen de le renvoyer chez lui. »

Arno, qui attendait la décision, fait une légère courbette exagérée et sarcastique.

« Des vacances prolongées dans une cellule... J'aurais préféré une chambre avec vue, mais j'imagine qu'on peut pas tout avoir. »

Son ton, toujours aussi nonchalant, cache pourtant une réflexion plus stratégique. Il commence déjà à envisager son évasion. Il ne compte pas rester ici indéfiniment, mais pour le moment, jouer le rôle du prisonnier "volontaire" semble être la meilleure approche.

Cependant, il ne peut pas s'empêcher de pousser l'humour un cran plus loin. Avant même que l'une des Aes Sedai n'ait le temps de lui lancer un commentaire acide, Arno décide de prendre les devants dans ce qu'il appelle "l'art du sabotage olfactif". Avec une expression facétieuse, il relâche un bruit sonore bien trop familier, un "cadeau" de nature purement scatologique.

L'effet est immédiat. Les visages se déforment de dégoût, des murmures outrés parcourent la salle, et certaines Aes Sedai s'éloignent instinctivement. Arno se tient là, fier de son œuvre, et regarde directement le lecteur :

« Ça sent la liberté, vous trouvez pas ? »

Un sourire en coin se dessine sur son visage, bien que l'atmosphère dans la salle soit désormais nauséabonde. Si les Aes Sedai n'avaient pas encore compris avec qui elles avaient affaire, cet instant précis leur donne un aperçu très clair du genre de personnage qu'est Arno.

Alors que les Aes Sedai commencent à se reprendre et à ordonner que la salle soit aérée, l'Amyrlin, imperturbable, lève une main pour réclamer le silence. D'un ton autoritaire, elle conclut :

« Emmenez-le à sa cellule. Nous avons du travail à faire. »

Arno, tout en étant escorté, se tourne une dernière fois vers les Aes Sedai et leur adresse un clin d'œil.

« Allez, ne vous inquiétez pas, je reviendrai pour le dîner... si vous me laissez choisir le menu, bien sûr. »

Malgré la gravité de la situation, il semble imperturbable, avec une légèreté presque insolente. Mais derrière cet humour, il reste une question en suspens dans son esprit : comment sortir de ce guêpier et, surtout, comment rentrer chez lui ?

Et tandis qu'il est emmené dans les profondeurs de la Tour Blanche, une lueur de défi éclaire son regard.

Réflexion et frustration d'Arno

Assis dans sa cellule, Arno scrutait les murs blancs et froids autour de lui, ses pensées tourbillonnant alors que les ombres de l'incertitude grandissaient. Bien sûr, en surface, il était le même homme. Il souriait, lançait quelques répliques aux gardiennes Aes Sedai postées à l'entrée.

« Alors, c'est ça la fameuse hospitalité de la Tour Blanche ? J'espérais au moins un coussin moelleux ou un petit chocolat sur l'oreiller. Mais non, tout ce que j'ai, c'est cette vue imprenable sur... rien du tout. »

Les gardiennes, bien sûr, restaient impassibles, comme s'il parlait à des statues. Arno secoua la tête et se tourna vers le lecteur :

« Vous voyez ? C'est ce que j'appelle un service client exécrable. Même pas un petit sourire... »

Cependant, malgré ses blagues incessantes, une frustration insidieuse commençait à l'envahir. Il savait qu'il ne pouvait pas rester ici indéfiniment, à être traité comme un spécimen de laboratoire. Oui, il avait accepté cette situation pour l'instant, mais chaque minute qui passait accentuait le poids de sa situation. Et, malgré tout l'humour qu'il projetait, il ne pouvait cacher la vérité à lui-même : il était coincé dans un monde qui n'était pas le sien, et ces femmes mystérieuses n'avaient peut-être pas l'intention de le laisser partir de sitôt.

Arno s'étira sur le lit rudimentaire qui lui avait été donné, les yeux levés vers le plafond. Il se demandait combien de temps cela durerait.

« Combien de temps avant qu'elles ne me dissèquent pour de bon ? » pensa-t-il.

C'était la première fois depuis un moment qu'il laissait une pensée sérieuse traverser son esprit sans l'étouffer immédiatement avec une plaisanterie. Le poids de la réalité s'abattait sur lui. Arno, un Sorceleur, un homme forgé par la douleur et la transformation, était là, prisonnier dans une cage dorée, surveillé de près, alors que dans son propre monde, il aurait pu démembrer une horde de monstres en sifflotant.

Il ferma les yeux, son esprit s'égarant vers les épreuves des herbes, ce processus atroce qui l'avait transformé en mutant. Un rituel conçu pour changer un enfant innocent en chasseur implacable de créatures. L'idée de reproduire ce processus ici, dans ce monde, avec ces Aes Sedai... Arno frissonna, et pas à cause du froid.

« Vous savez quoi, les gars ? Ce n'est pas vraiment la meilleure idée que j'ai eue, de venir ici. J'aurais dû demander une chambre d'hôtel plutôt que cette prison. »

Bien sûr, il lançait ces commentaires pour se détendre, mais à l'intérieur, la tension grimpait. Il savait qu'il ne pouvait pas rester ici éternellement, à jouer les sujets d'étude. Arno avait survécu à des choses bien plus terribles, mais cette fois, c'était différent. Il ne connaissait pas les règles de ce monde.

Il se redressa brusquement, ses yeux s'illuminant d'une nouvelle résolution. Le Sorceleur en lui, l'homme habitué à analyser chaque situation, chaque menace, prenait le dessus.

Réflexion intérieure :

« Allez, il est temps de réfléchir sérieusement. Je dois sortir d'ici. Elles sont peut-être puissantes avec leur magie, mais j'ai survécu à pire. » murmura-t-il pour lui-même, tout en esquissant un sourire.

Son esprit passait en revue toutes les options possibles. Il devait en savoir plus sur la structure de la Tour Blanche. Comment étaient organisées ces Aes Sedai ? Quelles étaient leurs forces, mais surtout leurs faiblesses ? Il ne pouvait pas simplement foncer dans le tas. Une évasion nécessitait de la finesse, de la ruse, des informations. Et pour ça, il devait être patient.

« Patience, hein ? Pas vraiment mon truc, mais bon... J'imagine que je vais devoir jouer au bon petit prisonnier modèle pour l'instant. » souffla-t-il.

Il réalisa qu'il devait interagir davantage avec ses geôlières. Il devait leur faire croire qu'il acceptait sa situation, qu'il était résigné à leur volonté. Et pendant ce temps, il observerait, analyserait chaque détail. Les rondes, la disposition des lieux, les magies utilisées contre lui.

Plan d'évasion :

Il se passa la main sur le visage, sentant sous ses doigts les cicatrices qui marquaient sa chair. Son esprit tournait déjà à plein régime. Pour s'évader, il devait établir un plan solide, et pour cela, il lui fallait plus d'informations.

« Note pour plus tard : devenir pote avec une Aes Sedai sympa. Qui sait, peut-être que l'une d'entre elles est fan de mutants... »

Mais même au milieu de cette tension, une vérité persistait. Il voulait rentrer chez lui, retrouver son monde, sa mission. Les combats contre les monstres dans son univers semblaient presque plus simples comparés à cette situation. Les monstres, au moins, étaient prévisibles. Ces Aes Sedai ? Elles étaient bien plus complexes.

Il se leva finalement, s'approchant de la porte de sa cellule, s'adossant nonchalamment contre la paroi froide.

« Allez, les filles, je suis prêt pour ma prochaine séance d'études. Mais juste pour être clair, vous pouvez me torturer, me disséquer, mais vous ne pourrez jamais m'enlever... mon humour. »

Il lança un clin d'œil au lecteur :

« Sérieusement, vous y avez cru, hein ? Mais vous savez quoi, je vais sortir d'ici. Faites-moi confiance. Parce que si vous pensiez que j'allais me laisser faire... Vous ne me connaissez pas encore. »

Avec un sourire en coin, Arno se prépara pour les prochains jours. Les Aes Sedai n'avaient aucune idée de la force de sa détermination.

Arno s'assit nonchalamment sur une chaise dans la vaste salle d'audience, face à l'Amyrlin et un petit cercle d'Aes Sedai. Il jeta un coup d'œil rapide autour de lui, puis adressa un clin d'œil au lecteur, brisant comme à son habitude le quatrième mur.

« Vous savez, je me sens comme une célébrité à ce stade. Peut-être qu'il vaudrait mieux signer des autographes avant qu'on ne me découpe en morceaux. »

L'Amyrlin, stoïque, l'observa en silence avant de prendre la parole. Sa voix, bien que douce, trahissait l'autorité qu'elle détenait sur toutes les Aes Sedai présentes.

« Arno, nous avons longuement débattu. » Elle marqua une pause, comme pour peser chaque mot. « Nous avons convenu que ta situation est unique, et pour cela, nous allons continuer à chercher un moyen de te renvoyer dans ton monde. »

Une lueur d'espoir passa rapidement dans les yeux d'Arno, mais il savait que ce n'était pas si simple. Et comme pour le confirmer, l'Amyrlin ajouta :

« Cependant, cela exige que nous comprenions mieux ta nature, ta mutation et les forces qui agissent en toi. Pour cela, nous devons t'étudier de manière approfondie. C'est nécessaire. »

Arno se redressa légèrement sur sa chaise, prenant soin de ne pas montrer l'anxiété qui bouillonnait au fond de lui. Son instinct de Sorceleur lui hurlait que cette situation empirerait avant de s'améliorer. Pourtant, fidèle à lui-même, il enfila son masque habituel de sarcasme et d'humour.

« Oh, bien sûr, prenez votre temps, Mesdames. Après tout, je n'ai rien de mieux à faire qu'un petit séjour prolongé chez vous. C'est pas comme si j'avais un boulot de tueur de monstres qui m'attendait dans un autre monde... »

Les Aes Sedai, habituées à ses remarques, ne réagirent que par de légers regards entre elles. L'Amyrlin poursuivit, imperturbable :

« Nous allons t'offrir des conditions dignes. Mais sache que tant que nous n'aurons pas terminé nos études, tu devras rester ici, à la Tour Blanche. »

Arno hocha la tête, un sourire ironique s'étirant sur ses lèvres. Il croisa les bras et se pencha en avant.

« Wow, des conditions dignes ?! Vous voulez dire que je vais enfin avoir mon chocolat sur l'oreiller, hein ? Vous savez comment attirer un homme, c'est impressionnant. »

Quelques-unes des Aes Sedai présentes échangèrent des regards, visiblement partagées entre l'agacement et l'amusement face à son attitude désinvolte. Mais Arno voyait plus loin. Derrière chaque mot, chaque échange, il savait qu'il devait rester vigilant. Leur "hospitalité" cachait un piège, et il en avait conscience.

« Nous comprenons ta frustration, » ajouta l'Amyrlin. « Mais sache que nous faisons cela pour t'aider à retourner chez toi. Il est dans notre intérêt commun de trouver un moyen de te renvoyer. »

Arno acquiesça. Mais intérieurement, il pensait déjà à la suite. Il savait qu'il ne pouvait pas attendre indéfiniment. Ces femmes pouvaient être des alliées puissantes, mais elles pouvaient aussi être des geôlières redoutables.

Il se leva finalement de sa chaise, prêt à être reconduit dans sa cellule.

« Très bien, très bien. J'imagine que je dois dire merci pour ce... merveilleux service de voyage interdimensionnel ? Franchement, c'est du jamais vu. Mais j'apprécie l'effort. »

Un sourire amusé flotta sur ses lèvres, mais derrière ce masque, il planifiait déjà. Il devait obtenir plus d'informations, comprendre leur fonctionnement, et surtout... trouver une sortie.

Fin sur une note de suspense

Alors qu'il quittait la salle, les lourdes portes se refermant derrière lui, Arno lança un dernier regard vers le lecteur.

« Vous voyez ce qui se passe, hein ? Une cellule dorée, c'est toujours une cellule. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai plus d'un tour dans mon sac. »

Escorté par deux gardiennes Aes Sedai, Arno retourna dans sa cellule, l'esprit alerte, prêt à mettre en œuvre ses plans. L'espoir d'un retour chez lui s'amenuisait chaque jour, mais il n'était pas homme à se laisser enfermer. Pas sans un dernier coup d'éclat.