Chapitre 7 : Jeux de masques
La lumière matinale pénétrait doucement par les grandes fenêtres du bureau d'Isabella. Assise à son poste, elle tapotait distraitement sur le clavier, ses pensées se perdant dans un tourbillon d'incertitudes. Les documents qu'elle avait découverts et les conversations qu'elle avait partagées avec Edward continuaient de hanter son esprit.
Derrière son écran, ses collègues allaient et venaient, leurs discussions légères sur le week-end ou les projets en cours semblant provenir d'un autre monde. Isabella soupira et s'efforça de se concentrer sur le rapport qu'elle devait rendre avant midi.
Une vibration douce interrompit ses efforts. Son téléphone clignotait sur le coin de son bureau : un message d'Edward.
- "Tout va bien ? Nous devrons parler bientôt des prochains mouvements. Tiens-moi informé."
Elle fixa l'écran quelques secondes avant de poser le téléphone face contre le bureau. Une partie d'elle voulait lui répondre immédiatement, plonger tête baissée dans cette quête de vérité et d'autonomie qu'il lui avait proposée. Mais une autre partie se demandait où tout cela la menait réellement.
À midi, Angela, sa collègue et amie, s'approcha avec son plateau-repas.
- « Hé, Isa, on va manger sur la terrasse. Tu viens ? » demanda-t-elle avec son sourire habituel.
Isabella hésita.
- « Pas aujourd'hui. J'ai trop de choses en tête. »
Angela fronça les sourcils et posa son plateau sur le bord du bureau.
- « Tu as l'air épuisée, tu sais. C'est encore Emmett ? »
Isabella leva les yeux, surprise par la perspicacité de son amie. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
- « Je ne sais pas… Tu es différente ces derniers temps. Plus distante, plus… tendue. Si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler. »
Isabella força un sourire.
- « Merci, Angela. C'est juste le boulot et les préparatifs du mariage. Ça me stresse un peu. »
Angela posa une main compatissante sur son bras.
- « Écoute, Isa, si tu doutes de quoi que ce soit, tu devrais écouter ton instinct. Tu te rappelles ce que je t'ai dit la dernière fois. Le mariage, c'est énorme. Tu dois être sûre de toi. »
Ces mots résonnèrent dans l'esprit d'Isabella bien après que Angela se soit éloignée. Était-elle sûre de quoi que ce soit, en ce moment ?
Le soir, de retour à la maison, Isabella s'efforça de se raccrocher à une routine. Elle fit un brin de ménage dans la cuisine, prépara un repas simple, puis s'installa dans le salon avec un thé et un livre. Mais à chaque page qu'elle tournait, son esprit dérivait, attiré par cette dualité croissante en elle.
Elle repensa aux paroles d'Edward, qui résonnaient comme un mantra : "Tu mérites mieux."
Mais une autre voix, plus douce, plus incertaine, lui chuchotait : "Es-tu en train de te transformer en quelqu'un que tu ne reconnaîtras plus ?"
Alors qu'elle fermait son livre, la porte d'entrée s'ouvrit, et Emmett entra.
- « Salut, ma belle, » dit-il en déposant son sac dans l'entrée. « Tu vas bien ? »
- « Oui, ça va, » répondit-elle, essayant de masquer son trouble.
Il s'approcha et l'embrassa sur le front avant de s'effondrer sur le canapé.
- « Je suis crevé. Longue journée au boulot. Et toi ? »
Elle haussa les épaules.
- « Rien de spécial. La routine. »
Ils échangèrent quelques banalités, mais le dialogue semblait vide, mécanique. Isabella s'efforça de paraître normale, mais chaque mot lui semblait un effort monumental.
Alors qu'Emmett regardait distraitement son téléphone, Isabella réalisa que la distance entre eux ne cessait de croître. Elle s'excusa, se levant pour aller dans leur chambre. Une fois seule, elle ouvrit son tiroir et sortit son téléphone.
L'écran affichait une nouvelle notification d'Edward : "N'oublie pas. C'est toi qui as le contrôle."
Assise sur le bord du lit, Isabella resta immobile, partagée entre l'envie de plonger encore plus loin dans ce plan qu'ils avaient élaboré et le besoin de retrouver la femme qu'elle avait été avant que tout cela ne commence.
Le salon était plongé dans une lumière tamisée lorqu'Isabella y entra, seulement éclairé par la faible lueur d'une lampe d'appoint. Elle entendit Emmett dans le couloir, sa voix basse mais tendue alors qu'il terminait une conversation téléphonique.
Il entra dans la pièce quelques instants plus tard, son téléphone à la main. Il afficha un sourire détendu, mais Isabella nota la légère tension dans ses épaules. Elle posa la revue et s'étira lentement, feignant l'indifférence.
- « Tout va bien ? » demanda-t-elle d'un ton léger.
- « Oui, oui, juste du boulot, » répondit-il, en haussant les épaules et en posant son téléphone sur le buffet. « Rien d'important. »
Isabella acquiesça, mais son regard resta fixé sur lui un peu plus longtemps que nécessaire. Elle savait que s'il sentait la moindre trace de suspicion, il refermerait ses portes encore plus hermétiquement.
Elle croisa les jambes, s'efforçant de maintenir un ton détendu.
- « Ton travail a l'air de te demander beaucoup de temps en ce moment. Comment tu arrives à tout gérer ? »
Emmett, qui était en train de se servir un verre de vin, ralentit légèrement son geste. Il se tourna vers elle avec un sourire, mais elle capta l'ombre d'un froncement de sourcils avant qu'il ne reprenne contenance.
- « Je suis simplement bien organisé, » répondit-il, s'appuyant sur le comptoir. « Et puis, j'ai une équipe qui gère les choses quand c'est nécessaire. »
Isabella inclina légèrement la tête, feignant l'intérêt.
- « Ça doit être pratique d'avoir une équipe de confiance. Mais avec tout ce que tu fais, ça ne devient pas stressant ? »
Emmett prit une gorgée de son vin, ses yeux s'attardant sur elle.
- « Parfois, oui. Mais c'est comme ça dans ce genre de métier. Tu t'y habitues. »
Sa réponse était lisse, presque trop parfaite. Isabella sourit poliment, bien qu'un agacement subtil gronde en elle. Il éludait ses questions avec une facilité désarmante, comme s'il jouait un rôle soigneusement répété.
Elle pencha la tête, affichant un air innocent.
- « Tu as toujours été si bon pour compartimenter les choses. Parfois, je me demande si je te connais vraiment. »
Emmett éclata de rire, mais il semblait forcé.
- « Allons, Isabella. Tu sais tout ce qu'i savoir sur moi. »
Elle se contenta de sourire en retour, mais ses doutes se renforçaient. La manière dont il avait esquivé la conversation, la tension presque imperceptible dans ses gestes, tout cela lui criait qu'il avait quelque chose à cacher.
Le silence s'installa brièvement entre eux. Emmett se concentra sur son vin, tandis qu'Isabella attrapa une revue. Mais elle ne lisait pas.
Elle réalisa à cet instant que leur dynamique avait changé. Emmett commençait à sentir qu'elle n'était plus la même, qu'elle posait des questions qu'elle n'aurait jamais osé poser auparavant. Cela la galvanisa autant que cela l'effraya.
Lorsqu'il finit son verre et annonça qu'il montait se coucher, Isabella attendit d'entendre la porte de leur chambre se refermer. Alors seulement, elle se laissa aller à un soupir de frustration. Elle serra les poings, consciente qu'elle jouait un jeu dangereux.
Mais dans ce jeu, elle n'était plus la spectatrice passive qu'elle avait été autrefois. Elle était en train de devenir une adversaire.
Le bureau où Edward avait donné rendez-vous à Isabella était élégant et minimaliste, reflétant son caractère calculé. Les grandes baies vitrées laissaient entrer une lumière naturelle qui inondait la pièce d'une clarté apaisante, contrastant avec la tension qui flottait dans l'air. Sur le bureau en verre, plusieurs dossiers et un ordinateur portable ouvert laissaient entrevoir des informations complexes.
Edward se leva à son arrivée, toujours impeccable dans son costume. Il lui tendit la main pour l'inviter à s'asseoir.
- « Merci d'être venue. » Sa voix était calme, mais son regard perçant traduisait une urgence sous-jacente.
Isabella posa son sac sur le sol et s'assit, les mains légèrement tremblantes. Elle ne savait pas exactement à quoi s'attendre.
Edward ouvrit un des dossiers devant elle, révélant une série de tableaux et de chiffres complexes. Il pointa un élément particulier.
- « Regarde ceci, » dit-il, son doigt glissant sur une ligne de transactions financières. « Cet argent a transité par trois comptes offshore avant d'atterrir sur celui de l'entreprise d'Emmett. C'est un schéma classique pour dissimuler des fonds. Ce genre de mouvement n'est pas anodin. »
Isabella se pencha pour examiner les documents. Bien qu'elle ne comprenne pas tous les détails, l'évidence de ce qu'elle voyait était indéniable.
- « Pourquoi faire quelque chose d'aussi compliqué ? » demanda-t-elle, une ride de concentration barrant son front.
Edward s'appuya contre le dossier de sa chaise, croisant les bras.
- « Les comptes offshore sont conçus pour cacher l'origine de l'argent. Cela peut être pour échapper aux impôts, pour blanchir des fonds ou pour financer des activités que l'on ne veut pas voir associées à son nom. Dans le cas d'Emmett, j'ai l'impression que c'est un peu des trois. »
Un frisson parcourut Isabella. Elle avait toujours vu Emmett comme ambitieux, mais jamais comme quelqu'un capable de se mouiller dans des affaires illégales.
Elle releva les yeux vers Edward, une lueur de curiosité et de défi dans le regard.
- « Comment tu as appris à repérer ce genre de choses ? Tu sembles savoir exactement où chercher. »
Edward esquissa un sourire, un mélange d'amusement et de gravité.
- « Disons que j'ai eu une formation... particulière. »
Voyant son insistance silencieuse, il continua, adoucissant légèrement son ton.
- « Avant de me lancer dans la technologie, j'ai travaillé pour le FBI. Spécialiste des crimes financiers. J'ai passé des années à démêler des réseaux complexes de blanchiment d'argent et de fraude. Quand j'ai quitté le bureau, j'ai utilisé ces compétences pour bâtir mon entreprise. Mais je n'ai jamais oublié ce que j'ai appris là-bas. Les gens comme Emmett ont toujours quelque chose à cacher. Et tôt ou tard, tout finit par remonter à la surface. »
Isabella le regarda, à la fois fascinée et troublée. Edward n'était pas seulement un homme d'affaires brillant, mais aussi un homme marqué par un passé qu'il utilisait comme une arme.
- « Alors, c'est ça qui te motive ? » murmura-t-elle. « Découvrir la vérité, peu importe les conséquences ? »
Edward posa son regard intense sur elle.
- « Ce qui me motive, c'est la justice. Pas nécessairement celle que la loi impose, mais celle que les circonstances exigent. »
Un silence s'installa, lourd de sous-entendus. Isabella sentait qu'elle était à un tournant. Les révélations d'Edward renforçaient sa détermination, mais elles la confrontaient aussi à une réalité plus sombre.
- « Es-tu prête à aller jusqu'au bout ? » demanda-t-il finalement, ses yeux cherchant une réponse dans les siens.
Elle inspira profondément avant de répondre, sa voix ferme malgré l'incertitude qui bouillonnait en elle.
- « Je ne peux pas faire marche arrière. Si tout finit par remonter à la surface, alors autant que ce soit moi qui en sois la cause. »
Un sourire, discret mais approbateur, apparut sur les lèvres d'Edward.
« Alors continuons. Ensemble. »
Comme toujours, la réception était somptueuse, fidèle au goût ostentatoire de la famille d'Emmett. La résidence familiale, un manoir aux allures classiques avec des colonnes imposantes et des lustres étincelants, grouillait de convives en tenue de soirée. Isabella, vêtue d'une robe sobre mais élégante, entra aux côtés d'Emmett, qui gardait une main légère sur le bas de son dos.
Bien qu'elle fît de son mieux pour afficher un sourire aimable, une tension sourde l'habitait. Elle se souvenait des paroles d'Edward avant son départ : « Fais attention. Emmett sait jouer sur les apparences, mais il peut aussi devenir dangereux s'il sent que son monde s'écroule. » Ces mots résonnaient en elle comme une mise en garde constante.
À l'intérieur, Emmett s'éclipsa rapidement pour saluer des invités et discuter avec son père, la laissant seule au milieu des conversations polies et des rires mondains. Isabella saisit une coupe de champagne sur un plateau argenté et s'éloigna légèrement pour observer.
Elle remarqua rapidement un détail inhabituel : Emmett semblait tendu, malgré son sourire charmant habituel. Il jetait des coups d'œil furtifs autour de lui, comme s'il cherchait ou craignait quelque chose. Isabella plissa les yeux, intriguée, et suivit son regard.
C'est alors qu'elle la vit : une jeune femme blonde, vêtue d'une robe crème ajustée, qui se tenait près de l'entrée d'un salon adjacent. Elle était en grande conversation avec deux hommes, mais son attention semblait souvent dériver vers Emmett.
Quand leurs regards se croisèrent brièvement, un éclat nerveux traversa le visage d'Emmett. Il finit par rejoindre la jeune femme, échangeant quelques mots à voix basse. La distance empêchait Isabella de les entendre, mais leur langage corporel était révélateur : il y avait une tension palpable, un mélange de familiarité et de malaise.
Lorsqu'Emmett revint vers Isabella, elle décida de tester ses réactions.
- « Qui est-elle ? » demanda-t-elle avec une désinvolture feinte, un sourire sur les lèvres.
Emmett haussa les sourcils, légèrement surpris, mais il se reprit rapidement.
- « Oh, elle ? Une amie de la famille. Elle travaille avec mon père sur quelques projets. Rien d'important. »
Son ton était décontracté, mais Isabella remarqua qu'il évitait de la regarder dans les yeux en parlant.
- « Elle a l'air... proche de toi, » insista Isabella, cherchant à mesurer sa réaction.
Emmett rit doucement, bien que le son manquât de naturel.
- « Ne sois pas jalouse, Isa. Tu sais que tu es la seule qui compte pour moi. »
Le commentaire, accompagné d'un sourire charmeur, la laissa froide. Elle détourna les yeux, faisant semblant de fixer un tableau accroché non loin, tout en analysant chaque mot qu'il avait prononcé.
La réception battait son plein, remplie de rires, de conversations animées et de tintements de coupes de champagne. Emmett, absorbé par une discussion intense avec son père et quelques associés, semblait pour une fois moins attentif à Isabella. Profitant de cette distraction, elle s'éclipsa discrètement dans un couloir adjacent.
Ses talons résonnaient doucement sur le parquet brillant, et elle vérifia plusieurs fois par-dessus son épaule, craignant d'être surprise. Une porte entrouverte attira son attention, laissant entrevoir une pièce faiblement éclairée.
La pièce, probablement un bureau, était décorée avec sobriété. Sur le bureau trônait une tablette, laissée allumée, affichant un écran de courriels. Isabella hésita, sa conscience la poussant à rebrousser chemin. Mais la curiosité, mêlée à son désir de vérité, l'emporta.
Elle s'approcha silencieusement, jetant un coup d'œil rapide. Le dernier courriel ouvert capta immédiatement son attention.
Objet : Confirmation du transfert
Expéditeur : [nom masqué]
Destinataire : Emmett McCarty
« Le montant a été transféré sur le compte désigné. Veuillez confirmer réception. En ce qui concerne le contrat, assurez-vous qu'il reste confidentiel. Toute fuite pourrait compromettre l'ensemble de l'opération. »
Un autre courriel, plus bas dans la conversation, mentionnait un montant substantiel en millions, ainsi qu'un nom d'entreprise qui lui était étranger.
Isabella sentit son cœur s'accélérer. Tout cela semblait lié aux transactions douteuses qu'Edward avait évoquées. Elle ouvrit discrètement l'appareil photo de son téléphone et prit plusieurs clichés de l'écran.
Alors qu'elle terminait, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Isabella se figea, son souffle suspendu. Refermant rapidement l'écran de la tablette, elle ajusta sa robe et se retourna juste à temps pour voir Emmett apparaître dans l'encadrement de la porte.
- « Isa ? » dit-il, un sourcil arqué, sa voix teintée de surprise. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Elle lui sourit avec une décontraction feinte.
- « Je cherchais un endroit un peu plus calme. La réception est assez bruyante, tu ne trouves pas ? »
Emmett observa la pièce un instant avant de reposer son regard sur elle, légèrement suspicieux.
- « Tout va bien ? »
Isabella hocha la tête, masquant l'agitation qui bouillonnait en elle.
- « Oui, bien sûr. Je crois que j'avais juste besoin d'une pause. »
Il s'approcha, tendant une main qu'elle prit sans hésiter.
- « Viens, ma mère voulait te présenter à quelqu'un. »
De retour dans la réception, Isabella joua parfaitement son rôle, souriant aux invités et répondant avec charme aux questions. Mais dans son esprit, les courriels qu'elle avait lus tournaient en boucle. Elle savait qu'elle tenait là une pièce maîtresse du puzzle.
Assise à table plus tard dans la soirée, elle sentit son téléphone vibrer discrètement. Un message d'Edward :
« Du nouveau ? »
Elle répondit rapidement, tout en gardant son visage impassible :
« Oui. Je crois que nous avons trouvé une piste solide. »
Et alors qu'Emmett riait avec un groupe d'invités à quelques mètres d'elle, Isabella prit une résolution : peu importe les risques, elle irait jusqu'au bout.
Plus tard dans la soirée, alors qu'Emmett était absorbé par une discussion avec son père et d'autres invités, Isabella se déplaça discrètement vers le salon où la femme blonde s'était tenue. Elle remarqua une serviette de table abandonnée sur un guéridon, griffonnée de ce qui semblait être des initiales et un numéro de téléphone.
Elle hésita un instant, son cœur battant la chamade. Puis, avec une discrétion maîtrisée, elle glissa la serviette dans son sac.
De retour dans la salle principale, Emmett vint la chercher, un sourire crispé sur le visage.
- « Prête à partir ? » demanda-t-il, comme s'il voulait écourter la soirée.
Isabella acquiesça, jouant le rôle de la fiancée parfaite, mais dans son esprit, les pièces du puzzle commençaient à se mettre en place. La serviette dans son sac était un fil à tirer, un début pour comprendre qui était cette femme et quel rôle elle jouait dans les affaires d'Emmett.
Alors qu'ils quittaient la réception, la phrase d'Edward revint une fois de plus à son esprit : « Si tu veux vraiment connaître toute la vérité, il va falloir creuser plus profondément. »
Et Isabella était prête à le faire.
Emmett, visiblement fatigué, avait déjà disparu dans la chambre dés qu'ils furent rentré. Elle monta les escaliers avec une lenteur calculée, le poids des découvertes de la soirée pesant sur ses épaules.
Une fois dans la salle de bain, elle verrouilla la porte et s'adossa contre celle-ci. Prenant une profonde inspiration, elle sortit son téléphone et composa rapidement le numéro d'Edward. La tonalité retentit deux fois avant qu'il ne décroche.
- « Isabella, » dit-il, sa voix basse et calme. « Je t'attendais. »
Elle eut un petit sourire. Puis, elle lui résuma les courriels, la nature des transactions, et les noms qu'elle avait notés. Edward écoutait en silence, ses réponses ponctuées de quelques murmures approbateurs.
- « Tu as fait un excellent travail, » dit-il finalement, avec une sincérité qui la surprit. « Ces informations sont plus qu'importantes. Elles pourraient être la clé pour dénouer toute cette affaire. »
Isabella sentit un frisson d'adrénaline la traverser. Pourtant, avant qu'elle ne puisse répondre, Edward poursuivit, d'un ton plus grave.
- « Mais dis-moi, Isabella… Pourquoi fais-tu tout ça ? Pourquoi te donner autant de mal pour un homme qui ne semble ni te respecter, ni te mériter ? »
Sa question la prit au dépourvu. Elle s'était posé cette même question, tard dans la nuit, en scrutant les documents, mais elle n'avait jamais trouvé de réponse satisfaisante.
Elle inspira profondément, prenant un moment pour formuler ses pensées.
- « Ce n'est pas pour lui, Edward, » finit-elle par répondre, sa voix empreinte d'une détermination calme. « C'est pour moi. Pour ne plus jamais me sentir aussi aveuglée et impuissante. Si je ne vais pas au bout de cette vérité, je resterai prisonnière de cette vie, de ces mensonges. »
Un silence tomba entre eux. Isabella pouvait presque sentir Edward réfléchir de l'autre côté de la ligne.
- « Tu es plus impressionnante. » dit-il finalement, sa voix étrangement douce. « Et plus courageuse que beaucoup. Peu de gens auraient le cran de faire ce que tu fais. »
Ces mots réchauffèrent Isabella d'une manière qu'elle n'aurait pas cru possible. Elle se retrouva à sourire, malgré l'intensité du moment.
- « Merci, » murmura-t-elle.
Edward ne répondit pas tout de suite. Lorsqu'il parla à nouveau, son ton était chargé d'une gravité qui trahissait quelque chose de plus profond.
- « Isabella… Je veux que tu saches que tu n'es pas seule dans tout ça. Peu importe ce qui arrive, je serai là. »
Un moment de silence chargé s'installa, et Isabella sentit une tension qu'elle ne pouvait ignorer. Une tension émotionnelle, peut-être même romantique, naissait dans cet échange.
Elle finit par murmurer un « bonne nuit » à Edward, incapable de prolonger cet instant sans être submergée par des émotions qu'elle ne comprenait pas encore pleinement.
En se regardant dans le miroir de la salle de bain, Isabella vit quelque chose qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps : une femme déterminée, mais aussi une femme sur le point de se redécouvrir, dans un monde où tout semblait basculer.
