Bonjour et merci d'être toujours là ! Vous êtes vraiment au top ! Alors autant vous le dire tout de suite : la fin de ce chapitre fait mal au cœur, prévoyez un petit carré de chocolat pour vous remettre. Je vous souhaite quand même une bonne lecture et je vous dis à très vite !


Remus considérait davantage le Square Grimmaurd comme sa maison que son propre cottage, qui était accueillant mais solitaire. L'année dernière, il y avait passé l'été, après l'attaque dont il avait été victime chez lui, et y avait aussi passé les petites vacances – quand il n'était pas à l'école. Et même si Remus n'était pas protégé par le Sortilège de Fidelitas de la même façon que Sirius et Harry, Grimmaurd était quand même doté des meilleures protections magiques en dehors du Ministère, de Gringotts et de Poudlard.

Dumbledore avait demandé à ce qu'il reste là pendant l'été, de façon à le garder en vie jusqu'au début de l'année scolaire. Remus n'avait pas compris la demande, mais Dumbledore avait parlé d'une sorte de malédiction qu'il craignait, mais il n'était pas entré dans les détails. Remus avait décidé de faire confiance à Dumbledore, il avait sans doute de bonnes raisons de demander ça.

Ainsi, Remus ne sonnait plus quand il arrivait, n'envoyait plus Strix pour demander la permission de venir par la Cheminée. En fait, Sirius lui avait même donné une clé au début des vacances d'été, ce qui, grâce aux baguettes, n'était en fait rien d'autre qu'une formalité.

Par habitude, Remus évita la lame de parquet bruyante derrière la porte d'entrée et accrocha sa cape sur l'un des crochets de l'entrée. Il pouvait sentir l'odeur du déjeuner en bas et il pouvait entendre des pas à l'étage. Même si les pas semblaient appartenir à un Hippogriffe particulièrement tapageur, Remus savait qu'il s'agissait plutôt de Sirius et de Harry.

Malgré la nouvelle que Dora lui avait donné la veille, malgré la pleine lune – qui arrivait seulement dans une nuit et n'aidait certainement pas – Remus sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres et il parcourut la première volée de marches.

La source du bruit se fit alors visible. Remus avait tout juste atteint le deuxième étage qu'une forme noire pleine de poils sortit de la bibliothèque, une silhouette plus grande et plus ébouriffée sur les talons. Sans ralentir, Patmol aboya doucement, un aboiement qui ressemblait à une salutation.

«Qu'est-ce qu'il a fait?» demanda Remus.

Avec la facilité de l'expérience, Sirius reprit forme humaine. Harry, après avoir réalisé qu'il ne le chassait plus, trotta vers Remus, la queue battante, et il se transforma avec moins de grâce que Sirius.

«Rien, dit Harry en souriant largement. On se dégourdit juste les pattes avant demain soir.»

Sirius, qui souriait tout aussi largement, jeta un œil à Remus et son sourire disparut.

«Pas cette fois, dit Remus avec une voix fatiguée. Je pense que ce sera- une nuit difficile, même avec la potion.»

Sirius lui lança un regard interrogateur et Remus fit mine de ne pas l'avoir vu.

«Alors je pourrais aider, insista Harry, inconscient de l'échange entre les deux hommes. J'ai plein d'entraînement et je suis plus grand maintenant-»

Au moins, ça, c'était vrai. Harry avait grandi de plusieurs centimètres depuis le début des vacances, même s'il était toujours petit par rapport à Patmol et Lunard.

«Tu peux encore passer entre mes pattes, fit remarquer Sirius, rejoignant les pensées de Remus. Et Lunard est encore plus grand.»

«J'apprécie que tu veuilles aider.» dit Remus.

Et c'était le cas. Avec le départ de Dora prévu bientôt, il accepterait n'importe quelle compagnie.

«Mais il ne vaut mieux pas commencer par celle-là. Fais-moi confiance là-dessus.»

«La prochaine fois, on sera de retour à Poudlard.» fit remarquer Harry en le fusillant du regard.

«Et tant que tu ne te fais pas attraper à te promener dans la forêt, je ne vois pas en quoi c'est un problème.» dit Sirius.

«Et tant que tu as fait tes devoirs.» ajouta Remus.

Harry et Sirius lui lancèrent le même regard révolté, avant de se sourire l'un à l'autre. Ils sursautèrent tous les trois lorsque Kreattur apparut près de Harry et s'inclina, avant de lui tendre une lourde enveloppe qui portait son nom.

«Kreattur peut y retourner dans la matinée.» lui dit Kreattur.

Harry acquiesça vivement et s'excusa. Kreattur disparut avant que quiconque puisse dire quoi que ce soit.

«Par Merlin, qu'est-ce que-?» demanda Remus en regardant Sirius, tandis que les pas de Harry tambourinaient dans les escaliers au-dessus d'eux.

«Peut-être que Harry a oublié qu'on avait deux hiboux dans la maison.»

Sirius ne semblait pas particulièrement inquiet cependant, juste un peu confus. Son attention était concentrée sur Remus.

«Tout va bien?»

«Je pense que je vais aller m'allonger avant le repas, dit Remus en haussant les épaules. Je commence à sentir les effets de la lune.»

Sirius pinça les lèvres, mais ne rajouta rien.

Étrange, pensa Remus en fronçant les sourcils.

«Marlène sera là ce soir?» demanda Remus.

«Elle est occupée avec ces stupides perquisitions.» soupira Sirius.

Après la mort de Paul Croaker au Département des Mystères, Fudge avait demandé au Bureau des Aurors d'enquêter sur tout le personnel du Ministère, ainsi que sur les associés du Ministère, à la recherche de magie noire. Pendant les repas durant l'été, Sirius avait dit – plus d'une fois – qu'il pensait que c'était une perte de temps et d'argent.

«Elle a dit qu'elle passerait peut-être après, par contre.»

Sirius inclina la tête.

«Et Dora?»

«Non.» répondit Remus, avant de se demander pourquoi sa voix semblait si défensive.

Il s'éclaircit la gorge.

«Elle avait d'autres choses à faire.»

Sirius renifla et laissa Remus seul sur le pallier.


«La prochaine fois, dit Patmol en posant la main sur l'épaule de Harry. Je te promets.»

«D'accord.» murmura Harry.

Il était déçu, mais Patmol avait accepté qu'il invite Ron – Hermione était chez son grand-père dans le Norfolk et Drago était confiné au Manoir Malefoy – pour lui tenir compagnie pendant l'absence de Patmol et de Lunard.

«Dépêche-toi, Sirius!» lança Lunard depuis la cuisine.

Ron, qui était affalé sur la chaise de bureau de Harry, ne semblait pas l'avoir entendu, mais c'était le cas pour Harry, tout comme Patmol qui éclata de rire.

«Arrête de rire, pauvre sadique!»

Patmol ricana – très silencieusement – et Harry pouvait entendre Lunard faire les cent pas en bas. Un regard par la fenêtre vers la lune et Harry put se dire que la transformation de Lunard n'allait commencer que dans une heure ou deux, alors ils avaient encore beaucoup de temps, mais Lunard aimait généralement se trouver à son cottage avant ça.

«On sera de retour demain matin.» dit Patmol en faisant un pas vers la porte.

«Enfin!»

«Panique pas, Lunard. Tu vas te faire des cheveux blancs.» lança Patmol, vers la porte.

«Pourquoi je m'inquiéterais? répondit Lunard de manière cinglante. Dans environ une heure, j'aurais plus de poils que jamais! Et des griffes, Patmol, avec lesquels je vais te mettre en pièces si tu ne bouges pas ton cul!»

Patmol se mit à rire et Ron, qui semblait avoir entendu la dernière remarque, avait l'air de ne pas trop savoir que faire de la situation. Harry haussa simplement les épaules.

«Patmol, je te jure que- Oh !»

«Le Maître Lunard sait qu'il doit se comporter autrement, siffla Kreattur. Quel exemple donne-t-il au Maître Harry et à Monsieur Weasley? Kreattur espère au moins que le Maître Lunard ne se comporte pas comme ça à l'école, oh oui, il l'espère vraiment!»

«J'imagine que je ferais mieux d'aller le sauver.» dit vivement Patmol.

«Qui? demanda Harry. Kreattur ou Lunard?»

«Pas trop sûr encore, répondit Patmol. Je verrais bien quand j'arriverais en bas.»

«J'ai reçu une lettre de Drago hier.» dit Harry à Ron, une fois que Patmol fut parti.

«Qu'est-ce qu'il disait?» demanda Ron, intéressé.

Ils avaient reçu trois lettres de Drago cet été. La première avait été transmise par le biais de Tonks, lorsqu'elle et l'Auror Prewett avaient mené une perquisition au Manoir. Elle leur avait expliqué que Dobby avait reçu l'ordre d'intercepter tous les hiboux de Drago.

La deuxième lettre était arrivée quelques jours après l'anniversaire de Harry et contenait des lettres à destination de Ron et de Hermione, ainsi qu'un message et un cadeau pour Harry. En plus d'une boîte de Chocogrenouilles, Drago lui avait offert la biographie de Fulbert Latrouille – un sorcier célèbre, trop craintif pour sortir de chez lui – dans l'espoir de faire comprendre à Harry que 'la prudence est un vrai concept'.

Comme la deuxième, la troisième enveloppe contenait des lettres pour Harry, pour Ron et pour Hermione, mais celle de la veille ne contenait qu'une lettre pour Harry.

Harry attrapa le parchemin sur sa table de chevet et la lut à Ron.

Potter,

Oui, je vais plutôt bien. Granger m'a conseillé des livres et Weasley m'a raconté une histoire amusante sur ses frères et un gnome dans sa dernière lettre. J'ai passé une journée avec Severus au début de la semaine, c'était bien.

Je suis content qu'il ne reste qu'un peu plus d'une semaine avant qu'on retourne à l'école et non, je ne pense pas que je pourrais venir avant le début de l'année. Merci quand même d'avoir proposé.

Si Dobby savait que j'écrivais cette lettre, je suis sûr qu'il voudrait te saluer, alors voilà.

Passe une bonne fin d'été. A bientôt dans le train, Potter.

Drago.

Dis à Weasley et Granger que je leur passe le bonjour, mais que je ne peux pas écrire. Je pense que j'entends Mère qui arrive et je ne veux pas qu'elle surprenne Kreattur!

«Je sais que c'est son parrain et tout, souffla Ron. Mais imagine passer la journée avec Rogue.»

Harry, qui avait passé une nuit dans le bureau de Rogue voilà plusieurs années – après que Rogue ait décidé que Patmol n'était pas un tuteur digne de ce nom et avait kidnappé Harry – pouvait facilement imaginer une telle chose et il frissonna.

«Qu'est-ce que tu en penses?»

«A propos de Rogue?» demanda Harry.

«A propos de la lettre, répondit patiemment Ron. Tu crois qu'il va bien?»

«Difficile à dire, dit Harry. Je préférerais qu'on puisse lui demander directement. Et alors si ça va, tant mieux, mais si ça ne va pas, il pourrait rester ici un jour ou deux.»

«Peut-être que Kreattur pourrait nous emmener là-bas?» suggéra Ron.

«Les protections ne repèrent pas les elfes de maison, dit Harry en secouant la tête. Mais elles te reconnaîtront et je ne pense pas que M. Malefoy aimerait-»

«C'est sûr, dit Ron, l'air un peu inquiet à l'idée de faire face à M. Malefoy. Pourquoi pas toi?»

«J'ai vécu là-bas pendant une semaine avant le procès de Patmol et M. Malefoy m'a inclus dans les protections, expliqua Harry. Peut-être qu'il a changé ça, mais il était convaincu que j'allais continuer à vivre là-bas, alors ouais, peut-être que je pourrais entrer.»

«Tu devrais y aller alors.» dit Ron.

«Mais tu veux le voir, toi aussi, dit Harry. On va trouver un moyen pour y aller ensemble.»

Ron sourit largement et Harry fit de même, avant de commencer à réfléchir à leurs options.

«Ils ont mis des protections sur leur Cheminée, dit Harry en soupirant. Alors ça ne marchera pas et je ne sais pas comment faire des Portoloins.»

Ron secoua la tête pour indiquer qu'il ne savait pas non plus.

«Je pourrais demander à Patmol d'organiser une perquisition demain, dit Harry en réfléchissant à voix haute. Et voir s'il peut nous emmener avec lui.»

«Il le ferait?» demanda Ron avec espoir.

«Probablement pas.» avoua Harry.

Patmol les emmènerait sans avoir besoin d'organiser quoi que ce soit, mais Harry savait que M. Malefoy ne les laisserait pas entrer et que Patmol ne pouvait pas être présent s'ils essayaient d'entrer sans autorisation. Dans le cas contraire, M. Malefoy s'assurerait pour que Patmol perde son travail.

«Il y a toujours sa moto, mais je ne sais pas comment la conduire et je pense qu'il ne serait pas très- Ron?»

«Harry, dit Ron en écarquillant les yeux. J'ai une idée.»


«Un pied après l'autre, dit Sirius. Voilà, comme ça, Lunard.»

Remus grogna, mais réussit à tenir sur ses jambes, tandis que Sirius le guidait – ou plutôt, le traînait – en dehors de la Cheminée.

«Maintenant, les escaliers ou un sort de lévit-»

«Marcher.» réussit à articuler Lunard avec une voix rauque.

Il murmura quelque chose d'autre que seul Sirius, avec des années d'expérience à interpréter les paroles du Lunard d'après pleine lune, pouvait comprendre comme 'lévitation' et 'malade'.

Kreattur apparut dans la cuisine à ce moment-là, avec l'intention de commencer à préparer le petit-déjeuner sans doute. Remus vacilla et couvrit ses oreilles pour les protéger du bruit du transplanage. Kreattur s'inclina devant eux, avant de s'avancer pour aider Sirius à traîner Remus dans les escaliers. Des murmures attirèrent alors son attention et Sirius entendit des bruits de pas.

«Patmol, dit Harry en apparaissant avec Ron en haut des escaliers. Salut Lunard.»

Remus murmura quelque chose qui aurait pu ressembler à un bonjour.

«Où allez-vous?» demanda Sirius en remarquant le sac à dos sur l'épaule de Harry.

«Au Terrier.» dit Harry en adressant un regard en coin à Ron, de qui émanait une odeur nerveuse.

Sirius ouvrit la bouche pour lui demander ce qu'ils pensaient faire exactement en arrivant au Terrier – il pouvait sentir que Harry ne lui avait pas menti là-dessus – quand la cloche résonna dans la maison. Remus grimaça et vacilla. Kreattur lutta avec lui pendant quelques secondes, mais Remus avait récupéré son bras pour plaquer ses mains sur ses oreilles, alors Kreattur abandonna et s'en alla répondre à la porte.

«C'est possible que Drago dorme à la maison ce soir?» demanda Harry, aidant Sirius à remettre Remus sur pied.

«Il compte venir?» demanda Sirius, surpris.

Aux dernières nouvelles, Drago n'était même pas censé écrire à Harry.

«Peut-être.» dit Harry avec un drôle d'air.

«Bien sûr qu'il peut, gamin.» dit Sirius en essayant de deviner ce que Harry avait en tête.

Malheureusement, son expression changea lorsque Lunard se retrouva au sol, et Sirius ne pouvait plus rien y lire. Ron s'empressa de s'avancer pour les aider aussi.

«C'est Professeur Rogue, dit une voix aigre depuis la porte. Pas Monsieur Rogue.»

«Kreattur présente ses excuses.» dit Kreattur.

«Très bien. Est-ce que Black-»

Sirius leva la tête et vit que Rogue venait de les repérer. Remus affalé sur l'épaule de Sirius, à moitié conscient, et Harry et Ron qui se dirigeaient vers les cuisines pour utiliser la Cheminée.

«Black.» lança Rogue en regardant Remus avec dégoût.

Par chance, cependant, il ne fit aucun commentaire.

«J'imagine qu'il y a une raison pour que tu débarques ici? demanda Sirius. Harry, tu pourrais-»

Harry se rapprocha pour soutenir l'autre bras de Remus et Ron s'approcha du haut des escaliers, sans trop savoir s'il était censé aider ou pas.

«J'ai pensé que Potter voudrait un visiteur.» dit Rogue.

Et la tête blonde de Drago apparut derrière lui, ses yeux observant la scène étrange qui se jouait devant lui.

«Malefoy?!» lança Ron, stupéfait.

Coincé sous le bras de Remus, Harry laissa échapper un cri de surprise. Drago s'avança dans l'entrée, l'air nerveux, mais il se détendit lorsque Rogue le poussa un peu à l'intérieur. Ron se rapprocha de lui, le bombardant de questions.

«Je pensais te demander si tu serais d'accord qu'il reste pour la nuit, dit Rogue. Mais je vois que tu as les mains prises.»

Ses yeux noirs se posèrent sur Remus.

«Littéralement.» ajouta Drago, son attention également posée sur Remus.

«Bien sûr qu'il peut rester, dit Sirius. Harry a déjà dit qu'il serait-»

Ron étouffa ce qui ressemblait à un rire et Harry se recroquevilla un peu lorsque Rogue et Drago se tournèrent vers lui.

«Comment tu savais? demanda Drago. Je ne savais même pas moi-même avant ce matin-»

«J'aimerais bien le savoir également.» souffla Rogue.

Un odeur de culpabilité émana de Harry. Ron continuait de ricaner, du moins jusqu'à ce que Rogue se tourne vers lui.

«Alors, Weasley?»

«Kreattur, tu peux mettre Lunard au lit, s'il te plaît? Je monterais dans une minute ou deux.»

Sirius continuait à soutenir Remus, mais il ne le tenait plus vraiment et lorsque Kreattur et Remus disparurent, Sirius put se frotter l'épaule sur laquelle Remus était appuyé.

«Du thé, Rogue? Un petit-déjeuner?»

« Du thé.» répondit Rogue.

Il entra complètement dans la maison et referma la porte. Sirius jeta un œil à sa jambe. Il ne portait plus la jambe artificielle qu'il avait reçu à Sainte-Mangouste. La prothèse qu'il utilisait désormais lui permettait de porter une chaussure, mais il marchait toujours maladroitement.

«Drago va au Terrier avec vous?» demanda Sirius à Harry.

«Non, on va rester là finalement, dit Harry, tandis que lui et Ron entraînaient Drago vers les escaliers. On descendra tout à l'heure pour le petit-déjeuner!»


Drago ne savait pas s'il se sentait touché ou mortifié par les efforts que Potter et Weasley avaient prévu de faire pour lui rendre visite. Et même après une heure passée assis dans la chambre de Potter à raconter en riant et – si Drago ne se trompait pas – avec une pointe de déception ce qu'ils avaient prévu de faire avant que Drago ne débarque, il n'avait toujours pas décidé.

Il s'était cependant assez remis de sa stupéfaction pour leur poser des questions.

«Weasley, pourquoi tu as une voiture-»

«Chut!» siffla Potter, penchant la tête en direction des escaliers qui menaient à la cuisine.

Drago ne savait pas si c'était à Black ou à Severus qu'il voulait cacher leur projet désormais inutile, mais il se tut malgré tout.

«-état?»

«Il est vivant.» entendit Drago.

C'était Black qui parlait. D'après son ton, Drago imaginait qu'il avait aussi haussé les épaules.

«Mais je ne sais rien de plus. Il ne travaillera pas pour le Ministère, ni pour Gringotts-»

«Bien.» répondit Severus.

«Mais je ne veux pas le couper complètement du monde sorcier, poursuivit Black. Ça semble … cruel.»

«Tu ne ressentirais pas la même chose si c'était toi qu'il avait mutilé.» répondit Severus.

Il y eut un instant de silence et Drago, Potter et Weasley descendirent les escaliers. Lupin se trouvait là, les yeux fixés sur une tasse de thé fumante, l'air d'une épave, mais visiblement un peu plus en forme que lorsque Drago était arrivé. Black s'interrompit dans sa conversation avec Severus le temps de lever les yeux vers eux.

«J'envisageais de lui trouver un travail.» dit Black.

«Un travail?» demanda directement Severus.

Potter alla chercher du jus de fruits et Kreattur guida Drago et Weasley jusqu'à leurs chaises.

«Ils parlent de qui?» demanda Weasley.

«Je sais pas.» répondit Drago en murmurant.

Black tourna les yeux vers eux et Drago savait qu'il les avait entendu, mais il ne semblait pas avoir prévu d'interrompre sa conversation.

«-le garder enfermé, alors on ne vaut pas mieux que Voldemort.»

Weasley tressaillit et Drago se figea sur sa chaise. Potter jeta un œil par-dessus son épaule, apparemment intéressé, avant de partir à la recherche de verres.

«Si on lui trouve un travail, c'est quelque chose pour lequel il nous sera redevable-»

«Il y a déjà beaucoup de choses pour lequel il devrait se sentir redevable, dit Severus. Sans notre intervention-»

«Je sais, répondit patiemment Black. Mais tu penses qu'il va rester tranquille à bouder pendant combien de temps? Je pense que Dumbledore sait ce qu'il fait en lui donnant du temps pour réfléchir, mais si ça dure trop longtemps, il n'y accordera plus aucune importance ou la culpabilité le rendra fou.»

«C'est ton expérience qui parle, Black?» ricana Severus.

«J'ai passé un bon moment à Azkaban, en effet.» répondit Black, plutôt froidement.

Le silence tomba à nouveau, brisé seulement par le bruit de la petite cuillère de Lupin dans le pot de sucre.

«Quel travail?» demanda finalement Severus.

Si Drago n'en savait pas plus, il aurait pensé que c'était une espèce d'excuse. Mais Severus ne s'excusait jamais.

«J'ai une amie qui travaille dans l'Allée de Embrumes, dit Black. J'irais lui parler quand on ira chercher les affaires d'école de Harry.»

Potter plaça un verre de jus de fruits en face de Drago, avant de se laisser tomber sur la chaise près de Weasley.

«Et tu me demandes mon avis?» demanda Severus.

«Je préfère autant ne pas prendre ce genre de décisions tout seul.»

«Les Gryffondors ...» marmonna Severus, l'air … et bien, pas dégoûté, mais pas loin.

Weasley ricana, tout comme Potter. Le visage de Black se contracta un peu, dans une tentative bien visible de retenir un rire, et même Lupin laissa échapper un rire rauque.

«Quoi?» s'exclama Severus, avant que ses yeux ne se posent sur Drago, coincé entre Potter et Weasley.

«Qu'est-ce qu'il y a de mal avec les Gryffondors, monsieur?» demanda Drago, en prenant grand soin de garder un visage impassible.


«Elle te l'a dit alors?» demanda Andy en regardant Remus.

Celui-ci se tenait debout sur le seuil de la maison des Tonks, se protégeant du soleil avec la main. L'expression d'Andy était étrange: fière – et il y avait de quoi avec la formation à venir de Dora – soulagée – parce que malgré qu'elle soit moins fermée d'esprit que sa famille, fréquenter un loup-garou n'était pas exactement ce que Andy voulait pour sa fille unique – et méfiante – comme si elle s'attendait à ce que Remus commence à crier que Dora ne pouvait pas y aller.

«Oui, confirma Remus. Elle est là?»

«Nymphadora!» appela Andy par-dessus son épaule, au lieu de lui répondre.

Remus entendit Dora grogner dans sa chambre, puis il entendit des bruits de pas. Cependant, son visage s'illumina lorsqu'elle le vit et Remus sentit un sourire se dessiner sur son visage.

«Oh, super, dit-elle. J'étais prête à partir pour Grimmaurd … Je ne pensais pas que tu serais assez en forme aujourd'hui. Comment tu te sens?»

Dora lui attrapa la main et le mena jusqu'à sa chambre.

«J'ai connu mieux.» répondit Remus avec une voix fatiguée, tout en regardant autour de lui.

La moitié de sa garde-robe était étalée sur le sol. Le reste débordait de sa malle, qui était ouverte sur le bureau.

«J'espère que ça ira mieux d'ici lundi, dit-elle. C'était une galère sans nom, mais j'ai réussi à organiser un Portoloin pour nous, pour que tu puisses m'aider à déménager mes affaires et puis, je me suis dit qu'on pourrait se promener un peu, découvrir les alentours et tout ça- Ça va?»

«Je viens de dire que j'avais connu mieux.» lui rappela Remus, en haussant un sourcil.

«Ce n'est pas ce que je voulais dire.» souffla-t-elle.

Canis, le vilain chat de Dora, jaillit de sous le lit et mordit la cheville de Remus, avant de s'échapper de la chambre.

«Maman a dit que je devais le prendre avec moi.» souffla Dora avec humeur.

«Qu'est-ce que tu voulais dire?» demanda Remus, en lui rappelant ce qu'elle était en train d'essayer de dire avant ça.

«Je veux dire … et je ne me plains pas! ajouta-t-elle vivement. Mais- je pensais que tu aurais voulu en parler un peu plus. Je pensais que tu- j'sais pas, que tu aurais voulu qu'on discute des modalités de visite et tout ça-»

«Il n'y a rien à dire.» dit Remus en haussant les épaules.

«Rien du tout?» demanda-t-elle, ses cheveux devenant oranges.

Remus ne savait pas si c'était de la confusion, une colère naissante ou quelque chose d'autre.

«Tu es complètement satisfait du fait que je déménage en France et qu'on ne pourra pas juste transplaner ou utiliser la Cheminée pour se voir?»

«Je pensais que tu voulais y aller?» dit-il, perplexe.

«Je veux y aller! s'écria-t-elle. C'est juste- Je ne peux pas croire que tu n'aies rien à dire! Même moi j'ai des doutes!»

«Dora, dit doucement Remus en lui prenant les mains. Tu penses que j'aurais pu être autre chose qu'encourageant? Si c'est quelque chose que tu veux faire, alors je ne vais pas te retenir. C'était sûr que ce serait comme ça.»

«C'était sûr que j'allais aller en France pour étudier avec les meilleurs Aurors du monde?» demanda-t-elle, stupéfaite.

«Non, répondit Remus en riant. Pas exactement ça. Mais c'était sûr que tu allais faire de grandes choses. Tu es jeune, extrêmement douée et je sais que je ne suis pas le seul à le penser.»

«C'est gentil.» dit Dora en lui souriant, tandis que ses cheveux prenaient une teinte rosée à cause de sa gêne.

Remus pouvait sentir la moiteur de ses propres mains dans les siennes.

«Et c'est exactement pour ça que je pense que c'est fini.» déclara Remus.

Les mains de Dora frémirent et elle leva les yeux vers lui, les sourcils froncés.

«Fini?» demanda-t-elle avec une voix très calme.

Ses cheveux n'avaient pas changé de couleur, mais Remus pensait qu'elle faisait un effort conscient pour que ça n'arrive pas.

«Nous, Dora, soupira-t-il. Je ne compte pas te retenir … Je n'ai pas les moyens de payer un Portoloin international toutes les semaines et une fois de retour à Poudlard, je n'aurais plus le temps. Et si tu reviens ici à chaque occasion, alors tu ne pourras pas te concentrer sur-»

«Sur mes études, dit-elle froidement. D'accord.»

Ses cheveux n'avaient toujours pas changé de couleur et cela commençait à stresser Remus.

«Bien. Tu peux y aller alors.»

Sa voix se brisa, très légèrement.

«Il faut que je termine mon sac.»

Remus la fixa. Il était heureux qu'elle ne réplique pas, mais ça ne lui ressemblait pas du tout.

«Tu t'attendais à ce que j'essaye de te faire changer d'avis?» demanda-t-elle.

«Ça n'aurait pas été surprenant, admit-il. Mais je suis content que tu comprennes-»

«Oh, je comprends.» dit-elle, et sa voix trembla.

Et juste comme ça, elle avait désormais sur la tête des cheveux rouge vif en pic.

«Je comprends que même si tu dis que je suis douée, rien de ce que je dirais ou ferais ne te convaincra que tu vaux quelque chose.»

Elle ne criait pas, mais elle tremblait. Ses yeux étaient très sombres et ses lèvres plus rouges que d'habitude. Remus s'attendait presque à ce que des griffes se mettent à pousser au bout de ses doigts.

«Sauf que là, ce n'est pas de toi dont tu te fiches, c'est de moi-»

«Je tiens à toi-» dit Remus, dévasté qu'elle puisse penser une chose pareille.

«Si c'était le cas, répliqua-t-elle. Alors tu m'aurais supplié de refuser la formation ou tu m'aurais dit qu'on pouvait gérer ça. Au lieu de ça, tu me dis au-revoir. Je voulais ça- je voulais- nous. Mais si tu n'es pas prêt à traiter notre relation comme si elle était importante, si tu n'es pas prêt à te battre pour nous, alors pourquoi est-ce que moi, je devrais le faire?»

«Dora.» souffla Remus en sentant son cœur se serrer.

«Va-t-en, Remus.» dit-elle.

Sa voix était neutre et froide. Remus n'aurait pas cru qu'il s'agissait de sa voix s'il ne l'avait pas vu parler.

«Je suis fatiguée de te forcer à rester alors que tu préférerais clairement être ailleurs.»

Remus ferma brièvement les yeux et s'en alla.