Une fois la sonde placée, le groupe s'offre une pause repas bien méritée à base de rations de survie plutôt insipides.

« Vivement qu'on en sache assez sur la faune et la flore locale pour se faire un repas digne de se nom… se plaint Skoll.

- J'y travaille, répond Mimir.

- La sonde ne risque pas de se faire déraciner par les vagues ? s'inquiète Baldr. On est plutôt proche de la mer.

- Normalement elles sont étudiées pour résister à n'importe quelle sollicitation environnementale, répond H. Lin. La moitié de la sonde est enfoncée dans le sol, la rendant très difficile à bouger.

- Je vois…

- C'est quoi la suite du programme ? demande Mimir.

- On rentre à N.L.A. et on fait notre rapport, répond H. Lin.

- Ou alors… on profite d'être aux frontières du monde connu pour explorer un endroit où personne n'a jamais mis le pied, propose Skoll.

- Ça veut dire de potentielles nouvelles espèces à observer ! s'exclame Mimir avec des étoiles plein les yeux. J'en suis !

- Il en est hors de question, s'oppose H. Lin. L'après-midi est déjà bien entamé. Si nous ne nous mettons pas en route pour rentrer maintenant, nous ne serons jamais à N.L.A. avant la nuit.

- Pas si on choisit le bon trajet, rétorque Skoll.

- Et que proposes-tu exactement ? demande H. Lin d'un air suspicieux.

- Si on remonte par cette plage, au nord, on arrive à quelques pas d'un lac, commence à expliquer Skoll.

- Le lac Biahno ! s'exclame Mimir. C'est vrai qu'il est pas loin !

- Tu connais ce lac Mimir ? s'étonne Baldr.

- C'est la plus grande étendue d'eau de Primordia, si on se fie aux images des drones, explique Mimir.

- En effet, reprend H. Lin. Un des objectifs à court terme des Prospectors est d'ailleurs d'étudier la potabilité de l'eau de ce lac afin de savoir si on peut l'exploiter à N.L.A.

- Raison de plus pour y aller alors ! s'exclame Skoll.

- Ce n'est pas la mission qui nous a été assignée, rétorque H. Lin.

- Ça ne nous fait pas faire un si grand détour que ça, remarque Baldr en consultant une carte sommaire des environs sur son navigateur.

- Et puis ça sera l'occasion de changer de trajet, ajoute Mimir. J'en ai un peu marre de toujours passer devant les mêmes crabes.

- Bon… soupire H. Lin. Vous avez gagné, on va faire un petit détour avant de rentrer.

- Super ! » s'exclament Mimir et Skoll, visiblement ravis de prolonger leur exploration.

Après une marche bien plus longue que prévue, le groupe arrive enfin en vue du fameux lac.

« Il est vraiment splendide ! s'exclame Baldr.

- Les reflets du soleil de la fin d'après-midi lui donnent un éclat magnifique, ajoute Skoll.

- Sans parler de ces magnifiques fleurs violettes qui poussent autour, renchérit Mimir. C'est féérique !

- On n'a pas vraiment le temps d'admirer la vue, commente H. Lin. On prend un échantillon d'eau et on rentre à N.L.A. immédiatement.

- Rabat-joie… » marmonne Skoll.

H. Lin fait mine de ne rien entendre et se dirige vers le lac d'un pas pressé, suivie de près par Bladr. Mimir, de son côté, se perd dans la contemplation de ces fleurs à la couleur si particulière. Elle ne saurait expliquer pourquoi, mais cette teinte de mauve a un effet particulièrement apaisant sur elle.

« Alors t'es du genre à aimer les fleurs ? lui demande Skoll.

- Pas plus que ça, répond Mimir sans quitter la fleur des yeux. Je fais juste mon travail.

- Tu prends cette histoire de division un peu trop à cœur, non ?

- Je te parle pas de division, mais de vocation.

- Comment ça ?

- Plus qu'une membre du BLADE, je suis une botaniste, lui explique Mimir. Si je suis montée à bord de la Grande Blanche, c'est avant tout pour étudier de nouvelles espèces.

- … Je comprends. Je comprends très bien.

- Mimir ! crie H. Lin depuis la berge du lac.

- Oui cheffe ! répond la susnommée en se redressant d'un bond.

- Te reste-t-il des conteneurs stériles pour analyse ?

- Ah oui ! J'arrive tout de suite ! » s'exclame-t-elle en se précipitant vers sa supérieure. Skoll, abandonné au beau milieu du champ de fleurs, n'a d'autre choix que de la suivre au pas de course.

Prélever des échantillons d'eau, c'est tout un protocole, si bien qu'une fois les différents conteneurs remplis, la nuit a fini par tomber.

« Il nous faut nous dépêcher de rentrer, s'inquiète H. Lin. On a encore beaucoup de route à faire et peu de temps.

- Suivez-moi, j'ai repéré le chemin, informe Skoll en reprenant la marche. Si on part dans cette direction, on devrait être rentrés dans environ deux heures.

- Tant que ça ? s'étonne Baldr.

- Le lac Biahno est très éloigné de N.L.A., commente H. Lin. C'est d'ailleurs précisément la raison pour laquelle aucune équipe n'a encore été envoyée prélever ces échantillons.

- Hé ! s'exclame Mimir.

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète Baldr.

- Elles sont où les fleurs ?

- Quelles fleurs ?

- Les fleurs mauves de tout à l'heure, répond Mimir en examinant le sol. Je voulais en prendre quelques unes pour les analyser, mais on dirait qu'elles ont disparu…

- La luminosité a beaucoup baissé, commente H. Lin. Peut-être ne les vois-tu simplement plus.

- Non, elle a raison, répond Skoll. Elles sont sensées être dans le coin, mais impossible de les trouver. Et pourtant, j'ai une excellente vue de nuit.

- Elles ne se seraient quand même pas volatilisées ? s'étonne Baldr.

- Voilà une raison supplémentaire pour en ramener un bouquet à étudier ! s'exclame Mimir. Je vais attendre qu'elles éclosent de nouveau.

- Quoi ?! s'alarme Baldr. Tu veux rester ici toute la nuit ?!

- S'il le faut, répond Mimir en continuant de scruter le sol.

- Il est hors de question de rester ici toute la nuit ! répond H. Lin. On rentre à N.L.A. !

- D'accord, répond Mimir. Partez devant. Je vous rejoins quand j'en ai trouvé une dizaine.

- Quoi ?! manque de s'étouffer H. Lin.

- Dites-moi qu'elle plaisante… ajoute Skoll.

- Je crains que non, prévient Baldr.

- Mademoiselle Mirabelys Margulis, commence à s'énerver H. Lin.

- O… oui ? répond timidement Mimir, inquiète de s'entendre appelée par son nom complet.

- Vous allez me faire le PLAISIR d'arrêter de déblatérer vos INEPTIES et vous diriger vers N.L.A avec nous TOUT DE SUITE !

- Ch… ch… cheffe, oui cheffe ! » répond la jeune femme, terrorisée.

Nérine douce : Éclot un bref moment chaque jour, puis se referme timidement quand vient la nuit. Sa couleur est un spectacle magnifique pour les chanceux qui l'aperçoivent.

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