« Enfin à la maison ! s'exclame Baldr en poussant la porte de leurs quartiers dans la caserne.

- Mon royaume pour un lit… se plaint Mimir.

- J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi… sportif, déplore Skoll.

- La faute à qui ? lance méchamment H. Lin en direction de Skoll.

- Mon itinéraire était optimal, se défend-il.

- Passer au milieu d'une meute d'indigènes canins faisant dix fois notre taille, ce n'est pas ce que j'appelle l'itinéraire optimal, rétorque H. Lin.

- C'est pas un problème si on sait rester discret, répond Skoll.

- Et à quel moment tu t'es dit qu'un groupe comme le nôtre saurait rester discret ?!

- Vu le boucan que vous faites, c'est sûr que toute la caserne va vous entendre ! lance une voix forte depuis la pièce principale.

- Commandant ? s'étonne Baldr.

- C'est la deuxième fois que vous rentrez chez nous sans y être invité, souligne H. Lin. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.

- Rassurez-vous, la prochaine fois je laisse Nagi faire la commission, répond Vandham.

- Vous vouliez nous parler ? demande Skoll.

- Oui. Vous remonter les brettelles pour être plus précis… Encore.

- Alors finissez-en vite, qu'on aille se coucher, soupire H. Lin.

- Je sens plus mes jambes… se plaint Mimir en s'affalant sur le canapé.

- Je vais préparer un truc rapide à manger, fuit Baldr.

- Attends, je t'accompagne, ajoute Skoll en suivant le Reclaimer dans la cuisine.

- Quelle équipe soudée… marmonne H. Lin.

- On dirait bien, oui, s'amuse Vandham.

- Vous ne deviez pas me réprimander, vous ? demande H. Lin.

- Si, mais vous avez piqué ma curiosité en rentrant. Il vous est arrivé quoi exactement ? On dirait que vous venez de courir un marathon.

- Vous ne croyez pas si bien dire. Nous nous sommes rendus au lac Biahno pour prélever des échantillons d'eau.

- Mais… C'est un sacré détour par rapport à ce qui était prévu !

- Nous sommes repartis à la tombé de la nuit, le temps de prélever des échantillons de bonne qualité. Cependant, le trajet le plus court nous a fait passer près d'une meute d'indigènes canins.

- Si on se fie au début de bestiaire qui commence à se créer, c'étaient des grexs, commente Mimir. Il faudrait d'ailleurs penser à modifier leur description pour ajouter « très » devant « agressifs »… et aussi « et tenaces » après.

- Vous vous êtes fait attaquer, comprend Vandham.

- Une certaine membre de l'équipe tenait absolument à prélever des échantillons d'une variété étrange de carotte, commente H. Lin.

- Pour ma défense, c'est Baldr qui a réveillé le grex en me suivant, rétorque Mimir. Moi, j'aurais pu aller lui prélever une écaille sans le réveiller.

- Ah… lâche Vandham alors que H. Lin soupire avec force.

- Comme vous vous en doutez, reprend la cheffe d'équipe, le grex en question s'est réveillé et a rameuté tous ses amis. Étant en très forte infériorité numérique, nous avons couru en direction de la porte ouest. Ils n'ont abandonné la poursuite qu'aux portes de N.L.A., visiblement intimidés par la structure en métal.

- Mais vous avez couru pendant combien de temps ?

- Beaucoup trop longtemps, répond Mimir.

- Pour une fois, je suis d'accord avec elle, commente H. Lin. Vous m'autorisez à m'asseoir ?

- Hein ? Bien sûr ! répond Vandham. T'es chez toi, tu fais ce que tu veux.

- Est-ce que ça inclut vous mettre à la porte pour aller me coucher ? demande la jeune femme en s'asseyant.

- Non. Pas avant que je vous ai tiré les oreilles.

- Puis-je au moins déléguer cette tâche ?

- Non plus. C'est à vous quatre que je dois causer.

- Arf… marmonne Mimir.

- Le repas est prêt, annonce Skoll en apportant les couverts sur la table.

- Un peu de sardine dorée avec quelques carottes, complète Baldr en apportant le repas.

- Vous essayez de m'amadouer avec de la nourriture ? demande Vandham.

- Pour tout vous avouer, c'est surtout qu'on meurt de faim, répond Baldr en se mettant à table, suivi de près par ses collègues.

- De toute façon, j'ai déjà mangé. J'ai eu le temps, vu l'heure à laquelle vous rentrez, réprimande Vandham.

- On dirait mon père, marmonne H. Lin.

- Mais d'ailleurs, réalise Vandham. Les grexs qui vous ont coursés, ils sont partis où après ?

- Aucune idée… avoue H. Lin en commençant à se servir.

- Je crois les avoir vus s'éloigner un peu, mais ils se sont arrêtés assez vite, répond Skoll.

- Il va me falloir envoyer une équipe d'Interceptors pour s'en charger alors… commence à s'énerver Vandham. Non mais vous voyez le bordel que vous foutez avec vos conneries ?! La dernière fois j'ai rien dit parce que personne a été blessé, mais cette fois… Cette fois il va falloir que j'envoie une équipe pour réparer vos conneries ! Merde ! Vous êtes plus des gosses qui partent en vadrouille nocturne pour faire la bringue ! Vous êtes des agents du BLADE avec des responsabilités ! S'il vous arrive une tuile dehors, vous savez combien de personnes ça va impacter ?! Les équipes qui vont se mettre en danger pour venir vous secourir ! Les toubibs qui vont se décarcasser pour vous tirer d'affaire ! Les ressources qui vont servir à vous venir en aide et qui auraient pu améliorer le quotidien des habitants de N.L.A. ! Essayez de penser à autre chose que votre pomme de temps en temps ! »

Les mots du commandant résonnent violemment dans la caserne, et dans l'esprit des quatre agents.

« Je… plaide coupable, finit par dire Baldr. Si j'avais fait preuve de plus de discrétion, on ne se serait pas fait attaquer.

- Non, c'est ma faute, s'excuse Skoll. On aurait pas dû faire ce détour en étant aussi peu préparés. J'ai oublié de prendre en compte que je n'étais pas seul.

- Et moi je passe ma vie à vous attirer des ennuis par imprudence, ajoute Mimir. Pardon.

- Et surtout pardon Ashlyn de ne pas t'avoir écoutée, ajoute Skoll.

- Ouais, ajoute Mimir. C'est pas juste de l'enguirlander alors que c'est la seule à faire les choses correctement.

- C'est très gentil à vous de dire tout ça, mais si blâme il y a, il est nécessairement pour moi, intervient H. Lin. En tant que cheffe d'équipe c'est à moi de contrebalancer vos individualités.

- Mais… commence à protester Baldr.

- M'en fiche de qui prend la responsabilité, coupe Vandham. Moi, tout ce que je veux, c'est vous mettre un peu de plomb dans la cervelle.

- Je me permets cependant de vous faire remarquer que nous avons ramené des échantillons d'eau du lac Biahno, souligne H. Lin. Il s'agissait d'une mission prioritaire, non ?

- C'est justement la raison pour laquelle j'insiste pas plus, répond Vandham. Sinon vous pouvez être sûrs que la sanction aurait été plus sévère.

- Bien, chef, acquiesce H. Lin.

- D'ailleurs, la sonde que vous deviez planter est tombée en panne, ajoute Vandham.

- Quoi ?! s'exclament les quatre camarades en même temps.

- Elle a cessé d'émettre dans la soirée, explique Vandham. Donc soit vous êtes des branques qui êtes pas fichus de lire un manuel, soit il s'est passé un truc. Dans les deux cas, vous allez l'inspecter demain matin.

- Ça peut pas attendre l'après-midi ? se plaint Mimir.

- Non, répond Vandham. Vous allez la réparer et vous rentrez aussi sec, c'est clair ?

- Limpide, répond H. Lin.

- D'ailleurs, pour info, d'ici trois jours on devrait avoir fini d'ouvrir un passage dans la porte est, ajoute Vandham. Vous irez sur le terrain avec les autres équipes, et hors de question de s'éloigner de la zone attribuée, compris ?

- Oui chef, répond H. Lin.

- Et on va faire quoi en attendant ? demande Skoll.

- Vous faites analyser cette eau et vous restez dans N.L.A., répond Vandham. Interdiction formelle de quitter l'enceinte de la ville une fois votre sonde remise en place.

- Vraiment ? s'étonne Skoll. Pourquoi ?

- Considérez ça comme votre punition.

- C'est pas plus mal, commente Mimir. Ça me laissera le temps de faire le tri dans mes échantillons.

- On peut s'estimer heureux de s'en tirer avec une simple ordonnance de restriction, ajoute Baldr, encore honteux. Merci commandant.

- Ouais… Me le faites pas regretter… marmonne Vandham en se levant.

- Vous êtes sûr de ne pas vouloir prendre une carotte avant de partir ? demande Mimir. Elles sont particulièrement douces.

- On dirait de la butternut, commente Baldr.

- Si vous insistez. » finit par céder Vandham.

Il attrape une des racines de la carotte qu'on lui tend et croque dedans à pleines dents. Il la savoure un instant, avant de rapidement tourner les talons et se diriger vers la porte sans un mot de plus.

« Ben… il lui arrive quoi ? demande Skoll.

- Il a pas dû aimer. » conclut Mimir en baillant.


Carotte keppo : Une carotte qui se sépare en huit racines distinctes, dont sept sont très douces. La huitième, en revanche, est si amère que vous en aurez les larmes aux yeux.

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