CW : Deuil, chagrin, troubles psychologiques de type processus dissociatif et de type anhédonie, stress post-traumatique. /!\ Auto-agressivité de type scarfications, et intentions suicidaires. Comme toujours, prenez soin de vous (coeur)
PS : Un sort est évoqué. Il s'agit de la version anglaise que je trouve plus "classe".
CHAPITRE 19 – L'explosion
Help me please
I can feel it coming,
Yeah, I think I'm waking up,
But I'm surrounded by these voices
I wish they would just stop
A whisper in my ear,
A faint memory,
A haunted voice that I can only hear
Help me please,
I want to wake up from this dream
Olin & The Moon – Help me please
Une semaine. Une semaine depuis l'enterrement d'Erine. Une semaine que Violet et Olivier logeaient à Dauphy's Sea.
Rapidement, Olivier avait ressenti ce besoin de retrouver les étendues de sable et le vent marin. Il avait ressenti le besoin de retrouver le vol. Il avait ressenti le besoin de valser au-dessus des dauphins, ces fameux dauphins…
Plus encore, Olivier avait ressenti ce besoin intense d'être avec ses parents qu'il n'avait pas vus depuis neuf mois. Il avait besoin de leur présence, de cette chaleur qu'ils apportaient.
Et il avait cru que Violet en aurait besoin aussi…
Son inquiétude pour elle amplifiait de jour en jour. Pas une minute, il éprouvait une lueur d'espoir. Non. Violet sombrait.
Depuis la fin de la bataille, Violet n'avait pas versé une larme. Sa voix était monotone. Violet avait perdu cet éclat qui la faisait briller. Et ses yeux… Olivier ne préférait pas y songer. Ses yeux n'étaient plus habités par ses étoiles qui brillaient de mille feux. Ils étaient ternes et inexpressifs, embrumés comme un ciel pollué.
Au fil des jours, l'état de Violet se dégradait. Olivier s'en sentait de plus en plus impuissant. Chaque tentative était inutile. Violet n'était réceptive à rien.
Ses yeux fades étaient cernés, de marques presque noirs. Pourtant, Olivier l'avait connue vivre des suites d'insomnies. Cette fois-ci, elle avait atteint le point de non-retour. Le qualificatif «mort-vivant» employé par Harry des années plus tôt s'avérait. Violet ne s'alimentait que très peu. Elle maigrissait à vue d'œil. Ses joues se creusaient, ses muscles fondaient. Violet avait refusé toutes ses propositions de vol d'un mouvement de tête.
Violet était confuse. Elle mêlait le passé au présent ce qui était déroutant pour tout le monde. Olivier n'osait imaginer ce qu'il se passait dans la tête de sa fiancée. Il avait parfois l'impression qu'Elizabeth Potter cherchait elle aussi sa place. Olivier doutait qu'il y ait assez de place pour les deux.
Bref, Violet n'était plus elle-même. Olivier était partagé. Bien qu'il souhaitait le jour où elle craquerait, il craignait le jour où elle exploserait réellement. Que resterait-il d'elle?
Olivier était reconnaissant envers ses parents. Ils étaient présents pour lui et pour Violet. Ils voulaient qu'ils se reposent et qu'ils prennent le temps de récupérer. Tout comme lui, ses parents s'inquiétaient pour Violet. Leurs regards étaient toujours soucieux et emplis de pitié. Jamais ils ne la jugeaient, ils prenaient soin d'elle comme leur propre fille.
Malgré leur présence à Dauphy's Sea, ils ne demeuraient pas seuls.
George passait tous les jours, sans exception. Andromeda tenait sa promesse et faisait attention à Violet, d'autant plus qu'elle avait conscience d'à quel point Violet avait besoin de Teddy. Lorsqu'il était autorisé à sortir de Sainte-Mangouste, Ted Tonks les accompagnait. L'air salé était bénéfique pour lui. Il respirait de mieux en mieux. Selon l'équipe médicale, il pourrait sortir avant le début de l'été.
Harry était venu. Au début. Ces derniers jours, Ron et lui étaient partis accompagner Hermione en Australie. Tout comme les Green, elle avait mis ses parents en sécurité. Tout comme Holly, elle devait leur restaurer leur mémoire. Le trio de Poudlard profitait de ce voyage pour se reposer.
Olivier en était soulagé. Non pas que la présence le dérangeait, bien au contraire. Mais Harry était le plus déstabilisé par les propos de Violet. Souvenirs et réalité fusionnaient, Harry en était perturbé. Rien de plus normal.
Plusieurs amis tels que Holly et Lee, mais aussi Roger, Anna et Connor s'étaient déplacés pour eux. Aucune de ces visites n'avaient eu un impact sur Violet. Même Bill n'avait eu aucun effet. Au grand désespoir de tous.
Violet disparaissait chaque jour, comme les pas dans le sable à chaque passage des vagues.
Assise sur le sable, le vent frais caressait la peau de Violet. Il était calme, de la légèreté d'une plume. Il balayait ses boucles blondes qui dansaient sous ses yeux. Le regard figé vers la mer, Violet refusa une nouvelle fois la proposition d'Olivier d'aller jouer au Quidditch. Il l'embrassa sur le front. Elle n'en ressentit rien.
Son instinct la poussait à être proche de lui, Violet était incapable de le repousser. Elle pouvait juste lui tendre la main quand il l'incitait à se balader. Ou à se laisser porter dans ses bras quand il la serrait contre lui.
Mais Violet ne ressentait aucune trace d'amour. Seul ce besoin irrépressible qu'il soit présent.
De toute manière, elle était vide.
Depuis trois semaines, ses journées étaient ainsi.
Il n'y avait plus rien.
Juste elle, le vide et les quelques flashs qui la parcouraient avec imprévisibilité. Ils étaient des chocs qui paralysaient tout son corps.
Parfois, elle était seule. Parfois ses parents étaient avec elle. Tout comme son père. Tout comme sa marraine, Mary, Dorcas, Sirius. Toute sa mémoire réapparaissait. Elizabeth envahissait son esprit.
Violet résistait. Inconsciemment.
Ses amis disparus restaient là aussi.
Chaque jour, elle se réveillait, persuadée qu'ils reviendraient. Chaque jour elle se couchait et ils n'étaient pas venus.
Violet résistait. Elle se perdait dans une confrontation psychologique avec Elizabeth. Ses seuls instants de répit étaient le silence et le noir de son esprit quand il avait besoin de repos.
Une personne s'assit près d'elle. La voix de George lui dit bonjour. Les lèvres de Violet bougèrent. Aucun son n'en sortit. Sa tête chercha refuge sur l'épaule de George. Comme chaque jour où il venait leur rendre visite, ils restaient silencieux. Tous les deux savaient qu'il n'y avait plus rien à dire.
Elle ne sut combien de temps il était resté. Violet n'avait plus aucune notion du temps. Son seul repère était Olivier qui était rentré de son entraînement. George les quitta. Olivier l'aida à se relever pour retourner dans la maison. Les grains de sable collés à son short dégringolèrent, comme le peu d'âme qui lui restait. Violet partit se laver les mains.
— Que comptes-tu faire?
La voix de Sebastian la surprit, il paraissait très préoccupé. Violet resta cachée dans la salle de bain. Olivier avait toujours dit que la curiosité était un vilain défaut, mais au moins il lui restait une part d'elle.
— Comment ça? l'interrogea Olivier.
— Te rends-tu compte de ce qu'a vécu Violet? De l'état dans lequel elle se trouve? Te sens-tu capable de vivre ça?
— Je ne comprends pas où tu veux en venir.
— Ta mère et moi aimons Violet. Peu importe ce que tu choisis, nous resterons auprès d'elle. Nous prendrons soin d'elle jusqu'à ce qu'elle aille mieux et même après. Nous ne l'abandonnerons pas. Tout le monde comprendra si tu ne souhaites pas poursuivre ta relation avec Violet. Pas pour le moment.
Le vide saisit Violet. Elle dut s'agripper à la poignée pour ne pas s'effondrer. Elle s'enferma dans la salle de bain et se boucha les oreilles, accueillant ce mécanisme qu'elle commençait à apprivoiser.
Dans le salon, Olivier réalisa les mots de son père. Cette simple pensée dégagea en lui une poussée de fureur, il ne pouvait imaginer une telle décision. Il ne comprenait pas comment cette idée avait pu traverser ses parents. C'était absurde.
— Non! Non! s'emporta-t-il, les joues brûlantes. Ça ne m'est pas venu à l'esprit. Je resterai avec elle quoi qu'il arrive!
Son père soupira et Olivier ne sut comment l'interpréter. Son père s'apprêtait à répondre, mais Olivier se moquait de savoir ce qu'il avait à lui dire. Ça n'avait aucune importance.
— Personne ne sait ce qu'il doit se passer dans sa tête, même pas elle! Mais j'ai promis à Remus de toujours être là pour elle et de toujours faire ce qu'il faut. Je sais, papa… Je sais que je dois me préserver, mais… Je ne peux pas la laisser, elle a bien assez perdu.
Il s'accorda une courte pause. Il refusait de l'abandonner et d'être une nouvelle personne sur sa liste. Son père parut le comprendre car il ne tenta pas de l'interrompre et le laissa poursuivre. Olivier choisit de s'ouvrir. Son père devait comprendre que sa relation avec Violet avait toujours été bien plus que l'évidence que les autres percevaient.
— Quand on a appris qu'elle renfermait la Boîte de Pandore, Violet souhaitait en finir pour espérer sauver Harry et ça m'a été inimaginable. Alors, on s'est promis de tout traverser ensemble. Elle et moi. Toujours. Elle et moi.
— Je n'en doutais pas, Oli, le rassura son père. Ta mère et moi voulions juste en être certains. Maintenant, tu devrais sortir un peu. Je reste avec Violet.
— Je…
— Le terrain de Quidditch et les dauphins ne comptent pas, le coupa son père. Pour ce qui est de Violet, nous sommes avec elle et Violet doit le savoir.
Une personne avait toqué à la porte de la salle de bain. Violet en était sortie de son répit psychologique. Elle avait entendu la voix d'Olivier. Elle n'était pas encore assez revenue pour l'écouter. Elle était restée assise contre la porte encore quelques minutes. Ses capacités psychologiques et le contrôle de son corps disponibles, Violet était sortie pour s'asseoir sur le canapé.
Il n'y avait pas un bruit dans la maison. Ils étaient peut-être tous partis. Tout le monde finissait par partir.
Violet passa ses bras autour des jambes prête à retrouver l'état qu'elle avait perdu. Mais une personne vint s'installer juste à côté d'elle. C'était Sebastian, la Gazette du Sorcier à la main. Il ne lui adressa aucun mot.
Il était rare que Ruth ou que Sebastian soient si proches d'elle dans ces moments. Ils gardaient toujours une certaine distance. Ils l'approchaient que lorsqu'ils avaient une question.
— Harry et toi êtes des Potter, Beth. Les Potter sont courageux.
La voix de sa Tante Dorcas murmura avec force dans son cerveau. Elizabeth se souvenait. Encore.
— Pourquoi restez-vous là? demanda-t-elle sans même s'en rendre compte.
— Olivier et Ruth sont partis faire des courses en ville, lui répondit-il en fermant son journal.
Elle ne tourna pas ses yeux vers lui, mais elle sentait qu'il l'observait. Elle se remémora la question de Sebastian. Son instinct lui cria de chercher la réponse.
— Olivier ne veut plus de moi?
Elle ne savait pas si c'était ce qu'elle cherchait ou non. Après tout, elle ne savait plus rien.
— Je ne pense pas que ce jour arrivera, Violet.
Elle continua de l'éviter et renforça la poigne autour de ses jambes. Elle fixa le sol dont les bords lui semblaient troubles. Sebastian n'avait toujours pas réouvert son journal.
— Vous pouvez me laisser seule, déclara-t-elle.
Son regard tomba finalement sur Sebastian. En effet, ses yeux – aussi marron que ceux d'Olivier – ne la quittaient pas.
— Je le peux, en effet. Je ne veux pas que tu restes seule, répondit-il en lui souriant et Violet avala la chaleur qu'elle ressentait pour qu'elle disparaisse. Il faut que tu saches que tu n'es pas seule. Nous serons toujours là.
— C'est ce qu'on croit tous.
Sa tête vacilla de l'autre côté afin d'éviter la réaction de Sebastian. Elle détestait la manière dont ils l'observaient. Lui et Ruth. Elle ferma les yeux. Elle perdait ses sens.
Olivier n'était pas parti. Olivier était toujours là pour elle.
Comme tous les soirs, Olivier s'endormit en entourant ses bras autour du corps de Violet. Olivier s'accrochait à elle, il l'avait promis. Il ne la lâchait pas. Violet le sentait s'assoupir jusqu'à être plongé dans les bras de Morphée tandis qu'elle attendait que la potion fasse effet.
Ses paupières devinrent lourdes. Elle s'enfonçait dans le matelas. Ses yeux papillonnèrent et Violet tomba dans le royaume des rêves sans savoir que son cauchemar ne faisait que commencer.
Le sable froid glisse entre mes orteils et se colle à ma plante de pied. Je glisse mon pied contre ma cheville. Aucun grain de sable ne tombe. Je me frotte les épaules avec mes mains. Il fait froid. L'air est glaçant. Un pas supplémentaire. Mon pied touche un liquide. Gluant. Ce n'est pas la mer. Aucune odeur salée ne pique mon nez. Seule une odeur ferreuse se répand. Ce n'est pas froid. C'est très chaud. La texture est plus épaisse que la mer, plus poisseuse aussi. Je baisse les yeux. Les écarquille, horrifiés. Du sang recouvre le sol.
Je cours pour échapper à cette scène d'horreur. Je cours. J'essaie d'augmenter ma foulée. Impossible. Le sable me retient. Je m'enfonce dans le sable. Mes orteils. Mes pieds. Mes chevilles. Le sable me tient prisonnière. Je tente de soulever ma jambe, la mâchoire crispée. Echec. Je tombe, les genoux bloqués dans le sable.
Je relève les yeux. Mon cœur palpite.
Boum. Boum. Boum.
Plus vite encore. Plus vite.
Boumboumboumboumboum.
Marraine est étendue sur le sol. Inerte. Ses yeux vitreux hurlent de reproches. Je cligne des yeux pour la faire disparaître. Pauvre Marraine. Tante Dorcas s'ajoute. Non, pas Tante Do. Je cligne des yeux. Papa et maman les rejoignent. A chaque clignement de mes yeux s'ajoutent de nouvelles personnes. Tante Mary. Lyall. Cedric. Oncle Patmol. Fol Œil. Leni. Sara. Colin. Parvati. Slughorn. Tonks. Fred. Erine. Papa.
Ils sont tous là. Autour de moi. Morts. Ils me fixent. Je panique.
Je tente de me relever. Je dois partir. Mes jambes sont collées au sol. Je suis incapable de bouger. Je pose mes mains dans le sable sanglant pour m'aider à me lever. Grave erreur. Elles restent coincées au sol aussi. Je suis piégée.
Je relève la tête quand j'entends la voix de mon père. Je vois ses lèvres bouger. Ma respiration m'échappe quand je comprends ses mots.
— C'est ta faute, ma Violet.
— C'est ta faute, Vio, enchaîne la voix d'Erine.
Toutes les voix se mêlent entre elles.
— C'est ta faute.
Je m'effondre peu à peu. Mes larmes m'étouffèrent.
— C'est ta faute, p'tit cœur.
Le sable m'engloutit jusqu'à ce que je disparaisse de cette plage funeste.
Violet se réveilla. Violemment.
— C'est ma faute, murmura-t-elle.
L'air lui manquait. Des milliers d'émotions la submergèrent. Ingérables. Elle porta ses mains à son cou où elle avait la sensation qu'on l'étranglait.
Elle n'avait pas rêvé depuis près de trois semaines. Elle n'avait pas fait un tel cauchemar depuis des années. Il ressemblait à la perfection à ceux qu'elle faisait enfant. Cette fois-ci, il ne s'agissait que de la réalité.
«Non. Papa et Maman sont avec Tante Do et Marraine. Tante Mary n'est plus là non plus. Je suis désolé. Ce n'est plus que toi et moi.»
«AVADA KEDAVRA»
La peau d'Erine était bleue et couverte de tâches rouges.
«ELIZABETH LILY POTTER, TU VAS AVEC MAMAN!»
Fred était étendu au sol et plus jamais elle n'entendrait son rire.
«COURS VIOLET!»
Tonks gisait à côté de son père, main dans la main.
Elizabeth vit leur maman tomber au sol.
« Peut-être ne devriez-vous pas être seule.»
«Tu vas pouvoir être Elizabeth Potter.»
«Sectumsempra!»
«PAS MA SŒUR»
«On l'a perdu»
Elle détesta la Grande Salle.
Le Doloris la foudroya et aucune douleur n'avait jamais été aussi insupportable.
Elizabeth cherchait à reprendre sa place. Elle voyait ses souvenirs prendre le dessus. Elizabeth était toujours là. Elle était Elizabeth, mais était-elle encore Violet? Elizabeth lui projetait ses souvenirs les mélangeant aux siens. Qui était-elle? Elizabeth? Violet?
Elle étouffait dans ses sanglots. Elle voulait rester avec son papa.
«Est-ce que c'est réel?» «Oui.»
Le sang de Dolohov gicla sur son visage et son gilet. Elle avait tué. Elle était une meurtrière.
« Tante Do a rejoint Marraine.»
«Vous avez laissé vos amis mourir à votre place au lieu de m'affronter directement.»
Tout s'enchaînait dans sa tête. Les souvenirs d'Elizabeth. Les siens. Une boucle d'images en accéléré. Infini. Aucun arrêt.
«Nous étions cinq et il n'y a plus que nous trois.»
La panique l'empoigna. Violet ferma les yeux pour accueillir le vide. Jamais il ne vint. Il l'avait quittée, lui aussi. Il l'a laissée seule avec toute cette douleur. Il l'avait accompagnée, comme un fidèle, pour la lâcher au pire des moments.
Des larmes dévalèrent son visage joues. Elle bouillonnait. Violet se leva et se tourna vers Olivier.
Ils avaient tous raison. Tout était sa faute. Elle devait épargner ça à Olivier.
Elle quitta la chambre et descendit les escaliers. A la vue du sable, sa tête tourna. Pas de sang en vue. Elle y posa un pied. Rien ne se passa. Un pas supplémentaire. Elle s'effondra.
Comme toujours, Olivier se réveilla en pleine nuit. Habituellement, il aurait bu une gorgée d'eau. Ou bien, il serait allé aux toilettes. Puis, il aurait serré Violet contre lui avant de refermer les yeux pour chercher à retrouver le sommeil. Ça fonctionnait toujours. Sauf aujourd'hui.
Violet n'était pas là. Elle n'était pas dans le lit près de lui. Elle n'était pas non plus dans la chambre.
— Lumos!
Il se dirigea vers la salle de bain. Elle n'y était pas. Il s'inquiéta. Un peu plus.
La porte de la chambre était entrouverte alors qu'ils la fermaient toujours. Il vérifia chaque chambre, espérant qu'elle ait choisi de s'isoler pour ne pas le déranger. Il n'y avait aucune trace d'elle. Aucune.
Olivier descendit les escaliers le plus calmement possible. Il ne désirait pas réveiller ses parents et encore moins les angoisser: Violet ne devait pas être très loin...
Il s'arrêta dans la chambre qu'avait occupée Holly et qui était désormais vide. Il ouvrit la porte de la salle de bain. Toujours personne. Olivier traversa le salon. Puis la salle à manger. Il se dirigeait dans la cuisine quand un courant d'air frais l'attira ailleurs.
La porte d'entrée était ouverte. Violet était sortie, voire partie.
Pendant un laps de temps, il craignit le pire pour Violet. Il craignit qu'elle ait fui et qu'il ne la reverrait plus jamais. Un étau de peur écrasa les bords de sa trachée. Il ne lui restait que l'espoir qu'elle ne soit pas loin.
— Accio balai.
Il était prêt à voler autour du monde pour la retrouver.
Son élan de détermination fut soulagé quand il remarqua Violet dans le sable. Le rayon lumineux de la pleine lune se concentrait sur Violet, comme lors de leur entrée sur le terrain. Elle était assise dos à la maison. Ses boucles blondes étaient ébouriffées et il était capable de discerner l'agitation de son corps. Il l'entendit renifler. Avait-elle enfin accepté d'écouter ses émotions?
Il s'avança malgré la fraîcheur de la nuit. Une vague claqua. Il trouva place à côté de Violet, mais elle s'éloigna de lui. Il tourna la tête vers elle. Violet pleurait. Enfin. Son visage était baigné de larmes, boursoufflé. Son cœur se serra de ne pas avoir été là tout de suite.
— Je suis là, ma Violet, murmura-t-il.
— Pas eux, répondit-elle dans un sanglot. Ils ne sont plus là. Ils ne sont plus là, Olivier.
— Je sais, je sais.
— Ça fait mal!
Les mots manquèrent à Olivier. Violet avait passé un cap dans son deuil. Il n'osait imaginer ce qu'elle ressentait. Aucune parole ne pouvait soigner une telle blessure. Il essaya de se rapprocher pour l'éteindre, mais elle se leva d'un coup.
— J'AI MAL! cria-t-elle, totalement meurtrie.
Tout était de trop dans le corps de Violet. Trop de pensées. Trop de tristesse. Trop de peur. Trop de colère. Trop de culpabilité. Trop de regrets. Elle était tourmentée par une explosion d'émotions qui l'assénait d'un coup supplémentaire à chaque apparition.
Elle aurait tant aimé mettre ses pensées en pause. Elle aurait tant aimé retrouver le vide. Elle s'en était toujours sentie incomplète, mais il lui évitait cette torture.
Cependant c'était impossible, Violet ne contrôlait ses pensées. Elles étaient inarrêtables.
Jamais elle ne pouvait y arriver tant qu'elle ne pouvait oublier.
Oublier.
C'était donc ça la solution. Il fallait qu'elle oublie. Une fois tout disparu, elle pourrait reprendre le cours de sa vie. Et Olivier pouvait l'aider. Elle s'avança – sans le toucher – et planta ses yeux dans les siens.
Les fils qui, autrefois, les reliaient et les avaient attirés l'un à l'autre n'étaient plus rien. Ils les avaient déchirés. Il ne restait que ceux qui l'abattaient. Jamais, ils ne la relèveraient.
— Obliviate-moi, déclara-t-elle.
La demande de Violet laissa de marbre Olivier, était-elle vraiment en train de lui demander ça?
— Obliviate-moi, s'il te plaît, le priait-elle.
— Non, Violet, refusa-t-il sans oser la regarder. Je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça.
Le vent fouettait leur visage. De grosses bourrasques les giflaient. Le sable picotait leur peau. Seul le claquement des vagues accompagné leurs voix. Violet regarda autour d'elle. Elle observa cette plage. Elle savait qu'ils avaient eu de bons souvenirs ici, mais elle n'en aurait plus aucun. Tout ce qu'elle voyait était des souvenirs. Sans eux. Elle les voyait étendus sur la plage comme…
Non.
Olivier. Il lui refusait sa demande. Il lui refusait car il ne comprenait pas. Elle était certaine qu'il ne comprenait pas sinon il aurait accepté. Il devait savoir ce qu'elle ressentait, il devait savoir qu'une douleur atroce menaçait de l'abattre si elle n'oubliait pas.
— J'AI MAL, OLIVIER! J'AI MAL! hurla-t-elle plus fort, mais ça ne faisait qu'amplifier cette souffrance insurmontable.
Elle avait tellement mal. Chacun de ses membres la tiraillait. Chacun de ses organes se tordait. Chacune de ses pensées la détruisait. L'intérieur était pire que tout. C'était simple. Elle mourrait intérieurement.
Les larmes d'Olivier perlaient sur son visage. Elles grattaient ses joues, mais il ne pouvait les arrêter. Pour la première fois en dix ans, il ne savait quoi faire pour l'aider. Car il souffrait aussi, mais Violet… Ce n'était plus de la souffrance. Il n'avait aucun mot pour décrire son état.
— S'il te plaît, s'il te plaît, répétait-elle, affligée.
Pour Violet, Olivier avait toujours été prêt à tout. A cet instant, il savait ce n'était pas possible.
Plus que tout, il souhaitait apaiser sa souffrance. Il l'aurait fait, s'il en avait eu les capacités, mais en aucun cas il ne devait l'effacer. Il s'avança. Elle recula, encore. Elle l'évitait. Peut-être qu'il lui rappelait trop ces personnes qu'ils avaient perdues. Peut-être ne voudrait-elle plus de lui pour ne plus avoir à penser à eux.
Il devait lui expliquer qu'il ne pouvait pas lui infliger cela.
Il accepterait n'importe laquelle de ses demandes. Il refusait de partir de lui-même. Mais si elle lui demandait car c'était le mieux pour elle, alors, il était prêt à le faire. Aussi douloureux cela serait.
Mais ça? L'obliviater? Jamais.
— Ma Violet, je suis désolé, mais je ne peux pas. Je ne peux pas te les faire oublier. Je ne peux rien t'enlever. C'est horrible. C'est dur, mais je n'en ai pas le droit.
Il lui refusait. Encore. Des spasmes parcoururent Violet. C'en était trop. Il fallait qu'elle trouve un moyen de les faire sortir.
On n'a plus Marraine. On n'a plus Parrain. On n'a plus Oncle Patmol. On n'a plus Tante Do et Tante Mary. On n'a plus Granny et Grandpa. On n'a plus papa et maman. On n'a plus personne.
Elizabeth avait tout perdu et Violet n'avait plus rien non plus.
Du sang.
Les murs de Poudlard réduits en poussière.
Sa meilleure amie et son meilleur ami disparus.
Teddy était orphelin. Par sa faute.
Du sang.
Morte. Elle était morte avant de revenir. Mais une partie d'elle était restée là-bas.
« Où est Erine?»
Elle avait perdu leur enfant.
Tous ces draps blancs les uns à la suite des autres.
« Avada Kedavra»
«ELIZABETH LILY POTTER! TU VAS AVEC MAMAN!»
Elle détestait Poudlard.
Du sang.
Toutes ces émotions négatives, elle les avait ressenties quand elle mourait. Toute cette peine. Toute cette colère. Toute cette tristesse. Toute cette souffrance. Elle mourrait à nouveau. Contrairement à la dernière fois, elle ne reviendrait pas. Elle avait essayé, elle n'en était pas capable.
Et si Olivier ne voulait pas la faire oublier, c'était elle qui devait trouver la solution. Car c'était insupportable. Elle ne pourrait jamais vivre avec tout ça.
Elle devait mourir ou que la souffrance disparaisse. L'un ou l'autre. Peu importait, elle ne pouvait continuait ainsi.
Quand elle sortit sa baguette et qu'Olivier la vit la diriger vers son bras, il ne réfléchit pas à savoir si elle avait récupéré sa magie ou non. Il eut beaucoup trop peur:
— Expelliarmus!
Il attrapa la baguette en vol. Violet se trouva figée. Il eut un infime espoir. Pendant un court instant, il fut persuadé qu'il allait enfin pouvoir la raisonner. Olivier se désespéra. Il avait fait pire que mieux. Violet passa ses mains sur son visage. Le ventre d'Olivier se retourna quand il constata les traces de griffures.
— Obliviate-moi, obliviate-moi, obliviate-moi.
Elle ne contrôlait plus rien. Elle était beaucoup trop brisée.
Que devait-il faire? Lors des dix dernières années, elle avait connu les pires états. Mais, jamais, Olivier ne l'avait vue ainsi. Au bout de la rupture. Il aurait aimé que ça continue. C'était un cauchemar.
Les ongles de Violet transperçaient son visage, scarifiant tout sur leur passage. Ses joues devenaient rouges. Des griffures la marquaient. Elle saignait. Violet saignait. Elle se mutilait et il n'était pas certain qu'elle s'en rendait compte.
— Obliviatemoi, oblivatemoi, obliviatemoi, répétait-elle en boucle.
Il aurait dû l'arrêter. Olivier aurait dû lui attraper la main et la bloquer. Il aurait dû lui lancer un sortilège. Il aurait dû, mais il était paralysé. L'horreur le pétrifiait. Les doigts de Violet démarrait de son front, ils se contractaient et descendaient jusqu'à son menton. Elle répétait ce geste. Inlassablement.
— Obliviatemoiobliviatemoiobliviatemoi, marmonnait-elle.
Olivier s'avança. Elle ne réagit pas. Il effectua un pas supplémentaire. Plus que quatre. Il s'abaissa. Il réussit à capter ses yeux. Il n'eut pas le temps d'y lire quoi que ce soit qu'elle hurla. Si fort, qu'il crut que la Terre avait tremblé.
— OBLIVIATE-MOI!
Toutes les fenêtres de la maison explosèrent. Les éclats de verre tintillèrent quand ils s'écrasèrent au sol. Les lumières alternaient entre éteintes et allumées, si rapidement qu'Olivier ne savait pas s'il faisait sombre ou jour.
Le sable autour d'eux s'éleva dans les airs. La puissance de la détresse dans la voix de Violet lui brisa le cœur. Chaque morceau se détachait, parcourait son corps pour tomber à ses pieds. Pourquoi ne pouvait-il pas l'aider? Il prit conscience de tout et les parties de son cœur s'échappèrent plus vite.
Violet avait, inconsciemment, éteint sa magie. Désormais, sa magie la rattrapait. Violet ne contrôlait plus sa magie. Et si elle ne contrôlait plus sa magie, elle devenait dangereuse pour elle. Pour eux tous.
Des pas précipités se dirigèrent vers eux. Olivier comprit que ses parents arrivaient, réveillés par les cris et l'explosion. Il se tourna vers eux et vit leur expression pleine de frayeur. Il les arrêta quand ils le dépassèrent pour approcher Violet.
— Laissez-la, les arrêta-t-il.
Un écho résonna dans sa tête, il entendit encore et encore le discours que Remus lui avait prononcé quatre ans plus tôt: «Je te fais confiance. Je sais que tu la connais et je sais que tu te connais. Tu connais tes limites et tu es capable de te remettre en question ou de demander de l'aide si cela est nécessaire.»
Il devait prouver à Remus qu'il avait eu raison. Alors à contre-cœur, Olivier sut qu'il n'y avait plus qu'un choix à faire.
— Appelez Sainte-Mangouste, demanda-t-il à ses parents et sa mère transplana immédiatement.
Jamais, il n'aurait dû en arriver là. Il en avait honte. Il n'avait juste pas le choix, c'était beaucoup trop pour lui. Il avait l'impression de la trahir, mais que pouvait-il faire de plus? Elle avait besoin d'aide. Elle les appelait à l'aide, mais ça le dépassait. Il n'était pas cette personne qui pouvait lui apporter.
— S'il te plaît, Olivier, s'il te plaît. Je ne peux pas vivre avec ça.
Le sable tourbillonna autour de Violet. Il l'enveloppait, comme un bouclier. Il dansa autour d'elle, puis les grains de sable s'écoulèrent comme un jour de pluie, ou comme un sablier où le temps leur était compté. Il était trop tard.
— C'est trop dur et j'ai trop mal. Obliviate-moi.
Un air compatissant et peiné se dressa sur le visage de son père. Il venait de comprendre ce qui se jouait sur la plage de Dauphy's Sea, habituellement si paisible. Olivier ne s'y attarda pas. Il voulait faire un dernier essai. Peut-être avait-il encore une chance de la sauver.
Il s'approcha avec délicatesse de Violet. Il s'arrêta à deux pas d'elle. Il lui tendit la main et il ferma les yeux. Il espérait sentir ses doigts sur sa peau. Il espérait qu'elle saisisse sa main. Il pourrait la prendre dans ses bras et l'apaiser.
Rien ne vint.
Alors il ouvrit les yeux. Elle fixait avec tristesse – et beaucoup de peur – de sa main tendue. Olivier s'accrocha aux lèvres en mouvement de Violet. Elle prononça d'une voix brisée et désespérée:
— Je ne peux pas te toucher, sinon tu vas mourir toi aussi.
Alors qu'il croyait que son cœur était brisé, Violet lui assénait le coup fatal. Toutes les miettes de son cœur se retrouvèrent piétiner. Les larmes brûlèrent un peu plus son visage.
Le problème était loin de venir de lui. Non. Elle cherchait à le protéger. Elle voulait être avec lui, mais elle avait peur, peur de le perdre aussi.
Plusieurs plop survinrent. Sa mère ainsi que trois Guérisseurs de Sainte-Mangouste apparurent. Les Guérisseurs échangèrent quelques mots avec ses parents, puis l'un d'eux tendit sa baguette.
— Stupefix.
Le sortilège d'endormissement toucha Violet, Olivier se précipita pour la rattraper. Il la porta et la posa sur le brancard qui lévitait vers eux. Il écarta quelques-unes de ses mèches blondes pour accéder à son visage. Il déposa un long baiser sur son front. Il avait promis de ne pas la lâcher et il craignait de le faire. Il avait promis de ne pas la lâcher, mais il n'avait plus le choix.
— Je t'aime, murmura-t-il avant de terminer son baiser.
Les Guérisseurs transplanèrent à nouveau, emportant avec eux Violet.
Dès qu'elle disparut, Olivier s'écroula sur le sol. Inconsolable. Ses mains recouvraient son visage, récupérant les larmes se déversaient. Rien n'allait. Rien.
Il avait fait taire Fred. Il avait perdu Erine. Maintenant il trahissait Violet. Il s'en voulait, terriblement. Un sanglot le secoua. Jamais, il ne pourrait se pardonner.
Plus que tout, il avait peur de ne jamais retrouver la personne dont il était tombé amoureux.
Son père s'accroupit près de lui et enroula son bras autour de ses épaules avant de tenter de le convaincre par une seule phrase:
— Tu as fait ce qu'il fallait, Oli.
Aucun d'eux ne ferma l'œil du reste de la nuit.
Ses parents lui avaient préparé un thé brûlant et ils s'étaient installés dans le salon. Ils avaient peu parlé. Seuls ses parents n'avaient cessé de répéter qu'il s'agissait de la meilleure solution: Violet souffrait d'une trop grande douleur.
Olivier savait qu'ils avaient raison, sans quoi jamais il n'aurait pris cette décision. Mais une multitude de questions ne cessaient de le tracasser. Comment allait-elle? Que lui avaient-ils prescrit? Que lui faisaient-ils? Comment réagissait-elle?
Il s'inquiétait. D'autant plus qu'il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait été si loin d'elle pour si longtemps. Ou plutôt un temps indéterminé.
Ce matin-là, Olivier ne mangea rien. Il n'avait aucun appétit. Pour la première fois, ses parents ne le forcèrent pas. Il gagna sa chambre. Il se retrouva sous la douche froide, mais elle n'eut aucun effet sur lui. En sortant de la salle de bain, il fut attiré par les bijoux de Violet.
Il y avait ce collier avec le pendentif souafle qu'il lui avait offert il y a presque sept ans. Il y avait la bague de fiançailles et le collier de madame Potter que Violet portait depuis deux ans maintenant. Il sourit. Elle avait été si heureuse. Ils avaient été si heureux.
Arriveraient-ils à ressentir, à nouveau? Ne serait-ce qu'un dixième du bonheur de ce jour?
Il attrapa les trois bijoux et les rangea dans la petite boîte blanche qu'il avait gardée dans un tiroir. Il l'enfonça dans sa poche et descendit les marches pour se diriger vers la cheminée. Ses parents l'arrêtèrent.
— Où vas-tu? demanda sa mère.
— Chez les Weasley. Je dois leur dire. Je vois voir Andromeda et Ted. Et Holly, Holly doit savoir aussi.
— Hors de question, Olivier. Tu restes ici, lui ordonna son père comme s'il avait de nouveau onze ans.
— Papa, j'ai vingt-deux ans. Je peux…
— Je sais que tu es un adulte, soupira son père. Ce n'est pas par rapport à ton âge que je te dis ça. Tu es un adulte, mais tu restes un humain. Tu encaisses tout depuis trois semaines. Tu ne peux pas tout porter sur tes épaules. Je ne peux pas laisser mon fils se noyer car il a trop de poids à porter. Tu ne peux pas couler avec eux. Avec Violet. Donc, je te demande de rester ici avec ta mère et je vais m'occuper d'aller chez les Weasley, est-ce bien clair?
Le ton et l'attitude de son père ne lui accordaient aucune autre possibilité. Il croisa le regard de sa mère qui le suppliait de rester ici alors il s'avoua vaincu. Il laissa son père se charger de cette annonce.
Depuis des mois, Sebastian et Ruth s'étaient torturés l'esprit au sujet de leur fils et de Violet. L'ambiance chez le frère et la belle-sœur de Sebastian n'avaient rien arrangé. Philipp et Marie-Charlotte avaient des idées bien définies, de personne n'ayant pas vécu cette guerre. De personne n'étant pas touché. Ils ne réalisaient pas l'ampleur. Ils ne réalisaient pas les morts, les disparus et les blessés. Ils compatissaient, mais ne réalisaient pas à quel point des humains étaient touchés. A quel point des membres de leur famille étaient en danger.
Dès l'annonce de France Hibou sur l'existence d'Elizabeth Potter toujours en vie, Sebastian et Ruth avaient su. Ils avaient su qu'ils avaient hébergé chez eux la fameuse Elizabeth Potter. Ils avaient su qu'elle était fiancée avec leur fils. La confirmation en mars les avait laissés de marbre. Philipp et Marie-Charlotte s'étaient outrés. Ils pensaient qu'il était préférable de déclarer la vérité aux forces de l'Ordre. Sebastian s'était interposé. D'habitude calme, il avait menacé son frère et sa belle-sœur de ne même pas essayer. Il avait fait de même avec son neveu et sa nièce. Qu'ils ne se mêlent pas de cette guerre qui ne les avait pas intéressés avant ça.
Il avait été convaincant.
Ces deux derniers mois avaient été les pires. Ils craignaient que Dauphy's Sea soit découvert. Que Violet soit découverte. Que ses amis ne la défendent. Qu'ils soient touchés. Chaque jour, ils avaient eu peur de perdre leur fils unique. Violet et les membres de ce petit groupe qu'ils avaient vu grandir.
La Bataille de Poudlard avait fait rage. Ils n'avaient pas été tenu au courant, sans quoi ils auraient rejoint Poudlard dans la seconde. Ils n'avaient appris que les conséquences et les douleurs. Les pertes de Fred et d'Erine les avaient impactés. Comme s'ils avaient perdu un enfant. Ils avaient eu de la peine quand Olivier avait évoqué la fausse-couche, provoquant des mauvais souvenirs.
Tous ces maux, rien face à celle du jour. Leur fils dépérissait et cette vue était atroce pour Sebastian et Ruth qui avaient toujours tout donné pour le bonheur de leur fils. Olivier était la récompense de leur amour, ils en avaient assez pour le combler à vie. Depuis la naissance d'Olivier, ils s'étaient promis de prendre soin de leur fils et de lui offrir le meilleur environnement pour qu'il s'épanouisse tel qu'il était. Ils avaient réussi. Jusqu'à aujourd'hui. Ils ne pouvaient contrôler les événements. Il y avait des épreuves obligatoires, ces passages qui devaient être surmontés avec émotions. Sebastian et Ruth suivraient les décisions de leur fils, en l'accompagnant et le soutenant. Sebastian n'avait pas menti. Il serait là pour Olivier et pour la fille qu'il aimait depuis toujours. Violet était leur fille de cœur, ils seraient là pour elle.
C'était donc avec évidence que Sebastian avait répondu à la volonté de son fils. Ainsi, il prenait soin de son fils. Sebastian le préservait et il respectait Violet.
Sebastian Dubois connaissait Arthur Weasley du Ministère et par l'amitié qu'entretenait leurs fils. Cependant, il n'avait jamais assez eu de lien pour qu'ils se reçoivent mutuellement. C'est pourquoi son arrivée chez les Weasley se trouva être une vraie surprise. Leur maison était un vrai chaos, non pas de manière péjorative – Sebastian ne se serait jamais permis un tel jugement –, mais par le nombre de personnes ici présentes.
D'autant plus que la pièce dans laquelle il avait atterri devait être la pièce à vivre et il ne faisait aucun doute que des personnes y vivaient. Il n'eut pas les temps de détailler plus longuement les lieux que la voix d'Arthur l'interpella:
— Dubois, que faites-vous ici?
Sebastian reconnut sans aucun mal Molly Weasley ainsi que Percy qui était dans la même promotion qu'Olivier, une jeune femme aux boucles blondes lui tenait la main. Il reconnut aussi Harry – le frère de Violet – qu'il pensait en Australie avec Ron, Hermione. Il y avait Ginny s'il se souvenait bien. Dans un coin, pourtant attentif, il vit Charlie Weasley qu'il avait rencontré à la Coupe du Monde de Quidditch et qui avait sélectionné Olivier il y a plusieurs années de cela maintenant.
Tant de regards inquiets dans sa direction et Sebastian fut bien heureux d'être venu à la place de son fils. Des pas s'approchèrent et George apparut. Celui qui venait de perdre son jumeau et sa fiancée paraissait être un vrai fantôme. Sebastian ne trouva plus la malice sur son visage.
— Nous avons appelé Ste-Mangouste cette nuit, annonça-t-il. On a dû faire hospitaliser Violet.
— Oh Merlin! s'exclama George tandis que la plupart des personnes portaient leurs mains à leur bouche.
— Je l'avais dit! s'emporta Harry. Je vous l'avais dit! Je vais la voir!
— Non! l'arrêta la voix blanche de George, pourtant une autorité s'en dégageait. Tout le monde ici t'a demandé d'arrêter. Tu n'es pas le seul à vouloir la voir et Olivier n'aura pas besoin de «je te l'avais dit»!
— C'est ma sœur…, s'imposa Harry.
Harry était aussi inquiet qu'eux. George ne pouvait lui vouloir, mais il était fatigué. Il perdait pied alors il capitula car il n'était plus capable de se battre. Il marcha pour s'asseoir près de Charlie, mais Ginny l'attrapa par le bras:
— Attends, lui demanda-t-elle.
Sa petite sœur se tourna vers Harry avec sévérité, mais d'un calme Dumbledorien.
— Harry… S'il t'arrivait quelque chose et que j'avais besoin de soutien, préférerais-tu que Hermione soit là ou Violet?
Harry alla répliquer. Il ouvrit la bouche avant de la fermer aussitôt. Tout le monde sut que Ginny avait raison.
— En ce moment, Olivier a plus besoin de George que de toi. Maintenant, il n'est pas question de Violet, il est question d'Olivier. George et Olivier te tiendront au courant et t'inviteront à venir quand ils en sauront plus.
D'une esquisse de sourire, George remercia sa sœur. Il se tourna vers Sebastian et l'interrogea:
— Comment va-t-il?
— Il est totalement effondré, admit Sebastian n'ayant jamais vu son enfant ainsi.
— Je vous suis, dit George. Harry, Hermione et Ron, pouvez-vous prévenir Andromeda et Ted? Ginny et Pénélope, allez chez les Green. Ils vous connaissent, ce sera plus simple pour eux… Je vais voir Olivier.
Aussitôt, Sebastian salua tout le Terrier. Tous les deux disparurent dans la cheminée pour retrouver Dauphy's Sea. Ils n'eurent pas le temps de demander où était Olivier que Ruth arriva, préoccupée:
— Il ne pouvait pas rester sans nouvelle de Violet.
Obliviate = Oubliettes en français. Les lecteurices d'EVAG en sont familier-es. Oups, ahah.
Bref.
A la toute base, l'enchaînement avec la suite devait être plus rapide. Un jour de 2021 (ça commence à dater, en fait), je faisais la vaisselle et j'ai le cri puissant de Violet "Oblivate-moi" qui a percé mes oreilles. J'ai vu le sable voler et les fenêtres explosées et nous y voilà. Je pense que c'était une évidence qu'elle passe par cette étape (petit parallèle à la prévention donnée par le Professeur Flitwick dans le Tome 2, Chapitre 23).
Pensez-vous la décision d'Olivier légitime ? Et celle de Sebastian ? Ou aviez-vous imaginé une autre issue ?
Et maintenant... Quelles sont vos hypothèses sur la suite ?
Au prochain chapitre "Ensemble" : Alors que Violet est prise en charge dans une nouvelle unité de Sainte-Mangouste, Olivier et George pensent aux conséquences et à l'avenir qui les attend.
Si vous voulez soigner votre petit coeur, un OS est disponible dans le tome Bonus (si vous ne l'avez pas encore lu).
Et, euh... Je n'ai plus que deux chapitres sous la main (oui, oui...) dont un de 20k mots (ouaip). Donc on en a encore pour un mois (un mois et demi, si je ne vous mets pas les 2 parties du chapitre 20k mots d'un coup). Je fais de mon mieux pour la suite. Mais je viens de finir mon roman, je dois le relire. Après ça, j'aurais plus de temps, MAIS (encore, oui), j'ai toujours Into The Fire à avancer ET j'ai eu une idée de fanfiction sur Esprits criminels (j'en ai marre de moi. Je pensais réussir à la mettre à la poubelle, mais... ELLE ME HANTE).
Sur ce, à bientôt ! (coeur)
