Lorsque Panorea ouvrit les yeux, l'aube rougeoyait. De son lit, à travers la fenêtre crénelée du dortoir, elle aperçut les sommets des montagnes qui sortaient peu à peu de la nuit. Elle huma l'air charrié par la mer, le parfum frais des cistes et des oliviers. Elle se leva, et sortit du baraquement où dormaient encore ses compagnes pour admirer le soleil sanglant qui déchirait les ténèbres. Vue du dortoir des disciples, l'Ile Sacrée s'effondrait dans la mer, ses côtes escarpées, ses falaises infranchissables bordées de mille essences, lancées comme des flèches vers l'horizon brumeux. Panorea souriait à mesure que le soleil s'élevait dans le ciel. L'impatience excitait ses jambes et tendait ses muscles, comme un tremblement subtil, entre la peur et la joie. La Grande Arène l'attendait.
L'appel strident de Shaina rompit sa contemplation et la fit frissonner d'agacement. A contre-coeur, elle rentra dans le baraquement et s'assit à la table commune pour déjeuner d'un peu de pain, de fromage de chèvre et de quelques olives. Les mines encore molles de sommeil mangeaient en silence, au seul bruit de leurs maxillaires et des frottements de paupières. Plissant les yeux, Panorea rongeait rapidement son pain en s'agaçant de ces visages endormis, et lorgnait sans cesse vers la sortie. Elle cracha ses derniers noyaux d'olives et se leva si vite que le banc s'ébranla, au grand dépit de ses voisines de table. Une jeune et jolie Mandchoue à l'air impertinent pinça les lèvres en la foudroyant du regard, auquel elle répondit par un sourire de loup.
En dépit de sa hâte, elle fit un détour par une salle chaude et hermétiquement fermée, au dallage de pierres rugueuses, où reposaient de vastes baquets d'eau froide et tiède. Tirant de l'eau du seau le plus glacé, elle s'aspergea le visage en laissant les gouttes ruisseler sur ses cheveux et sa poitrine, et l'espace d'un instant, alors que les rides de l'eau s'estompèrent, elle se pencha et contempla son propre reflet avec gravité.
L'entraînement avait rendu son corps mince et androgyne. Eté comme hiver, celui-ci conservait la morsure du soleil, qui avait fait de sa peau une terre sèche couleur de bronze. Son visage, en se tendant sous l'effet de l'effort ou de la colère, devenait ascétique, ses yeux plus perçants, des creusets où étaient enchâssées deux aigue-marine aux lueurs tour à tour vertes ou bleues, rehaussées par les sombres boucles de ses cheveux. D'ordinaire indifférente à son image, Panorea en ce jour cherchait dans son reflet une confirmation. Au sourire qu'elle se fit, on pouvait penser qu'elle la trouva. Elle sortit, et sur le seuil du baraquement, laça ses sandales haut et fort.
Le ciel s'était désormais drapé de ce bleu dur sans nuages. Vers lui s'élançaient les pitons aux couleurs crayeuses recouverts de maquis qui encerclaient la vallée du Sanctuaire. Panorea respira profondément l'air pur de ce toit du monde, et sentit son coeur battre à l'unisson de la nature. La chaleur palpitait déjà dans le coeur de la montagne, et elle la sentait monter sous ses pieds, dans ses chevilles, l'irriguer comme une sève nouvelle. La blancheur des pierres allait bientôt rendre l'atmosphère insupportable. Elle s'engagea sur un chemin où les herbes folles s'entremêlaient aux pavés de porphyre, et celui-ci la mena rapidement au vaste escalier de marbre qui, comme une veine unique, traversait le Sanctuaire de part en part depuis la mer jusqu'au temple d'Athéna.
Au loin, une colonne de jeunes garçons gravissait l'escalier avec de grands éclats de voix aux trémolos mal maîtrisés. Elle reconnut d'abord Astarius, grand adolescent nerveux aux muscles secs et noueux, aux yeux vairons et aux cheveux d'un brun rendu fade par la saleté, qui faisait l'espoir et le désespoir de son maître Shura, prometteur par son extrême rapidité, décourageant par son manque total d'implication. L'exact opposé du rayonnant Amphiaraös, le disciple du Scorpion, qui riait aux éclats en se battant et dont l'oeil pétillait à la vue du sang. Sa main tentait de serrer discrètement celle de Polyeucte, disciple de Camus, timide et délicat, qu'il prenait soin de ne pas regarder. Amphiaraös était à Polyeucte ce qu'Alexandre était à Héphaïstion, ce qu'Achille était à Patrocle. Panorea sourit. Elle les aimait d'être aussi beaux et les enviait d'être ensemble, sans méchanceté.
A l'entrée de la Grande Arène, Panorea aperçut une rousse toison irradiant au soleil et courut vers elle. Kikieon la prit dans ses bras et l'embrassa bruyamment sur les joues. Du courageux garnement aux cheveux broussailleux qui s'amusait de ses mauvais tours, huit années d'entraînement avaient forgé un magnifique jeune homme à la longue chevelure de feu qui rehaussait ses yeux verts en amande. Son corps longiligne s'était finement musclé et dépassait en taille la plupart de ses condisciples. Son visage était un mélange parfait de douceur, de sagesse et de puissance contrôlée. Le jeune Bélier faisait la fierté de Mû et le désespoir de ses condisciples, féminins comme masculins, car rien ne semblait atteindre ce soldat inflexible et entièrement dédié à sa cause. Rien, hormis une jeune fille du même âge que lui, qui à son arrivée au Sanctuaire fut la seule à ramasser les pierres qu'il faisait pleuvoir sur elle pour les lui relancer à la figure au lieu de s'enfuir en pleurant. Les esprits les plus sagaces, ou les plus empathiques, croyaient cependant déceler une tristesse grandissante derrière ces sourires et cette respectueuse bonne humeur.
« Comment te sens-tu ? », lui demanda t-il.
Elle le dévisagea en silence, avec un sourire tremblant d'impatience et, incapable de tenir en place, se dirigea vers l'Arène. Kikieon rit devant l'inutilité de sa question. Ses pas légers martelaient le sol comme ceux d'une guerrière spartiate partant au combat.
Sous l'arche de l'entrée principale, elle se retourna un instant et jeta un coup d'oeil inquiet à l'escalier qui descendait vers les temples. Ne parvenant ni à sentir, ni à apercevoir la présence qu'elle cherchait, elle pénétra dans l'Arène.
Le vaste Colisée que le Sanctuaire avait connu avant la dernière Guerre contre Hadès ne vivait désormais que dans la mémoire de ses vétérans. Une partie du mur d'enceinte avait été détruit durant la bataille du Sanctuaire, le divisant en deux pour lui laisser la forme d'un amphithéâtre. Les quatre-vingts huit rangées du koilon s'adossaient à une colline couronnée de pins et de hêtres, et les derniers rangs étaient encadrés de colonnes en ruines surplombant l'orchestra. Derrière elles, le soleil dardait impitoyablement, et Panorea dut se protéger les yeux pour chercher dans les rangs des visages connus. Les travées s'emplissaient rapidement d'une marée humaine bruyante et bigarrée, impatiente de beaux combats. Aux derniers rangs, se trouvaient ceux qui, parmi les chevaliers de Bronze, avaient choisi de rester au Sanctuaire. Plus bas, les chevaliers d'Argent, arrogants et hostiles indépendamment de leur genre et de leur ancienneté, caractères qui créaient entre eux une étrange parenté aussi forte que les liens du sang. Là, enfin, aux premiers rangs de l'Arène, la jeune fille vit arriver par vagues successives l'aîné des Gémeaux, le Delphien au visage impénétrable, l'homme le plus proche des Dieux, digne et éthéré, celui que l'on appelait encore « le vieux maître » par affection, et les deux frères au regard franc et à la voix d'airain. Plus à l'écart, elle distingua l'étrange beauté dédaigneuse du dernier gardien, et la froideur trompeuse du chevalier des glaces éternelles. Elle réalisa, avec un pincement d'appréhension, que c'était tout le Sanctuaire qui était venu assister à son épreuve, trois combats avec trois autres apprentis chevaliers, parmi les meilleurs de leur génération.
Au pied des gradins, elle reconnut Shura et Milo avec leurs disciples respectifs, ses futurs adversaires. Le Scorpion encourageait Amphiaraös avec véhémence tandis que le Capricorne tenait Astarius par les épaules et lui administrait un sermon paternel qui ne rencontra qu'une froide indifférence. Petite et aussi fine qu'un jeune oiseau, Ténéa, élève d'Aldébaran, se tenait à leurs côtés et écoutait attentivement son maître colossal assis sur une marche de pierre.
Panorea les observa longuement. Qu'une distance ou qu'une forte proximité existât entre leurs maîtres et eux, tous étaient accompagnés. A cette caresse légère sur les cheveux, à ce regard plein d'encouragements, elle sentit tout l'enthousiasme et l'impatience des chevaliers, heureux de présenter les progrès des enfants qu'ils entraînaient depuis des années. Et l'amitié profonde du Taureau pour cette petite fille si menue, la complicité de Milo avec son disciple qui lui ressemblait tant, la fébrilité de Shura face à l'injuste insensibilité de son élève, étreignirent son coeur d'une douleur fugace et inhabituelle.
Attentif même lorsqu'il donnait l'impression de ne s'apercevoir de rien, le Capricorne laissa Astarius à ses échauffements et marcha vers Panorea. A travers son cosmos, elle sentait une immense bienveillance à son égard.
« Ne reste donc pas à l'écart, viens t'échauffer avec eux.
- Merci, Maître Shura, mais je préfère faire les choses à ma façon : seule. »
Le chevalier hocha la tête, et se penchant vers son oreille, lui murmura :
« Ne t'inquiète pas, il va venir. »
Elle répondit, peut-être avec trop de véhémence pour être sincère :
« Inquiète de quoi ? Je n'attends personne ! »
Imperturbable, Shura lui fit un clin d'oeil, et retourna s'asseoir sur une marche de pierre. Panorea salua les deux autres chevaliers d'un furtif mouvement de tête. Elle sentit l'amitié joyeuse d'Aldébaran à sa vue, et la contrariété méfiante de Milo, qui la suivit du regard tandis qu'elle commençait à s'échauffer et à faire craquer ses articulations. Ténéa la salua gentiment, mais Panorea ne lui accorda qu'un bref sourire. Amphiaraös lui fit un clin d'oeil exagérément salace qu'elle ignora, tandis qu'Astarius détourna ostensiblement le regard. Elle le fixa jusqu'à ce qu'il ait enfin levé vers elle ses yeux délavés et torves, emplis de mépris. Le subtil tremblement qui trahit la colère et engourdit les membres commençait à envahir ses veines. Elle s'éloigna aussi loin que possible de ses trois adversaires, se postant à leur exact opposé, dessinant négligemment sa place du bout de sa sandale sur les dalles ensablées de l'Arène. Le tracé ondulait. Elle réalisa qu'elle tremblait et espéra que personne ne s'en était aperçu.
Les gradins bruissaient désormais comme un gigantesque essaim, trépignant d'impatience et d'éclats de rire. Pour tromper l'ennui, Panorea feignit de remonter les travées du regard, toutes, une à une, et d'y chercher quelqu'un. Quelqu'un, qu'elle ne trouva pas. Refusant la faiblesse de la déception, elle croisa alors ses bras sur sa poitrine et ne bougea plus.
Un homme descendit les escaliers de pierre d'un pas ferme et tranquille, suivi par les ondulations légères d'une cape immaculée, éclatant dans la lumière du matin. Sa chevelure brillante tombait paresseusement sur les deux cornes d'or aux rondeurs douces de son armure, qui donnaient à son corps en apparence frêle un étrange sentiment de puissance et de sérénité. Parvenu au coeur de l'Arène, Mû, en silence, contempla l'assistance, puis posa sur Panorea un regard bienveillant. Elle lui répondit d'un battement de cils plus appuyé, avec une extrême douceur. Le chevalier du Bélier sourit, et sans la quitter du regard, écarta les bras avec solennité :
« Qu'elle est belle, la jeunesse qui parvient à faire face à l'adversité, qui endure et s'endurcit pour affronter la cruauté du monde ! Qu'elle est forte et pure, dépourvue d'égoïsme, dévouée au faible, fléau de l'injustice ! Panorea, prouve-nous que ton maître a bien choisi le jour où il décida de t'amener au Sanctuaire. Aujourd'hui n'est pas ta dernière épreuve. Prouve-nous ta valeur, ton intelligence et ton courage pour affronter les suivantes. »
Durant tout ce discours, Panorea avait conservé un calme absolu, bien que les veines de son cou battaient au point de lui faire mal. Les mots avaient glissé sur elle aussi légèrement qu'un insecte sur une eau calme. Rien de la grandiloquence de Mû ne résonnait en elle. Seule l'envie terrible d'en découdre et de gagner régnait dans son coeur.
Semblant attendre une réponse, Mû la regarda en silence. Elle inspira profondément, et désigna d'un doigt lancé comme une flèche Ténéa comme son premier adversaire. Astarius eut un profond soupir de soulagement lorsque les regards s'abattirent sur sa condisciple. A sa réaction, Amphiaraös se mit à rire, et s'assit tranquillement à côté de son maître. Ténéa regarda désespérément le sien pour y trouver du réconfort, et reçut en guise d'encouragement une tape ferme dans le dos qui la poussa dans l'Arène, face à Panorea dressée comme un défi à seulement quelques mètres d'elle.
Mû acquiesça, puis leva un bras vers le ciel : « Combattez loyalement, et faites honneur à vos maîtres. Au premier sang versé, ou par abandon, le combat prendra fin. Que la déesse de la Raison, de la Justice et de la Guerre vous soit propice ! »
Le silence se fit dans les travées, et Panorea soupira. Seul un vent léger murmurait à ses oreilles, seules crissaient quelques pattes d'insectes. Elle perçut au loin la respiration agitée de Ténéa, dont l'inquiétude grandissait à mesure que son adversaire s'enfonçait dans l'immobilité. La disciple du Taureau était plus jeune qu'elle, une ravissante enfant aux tresses noires et aux doux yeux, et Panorea eut un peu pitié d'elle qui tremblait tant. Elle savait aussi que sa fragilité était une illusion, elle qui pouvait fendre en deux des blocs de granit d'une taille démesurée. Mais Ténéa était affaiblie par le coeur encore tendre de son jeune âge, facilement impressionnable, et par un maître trop clément qui adaptait ses exigences aux émotions de son élève au lieu de lui apprendre à les dominer.
Panorea, je t'en prie, commence le combat…
La voix de Ténéa était un souffle dans son esprit. Panorea fronça les sourcils.
Pourquoi ? Je te donne l'avantage si tu veux, attaque-moi.
Tu es tellement plus forte que moi, je ne sais même pas quelle attaque te lancer !
Arrête Ténéa, tu sais te battre. Je n'ai pas envie de te faire mal, on s'arrêtera largement avant le premier sang. Ce n'est qu'un exercice.
Pour toi, c'est bien plus important. Je me demande pourquoi je suis là aujourd'hui !
Sans doute parce que tu es à ta place face à moi. Pense à ton maître, fais-lui plaisir!
Nul n'avait entendu les deux jeunes filles. Ténéa se retourna vers son maître, qui fronça les sourcils d'un air interloqué. Elle lui sourit, et soudain disparut.
Une exclamation de surprise saisit les spectateurs. Parfaitement sereine, Panorea se concentra et visualisa l'Arène comme l'envers d'un décor grâce à son cosmos. Les mouvements dans les gradins se figèrent, l'ambiance s'assombrit, et elle distingua nettement Ténéa courant au ralenti. Sa disparition n'était que feinte, elle était toujours dans l'Arène, mais courait à une telle vitesse que la plupart des chevaliers et jeunes disciples encore trop verts ne parvenaient pas à suivre ses mouvements. Parmi les Douze, l'attendrissement le disputait à l'ennui. Ténéa faisait simplement le tour de la piste le long des premiers rangs à la vitesse du son.
Panorea sourit. Elle tendit sur son côté gauche un poing fermé, le bras perpendiculaire aux gradins. Lorsque Ténéa se retrouva à peu près à sa hauteur, elle ouvrit soudainement les doigts. L'onde de choc qu'elle avait envoyée suffit à stopper net la course de son adversaire et à la renvoyer aux pieds de son maître, qui blêmit en la voyant glisser dans la poussière. Mais Ténéa se releva immédiatement et disparut à nouveau. Panorea la vit cette fois sauter de pierre en pierre entre les places restées vides dans les gradins, rendant impossible toute attaque frontale. Elle s'impatienta, et comme tirée de sa tranquillité, passa la vitesse du son à contre-coeur pour intercepter l'enfant.
Mais lorsque Panorea apparut devant elle alors qu'elle s'élevait dans les airs, la disciple du Taureau inclina son buste, accéléra et saisit Panorea à bras le corps pour les précipiter toutes deux au sol dans un bruit de chute mat. Des éclats d'approbation et quelques applaudissements réjouis accueillirent la botte. Agacée d'avoir été jouée, Panorea rejeta violemment Ténéa d'un coup de pied et lui asséna une nouvelle onde de choc, cette fois de manière continue. Croisant ses bras devant son visage, son adversaire résista fermement sur ses appuis, ne reculant que de quelques mètres sans vaciller.
Aldébaran se pencha en avant, les yeux rivés sur le combat et le coeur battant devant la ténacité de son élève, tandis que les autres chevaliers trouvaient un intérêt nouveau à l'affrontement. Panorea maintint sa pression et l'augmenta, furieuse de voir l'enfant lui résister. Son aura commença à changer de couleur, et ses yeux si clairs s'assombrirent. Ténéa, que la fatigue commençait à saisir, prit soudainement conscience qu'elle avait été plus loin qu'elle ne le souhaitait et eut peur de cette colère grandissante. Mais céder sous sa pression, c'était prendre le risque d'être littéralement éjectée de l'Arène, sans pouvoir anticiper son état. Disparaître soudainement, celui de laisser l'onde de choc frapper l'assistance. Gagnée par la panique, Ténéa choisit pourtant la seconde solution. L'onde se propagea alors à grande vitesse jusqu'aux premiers rangs, mais finit sa course dans les airs sous l'impulsion d'Aldébaran qui la rejeta d'un coup de main, épargnant ainsi les spectateurs tétanisés. Décidant de mettre fin au combat, Panorea augmenta sa vitesse et saisit Ténéa au vol, l'abattant brutalement au sol, une main autour de sa gorge.
« Tu arrêtes ? lui demanda Panorea d'une voix calme.
- J'arrête. » Epuisée, transie par le choc, Ténéa ferma les yeux et laissa les premières larmes couler.
Panorea la libéra lentement de son étreinte, et eut un regard aimable pour Aldébaran. Le Taureau la salua rapidement de la tête, mais serrait les poings au point que ses phalanges étaient devenues blanches. Lorsque Ténéa se leva péniblement et se retrouva devant lui, tête basse et couverte de poussière, il lui saisit la main, passa ses larges bras autour de ses épaules et l'écrasa contre son torse sans dire un mot. Se sentant protégée, l'enfant pleura sans un bruit, et Shura eut pitié d'elle lorsqu'elle le regarda fixement de ses yeux grand ouverts et humides.
A peine fatiguée, Panorea retourna à sa position initiale d'un pas nonchalant. Mû attendit sa seconde désignation. Elle vit la haine d'Astarius dans ses pupilles rétrécies. Le disciple du Capricorne avait anticipé que Ténéa ne ferait pas le poids. Mais il espérait encore qu'un autre fasse le travail à sa place. Comme si elle avait entendu ses pensées, et tout en le fixant du regard, Panorea désigna Amphiaraös du doigt. Ravi du choix, celui-ci sauta prestement sur ses pieds, et se retourna en souriant vers les spectateurs qui l'applaudirent à tout rompre. Un second soleil apparu au coeur de l'Arène n'aurait pu créer davantage de joie, tant le disciple de Milo incarnait la jeunesse radieuse, à la chevelure et au rire éblouissants. Panorea elle-même, en dépit de son intense concentration, ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.
Ostensiblement, il se débarrassa de ses brassards en cuir, qu'il désignait au public avant de les jeter sur le banc de pierre. Il fit de même avec ses spallières, mais Astarius, qui blêmissait à mesure que son condisciple se mettait progressivement à nu, lui saisit l'avant-bras : « Que fais-tu, tu es fou ? Tu veux donc qu'elle te massacre ? Par pitié Amphiaraös, fais-lui mordre la poussière mais ne te mets pas bêtement en danger! »
Le dégoût avait envahi le regard d'Amphiaraös : « Mène tes propres batailles Astarius, et garde-toi de me commander. On verra bien si Panorea arrive à me battre. Et si tu as des doutes sur tes propres capacités, rien ne t'empêche de partir. » Il retira violemment son bras et jeta un coup d'oeil à son maître. Hormis deux yeux rieurs, le visage de Milo ne trahissait aucune émotion.
Amphiaraös s'avança tranquillement dans l'Arène, osant s'approcher très près de Panorea. Il se mit immédiatement en position d'attaque et l'avertit :
« Ne crois pas que ce sera aussi facile avec moi, la belle ! Je n'ai pas besoin de fuir ou de te fatiguer, et tu ne me vaincras certainement pas.
- Tu es bien sûr de toi, c'est ta première faiblesse », répondit Panorea tout se plaçant de profil, son bras droit tendu vers Amphiaraös, la paume tournée vers le ciel, son bras gauche s'étendant derrière elle et s'arquant élégamment au-dessus de sa tête, tendue comme la corde d'un arc, prête à dégainer.
Alors la danse guerrière commença sous les yeux émerveillés du peuple du Sanctuaire. Enchaînant les roues et les coups, les parades et les rires, Amphiaraös et Panorea se frappaient et se résistaient mutuellement avec une telle fluidité que le combat paraissait irréel à la plupart des spectateurs. Leurs corps terriblement proches, leurs cheveux d'or et d'obscur presque entremêlés, leurs yeux fixés dans les prunelles de l'autre, les avaient changés en une seule créature à la rapidité défiant l'imagination, une flamme se transformant sans cesse au gré de leurs mouvements. Nul ne pouvait douter qu'Amphiaraös prendrait la suite de son maître, tant son attitude mimait la précision mortelle du scorpion. Mais d'un avant-bras, d'un coup de pied, d'un léger décalage, Panorea parait systématiquement ses attaques, feignant la surprise à mesure que son adversaire augmentait sa vitesse, parant inlassablement et contre-attaquant sans parvenir à percer sa garde, s'abaissant sur une main pour lancer un coup de pied circulaire, avant de se redresser et de voler genou en avant vers le visage d'Amphiaraös, qui en une fraction de seconde avait disparu et changé de position. Aucun ne parvenait à toucher l'autre. D'un commun accord tacite, ils finirent par se séparer pour reprendre leur souffle, tandis que l'Arène applaudissait à tout rompre.
Amusés par l'échauffement, les chevaliers d'or se regardèrent d'un air entendu. Amphiaraös et Panorea se replacèrent à bonne distance en position de combat, en se jaugeant. Leurs regards fixes s'embrasaient d'une rage primitive. Presque simultanément, les deux disciples firent croître leur cosmos. Et chargèrent, semblables à deux béliers de combat dont les cornes enroulées se heurtent en un claquement sec et vif.
Les deux disciples étaient à présent face à face, chacun bloquant les poings de l'autre, les deux pieds solidement ancrés dans le sol, et c'était désormais à celui qui aurait la puissance nécessaire pour repousser l'autre. Du même âge, d'une même rigueur à l'entraînement, Amphiaraös et Panorea s'égalaient en puissance, en rapidité, en adresse. C'était leurs ressources intérieures, c'était la vivacité de leur imagination, c'était leur envie de vaincre qui allaient faire vaciller cette balance parfaitement équilibrée.
Tendu par la concentration, Milo plus que tout autre suivait, non pas son propre disciple, mais son adversaire. La flamme dure et sagace du regard de Panorea l'intriguait. Petit à petit, à mesure que les deux disciples maintenaient l'équilibre de leurs forces, les gradins qui s'étaient agités devant leur danse guerrière retombèrent progressivement dans le silence. Chaque seconde passée chargeait l'air d'une implacable volonté, et les coeurs se sentaient étreints par une légère inquiétude, à la fois excitante et dérangeante. Nul ne prêtait attention à Astarius, qui suivait le combat avec une anxiété véritable et sentait confusément que le combat tournait à l'avantage de Panorea, qui exerça une pression plus forte sur les poings d'Amphiaraös, dont les veines saillaient sur son cou, dont le cosmos tentait de suivre les impulsions de son adversaire.
Ce qui suivit surprit même les chevaliers les plus aguerris. Car soudain Panorea relâcha toute sa pression et disparut. Déséquilibré, Amphiaraös partit en avant et tomba à genoux. Un instinct primitif lui commanda de se retourner immédiatement, et encore à terre il vit Panorea charger droit devant elle, accomplir un saut prodigieux qui la confondit avec le soleil et devait se terminer par un coup terrible porté sur lui.
Avec une vitesse et une agilité stupéfiantes, Amphiaraös fit un saut de côté pour éviter l'assaut, et prenant appui sur une main, frappa Panorea d'un coup de pied qui fendit l'air comme une faux et l'atteignit au ventre. Le souffle coupé, elle ne put que choir lourdement au sol plusieurs mètres plus loin. Amphiaraös se redressa et marcha vers elle à grands enjambées. En quelques pas, il dominait Panorea et s'apprêtait à lui porter le coup final.
Mais elle bascula lentement sur elle-même pour se retrouver face à lui, et le regarda. Etrangement, chacun sentit son cosmos diminuer d'intensité, comme une flamme bleuie qui se consume en une noire fumée sans parvenir à s'éteindre. Déconcerté, Amphiaraös s'immobilisa. Dans ces yeux amincis il ne put rien déchiffrer, ni une reddition, ni le soupçon d'une nouvelle attaque. Panorea était un souffle haletant et un regard d'eau marine devenu insondable qui le fixait et le tétanisait.
Il hésita tellement que Milo, n'y tenant plus, se dressa brutalement sur ses pieds et rompit le silence qui régnait durant toute cette phase du combat :
« Amphiaraös ! Qu'est-ce que tu attends ? L'hésitation, c'est la mort ! Elle aurait déjà pu t'achever dix fois ! »
Ce bon conseil flottait encore dans l'air lorsque son disciple comprit trop tard qu'il était tombé dans une torpeur fatale qui lui avait fait baisser sa garde. En une fraction de seconde, Milo stupéfait vit Panorea, arquant ses reins, ployant le dos, décocher un coup de poing terrible, imparable, sous le menton d'Amphiaraös. Les spectateurs entendirent en frémissant le bruit atroce des os qui cèdent et Amphiaraös tomba à genoux, les yeux agrandis par l'effarement tandis qu'il voyait son propre sang dégoûter de sa bouche ravagée et maculer les dalles de l'Arène.
A cette vue, tous les apprentis eurent un hoquet d'horreur, et Polyeucte plus encore que les autres, aussitôt réprimandé par un regard sévère de Camus qui lui commanda le silence. Milo se précipita sur son disciple écroulé au sol. Panorea se releva lentement, couverte de poussière, mais droite et fière et encore capable d'affronter le regard terrible du chevalier du Scorpion, qui se tourna vers Mû en tremblant de colère pour y chercher soutien et sanction. Il ne les trouva pas. Le Bélier conserva un masque impassible, tandis que Milo soutenait son disciple chancelant, labouré par la douleur émanant de sa mâchoire, pour le sortir de l'Arène.
Panorea n'eut aucun geste à faire pour désigner son dernier adversaire, qui serrait les poings sans parvenir à masquer son dépit. Elle avait fait exprès, exprès de le faire passer en dernier, exprès de prendre tout son temps pour lui montrer son extraordinaire rapidité, la fluidité de ses parades, son intelligence du combat. Elle le considéra paisiblement, avec une assurance qui l'enragea plus encore que la défaite d'Amphiaraös. Inspirant profondément, il sauta sur ses pieds, et sans un mot se mit rapidement en position d'attaque, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle.
Il attendit qu'elle fasse de même. Mais elle croisa les bras sur sa poitrine, et ne bougea pas. Seuls ses yeux trahissaient un mouvement. Elle cherchait encore quelqu'un du regard, tout en haut, jusqu'au soleil. Une idée alors la fit sourire. Astarius sentait ses jambes s'ankyloser, et l'impatience le gagner :
« Qu'attends-tu ? Le combat ne commencera pas tant que tu ne seras pas en position d'attaque !
- Je le suis. Attaque donc.
- Comment ça ? Tu gardes tes bras croisés sur ta poitrine! » Elle lui lança un regard amusé et garda le silence. Exaspéré, Astarius bondit en avant. Panorea ne fit pas un seul mouvement. Le coup de poing qu'il comptait lui lancer dans le ventre frappa dans le vide. Décontenancé, il chercha son adversaire d'un air perdu, tandis que de faibles rires commençaient à fuser dans les gradins. Il se retourna en tous sens, et finit par distinguer Panorea dans les rayons du soleil. Elle tenait la même position tranquille et n'attaquait pas.
« Si tu crois que tu vas me fatiguer…
- Qui sait ?
- Tu rêves ! » cria furieusement Astarius.
Il douta néanmoins un instant, aveuglé par le soleil et ne discernant nettement que les jambes de Panorea. Il tâcha de faire confiance à son instinct et courut vers elle à pleine vitesse. Mais une nouvelle fois, Panorea esquiva son coup et disparut. Les rires cette fois s'intensifièrent, tandis que Shura blêmissait à vue d'oeil. La honte brûlante dans la gorge, Astarius décida soudain de ne rien écouter et de ne rien voir. L'Arène disparut, le silence s'épaissit, seulement irradié par les vibrations de son cosmos. Malgré sa concentration, il ne parvint pas à la sentir. Cette fois, Panorea semblait avoir tout simplement quitté les lieux.
« Montre-toi, lâche ! Bats-toi ! »
Il sentit un léger souffle derrière sa nuque, et bien qu'une minuscule seconde lui suffit pour se retourner, il ne parvint pas à éviter le coup de pied aérien de Panorea, qui lui arriva en pleine poitrine et le renversa lourdement sur le sol. A peine eut-il le temps de se relever qu'elle répéta sa manoeuvre. A droite, à gauche, à l'avant, à l'arrière, elle multipliait les disparitions et les coups nets, vifs, rendant leur direction imprévisible, soudaine, dansant comme une flamme agaçante autour d'Astarius. Aucun des coups n'était fatal, mais ils l'obligeaient à des parades incessantes. Après une ultime chute qui le vit retomber une fois de plus sur le dos, Panorea, debout au-dessus de lui, le considéra avec une curiosité froide sans déceler pour autant la fureur qui grondait chez son adversaire. Se redressant d'un seul saut sur ses pieds, Astarius augmenta soudainement son cosmos avec une telle intensité que Panorea dut reculer. Elle le jaugea avec un intérêt nouveau, tandis que Shura s'inclina en avant, les coudes posés sur ses genoux soutenant son visage intensément fermé.
Astarius avait toujours eu un don pour la dissimulation, que ce soit de ses pensées, de ses sentiments, ou de sa véritable force. En cet instant, le cosmos qu'il déploya n'avait rien de commun avec ceux de Ténéa ni même d'Amphiaraös. Rapide dans son ascension, il brillait surtout d'un éclat de plus en plus insoutenable, un éclat que seuls douze chevaliers parmi tous ceux d'Athéna étaient capables d'atteindre. Pour la première fois, Panorea se sentit inquiète. Ce combat allait lui demander des ressources insoupçonnées, l'obliger elle aussi à aller au-delà de l'ordinaire. Rapidement, l'Arène fut noyée d'ondes brûlantes, celles incandescentes du cosmos d'Astarius, celles d'un sombre écarlate de Panorea. Et les deux adversaires s'élancèrent l'un contre l'autre.
A l'instant de l'affrontement, la feinte d'Astarius fut si prompte et adroite que Panorea, qui s'attendait à le voir frapper, s'y laissa prendre. Mais discrètement, alors qu'il la dépassait, Astarius tendit son bras droit le long de son corps. Depuis l'épaule jusqu'au bout de ses doigts, tous ses muscles se figèrent dans une rigidité d'airain. Joignant ses doigts en une pointe vengeresse, sa main s'éleva à angle droit et sembla cingler le flanc de Panorea. Les spectateurs aux sens les plus aiguisés crurent déceler l'espace d'une fraction de seconde une vive lumière qui émana de sa main. Il s'arrêta quelques mètres plus loin, sans se retourner. Panorea, sentant une douleur l'irradier, passa sa main sur ses côtes. Sur ses doigts couverts de sang, elle pencha un regard désarmé par la stupeur. Elle souleva sa tunique et vit entre deux côtes la trace d'une estafilade, aussi fine que la trace d'un poignard. Elle se retourna et vit le regard torve d'Astarius, ses lèvres minces étirées par un sourire satisfait.
Un bruissement de réprobation se répandit de rang en rang à travers les gradins, enfla jusqu'à devenir assourdissant. Sans être interdit, user des techniques de son maître avant d'être devenu chevalier était considéré comme une telle insulte, une marque d'irrespect si grande envers lui et envers son adversaire, que nul n'osait jamais enfreindre cette loi non écrite. Avec une lenteur extrême, livide, Shura se leva. Et Astarius soutint son regard devenu glacial. Là se jouait le véritable affrontement, et à voir cet échange terrible entre un maître déçu et un disciple déloyal, les pairs de Shura ressentirent tous une étrange tristesse pour lui qui plaçait l'honneur et le devoir au-dessus de sa propre vie, plus qu'aucun autre parmi eux. Shura ne sentit aucun regret, aucune excuse dans le regard de son disciple. Alors, d'une voix forte, il exprima lui aussi sa décision.
« Mû ! Tu ne peux pas valider l'issue de ce combat, je le refuse. »
Le silence se fit instantanément dans l'Arène. Incrédule, Astarius s'apprêta à protester, quand Shura leva une main sentencieuse et implacable pour l'arrêter. Sans le quitter des yeux, il ajouta : « Mon disciple est indigne de remporter cette victoire si traîtreusement obtenue. Toi-même, dans ta sagesse, tu ne peux pas l'accepter. N'est-ce pas ? » La courte question flotta dans l'air devenu pesant. Mais Mû, qui semblait réfléchir, ne répondit rien.
Sans attendre l'issue de son silence et le considérant comme un refus envers son maître, Astarius s'inclina et tourna le dos aux chevaliers, arborant toujours son sourire satisfait. La masse qui s'écrasa contre son dos le surprit d'autant plus, comme elle surprit tout le monde. Mordant la poussière, menton en avant, il se sentit retourné par une force colossale. Le sang qui coulait sur lui était celui de Panorea, qui refusait sa défaite. Enragée par tant de bassesse, elle le frappa aveuglément, raidissant ses poings, déchaînée par sa volonté de poursuivre le combat. Mais tout en résistant mollement, le visage en sang, Astarius se mit à rire, un rire épouvantable, aigu, plus terrible encore que le coup qu'il lui avait porté :
« Retourne donc prendre des cours avec ton maître, le fou du Sanctuaire… qui n'est même pas là pour te voir… que tu aimes et qui te dédaigne… dont tu ne seras jamais di… »
Ecoeurée, Panorea le saisit à la gorge et lui coupa le souffle. Elle rapprocha son visage de celui d'Astarius, les yeux dans ses yeux exorbités : « Ah, tu crois ça…? » Elle le saisit alors par le col de sa tunique et lui asséna un coup de tête dont la virulence stupéfia l'assistance. Il fallut trois apprentis pour desserrer son étreinte et la rejeter non sans mal aux pieds des premiers gradins. Epuisée par sa blessure et la succession des combats, Panorea finit par s'adosser contre la pierre, aveuglée par le soleil et le sang qui coulait sur ses paupières. Haletante, elle puisa dans ses dernières forces et hurla vers Astarius :
« Je te tuerai ! Je le jure ! »
Se redressant sur un coude, Astarius essuya négligemment le sang qui coulait de sa bouche avec le dos de sa main et lui répondit : « Peut-être… mais pas aujourd'hui. » Il tenta de se relever, mais ses bras tremblèrent et cédèrent sous son poids. Panorea cracha sur le sol avec mépris.
Aucun des chevaliers d'or n'avait fait un geste envers l'un ou l'autre. Parfaitement immobiles, ils scrutaient les deux disciples ensanglantés tels des juges de pierre, tergiversant sur la manière de répondre à cette violence inattendue.
Mû sortit le premier de la stupéfaction. Sans aucune délicatesse, il ausculta rapidement Panorea. Il interdit à Kikieon de se rendre auprès d'elle. Étonné par cette rudesse, le jeune Bélier considéra son maître avec peine, et Mû sentit le poids de ce regard. Le maître et l'élève engagèrent alors un dialogue muet, où Mû put lire un reproche et une incompréhension tels qu'ils étreignirent violemment son coeur. Hors de lui, il appela un jeune apprenti tout juste arrivé au Sanctuaire, un enfant d'à peine dix ans, petit bambin aux joues encore poupines et aux douces boucles dorées, qui regardait Mû avec adoration.
« Enfant, va raconter au maître de Panorea ce qui s'est produit… Son absence fut fâcheuse. »
L'enfant s'inclina et fila hors de l'Arène. Panorea, toujours au sol, passa les chevaliers d'or en revue d'un regard las. Dès le début des combats, tous avaient été là. Tous, sauf un. La blessure à son flanc n'était rien. Mais les mots d'Astarius, lui jetant l'absence de son propre maître au visage, tournaient dans sa tête, aussi lancinants qu'une plaie vive.
