L'univers de Harry Potter ne m'appartient pas...


La brise froide soufflait sur la mer, balayait les falaises escarpées où Harry s'était installé pour réfléchir. Le vent hurlait dans ses oreilles, un bruit presque assourdissant, mais cela ne semblait pas le déranger. Il était seul, comme il l'avait été pendant la majeure partie de sa vie, et il s'était habitué à cette solitude. Pourtant, aujourd'hui, ce n'était pas la solitude qui pesait sur lui, c'était la profondeur du vide qui l'entourait, un vide qu'il n'avait jamais anticipé.

Les années avaient passé, mais la douleur persistait, incrustée dans ses os comme une malédiction. Son corps, son esprit, étaient remplis de l'écho de chaque acte qu'il avait commis, de chaque vie qu'il avait détruite. Harry n'avait jamais pensé qu'atteindre son objectif – celui de se venger de ceux qui l'avaient trahi, ceux qui l'avaient rejeté – aurait un goût aussi amer. Il s'était battu, il avait sacrifié des parts de lui-même dans le but de faire tomber ceux qu'il considérait comme des ennemis, des traîtres. Et pourtant, à la fin de tout cela, il n'y avait rien de plus que ce vide glacé, cette sensation de vide intérieur.

Tout avait commencé avec un seul désir. Un seul but. La vengeance. Mais maintenant, après avoir brûlé tous les ponts derrière lui, après avoir anéanti tout ce qu'il avait considéré comme un obstacle, il n'arrivait plus à se satisfaire de ses actions. La colère, l'amertume qui l'avaient poussé à avancer, qui l'avaient incité à commettre des actes qu'il n'aurait jamais cru capables de faire, avaient disparu. La flamme de la vengeance, si vive et ardente, était désormais une braise mourante, insuffisante pour réchauffer la froideur qui l'envahissait.

Les derniers mois avaient été une succession de victoires. La chute des Weasley, la mort de Ron, les trahisons démasquées, tout avait été un succès. Mais à quel prix ? Il se souvenait de ce qu'il avait ressenti quand il avait vu la silhouette de Ron, là, sur le sol de la maison des Weasley, le souffle de ce dernier emporté par la magie impitoyable qu'il avait utilisée. Un frisson glacé lui traversa l'échine. Ce n'était pas la satisfaction de la vengeance qui lui brûlait la poitrine, c'était un profond sentiment de dégoût. Une nausée qui montait en lui chaque fois qu'il repensait à cette scène, chaque fois qu'il se souvenait des regards des Weasley, de leur confiance en lui avant que tout ne s'effondre. Il s'était concentré sur l'idée de faire payer ceux qui l'avaient humilié, mais à quel prix ? Une fois la vengeance accomplie, il se retrouvait face à un miroir brisé. Celui qu'il voyait n'était plus Harry Potter, le héros, l'enfant survivant. C'était un homme brisé, marqué par ses propres choix.

Il pensa à Hermione. Elle avait été une de ses plus proches amies, la seule personne avec qui il avait partagé ses pensées les plus profondes, ses plus grandes douleurs. Mais il ne pouvait plus se permettre d'éprouver de la pitié pour elle, pas après ce qu'elle avait fait. Après son comportement avec Jonathan. Cette image de Jonathan et d'Hermione, leurs lèvres se rencontrant dans un baiser qu'il avait ressenti comme une trahison, une profonde blessure dans son âme. Ce qu'il avait fait après, orchestrant la chute de Jonathan, l'avait détruit. Non pas Jonathan, mais ce qu'il représentait pour Harry. Un lien qu'il avait contrôlé, manipulé, pour en faire une arme contre Hermione, contre l'ensemble de ceux qui l'avaient un jour considéré comme leur ami. Mais, à mesure que le temps passait, la satisfaction d'avoir mené à bien son plan se dissipait, laissant place à une morsure persistante. Il avait tué un garçon, une âme innocente, et pour quoi ? Pour apaiser son ego ? Pour se venger d'Hermione ?

Il se souvint du vide dans ses bras lorsque le lien avec Jonathan s'était brisé, lorsque le jeune homme s'était jeté dans le vide. Le vide dans son cœur avait été un abîme noir, un gouffre qu'il n'avait pas vu venir. Ce n'était pas de la joie, mais du dégoût et de la honte qui l'avaient envahi. La mort de Jonathan avait fait partie de son plan, mais le prix à payer en avait été bien plus lourd que ce qu'il avait imaginé.

La solitude était son compagnon fidèle. Il en avait toujours fait l'expérience. Même à Poudlard, bien que ses amis fussent là, il avait toujours été seul dans sa tête. Il avait porté le fardeau de la prophétie, de la pression qui reposait sur lui. Maintenant, même les souvenirs de ces années-là ne lui apportaient plus de réconfort. Au contraire, ils n'étaient que des rappels constants de ce qu'il avait perdu : l'innocence, l'espoir, la possibilité d'une vie différente. Chaque action qu'il avait entreprise pour se rapprocher de la paix avait en réalité renforcé ses chaînes. Il avait tué pour se libérer, mais il ne s'était fait que plus prisonnier.

Harry s'assit sur la roche glacée, son regard plongé dans l'horizon, où la mer et le ciel se confondaient dans un bleu infini. La mer, vaste et impitoyable, semblait être le reflet de son âme. Tout semblait calme à la surface, mais sous cette tranquillité, il savait que des vagues de tourments se cachaient, prêtes à surgir à tout moment. Il était las. Fatigué d'avoir couru après des illusions. La vengeance ne l'avait pas libéré. Elle ne l'avait que noyé sous un poids de regrets et de douleur.

Il se leva enfin, se dirigeant vers la falaise. L'idée de sa fin ne lui semblait pas si lointaine. Il se demandait si la fin de tout ce qu'il avait accompli le soulagerait. La vision de la mort n'était pas étrangère à son esprit, bien qu'il ne sache pas si c'était la solution. Peut-être que ce qui le retenait encore, c'était le simple fait de ne pas avoir encore trouvé ce qu'il cherchait. Mais qu'était-ce qu'il cherchait, au fond ? La rédemption ? La paix ? Ou quelque chose de plus sombre, qu'il ne voulait pas reconnaître ?

Il pensa à Dumbledore. Le vieil homme avait toujours été un phare dans l'obscurité de son existence, une figure de sagesse, de bienveillance. Maintenant, cette image se dissolvait lentement, comme la brume qui se dissipe au matin. Dumbledore avait été un guide, mais il avait aussi été un symbole de tout ce que Harry avait perdu. Ses derniers instants avaient été marqués par un combat, une confrontation dans laquelle il avait dû affronter non seulement l'homme qui lui avait montré la voie, mais aussi l'idée même de ce qu'il était devenu. Un tueur, un homme brisé par ses propres actions.

Il n'y avait plus de direction claire dans ses pensées, plus de but. Son regard se perdit un instant dans l'étendue de la mer, les vagues frappant violemment les rochers. Les voix de ceux qu'il avait tués, de ceux qu'il avait trahis, semblaient résonner dans l'air froid. Il serra les poings. Ce qu'il avait fait était irréparable, et il ne pouvait pas revenir en arrière. Mais alors, que restait-il à faire ? Comment pouvait-il réconcilier les morceaux brisés de son âme ?

Harry inspira profondément, sentant le vent glacé s'engouffrer dans ses poumons. Il savait que le chemin qu'il avait emprunté ne pouvait pas être effacé, mais peut-être qu'il pouvait, d'une manière ou d'une autre, trouver une issue. Peut-être qu'au bout du voyage, il y aurait quelque chose qui valait encore la peine d'être sauvé.


Rita Skeeter, avec son sourire satisfait et son stylo en main, avait passé des jours à chercher une occasion d'interviewer Harry Potter. Depuis son évasion d'Azkaban et les événements qui avaient secoué le monde magique, la journaliste de la Gazette du Sorcier savait qu'un entretien avec le fameux fugitif serait l'un des plus gros scoops de sa carrière. Elle avait suivi de près chaque mouvement de Harry, espérant le voir commettre une erreur, se trahir d'une manière ou d'une autre. Elle savait qu'il finirait par se manifester, et c'était pour ce jour-là qu'elle s'était préparée.

Elle l'avait finalement retrouvé, seul, sur une falaise qui surplombait la mer, une silhouette perdue dans ses pensées. Harry semblait distant, presque comme une ombre dans le paysage, mais cela n'impressionnait pas Rita. Au contraire, cela attisait sa curiosité. Le portrait qu'elle comptait en faire ne serait pas celui du héros que le monde avait connu, mais celui du monstre qu'il était devenu. Elle savait que ses lecteurs en redemandaient. Le contraste entre l'image de Harry Potter, le survivant, et celle du fugitif que la société avait fini par haïr, serait d'une puissance inouïe. Elle se félicitait déjà de cette rencontre inédite.

S'éloignant discrètement, elle s'approcha de lui avec une démarche assurée, comme si elle n'avait pas un moment à perdre. En arrivant à quelques pas de lui, elle posa son regard sur Harry, toujours aussi impénétrable, mais un petit sourire en coin perça sur son visage.

"Harry Potter," dit-elle avec une voix mielleuse, "Il semble qu'on ne vous avait pas vu dans ces parages depuis un certain temps. La Gazette serait ravie d'avoir une entrevue exclusive avec vous."

Harry se tourna lentement vers elle, ses yeux froids se fixant sur la journaliste. Il ne dit rien au départ, observant cette créature avide de nouvelles, prête à exploiter la moindre faiblesse. Elle n'avait pas changé. Son visage, marqué par des années de manipulation, semblait encore plus déterminé. Elle s'avança vers lui, son carnet et sa plume déjà prêts.

"Vous savez, Harry," continua-t-elle, "beaucoup de gens se demandent où vous êtes passé, ce que vous avez fait, et plus important encore, pourquoi vous avez agi ainsi. L'évasion d'Azkaban, les morts, la vengeance… Vous n'êtes plus le héros que tout le monde croyait connaître. Peut-être est-il temps pour vous de partager votre vérité. Après tout, il est difficile d'ignorer un tel chaos."

Harry la fixa intensément, un rictus qui se forma sur ses lèvres. Il savait ce qu'elle cherchait. Des mots. Des explications. Mais il n'avait rien à dire à quelqu'un comme elle, qui ne voyait que des occasions d'exploiter la souffrance des autres. Cependant, il était bien conscient de l'importance de ce moment. Il n'avait jamais voulu être un spectacle, un sujet de conversation. Mais, à cet instant, il comprenait que ce serait inévitable.

Il haussait les épaules, comme s'il n'en avait rien à faire. Il n'avait pas besoin d'une interview. Les mots n'étaient qu'une illusion de contrôle. Les actions parlaient plus fort que tout discours.

"Qu'est-ce que vous attendez exactement, Rita ?" répondit-il avec un ton sec. "Que je vous explique pourquoi j'ai agi de cette manière ? Ou que je me justifie pour des choix que j'ai faits ? Croyez-moi, ça ne vous intéresserait même pas."

Elle leva un sourcil, intriguée par cette réponse. Son stylo frémissait légèrement dans sa main, attendant les premières lignes du récit qu'elle allait produire. Elle savait que ses lecteurs attendaient de voir les moindres failles dans le comportement de Harry, qu'elles soient émotionnelles ou rationnelles.

"Ne soyez pas aussi défensif, Harry," dit-elle avec un sourire espiègle. "Les gens veulent comprendre. Qu'est-ce qui vous a poussé à… tuer, à trahir, à tout faire pour effacer votre passé ? Vous n'êtes plus qu'un fantôme du Harry Potter que l'on connaissait. Vous avez détruit tout ce qui vous entourait, même les personnes qui vous aimaient. C'est à ça que l'on vous reconnaît maintenant. Ce n'est plus de la vengeance, Harry. C'est une guerre contre vous-même. Pourquoi vous êtes-vous perdu ainsi ?"

À ces mots, une lueur froide traversa les yeux de Harry. Il se leva brusquement, sa silhouette imposante se découpant contre le ciel sombre de la fin de journée.

"Je n'ai pas à répondre à vos questions," dit-il, sa voix comme un glaive. "Vous ne comprenez pas. Vous ne pourrez jamais comprendre."

Il s'éloigna alors, le regard fixé sur l'horizon lointain. Rita resta là, hésitante un instant, avant de le suivre, son désir de scoop dépassant de loin toute tentative de respect pour ses limites. Mais Harry n'était plus celui qu'il avait été. Il était un homme brisé, marqué par ses choix, mais aussi par l'absence de toute rédemption possible.

"Harry ! Attendez !" appela Rita, en se précipitant derrière lui. "Je sais que vous ne vous voyez pas comme une victime, mais vous l'êtes, n'est-ce pas ? Vous avez été manipulé, trahi par tous ceux que vous croyiez vos amis. Est-ce que vous pensez que tout cela en valait la peine ?"

Harry se tourna, cette fois, le regard sans émotion, totalement indifférent aux remarques de la journaliste. Il n'y avait rien à dire. Rien à ajouter.

"Ça en valait la peine pour moi," répondit-il simplement, sa voix devenant presque inaudible sous le vent qui soufflait sur les falaises. "Et vous, Rita ? Est-ce que ça en vaut la peine pour vous ? Publier des mensonges sur ma vie et les transformer en spectacle pour alimenter votre propre gloire ?"

Rita ne sut comment réagir à cette question. Elle était si habituée à manipuler ses sujets, à tirer profit de leurs faiblesses, qu'elle n'avait pas anticipé une telle réponse. Elle s'arrêta, incapable de dire quoi que ce soit. Harry lui tourna le dos, se dirigeant sans retour vers l'obscurité.

Elle resta là, seule, le vent soufflant autour d'elle. Elle savait qu'elle n'aurait pas l'interview qu'elle espérait. Mais elle avait eu un aperçu, une lueur de l'homme que Harry était devenu. Un homme qui n'avait plus besoin des autres pour se justifier. Un homme qui avait choisi son chemin, et qui, quoi qu'il en coûte, ne reviendrait pas en arrière.

Rita esquissa un sourire, même si cette fois, cela ne venait pas d'une victoire. C'était un sourire amer. Elle savait que son histoire sur Harry Potter ne ferait que commencer, mais elle n'était plus certaine qu'elle en sortirait grandie.


Chlo007: merci du commentaire ! Heureux que l'histoire t'est plu.(normalement j'ai corrigé le bug)