Le vent soufflait en rafales, agitant les hautes herbes qui bordaient la falaise. Un ciel couvert, d'un gris métallique, semblait dominer la mer déchaînée en contrebas. Les vagues venaient frapper les rochers avec une violence sourde, un bruit de guerre incessant, un bruit qui semblait résonner dans le vide de l'âme d'Harry Potter. Il se tenait là, au sommet, seul, comme il l'avait toujours été, perdu dans ses pensées, scrutant l'horizon qui se confondait avec l'infini.

Tout avait changé, et pourtant, rien n'avait changé. La guerre était terminée, la vengeance accomplie, les traîtres éliminés. Harry n'avait plus rien à chercher, rien à prouver. Mais la liberté qu'il avait espérée, cette libération qu'il croyait trouver à travers la destruction, ne s'était pas matérialisée comme il l'avait imaginé. Au contraire, il se sentait plus lourd, plus captif que jamais. Il avait gagné la guerre, oui, mais il avait perdu son humanité en chemin.

Les souvenirs de ses actions le hantaient, les images de la douleur qu'il avait infligée, de ceux qu'il avait détruits. Hermione, Ron, Dumbledore, et tous les autres. Ils se mêlaient à la douleur de sa propre solitude, comme des spectres qui revenaient hanter les recoins de son esprit. Tout ce qu'il avait cru être juste s'était transformé en un fardeau qu'il ne pouvait plus porter.

"Pourquoi ai-je fait tout cela ?", se demandait-il, la voix noyée dans le vent. Il n'y avait pas de réponse. La quête de vengeance, l'achèvement de ses objectifs, tout cela n'avait abouti à rien. Rien d'autre qu'un gouffre intérieur qu'il ne pouvait combler, une perte qu'il ne pourrait jamais réparer. L'accomplissement de son but ne lui avait pas offert la rédemption. Bien au contraire, il se sentait vide, désespérément vide.

Le vent soufflait avec plus de force, comme s'il voulait l'emporter, lui aussi. Harry ferma les yeux, laissant la brise érafler son visage. Il tourna son regard vers le ciel, là où les nuages s'amassaient en une mer sombre. Tout était morne, tout était froid. Son âme, aussi brisée que le paysage, ne pouvait plus supporter le poids de ses actions. Il avait pris son envol au début de cette quête de vengeance, mais il avait perdu ses ailes en chemin. Et maintenant, il se retrouvait à la fin de tout cela, sans direction, sans but.

Soudain, il ressentit quelque chose. Un frisson étrange parcourut sa colonne vertébrale, une sensation familière, presque magique, qui s'épanouissait en lui. Un éclat de lumière, une énergie bruyante mais douce, parcourut ses veines. Il ferma les yeux, se concentrant sur cette force, la laissant l'envahir.

Le vent, autrefois une brise qui le dérangeait, semblait maintenant l'embrasser. La terre sous ses pieds semblait s'éloigner peu à peu, comme si elle ne pouvait plus contenir sa présence. Ses bras s'étendirent lentement, comme s'il cherchait à se fondre dans l'air, à se dissoudre dans l'espace autour de lui. Les muscles de son corps se contractèrent et se relâchèrent dans un rythme étrange, comme une respiration invisible, une cadence qui lui échappait.

Et puis, sans prévenir, Harry se transforma. Il sentait la magie circuler en lui, chaque fibre de son être vibrer sous son nouveau pouvoir. Ses membres se durcirent, se modelèrent. Ses pieds se soulevèrent du sol. Ses yeux brillèrent d'un éclat incandescent, et une nouvelle forme prit place, là, dans son esprit, une forme qu'il avait toujours portée en lui sans jamais la reconnaître pleinement.

Un corbeau. Un corbeau aux yeux d'un vert éclatant, brillant d'une lueur malveillante, un oiseau des ténèbres et de la vengeance. Harry se laissa emporter par cette métamorphose, son corps et son âme fusionnant avec l'entité qu'il était devenu. Le vent souffla avec violence autour de lui, et tout à coup, il s'éleva, porteur de sa propre destinée, libéré des chaînes de l'humanité.

Il s'élança dans le ciel, ses ailes déployées avec une majesté glaciale. Le sol s'éloigna, les vagues en contrebas n'étaient plus qu'un lointain murmure, une vague de souvenirs s'estompant sous lui. Le corbeau s'envola, et avec chaque battement de ses ailes, il se sentait se détacher un peu plus de l'homme qu'il avait été, de la souffrance qu'il avait portée. Il n'était plus le même.

Il n'avait plus besoin de mots, plus de vengeance. Il s'était enfin libéré de tout cela. Il n'était plus qu'une ombre, un esprit qui vivait parmi les vents, au-dessus des souffrances du monde. Dans cette nouvelle forme, il trouvait une étrange forme de paix, loin des guerres et des douleurs humaines. Le corbeau s'éleva encore plus haut, jusqu'à disparaître dans les nuages, loin, loin de tout ce qu'il avait connu.

La mer en contrebas était calme à présent, le vent soufflant doucement, comme un dernier souffle avant l'oubli. Harry n'était plus un homme. Il n'était plus un héros. Il n'était plus un monstre. Il était devenu quelque chose d'autre, quelque chose qui volait au-dessus de l'humanité, là où personne ne pourrait jamais le rattraper.

Et là, dans le silence de son envol, il trouva enfin la paix.