Hello tout le monde, j'espère que vous allez bien :)

Je mets fin au suspens , voici le nouveau chapitre !

Chapitre 44 – Le poids de la culpabilité

PDV Côme

Des pommes de terre en robe de chambre, des haricots verts au beurre et du rôti, je me régalais devant mon assiette déjà à moitié vide. Papa nous avait récupéré après notre cours de piano et en arrivant à la maison, un dîner succulent nous attendait. Aria et moi nous étions rués à la salle de bain nous laver les mains puis étions passé directement à table en salivant d'avance.

— Daddy, c'est trop bon! le complimenta cuisine nous avais manqué même si ce que fait Papa est cool aussi.

— Je confirme. Je mourrais de faim qui plus est, enchéris-je la bouche pleine.

— Tu as toujours faim Côme, me taquina ma petite sœur.

— Hey, je suis en pleine croissance, me défendis-je.

— C'est vrai, d'ailleurs, je trouve que tu as encore grandi, intervient notre père.

— Vraiment?! fis-je aux anges.

Daddy mangeait silencieusement, il ne semblait pas dans son assiette... sans mauvais jeux de mots.

— Pourquoi en es-tu si heureux? Ce n'est pas important d'être grand ou petit. Papa et Daddy nous ont toujours dit que l'essentiel est de s'aimer tel que l'on est, me rappela sagement Aria.

— Tu as raison mais...comment dire. Ma mère n'était pas très grande et je n'ai jamais connu mon père biologique alors je me suis toujours demandé quelle taille j'atteindrai plus tard...c'était surtout de la curiosité. Quand on a un de ses parents manquants, on a forcément une part de notre identité qui manque aussi et du coup on se pose des questions.

Daddy releva légèrement la tête de son assiette puis se mit à contempler le vide...il agissait vraiment étrangement ce soir.

— Ça, c'est certain...fit par répondre Aria en soupirant.

Je savais qu'elle comprenait pour l'avoir elle-même expérimenté avant le retour de sa mère.

Daddy se mit tout à coup à nous observer les uns après les autres, son expression était indéchiffrable mais je n'osais pas lui demander ce qui n'allait pas. Il avait lu tous nos mots sur le «Wall of memories» et nous avait témoigné à quel point il avait été heureux et touché par ce geste. Il semblait aller mieux ces derniers temps mais là en rentrant ce soir, je l'avais trouvé étrange...dans la lune. Papa savait visiblement ce qu'il se passait car il ne lui avait posé aucune question sur son comportement étrange, sachant à quel point il était attentif à son cher mari, en temps normal, il lui aurait déjà fait subir un interrogatoire.

Après le dîner, Aria et moi montâmes faire nos devoirs. Installés dans sa chambre, j'en profitai pour lui demander son avis.

— Daddy est bizarre non?

— Très...il a dû se passer quelque chose hier soir...

— Tu penses qu'ils se sont disputés avec Papa?

— Je n'en ai pas l'impression, fit-elle pensive.

— J'espère que ce n'est rien...

— Oh! Tu penses qu'il commence à retrouver ses souvenirs?

Je n'y avais pas songé mais cela pourrait expliquer son attitude, pensai-je.

— Possible, finis-je par répondre.

— Patientons, ils finiront par nous le dire si c'est le cas.

— Oui...j'aimerai juste que l'on soit tous enfin heureux. Cette année n'a pas été facile.

— C'est vrai, nous avons tous vécu un drame...en vrai, l'unique chose positive a été ton arrivée dans nos vies même si...

— Même si la raison de mon arrivée ici émane d'une tragédie, compris-je.

— Ouais...je suis tout de même reconnaissante d'avoir un frère...c'est égoïste de penser ça?

— Bien sûr que non petite sœur. J'ai perdu ma mère c'est vrai mais j'ai aussi gagné une nouvelle famille, de nouveaux amis...

— Et un futur petit-ami! s'exclama-t'elle en éclatant de rire.

Immédiatement le rouge me monta aux joues.

— Ne dit pas ça...m'empourprai-je.

— Pourquoi cela? Je pensais qu'entre mon meilleur ami et toi depuis le fameux...

Elle ne termina pas sa phrase mais à la place, elle joignit ses indexes puis commença à les faire pivoter tantôt à gauche, tantôt à droite pour imiter deux personnes qui s'embrassent. Je ne fis aucun commentaire tant j'étais mal à l'aise. Ma sœur me dévisagea longuement.

— Dis...tu ne vas pas lui briser le cœur n'est-ce pas?

Aussitôt, j'ouvris la bouche prêt à me défendre mais me ravisa. Un soupire de frustration m'échappa.

— Non...ne me dit pas que j'ai vu juste! commença à paniquer Aria. Côme, si tu ne l'aimes pas, tu ferais mieux...

— Je-je l'aime, d'accord!?

— Je ne te crois pas! s'énerva-t-elle. Tu as l'air complètement pommé!

— Tu ne le serais pas à ma place?! rétorquai-je. Je vis ces sentiments pour la première fois! Enfin pas exactement, j'ai déjà eu des béguins avant mais pour des filles. C'est la première fois que je ressens ce genre de sentiment pour un garçon. Au fond, je ne sais même pas si je suis vraiment gay ou...ou...et puis je pense à ma mère. Aurait-elle voulu de cela pour moi? De là-haut, suis-je entrain de la décevoir? Je me pose beaucoup de question sur ma sexualité. Je tiens à Drew, je ne veux pas le perdre ni lui faire du mal mais au fond, nous sommes si jeunes, comment savoir si ce que je ressens actuellement pour lui est le vrai moi. Qui plus est, quand je l'ai embrassé, j'étais vraiment dans un état de fragilité et de désarroi...j'ai du mal à savoir si tout ceci est réel...si mes sentiments sont réels.

Ma sœur ne s'attendait surement pas à tout ça. Ces pensées, cela faisait un moment que je les enfermais au fond de mon cœur. J'ai voulu en parler à Magnus un million de fois mais avec l'accident de Daddy, je n'ai jamais pu trouver le bon moment. Aujourd'hui, ça me faisait du bien d'enfin les exprimer.

—Je m'excuse...je ne me doutais pas que tu avais autant d'incertitudes...puis toutes mes taquineries à ce sujet n'ont pas dû t'aider.

— Tu n'y es pour rien, j'ai un travail à faire sur moi-même, je le sais.

— Écoute, il est vrai que concernant tes sentiments pour Drew, toi seul est en position de connaître leur véracité. Toi seul, en questionnant ton cœur, pourra trouver la réponse sur leur sincérité et leur profondeur mais ne laisse pas flâner tes doutes trop longtemps, car je sais que Drew t'aime vraiment. En ce qui le concerne, il ne semble pas y avoir d'incertitude...peut-être parce qu'il sait qui il est depuis toujours, alors que nous, nous commençons tout juste à nous découvrir.

Elle avait raison, j'avais toujours été fasciné par Drew pour l'une de ces raisons. Il était sûr de lui, se moquait des opinions des autres, il avait une personnalité bien à lui et suivait sa propre route. À un si jeune âge, c'était admirable.

— Concernant ta mère, poursuivit ma sœur, je suis sûre qu'elle est fière de toi. Elle a demandé à mes pères de t'adopter, connaissant la particularité si puis-je dire, de notre famille. Ta mère était également très proche de Victor, elle savait probablement pour son orientation sexuelle également. Au-delà de ça, elle t'aimait inconditionnellement, je suis certaine que seul ton bonheur comptait à ses yeux, peu importe qui tu aimes.

Les mots d'Aria m'avaient profondément touché et réconforté. Mon cœur se serrait en pensant à ma mère qui n'était plus là. Je devais désormais me construire sans elle mais j'avais ma nouvelle famille pour me soutenir et m'aider à traverser les épreuves qui m'attendaient.

— Je t'aime petite sœur et merci...je dois apaiser mon cœur et ne plus avoir peur. Je dois aussi trouver les réponses...mais comment?

— J'ai bien une petite idée à te soumettre, dit-elle un large sourire aux lèvres.

Ce sourire ne présageait rien de bon...

J'arquai un sourcil interrogatif. Aria écarquilla les yeux.

— Wow! On dirait Papa juste à l'instant! Magnus sort vite de ce corps! s'exclama-t-elle en éclatant de rire.

— On s'amuse les enfants? Les devoirs ne vont pas se faire tout seul, nous dit notre père qui venait justement de se matérialiser dans l'encadrement de la porte.

— Oui, on s'y met Papa, s'exécuta Aria en retrouvant aussitôt son sérieux. Dit...il va bien Daddy? s'enquit-elle après une minute d'hésitation.

Eh ben...sacré changement d'ambiance, pensai-je au regard de la tournure que prenait la discussion.

— Il ira bien...ne vous inquiétez pas. Hier soir certaines choses se sont produites et m'ont poussé à lui faire certaines révélations concernant ces cinq derniers mois.

Aria et moi nous regardâmes un brin choqué. Honnêtement, jamais nous n'aurions pensé que Papa serait le premier à craquer.

— J'imagine que ce ne fut pas une décision facile à prendre pour toi...accepter de lui livrer une partie de la vérité, dis-je compréhensif.

— C'est vrai mon fils mais parfois, la vie nous met aux pieds du mur et hier soir, votre père ne m'a laissé aucune marge de manœuvre.

— Si on peut aider...dis-le nous.

— Merci ma princesse mais pour le moment, je veux surtout que vous vous concentriez sur vos devoirs. Le trimestre touche bientôt à sa fin et je sais que ces derniers mois ont été difficiles alors je comprendrais que vos moyennes en soient un peu impactées, en revanche, je vous demanderai de toujours faire de votre mieux et ce, en toutes circonstances. Entendu?

— Compris! répondîmes-nous en cœur.

— Côme, pendant que j'y pense. J'aurai un petit service à te demander. Alec et moi aimerions que tu te charges de trouver le cadeau de noël de Drew si ça te va.

— Youuhooouu! s'exclama Aria. En voilà une belle idée !

Décidément, c'était plus fort qu'elle. Elle ne pouvait pas s'empêcher de me taquiner au sujet de mon ami.

Je lui jetai un regard en biais.

— Dé-désolée, s'excusa-t-elle aussitôt en remettant son nez dans son manuel de géographie.

— Alors? fit mon père à mon attention.

— Euh...oui...ok...ça me va, bafouillai-je un peu mal à l'aise.

— Il n'y a pas d'obligation tu sais, me rassura-t-il.

— Je sais bien...je vais m'en occuper c'est juste que...c'est la première fois que je lui offrirai quelque chose.

— Je comprends, le premier cadeau est important. Réfléchis-y tranquillement et si besoin, Daddy et moi nous sommes là.

— D'accord, merci Papa.

Très bien, concentration maintenant, je repasse dans une heure.

— Attends Papa, j'aimerai aussi acheter quelque chose à Maman...pour déposer sur sa tombe. Pourras-tu m'accompagner dans la semaine?

— Bien sûr mon fils, nous irons ensemble, me dit-il le regard pleine de bienveillance.

Ma mère me manquait tous les jours. C'était difficile de penser que je ne reverrai plus ce sourire magnifique illuminer son visage quand je lui offrais des cadeaux à chaque Noël et chacun de ses anniversaires, que je ne la verrais plus faire de vœux en soufflant ses bougies, que je ne la verrai plus accrocher les décorations, que je ne la reverrai plus jouer au piano.

«Les vivants doivent vivre, Côme».

Cette phrase que m'avait dite Drew un jour où j'étais au plus mal, était toujours présente dans mon esprit. Je la ressassais pour m'aider à aller de l'avant et ne pas sombrer quand je commençais à déprimer. Au fond, dès que j'allais mal, la première personne à qui je pensais était à lui et quand ça allait, la première personne avec qui j'avais envie de passer du temps, c'était aussi lui.

Nous laissant nous concentrer sur nos devoirs, Papa était redescendu au rez-de-chaussée. La formule de physique que j'étais en train de compléter me semblait tout à coup bien futile à côté de la tâche que m'avait confié mon père. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais pouvoir offrir à Drew...il ne manquait de rien matériellement, qui plus est, je souhaitais que ce premier présent ait une signification particulière pour nous deux.

— Tu penses offrir quelque chose à Aaron? demandai-je à ma petite sœur.

— Oui, ainsi qu'à Manon et Sofiane. En fait, on s'offre toujours des cadeaux à Noël.

— Oh...je vois. Je dois donc leur en trouver également?

— Pas nécessairement. Si ça te va, nous pouvons leur faire des cadeaux communs, me proposa Aria avec un large sourire. Tu as déjà un casse-tête sur les bras avec celui de Drew.

— Oui, je veux bien...acceptai-je soulagé.

Il ne restait que quinze jours avant Noël, c'était jouable sauf que je n'avais vraiment aucune piste de réflexion pour le moment.

PDV Magnus

En ce vendredi soir, je m'étais octroyé un moment de détente après le boulot plutôt que de rentrer directement et peaufiner ma thèse. Rafaël, assit en face de moi, me regardait avec des petits yeux amusés.

— Vraiment amigo, tu as une salle tête. On dirait que tu n'as pas dormi depuis des jours...

Je soupirai puis pris une gorgée de mon verre de Sauvignon.

— Cette semaine n'a pas été de tout repos. J'ai tant de chose à te raconter, j'aurai aussi besoin de ton aide pour un petit truc, fis-je d'un air évasif.

— Un petit truc?

— Ouais...j'aimerai flanquer une légère frayeur à quelqu'un...

— Vraiment? Toi Magnus Bane? Monsieur éthique!

— Il s'agit de David...

Rafaël eu du mal à masquer son étonnement.

— Je pensais que ce mec c'était de l'histoire ancienne. Il s'accroche?

— Visiblement.

Je lui racontai les derniers évènements au centre commercial Dimanche puis la conversation avec Alec. J'avais aussi contacté l'inspecteur Garroway et porté plainte. Cette semaine avait vraiment été intense et pas que pour ces raisons d'ailleurs.

— Alec et toi avez le chic pour faire naître l'obsession chez vos pairs, se moqua-t-il.

Je lui jetai un regard courroucé.

— Je n'ai rien dit. Bon, mais si Garroway s'en occupe, pourquoi as-tu besoin de mes services?

— C'est préventif. Luke m'a expliqué que le temps de rassembler les preuves, monter le dossier, on peut facilement attendre des mois voire un an s'il a été malin. Ce n'est pas à toi que je vais apprendre tout ça évidemment mais ce que je veux surtout, c'est dissuader David de toute action et le plus tôt. Je veux qu'il la ferme et qu'il se fasse tout petit. Je sens qu'il va préparer quelque chose mais je ne sais pas où il va frapper, ni quand. Il a menacé de dénoncer Alec à la faculté...je t'avouerai que je ne connais pas trop la loi de ce côté non plus... je ne sais pas ce que risque Alec mais en dehors de ces menaces, j'ai un mauvais pressentiment. Il ne va pas lâcher aussi aisément.

— Ce type est majeur, Alec aussi alors d'un point de vue légal ton homme ne risque rien. Toutefois, si dans le règlement intérieur de la faculté, les relations entre le personnel et les étudiants sont interdites, ce sera alors considéré comme une faute professionnelle et là, Alec risque de perdre son poste. Si ce David est malhonnête, il peut très bien dire qu'il n'était pas consentant et là, la loi entrera en compte même s'ils sont tous les deux majeurs, débita mon ami comme s'il récitait une leçon.

— Tu sais, j'ai tendance à oublier que tu es avocat.

— C'est normal, je n'exerce pratiquement pas! Je passe mon temps a baby-sitter Camille.

— En effet...et comment va-t-elle?

— Bien globalement, elle attend qu'Aria fasse le premier pas...elle lui manque sincèrement.

— Je ne sais pas quand ça se produira. Seule Aria pourra en décider, je respecterai son choix quel qu'il soit, fis-je en étouffant un bâillement.

— Oui...à ce sujet...je...je voulais te remercier...me dit-il gêné.

Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

— Me remercier pour quoi?

— De ne pas avoir dit à Aria que j'étais impliqué dans l'agression d'Alec.

— Ce n'était pas uniquement pour toi si je dois être totalement honnête. J'avais peur qu'elle ne comprenne pas comment toi et moi sommes devenus si proches alors que ça avait clairement mal commencé. Je n'avais pas non plus envie de lui expliquer que c'était la maladie de sa mère pendant qu'elle était enceinte d'elle qui en avait été le déclencheur. Aria est en avance sur son âge mais elle reste une fillette de 9 ans. Les relations entre adultes sont complexes. Plus tard, si elle le souhaite, je lui en parlerai mais là, elle n'aurait pas compris. Elle t'adore qui plus est, la déception dû à sa mère était déjà grande, je voulais la protéger de vivre ça avec toi également.

— Je comprends. Honnêtement, je ne suis pas fier de toutes les erreurs que j'ai commises. J'étais aveugle et pensais que l'unique façon de garder Camille à mes côtés était de répondre à toutes ses demandes, aussi dingues et dangereuses quelles étaient. Aujourd'hui, je comprends que j'étais dans l'erreur.

— Ça fait un moment que tu l'as compris mon ami, autrement, toi et moi n'en serions pas là, fis-je en baillant de nouveau.

— Tu veux rentrer te reposer? Tu fais peine à voir...

— Je ne suis pas sûr de me reposer en entrant, dis-je en secouant la tête de désarroi.

— Que se passe-t-il? Non laisse-moi reformuler. Que se passe-t-il encore avec ton cher Alec?

— Raf'...l'avertis-je.

Il ne perdait jamais une occasion de critiquer ma tête brune si parfaite. Bon, j'exagérais, Alec était loin d'être parfait mais ce n'était pas une raison, personne n'avait le droit de dire du mal de lui et encore moins mes amis.

— Arrête, je suis sûr que ça a un rapport avec lui, crache le morceau Mag's.

Je l'observai une minute. J'étais mitigé car c'était plutôt personnel...mais en même temps, j'avais besoin d'en parler à quelqu'un. Rafaël et Alec n'avait aucun contact, aucune relation, ce n'était peut-être pas plus mal que j'en discute avec lui.

— Bien...je t'ai expliqué que j'ai dû lui révéler certaines informations concernant sa relation avec David.

— En effet, me répondit-il d'ores et déjà amusé.

— Raf' ! le rouspétai-je.

— Je n'ai rien dit! se défendit-il un grand sourire aux lèvres.

Il était incorrigible...

— Bref, ça c'était dimanche dernier, lundi il s'est terré dans le mutisme, il a eu l'esprit ailleurs toute la journée et finalement dans la nuit de lundi à mardi, aux alentours de 2h du matin, il m'a soudainement réveillé.

— Ça devient intéressant, commenta Rafael, de plus en plus amusé.

— Je pensais qu'il voulait enfin discuter, se livrer à moi, mais au lieu de ça, il me chevaucha et commença à me dévêtir.

— C'est une façon de se livrer...j'approuve, fit-il en sirotant son whisky glace.

— Attends mon pote, je t'assure que tu n'es pas prêt. Il ne voulait pas que je lui fasse l'amour... il voulait que je le baise, dis-je en baissant la voix.

Nous étions tout de même dans le bar situé non loin de l'hôpital, avec du monde partout...des confrères et consœurs pour la plupart, ce type de discussion n'était pas vraiment approprié.

Rafaël éclata de rire.

— Ce n'est pas la première fois Mag's.

— Je sais mais attends la suite. Du coup, je me suis dit ok, que du sexe, ça ne me dérange pas mais plus je le baisais, plus il me demandait d'y aller fort, plus j'y mettais du mien, de la force, de la puissance, mon âme ! Plus il m'incitait à y aller encore plus fort ! Au final, j'ai fini par le prendre si brutalement, que je lui ai laissé des bleus sur tout le corps.

— Wahou...c'est chaud. Te l'a-t-il reproché en suite?

— C'est ça le truc, il ne m'a fait aucun reproche et même qu'il avait l'air satisfait...

— Satisfait?

— Oui je l'ai surpris en train de se regarder dans le miroir et je te jure qu'il avait un petit sourire satisfait.

— Je pense que je commence à comprendre ce qui t'inquiète.

— Oui...mardi soir on a remis ça, de la baise, du sexe primaire et pendant que je le prenais en mode chaise longue...enfin tu vois, il a placé mes mains autour de sa gorge et m'a demandé de serrer.

Rafaël manqua de s'étouffer avec son whisky.

— Je ne savais pas que Lightwood avait ces penchants, fit-il.

— Ce n'est pas le cas. Rafaël, je ne suis pas psy mais j'ai fini par en tirer une conclusion. Il veut que je le punisse pour ce qu'il s'est passé avec David. En le baisant de la sorte, en lui laissant des marques, la strangulation, c'est comme de la mutilation sauf que c'est moi qui le lui inflige...c'est complètement malsain.

— Il s'est passé quoi mercredi et jeudi?

— Évidemment, il en voulait encore mais j'ai décidé que je lui ferai l'amour et rien d'autre. Ça ne lui a pas plu, il voulait que j'y aille fort, limite violemment. Honnêtement, à un moment j'étais plutôt en colère qu'il esquive tous mes gestes tendres alors j'ai fini par le prendre contre le mur mais en refusant tout acte obscène, je l'ai baisé à ma façon. Il a tout de mêmes eu des marques à la fin mais des suçons cette fois. Si tu voyais son corps actuellement, entre les bleus et les suçons, ce n'est vraiment pas beau à voir surtout qu'Alec à la peau laiteuse...

Rafaël soupira longuement.

— Je comprends que tu sois fatigué. Que vas-tu faire? Il est sur une pente glissante. J'aime bien tout ce qui sort un peu du classique au lit mais quand ça émane d'une perturbation psychologique, c'est moins fun. Alec culpabilise clairement pour ce qu'il s'est passé et tu as raison, il se punit par le sexe et comme c'est toi qu'il a trahit, c'est tout à fait logique dans son esprit que ce soit toi qui lui infliges cette punition...c'est chaud mec.

— Je pense que je l'accompagnerai à sa prochaine séance de psychothérapie.

— Sera-t-il d'accord?

— Je ne sais pas...vraiment j'ai tellement hâte que cette année se termine ! Quelle frustration tout ceci ! me plaignis-je.

— Frustration dis-tu? Avec tout ce sexe? plaisanta Rafaël.

— Ah ah, très drôle.

— Non pêche que, estime-toi heureux qu'il ait choisi ce moyen là pour se punir.

Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir.

— Je veux dire que tu peux encore maîtriser les choses. Lui faire croire que tu réponds à ses besoins de se faire du mal en un sens tout en maîtrisant la situation. Puis, tu peux aussi le laisser prendre le contrôle au lit, tout en continuant à veiller à ce que les choses ne dérapent pas. Je sais que ça à l'air mal mais parfois, le sexe peut être une thérapie comme une autre, tu as encore le pouvoir d'arranger les choses.

Il y avait du sens dans les propos de Rafaël.

— Concernant ton David, je m'en occupe.

— Ce n'est pas mon David et Raf', juste l'effrayer, je ne veux pas que tu le touches.

— Ne t'en fait pas, je ferai ça proprement.

Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche. Je le sortis puis vérifiai l'identité de l'appelant.

— Donne-moi une minute, dis-je en décrochant.

«— Bonsoir mon ange,

— Bébé, où es-tu? Tu ne rentres pas?

— Je suis au bar à côté de l'hôpital, je ne vais pas tarder, tout va bien à la maison?

— Oui, les enfants sont déjà montés.

— D'accord...

— Tu rentres bientôt?

— Oui Bébé. Que se passe-t-il?

— Rien...c'est juste que...j'ai envie de toi, j'ai besoin que tu me fasses l'amour...maintenant..."

Je pris mon verre de vin puis le descendis d'une traite, Rafaël me jeta un regard interrogatif

"— Es-tu sûr que c'est dont tu as besoin? poursuivis-je.

— Que veux-tu dire?

— Faire l'amour n'est pas vraiment ce que tu m'as réclamé ces derniers jours alors..."

Rafaël ne put s'en pêcher d'éclater de rire de nouveau. Heureusement que le bar était plutôt bruyant, je ne pense pas qu'Alec le remarqua.

"— Je veux te sentir, j'ai besoin que tu me touches, c'est mal?

— Bien sûr que non Bébé mais c'est juste que...que...enfin bref, je rentre tout de suite d'accord?

— D'accord...fit-il d'une petite voix

— Je t'aime, à tout à l'heure»

Je raccrochai puis lançai un regard en biais à Rafaël avant de me lever.

— Le devoir t'appelle? fit-il avec un regard lourd de sous-entendu.

— Il m'a carrément appelé pour ça...

— Essaie de voir le bon côté des choses, l'appétit sexuel de ton époux est au beau fixe!

Je levai les yeux au ciel.

— Ciao amigo.

Il se leva puis nous nous fîmes la bise comme à notre habitude. Quittant le bar, je rejoignis ma voiture puis me mis en route pour la maison. J'avais enchaîné une garde hier soir puis ce matin j'étais resté à l'hôpital pour travailler ma thèse avant de reprendre mon service à 14h, j'avais dormi que deux heures entre temps. Là, il était déjà 22h...Alec m'attendait alors autant dire que je n'allais pas pouvoir dormir tout de suite puis avec tout le sexe de ces derniers jours j'étais courbaturé et bien sûr épuisé.

J'avais cruellement besoin de vacances et de repos, pensai-je en baillant pour la énième fois.

Fort heureusement, j'avais pu négocier 4 jours de congés pour les fêtes de Noël, les enfants et Alec ne le savaient pas encore, c'était une surprise que je leur réservais. Il était important que nous soyons ensemble pour le premier Noël de Côme parmi nous, il me tardait d'y être et de profiter pleinement de cette merveilleuse période avec ma famille. Les papiers officiels de l'adoption ne devraient pas tarder à nous être livré. Notre dernier contrôle avec l'assistante social s'était bien déroulé, Côme n'avait pas non plus de soucis majeurs au collège, il était stable psychologiquement et on faisait tout pour lui fournir un environnement familiale tout aussi stable et sain.

Sain? Avec un Alec adepte du BDSM? me souffla ma mauvaise conscience.

Je chassais cette pensée de ma tête. C'était une mauvaise période...rien d'autre. Une réaction à sa culpabilité, ça n'allait pas durer.

Cette année fut pleines de rebondissements, de problèmes, de souffrance, de pleurs et pour ça, il est vrai que j'avais hâte qu'elle se termine. D'un autre côté, il y avait eu des moments de bonheur aussi et du positif comme notre déménagement, l'arrivée de Côme, le retour de Simon, Izzy et Enzo, les fiançailles de Clary et Jace. La vie était ainsi, avec des hautes et des bas et nous devions nous y faire car c'était ainsi que nous apprenions à la chérir et à chérir nos proches.

En bon époux, j'allais renter et aider Alec à traverser cette mauvaise phase de la manière qu'il avait choisi. Rafaël avait raison, il aurait pu s'infliger une toute autre punition, une qui ne m'inclurait pas. Peut-être qu'il me l'aurait même caché et que je n'aurai pas pu l'aider par conséquent.

"Voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide", était une bonne philosophie de vie à adopter, j'en avais encore plus conscience aujourd'hui.

Fin du chapitre.