LE CONCEPT ANIMAL
CHAPITRE 4
Drago était affalé dans le fauteuil de son bureau, ses mains légèrement levées devant lui, faisant tourner entre ses doigts cette fameuse sphère de cuivre. Deux jours s'étaient écoulés depuis sa dernière confrontation avec Gregory, et une inquiétude sourde le rongeait : les effets secondaires du Doloris. Il aurait voulu approfondir ses recherches sur le sujet, mais il craignait qu'on le surprenne à fouiner dans ce domaine. La méfiance et la haine qu'il continuait d'inspirer rendaient impossible toute justification crédible d'un tel intérêt.
Pourtant, l'angoisse l'habitait. Une folie douce, insidieuse, semblait s'emparer de lui. Aux coins de ses yeux, des ombres s'étiraient, dansaient. Cela avait commencé par une impression fugace, comme une araignée qu'il croyait apercevoir sans jamais pouvoir la fixer du regard, puis des silhouettes plus nettes. Il devenait fou.
Il serra la sphère dans ses doigts et l'approcha de ses lèvres avant de fermer les yeux.
— Que Merlin ait pitié de moi, murmura-t-il.
Il n'était pas sûr qu'une prière puisse changer quoi que ce soit, mais il s'y risqua. C'était une tentative désespérée, un dernier espoir pour apaiser son esprit.
Malheureusement pour lui, Merlin s'était bien décidé à lui tourner le dos. On frappa maladroitement à sa porte, interrompant ses pensées. Il leva la tête, agacé, et vit entrer, sans même qu'il ait donné son accord, le fameux Harry Potter. Saint parmi les saints…
Potter referma doucement la porte derrière lui et lui fit un petit signe de la main, un sourire hésitant aux lèvres. Dans son autre main, il tenait un bout de parchemin froissé. Drago jura reconnaître la lettre qu'il lui avait envoyée.
Et il avait raison : Harry la leva légèrement et dit avec une nonchalance apparente :
— Salut, Malefoy… Tu m'avais écrit que je pouvais passer quand je voulais.
— Hum ? Aucun souvenir, rétorqua Drago avec une pointe d'amusement.
— Oh ? Euh… Eh bien, me voici malgré tout.
Harry s'avança dans la pièce, son regard curieux parcourant les lieux. Depuis son fauteuil, Drago ressemblait à un fauve alangui, imposant malgré lui, et pourtant décoratif au milieu de cette poussière ambiante. Merlin seul savait les efforts qu'il déployait pour garder cet endroit propre, mais les résultats étaient… disons mitigés.
— Ton bureau est sympa, lança Harry, hésitant. Très… typique.
Il marqua une pause et Drago arqua légèrement un sourcil.
— Tu vas bien ? ajouta Harry avec plus de prudence.
Drago sentit avec un certain plaisir qu'un silence prolongé, accentuait le malaise de Potter. Ce calme feint, cette tranquillité imposée, étaient aux antipodes de l'énergie maladroite d'un Gryffondor.
Finalement, il se redressa et posa la sphère sur le coin de son bureau avant de lisser un parchemin étalé devant lui.
— Que me vaut ta visite, Potter ?
Harry s'arrêta devant le bureau et le fixa, l'air vaguement déconcerté. Visiblement, il s'attendait à un accueil plus cinglant, peut-être une insulte bien sentie. Mais rien de tel ne vint.
— Alors ? insista Drago, haussant un sourcil.
Harry, légèrement pris au dépourvu, resta d'abord silencieux.
Le temps de trouver ses mots, Harry observa chaque détail du bureau comme s'il cherchait des indices dans une scène de crime. Drago suivait ses mouvements d'un œil sceptique, le menton appuyé dans sa main.
— Alors, Potter, répéta-t-il, tu comptes m'expliquer pourquoi tu te tiens dans mon bureau à me scruter comme un hibou curieux ?
— Tu es toujours aussi accueillant, Malefoy, ironisa-t-il.
— C'est un trait de famille, répondit Drago avec un sourire en coin. Sérieusement, que veux-tu ? Je doute que tu sois là juste pour complimenter ma décoration.
Harry prit une grande inspiration et croisa les bras, fixant Drago, qui lui renvoya un regard froid mais légèrement amusé.
— Disons que… j'ai entendu quelques rumeurs.
— Oh, Potter, tu te mets aux potins maintenant ? Tu devrais en parler à Skeeter, je suis sûr qu'elle te fera une place de choix dans sa colonne.
— Ce n'est pas un sujet de plaisanterie, coupa Harry.
Drago haussa les sourcils, vaguement intrigué par le ton soudain sérieux de son ancien rival.
— Très bien. Quelles rumeurs, alors ?
Harry détourna légèrement le regard, cherchant ses mots.
— Concernant Pansy Parkinson.
Drago se redressa légèrement, sa curiosité piquée.
— Pansy ? Décidément, je ne savais pas qu'elle avait un fan-club chez les Aurors.
— Arrête avec ça, soupira Harry. Ce n'est pas ce que tu crois.
— Alors éclaire-moi, Potter. Que devrais-je croire ?
Harry se pinça l'arête du nez, clairement mal à l'aise.
— On m'a dit qu'elle avait de… la compagnie, récemment.
— De la compagnie ? répéta Drago, le ton faussement pensif. Qui aurait cru que Pansy, jeune femme adulte, puisse avoir des amis. Scandaleux.
Harry roula des yeux, mais il resta prudent.
— Je parle d'une compagnie… particulière. Quelqu'un qui revient d'Azkaban.
Drago cilla à peine, mais il détourna légèrement le regard vers sa sphère de cuivre.
— C'est une accusation sérieuse, tu sais ? Si tu es venu me demander des informations, tu risques d'être déçu.
— Je ne t'accuse de rien, précisa Harry. Je veux juste savoir si tu as remarqué quelque chose d'inhabituel.
Drago prit un moment avant de répondre, faisant mine de réfléchir.
— Pansy ne m'a rien dit. Elle ne me confie pas tous les détails de sa vie privée, tu sais. Peut-être que tu devrais aller lui poser la question directement ?
Harry secoua la tête.
— Ce n'est pas si simple.
— Ah, je vois, murmura Drago, son sourire s'élargissant légèrement. Tu as peur d'être mal reçu ?
— Ce n'est pas ça, répondit Harry, un peu trop vite.
Drago posa ses coudes sur son bureau et le fixa, ses yeux gris brillant d'une lueur indéchiffrable.
— Tu m'étonnes, Potter. Te voilà à jouer les chevaliers pour des Serpentards que tu méprisais il y a encore quelques années. Ça te ressemble si peu.
Harry sentit ses joues chauffer sous ce regard. Il détourna les yeux, feignant de s'intéresser à la sphère posée sur le bureau.
— Les choses changent, Malefoy.
— Pas toi, visiblement. Toujours à t'immiscer dans les affaires des autres, lança Drago, sa voix traînant légèrement, presque provocante.
Harry planta finalement son regard dans le sien, et Drago sentit une tension étrange s'installer entre eux. Un silence légèrement électrique qui semblait durer un peu trop à son goût.
— Je fais mon travail, finit par murmurer Harry.
Drago plissa légèrement les yeux, comme s'il essayait de lire entre les lignes.
— Alors, je te le répète : si tu cherches des réponses, demande à Pansy. Moi, je ne vois pas en quoi ça me concerne.
— Tu as changé, Malefoy, observa Harry, presque à voix basse.
— Peut-être. Mais je reste assez malin pour ne pas te donner une raison de me suspecter.
— C'est étrange, dit-il lentement. Je pensais que tu serais un peu plus concerné.
— Concerné ? demanda Drago en arquant un sourcil. Potter, je crois que tu te fais des illusions sur ma capacité à jouer les héros dans ce genre de drame. Ça, c'est ton domaine.
Harry serra les mâchoires, visiblement frustré. Pourtant, il n'ajouta rien, préférant rester planté là à fixer Drago comme s'il espérait lire quelque chose sur son visage.
— Un problème ? demanda-t-il finalement.
Harry détourna le regard, ses lèvres se crispant.
— Non, pas de problème.
Mais il mentait. Il y avait ce quelque chose chez Drago qui le déstabilisait. Ce n'était plus seulement le sarcasme, ni même l'ancienne rivalité. C'était la manière dont il semblait avoir changé tout en restant fondamentalement le même. Ce mélange d'arrogance désabusée et de vulnérabilité cachée.
— Alors si tu veux bien m'excuser, j'ai des choses à faire, ajouta Drago, feignant l'ennui.
Harry recula légèrement, hésitant.
— Si tu entends quoi que ce soit…
— Je te ferai signe, termina Drago avec une fausse cordialité. Maintenant, bonne journée.
Harry hocha la tête, mais ne bougea pas immédiatement.
— C'est étrange de te revoir comme ça, insista-t-il.
Drago haussa un sourcil.
— Et pourquoi donc ?
Harry ouvrit la bouche, puis la referma. Il finit par secouer la tête, un sourire presque imperceptible aux lèvres.
— Rien. Prends soin de toi, Malefoy.
Il tourna les talons et lorsqu'il fut près de la porte, Drago lui lança :
— Au fait, mes félicitations pour ta récente gloire.
— Pardon ?
Harry se retourna d'un coup, étonné, se demandant de quoi il parlait. Drago pencha la tête sur le côté, avec un léger sourire :
— J'ai lu dans le journal que tu avais arrêté un dangereux meurtrier. Alors, bravo.
— Ah… Ah ! Oui, en effet. Merci, je suppose, ajouta-t-il plus bas.
Comme il persistait à s'attarder à la porte, Drago ajouta :
— Au revoir, Harry Potter.
— Hum, à plus, Drago Malefoy.
Il s'en alla en fermant doucement derrière lui.
Drago souffla enfin quand Harry parti. Quelqu'un avait parlé de Gregory à Harry, c'était forcément ça, mais qui ? Pansy ? Oh, non, puisqu'Harry paraissait réellement s'inquiéter pour cette dernière. Ou alors s'était un piège ? Non, il n'était pas du genre à jouer sur un double niveau, comme ça.
Il se laissa glisser au plus profond de son siège. Il était fidèle aux Serpentards et plus que ça, il se sentait responsable du malheur de Gregory. À force de lui tambouriner que tout était de sa faute, Drago se mettait sincèrement à penser que oui… Oui c'était lui le vrai coupable.
Le problème c'est que contrairement à Gregory, il n'avait pas fait de prison lui, ne s'amusait pas à torturer son monde avec des sorts interdits en utilisant une baguette achetée sur le marché noir.
Et malgré tout, Drago persistait à croire que Gregory ne méritait pas ça. Il se promit d'essayer de lui en parler, du moins de le prévenir.
Quelle plaisanterie tout de même, pensa-t-il en essayant de se recomposer une attitude. Il était en train de s'inquiéter du sort de celui qui voulait le détruire. Dire que cet idiot clamait que Drago l'avait abandonné…
. . .
Le lendemain soir, Drago retrouva Blaise et Pansy dans un café-bar pour se détendre un peu. Il n'avait pas vraiment envie de boire, alors il commanda un chocolat chaud. Ses deux amis, eux, optèrent pour une bière au beurre.
La conversation démarra sur un ton léger. Drago, un brin cynique, racontait sa semaine de travail. Pansy soupira presque d'ennui.
— Tu n'as même pas 20 ans et tu as déjà la vie d'un vieillard.
— Je t'avais bien dit que ce boulot n'avait rien de formidable, répondit Drago en levant les yeux au ciel. Pourtant, tu continues d'imaginer que j'ai une chance inespérée. Regarde-moi. Est-ce que j'ai l'air épanoui ? Je ne sais même pas si j'ai la moindre perspective d'évolution dans ce poste.
— Si tu évolues, railla Blaise en prenant une gorgée de sa boisson, ça sera pour devenir un vieux grimoire poussiéreux.
— Ah, Blaise, soupira Drago en esquissant un sourire. Je ne te le fais pas dire.
Pansy lança un regard en biais à Drago, le coin des lèvres relevé d'un sourire moqueur, mais ses yeux trahissaient une lueur d'inquiétude.
— Franchement, Drago, tu es toujours aussi dramatique. Tu veux qu'on te plaigne, c'est ça ? lança-t-elle en agitant sa chope de bière au beurre.
Drago haussa un sourcil, feignant l'indifférence.
— Si tu crois que je cherche de la pitié, c'est que tu me connais bien mal, Pansy.
— Bien sûr, répondit-elle en soupirant. Mais tout de même, tu as l'air… comment dire ? Fatigué. Un peu plus que d'habitude.
Drago esquissa un sourire en coin. Elle se fichait de lui c'est ça ? Elle essayait de l'enfoncer un peu plus dans ses rendez-vous avec Gregory ?
— Si je m'écoutais, je prendrais des vacances vois-tu ? Mais je ne suis pas sûr que le Ministère finance mes envies de farniente.
Pansy roula des yeux, mais garda son attention fixée sur lui un peu plus longtemps, comme si elle cherchait la trace des mauvais coups de Grégory. Blaise, quant à lui, s'appuya nonchalamment contre le dossier de sa chaise et changea légèrement de sujet, sans se douter qu'il touchait pile dans le mille de leurs pensées :
— Au fait, Pansy, tu revois Gregory, toi ?
Elle s'immobilisa brièvement, puis porta sa chope à ses lèvres pour dissimuler son trouble.
— Pourquoi cette question, Zabini ? demanda-t-elle d'un ton faussement désinvolte.
— Oh, je ne sais pas… Peut-être parce que quelqu'un a vu qu'il tournait autour de toi ces derniers temps.
Drago posa calmement sa tasse de chocolat chaud, mais une tension imperceptible raidit ses épaules.
— Blaise, tu fais vraiment dans le commérage, maintenant ? lança-t-il avec un sourire légèrement forcé.
— Ce n'est pas du commérage, répondit Blaise avec un air sérieux. Gregory Goyle est sorti il y a peu de la prison d'Azkaban et il paraît qu'il est… Instable. Je vais être franc : je l'ai vu zoner dans ton quartier Pansy. Fais vraiment attention, il n'est pas fréquentable.
— Gregory n'est pas un problème, répliqua sèchement Drago, coupant court à l'échange.
Pansy posa sa chope, les doigts légèrement crispés autour.
— C'est à Pansy que j'ai posé la question...
— Je gère, Blaise. Grégory… Il est juste venu prendre des mes nouvelles. Et quand bien même, qu'est-ce que ça peut te faire, toi ? Tu es devenu le protecteur attitré des Serpentards ?
— Quelqu'un doit bien se charger de veiller ses camarades, marmonna-t-il. Surtout quand des idiots comme lui entre dans l'équation.
Pansy jeta un regard inquiet à Drago, qui fixait pensivement sa tasse. Blaise, toujours à moitié dans la provocation, reprit, plus doucement cette fois :
— Sérieusement, Pansy, sois prudente. Gregory a l'air d'être une bombe à retardement. Si tu veux que je fasse quelque chose, dis-le.
Pansy hésita un instant, puis haussa les épaules.
— Merci pour ton inquiétude, Blaise. Mais je vais bien. Tout va bien.
Drago redressa la tête, affichant une expression détachée.
— Voilà. Pansy va bien, Gregory n'est pas un problème, et toi, Blaise, tu as fini ton rôle d'enquêteur. On peut revenir à un sujet plus agréable, peut-être ?
Blaise haussa simplement les épaules.
Drago tapotait nerveusement sa tasse de chocolat chaud, visiblement incapable de se détendre.
Un silence gênant s'installa autour de la table, chacun cherchant un sujet pour alléger l'atmosphère. Blaise, cependant, n'était pas dupe. Il voyait bien que Drago avait encore quelque chose sur le cœur. Finalement, après une gorgée de bière, il osa poser la question :
— Bon, Drago, qu'est-ce qu'il y a ?
Drago pesa le pour et le contre en silence, fixant sa tasse comme s'il espérait y lire une réponse. Finalement, il soupira et releva les yeux vers Blaise.
— C'est toi, Blaise Zabini, qui es allé voir Potter pour lui parler de Gregory ?
Pansy eut un air surpris, mais Blaise ne cilla pas.
— Peut-être bien…
— Tu sais qu'il est venu me voir dans mon propre bureau ? Pour m'interroger ?
— Potter ? Te voir ? répéta Pansy, incrédule.
— Il t'a menacé ? demanda Blaise.
— Non, mais il voulait savoir si j'avais remarqué quelque chose concernant Pansy.
Blaise pencha légèrement la tête, intrigué, tandis que Pansy secouait la sienne, agacée.
— Pourquoi il n'est pas venu me voir directement ?
— Qu'est-ce que j'en sais ? Tu lui fais peut-être peur, Pansy, dit Drago avec un sourire sarcastique. Par contre, Blaise, je n'apprécie pas du tout. Pourquoi es-tu allé chercher Potter dans son trou ? Tu aurais pu venir nous voir directement.
— Peut-être, admit Blaise en haussant les épaules. Mais j'avais peur d'une confrontation avec Greg. Et si Harry Potter lui-même n'est pas venu directement la voir, c'est qu'il a dû penser la même chose que moi.
Drago serra les mâchoires, irrité mais incapable de réfuter l'argument. Pansy croisa les bras, l'air contrarié.
— Super. Donc maintenant, Potter s'imagine que j'ai besoin de son intervention héroïque ?
— Oh ça c'est sûr, dit Drago avec ironie. Sauver ses vieilles connaissances Serpentard, c'est sûrement en haut de sa liste.
Mais malgré ses paroles légères, Drago ne pouvait s'empêcher de sentir un poids grandir dans sa poitrine. L'implication de Potter rendait les choses beaucoup plus risquées.
Blaise plissa légèrement les yeux en fixant Drago. Il croisa les bras, visiblement prêt à creuser davantage.
— Reprenons depuis le début, Potter est venu te voir dans ton bureau ? demanda Blaise avec une fausse légèreté. Vous avez discuté... tranquillement ?
Drago roula des yeux et but une gorgée de son chocolat, prenant un temps exagérément long pour répondre.
— Tranquillement n'est pas exactement le mot que j'emploierais, mais oui, il est venu. On a échangé quelques mots. C'est tout.
— Quelques mots, hein ? répéta Blaise en arquant un sourcil. Et ça n'avait rien d'étrange ? Rien qui te mette mal à l'aise, par exemple ?
— Qu'est-ce que tu insinues, Blaise ? grogna Drago, irrité.
— Rien, rien. C'est juste que... Potter et toi, dans un bureau ? On dirait presque une scène d'un mauvais roman.
Pansy étouffa un rire, mais reprit vite son sérieux en voyant l'expression de Drago.
— Oh, allez, Blaise, laisse-le tranquille, dit-elle en posant une main légère sur le bras de Drago. Potter a dû jouer au gentil enquêteur, rien de plus.
— Gentil enquêteur, répéta Blaise. Pourtant, tu as l'air... agité, Drago. Et je ne parle pas seulement de la façon dont tu tapotes ta tasse comme si elle allait te répondre.
Drago posa brusquement sa tasse sur la table, faisant légèrement sursauter Pansy.
— Ce que je fais ou ressens n'est pas le sujet. Il m'a posé des questions, et j'ai fait ce qu'on attend de moi : je n'ai rien dit. Fin de l'histoire.
Blaise ne sembla pas convaincu, mais il haussa les épaules avec un sourire en coin.
— Très bien. Si tu veux rester mystérieux, je ne vais pas insister. Mais Harry Potter qui te rend visite... c'est nouveau, ça. Il ne t'a jamais apprécié à Poudlard, et voilà qu'il débarque comme une vieille connaissance ? Drôle de coïncidence, non ?
Drago serra légèrement les poings sous la table, mais se força à afficher un sourire sarcastique.
— Coïncidence foudroyante puisqu'un serpent nommé Zabini l'y a poussé. Qui sait, il a peut-être simplement un faible pour les Serpentards en détresse.
Pansy éclata de rire, mais Blaise fronça les sourcils, pensif.
— Ou peut-être qu'il a remarqué que tu étais... différent, Drago. Tu sais, un peu plus... docile. Potter doit adorer jouer les sauveurs.
— Docile ? répéta Drago, sa voix froide. Fais attention. Tu pourrais te retrouver avec du chocolat sur ta jolie veste.
Pansy intervint avant que les choses ne s'enveniment.
— Les garçons, calmez-vous. Blaise, arrête de titiller Drago. Et Drago, arrête de réagir comme s'il t'avait insulté.
Blaise leva les mains en signe de reddition.
— Très bien, très bien. Mais... Potter, hein ? Ça, je sens que ce n'est que le début d'une drôle d'histoire.
Drago leva les yeux au ciel devant le sourire narquois de Blaise. Il voyait venir ses sous-entendus à des kilomètres. Pansy, qui sirotait sa bière au beurre, semblait également anticiper le moment où Blaise lâcherait sa pique, prête à savourer la scène.
— Potter, Potter, Potter… répéta Blaise en faisant tourner son verre dans sa main. Tu sais, Drago, il est plutôt mignon, non ? Avec son air sérieux et ses lunettes un peu de travers ?
Drago fronça les sourcils, une ombre d'agacement traversant son visage. Il détestait cette manière chez Blaise d'alléger la conversation à ses dépends.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Oh, rien, rien… poursuivit Blaise avec une fausse innocence, un sourire en coin. Mais enfin, il s'est déplacé jusqu'à ton bureau. Tout seul. C'est qu'il devait vraiment avoir envie de te voir. Peut-être qu'il t'apprécie plus que tu ne le crois.
— Blaise, tu délires complètement, grogna Drago, cherchant à couper court.
Pansy, qui s'amusait visiblement de l'échange, intervint d'une voix rieuse :
— Il n'a pas tort, tu sais. Potter est un gentil garçon, après tout. Toujours prêt à aider les autres, toujours si… chevaleresque.
— Je ne vois pas le rapport. Pour la millième fois, Potter est venu poser des questions sur Gregory par rapport à Pansy, pas pour me… complimenter.
Blaise haussa un sourcil, son sourire s'élargissant.
— Tu es sûr ? Il t'a peut-être trouvé beau, va savoir. Avec tes cheveux soigneusement coiffés et tes airs de veuf mélancolique, tu fais sûrement effet.
— Mais airs de veuf… ? Pardon, tu rigoles ! s'exclama Drago, outré, tandis que Pansy éclatait de rire.
— Quoi ? Et puis c'est une possibilité. Franchement, Potter n'est pas mal non plus. Si j'étais toi, je considérerais peut-être la question…
— Mais t'es complètement fracassé, mon pauvre.
— Je cherche des possibilités pour toi, vu que personne ne semble faire grâce à tes yeux !
Pansy, qui essuyait une larme de rire, leva la main pour calmer le jeu.
— Bon, bon, arrête de le taquiner, Blaise. Drago a déjà assez de soucis comme ça avec son boulot de petit vieux. Pas besoin de lui rajouter des fantasmes sur Potter.
Drago lança un regard noir à Pansy, mais elle lui répondit avec un sourire innocent. Blaise, quant à lui, sirota tranquillement le reste de sa bière, l'air satisfait.
— Très bien, concéda Blaise en se levant de sa chaise. Mais je parie que ce n'est pas la dernière fois que Potter viendra te voir, Drago. Et qui sait, peut-être qu'il appréciera ta… compagnie plus qu'il ne le devrait.
Drago grogna quelque chose d'inintelligible en réponse, mais Blaise ne s'attarda pas pour l'entendre. Il alla commander d'autres verres au comptoir, en jetant un dernier sourire moqueur à Drago, laissant ce dernier seul avec Pansy.
Elle posa une main sur celle de Drago, son expression se radoucissant.
— Ignore-le. Blaise aime trop semer le chaos. Mais… sérieusement, tu vas bien ?
Drago hocha la tête, bien qu'il sache que son masque de calme ne trompait pas totalement Pansy. Entre Gregory et maintenant Potter, les complications semblaient s'accumuler à un rythme inquiétant.
