LE CONCEPT ANIMAL

Chapitre 7

Qui aurait cru que derrière ce regard d'acier et cet air nonchalant, Drago Malefoy était d'un naturel inquiet ? Le genre de garçon à ressasser tout ce qu'on lui disait, à décortiquer chaque détail des informations qu'il possédait.

Gregory, Harry… Ils tournaient en boucle dans son esprit, à lui donner la migraine. Aussi, le lendemain de cette soirée atroce où on lui avait brisé les doigts, il se décida à poser un jour de congé au Ministère. Quelle ne fut pas sa surprise de recevoir, avant même d'envoyer sa demande, un hibou de son département accusant réception d'un arrêt de travail transmis par un médicomage. Bien qu'un brin agacé qu'on ait agi sans son autorisation, il s'installa dans son fauteuil avec un soupir de soulagement. Qu'est-ce qu'il était fatigué.

La nuit avait été terrible. Il s'était réveillé fiévreux, sans en comprendre la raison. Ce matin, son visage lui semblait grisâtre, presque malade, et il craignait que même le café le plus fort ne suffise à lui redonner un semblant d'énergie.

D'un geste mécanique, il attrapa les journaux livrés par le service postal et tenta de lire les nouvelles. Mais les mots se brouillaient sous ses yeux. Lâchant prise, il abandonna les journaux sur la table basse et se prit la tête dans les mains.

Un sentiment qu'il n'aurait jamais cru ressentir refit surface : l'envie que son père soit là.
Lucius Malefoy, avec sa froide assurance et ses ordres précis, lui aurait dicté sa conduite. L'idée le remplit d'une tristesse si pesante qu'il sentit les sanglots monter. Mais Drago, toujours digne, les étouffa.
Il se sentait terriblement seul, comme un enfant perdu au milieu d'une forêt peuplée de prédateurs. La colère monta en lui, brutale, dévorante. Il maudit tout le monde.
Gregory, bien sûr, mais aussi Harry, Blaise — ce bavard — et même Pansy, pour son insupportable inquiétude. Et puis, sans véritable raison, il maudit Vincent. Vincent, cet idiot mort dans le feu…
Tout ça, c'était de sa faute.
Un souffle tremblant s'échappa de ses lèvres. Il s'en voulut aussitôt. Maudire les morts… C'était si bas, si ignoble.

Lentement, il se leva et s'approcha de la photo posée sur le buffet. Une image animée de leur adolescence, un souvenir de l'époque où ils étaient tous ensemble. Lui, figé dans son arrogance de leader, Pansy si charmante, Blaise toujours beau sans effort. Et enfin, Gregory et Vincent, inséparables, qui échangeaient un regard complice.
Il resta là un moment, fixant ce tableau du passé, un poids sur la poitrine. Il n'avait jamais pris le temps de vraiment les regarder, de vraiment les comprendre. Oui, il les avait méprisés, ouvertement, les considérant aussi bêtes que deux trolls.
Il avait été injuste.
Peut-être était-ce réellement sa faute s'ils avaient cherché à prouver leur force, à aller toujours plus loin. Eux, qui cherchaient son approbation, son respect, et n'avaient récolté que des moqueries.
Sa voix trembla lorsqu'il murmura, d'une sincérité qu'il n'avait jamais osé exprimer :
— Je suis tellement désolé.

Mais ce n'était que des mots et rien ne ramènerait Vincent à la vie. Rien ne les ferait repartir à cette époque où ils étaient sur la dernière marche avant leur chute dans les ténèbres. Est-ce qu'ils auraient pu l'éviter ? Drago pensa avec lucidité qu'une partie de ses camarades avaient été injustement traînés dans les limbes par la faute de certains sang-purs comme lui. Ils avaient ouvert la voie à l'horreur.
Plus coupable que jamais, Drago se cacha de nouveau le visage dans les mains. C'était de sa faute, de sa seule faute, oui.
Une voix lui glissa alors à l'oreille, toutes ces évidences :
— Tu as voulu ma mort, je le sais.
Il se redressa brusquement, le souffle coupé et tourna sur lui-même. Il avait reconnu la voix de Vincent, il en était sûr. Mais il n'y avait personne, enfin… Si au coin de ses yeux il le vit : jeune, brûlé, mort sans l'être.
— Tu peux t'en vouloir toute ta vie, mais qu'est-ce que ça changera ? Regarde ce que tu m'as fait.
Drago se tourna encore, mais rien. Rien de vrai devant ses yeux.
— Je ne voulais pas, dit-il d'une voix incertaine. Vincent, je t'avais dit… De ne pas le faire.
— C'était trop tard ! Chacune de tes manipulations, chacune de tes paroles… Tu as fini par obtenir ma fin !
— Non, non ! J'ai… J'ai même sorti Gregory de là, j'aurai… Si tu savais comme j'aurai voulu te sauver aussi !
Il tournait sur lui-même, cherchant ce Vincent, dont il ne pouvait attraper la silhouette toute entière.
— Ben t'as lamentablement échoué maître Drago ! Tu m'as tué. Toi et toi seul !
Drago se prit l'accusation comme un coup de poing. Il se tut.
— Tu dis que tu t'en veux hein, mais regarde… T'es même pas fichu de baisser les yeux devant Gregory, même aujourd'hui.
— C'est ça que tu veux Vincent ? Que je m'humilie devant lui ? J'accepte déjà tellement ! Tu ne sais pas ce que je vis actuellement !
Vincent ne répondit pas et son illusion s'effaça, mais Drago eut la sensation qu'un feu terrible fondait sur lui. Il s'en débattit et recula jusqu'à cogner dans la table basse. Il trébucha et tomba, se faisant mal.

Il regarda tout autour, comme un fou. Il n'y avait rien. Il était seul, en sueur, brûlant de fièvre et les yeux grands ouverts, il sentait, au fond de lui que ces illusions s'empireraient si Gregory persistait à essayer de le torturer à coup de Doloris.
— Par Melin, je suis vraiment en train de devenir fou…
Fébrile, il se releva avec peine et puis fonça dans ses toilettes, pour vomir sa bile. Malade comme un chien, il se prenait le contre-coup des soins du médicomage et des deux transplanages de la veille. Il resta contre ses toilettes et eut un rire hystérique.
— Qu'est-ce que je vais devenir, dit-il à voix haute.
Il regarda vers le plafond, à la recherche d'une céleste réponse. Seule les araignées au coin de ses yeux lui répondirent, passant ça et là comme des badauds dans une foule.

. . .

La semaine de Drago se passa plus ou moins atrocement. Il était retourné à son travail dès le lendemain, fuyant la solitude de son appartement et ce Vincent qui s'amusait à lui susurrer sa culpabilité. Il fut d'une efficacité moindre, ne parvenant pas à se concentrer sur ses recherches, mais personne n'attendait vraiment rien de lui.

Il angoissait aussi à l'idée de revoir Gregory, de subir de nouveau son monologue et ses coups de sang. Sans le vouloir, il avait osé penser à Harry Potter, à l'aide qu'il se proposait d'apporter. Mais aussitôt l'idée de trahir Gregory, de le ramener dans le fond d'Azkaban l'empêchait de formuler plus puissamment cette idée.

La mort dans l'âme, Drago se rendit chez Pansy. Il ne l'avait pas revue depuis une semaine et avait ignoré ses appels.

Elle lui ouvrit la porte et le serra aussitôt dans ses bras.
— Comme je me suis inquiétée, Drago ! s'exclama-t-elle en s'écartant légèrement pour le détailler. Tu as l'air… épuisé !
Elle saisit sa main, qu'elle examina instinctivement, et sembla rassurée de la voir en parfait état.
— Comment tu vas ?
Drago haussa les épaules, son regard perdu dans le vide. Il devinait encore quelques moqueries dans les hallucinations fugaces qui persistaient au coin de ses yeux.
— Drago ? répéta-t-elle, plus inquiète.
Il finit par sourire légèrement, un sourire crispé, dénué de chaleur.
— Aussi bien qu'on peut aller, dans une telle situation, répondit-il. Tu me laisses entrer ? Il fait froid dehors.
— Oui, bien sûr…
Elle se décala pour le laisser passer. Drago, comme un condamné, retira son manteau et, pour une fois, l'accrocha de lui-même au portant. Il posa une main sur l'épaule de Pansy, une caresse fugace, presque mécanique.
— Tu peux m'apporter un café ? J'en ai vraiment besoin.
Pansy hocha la tête sans un mot, alors qu'il avançait lentement vers le salon. Là, Gregory l'attendait, en empereur dans son fauteuil, sa baguette tournant entre ses doigts.
— Bonsoir, Gregory, salua Drago en entrant.
Gregory leva les yeux sur lui. Son visage affichait une expression difficile à déchiffrer. Il se contenta de hocher légèrement le menton en guise de réponse.
— Pansy m'a dit que tu avais fait venir Harry Potter ici, la dernière fois, dit-il d'un ton bas et menaçant. Pourtant, je t'avais prévenu.
Drago sentit son estomac se nouer, mais il répondit calmement :
— Tu m'avais brisé les doigts, il fallait bien que je me fasse soigner.
— Tu pouvais aller à l'hôpital !
— On m'aurait posé des questions, répondit-il sans détour.
— Ah, parce que Potter, un Auror, ne t'en a pas posé peut-être ?
— C'est plus facile d'envoyer balader Harry Potter que de gérer l'administration de Sainte-Mangouste, précisa Drago avec un soupçon d'agacement.
Il planta son regard dans celui de Gregory et ajouta d'une voix ferme :
— Je ne lui ai rien dit, Gregory. Rien. Je ne te ferai pas ça, je ne te renverrai pas à Azkaban. Je te le jure.
Gregory éclata d'un rire sec et amer.
— Qu'est-ce que j'en ai à foutre de tes promesses ?
Pansy entra à cet instant, un mug fumant de café à la main, qu'elle tendit à Drago.
— Pourtant, tu devrais le croire, dit-elle en s'adressant à Gregory. Parce qu'il s'occupe plus de ton cas que moi-même.
— La belle affaire ! Je suis sauvé alors ! lança Gregory, un sourire moqueur étirant ses lèvres.
Pansy fronça les sourcils, sa voix devenant plus dure :
— Tu es injuste.
— Injuste ? Injuste, répéta Gregory avec un rictus, imitant d'une voix nasillarde le ton de Pansy. Viens donc passer quelques mois à Azkaban, Pansy-chérie, et on verra si tu tiens toujours ce même discours !
— Tu es odieux, dit-elle en secouant lentement la tête.
Gregory, assis avec nonchalance, haussa les épaules, un sourire narquois au coin des lèvres.
— Tu savais qui j'étais avant de me faire entrer ici, Pansy. Si tu ne supportes plus la compagnie des vieilles connaissances de Pudlard, tu n'as qu'à nous laisser, dit-il d'un ton glacial.
Elle se tourna vers Drago, cherchant son soutien du regard. Mais ce dernier, visiblement mal à l'aise, évita ses yeux.
— Je vais y aller, Drago. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, d'accord ?
— Oui… Merci, Pansy, murmura-t-il.
Elle sortie en claquant la porte. Un silence pesant s'installa, seulement troublé par le bruit de la baguette de Gregory tapotant légèrement contre le bras de son fauteuil. Drago fixa son mug de café, l'esprit encombré, puis se lança finalement :
— Écoute, Greg… Je pense qu'on devrait arrêter de se voir ici. Pansy n'a rien à voir avec tout ça. Elle n'a pas besoin de… de se retrouver mêlée à nos affaires.
Gregory éclata d'un rire bref.
Nos affaires ? C'est comme ça que tu appelles ce qui se passe ? Tu veux qu'on se voit où, alors ? Chez toi ? Tu me veux comme invité de marque dans ta suite de Malefoy ?
— Si c'est nécessaire, oui, répondit Drago d'un ton calme mais ferme. Si ça nous permet d'éviter Pansy, je suis prêt à ce compromis.
Gregory se redressa légèrement, sa baguette glissant lentement entre ses doigts.
— Ah, c'est noble de ta part, vraiment. Mais tu crois quoi, Drago ? Que tu peux poser des règles dans tout ça ? Que c'est toi qui commandes ?
Drago serra les dents, sentant déjà où la conversation dérivait.
— Je ne cherche pas à commander, Greg. Je veux juste…
Juste ? Le coupa Gregory, se levant soudainement, sa voix prenant une teinte menaçante. Voilà ton problème, Drago. Tu veux toujours garder le contrôle, toujours paraître au-dessus de tout. Mais tu n'auras plus jamais le contrôle sur moi, tu entends ? Jamais.

Drago se plongea dans son mug de café, avalant une gorgée, alors que Gregory se plaçait devant lui, réduisant la distance entre eux à quelques mètres.
— Alors voilà ce qu'on va faire, reprit Gregory, sa voix plus basse, presque un murmure venimeux. Si tu veux que je vienne chez toi, si tu veux garder Pansy en dehors de tout ça… alors tu deviens ma chose.
Drago prit le temps de poser sa tasse sur le buffet à sa gauche et roula des yeux, le trouvant complètement idiot, c'est vrai.
— Hors de question.
Gregory esquissa un sourire, un sourire froid et inquiétant.
— Hors de question ? Tu n'as aucune idée de ce que ça veut dire pour toi de dire non, hein ?
D'un geste vif, il attrapa Drago par les poignets et le poussa contre le mur, l'immobilisant sans effort apparent. Mais Drago n'avait pas non plus grandement réagi, jaugeant encore les limites à ne pas dépasser avec lui.
— Tu vois, Drago, continua Gregory, sa voix empreinte d'une fausse douceur, tu as beau essayer de jouer au fort, tu es toujours le même gamin fragile qu'à Poudlard. Toujours là à vouloir plaire, à éviter les ennuis. Tu ne comprends rien au pouvoir, au vrai pouvoir.
Drago bougea à peine. Il ne se sentait pas encore mortellement en danger, pour tenter d'être trop virulent, mais Gregory resserra sa prise, rapprochant leur visage au point que qu'il put sentir son souffle.
— Lâche-moi, Greg. Maintenant, ordonna-t-il en détournant la tête.
Gregory rit doucement.
— Quoi ? Tu vas appeler Potter à l'aide ? Tu vas jouer la victime comme toujours ?
Le mot "victime" fit grincer les dents de Drago, réveillant en lui une colère qu'il croyait enfouie. Il rassembla ses forces et repoussa Gregory d'un coup sec. Il recula simplement, parce qu'il le voulait bien.
— Si tu veux continuer à jouer à ce petit jeu, fais-le sans moi, cracha Drago, les yeux flamboyants de rage. Je ne suis pas ton esclave, ni ta marionnette, et certainement pas ta chose.
— En fait… On peut pas te mettre dans la tête que tu ne choisis pas, hein…
Gregory leva une main, effleurant la mâchoire de Drago du bout des doigts. Il recommence, pensa-t-il, avec son obsession dégueulasse.
— C'est drôle… Maintenant je ne te trouve plus du tout impressionnant. Ton petit air à la con, de sang-pur, il est ridicule. Tu es cassé, mon vieux. Complètement brisé. Et tu sais quoi ? Ça me plaît cette vision.
Drago détourna le visage, une grimace de dégoût déformant ses traits.
— Arrête avec ça, ce dérapage…
— Quel dérapage ? De quoi tu as si peur ? Il le murmura.
Il se contenta de déglutir, n'osant pas le formuler à voix haute, de peur de lui donner l'envie de poursuivre là-dedans.
— Puisque tu ne réponds pas, je vais te le dire : tu as peur de ce que tu es en train de devenir… De perdre ton statut de maître pour celui d'esclave. Mais si ça peut te rassurer, quand tu seras enfin à terre, je serai un très, très bon maître avec toi.
— Par Merlin, écoute-toi un peu, ça n'arrivera pas, jamais ! Tu m'entends Gregory ? Tu peux me taper, me torturer si tu veux, mais tu peux rêver pour que je devienne ta chose. Retourne donc fantasmer dans le fond de ton trou de troll !
Il eut même un rire en le regardant avec suffisance. Cela eut le mérite de clore la conversation et de pousser Gregory à fondre sur lui pour le frapper à mains nues.

Si Gregory pensait avoir le contrôle de la situation, c'était pourtant Drago qui avait tout fait pour provoquer cette violence. Il préférait encore les coups à ce côté suave et possessif qui le glaçait.

Gregory ne se fit pas prier. Il le roua de coups, arrachant à Drago des plaintes étouffées. Une douleur vive lui transperça le flanc, et il eut la désagréable impression qu'une côte venait de céder. Se tenant le ventre, il vacilla contre le mur, mais Gregory le rattrapa brutalement par les cheveux, le forçant à rester debout.
— Non, non, non, je n'en ai pas terminé, susurra Gregory avec un sourire cruel.
Il sortit sa baguette, et Drago ferma les yeux.
Pas le Doloris…, supplia-t-il intérieurement.
Mais Gregory, avec le goût du sang dans la bouche, ne lui laissa aucun répit. D'un geste vif, il lança le sort. Une douleur insoutenable envahit le corps de Drago, le projetant contre le mur avec une violence inouïe. Silencio l'empêchait de crier, le rendant prisonnier de sa souffrance.

Gregory observait le corps de Drago se tordre et convulser, son teint pâlissant jusqu'à la limite du supportable. Il savait exactement quand arrêter, jouant à ce jeu malsain avec une précision froide. Enfin, il abaissa sa baguette, interrompant le sort.
Drago, à bout de souffle, s'effondra sur le sol. Les larmes coulaient silencieusement sur son visage. Il se recroquevilla, ses épaules tremblant sous l'effort pour contenir sa douleur.
— Pansy ! appela soudain Gregory d'une voix forte.
Un bruit de pas précipités retentit, et Pansy entra, le visage blême, paniquée.
— Quoi ?! Qu'est-ce qui se passe ? Drago… il va bien ?!
Son regard se posa sur Drago, étalé sur le sol, visiblement en état de choc. Elle porta une main à sa bouche, horrifiée.

Gregory s'approcha et attrapa Drago par le bras pour le hisser sur ses pieds. Drago vacilla, incapable de se tenir droit, son regard embué de larmes trahissant une impuissance totale. Gregory le maintint fermement contre lui, passant un bras autour de sa taille, appuyant volontairement sur ses côtes douloureuses.
— Admire-le, Pansy, ordonna Gregory avec un ton glacial. Je veux que tu admires Drago Malefoy dans toute son impuissance.
Pansy détourna les yeux, secouant doucement la tête.
— Regarde, j'ai dit ! tonna Gregory. Il est à moi, juste à moi. J'ai Malefoy, et je peux en faire ce que je veux.
Il relâcha sa prise sur ses côtes, mais seulement pour l'immobiliser par le cou. Drago porta ses mains sur l'avant-bras de Gregory, tentant faiblement de se libérer, tandis que Gregory posait un baiser rude et mordant sur sa joue, un geste à la fois dominateur et terrifiant.
— Un Doloris. Quelques coups. Et voilà, je le rends docile, presque contre sa volonté. Regarde ça, Pansy. Regarde-le bien. Tu crois qu'il aurait survécu à Azkaban ? Non. Jamais. En un jour, il serait mort… dans les douches.
Pansy serra les poings, sa voix tremblante.
— Mais on n'est pas à Azkaban, Greg. Tu ne peux pas lui faire ça, je t'en supplie. Lâche-le. Il… il souffre, tu lui fais trop de mal.
Gregory éclata de rire, un rire sinistre qui résonna dans la pièce.
— Trop de mal ? C'est marrant, tu vois, je ne fais que lui rendre la monnaie de sa pièce. Il nous traitait comme des moins que rien, et maintenant… maintenant, c'est à mon tour de lui apprendre ce que ça fait.
Il serra davantage Drago contre lui, presque comme dans une étreinte étrange et déformée.
— Dis-moi, Pansy, tu le trouves toujours aussi beau ? demanda Gregory avec une lueur malsaine dans les yeux.
Pansy renifla, secouant la tête, désemparée.
— Greg, qu'est-ce que tu fais… ? murmura-t-elle.
Gregory continua comme si elle n'avait rien dit.
— Moi, je l'ai toujours trouvé beau. Pas beau comme un homme, mais beau comme une petite statue délicate. Une chose qu'on a envie de voler… et de casser. Tu comprends ? Drago n'a jamais été qu'un outil. Un jouet. Pour son père, pour Voldemort, et maintenant pour moi.
Pansy recula d'un pas, les larmes au bord des yeux.
— Je comprends pas où tu veux en venir ?
Gregory la fixa un instant, son sourire s'élargissant, et il murmura, presque pour lui-même :
— Où je veux en venir, Pansy ? répéta-t-il, son ton empreint d'une froideur calculée. Là où il comprendra qu'il ne contrôle rien. Absolument rien.
Sans crier gare, il tourna le visage de Drago vers le sien d'une main ferme et, avant que celui-ci ne puisse détourner la tête, il l'embrassa brutalement. Ce n'était pas un baiser tendre ni même sensuel. C'était une déclaration de possession, une démonstration de pouvoir. Drago se raidit, ses mains cherchant désespérément à repousser Gregory, mais il n'était en état de rien.

Pansy était figée, incapable d'intervenir. Elle couvrit sa bouche de ses mains, ses yeux écarquillés, aussi humiliée que si elle avait été à la place de Drago.

Enfin, Gregory rompit le baiser et relâcha Drago d'un geste abrupt, le projetant une fois de plus au sol. Drago atterrit lourdement, son corps s'effondrant sous la douleur accumulée. Sa respiration était hachée, et il détourna les yeux, le rouge de l'humiliation teintant ses joues.
Gregory, quant à lui, se redressa en arrangeant sa veste, comme si tout cela n'avait été qu'une banale formalité. Il se tourna vers Pansy, un sourire satisfait aux lèvres.
— Tu vois, Pansy, dit-il en désignant Drago d'un geste négligent. Voilà ce qu'il est. Une belle petite chose, fragile et obéissante quand on sait s'y prendre.
Elle ne répondit rien, ses yeux passant de Drago à Gregory, cherchant à comprendre ce cauchemar.
Gregory fit un pas vers la porte, mais s'arrêta avant de partir complètement.
— Oh, et Drago, ajouta-t-il avec un ton faussement léger, je ne pourrai pas te voir la semaine prochaine. Trop de boulot, dit-il avec des guillemets.
Drago, toujours au sol, ne bougea pas, les mâchoires serrées.
Gregory s'accroupit à sa hauteur, posant une main presque amicale sur son épaule meurtrie.
— Alors on reporte ça à la semaine d'après, chez toi, c'est ce que tu voulais, non ? Ça te va ?
Drago détourna le visage, ses yeux fixés sur un point invisible du mur.
— Bien sûr que ça te va, conclut Gregory avec un sourire venimeux. Je suis sûr que tu sauras te montrer… accueillant.
Il se releva et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il se tourna une dernière fois vers Pansy, qui n'avait pas bougé d'un pouce.
— Pansy, tu devrais lui préparer un thé. Il en aura besoin.
La porte se referma derrière lui, et un silence pesant envahit la pièce.

Drago, toujours étendu sur le sol, osa enfin lever les yeux vers Pansy. Ses lèvres tremblaient, mais aucun mot ne sortit, pourtant au départ de Gregory le Silencio s'était doucement évaporé. Elle s'agenouilla près de lui, posant une main hésitante sur son épaule.
— Dray… murmura-t-elle.
Mais Drago secoua doucement la tête, évitant son regard. Il écarta sa main. Tout ce qu'il voulait, c'était disparaître.