Écrit par HateWeasel
348. Singeries.
Le manoir Phantomhive ; l'une des dernières grandes demeures de l'ère Victorienne toujours sur pieds. Quoique cela puisse paraître anodin, ce manoir n'était pas comme les autres, à l'exception du quartier général de l'organisation H.E.L.L.S.I.N.G. La différence entre les deux était que l'un était une base militaire, et l'autre une simple résidence. Cela étant dit, le manoir Phantomhive avait été détruit d'innombrables fois, étant donné son ancienneté. Il avait connu les flammes, des explosions, des catastrophes naturelles, des meurtres, ainsi que des assassinats, si fréquemment que, la famille qui y vivait depuis des générations ne s'étonnait même plus de ces événements. Alors que la demeure accueillait sans doute le dernier héritier, il semblerait que ses lumières aient été englouties par l'obscurité pour de bon. La bâtisse avait connu de mauvaises passes, mais, également de bons moments. Même avec le dernier Phantomhive, il arrivait que les résidents de la maison sourient. Il y avait de la joie. Il y avait du rire. Il y avait une sorte d'ambiance chaleureuse qui refusait de mourir. Hélas, tout avait pris fin lorsque le maître des lieux était parti. Il décéda, et le manoir resta sinistre et silencieux pendant cinquante années entières.
Puis, comme par miracle, le maître revint ; il revint d'entre les morts. Il n'avait pas pris une ride, à l'instar de son fidèle majordome, tous deux vêtus de noir. La joie ne revint pas, cependant. Bien que les lieux furent restaurés, le cœur n'y était pas. L'atmosphère était grave et solennelle. Le maître ne faisait que travailler, tout comme le majordome, s'attelant à leurs anciennes et nouvelles tâches. De nouveaux visages firent aussi leur apparition entre les murs du manoir, mais ils partaient presque aussi vite qu'ils arrivaient. Ils n'étaient là que pour faire affaire. Plus de cinquante ans étaient passés depuis le retour du maître. Beaucoup de choses avaient changées. Les missions avaient changées. Les employeurs avaient changés. Londres avait changée. La seule chose qui n'avait pas changée, cependant, était l'ambiance sinistre qui planait autour du Manoir Phantomhive.
Mais pas aujourd'hui, ni trois ans plus tôt. La demeure aurait dû rester sombre à jamais, et plus encore peut-être, avec l'installation de l'ancienne Némésis du maître dans la résidence. Mais il n'en fut rien. En fait, ce fut tout le contraire. Aujourd'hui, on riait, et il y avait de la joie. Il y avait de nouvelles têtes, souriant et célébrant. Le maître des lieux, lui-même, souriait plus souvent, et d'autres personnes y logeaient. Par le passé, le chef des Phantomhive aurait été agacé, mais maintenant, il n'avait aucun problème à s'y faire. De nouvelles connaissances, de nouveaux amis, de nouveaux intérêts, et une nouvelle atmosphère. Évidemment, il y avait de temps à autres des zones d'ombre ici et là, comme dans n'importe quel foyer, mais à présent les choses semblaient revenir à ce qu'elles étaient il y a de cela cent ans, depuis le changement du chef de famille. Oui, Ciel Phantomhive, le dernier des Phantomhive, ressemblait de plus en plus à ses parents avec chaque jour qui passait, qu'il en soit conscient ou non.
Aujourd'hui, il y avait des invités au Manoir Phantomhive. Ils étaient les amis du maître. En effet, il avait maintenant des "amis", mais les choses étaient loin d'être "normales" au Manoir Phantomhive. Cela restait la demeure de démons, une bâtisse construite sur des mensonges et des décès. Ces garçons, cependant, voulaient faire un effort pour "normaliser" les Phantomhive, croyant naïvement que s'adonner à des pratiques enfantines et simplettes suffiraient, même sans trop d'enthousiasme. Toutefois, les garçons souriaient et ne s'embêtaient pas à trop y réfléchir, revenant sur l'audacieuse prouesse qu'ils avaient accomplie il y a seulement une heure.
- ... et puis Ciel a jeté le mec ! dit Audrey, expliquant ce qui s'était passé de son côté. Il l'a fait avec un seul bras ; juste par-dessus sa tête !
- Je croyais que "subtilité" était le mot d'ordre pour toute cette opération, Ciel ? plaisanta Alois en donnant un léger coup de coude au bras du bleuté.
En réponse, Ciel se contenta de pouffer.
- Qu'étais-je supposé faire ? demanda-t-il. Le laisser me plaquer au sol ?
- Hors de question, c'est mon travail ça, répondit le blond avec un grand sourire. Le gouvernement me paye pour le faire.
- Tu rigoles, j'espère ? dit Kristopherson, rejoignant la conversation.
- Non. Je suis très sérieux, répondit la menace blonde.
Il tendit la main au faux-blond et son sourire disparut.
- Cela dit, ils ne couvrent pas le sauvetage des petits jeunots gays qui ne sont pas Ciel.
Son acte vacilla lorsque le bleuté en question lui lança un regard interrogateur, mais continua à regarder Kristopherson.
- Par ici la monnaie.
- Je demanderai à mon assurance de revenir vers toi, répliqua le Miles. Vous ne trouvez pas que vous en avez un peu trop fait, par contre ?
- Ils en font trop depuis toujours, dit Travis. Je ne suis plus vraiment surpris, maintenant.
- Enfin, tu t'attendais à quoi de la part d'un couple de démons ? demanda Alois.
- C'est pas faux, dit Audrey. Je ne sais toujours pas vraiment pourquoi on a fait tout ça.
- Le but était de montrer à ces deux-là qu'on peut s'amuser sans meurtre ou truc surnaturel ! s'écria Daniel en croisant les bras. De toute évidence, c'est pas ce qui s'est passé !
- Tu voulais normaliser un couple d'agents secrets en les faisant entrer par effraction quelque part ? demanda Preston.
- Bah... s'estompa le Westley, essayant de trouver une explication.
Il n'y avait pas vraiment pensé, semblerait-il.
- Évidemment... dit Kristopherson. Bref, je pense qu'il y avait clairement une meilleure façon de contrer ce garde. Merde, même moi j'aurais pu le faire.
- Mais est-ce que tu aurais pu le jeter par-dessus ta tête ? demanda Alois.
- Non, parce que je suis un humain ! répondit le faux-blond. Jamais je pourrais soulever un adulte !
- Tu as jeté Cameron une fois, quand même... dit Daniel.
- Je ne l'ai pas soulevé. Je me suis servi de mon épaule, réfuta Kristopherson. Le fait est que, c'était un peu trop dans ce cas-ci.
- Pourquoi l'avoir jeté, Ciel ? demanda Preston.
Le bleuté croisa les bras en réponse.
- Je l'ai fait, c'est tout, dit-il. Je ne pouvais pas rester là les à me tourner les pouces, alors que Jim regardait...
- Attends, attends, attends, Alois était là ?! demanda Audrey, se tournant vers la menace.
Alois laissa échapper un petit rire nerveux et haussa les épaules.
- Désolé ? répondit-il. J'avais fini de faire sortir Travis et Dan, alors je me suis dit que j'allais rester en retrait en renfort.
- Comme je l'ai dit, je ne pouvais pas rester les bras croisés, répéta le Phantomhive.
Sa remarqua, cependant, fit apparaître un grand sourire amusé sur le visage de son Roméo blond.
- Tu frimais pour moi ? demanda Alois, et la posture du bleuté chancela, brièvement, un rougissement s'emparant de ses joues ; un fait qui rendit la menace complètement gaga.
- Aw~! C'est trop mignon ! dit-il en se collant contre le bleuté, posant sa tête contre l'épaule du garçon.
- Ce n'était pas ça, insista Ciel, faisant de son mieux pour garder sa dignité. Je voulais simplement montrer ma puissance...
- Ça s'appelle "frimer", mec, dit Audrey en ricanant.
- Comme c'est touchant, fit remarquer Kristopherson. Enfin, d'une étrange manière un peu psycho...
- Sociopathe fonctionnel, corrigea le bleuté.
- Gaaaaaay~! s'exclama Daniel, interrompant le rythme de la conversation. Je m'attendais à une raison cool et démoniaque, mais en fait c'est juste gay.
- Être un démon n'est pas "cool", Daniel, dit Ciel. C'est fatiguant. Il faut constamment rester mentalement droit et émotionnellement stable sous le regard omniprésent du Conseil des Douze.
- Mais tu peux jeter des gens et faire de la magie.
- Pas tout le temps. Ce n'est pas si amusant, dit le bleuté. La magie n'est pas si remarquable. C'est plus semblable à une science, en fait.
- Bippity, boppity, E=mc², dit Audrey, obtenant un rire de la part des autres.
Ciel, cependant, n'était pas très amusé. Il prenait le sujet de la "démonerie versus l'humanité" très au sérieux.
- Très drôle, dit-il de manière sarcastique. Être un démon signifie devoir faire toutes les choses que vous essayez de faire passer pour "anormales". C'est tout à fait "normal" pour nous. Le meurtre, la conspiration, ce genre de choses.
- Oui, mais tu as une queue, ajouta Bones, pour plaisanter. Comme Goku.
- Wow, une minute, tu as une queue ? demanda Daniel, levant un sourcil face au bleuté. Genre, une queue pointue, comme à la télé et tout ?
- Elle ressemble plus à celle d'un singe, en fait, clarifia Audrey.
- Tu l'as vu ?!
- Ouais. Alois, aussi.
Les autres regardèrent le garçon avec incrédulité. Le seul autre membre des Sept à avoir vu les formes démoniaques du duo était Kristopherson, mais il avait seulement vu celle du bleuté dans un endroit mal éclairé. Le reste ne savait rien des "véritables" apparences de la paire. Les garçons s'étaient demandés s'il existait un "état démoniaque" parmi toutes les capacités du duo, et la confirmation de ce fait les rendit d'autant plus curieux. A quoi ressemblait un démon ? Les humains étaient, par nature, des créatures curieuses, après tout. Lorsque ces mots furent prononcés par le Dieu de la Mort, la question plana dans les airs : "On peut la voir ?". Elle resta un moment jusqu'à être capturée et posée par le Westley.
- On peut voir ?! demanda-t-il, excité, sautant presque de son siège. Pourquoi est-ce qu'Audrey peut la voir ? Je veux voir !
Ciel pouffa en réponse.
- Nous ne sommes pas une sorte de monstre de foire, dit le bleuté en croisant les bras. Audrey sait seulement car il s'agissait d'une urgence.
- Mais c'est une urgence, répondit Daniel. J'ai grandement besoin de cette information.
- Pourquoi ?
- Parce que.
- Wow, tu es vraiment le fils d'un homme politique, dit Alois d'un ton amusé. Ça ne me gêne pas vraiment, mais si Ciel dit "non", alors c'est non.
- Convainc ton homme ! demanda Daniel, tournant son attention vers le Macken.
- Pourquoi ? Ça me semble raisonnable, répondit le blond.
- Depuis quand est-ce que tu en as quelque chose à foutre de la raison ?
- Depuis que j'ai développé une sale cas d'amour propre.
Daniel fut vexé par la réponse, mécontent de cette tournure. Il voulait voir les véritables formes des démons, mais il n'y avait rien qu'il puisse faire. Il ne voulait pas essayer de forcer la paire à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas faire, mais en même temps, il voulait vraiment voir des démons. Il avait les mains liées. Il n'y avait rien à faire.
- D'accord... dit-il, s'avouant vaincu. J'avais pas envie de voir votre forme de gorille, de toute façon...
- Les gorilles n'ont pas de queue... dit Preston.
- Silence, non-croyant !
- Nous ne sommes pas des gorilles. Nous sommes simplement des gens avec des cornes et une queue, corrigea Ciel.
- Est-ce que vous avez aussi des boucs et des fourches ? demanda Daniel.
- Non, répondit la menace blonde. C'est un stéréotype, sale raciste de merde.
