Écrit par HateWeasel

388. Séparation de la famille.

La nuit dominait entièrement le pays, permettant à la pénombre de se faufiler dans chaque coin et recoin existant qui n'était pas protégé par de la lumière. Semblablement, une force troublante se déplaçait furtivement. Elle traversait le manoir en silence sans alerter qui que ce soit jusqu'à arriver à la chambre principale.

La silhouette s'avança lentement d'abord sur la moquette puis sur le lit, où elle fixa de ses yeux rouges enflammés le maître des lieux endormi et son amant. Ses yeux étaient la seule chose notable chez elle alors qu'elle était presque entièrement noire et sans aucun autre détail. La seule autre chose était sa forme humanoïde. Avec sa main gauche, la silhouette s'apprêta à toucher le Phantomhive, mais ce dernier ouvrit brusquement les yeux. En un éclair, il s'assit et s'en prit à la silhouette.

- Aïe ! Mais bordel ?! cria le blond, ayant été la victime d'une attaque mal préparée.

Ciel se réveilla alors, découvrant qu'il avait donné un coup de coude dans le torse de la pauvre menace.

Regardant autour de lui, le bleuté réalisa qu'ils étaient les seuls ici. C'était juste Ciel, Alois, et une pièce vide dans le noir. Il suait et son cœur battait la chamade. Ses cauchemars étaient en train d'empirer. Le Phantomhive se tourna vers Alois, qui était en train de se frotter le torse et qui semblait attendre une explication.

- Désolé... dit-il, culpabilisant. Je ne voulais pas. Je crois que je ferais mieux de m'abstenir de "dormir" un petit moment...

- Est-ce que l'ombre est revenue ? demanda Alois.

- Oui, et elle est de plus en plus proche.

Alois était au courant des rêves et de la silhouette qui y apparaissait. Ce n'était pas la première fois que son bien-aimé en faisait. D'abord ladite silhouette apparaissait à l'entrée du manoir, puis dans le foyer. Ensuite, elle était en bas du hall avant d'apparaître devant la porte de leur chambre. Elle était restée plusieurs fois devant la porte avant d'apparaître au pied de leur lit. Ciel ne savait pas ce que cela signifiait, mais il était terrifié à l'idée que cette silhouette le touche réellement. Cette nuit, c'était la première fois qu'elle s'était autant rapprochée, et Ciel ne voulait pas que cela arrive.

Bien qu'Alois sache tout cela, il ignorait encore une grande partie du comportement du bleuté ces derniers temps. Il agissait très bizarrement depuis leur remise de diplôme. Le Phantomhive était agité, et refusait de faire quoi que ce soit. Il était distant, d'une certaine manière, comme s'il avait peur de laisser qui que ce soit l'approcher. D'une manière ou d'une autre, Alois savait que cela avait un rapport avec la Black Annis. Il ne savait pas pourquoi, mais toute cette histoire semblait troubler le bleuté depuis le jour où il avait été vaincu la première fois par Metus, le démon à griffes. Lorsque le garçon s'assit et tenta de sortir du lit, le blond l'en empêcha en l'enlaçant par derrière.

- Tu vas bien ? demanda-t-il, connaissant déjà la réponse.

- Oui... répondit Ciel. J'ai juste beaucoup à penser...

- Est-ce que ça t'aiderait de vider ton sac ? demanda le blond.

- Je ne sais pas... dit son bien-aimé d'un ton plutôt abattu.

Pour être franc, il n'était pas sûr de savoir comment dire ce qu'il avait sur le cœur à qui que ce soit, puisqu'il avait rarement fait cela. Laisser les autres connaître ses pensées était un nouveau développement, après tout, et même avec la menace blonde on pouvait dire que les mauvaises habitudes avaient la vie dure.

Bien qu'il ne soit pas satisfait de cette réponse, Alois devait laisser tomber le sujet pour l'instant. C'était plus simple et plus productif que d'essayer de forcer cet entêté de Phantomhive à parler alors qu'il n'en avait pas envie. Embrassant le bleuté sur la tempe, Alois posa ensuite sa tête sur l'épaule du garçon avant de reprendre la parole.

- Tu sais, je suis ton partenaire pour plus d'une chose, dit-il. Connaître les forces et les faiblesses de l'un et de l'autre c'est important pour que la relation fonctionne efficacement. Aussi niais et inutile que ça en a l'air, je suis là pour toi, et je veux t'aider à aller mieux.

Il devait l'admettre, il fut un peu triste lorsque l'autre garçon s'éloigna, mais ce sentiment ne resta pas longtemps alors qu'il reçut un petit baiser sur les lèvres.

- Merci, répondit Ciel avec un sourire. J'ai envie de t'en parler, et je devrais. C'est un sujet important qui te concerne aussi, mais, je suis un peu...

Il marqua une pause afin de réfléchir, finissant par soupirer en s'avouant vaincu.

- J'ai du mal à organiser mes pensées... Je suis désolé... reprit le Phantomhive en baissant la tête.

Son bien-aimé corrigea sa position en relevant son menton avec sa main.

- Je sais, dit Alois en embrassant l'autre garçon sur les lèvres. Et je comprends. Je veux savoir ce qu'il se passe, mais si tu as besoin de te calmer d'abord, alors évidemment que...

- Comment sais-tu aussi bien t'y prendre avec moi ? demanda le bleuté en ricanant.

- J'étais à l'intérieur de ta tête, tu te souviens ? lui rappela le Macken. Je sais comment tu fonctionnes. Et puis, je discute avec Seras quand tu es occupé à parler avec Integra. Elle me donne quelques conseils pour gérer les nobles grognons qui portent un cache-œil, parfois.

- On pactise avec l'ennemi, à ce que vois ? taquina Ciel en mettant ses bras autour de l'autre garçon. C'est une révolte.

- Oh, et qu'est-ce que tu vas faire ? demanda le blond avec un sourire narquois. Me punir ? Oh, attends, c'est un peu coquin...

- Il est un peu tôt pour ça, tu ne crois pas ?

- Ça dépend. Qu'est-ce que tu considères comme trop tôt ?

Leur conversation fut interrompue par le bruit de leur réveil, les détournant tous les deux de leur petit jeu.

- Tôt comme , dit le bleuté, embrassant l'autre garçon sur la joue avant de le relâcher pour éteindre l'insupportable appareil.

Il sortit du lit et s'étira, la menace blonde pensant plus ou moins la même chose.

- Je suppose que tu as raison, songea Alois en gloussant légèrement. Je déteste devoir me lever. Je préférerai rester au lit et faire des câlins sous les douces, douces couvertures.

- "Des câlins", répéta le Phantomhive pour le taquiner. C'est ça oui...

- Des câlins, du sexe, je m'en fiche, dit la menace alors que l'autre garçon s'habillait. Tant que je peux être affreusement niais avec toi~!

- Tu es très doué pour m'embarrasser.

- Je sais, je fais de mon mieux, dit Alois en riant à nouveau.

L'autre démon marqua brièvement une pause alors qu'il était sur le point de prendre sa chemise. Il leva un sourcil et repassa sa tête dans la pièce pour regarder le blond.

- Ton rire a changé, dit le Phantomhive.

- Hein ? Ah bon ? demanda son partenaire.

- Oui. Il est plus masculin, répondit Ciel. J'aime bien.

Un grand sourire se dessina sur son visage alors qu'un rougissement apparut sur celui d'Alois. C'était toujours aussi amusant de voir à quel point le Macken pouvait être timide vis-à-vis des choses les plus étranges.

Il ne fallut pas longtemps, cependant, pour que leur discussion soit interrompue par quelqu'un qui frappa à leur porte, pas Sebastian, mais un Luka très excité mais quelque peu triste, leur rappelant qu'ils avaient des choses à faire aujourd'hui. Voyez-vous, aujourd'hui était le jour où l'une des conditions pour continuer à vivre d'un certain membre de la maison devait être réalisée. Donc, ils montèrent tous dans la voiture familiale afin d'accomplir leur tâche, s'arrêtant devant les portes d'un certain camp qui n'ouvrait qu'en été.

C'était Revy qui allait y participer. Tous les agents surnaturels d'Angleterre étaient obligés de faire une forme d'entraînement, mais c'était ici, que le garçon resterait peut-être. Lorsqu'il était entré pour la première au manoir Phantomhive, il avait été décidé qu'il logerait chez H.E.L.L.S.I.N.G dès qu'il serait entraîné. Cela avait semblé être une bonne proposition à l'époque, mais maintenant, alors qu'ils se tenaient tous devant le portail, l'incertitude commençait à les gagner.

Le revenant remit ses lunettes de soleil en place sur son nez avant d'ouvrir la porte de la voiture pour en sortir, avant d'être suivi par les autres. Il mit son sac à dos sur son épaule et Sebastian l'aida à prendre le reste de ses affaires dans le coffre de la voiture, mais dès qu'il fut temps de réellement s'avancer, il se raidit.

- Je, euh... pense qu'on y est, hein ? dit-il timidement, essayant de garder la face.

Il ne trompait personne, pas même Luka, qui essayait de ne pas pleurer. Il s'était beaucoup rapprocher du revenant durant l'année. Il était le seul autre enfant, après tout, qui n'était pas occupé avec des affaires de meurtre et des menaces terroristes.

- Je crois bien, dit Alois en mettant une main sur l'épaule du plus jeune Macken. Tout ira bien. Ne réponds pas aux instructeurs, et tout se passera bien. Si quelqu'un essaye de t'embêter, montre-lui tes yeux et fiche-lui la trouille.

- Merci... dit le garçon qui portait des lunettes de soleil en se frottant l'arrière du cou. Oh, et... euh... Je... euh...

Ses joues rougirent un peu.

- Vous allez vraiment me manquer... dit enfin Revy, embarrassé par ce petit aveu.

Il ne s'attendait pas à manquer d'air lorsqu'il fut presque plaquer au sol par Luka. Le garçon enlaçait fermement son étrange "frère" mort-vivant dans une embrassade qui aurait pu étrangler une vache adulte, et il refusait de le laisser partir. Revy regarda le plus âgé des trois, lui demandant silencieusement de l'aide. Hélas, ce fut volontairement ignoré alors qu'un sourire apparut sur le visage d'Alois et il mit ses bras autour des deux Macken.

- Câlin groupé ! s'écria-t-il en soulevant les deux autres en l'air tout en les enlaçant.

Revy grogna et Luka ria tandis que les deux autres membres restants de la maison Phantomhive se contentaient d'observer. Aussitôt, Alois remit ses prisonniers au sol et regarda les autres démons

- J'ai dit "câlin groupé" ! Ça vaut pour vous aussi ! s'écria la menace d'un ton faussement autoritaire.

- Ouais, suivez le programme, les gars ! ajouta Luka, se sentant légèrement mieux.

Le bleuté pouffa.

- Je ne fais pas de câlin groupé, dit Ciel avec défiance, mettant ses mains dans ses poches tout en détournant le regard.

Son bien-aimé se contenta de plisser les yeux et lança une menace horrible.

- Si tu ne viens pas ici, je vais venir te chercher et t'y obliger, dit Alois, réussissant d'une certaine manière à obtenir une réponse de la part du Phantomhive.

Il rit lorsque le bleuté fronça les sourcils pour tenter de dissuader son majordome, qui était tout aussi amusé que le blond.

Soupirant face à sa défaite, le bleuté rejoignit les autres dans un regroupement peu enthousiaste, avec Sebastian, qui était juste curieux de savoir quel était le sens de ce geste. Aussi étrange que cela semblait, le revenant se mit à sourire face aux actions de sa "famille". Du moins, jusqu'à ce qu'Alois le surprenne. Il se mit alors à rapidement passer à une grimace pour tenter d'avoir l'air cool.

- J'ai tout vu~! s'écria la menace en chantonnant. Tu ne peux rien me cacher~! Tu ne veux pas partir, pas vrai ?

Revy marqua une pause, hésitant à répondre.

- Pas... Pas vraiment... admit-il en regardant le sol.

C'était trop tard. Sa place au manoir Phantomhive n'était que temporaire, alors il n'y avait pas grand-chose qu'il puisse dire ou faire pour changer cela. Soudain, il sentit une main sur sa tête, frottant ses cheveux blonds. Il releva la tête en s'attendant à voir la menace blonde, mais à la place, il s'agissait de Ciel. Le revenant n'en croyait pas ses yeux, et il se demandait quelle en était la raison.

- Tu peux revenir quand tu le souhaites après avoir fini ton entraînement, dit le maître.

- Mais est-ce qu'il peut revenir vivre avec nous ? demanda Luka, refusant de lâcher le pauvre Revy.

Pour son plus grand plaisir, le bleuté acquiesça.

- Si c'est ce qu'il veut, dit Ciel et le plus jeune des démons relâcha enfin le revenant avant de s'en prendre à lui.

Le Phantomhive ne savait pas vraiment comment répondre à ce geste, mais en recevant un hochement de tête encourageant de la part de la menace blonde, il sourit.

- V-Vraiment ? demanda Revy et il reçut un acquiescement de la part du démon borgne.

- Je suis certain que je peux arranger quelque chose avec Integra, dit le bleuté. Tu devras te rendre utile, mais je ne vois pas où est le problème dans le fait d'avoir une bouche en plus à nourrir.

Revy sourit.

- Je suis désolé de devoir vous interrompre, monsieur, mais nous allons devoir commencer à y aller si nous voulons être sûr de ne pas rater votre vol, dit Sebastian en regardant sa montre.

Les autres sortirent de leur petit moment, se rappelant ce qui leur restait à faire aujourd'hui.

Après avoir fait leurs au revoir, Revy resta au camp tandis que le reste du groupe retourna dans la voiture pour se rendre à leur prochaine destination, l'aéroport international de Londres. Voyez-vous, les Sept Sensationnels se rendaient à leur voyage estival traditionnel, mais les choses allaient être fait quelque peu différemment cette fois. Puisqu'ils avaient tous été diplômés, les garçons avaient décidé de voyager à l'étranger. Pas d'adultes, pas de supervision, juste du soleil, du surf, et les Sept Sensationnels. Il y avait une personne, cependant, qui n'était définitivement pas contente.

- D'abord c'est Revy qui part, et maintenant vous partez aussi ?!

Luka croisa les bras tout en faisant la moue, l'air vexé pour être sûr que son mécontentement était visible. Mais cela ne fit que sourire le blond à côté de lui.

- Désolé, petit bonhomme, c'est que pour les grands, dit Alois. Tu n'as pas de passeport, et les autres vont probablement insister pour faire n'importe quoi. Ces imbéciles vont sans doute essayer de se déchirer la gueule !

- Alois, on n'utilise pas ce type de langage devant des enfants, dit un certain homme à la place du conducteur.

- Mais Sebaaaaaaastiaaaannn, je suis inspecteeeuuuur ! geint le blond.

Sa réplique n'était pas convaincante.

- Peu importe si vous attrapez des meurtriers assoiffés de sang. Vous ne parlez pas ainsi devant les enfants.

- Oui, maman, répondit Alois et le plus jeune garçon à côté de lui gloussa.

- Bon, Jim, si tu n'es pas content, tu peux toujours marcher jusqu'à l'aéroport, taquina le bleuté.

Un ricanement s'échappa de sa gorge lorsque l'autre garçon donna un coup de pied à l'arrière de son siège.

- Oh, va te faire foutre !

- Alois, qu'est-ce que je viens de dire ?