Écrit par HateWeasel
396. N'exagérons pas.
Le reste de la soirée se passa presque ordinairement. Ciel put laver le sang qui restait sur son visage, et après sa douche il se prépara, lui aussi, pour aller au lit, rejoignant cette fois-ci le blond dans la chambre de leur suite d'hôtel plutôt que de s'approprier le canapé. Il hésita à faire cela, mais le blond était assis dans le lit les bras grands ouverts, incitant l'autre garçon à le rejoindre.
Après avoir mit les draps au-dessus de lui, Ciel essaya de se positionner correctement, mais avant d'y arriver, Alois avait déjà commencé à passer ses mains autour de sa taille. Instinctivement le bleuté mit un bras autour de l'autre avant de s'asseoir le dos contre la tête de lit tandis que le blond trouvait cela nécessaire de blottir sa tête contre son torse. Les deux garçons restèrent assis là ainsi un moment tout en essayant de trouver quelque chose à dire.
- Tu m'as manqué, dit le blond, bien qu'ils n'aient pas été exactement "séparés" et qu'ils ne faisaient que s'éviter.
Son bien-aimé ricana et se mit à jouer avec les doigts du blond à l'aide de sa main libre.
- Toi aussi, tu m'as manqué, répondit Ciel. Ce n'était vraiment pas agréable d'essayer de rester loin de toi.
- Ouais, tu t'enfermais vraiment ici, dit Alois. Mais, pour que tu saches, ce n'était pas très agréable de sortir et faire des trucs sans toi.
- Bien sûr, parce que tu étais probablement distrait par le fait que j'étais un véritable con, plaisanta le Phantomhive et son petit ami gloussa.
- Je ne dirais pas que tu es un "con", dit le blond. Plutôt un "crétin".
- Ah, au temps pour moi, répondit son homme d'affaires préféré.
- Ce n'est rien. Si je m'énervais à chaque erreur que tu fais, je devrais me débrouiller pour me jeter dans le soleil.
- Ça me semble raisonnable, plaisanta Ciel avec un sourire.
- Ouais... dit le blond. Oh, et Daniel a dit que la raison pour laquelle tu n'étais pas venu, c'était pour renifler mon oreiller pendant que je n'étais pas là, quelque chose comme ça.
- Maudit soit-il, il a découvert mon secret, dit le Phantomhive d'un ton plein de sarcasme, faisant rire son congénère.
Après cela, cependant, ils ignoraient comment continuer la conversation, alors ils restèrent dans le silence quelques instants.
- Eh, Ciel ? commença Alois, sur le point de changer de sujet.
- Hm ?
- Je suis désolé pour le coup de boule, dit le blond en bougeant la tête afin de pouvoir regarder l'autre garçon.
- Ne le sois pas. Mon visage a déjà guéri, et je le méritais un peu, répondit le bleuté. Le coup de poing au visage aussi.
- Oh, je ne suis pas désolé pour le coup de poing, dit Alois en essayant de ne pas sourire, finissant par échouer. Tu l'as mérité. Le coup de boule c'était juste de trop.
- C'est logique, répondit Ciel. Je suis désolé pour tout.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de t'excuser... lui rappela le blond en faisant la moue.
- Oui, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Ils restèrent dans le silence un bon moment après cela, n'ayant tous les deux plus rien à dire. Une inhabituelle sensation d'inconfort se faisait sentir entre eux ; une sensation qui n'était pas réapparu depuis les premiers jours de leur relation. Une fois de plus, ils étaient retournés en eaux troubles. Même si les vagues s'étaient calmées et étaient devenues de simple remous à la surface, il était difficile de voir à travers l'eau. Il fallait agir avec prudence pour plonger en profondeur, les eaux inconnues pouvant être très dangereuses.
- Eh, Ciel ? dit une fois de plus le blond, obtenant immédiatement l'attention de l'autre garçon.
- Hmm ? fit Ciel en réponse.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? demanda son bien-aimé, regardant le bleuté.
Ciel marqua une pause afin de réfléchir.
- Eh bien, commença-t-il, toi et moi allons essayer de profiter du reste de ce voyage, et en même temps, peut-être essayer de trouver quelques stratégies.
Alois lâcha la taille du bleuté pour s'asseoir sur ses genoux de manière à pouvoir voir l'autre garçon à son niveau.
- "Stratégies" ? répéta le blond. Quelles "stratégies" ?
- Pour se rendre à la soirée de Krampus, enfin, répondit le Phantomhive. L'invitation ne stipule pas que je ne peux pas amener de la compagnie.
Il regarda le blond.
- Tu viens aussi, n'est-ce pas ?
Alois eut presque mal aux joues en souriant, prenant un moment pour passer ses bras autour du cou du bleuté pour l'embrasser sur la joue.
- Bien sûr ! Je ne manquerai ça pour rien au monde~!
- C'est décidé, alors. Je vais avoir besoin de ton aide pour trouver un plan, dit Ciel. Nous n'avons plus qu'un mois après la fin du voyage. Ce n'est pas beaucoup de temps pour se préparer.
- Oh ? Je croyais que tu ne voulais pas que je sois inclus ? demanda le blond. Tu me demandes de venir, et ensuite tu t'attends à ce que je trouve les plans de bataille ? Tu n'avais pas peur de "me perdre" ?
- Si, et c'est toujours le cas, répondit son collègue, mettant ses bras autour du garçon pour embrasser son front. Je suis terrifié, mais je sais que si je n'arrive pas à t'inclure, je te perdrais à jamais.
- Tu me penses incapable de m'en sortir ?
- Non, mais au vu de la situation, je ne suis même pas sûr de pouvoir m'en sortir moi-même contre cette bande là, dit Ciel.
- Alors... tu ne le penses pas... dit tristement le blond.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, dit le Phantomhive. "Non" veut dire "ce n'est pas ce que tu crois". Tu m'as sauvé en mission plus de fois que je peux le compter, Jim. Tu n'avais pas remarqué ?
- Quand est-ce que je t'ai sauvé ? demanda le blond, plissant les yeux.
- Tu m'as sauvé de Lilith, commença Ciel. Tu m'as sauvé du premier "Annie" que nous avons vu. Tu m'as sauvé lorsque nous avons secouru Oliver au camp l'année dernière. Tu te rappelles ? Tu as utilisé tes lierres pour nous empêcher de tomber tous les deux de la falaise. Tu m'as aussi sauvé d'August, et tu t'es occupé de moi quand on m'a tiré une balle dans la tête durant l'affaire "Messiah"...
- D'accord, d'accord, j'ai compris, interrompit Alois en riant. Je m'inquiète peut-être pour rien...
- Ce n'est pas grave de s'inquiéter, répondit le bleuté. Il ne faut juste pas que cela ait un impact sur ton estime de soi. Tu es très fort, Jim ; j'en sais quelque chose, plaisanta-t-il en se frottant le visage.
En réponse, son bien-aimé ricana.
- D'accord, je suis un peu désolé pour le coup de poing, dit le blond. Bon, comment on fait un "plan de bataille" exactement ?
- D'abord, nous examinons le champ de bataille, répondit le bleuté. Pour cela, tu es vital.
- Où se passe la fête ? demanda Alois. J'ai seulement jeté un coup d'œil à l'invitation. Je ne me souviens de pas grand-chose.
- Le Manoir Trancy, dit Ciel.
- Et tu comptais y aller sans rien savoir ? demanda la menace. Tu es fou.
- Je sais, je sais. J'ai été stupide, dit l'autre démon. Peux-tu me tracer un simple schéma ?
- Tu as de quoi écrire ? répliqua Alois, et l'autre garçon se sépara de lui afin de chercher dans ses affaires.
- Tu ne te sépares jamais de tes affaires de travail ? demanda le blond pour le taquiner. Tu es en vacances à Rio de Janeiro, et tu ramènes ton travail avec toi ?
- Je ne peux pas m'en empêcher, je me sens nu autrement, dit le bleuté, trouvant un bloc-notes et un stylo.
Il se remit dans le lit et tendit les deux objets à son bien-aimé.
- Dessine la meilleure carte que tu peux pour chaque étage.
- Ça marche. Je ne peux pas garantir que ce sera exact, ça fait des lustres que je n'y suis pas allé, dit Alois en prenant le stylo et le papier des mains de l'autre garçon.
Rapidement, une série de boîtes apparue sur le papier, schématisées, noircies, parfois raillées, puis nommées d'après les pièces qu'elles représentaient. Parfois, le blond s'arrêtait pour réfléchir, ou pour marquer un détail qu'il trouvait important, mais plus le temps passait, plus il sentait un œil sur lui.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en relevant les yeux de son travail pour voir le Phantomhive le fixer.
Ciel ne regardait pas ce que le Macken gribouillait, mais plutôt son visage. En réalisant qu'il avait été pris en flagrant délit, un rougissement apparut sur le visage du bleuté et il se mit droit comme un I.
- O-Oh, ce n'est rien, mentit-il, essayant de faire passer la chose.
Hélas, la menace devant lui n'était pas convaincue, plissant les yeux tout en fronçant les sourcils.
- Ciel, qu'est-ce qu'on a dit sur les secrets ? gronda le blond et le rougissement du bleuté empira.
- Euh, de ne pas en avoir entre nous ?
- Oui, alors qu'est-ce qu'il y a ?
- O-Oh, c'est juste... commença Ciel, toussant dans son poing. J'étais juste en train de... euh...
Il se gratta l'arrière de la tête avant de soupirer et de se reprendre en mains. Puis, il réajusta sa posture et bomba le torse, prenant l'attitude traditionnelle de l'arrogance à la Phantomhive.
- Je... Je me disais juste que tu étais attirant, voilà tout, dit-il en faisant tout ce qu'il pouvait pour avoir l'air digne.
Ses efforts furent balayés par le Macken qui se moqua de lui. L'œil du bleuté tiqua et il se vexa quelque peu, son rougissement ne s'améliorant pas.
- Qu'y a-t-il de si drôle ? demanda-t-il.
- Toi. Tu es tellement bête, répondit Alois en gloussant. Tu t'embarrasses pour les choses les plus stupides.
- Et en quoi est-ce "stupide" ? demanda son bien-aimé, se penchant en avant.
- Ça l'est, dit le démon blond avec un grand sourire.
Naturellement, le blond était très amusé par le comportement du bleuté ; c'était presque nostalgique. Cela faisait un bon moment que le garçon n'avait pas agi ainsi avec Alois. De toute évidence, Ciel n'avait jamais eu un problème pareil avec une personne qu'il respectait véritablement, puisqu'il ne savait plus comment se comporter. Il faisait attention à tous ses faits et gestes, et faisait de son mieux pour être parfaitement à l'écoute. Même si Alois était toujours un peu énervé contre le garçon, il devait l'admettre, le noble était plutôt mignon.
- Trop chou... dit-il à voix haute, observant le visage du bleuté alors que ce dernier essayait de porter son attention autre part.
- Je ne suis pas "chou" et c'est gênant, protesta Ciel.
- C'est toi qui as commencé, répondit son bien-aimé. Ce n'est pas ma faute si tu es naturellement trognon. Ah, j'ai envie de te pincer les joues...
- Dis-moi que tu parles de mon visage... se plaint le Phantomhive.
- Alors, oui, mais ton fessier t'embarrasserais probablement plus, fit remarquer Alois. En fait, ça provoquerait une réaction encore plus mignonne...
- Jim !
- Quoi ? Je ne vais pas le tripoter ! Je parlais juste d'un petit pincement ; peut-être une petite tape, au maximum.
- Pourquoi ?!
- Parce que tu seras encore plus gêné et mignon ! En plus, tu pourrais faire un bruit marrant ! dit Alois.
- Tu ne toucheras pas à mes fesses ! protesta le bleuté. Nous sommes censés préparer un plan de bataille !
- Oh, allez ! Vite fait ! répondit l'autre démon.
Il leva les mains, fermant et ouvrant ses doigts face devant l'autre garçon.
- Viens là, Ciel, que j'te donne de l'amour~!
Cette fois-ci, son bien-aimé ne parla pas, mais à la place, il prit l'un des oreillers du lit et le jeta sur la menace. Il atterrit doucement sur le visage du garçon puis sur ses jambes. Alois cligna des yeux deux ou trois fois avant de froncer les sourcils.
- Oh, tu vas le regretter ! s'écria-t-il en prenant l'oreiller pour l'envoyer sur le Phantomhive qui, par reflex, en prit un autre en se mettant à côté du lit pour l'utiliser comme bouclier.
Il fut rapidement rejoint par le blond qui rampa jusqu'à lui, prenant l'avantage en se mettant sur les genoux au bord du lit. Alois en profita alors pour frapper l'autre garçon plusieurs fois avant de recevoir un coup sur le côté lorsqu'il leva son arme molle au-dessus de sa tête. Bien qu'il ait été touché, il rit comme s'il se faisait chatouiller par le bleuté alors que le garçon avait son propre sourire démoniaque.
La suite fut envahi par les rires des garçons alors qu'ils se battaient puérilement, se déplaçant dans la chambre tout en s'attaquant. Parfois, ils passaient de défense à offense, se servant de leurs oreillers à la fois comme une arme et un bouclier. Autrement, ils s'observaient, attendant le moment où l'autre agirait.
C'était bon enfant jusqu'à ce que le blond ait une idée tordue. Il avait remarqué que la valise du bleuté était par terre derrière lui, alors Alois ne manqua pas de se servir de son oreiller en tant que bélier pour pousser le Phantomhive. Son plan fonctionna, et le garçon tomba, mais il n'avait pas pris en compte le fait que Ciel l'emmènerait dans sa chute par reflex, attrapant l'arrière de sa tête tout en utilisant sa propre force pour le faire tomber.
Le Phantomhive atterrit sur le dos avec le blond sur lui, l'oreiller du garçon entre eux sur son torse. Il grogna en tombant, mais rit dès qu'il comprit ce qu'il venait de se passer. Intérieurement, il félicitait le blond pour son ingéniosité, mais extérieurement, il se contentait de regarder le garçon qui lui souriait jusqu'aux oreilles en passant ses doigts dans les mèches blondes du garçon avec la main qui l'avait condamnée.
Les rires avaient peut-être fini par disparaître, mais leurs sourires étaient toujours là, même alors qu'ils prirent un moment pour se regarder. Aussitôt, ils fermèrent les yeux et le bleuté exerça une pression sur l'arrière de la tête de l'autre garçon pour faire disparaître la distance entre eux. Leurs nez se touchèrent un moment, ainsi que leurs fronts, et ils profitèrent de la proximité.
Alois mit un coude sur le sol à côté de la tête du Phantomhive afin de mieux répartir son poids pour pouvoir se concentrer sur les lèvres du garçon. L'autre main était sur l'oreiller entre leurs torses, la seule chose qui pouvait faire obstacle au baiser passionné qu'ils partagèrent. Le Macken souffla du nez, profitant de la sensation de l'action qu'il performait, ainsi que de la sensation des doigts du bleuté massant son crâne. L'autre main de Ciel se trouvait dans le creux du dos du blond avant de remonter en griffant le t-shirt du garçon pour la passer sous son bras et prendre l'épaule d'Alois et le rapprocher.
Finalement, le démon blond eut besoin de voir le visage rougi du garçon en-dessous de lui. Alors, il sépara leurs visages et se fit plaisir, n'étant absolument pas déçu du résultat. Un sourire apparut de nouveau sur son visage alors qu'il regardait Ciel, tenté à l'idée de se remettre à embrasser le garçon. Ciel se mit alors à sourire avant de ricaner.
- Oh, Jimmy, tu es si viril, taquina-t-il, et l'autre garçon le relâcha pour prendre l'oreiller sur son torse et le mettre sur son visage.
Alois essayait de ne pas sourire alors que le Phantomhive ricanait sous le tissu, mais il rougit en repensant à "Jimmy".
- Tu viens à peine de retrouver ton "Jim-privilège", dit-il. N'exagère pas, imbécile !
