... Noël !


Écrit par HateWeasel

447. Je donnerais tout pour toi.

Il tombait. Alois était tombé du toit à cause du recul de son propre pistolet, sa poitrine le faisait agoniser et sa respiration s'était totalement arrêtée. Son cœur était-il toujours à sa place, ou Metus l'avait-il arraché ? Le blond avait du mal à savoir. Il n'avait même pas réussi à comprendre qu'il tombait jusqu'à ce qu'il entende une voix ; la même voix qu'il l'avait ramené à la réalité plus tôt.

- JIM !

Ah, c'était celle du Phantomhive. Alois sourit en s'en rendant compte, mais il était troublé par le ton paniqué du garçon. Pourquoi était-ce toujours le bleuté qui le ramenait à lui ? Il était tellement bruyant, malgré son attitude habituellement "calme et réservée". Alois se demanda un moment si ce n'était pas le volume des paroles de l'autre garçon qui le ramenait constamment à lui.

Pour être franc, il adorait entendre Ciel dire son nom. Il était comme secouer jusqu'au plus profond de son être, d'une certaine façon, et ça lui donnait des papillons dans le ventre. Alois aimait Ciel. Il aimait le son de sa voix, son comportement puéril, et chacun des cheveux sur sa tête. Le Phantomhive lui avait apporté un bonheur dont il ignorait l'existence.

Pendant sa chute, le blond regarda en direction du toit où Ciel s'était trouvé, et il le vit se mettre au bord pour lui tendre la main. Alois tendit son bras pour essayer d'atteindre le bleuté, lui aussi, un sourire apparaissant sur son visage. Bien qu'il savait que Ciel ne pourrait pas l'entendre, il avait le besoin de dire ce qu'il éprouvait.

- Je t'aime, chuchota-t-il avant de tomber accompagné d'un effroyable bruit sourd.

- JIM ! hurla le Phantomhive en observant la scène avec horreur.

Ses yeux étaient grands ouverts et sa gorge lui faisait mal alors qu'il appelait son bien-aimé.

Ciel avait tendu la main, bien qu'il avait qu'il ne pourrait pas attraper le blond. Sa main resta ouverte, même une fois que le Macken avait touché le sol. Elle resta ouverte quelques instants de plus, avant de tomber mollement, comme le corps d'Alois. Ses yeux ne quittèrent jamais le corps du blond, même une fois qu'il fut inerte.

Les lèvres du Phantomhive tremblaient et il secouait la tête. Ça n'était pas arrivé. Impossible que cela soit arrivé.

- On dirait bien qu'aucun des deux n'a gagné, dit Mary, sa voix mélodieuse semblant venir de loin.

Ciel ne voulait pas lui parler. Il ne voulait pas non plus la regarder, ou être près d'elle. Il n'avait qu'une envie : rejoindre le blond pour l'enlacer. Il voulait que le garçon aille bien.

- Es-tu réveillé, Phantomhive ? demanda la démone en observant la respiration du garçon devenue erratique et sa bouche restée ouverte. Nous devons encore finir ce que nous avons commencé.

- Tais-toi, grogna Ciel. Je... plus un mot.

- Arrête d'être pathétique, dit Mary. Nous avons tous perdu quelqu'un qui nous était cher. Ce n'est pas la fin du monde. Une fois que quelque chose a disparu, on ne peut pas le retrouver ; n'est-ce pas là la leçon de ce soir ?

- Je t'ai dit de te taire, ordonna à nouveau le Phantomhive.

Il serra les poings et les dents, ses phalanges s'appuyant contre le toit.

Une fois de plus, il n'avait pas la moindre idée de quoi faire. Son cœur était tombé avec la menace, et il avait été brisé en même temps que les os du garçon. Ça recommençait. Ciel s'était juré que cela ne se reproduirait pas, mais c'était arrivé. Il se retrouvait à nouveau plongé dans les abîmes du désespoir, après avoir perdu un être qu'il aimait plus que tout au monde. Qu'allait-il faire, maintenant ?

Pourquoi n'avait-il pas le droit d'être heureux ? Pourquoi la menace blonde ou lui ne pouvaient-ils pas avoir la paix ? Il essayait. Il faisait de son mieux pour protéger le blond, l'empêcher d'être blessé, et tout cela pour rien. Plus rien n'avait de sens. Comment était-il censé réapprendre à vivre avec la haine et le chagrin ? Il ne voulait pas. Il voulait seulement le garçon qui était inerte au sol en-dessous. Mais, cela n'arriverait pas.

Comment avait-il fait autrefois ? La première fois qu'il avait tout perdu ? Il avait choisi la haine, mais il était épuisé. Ciel en avait assez de la haine, et pourtant la haine le brûlait après avoir été vidé. Il était impossible d'y échapper, pour Ciel Phantomhive. C'était comme s'il n'avait pas d'autre but.

- Si tu ne comptes pas te relever et te battre, je suppose que je vais devoir t'éliminer ici, dit Mary en levant son épée. Quel dommage. Au revoir, Ciel Phantomhive. Va retrouver ton amour.

Elle fut sur le point d'abaisser son épée sur la tête du bleuté lorsqu'elle s'arrêta. Elle observa plutôt le garçon se remettre sur pieds. Ses yeux suivaient le garçon avec beaucoup de curiosité alors qu'il se retourna pour lui faire face, tout en gardant la tête baissée.

- Oh ? Prêt à faire face à la mort ? demanda-t-elle.

- Toujours, répondit Ciel. Je n'ai pas peur de la mort, et maintenant que ma seule peur est devenue une réalité, je n'ai plus rien... il ne reste plus rien...

- Il semblerait qu'il y ait encore quelque chose, répondit la démone. Sinon, ta voix ne tremblerait pas.

- C'est vrai. Il y a bien une chose qui reste...

- Un besoin de vengeance ? demanda Mary. C'est si simple...

- Je suis fatigué des émotions complexes... dit Ciel. Je ne les veux plus... mais je...

Le garçon serra davantage les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes jusqu'au sang. Il serra les dents et se mit à grogner face à la démone. Finalement, il croisa son regard, un œil luisant de rouge, et l'autre avec ce qui semblait être une flamme pourpre.

- Je vais te tuer, dit-il. Même si je perds ce qu'il reste de moi-même pour cela. Je vais te tuer. Tu dois mourir. Tu dois...

- Tu perds la tête, dit la fille en levant à nouveau son épée. Tu es prêt à devenir une bête sans cervelle pour lui ?

- Pour Jim, j'abandonnerais avec joie le peu d'humanité qu'il me reste... affirma Ciel. Je deviendrais un monstre un millions de fois. Il est... plus important pour moi... je...

L'air autour du bleuté semblait devenir plus dense tandis que son visage se tordait de douleur. Les fils de son manteau se défirent et des morceaux se consumèrent sous un feu onyx. Le bout de son manteau était en feu, à l'instar de ses épaules. Ses canines s'allongèrent, tout comme ses cornes. Elles s'enroulèrent davantage autour de sa tête alors qu'il prenait une apparence plutôt effrayante.

- Je voulais juste le rendre heureux, dit-il enfin, laissant accidentellement une larme couler devant son ennemie.