Commande de R-Haven : A vrai dire, j'aime particulièrement ton O.C Miranda (un peu parce qu'elle me rappelle un de mes O.C loup-garou, beaucoup car elle a un chara design qui claque et que son clan a l'air super intéressant), et j'aimerais beaucoup lire un O.S qui raconte l'une de ses « chasses » (libre à toi de créer le contexte, cadre que tu veux) avec un petit twist à la fin (un guet-apens extérieur, une proie qui s'avère un être aimé, ou un twist plus positif ou heureux, tu vois le genre). Pour tout le reste, t'as vraiment carte blanche, je laisse la place à ta créativité !

Note de l'auteur : J'ai nommé le désert du clan de Miranda d'après une région inventée par Tolkien. C'est une facilité doublée d'un clin d'œil à l'adaptation de cet O.C aux époques du Silmarillion puis du Seigneur des Anneaux (voir la fiche de Cendre-Flamme). Aussi, ayant fait les choix « daemons » durant TO et regrettant profondément qu'ils n'aient pas compté dans NE, l'Erika que je propose est un démon, sans prendre d'ailleurs en considération l'orthographe du jeu, que je trouve sans aucun intérêt.

[… … …]

« Nous sommes des loups. Les autres sont des chiens. »

Tout charmants qu'ils pouvaient se montrer lorsqu'ils daignaient se laisser rencontrer, les loups-garous du Harad n'en tenaient pas moins à souligner la différence entre eux et ceux de leurs semblables qu'on trouvait ailleurs sur Eldarya. Des créatures comme le présent chef de l'Ombre n'étaient qu'une parodie de prédateurs. A jamais des chiots aux yeux des Haradrim, lesquels s'étaient opposés au Sacrifice Bleu et avaient été traînés dans un monde qu'on prétendait leur offrir mais qu'en vérité on leur imposait. Ceux-là avaient entretenu le souvenir des chasses d'antan. Leur sang gardait la mémoire des troupeaux bêlant ou meuglant de terreur et de souffrance. Il gardait la mémoire du plaisir des chairs arrachées, des os fracassés. Et leur apparence autant que leurs capacités s'en ressentaient. Mais il n'y avait pas autant de gibier sur Eldarya, c'était peut-être pourquoi ces loups-garous s'étaient ainsi « assagis » au fil des générations.

Sous forme humaine, il y avait un quelque chose de menaçant derrière leurs sourires, dans l'écho de leur musique ; l'instinct patientait, ne dormant que d'un œil. Alors que la majorité des faeries se complaisaient dans leur sentiment d'avoir été spoliés de la Terre par les humains, maudissant une poignée de types en armure ou de paysans brandissant torches et fourches qui les auraient prétendument contraints à fuir… Les Haradrim étaient fiers d'avoir harcelé les hommes et leurs bêtes, se targuant d'avoir chassé jusqu'aux faeries. Les opportunités avaient manqué au début de l'exil, sans quoi ils auraient continué. Pour peu que l'envie les reprenne, voyageurs et familiers ne seraient plus à l'abri. Le mode de vie qu'ils avaient adopté dans ce désert qu'eux seuls parvenaient vraiment à comprendre et aimer avait eu deux conséquences paradoxales ; ils s'étaient faits discrets et bienveillants mais avaient conservé le regret de la Terre et des carnages.

Il serait inutile d'exposer les tenants puis les détails de la mission qui mena quelques membres de la Garde d'Eel à tenter de prendre contact, lequel fut vain. Ils n'obtinrent aucun serment, pas même le plus petit accord avec la meute. La femelle qui les suivit jusqu'au quartier général fut claire. Si on les défiait, ils se battraient. Mais si les combats ne se portaient pas jusque sur leur territoire, alors on n'entendrait dans le désert pas d'autre hurlement que celui des sables. Ce ne fut d'ailleurs pas une quelconque inquiétude vis-à-vis des incursions humaines qui poussa Miranda à vouloir rejoindre la Garde, et il fut rapidement évident que cette recrue serait un atout… autant qu'un problème.

Elle était une louve du Harad.

Et le sang appelait le sang.

Cela avait commencé par la sensation d'une aiguille qu'on lui aurait enfoncée dans les reins. Elle n'avait jamais humé l'odeur d'un être humain jusque-là, mais sa rencontre avec Mathieu réveilla quelque chose en elle. Et chaque fois qu'elle flairait l'odeur du garçon, l'aiguille s'en revenait. Cela n'était peut-être pas étranger à la sympathie qu'elle ressentait pour ce grand admirateur de l'orgueilleux ver de glace qui avait tant fait parler de lui. Une étincelle d'excitation, une inexplicable joie ; voilà ce que l'aiguille lui procurait. Il lui avait fallu cela pour comprendre pourquoi ses ancêtres aimaient tant chasser l'humain, proie si facile qu'elle en paraissait mortellement ennuyeuse. Les troupeaux, c'était autre chose. Le plaisir du bain de sang, du loup dans la bergerie. Mais l'humain ? Si l'on voulait une proie capable de pleurer et supplier, ce n'était pas le choix qui manquait, à la belle époque ! Et Miranda songeait, rêveuse, que la proximité d'un village devait multiplier l'aiguille jusqu'à l'ivresse.

Bien sûr, Huang Hua la tenait à l'écart des missions où l'on pensait avoir à secourir des humains égarés sur Eldarya, quelles qu'étaient les chances estimées de retrouver ces gens vivants. D'une certaine manière, elle était soulagée que les équipes envoyées soient toujours arrivées trop tard, ou aient échoué d'une façon ou d'une autre… Comment la louve aurait-elle réagi si on lui avait mis sous le nez un groupe de ce que la tradition faisait ses proies préférées ? Le plus simple aurait été de pouvoir inviter Miranda à rentrer chez elle, ou de l'exclure officiellement de la Garde… Malheureusement, la Fenghuang était pieds et poings liés, glacée d'effroi par la voix claire et douce, presque un timbre d'enfant, de Jenny Dany murmurant au détour d'un couloir. « Elle n'est pas ici avec ta permission. Elle ne repartirait pas, quand bien même tu tenterais de l'y pousser par la force des armes. Contrarie un loup qui joue et… eh bien, il cessera de jouer. »

Il apparut clairement à Huang Hua qu'elle courait au massacre ; celui de faeries sous son commandement et sa protection, ou celui d'humains au mauvais endroit au mauvais moment. Qu'elle l'admette ou non, le résultat était le même. Elle avait déjà fait son choix, et la sorcière le savait mieux que quiconque. Aussi la Fenghuang ne pouvait-elle s'empêcher de traduire les sourires qu'elle lui adressait par un reproche narquois. Toutes les belles paroles de la noble Huang Hua ne sauraient plus cacher son hypocrisie lorsque la louve se jetterait à la gorge d'humains qu'elle avait condamnés, refusant d'affronter un monstre dont on mettait l'épouvantable description sur le compte de l'hystérie médiévale. Un drame se produirait tôt ou tard, qui n'attendait que ses victimes désignées.

[… … …]

Un familier avait porté à Isabeau un message de son peuple lui demandant de revenir dans les plus brefs délais. Sans informer ses supérieurs de la raison exacte de l'urgence, l'elfe était donc partie pour une mission « personnelle », n'amenant avec elle que des volontaires « de confiance ». Autrement dit, des camarades disposés à ignorer les exigences de la Garde, la prenant momentanément pour chef d'équipe. Bien sûr, elle avait emmené son fils, mais Erika, Leiftan et Miranda s'étaient joints à eux. Le bois des fées était loin, bien loin des Terres d'Eel, et tout à fait hostile à la politique de la Fenghuang. Reconstruire leurs vies, rebâtir leur civilisation sur Eldarya avait été suffisamment difficile pour ne pas réintégrer à la Garde celui-là même qui avait menacé leur monde d'adoption, poussant l'insulte jusqu'à le laisser gravir les échelons. Les gardiens manquaient d'effectifs ? A qui la faute ! L'homme regrettait son frère ? La belle affaire ! Huang Hua s'était fait des ennemis, des peuples avec lesquels Miiko était pourtant parvenue, en son temps, à entretenir des relations cordiales. Isabeau pouvait en témoigner.

Les étrangers n'avaient jamais été les bienvenus dans le bois et l'on n'y pénétrait pas sans l'autorisation de la reine. Quelques têtes pendaient aux branches à l'orée du « pays », sur toute l'étendue de la frontière. Parfois les membres d'un même corps étaient ainsi dispersés, lorsque l'on manquait d'imprudents à punir. Mais Isabeau était une native, et elle avait été appelée, amenant avec elle l'expertise de la Garde en la personne de deux démons et d'une louve du désert. Une escorte qui aurait presque pu flatter ces elfes-fées dont on ne savait pas grand-chose, sinon qu'ils noyaient leur peine dans l'orgueil. Alors que la mère et son fils ouvraient la marche, guidant leurs camarades à travers un dédale sylvestre toujours plus traître, Miranda s'était éclipsée avec la discrétion d'une ombre qui abandonne la botte du marcheur oublieux.

C'était l'odeur qui l'avait attirée. Celle de l'écorce et de la sève, de la mousse et des fleurs. Infiniment… Oh, infiniment plus riche que celle d'aucune forêt d'Eldarya, et ce malgré le regain de vitalité qui avait succédé au Sacrifice Blanc puis à l'entremêlement des mondes. Même le bois des fées paraissait fade en comparaison, bien que cela venait de lui… d'au-delà de lui, comprit la louve en découvrant un portail. Celui-ci avait éventré un arbre particulièrement imposant, rongeant son cœur et fendant l'écorce comme la lave trouve ailleurs son chemin quand le cratère du volcan lui résiste. Des papillons de maana voletaient alentour, mais les sentinelles qui surveillaient ce passage vers la Terre ne se montrèrent pas davantage qu'elles ne se firent entendre. Il y avait là une dizaine d'elfes, dissimulés dans les branches, mais que Miranda pouvait sentir.

La louve resta longuement devant le portail -ou n'était-ce qu'une poignée de secondes ?-, non à se demander si elle survivrait à la traversée, mais à humer le monde qui se déployait derrière la brèche. Il y avait de la vie dans ce tapis de feuilles mortes, plus ou moins brunes, plus ou moins sèches. Cela grouillait dans le sol. Ici, elle aurait pu fouir dans ce terrier, y arrachant une famille de lièvres affolés. Là-bas, elle flairait la piste d'un cerf s'enfuyant. Les essences d'une flore et d'une faune à la fois nouvelles et familières lui chatouillaient l'épiderme, la provoquaient. Un rire lui vint. D'abord de pure euphorie, mais bientôt teinté de cruauté. Elle s'humecta les lèvres et recula, prit sa forme animale et banda ses muscles.

Un instant. Oh, juste un court instant encore, avant de sauter. Ni pour une crainte, pas même pour un doute. C'était un prédateur qui savait sa proie livrée et qui se plaisait à l'observer un moment avant d'y enfoncer les griffes, d'y planter les crocs. Miranda s'élança soudain et se heurta violemment à la puissance subitement décuplée des parfums enivrants d'une forêt, une vraie forêt, dont son sang se souvenait. Elle s'effondra et, de longues minutes durant, ne bougea plus. Les yeux écarquillés, la gueule béante, elle avait l'impression d'avoir été prise entre le marteau des privations de l'exil et l'enclume d'un gigantesque terrain de chasse, tous les os broyés dans la manœuvre. Se relevant enfin, elle poussa un hurlement d'une joie abominable. Les arbres frémirent des racines à la cime, et les oiseaux s'envolèrent dans un concert de battements d'ailes paniqués.

« Un loup est dans les bois. »

Son sang rugissait dans ses veines, il bouillonnait et chantait. Une voix -mais ce n'était pas une voix- effleurait sa conscience. C'était un murmure, un fredonnement venu de forêts plus grandes, de ténèbres plus profondes. Il contait une époque où les cités des hommes ne cernaient pas les bois, ne piquaient pas le ciel. Il décrivait des orages plus féroces que des golems, des flots plus voraces qu'aucun kraken. Il convoquait un temps d'avant la conquête du monde par l'humanité, lorsque l'on barrait les portes à la nuit tombée. Lorsque l'on avait encore peur des monstres.

« Les loups sont dans le bois,

Qui lorgnent le bœuf au labour.

Ils furent des hommes autrefois.

Élevons des tours ! Élevons des tours ! »

Miranda était plus rapide et plus endurante qu'aucune des pauvres bêtes de cette forêt. Elle en choisissait une, la rattrapait sans y toucher, optait brusquement pour une autre proie, la rattrapait à son tour puis revenait à une précédente qui se croyait pourtant tirée d'affaire. L'odeur de la terreur suintait de leurs flancs ruisselants de transpiration. Les plus jeunes et les plus âgées titubèrent bientôt d'épuisement. Elles manquaient une foulée, basculaient dans un ravin, repartaient en boitant ou ne repartaient pas, le crâne éclaté sur une roche. Emportée par son élan, la louve échouait parfois à se retenir, et elle voyait la mort dans les yeux de sa victime quand celle-ci jetait un regard en arrière au moment où les énormes mâchoires s'ouvraient. Miranda laissait derrière elle des cadavres coupés en deux d'un coup de crocs.

« Les loups viennent ! Sonnez, sonnez !

Arracher l'enfant au ventre de sa mère.

Les loups viennent ! Sonnez, sonnez !

Rire de nos larmes, rire de nos prières. »

Elle courait encore d'un côté et de l'autre de la forêt, son pelage flamboyant dégouttant de sang du museau jusqu'au thorax, lorsqu'elle se figea soudain, incrédule. Quelques feuilles et pétales de fleurs sauvages voltigèrent autour d'elle avant de retomber lentement. Elles étaient apparues sans crier gare… Vingt ? Trente ? Des aiguilles dans ses reins. Des hommes… Juste à portée de son odorat. AH. AH, AH. Des hommes. Des hommes dans les bois ! C'était absurde. Des hommes… AHAHAH. Ses babines se retroussèrent, esquissèrent un sourire bizarre, dérangeant. Une lueur mauvaise brillait désormais dans son regard. Des hommes rien que pour elle…

« Les loups hurlent dans le village,

Il y a dans leur sillage, du sang, du sang.

Les loups hurlent sous la muraille,

La soif les tenaille, du sang, du sang. »

[… … …]

Si on lui avait demandé, il aurait décrit un ours. Un très, très gros ours. Ou un feu avec des yeux. Il aurait dit qu'il l'avait entendu hurler, et que ça ne parlait pas bien sûr, mais que ça disait quelque chose qu'il avait très bien compris. Ils allaient mourir. Ils allaient tous mourir. Et s'il était assez grand pour savoir ce que ça signifiait, il était encore trop jeune pour imaginer que ça puisse vraiment arriver à des gens. Il était resté comme un lapin pris dans des phares, alors que la bête lui passait à côté et revenait. Il avait vu ses professeurs, ses amis et d'autres élèves qu'il aimait moins être réduits en morceaux. Parce qu'il fallait que ça vole et que ça gicle, que ce soit divertissant.

Le très gros ours de feu s'approcha finalement de lui. Il avançait avec élégance parmi les corps -enfin, les bouts de corps-, sans rien déranger dans son bel agencement, sans écraser aucun organe expulsé. Et il parla, pour de vrai cette fois. Il avait la voix grave, grave et sombre si une voix pouvait avoir une couleur. Elle venait d'un puits très loin, qui n'aurait pas donné d'eau. Mais il y avait derrière un accent, une note ou un écho féminin.

-Vous ne. savez. ne savez. même plus. fuir, articula lentement le monstre dans un tressautement de ses babines écarlates et dégoulinantes. Crois. tu. crois-tu. que j'aurai. pitié ? Je suis. le feu. dans. le sable. Le vent. hurle. quand je. le mords. Je-…

L'animal s'interrompit, l'attention captée par un papillon bleuté. Une vague de craquements secoua la forêt.

-NON ! Enragea le loup -c'était un loup, en fait, à bien y regarder- en essayant de se jeter sur le garçon tétanisé.

Mais des lianes surgirent du sol. Elles lui agrippèrent les pattes et le cou, le tirant brutalement en arrière. Des ronces s'y joignirent, s'enroulant comme un cocon autour de la créature et y enfonçant profondément leurs épines. La bête luttait avec tout l'acharnement possible tandis qu'on l'arrachait à sa proie. Cependant les lianes et les ronces se multipliaient, et toute résistance fut bientôt vaine. Le cocon fut tracté jusqu'au portail, de l'autre côté duquel Leiftan et Erika prêtaient toute leur force à la magie sylvestre d'Isabeau.

Quand Miranda fut de retour sur Eldarya, elle braqua sur eux un regard empli d'autant de haine que de désespoir. Ils n'avaient pas osé traverser, évidemment. La louve avait peut-être juste eu de la chance, après tout. Et ils ne savaient pas exactement de quoi ils l'avaient privée. L'auraient-ils su qu'ils l'auraient probablement considérée avec moins de peine, quoique cette dernière était déjà entachée d'un dégoût manifeste.

Les lianes et les ronces relâchèrent progressivement leur étreinte, jusqu'à libérer totalement la louve qui demeura soufflante et grondante parmi les épines. Du moins ne repartait-elle pas vers la Terre, ce qu'ils avaient craint. L'elfe et les deux démons se laissèrent alors tomber, assis avachis ou carrément allongés. Mélian sortit de derrière un arbre et approcha prudemment. Puis il s'agenouilla auprès de Miranda et passa ses doigts d'enfant dans le pelage souillé. La louve se détendit peu à peu.

-Tout. tout. petit. dragon, soupira-t-elle.

Il se pencha afin de passer ses bras autour du cou de l'animal, de plonger son visage dans l'épaisse fourrure, malgré les blessures qui saignaient et la trempaient. Mais il ne dit rien.

[… … …]

Elle était là, mais ils ne la voyaient pas. On mitraillait la scène de photos et l'on passait les bois au peigne fin. On ne doutait pas que cette boucherie soit l'œuvre d'une bête sauvage, mais on ne voyait ni laquelle, ni pourquoi. Jenny flotta au-dessus d'un enquêteur et lui murmura à l'oreille.

- « Ce pourrait être un loup… »

-Ce pourrait être un loup, proposa l'homme.

-Tu as vu la taille des empreintes ? Répliqua une collègue.

-Le gamin a pourtant bien parlé d'un loup, dit un autre.

-Mais aussi d'un ours et d'un feu, fit-on valoir encore.

-Le feu, c'était pour la fourrure.

Les branches basses, fracassées par la course de l'animal, avaient accroché quelques touffes de poils roux.

- « Peu importe ce que c'était… », glissa la sorcière à l'oreille d'une femme.

-Peu importe ce que c'était, grogna-t-elle.

- « C'est en liberté et c'est dangereux… »

-C'est en liberté et c'est dangereux.

-Il y a d'autres marques au sol qui laissent entendre que ça aurait été capturé, lui opposa-t-on alors.

-Et il y a une absence de marques qui laisse entendre que c'est sorti de nulle par, riposta-t-on ailleurs.

Ils avaient bien sûr remonté la piste jusqu'à l'endroit où s'était ouvert le portail… mais Jenny avait évidemment pris soin de le refermer avant leur arrivée. Aucun d'entre eux n'y comprenait rien. La sorcière sourit et lévita plus haut. Les mèches des bougies sur son chapeau caressaient la voûte feuillue lorsqu'elle se mit à chantonner pour elle-même.

« Les rondes folles les emportaient,

Autour des feux où brûlaient,

Les os, les âmes : on avait peur,

Des dames et de leurs serviteurs. »