« Le changement d'ambiance est assez déroutant… commente H. Lin alors que le groupe se dirige vers le nord.

- C'est vraiment magnifique, ajoute Baldr.

- Et moi je commence à avoir soif… se plaint Mimir. On pourrait me donner de l'eau ? J'en ai plus dans ma gourde.

- Déjà ? Mais elle était pleine au moment de partir, non ? s'étonne Skoll.

- Il faut dire qu'il fait plutôt chaud ici, ajoute H. Lin. J'ai moi aussi bu une bonne partie de ma gourde. Nous devrions nous arrêter quelque part pour recharger nos gourdes.

- J'avoue être un peu fatigué… ajoute Baldr.

- On va trouver un endroit où se poser alors… grommelle Skoll.

- Le problème, c'est que nous allons arriver à court d'eau potable, prévient H. Lin. Il nous faudrait aussi trouver un point d'eau.

- Mais… même si on trouve de l'eau douce, il y aura probablement cette bactérie dangereuse dedans, non ? s'inquiète Baldr. On trouvera jamais d'eau potable du coup !

- Nos chercheurs ont trouvé un moyen de purifier l'eau de Mira de cette bactérie, rassure H. Lin. Pour l'instant elles sont difficiles à produire à grande échelle, mais j'ai pu me procurer quelques unes de ces pastilles purificatrices.

- On a de quoi « fabriquer » à peu près autant d'eau potable que ce qu'on a emporté au départ de N.L.A., précise Skoll.

- Ceci étant dit, même avec ces pastilles nous ne pourrons pas nous attarder dans Noctilum plus de deux jours supplémentaires, commente H. Lin. Sans compter que ceci est conditionné au fait que nous trouvions une source d'eau.

- Et si on en trouve pas ? s'inquiète Baldr.

- Il nous faudra faire demi-tour à la mi-journée, répond H. Lin. Il en va de notre survie.

- On trouvera de l'eau, rétorque Skoll.

- Et comment peux-tu en être si sûr ? demande H. Lin.

- Toute forme de vie a besoin d'eau, répond Skoll. Sur Terre comme sur Mira. S'il y a de la flore ici, c'est qu'il y a de l'eau. S'il y a de la faune, c'est qu'il y a des cours d'eau.

- Sauf que la totalité des créatures qu'on a croisé jusqu'ici puisent l'eau soit directement dans le sol, soit en buvant de la sève, soit en filtrant l'eau empoisonnée, rétorque Mimir. Il n'y avait pas d'eau douce dans la section qu'on a traversée hier, c'est un fait.

- Mais il y en a certainement ici, insiste Skoll. Le paysage est très différent.

- Espérons que tu aies raison, soupire H. Lin. Mais si dans trois heures nous n'avons pas trouvé de point d'eau, nous allons devoir faire demi-tour.

- Je crois que ce sera pas nécessaire, sourit Skoll en pointant du doigt une zone de végétation dense à travers laquelle on peut par moment apercevoir quelques scintillements.

- Une oasis ?! » s'exclame Mimir avant de se précipiter vers la zone indiquée aux côtés de ses amis.

Bien trop impatients à l'idée de trouver de quoi continuer leur exploration – ou simplement survivre, selon le point de vue – les quatre coéquipiers en oublient les règles élémentaires de prudence, et alors qu'ils passent à quelques pas d'un monticule de terre, ce dernier commence à bouger et sortir du sol.

« Attention ! s'écrie Baldr en dégainant sa mitrailleuse.

- Encore une mortifole ?! s'étonne Skoll.

- Non ! C'est beaucoup plus gros ! » prévient Mimir en empoignant son couteau.

Le monticule une fois totalement émergé se révèle être une créature quadrupède dotée d'une solide carapace et de mandibules acérées. Sans prévenir, la créature tente de mordre H. Lin, qui fait un saut en arrière par réflexe en dégainant son fusil de précision. L'instant d'après, un déluge de balles s'abat sur le visage de la créature, la forçant à reculer.

« C'est solide ce truc ! s'exclame Baldr en continuant de presser la gâchette de son arme.

- A mon tour ! » s'écrie Skoll en abattant son sabre sur l'articulation d'une des pattes de la créature, l'entaillant gravement. L'instant d'après, une détonation sourde retentit : H. Lin vient de loger une balle à courte distance dans le crâne de la créature, qui s'écroule immédiatement au sol.

« B… bien joué, balbutie Mimir. Vous avez géré tous les trois.

- Nous devons rester sur nos gardes, répond H. Lin. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous faire surprendre à nouveau.

- Bien d'accord, répond Skoll en rengainant son arme. Entre les bestioles qui ressemblent à des fleurs et celles qui ressemblent à des tas de terre…

- Vous pensez qu'il y en a d'autres ? demande Baldr.

- Je… pense, répond Mimir en observant en détail la source d'eau douce qui se trouve à présent à quelques pas.

- Vraiment ? s'étonne Baldr. Tu peux les repérer ?

- Il y a des fleurs au centre du point d'eau, répond Mimir. Ce sont peut-être des mortifoles…

- Alors on devrait rester au bord, propose Skoll. On devrait pouvoir se poser et récupérer de l'eau sans les approcher.

- Je me charge de la purification, déclare H. Lin. Vous, surveillez le périmètre.

- Roger ! » répond Skoll.

Le procédé de purification de l'eau est relativement long, ce qui laisse tout le temps à Mimir d'observer son environnement. Elle ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir d'être aussi inutile quand vient le moment de combattre, mais ce n'est pas le genre de pensées qui la décourage, bien au contraire ! Si elle ne peut pas aider en combat, elle va faire ce qu'elle sait faire le mieux : repérer les indigènes pour éviter des affrontements inutiles. Les créatures de Noctilum aiment se cacher ? Qu'à cela ne tienne ! Elle les débusquera ! Il se trouve qu'elle est pas trop mauvaise en cache-cache, justement.

Après de très longues minutes d'observation des alentours, Mimir parvient à repérer un rocher étrange. Un rocher qui tremble. L'observant en silence, elle parvient à distinguer un museau parmi les irrégularités de la roche, puis des griffes, puis des écailles. Après de longues minutes d'observation silencieuse, l'animal camouflé finit par sortir lentement de sa cachette, révélant une forme allongée semblable à celle des tatous terrestres.

« C'est ça ! » s'exclame Mimir en tournant son regard vers les fleurs au centre du point d'eau, faisant immédiatement se remettre en boule le tatou apeuré par ce son brusque.

Tout animal qui se camoufle doit bouger ! Que ce soit pour respirer, pour boire, pour se nourrir, peu importe, il ne peut pas rester totalement immobile ! Les mortifoles se camouflent toujours en les mêmes fleurs blanches à quatre pétales. Par précaution ils les évitaient toutes, mais si elle se concentre elle devrait pouvoir repérer quelles fleurs sont en réalité des mortifoles. Ce sont simplement celles qui bougent alors qu'il n'y a pas de vent !

« Il y en a donc deux parmi ces fleurs ! » conclut Mimir avec fierté.


Tatou roche : Il se roule en boule quand il est attaqué et utilise sa ressemblance avec un rocher pour se camoufler. A la fin de sa vie, son poids l'empêche presque de bouger.

Exploration de Mira : 4,04 %