.

"Max, il y a des choses que tu dois savoir — des choses qui pourraient changer ce que tu ressens pour moi." Dire ces mots provoque une sensation douloureuse dans ma poitrine.

Max rit, de l'amusement scintillant dans ses yeux. il pose le poids réconfortant d'une de ses paumes sur mon genou. "J'en doute."

Je pose ma main sur la sienne. "Non, vraiment."

Il l'enlève et s'essuie les mains sur la serviette, ensuite il m'attrape par les épaules et baisse la tête pour me regarder. "Hey."

Je cligne des yeux plusieurs fois avant de croiser son regard fixe.

"Vraiment, j'en doute. Tu es une bonne personne avec un cœur incroyable. J'avoue que j'ai voulu t'étrangler quand tu t'es faite capturer... mais nous allons nous en sortir."

Mes paupières se ferment. "Laisse-moi t'expliquer. Tu dois entendre la vérité de ma bouche."

Max prend mon visage dans ses mains. "Regarde-moi." Je le fais et il a l'air furieux. "Quelle vérité ? Allez, alors." Sa voix est dure.

Je détourne le regard. "Je suis désolée."

"Non, ne fais pas ça ! Regarde -moi dans les yeux et dis ce que tu as à dire. Quoi que ce soit, j'ai besoin de le voir." Malgré la violence des mots de Max, son toucher reste doux.

Je prends une inspiration et le regarde. Son expression est un mélange de tranchant et de méfiance avec un côté féroce. Intérieurement, je tremble mais il a besoin d'entendre ça. "Max, quand ils m'ont enlevée, j'étais enfermée dans l'autre établissement, où ils gardent les immunisés et font des expériences. J'ai refusé de parler, je mangeais juste assez pour me maintenir en vie et j'évitais ma mère quand elle essayait de me rendre visite. Puis le général James Smith est venu me voir. Il était en colère à cause de mon silence et a exigé que je lui parle. Il... il m'a fait une offre." Je m'arrête, prenant une profonde inspiration. "J'ai réalisé que j'avais peu de chances de m'échapper si je restais enfermée. Mon meilleur pari était d'accepter son offre et de déménager dans cet établissement où j'ai eu plus de liberté."

La mâchoire de Max se contracte alors qu'il avale. "Quelle était cette offre ?"

"James voulait… me courtiser. Il a promis que nous prendrions les choses lentement et il a dit qu'il pouvait me protéger…" Les mots sont sortis avant que je puisse les arrêter et mon cœur s'accélère.

Il penche la tête. "Te protéger. De quoi ?"

"Max..."

"Te protéger de quoi ?"

Je fixe mes genoux. "Il y a ce pervers, Gibbs. Il saisit toutes les occasions de m'embêter. James ne lui fait pas confiance et Emmett non plus."

Max me lâche le visage et relève mon menton mais je refuse de lever les yeux. "Est-ce que ce type t'a touchée ?"

"Non, mais... il dit des choses alors qu'il n'y a pas de témoins. Il me fait peur."

Max se lève brusquement et fait les cent pas dans le salon, les mains croisées sur la nuque, les biceps bombés sous les manches de son t-shirt. Il souffle lourdement et marmonne trop bas pour que je puisse comprendre ses mots.

Je me lève, les pieds ancrés sur place. "Max ?"

"Et James ? Est-ce qu'il t'a touchée ?"

"Oui."

Max s'arrête devant moi. Sa voix s'adoucit mais la question pique. "Est-ce que ça t'a plu ?"

"Pas une seconde !"

"Tu as couché avec lui ?"

"Non ! Je ne pouvais pas le supporter." Les larmes me brûlent les yeux. "Chaque fois qu'il me touchait, je ne pensais qu'à toi."

Max rit d'un ton grave et dangereux. "Laisse-moi bien comprendre. Gibbs cherche juste une occasion de mettre la main sur toi. Ce James t'a touchée mais ça ne t'a pas plu. En fait, tu l'as laissé te toucher uniquement pour lui faire croire qu'il avait une chance avec toi, pour trouver un moyen de t'échapper. Ai-je bien compris ?"

Mon cœur se serre douloureusement. "Je peux expliquer !"

Il passe ses doigts dans ses cheveux et lève les yeux vers le plafond. "Je ne veux pas que tu m'expliques. Putain ! Je déteste ça !"

"Mais…"

Max tend les mains pour m'arrêter, la colère jaillissant de ses yeux orageux. "Ali m'a dit un jour que la trahison commence dans le cœur, bien avant que l'acte ne soit commis. Tu sais, je n'avais jamais vraiment compris ce concept jusqu'à aujourd'hui." Il s'avance et me tire contre sa poitrine, ses bras puissants m'entourant, assez serrés pour me couper le souffle. Ma joue s'écrase contre ses pectoraux et je ne sais pas ce que je redoute le plus : voir la colère dans ses yeux ou qu'il me la cache. "Je n'ai jamais eu quelqu'un à moi. Quelqu'un qui ne me trahirait jamais, qui m'accepterait, avec mes défauts et tout."

Un gémissement bas et étranglé s'arrête dans ma gorge et j'enfonce mes ongles dans ses flancs.

"Je pensais que tu étais l'élue mais ça m'a fait réaliser..." Il trébuche sur ces mots et resserre son étreinte sur moi. "Je ne suis pas assez bien."

"Quoi ? " Je me débats dans ses bras, essayant de m'éloigner pour pouvoir voir son visage mais ses bras restent enfermés autour de moi.

"Tu avais peur que je te juge pour avoir fait ce qu'il fallait faire. Au fond de toi, tu étais sincère, et c'est tout ce qui compte." Max enfonce son nez dans mes cheveux, des tremblements parcourant son corps. "J'ai fait tellement de merdes et je ne t'ai jamais rien dit. Après avoir entendu parler de mon passé, tu ne voudras probablement plus rien avoir à faire avec moi."

"Ce n'est pas vrai," je murmure. J'aime Max et je le connais. S'il a fait quelque chose de mal, c'était pour une raison. Au lieu d'essayer de me dégager de son emprise, je m'accroche à lui, effrayée de le lâcher. "Dis-moi, Max. Je te désirerai toujours, toujours."

"Avant le virus, j'étais en prison dans l'Etat du Maine." Max me relâche, les bras ramenés le long de son corps et la distance se creuse déjà entre nous. J'enfonce mes ongles plus fort. Il me regarde avec une résignation inondant ses yeux. "Pour meurtre, China."

Un coup glacé me transperce en plein milieu, me laissant sous le choc. Ce n'est pas la confession à laquelle je m'attendais. Je prends une grande inspiration et expire lentement. "Que s'est-il passé ?"

Max laisse échapper un rire laid. "A quel moment ?" Il tente de s'éloigner mais je le suis. "Je ne sais pas ce que je pensais en m'engageant avec toi. Ta boussole morale pointe vers le nord, la mienne est faussée."

Il continue à essayer de s'éloigner jusqu'à ce que son dos heurte le mur et je me dirige vers lui, desserrant enfin mes doigts pour pouvoir tendre la main et attraper son visage. "Ecoute-moi, Edward Maxwell Masen ! Assez de ces conneries d'auto-flagellation, de ces conneries de pauvre de moi ! Tu crois si peu en moi ?"

La confusion plisse son front. "Je pense que tu es la meilleure."

"Alors fais-moi confiance avec ton passé, et sache que je serai toujours là quand tu auras fini. Mes sentiments pour toi sont basés sur ce que je sais de toi, sur ce que j'ai observé. Je suis sûre que…"

Un coup autoritaire à la porte interrompt notre échange.

"Merde. On fait quoi ?"

Un autre coup, plus fort cette fois.

"J'arrive !" je crie, debout dans l'arcade entre le lit et le salon. Lorsque la ventilation se ferme, je me dirige vers la porte et j'aimerais qu'elle ait un judas. "Qui est-ce ?"

"Timms, madame, avec un message du général Smith."

J'ouvre la porte. Timms se tient effectivement devant moi mais il n'est pas seul. Gibbs est appuyé contre le mur, mâchonnant un cure-dent et une expression mêlant amusement et frustration. Je suis sûre qu'il préférerait être seul ici pour pouvoir me harceler.

Timms tient son couvre-chef sous un bras et hoche poliment la tête. "Bonsoir, madame. J'espère que vous allez bien."

"Relativement bien." Je lance un regard noir à Gibbs. "Que fait-il ici ?"

Gibbs pose une main sur sa poitrine. "Tu me blesses."

J'aimerai bien. Ordure !

"Nous sommes en mission. Le général Smith m'a demandé de prendre de vos nouvelles et de vous informer qu'il ne sera probablement pas de retour avant demain. Mme Kasabian m'a demandé de vous apporter ceci." Il me tend une enveloppe cachetée. "Avez-vous besoin de quelque chose ?"

"Non, merci." Je veux juste que tu sortes d'ici avant que Gibbs ne fasse quelque chose qui provoquerait Max.

"Très bien, alors. Passez une bonne nuit."

"Vous aussi."

Gibbs s'éloigne du mur et m'empêche de fermer la porte. "Attends. Qu'est-ce que c'est que tout ça ?" Il pointe par-dessus mon épaule la nourriture sur la table basse.

"Je n'avais pas beaucoup d'appétit au dîner..." dis-je avec un regard appuyé. "... alors Céline m'a emballé de la nourriture."

Gibbs effleure une mèche de cheveux égarée de son index, l'éloignant de ma joue. Je reste raide, la mâchoire serrée. "Pour quelqu'un qui s'est battu comme un diable, tu apprécies vraiment les avantages d'ici, n'est-ce pas ? Peut-être que le général me permettra de veiller sur toi en son absence."

Je repousse sa main qui traîne. "Quand l'enfer gèlera, reste loin de moi."

Timms se déplace, mal à l'aise. "Désolé de vous avoir dérangée, madame." Il donne un coup de coude à Gibbs. "Nous devons y aller."

"Ouais, il faut qu'on y aille." Gibbs me fait un clin d'œil. "A plus tard, douce Bella."

Je claque et verrouille la porte, le cœur battant. Gibbs qui débarque avec Timms est loin d'être anodin. Il me met en garde.

J'utilise un couteau en plastique pour découper l'enveloppe. A l'intérieur se trouve un vieux Polaroïd de deux enfants. Le plus âgé ressemble à ma mère. Je me demande pourquoi elle m'a envoyé ça maintenant, sans aucune explication.

Max se glisse hors de la ventilation et se tient dans l'embrasure de la porte, me faisant signe de venir vers lui. Je pose la photo sur la table basse et traverse la pièce. Il me regarde fixement. "C'était qui ce type ?"

"Gibbs."

"Il cherche les ennuis." La mâchoire de Max se contracte.

"Je suis d'accord."

"Il va les trouver."

"Max..."

Il caresse ma joue. "Je ne laisserai rien t'arriver."

"Je sais. Quand pouvons-nous sortir d'ici ?"

Max sort des crochets de serrure de sa poche. "Assieds-toi sur le lit. Voyons si j'arrive à t'enlever ce collier."

Nous nous asseyons et je repousse mes cheveux pour que Max puisse atteindre le fermoir. Des doigts chauds se posent sur ma nuque, envoyant de légers frissons le long de ma colonne vertébrale. Le seul bruit pendant un moment est le tintement du métal sur le métal, ponctué de quelques jurons colorés de Max de temps en temps.

Max arrête de jouer et soupire. "Ecoute, je sais que tu as hâte de t'échapper de cet endroit mais nous ne pouvons pas encore."

Je me tourne vers lui. "De quoi tu parles ? On ne peut pas rester ici !"

Il me caresse la joue. "Même si on enlève ce collier et qu'on s'en va, ça ne résoudra que la moitié du problème. Tu n'es pas immunisée. Le vaccin ne durera pas longtemps avant de cesser de fonctionner. Et après ? Au moins, ici, tu as accès aux traitements."

La bile bouillonne dans mon estomac. "Qu'est-ce que tu dis ? Tu ne vas pas... me laisser ici ?"

"Putain non ! Je reste ici jusqu'à ce qu'on puisse partir. Emmett fait une enquête pour essayer de découvrir quel est ce nouveau traitement."

"Combien de temps penses-tu que nous devrons rester ?"

"J'espère que ce sera pour quelques jours au maximum. Tu suivras la routine habituelle et je resterai ici."

"Que vas-tu manger ?"

"Si tu peux me voler de la nourriture, tant mieux. Sinon, j'utiliserai mes rations."

Je me détourne, fixant la porte adjacente entre mes quartiers et celui de James. "Et qu'en est-il... quand James reviendra et... et voudra me rendre visite ?"

"Je serai dans le conduit d'aération, en attente." Ses doigts caressent le côté de mon cou et viennent se poser sur mon épaule, serrant légèrement. "Pas de jugement."

Je hausse les épaules, repoussant sa main. "Tu te moques de moi ? Je ne pourrai jamais me comporter normalement en présence de James si tu me regardes ! Et si tu tousses ou éternues ?"

"Tu peux toujours simuler un mal de tête ou une gastro-entérite. Avec un peu de chance, avant que quelqu'un ne se méfie, nous serons sur le chemin du retour, chez nous."

Chez nous. Ce mot déclenche en moi un désir paralysant : celui d'être de retour à la centrale électrique, en sécurité dans les bras de Max, celui de sentir la chaleur du corps de Grace et de recevoir l'un de ses léchages sur tout le visage, celui de vivre la camaraderie de ma nouvelle famille.

Une annonce interrompt mes pensées.

Attention, citoyens de l'Alliance. La tempête a pris de la vitesse et elle est sur le point de toucher terre. Un rappel à tout le personnel non essentiel : veuillez rester dans vos quartiers, à l'exception des repas, jusqu'à nouvel ordre. Le travail et les activités réguliers reprendront sous peu. Merci.

Max m'attrape par les hanches et m'attire contre lui, caressant mon cou de son nez. "Tu entends ça ? Nous sommes relativement en sécurité jusqu'à la fin de la tempête. Pourquoi ne pas te mettre au lit ?"

Je fais glisser mes paumes sur ses bras musclés. "Veux-tu te joindre à moi ? Nous devons encore parler."

"Absolument." Son souffle est chaud contre ma peau, ses lèvres douces alors qu'elles se blottissent là pendant un long moment. "Vas-y. Je vais m'assurer que nous sommes en sécurité."

Lorsque je sors de la salle de bain, je remarque qu'en plus d'avoir engagé toutes les serrures disponibles, Max a coincé une chaise sous la poignée de porte de l'entrée de la suite et de la porte attenante au quartier de James.

Max jette un œil sur mon pantalon de yoga et mon t-shirt. "Pas de pyjama. C'est malin. C'est ma copine." Le côté gauche de sa bouche se lève.

Entendre Max m'appeler sa copine me donne envie de revenir là où nous étions. Je sais qu'il est impossible de remonter le temps mais les problèmes non résolus entre nous me semblent inconfortables.

Il remarque la tristesse dans mes yeux. "Qu'est-ce qu'il y a ?"

Je secoue la tête. "Tu viens au lit ?"

"Laisse-moi enlever cette merde de mon visage et changer de t-shirt."

Max reste longtemps dans la salle de bain. J'allume la lampe de chevet et j'essaie de me mettre à l'aise. Les palpitations dans mon sternum me tiennent en haleine. Je sens que Max et moi sommes à un autre tournant dans notre relation. S'il me fait confiance, nous pouvons y arriver. Il ne m'a pas jugée pour l'avoir trompé avec James. Nous devons juste surmonter le passé de Max. Je sais qu'il est allé en prison mais je le connais suffisamment pour être sûre que quoi qu'il ait fait, cela ne changera rien à mes sentiments.

Quand il me rejoint enfin dans la chambre, la peinture camouflage effacée, la terreur dans son expression est évidente. Il se glisse entre les draps, me faisant face de son côté. Il ressemble à un petit garçon perdu, et mon cœur se serre.

"China…" Mon surnom sort comme un gémissement angoissé.

"Dis-moi juste la vérité." Je caresse sa joue lisse, sans la couche de poils habituelle. "Tout ira bien."

Il saisit ma main et se penche vers moi, les paupières mi-closes. "Je l'espère. Je l'espère vraiment, car tu es tout pour moi. Tout."

Je pose ma tête sur mon bras, nous éloignant de quelques centimètres et je regarde dans ses yeux troublés. "Parle-moi."

"D'accord." Max déglutit difficilement. Il fait courir le bout de ses doigts de mon épaule jusqu'à mon bras, provoquant la chair de poule. Quand sa main trouve la mienne, il entrelace nos doigts. "Je vais te dire ma vilaine vérité. Je comprendrais parfaitement si tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi après, mais promets-moi de me laisser au moins mener à bien cette affaire et de te sortir d'ici."

"Je te le promets."

"Je t'ai déjà dit que ma mère est morte quand j'avais douze ans et je suis entré dans le système à quatorze ans. Maman a réussi à garder mon père sain d'esprit d'une manière ou d'une autre. Même s'il était un vrai connard, il pensait que le soleil se levait et se couchait sur elle. Elle était la lumière dans ses ténèbres. Quand elle est morte, il a perdu la tête. Il cherchait n'importe quelle excuse pour me tabasser. Je m'en fichais mais quand il a tourné son attention vers Ali..."

Max s'étrangle sur les mots, les yeux humides. "Elle ressemblait tellement à maman. Il a commencé à boire beaucoup après la mort de ma mère, au point qu'il a commencé à avoir des hallucinations. Il a eu cette idée folle à plusieurs reprises qu'Ali était maman. Quand il a repris ses esprits et a compris la vérité, il est devenu violent. Je m'interposais entre eux et prenais le poids de ce qu'il me faisait subir mais cette nuit-là... je me suis réveillé et j'ai entendu des cris étouffés. Je me suis précipité dans la chambre d'Ali et j'ai trouvé mon père là, couvrant sa bouche. Elle était déjà en pleine crise d'asthme mais il ne l'a pas remarqué. Il était trop occupé à lui remonter sa chemise de nuit." Il s'interrompt en sanglotant et retire sa main de la mienne pour se frotter les yeux.

"Oh, Max." Ma bouche devient sèche.

"J'ai couru dans le couloir, j'ai attrapé ma batte de base-ball et j'ai fracassé le crâne de ce connard. Après avoir donné son inhalateur à Ali, elle... il avait déjà fait ça. Elle avait peur de me le dire. Je l'ai soulevé et je l'ai jeté dans son lit, pensant qu'il ne s'en souviendrait pas le lendemain matin. Je ne savais pas quoi faire. La colère me déchirait les entrailles et je savais qu'il n'allait pas s'arrêter. Quelques jours plus tard, Ali dormait chez une amie et mon père est rentré ivre, vraiment ivre. C'est un miracle qu'il n'ait pas tué quelqu'un sur la route. Il a garé la voiture dans le garage et s'est endormi au volant. Sur un coup de tête, j'ai fermé la porte du garage et redémarré la voiture, j'ai attendu dehors jusqu'à ce qu'il soit mort et j'ai appelé la police."

"Mon Dieu, Max. Qu'ont-ils fait ?"

"Classé comme accidentel. Mort par stupidité sous l'emprise de l'alcool. Ça aurait pu se passer comme ça. Je ne voulais pas qu'Ali le sache mais elle l'a découvert. C'est notre secret depuis. Les services sociaux ont été appelés. Je t'ai parlé de la merveilleuse famille d'accueil dans laquelle nous avons vécu pendant quelques années. J'avais dix-sept ans et Ali quinze quand nous avons dû aller dans des foyers séparés. J'ai été placé avec quatre autres enfants en famille d'accueil, tous des garçons. Les Grant étaient là pour l'argent mais ça allait. Tant que nous ne faisions pas de grabuge, ils nous laissaient tranquilles. Ali était à quelques pâtés de maisons dans ce qui semblait être une bonne maison. Jack et Pauline ne voyaient pas d'inconvénient à ce que je vienne leur rendre visite et tout ça tant que j'appelais en premier." Max se penche pour s'allonger sur le dos et fixe le plafond.

Je sens qu'il atteint la partie vraiment moche de l'histoire. Je me blottis contre lui, posant ma tête sur sa poitrine et il me serre fort.

"J'ai remarqué qu'Ali semblait plus pâle que d'habitude. Et silencieuse. Ma sœur n'arrête jamais de bavarder. J'ai eu des soupçons et j'ai commencé à surveiller la maison de temps en temps mais je n'ai jamais rien remarqué d'anormal. Jack et Pauline ont commencé à travailler en horaires opposés. Pauline a fini par faire la garde de nuit au restaurant du coin. Un soir, j'étais sorti tard avec un de mes amis et je suis passé devant la maison d'Ali. La fenêtre de sa chambre était bien fermée et le store baissé. Je savais que quelque chose n'allait pas parce qu'elle avait toujours la fenêtre entrouverte, à la fois à cause de l'asthme et parce qu'elle avait peur d'être piégée pendant un incendie. Cela ne semblait pas être une preuve suffisante pour faire irruption dans la maison de quelqu'un au milieu de la nuit. J'ai essayé de partir mais quelque chose ne semblait pas normal. Je savais que la porte arrière était souvent déverrouillée alors j'ai vérifié et je l'ai trouvée ouverte." Max hésite, son cœur battant à tout rompre dans mon oreille.

Je ferme les yeux et frotte mes doigts de haut en bas sur son flanc. "Prends ton temps."

Son souffle s'accélère. "Je suis monté à l'étage jusqu'à la chambre d'Ali. Le reste de la maison était sombre et silencieux. Je suis resté devant la porte pendant un moment. C'était si silencieux que j'ai pensé que j'avais fait une erreur. J'étais sur le point de partir quand j'ai entendu un bruit de haut-le-cœur, puis le murmure d'une voix d'homme. J'ai ouvert la porte en grand – Jack avait Ali à genoux. Des larmes coulaient de ses yeux, laissant des traînées noires de maquillage sur ses joues. J'ai juste... vu rouge."

"Jack m'a regardé et m'a fait un clin d'œil. Il m'a dit de regarder et de profiter ou de foutre le camp de sa maison. Je l'ai éloigné de ma sœur et je l'ai tabassé, lui frappant le visage du poing à plusieurs reprises. Ali avait attrapé son inhalateur et ouvert la fenêtre, haletant pour reprendre son souffle. Jack m'a jeté par terre et s'est relevé en titubant. Il a dit que j'avais fait une grave erreur, qu'il s'assurerait que je ne sois plus autorisé à venir lui rendre visite et que mon absence lui donnerait un accès illimité à ma sœur. Ali s'est enfui de la pièce et il a continué à me menacer. Je lui ai donné un coup de pied dans le ventre. J'ai fait tomber ce salopard malade par la fenêtre."

"Oh Seigneur."

"Il y avait des témoins. Les gens de l'autre côté de la rue ont entendu la bagarre et ont filmé la scène où je le poussais par la fenêtre. Même si Ali a dit à la police ce que Jack lui avait fait, j'ai quand même plaidé coupable. Si elle l'avait fait, elle aurait pu invoquer la légitime défense. Moi ? Un meurtre. Le fait que je lui ai parlé et que je lui ai craché dessus quand nous sommes sortis n'a pas aidé. Chaque moment horrible a été filmé." Max secoue la tête et se frotte à nouveau les yeux.

"Max…" Je tends la main vers lui mais il attrape mon poignet.

"Laisse-moi te dire ça. Je n'aurais pas dû laisser mon sang-froid prendre le dessus. Vu la brutalité des coups qu'il a reçus avant que je le pousse par la fenêtre, le procureur a dit que j'avais utilisé une force excessive et inutile pour l'arrêter, que j'aurais dû le laisser aux autorités. Peut-être, mais il était trop tard pour revenir en arrière. Mon avocat m'a dit de négocier un arrangement. Le procureur m'a proposé une peine de dix ans avec la possibilité d'être libéré sur parole pour bonne conduite. J'ai accepté l'accord. Chaque fois que j'étais en liberté conditionnelle, la famille de Jack protestait. La commission regardait les vidéos et me la refusait parce qu'elle n'était pas impressionnée par mon absence de remords. Je ne pouvais pas mentir et dire que j'étais désolé que ce tas de merde soit mort. Je ne m'attendais simplement pas à ce qu'Ali se trouve un petit ami violent pendant que j'étais en taule." Il embrasse le dessous de mon poignet et le presse contre sa poitrine. "Je perdais petit à petit la tête. J'étais la seule famille d'Ali et elle s'était retrouvée avec les mauvaises personnes. Il n'y avait personne à l'extérieur pour la protéger. Je devais faire quelque chose, alors j'ai essayé d'attirer l'attention du gang le plus coriace."

Soudain, le tatouage sur le dessous du poignet de Max prend tout son sens. "Les Vipers."

Max me caresse les cheveux. "Comment sais-tu pour les Vipers ?" Il y a une pointe d'amusement dans sa voix, la première depuis un moment.

"Mon père était chef de police à Rockland." Je me redresse, saisis sa main droite et la retourne, révélant le tatouage à l'intérieur de son poignet : un serpent rouge enroulé autour d'un V noir orné.

"Merde, c'est de là que je connais ton nom de famille." Max se recroqueville en position assise, me permettant de passer mon doigt sur son tatouage de Viper, même si cela le met clairement mal à l'aise.

Trois gouttes de sang coulent des crocs du serpent, et je détourne le regard de l'image pour croiser son regard. "Trois morts." Cela signifie qu'il y en a un autre qu'il doit confesser.

Max grimace. "Il devrait probablement y en avoir quatre. Je me sens responsable de Gary, et je suis presque sûr qu'il est mort."

"Ça ne marche pas comme ça."

Ses lèvres se contractent en un sourire narquois à contrecœur. "Tu en sais trop, fille de flic. J'ai donc finalement attiré l'attention d'Alejandro Diaz, le chef des Vipers et il m'a assuré qu'ils pourraient protéger Ali à l'extérieur si je rejoignais le gang. Mon initiation... était de tuer quelqu'un pour eux. Ils m'ont donné une arme bricolée et un nom." Max serre les dents et me serre le bras si fort que ça me fait mal. "Je l'ai fait. J'ai tué ce type que je ne connaissais même pas. C'était un salaud, certes, mais il ne m'avait jamais trahi. Mon père méritait ce qu'il a eu, tout comme Jack, mais j'ai tué une personne avec préméditation. Je suis un meurtrier."

"Y a-t-il autre chose ?"

"N'est-ce pas suffisant ?"

"Comment es-tu sorti de prison ?"

"Ah, une autre belle histoire. Peu de temps après avoir poignardé ce type, le virus a frappé. Les choses sont devenues bizarres à la prison. Nous n'avons plus reçu de repas réguliers et toutes les activités ont été annulées. Je savais que quelque chose n'allait vraiment pas, alors j'ai montré mon tatouage à un gardien et je l'ai supplié de me faire sortir. Il m'a aidé, même si être transporté hors de prison sous un tas de détenus morts n'était pas une partie de plaisir."

"C'est vraiment horrible !"

"Alors voilà. Maintenant, tu comprends pourquoi je ne pourrais jamais être en colère contre toi ? Tu m'as tout dit franchement, ce qui est bien plus que ce que j'ai fait pour toi."

"Max." Je me mets à genoux pour pouvoir chevaucher ses cuisses et passer mes bras autour de son cou. "Je suis vraiment désolée pour tout ce qu'Ali et toi avez traversé. C'est une histoire terrible et tragique mais ça ne change rien à mes sentiments pour toi. Au contraire, je t'admire encore plus pour ce que tu es prêt à faire pour ta sœur."

"Pas seulement pour ma sœur." Max me regarde dans les yeux avec un mélange d'émerveillement et de désir. Il glisse ses mains sur l'évasement de mes hanches et m'attire plus près, déposant des baisers bouche ouverte le long de la courbe de mon cou. Je penche la tête en arrière. "Il y a une autre chose que j'aurais dû te dire il y a quelque temps." Son souffle est chaud sur ma peau.

Un petit frisson de peur envahit mon cœur. "Qu'est-ce que c'est ?"

Il enfouit son visage plus profondément entre mon cou et mon épaule, comme s'il ne pouvait pas supporter de me regarder dans les yeux. "Je t'aime, China."


L'auteur : Max fait des choses pour protéger ceux qu'il aime, et cela inclura désormais sa China. Il a finalement dit "je t'aime". *snifff*