Salut Melynee, merci pour ton com. J'ai lu et relu, me demandant pourquoi les dialogues te semblaient superficiels ou du moins pourquoi tu disais qu'ils balançaient toujours les prénoms et... c'est vrai que Dumbledore fait un peu perroquet par moment, donc c'est modifié ahah ! J'ai un peu trop la tête dans le guidon de cette histoire ^^'
Et je suppose que peu à peu la suite de l'histoire dénouera le fil de tes interrogations :)
LE CHOIX DES RONCES
Chapitre 3
De la veille de son départ jusqu'au lendemain matin, rien ne se passa correctement pour Harry. Il n'apprécia pas son dîner, fit une insomnie et dormit mal les quelques heures qu'il put grappiller. Au petit matin, il se regarda dans le miroir : ses yeux étaient cernés et ensommeillés. L'idée de se rendre à Azkaban le rendait nerveux, c'était un fait.
Il se rinça le visage et s'essuya avec une serviette de la façon la plus moldue qui soit, puis alla se choisir une tenue dans sa penderie. Il hésita longuement. Comment devait-il s'habiller ? Dans le courrier de bienvenue, rien n'était précisé, hormis que la magie serait réduite à son strict minimum. Il soupira fort, agacé par lui-même. Pourquoi restait-il planté là à tergiverser ? Ce n'était pas comme s'il se rendait là-bas en tant que coupable. Au contraire, il venait pour aider.
Finalement, il opta pour une tenue simple et confortable : un jean et un pull sombre. Il aimait habituellement les vêtements plus colorés, mais cela lui semblait déplacé pour un lieu comme Azkaban.
À huit heures pile, il quitta son appartement pour aller prendre le ferry. À son grand soulagement, il n'était pas seul à embarquer. Une grosse vingtaine de personnes montaient également à bord, probablement des membres du personnel administratif. Une chose cependant frappa Harry : ils semblaient tous recouverts d'un voile gris invisible, une sorte de brume de mélancolie. Azkaban semblait leur avoir volé quelque chose. Harry espéra ne pas ramener, lui aussi, un fragment de cette prison maudite en repartant.
Le voyage en ferry fut calme. Les eaux déchaînées semblaient glisser sous l'embarcation comme si elle voguait sur une mer d'huile. Malgré cette atmosphère paisible, Harry sentit que les membres du personnel portaient une attention particulière à sa présence. Lui, le célèbre Harry Potter, ici. Pourtant, personne n'osa venir lui parler, et il en souffrit légèrement. Le bavardage l'aurait aidé à se détendre, lui qui détestait le silence pesant.
Quand Azkaban apparut enfin à l'horizon, Harry frissonna. L'île ressemblait à un château hanté, un lieu tiré d'un cauchemar. Pendant une fraction de seconde, il se demanda s'il avait eu raison d'accepter cette mission. Puis il se rassura : qui oserait s'en prendre au Sauveur ? Personne. Hormis Voldemort, bien sûr, mais Voldemort ne régnait pas ici. Pas encore, songea-t-il avec une pointe d'ironie.
En débarquant, il présenta son pass visiteur. Une petite délégation de deux hommes l'attendait sur le quai, leur attitude marquée par un ennui profond. Harry, qui s'était imaginé les employés d'Azkaban comme des rocs imperturbables, fut surpris. L'un bâillait sans retenue, l'autre reniflait bruyamment, visiblement incommodé par l'humidité ambiante.
— Bienvenue à Azkaban, monsieur Potter, lança un des gardiens avec un enthousiasme forcé.
Harry répondit par un sourire incertain.
— Le directeur vous attend dans son bureau, ajouta l'homme en désignant une partie de la prison.
Peut-être était-ce un secteur un peu moins lugubre que le reste… Mais Harry n'en fut pas certain. Il rajusta ses lunettes, plissant les yeux pour tenter de percer la purée de pois qui masquait les contours du bâtiment.
— Venez, venez. Vous avez vos pass et vos charmes, n'est-ce pas ? Vous ne pourrez passer aucune barrière sans eux.
— Oui, j'ai tout, répondit Harry en sortant les cartes glissées dans sa veste.
Il suivit les deux hommes jusqu'à la première porte d'Azkaban. À peine la franchit-il qu'il sentit la magie noire s'insinuer dans chaque fibre de son être. La sensation était effroyable, comme si une mare de pétrole s'était déversée sur lui. Il avait ressenti quelque chose de similaire lors de son dernier duel contre un des sous-fifres de Voldemort, un combat qui lui avait valu son titre de héros, de Sauveur, car il avait sauvé bon nombre de gens...
Dumbledore avait raison : Azkaban avait des allures d'antichambre des enfers. Harry se demanda comment les employés faisaient pour venir travailler chaque jour dans un endroit pareil. À sa place, il se serait tiré une balle, songea-t-il. Une pensée très moldue, se dit-il avec un sourire crispé.
La première partie d'Azkaban qu'il découvrit avait des allures plutôt… administratives. Tout semblait fonctionnel, presque normal… enfin, aussi normal que puisse l'être l'intérieur d'un donjon. On le conduisit au bureau du directeur, où ce dernier l'attendait. Harry tenta de ne pas laisser transparaître sa nervosité face au visage changeant de son hôte. Dumbledore lui avait parlé des charmes de sécurité qui entouraient ce lieu, et il devait admettre que leur effet était troublant. Mais plus il se laisserait impressionner, moins il serait pris au sérieux.
— Harry Potter ! Quel honneur de vous recevoir ici, lança le directeur d'un ton affable. J'espère que vous avez fait bon voyage. Si mes souvenirs sont bons, le ferry pour Azkaban est plus paisible qu'un trajet en Poudlard Express...
Harry pencha légèrement la tête, hésitant entre interpréter ces propos comme de la sincérité ou avec une pointe d'ironie.
— Merci pour votre invitation, répondit-il finalement. Je suis impatient de rencontrer celui dont personne ne parvient à percer les secrets.
— Ah, vous ne perdez pas de temps. Drago Malefoy nous donne effectivement du fil à retordre. Mais vous aurez tout loisir de constater cela par vous-même.
— Quand pourrais-je le voir ?
— D'ici une petite heure. Nous n'attendions votre arrivée qu'avec le prochain ferry, voyez-vous. En attendant, que diriez-vous d'un café ? Cela nous donnera l'occasion de discuter du monde extérieur. Et ça fait si longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de ce cher Dumbledore.
Le directeur désigna un coin aménagé de son bureau, ressemblant à un petit salon. Une fois installés, un service de café apparut par magie.
— Je pensais que la magie était strictement limitée ici, observa Harry en prenant la tasse fumante avec gratitude.
— C'est le cas, mais nous faisons quelques entorses. Cela aide à apaiser les tensions et à maintenir un semblant de calme.
Harry comprit que cette entorse était calculée : un moyen pour le directeur de lui rappeler que ce lieu fonctionnait selon des règles implicites qu'il ne maîtrisait pas encore. Une raison supplémentaire de rester sur ses gardes.
Pendant qu'Harry et le directeur échangeaient poliment, Drago, éveillé depuis longtemps déjà, vit deux geôliers entrer dans sa cellule. Il ne fut guère surpris ; depuis la veille, quelque chose semblait se préparer. Les murmures des prisonniers avaient remplacé les gémissements habituels.
À leur injonction, il se leva de son lit. Tandis qu'un des gardiens restait dans la cellule, semblant la réorganiser à grands gestes, on le conduisit dans la salle d'eau. Là, on lui ordonna de se laver, succinctement mais correctement. Maladroit, peu habitué à ces gestes sans l'aide d'artefacts magiques, il s'exécuta, ravalant sa gêne. Heureusement, les miroirs au-dessus des vasques avaient été retirés. Il préférait ne pas croiser le reflet de ce qu'il était devenu.
À sa grande surprise, on lui permit même de se brosser les dents. Le simple goût du dentifrice lui procura un soulagement qu'il n'aurait jamais cru possible. Pourtant, il ne put s'empêcher de se demander : était-ce une préparation à son exécution ? Ce luxe minimal, était-ce l'ultime pitié réservée aux condamnés à mort ? Non, se raisonna-t-il, Azkaban ne connaissait pas la pitié.
On lui donna une nouvelle tenue de prisonnier, visiblement de meilleure qualité encore que les précédentes. Elle portait même l'écusson de la prison, brodé avec soin. Drago enfila la chemise et le pantalon ajustés, son esprit troublé par ce traitement inédit.
Le gardien l'inspecta soigneusement, attrapant son menton pour tourner son visage de droite à gauche.
— Ça ira comme ça, marmonna-t-il en relâchant sa prise.
Ils le ramenèrent à sa cellule. Elle aussi avait encore changé : un lit simple mais convenable, une couverture plus épaisse, et un coussin. Un vrai coussin ! Drago regarda les geôliers, attendant des explications, mais aucun d'eux ne se donna la peine de répondre à ses interrogations muettes.
— Assieds-toi. Et pas question de t'allonger sur le lit, tu entends ? Tu restes assis là !
On le poussa dans la cellule, refermant la porte derrière lui.
Drago fixa ses mains, qui jouaient nerveusement avec le bord de la couverture. Qu'est-ce qu'ils veulent ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce lit, ces vêtements, ce semblant d'humanité ? Il avait envie de rire, mais rien de drôle ne venait. Tout ça n'était qu'un jeu, un piège. Ils ne vont pas me laisser tranquille. Pas ici. Pas après tout ce qu'ils m'ont fait. Sa gorge se serra, et il sentit la panique monter en lui.
Ils doivent préparer quelque chose. Est-ce qu'ils vont encore me torturer ? Non… Ils ne s'embêteraient pas avec ces vêtements si c'était ça. Alors quoi ? Ils veulent peut-être me faire croire que je peux encore me battre, me relever, avant de tout m'arracher à nouveau. Ou peut-être… ils ont trouvé un moyen de me faire parler.
Il mordit l'intérieur de sa joue, cherchant à dissiper cette pensée, mais elle s'accrochait à lui comme un mauvais sort. C'est peut-être ça, oui. Ils veulent que je baisse ma garde, que j'espère juste assez pour m'écraser encore plus fort. Il croisa les bras, ramenant un genou contre lui sur le lit, comme pour se protéger. Pourquoi je suis encore là, de toute façon ? Pourquoi ne pas m'avoir libéré ou exécuté ? Pourquoi personne ne vient me sortir de cet enfer… Qu'est-ce qu'ils attendent ? Père...
Ses mains se crispèrent. Et si… non. Non, pas ça. Ils veulent peut-être que je sois… prêt pour quelque chose de pire. Une condamnation publique ? Une humiliation ? Une dernière scène pour bien montrer que je ne suis qu'un genre de traître, un incapable ? Il ferma les yeux et inspira profondément. Tu dois rester calme, Drago. Ne leur donne pas ce qu'ils veulent. Peu importe ce qu'ils te préparent… Tu ne craqueras pas. Pas encore. Pas aujourd'hui. Tu n'as pas le droit, pas après tout ce que tu as déjà subi.
Il valait mieux profiter de ces quelques soins sans penser au lendemain. Ses doigts remontèrent instinctivement vers son col, qu'il ajusta. Il se redressa, se passa une main dans les cheveux pour les lisser, un geste mécanique, presque réconfortant. Malgré les coups, les humiliations, les insultes, il restait quelque chose d'irréductible en lui, une bribe d'aristocratie qui refusait de s'éteindre. Il raffermit sa posture, s'assit avec plus d'assurance. Son regard, fatigué mais fier, reprit un éclat ténu, un soupçon de noblesse.
Tu es un Malefoy, pas un vulgaire prisonnier. Tu es celui qu'ils n'arrivent pas à briser. C'est déjà pas mal.
Ces mots résonnèrent en lui comme un mantra, une prière à lui-même. Se raccrocher à l'idée d'être un diamant, inaltérable dans la rudesse de ce lieu, lui redonna un peu de contenance. Ce n'était pas suffisant pour apaiser entièrement son esprit, mais juste assez pour qu'il se sente, un instant, au-dessus de leur barbarie.
Puis un bruit se fit entendre, le martèlement sec de bottes dans le couloir. Ce son brutal fit voler en éclats sa fragile dignité. Il tressaillit, chaque muscle tendu, les poings serrés contre le tissu de sa couverture. Ils arrivaient. Et cette fois, qu'est-ce qu'ils allaient lui faire ?
. . .
Harry Potter fut soulagé lorsqu'un gardien se présenta pour lui annoncer que Drago Malefoy était prêt. La conversation qu'il menait avec le directeur était pesante, tendue par la politesse feinte. Chaque phrase semblait cacher une pique ou une sous-entendue désapprobatrice. Harry avait l'impression que sa présence ici n'était pas désirée alors même que c'était le directeur qui avait demandé son intervention.
Il se leva à la suite du directeur et quitta le bureau.
— Vous savez, monsieur Potter, Azkaban est une prison de très haute sécurité, commença-t-il en marchant à pas mesurés devant lui. La sécurité exige une certaine noirceur. Je vous prierais donc de ne pas vous laisser trop émouvoir par ce que vous allez voir.
Harry fronça les sourcils mais ne répondit rien.
Ils avancèrent à travers un enchaînement de grilles et de portes. Chaque ouverture résonnait avec un grincement métallique qui semblait absorber les rares échos de ce lieu lugubre. Finalement, ils atteignirent une porte massive, blindée comme le coffre-fort d'une banque, si ancienne qu'elle paraissait tout droit sortie d'une autre époque. Deux gardiens durent pousser ensemble pour l'ouvrir. Il se demanda si ce spectacle lui était dédié ou si on s'amusait vraiment à ouvrir la porte de cette manière à chaque passage dans la prison.
Dès qu'Harry franchit le seuil, une odeur immonde lui assaillit les narines : un mélange nauséabond de pourriture, d'iode et de moisissure. Il fit un geste instinctif pour couvrir son nez de sa main, mais se ravisa en remarquant que ni le directeur ni les gardiens n'étaient incommodés. Était-ce possible qu'ils soient si habitués à cette pestilence qu'ils ne la remarquent même plus ?
L'odeur s'incrustait dans sa gorge, suffocante, presque palpable. Il avait l'impression qu'elle se mêlait à sa peau, s'y collant comme une seconde couche, et il n'était pas certain qu'une douche suffirait à s'en débarrasser.
Puis vinrent les lieux eux-mêmes, une vision qui lui glaça le sang. Les couloirs délabrés d'Azkaban semblaient défier toute logique. La pierre, rongée par le temps et l'humidité, était tachée de moisissures vertes et noires. Les murs suintaient de salpêtre. Chaque pas résonnait comme un appel funèbre. On aurait dit que la prison tout entière était un tombeau vivant, une horreur médiévale figée dans le présent.
— Comment... Comment peut-on laisser un endroit dans un tel état ? osa Harry, brisant le silence oppressant.
— Azkaban est une prison, monsieur Potter, rétorqua le directeur avec une ironie mordante. Elle en revêt... les charmes.
Harry sentit ses mâchoires se serrer.
— Mais à ce point ? Et cette odeur, bon sang... Qu'est-ce que c'est que cette odeur ?
Le directeur s'arrêta pour le regarder, une étincelle de moquerie dans les yeux.
— Si cela vous incommode tant, peut-être devriez-vous écrire au Ministère pour qu'ils nous envoient quelques bouquets parfumés ? Et pourquoi pas repeindre les murs d'une couleur plus gaie, tant qu'à faire ?
Un des gardiens étouffa un rire tandis qu'Harry sentait sa colère monter. Ce n'était pas de l'humour. C'était du mépris déguisé.
— Vous trouvez ça drôle ? siffla-t-il, son regard brillant de contrariété.
Le directeur ne se démonta pas, tapotant nonchalamment l'épaule d'Harry.
— Mon cher, Azkaban n'a pas été conçue pour le confort. Ni celui des prisonniers, ni même celui de ses employés. Chaque pierre ici rappelle que les âmes qui y résident ont commis des crimes que la société ne peut pardonner. Pourquoi injecter des ressources pour adoucir leurs conditions ?
Harry ravala avec peine sa réplique. Il imaginait ce que Dumbledore aurait dit : qu'une société se juge à la façon dont elle traite ses plus démunis, même ses criminels. Mais il savait que ces paroles n'auraient aucun poids ici.
Le directeur continua, sa voix plus basse, presque compatissante, mais son ton glaçait le jeune homme plus sûrement que les murs d'Azkaban.
— Un conseil, monsieur Potter. Ravalez votre humanité. Elle n'a pas sa place ici.
La phrase du directeur flotta un bon moment en lui. Ravaler mon humanité. Harry laissa un soupir échappé de ses lèvres. C'était si facile à dire. Mais est-ce qu'il y arriverait vraiment ? Il se concentrerait sur sa mission, il le savait. Mais une part de lui se refusait à l'idée de ce qu'il s'apprêtait à faire. C'était dégueulasse en un sens, il le savait. Mais tu n'es pas là pour être un héros. Non, il était là pour obtenir des informations. Pas pour ressentir quoi que ce soit. Mais… Malefoy…
Drago Malefoy. Une figure insaisissable. Toujours là où il y avait du monde, toujours brillant, mais toujours un peu hors de portée également. Harry l'avait vu plusieurs fois à des soirées mondaines, l'observant de loin, parfois croisant son regard, parfois le gratifiant de mauvaises remarques. Il avait l'impression étrange que Drago avait un coup d'avance sur son monde, que ses gestes, ses paroles étaient préméditées. L'attention qu'il captivait, étudiée. Ça paraissait inné chez lui. Et Harry… Harry, toi qui brille de façon plus brute, plus évidente, qui n'hésite pas, ne calcule pas. La lumière aveuglante, l'espoir incarné. L'ombre et la lumière, s'amusa-t-il à croire.
Ridicule, vraiment. Un dédain total pour ce type, et pourtant… Ce regard. Cette froideur, cette élégance… Il n'y avait pas que l'arrogance de Drago qui frappait, il y avait aussi sa beauté. Celle qui semblait en décalage avec le rôle qu'il jouait. Et Harry, qui se voulait détacher, se retrouvait à éprouver un malaise dérangeant chaque fois que leurs yeux s'étaient croisés. Il a dix-huit ans, bordel. Un gamin, en théorie. Mais un gamin qui participait à des jeux de grands, qui était incarcéré. Mais ses yeux par Merlin, ses yeux !
Ne pense pas à ça, mon pote. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire. Harry n'était pas là pour être ému par lui, pas là pour être victime de son magnétisme. Il était là pour lui faire cracher des informations. Il fallait qu'il reste concentré.
Il se força à recentrer son esprit. Ne te laisse pas embarquer dans ce piège. Ce type ne mérite pas ton indulgence.
A chaque pas qui le menait plus près de la cellule de Drago, son appréhension grandissait. Qu'est-ce qu'il allait découvrir derrière ces yeux, derrière cette allure qu'il imaginait impassible ? Qu'est-ce que Drago ressentait, là, dans cette cellule, maintenant que son monde avait été réduit à quatre murs ?
Et si, au fond, il avait peur ? Après tout, il n'avait que dix-huit ans, et tout ce qu'il avait connu jusqu'ici s'effondrait sensiblement. Peut-être qu'il ne se sent pas du tout invincible.
Harry ferma les yeux une seconde. Un vertige. Une question l'assaillit soudainement. Est-ce que je vais vraiment participer à briser un gamin de dix-huit ans ? Une part de lui refusait d'agir aussi cruellement. Allez, Potter. Sois fort. Il est là pour être interrogé, pas pour te séduire ni te faire flancher.
Ses interrogations sourdes furent interrompues par le gardien qui lui signifia qu'ils entraient dans une zone restreinte d'Azkaban. Une dernière fois, on vérifia ses autorisations. Il hocha la tête, presque distraitement.
Passée cette porte, ils pénétrèrent un couloir sans fenêtres, éclairé d'une lumière magique qui oscillait légèrement, projetant des ombres tremblantes sur les murs de pierre froide. Les cellules s'alignaient, oppressantes, leurs portes blindées cachant les pires démons. Harry sentit des regards peser sur lui, des regards fuyants, invisibles, mais suffocants, quelque part là où les portes laisser deviner la profondeur d'une cellule. Une magie lourde flottait dans l'air, entremêlée aux malédictions silencieuses de ces âmes damnées. Il lui sembla que chaque pas tirait davantage la corde autour de son propre cou. Il respira profondément, ravalant cette peur instinctive qui menaçait de poindre.
Au détour d'un dernier couloir, il aperçut deux gardiens, qui relevèrent la tête à leur approche. L'un d'eux posa une main sur une porte.
— Ne soyons pas trop cérémonieux ! Ouvrez donc cette porte, ordonna le directeur avant de jeter un regard en arrière vers Harry.
— N'ayez crainte, Harry Potter. Ici, la magie est assez puissante pour retenir une armée entière. Drago Malefoy est totalement inoffensif.
Harry ne répondit pas. Ce n'était pas Drago qu'il craignait, mais bel et bien ce lieu, qui semblait engloutir tout ce qui s'y aventurait.
La porte de la cellule s'ouvrit lentement, dans un grincement qui résonna comme un cri d'agonie.
Drago était assis sur sa couche, les mains posées sur ses genoux, dans une posture presque mécanique. Il avait obéi aux consignes, figé dans une docilité crispée. Malgré lui, ses grands yeux clairs, écarquillés trahissaient une terreur presque animale. Il se raidit davantage en voyant le directeur entrer, mais ce fut la silhouette d'Harry Potter, surgissant dans l'encadrement, qui le pétrifia.
Harry s'arrêta à mi-pas, sa gorge se nouant malgré lui. Le choc fut immédiat. Il savait que Drago aurait changé, mais cette vision dépassait tout ce qu'il avait imaginé. Ce n'était pas seulement la maigreur extrême ou la pâleur cadavérique de sa peau, mais l'aura brisée qui l'entourait. Le Drago Malefoy qu'il avait croisé par le passé semblait avoir été réduit en cendres. Ses traits anguleux, autrefois fascinants de finesse et de hauteur, semblaient exagérés à l'extrême, comme si la prison avait sculpté un masque de souffrance sur son visage.
Harry sentit un mélange de compassion et de rage se disputer dans sa poitrine. Il n'a que dix-huit ans… Dix-huit ans et déjà un fantôme. Mais presque aussitôt, une autre pensée plus dure lui traversa l'esprit. Il a choisi son camp. Il savait ce qu'il risquait.
Drago, de son côté, essayait désespérément de se raccrocher à une once de dignité. Il releva légèrement la tête, mais son regard se heurta à celui d'Harry. La consternation qu'il y lut lui coupa le souffle. Le Sauveur le dévisageait comme une bête blessée, comme une chose qu'on aurait dû achever.
— Drago Malefoy, j'imagine que vous reconnaissez Harry Potter ? lança le directeur avec une ironie acérée. Il s'est déplacé spécialement pour vous… Pour percer à jour ces secrets que vous gardez si jalousement.
Drago ne répondit pas, mais son regard glissa vers le directeur, froid et défiant malgré sa terreur. À mesure qu'il comprenait le rôle qu'on lui avait réservé dans cette comédie grotesque, un goût amer montait dans sa gorge. On l'avait lavé, brossé, presque nourri… Juste pour l'offrir à Potter comme un trophée terni.
Harry brisa le silence.
— Pourquoi est-il dans cet état ? demanda-t-il, sa voix plus tendue qu'il ne l'aurait voulu.
— Pardon ? Le directeur haussa un sourcil. Je le trouve plutôt en bonne forme.
Harry le fixa, incrédule.
— C'est une blague ? Regardez-le ! Il est maigre, terriblement maigre. Vous ne le nourrissez pas ?
Le ton sec du directeur claqua comme un fouet.
— Monsieur Potter, nous savons parfaitement comment gérer nos détenus. Leur bien-être est évalué avec soin. Nous leur donnons précisément ce dont ils ont besoin pour rester… utiles.
Harry serra les dents, luttant contre un mélange de colère et de malaise. Son regard revint vers Drago, et une pointe de pitié s'immisça malgré lui. Mais il la chassa aussitôt. Il ne mérite pas ma compassion. C'est un Malefoy. Un manipulateur, un menteur…
Pourtant, l'autre voix, plus douce, résonna également. Mais c'est un enfant. Dix-huit ans à peine, et voilà où il a atterri. Personne ne mérite ça, pas même lui.
Cette ambivalence l'irritait autant qu'elle le troublait. Drago, toujours figé, lisait chaque émotion sur le visage d'Harry, et cela le mettait en rage. Il ne voulait pas de sa pitié, ni de son indignation. Les deux n'étaient que des masques pour dissimuler l'absolue supériorité qu'Harry Potter croyait posséder.
Harry finit par détourner le regard, brisé par l'intensité de ce face-à-face silencieux. Le directeur posa une main sur son épaule.
— Je vous suggère de ne pas prendre cette situation trop à coeur… Après tout, pensez-vous réellement qu'un Malefoy mérite votre sollicitude ?
Harry passa ses doigts sous ses lunettes, pour se frotter les yeux. Le directeur avait raison, sans doute. Drago Malefoy ne méritait rien de lui, rien d'autre qu'un mépris froid et tranchant. Mais ses pensées refusaient de se plier à cette évidence. Malgré lui, son regard retourna à la silhouette frêle et voûtée.
— Il n'a que dix-huit ans… murmura-t-il presque pour lui-même, mais sa voix résonna tout de même dans l'air lourd de la cellule.
Le directeur eut un rictus, mélange d'amusement et de lassitude.
— Vous savez, monsieur Potter, dit-il d'un ton presque paternel. Le mal n'a pas d'âge. C'est ce qui en fait un ennemi si terrible.
Cette simple réponse ne suffit pas à étouffer son trouble.
Le mal n'a pas d'âge… Mais le mal est-il vraiment ce que j'ai devant les yeux ? pensa-t-il, en observant Drago, figé dans un silence obstiné. Il y avait là un fantôme, une coquille vide. Pas un ennemi, pas une menace. Juste un gosse.
Et pourtant, son autre penchant plus dur, se battait contre cette compassion qui s'insinuait sournoisement. Il est beau. Trop beau pour un lieu pareil. C'est ça le piège, non ? Sa finesse, son intelligence, cette aura de fragilité qu'il porte comme une arme ? N'oublie pas qui il est, Harry. N'oublie pas ce qu'il est capable de cacher derrière ces grands yeux effrayés.
Harry se sentit pris dans une guerre qu'il n'avait jamais voulu mener. Il regretta d'avoir été si enthousiaste à l'idée d'affronter cette tête blonde.
Drago serra les poings sur ses genoux, ses ongles mordant la paume de ses mains. Il s'efforçait de garder un masque impassible, mais il sentait chaque fibre de son être se tordre sous le poids de ce moment. Il était là, pitoyablement exposé, comme une bête qu'on exhibe à la foire. La présence d'Harry Potter était la cerise sur le gâteau de sa déchéance. Il ne pouvait détourner son regard du Sauveur, mais chaque fois qu'il croisait ses yeux — ces maudits yeux verts remplis d'une pitié insupportable — il sentait une rage sourde monter, brûlant tout sur son passage.
Comment osent-ils ? Comment ose-t-il lui, me regarder comme ça ? Comme si j'étais une misérable loque, une erreur qu'on voudrait réparer ? Je suis un Malefoy. J'ai eu des domaines, des richesses, des salles pleines de serviteurs prêts à se prosterner. J'ai grandi entouré de respect, de crainte, de tout ce qu'il manque ici. Il releva un peu le menton, un geste fragile, mais qui portait en lui une fierté viscérale, presque désespérée.
Et pourtant, cette fierté vacillait. Il le savait, il le sentait. Azkaban avait grignoté tout ce qui le rendait invincible. Son reflet, s'il osait le voir, n'était plus qu'un souvenir déformé de ce qu'il avait été. Ses vêtements avaient beau être propres, son corps lavé, rien ne pouvait masquer la vérité. Ses joues creuses, ses épaules osseuses, ce tremblement léger qu'il parvenait à peine à contrôler… Tout ça criait son échec.
Et maintenant, il est là. Harry Potter. Le héros, l'élu, celui que tout le monde adore. Il n'a rien à faire ici. Rien à voir avec moi. Mais bien sûr, c'est lui qu'on envoie. Pour me briser un peu plus ? Ou a-t-il accouru pour se donner bonne conscience en sauvant l'ombre d'un garçon qu'il a déjà détruit sans même essayer ?
La colère rugit en lui, mais elle était teintée d'autre chose, quelque chose qu'il n'avait pas la force d'analyser. Peut-être était-ce de l'envie. Harry semblait si fort, si entier, même au milieu de cet enfer. Sa silhouette droite, ses traits tirés mais dignes… Tout en lui reflétait une vie qui lui échappait désormais.
Il doit me haïr, bien sûr. Comme tout le monde. Ou peut-être qu'il ne ressent rien du tout. Peut-être qu'il me voit comme un mendiant dans la rue, quelque chose qu'on plaint de loin avant de passer son chemin. Mais je ne suis pas un mendiant ! Je ne serai pas cette ombre qu'ils veulent faire de moi. Je suis Drago Malefoy, par Merlin ! Même s'il ne reste plus rien, même si je dois crever ici, ils ne prendront pas ce dernier morceau.
Il tenta de raffermir ses épaules, mais ses forces le trahissaient, tout comme son souffle, qui s'accélérait malgré lui. La voix de Potter résonnait dans son crâne, insidieuse, l'écho déformé de cette phrase simple, cruelle : Il n'a que dix-huit ans…
Quoi ? Parce que je suis jeune, je mérite sa pitié ? Parce que je suis jeune, je devrais être épargné ? Il ne comprend rien. Lui… Personne en fait ne pourrait comprendre ce que c'est que d'être moi. La colère s'embrasa une dernière fois, puis s'éteignit toute aussi brusquement, étouffée par la vérité froide et cruelle qu'il n'osait affronter. Au fond, peut-être qu'Harry avait raison. Peut-être qu'il n'était plus qu'un garçon perdu, un fantôme d'homme, à moitié enterré dans la fosse commune d'Azkaban. Ce talent d'esprit inviolable le maintenait plus que son propre nom. C'était ridicule. Il était ridicule. Et le pire, mais ça même son esprit n'osait pas le formuler... Il ne savait même pas ce qu'il cachait et pourquoi personne ne parvenait à lire en lui.
— Comment souhaitez-vous procéder ? demanda finalement le directeur, les bras croisés, une lueur d'intérêt mesuré dans les yeux.
— Comment ? Je… Je suppose qu'il me faudrait être seul avec lui, dit Harry en détournant enfin les yeux de Drago, visiblement mal à l'aise.
À ces mots, Drago sentit la panique se répandre dans son corps. Seul avec Potter ? Cette idée lui donnait envie de bondir hors de sa couche et de s'opposer, mais il savait que toute tentative serait vaine. Il se força à rester immobile, ses mains serrées en poings contre ses cuisses. Potter seul avec moi ? Pour quoi faire ? S'il veut me tirer les vers du nez, il va falloir plus qu'un petit tour d'intimidation. Mais s'il a d'autres intentions… Cette pensée l'enrageait autant qu'elle l'effrayait. Il serra les dents, tentant de ne pas montrer la tempête intérieure qui le ravageait.
Harry, lui, ne prêtait pas attention à l'agitation muette de Drago. Il continuait à soutenir le regard du directeur.
— Seul avec lui ? reprit le directeur d'un ton prudent. Je ne sais pas trop… Il faudrait qu'un gardien reste à proximité, pour surveiller.
— Je croyais que Drago Malefoy était tout à fait inoffensif ? répliqua Harry, une pointe d'ironie dans la voix.
— C'est bien le cas, admit le directeur en jetant un regard en coin à la silhouette fragile de Drago. Mais par mesure de sécurité, je ne peux me résoudre à vous laisser complètement seul avec lui. Cela vaut autant pour votre sécurité que… pour la sienne.
— Vous craignez quoi ? Que je fasse pire que vous ? lâcha Harry, son ton mi-sarcastique, mi-indigné.
Il désigna Drago d'un geste ample, un éclat de frustration perçant dans ses yeux.
— Ça me serait bien difficile, vous ne croyez pas ?
Drago sentit son estomac se tordre. Pire que ça ? Non, ce serait impossible. Rien ne peut être pire que cet endroit. Pas même toi, Potter. Mais tu ne t'en priverais pas, n'est-ce pas ? Peut-être que tu espères briller encore plus en me piétinant, toi l'enfant prodige, la lumière vivante. Va-y, achève-moi, Sauveur… Je n'attends que ça. Je n'ai pas peur… Je jure… Que je n'ai pas peur.
Le directeur ne se départit pas de son calme, mais ses yeux lancèrent une mise en garde silencieuse.
— Monsieur Potter, dit-il d'un ton glacial, j'apprécierais que vous baissiez d'un ton. Je crains en effet que votre… puissance, disons, ne rende ce garçon parfaitement inutile à notre enquête. Je vous l'ai dit : ici, à Azkaban, nous maintenons nos détenus au seuil de leurs besoins. Ni plus, ni moins. Il ne s'agirait pas que vous nous le laissiez dans un état comateux, la bave aux lèvres.
Harry fronça les sourcils, retenant visiblement une réplique cinglante. Drago, quant à lui, détourna le regard avec une grimace. Il avait envie de hurler, de rire même, devant la tournure grotesque de cette situation. Ah, ils s'inquiètent pour moi maintenant ? Depuis quand ma vie leur importe-t-elle ? J'aimerais bien voir ça, tiens, moi en loque complète, juste pour leur rappeler à quel point ils m'ont broyé. Tu seras content, toi, Potter ? Un Malefoy à terre, ça doit te plaire. Ou peut-être que ça te dérange… Oui, peut-être que tu préfères me voir debout, pour que ta victoire ait du sens.
— Je ne ferai rien de tout ça, répondit finalement Harry, la voix plus basse, mais ferme. Vous pouvez me croire.
Le directeur leva un sourcil sceptique, mais il savait qu'Harry n'était pas homme à perdre le contrôle. Mais c'était son lieu, son territoire, et il comptait bien en garder les rênes.
— Un gardien restera posté juste derrière la porte. C'est tout ce que je vous accorde, monsieur Potter. Et c'est déjà beaucoup.
Sa voix devint presque douce, comme s'il s'adressait à un enfant capricieux.
— En outre, j'espère que vous saurez tirer quelque chose de cette chère tête blonde, ajouta-t-il en désignant Drago d'un signe de tête. Ce garçon a causé suffisamment de troubles. Faites en sorte que cela cesse.
Drago refoula sa rage, l'enterra avec soin. Il ne leur donnerait pas cette satisfaction. Qu'ils s'étouffent dans leurs attentes. Potter et les autres. Si je dois parler, ce ne sera pas pour eux, ni pour personne en fait.
Après un hochement de tête, le directeur s'attarda une dernière fois sur Drago. Il semblait peser, le jauger comme on évalue une marchandise avant de la livrer. Puis, avec un petit sourire suffisant, il donna ses instructions et s'éloigna, ses pas résonnant dans le couloir. Un gardien se posta fièrement devant la porte, comme s'il veillait sur un trésor inestimable.
La cellule, désormais, n'appartenait qu'à eux deux.
Harry Potter, droit comme un piquet, semblait occuper tout l'espace, sa silhouette éclairée par la lumière surnaturelle d'Azkaban. Face à lui, Drago Malefoy restait assis sur sa couche, la tête légèrement relevée, les épaules rigides, son insigne d'Azkaban plus brillant que jamais sur son torse maigre.
Harry brisa le silence, sa voix claire mais teintée d'un mélange d'ironie et de malaise.
— Eh bien, Drago Malefoy… Si j'avais cru te retrouver dans une telle posture…
La phrase, pourtant anodine, semblait suspendue dans l'air lourd de la cellule, incapable de franchir la barrière de glace et de rancune qui séparait les deux hommes. Harry lui-même parut regretter ses mots, ses yeux glissant involontairement sur l'état de Drago, ce tableau d'un naufrage humain qu'il n'aurait jamais imaginé voir.
Mais Drago, dans un sursaut de fierté sauvage, réagit. Une étincelle qu'il croyait éteinte se ralluma en lui. Il se passa la langue sur les lèvres d'un geste calculé, presque provocateur.
— Tu n'obtiendras rien de moi, Potter.
Sa voix était basse, éraillée, marquée par le froid d'Azkaban et des semaines de silence, mais il conservait cette intonation si particulière lorsqu'il prononça son nom. Ce ton moqueur, empreint d'une supériorité qui n'existait plus, mais qu'il s'acharnait à revêtir comme une armure.
Harry resta un instant immobile, surpris malgré lui par cette familiarité inattendue. Cette voix-là, ce ton précis, le ramenaient à un autre temps, à une autre version de Drago, celui qu'il croisait dans des salons mondains, qui lançait ses piques avec un sourire perfide. Contre toute logique, cette bribe d'insolence le rassura, comme si malgré l'effondrement du monde autour de lui, quelque chose d'intangible chez Drago subsistait.
Il ne put s'empêcher de répondre, presque avec douceur :
— Toujours le même Malefoy, hein ?
L'ombre d'un sourire échappa à Drago, trahissant une étrange, très étrange satisfaction.
