Je vois que mon histoire est suivie, alors je poste dans la foulée le chapitre 7 :) Ca fait plaisir, merci beaucoup ! J'ai encore 5 ou 6 chapitres prêts, ou quasi prêts, et la fin est écrite.
Chapitre 7
Ce n'était qu'en début de soirée qu'un hibou au plumage sombre se posa devant Rogue, alors attablé dans une Grande Salle étrangement silencieuse. Les vastes tables, dépourvues de leur habituelle animation, attendaient le retour des élèves, prévu dans deux jours. Ses collègues, répartis le long de la table des professeurs, terminaient leur repas dans un calme presque solennel, savourant les derniers instants de leurs vacances.
Dumbledore, installé en bout de table, s'appliquait à essuyer sa longue barbe constellée de compote de pomme. Son regard, brillant d'une malice discrète, s'éleva vers le hibou. L'oiseau, impassible, portait à sa patte un parchemin soigneusement roulé, dont la vue fit naître un mince sourire sur les lèvres du directeur.
Avec son habituelle nonchalance teintée d'une autorité subtile, il se leva, salua les professeurs présents et s'approcha de Severus.
- Severus, je vous attends dans mon bureau pour le thé ce soir, dit-il d'un ton à la fois léger et chargé de sous-entendus.
Rogue pinça les lèvres, incapable de masquer l'ombre d'une contrariété. Il savait déjà ce qui l'attendait : une nouvelle discussion sur le sujet épineux de "Madame Rogue". Comme si la journée ne l'avait pas déjà assez éprouvé.
Sans un mot, il quitta la Grande Salle par une porte discrète située derrière la table des professeurs, ses pas résonnant dans les couloirs de pierre. Les ombres dansantes des torches guidaient son chemin jusqu'à ses appartements, un sanctuaire qui promettait quelques instants de répit avant l'inévitable.
La lourde porte de ses cachots céda dans un grincement familier, dévoilant un salon spacieux et austèrement élégant. Les teintes sombres de noir et de vert dominaient, mais l'ambiance n'en était pas moins accueillante. Un feu vif crépitait dans une cheminée en marbre sculpté, projetant des reflets dorés sur les murs ornés de gravures anciennes. Rogue s'affala dans un canapé de cuir noir qui faisait face à l'âtre, laissant échapper un soupir las.
Sur la table basse devant lui, un plateau soigneusement préparé l'attendait. Les elfes de maison, avec leur zèle habituel, avaient disposé quelques Chocogrenouilles, le dernier numéro de Potions et Chaudrons, une bouteille de Whisky Pur Feu et un verre en cristal finement taillé. Les elfes de maison veillaient toujours au bien-être des occupants de Poudlard, parfois avec une minutie qu'il trouvait presque exaspérante. Peut-être aurait-il dû épouser un elfe, songea-t-il, vaguement amusé.
Il attrapa une Chocogrenouille et la croqua pensivement, son regard sombre fixé sur les flammes. Le magazine qu'il feuilletait distraitement lui arracha un rictus, mais il le reposa bien vite. Son attention dériva vers la bouteille de whisky. Avec un geste précis et presque cérémonial, il s'en saisit, déboucha le flacon et, d'un Evanesco, en vida le contenu.
Un bref sentiment de triomphe l'envahit. Une distraction de moins. Il se releva, lissa les plis de sa robe noire et quitta ses appartements d'un pas décidé, prêt à affronter la prochaine épreuve de la soirée.
oOoOo
La porte du bureau de Dumbledore s'ouvrit toute seule avant même qu'il ne frappe, ce qui exaspéra un peu plus Rogue.
- Ah, Severus ! Je suis ravi que vous ayez accepté de passer, déclara Dumbledore avec enthousiasme.
- Comme si j'avais eu le choix, marmonna le Professeur de Potions.
-Une tasse de thé?
- Ce n'est pas l'objet même de ma visite?
Dumbledore sourit.
- Alors, avez-vous eu des nouvelles de votre épouse ?
— Mon épouse ? ironisa Rogue, les lèvres pincées.
Dumbledore regarda son protégé avec un sourire.
- Elle viendra demain soir. Comme si son emploi du temps était surbooké …, finit par concéder le Maitre des Potions avec un soupir.
- Elle veut peut-être vous faire un peu … comment disent les jeunes ? mariner ? Mais vous êtes-vous au moins ... excusé pour votre conduite?
Rogue fronça les sourcils, fixant son interlocuteur avec une expression déconcertée.
- Eh bien, mon garçon ?
- Je n'irais pas jusque-là, répondit Rogue en prenant un air mi-dégouté, mi-agacé.
Dumbledore, impassible, se leva pour disparaître brièvement derrière une porte. Lorsqu'il revint, ses bras étaient chargés de magazines aux couvertures éclatantes. Il en ouvrit un intitulé «Séduire en 10 leçons» et posa un doigt sur un passage.
- Voyez-vous, selon cet article, l'humour est un atout essentiel pour séduire.
Rogue resta bouche bée un instant avant de retrouver son aplomb.
- L'humour ? Vous trouvez que j'ai une tête à faire de l'humour ? grogna-t-il, outré.
Dumbledore haussa un sourcil, amusé par la réaction de son collègue.
- Severus... Calmez-vous je vous en prie ...
- Me calmer? Mais comment voulez-vous que je me calme? J'ai deux semaines Dumbledore, deux semaines!
-Auriez-vous oublié de me préciser certains détails?
Rogue soupira.
- Le Seigneur des Ténèbres veut voir Brittany lors d'une réception qui doit avoir lieu bientôt.
- Je vois ... répondit Dumbledore en lissant sa longue barbe blanche. Je pense que le conseil de ce magazine reste assez intéressant ... continua t-il.
- Et pouvez-vous m'expliquer comment je vais bien pouvoir user de ce don naturel chez moi? Je lui écris une vingtaine de hiboux apportant chacun une petite blague? Je glisse un petit dessin humoristique aussi?
Le directeur sourit.
- Vous voyez, vous pouvez être très imaginatif, Severus.
- Je crois que j'en ai assez entendu pour ce soir! Fulmina Rogue en tournant les talons.
- Severus!
Dumbledore avait à peine haussé la voix, mais le ton était autoritaire. Il affichait toujours ce sourire qui n'augurait jamais rien de bon à son collègue, et ce dernier stoppa son élan. Il se retourna lentement après avoir poussé un énième soupir silencieux, se préparant au pire.
Vous oubliez le magazine. Lisez-le, s'il vous plait. Bonne soirée.
Rogue arracha le magazine des mains de Dumbledore, et claqua la porte.
Resté seul dans son bureau, Dumbledore se tourna vers la cheminée.
- Minerva ? Vous êtes là ? appela-t-il en glissant sa tête dans l'âtre.
- Qu'y a-t-il, Albus ? répondit une voix familière.
- J'ai besoin d'une faveur. Pourriez-vous aller au Chemin de Traverse demain matin et faire une petite course pour moi s'il vous plait ?
