Bonjour à toutes et à tous !

Très belle année 2025 à vous et vos proches ! Et surtout la santé !

En vous souhaitant une bonne lecture pour ce premier chapitre de l'année !


Chapitre 15 : Fin de règne

6 mois plus tard

L'hiver était arrivé tôt, cette année-là. La neige avait recouvert les chemins boueux des marais et l'eau avait gelé, emprisonnant les larves de moustiques et autres insectes. La nature s'était figée, silencieuse, et les craquements de pas sur la neige brisaient le calme de l'endroit.

Le portillon de la barrière blanche fut poussé dans un grincement aigu et la visiteuse grimpa les marches du perron de la maison de la Source pour frapper sur la porte. Jaina ôta la capuche de sa cape et la secoua pour en faire tomber les flocons.

La porte s'entrouvrit et le visage endormi d'Hermione apparut dans l'entrebâillement.

- Hmmm... café ? Proposa-t-elle en laissant entrer l'archimage.

- Désolée de passer à l'improviste mais... ce qu'il fait froid chez vous ! Vous n'avez pas fait un feu de cheminée ? Il doit faire dix degrés dans votre maison !

- J'étais au chaud au lit.

- A 18 heures ? Vous êtes malade ? S'inquiéta la Kultirassienne.

- Non, juste trop pingre pour gaspiller du bois. Qu'est-ce qui vous amène ? Ca fait des lustres que je ne vous ai pas vue.

- Un dieu très ancien, lâcha Jaina en lançant une boule de feu dans l'âtre de la cheminée. N'Zoth, vous connaissez ?

- De nom... c'est une merde, souffla Hermione en se faisant réchauffer une tasse de café.

- C'est surtout un gros problème. Si tout ce qu'on raconte est vrai, il pourrait corrompre nos hommes et ceux-ci deviendraient aisément des recrues pour la Horde.

- Fâcheux, commenta la brunette en tenant sa tasse fumante à deux mains, le dos au foyer.

- Plus que ça, relança l'archimage qui faisait les cents pas, catastrophique. De nouveaux combattants dans les rangs de la Horde et des moyens limités de se déplacer sur les mers, ce serait un coup fatal à l'Alliance.

- Vous allez vous en sortir, conclut la Source. Et puis, N'Zoth ne va pas s'emmerder à corrompre des gens pour les offrir à la Horde. Il va s'en servir pour ses propres desseins.

- Si vous comptiez me faire peur, c'est réussi, déglutit difficilement Jaina.

Hermione leva les yeux au ciel et, traînant des pieds, se planta devant sa bibliothèque. Après quelques instants de réflexion, elle prit un livre pour le tendre à l'archimage.

- Y'a quelques trucs dedans. Vous me le rendrez plus tard.

- Je peux le consulter ici, sauf si ma présence vous ennuie, commenta Jaina en se saisissant du livre.

- J'croyais qu'il faisait froid dans ma baraque, objecta la brunette.

- Hmmm, il y a bien des moyens de faire monter la température, répondit la Kultirassienne tout en feuilletant les pages.

Hermione s'arrêta et regarda l'archimage, surprise de ce qui s'apparentait à une proposition. Peut-être sa fatigue lui jouait-elle des tours.

- C'est vrai, vous avez allumé le feu dans la cheminée.

- Et si ça ne suffit pas, on peut faire du thé ou encore se serrer sur le canapé en se recouvrant d'un plaid... Je peux même vous proposer de passer la nuit à Boralus, répondit tranquillement la Kultirassienne sans lever les yeux de l'ouvrage.

- J'aime mon confort spartiate. Mais je peux préparer le thé.

Hermione restait suspicieuse. Jaina avait été très claire par le passé et elle n'était plus une jouvencelle qui craque au moindre sourire. Elle prendrait bien garde à ne pas laisser son cœur s'emballer.

" Mais rien ne m'interdit de tenter ma chance une dernière fois..." songea-t-elle en faisant bouillir de l'eau.

Le temps qu'elle prépare le thé, Jaina s'était confortablement installé dans un fauteuil pour lire. La brunette versa le liquide infusé dans une tasse et, après avoir déposé la tasse sur une petite table basse, passa derrière l'archimage et se pencha à son oreille.

- J'espère que vous le trouverez à votre goût, susurra-t-elle.

Elle observa avec plaisir que son souffle créa un frisson sur la peau de son invitée.

- J'y ai mis un ingrédient secret, le trouverez-vous ?

Jaina haussa un sourcil et, posant le livre, se saisit de la tasse pour en boire une gorgée.

- Hmmm, feuille de thé, un soupçon de menthe, un doigt de sucre et... non, pas du sucre, un trait de miel. Et c'est tout.

- Citronnelle, tonifiante et calmante à la fois. Deux conditions nécessaires à court terme.

Jaina dévisagea la brunette.

- Vous avez besoin d'un peu de tonus, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Mais pourquoi pensez-vous que nous nécessitons de calme à court terme ? Cet endroit est un havre de tranquillité.

- Mon tonus est toujours là lorsqu'il est requis, sourit la brunette. Quant au calme, vous me semblez un peu tendue avec cette histoire de dieu très ancien.

Jaina bougea son cou raide et acquiesça.

- Effectivement, je suis crispée, dit-elle avec un demi-sourire. Vous remarquez toujours tout, c'est impressionnant.

- Besoin d'un massage ? Proposa Hermione.

- Et bien sûr vous savez tout faire. Je serais folle de ne pas en profiter puisque vous le proposez.

La Source réchauffa magiquement ses mains avant de les poser sur la nuque dégagée de l'archimage, remerciant muettement sa moitié magique d'être une adepte des tresses. Elle caressa délicatement le soyeux de la peau de la Kultirassienne avant de pousser ses pouces en une ligne droite. Elle repéra un premier nœud et envoya un peu de son pouvoir pour réchauffer l'endroit afin de le dénouer en toute délicatesse.

- Dites-moi si je vous fais mal, chuchota la brunette.

Un léger gémissement de bien-être lui répondit tandis qu'elle sentait la confiance qui s'installait entre elles. Elle dénoua lentement les muscles sous ses pouces, passant de la nuque aux épaules, sentant l'abandon de l'archimage sous ses mains.

Elle fit glisser ses doigts sous le haut de la robe pour avoir un meilleur accès aux épaules et s'aventura un peu plus loin sur le dos.

- Nouveau collier ? demanda la brunette en poussant délicatement une chaîne en argent.

- Celui de mon père. J'ai été nommée Amiral Suprême de Kul Tiras après avoir fait revenir notre flotte de navires qui était égarée en mer. Ils sont revenus juste à temps pour repousser l'assaut de Corsandre.

Gênée par les vêtements, Hermione dut interrompre le massage et l'archimage exprima son mécontentement.

- Pourquoi vous arrêtez vous ? Gémit la kultirassienne.

- Disons que ni la posture, ni le vêtement ne permettent de vraiment faire un massage complet.

Jaina ôta sa cape pour la jeter sur le dossier d'une chaise et défit rapidement les boutons de sa robe de mage qui tomba sur le sol. Absolument pas gênée d'être en sous-vêtement, elle retira ses bottes et plongea son regard dans les yeux noisette.

- Et pour la posture, où puis-je m'installer ?

- Je ne peux vous proposer que mon lit. C'est le seul endroit où l'on peut s'allonger.

L'archimage se dirigea vers la chambre sans oublier d'attraper la brunette par la main pour l'emmener avec elle. Une fois dans la pièce, elle se laissa tomber gracieusement sur le matelas et eut un sourire pour sa moitié magique.

- Si je ne vous connaissais pas, je pourrais croire à un piège pour m'attirer dans vos bras.

- Pour l'heure, vous serez dans mes draps, sous mes doigts et je pense même arriver à vous faire gémir de plaisir...

- Je vous arrête de suite : je n'aime pas le sexe.

- Je parlais de massage, ma chère.

Jaina se mit à rougir et Hermione eut un sourire compatissant.

- Pas de gêne entre nous, Dame Portvaillant. Je vous taquinais seulement. Dites-vous que si vous vous trouvez ridicule, je l'ai été bien plus que vous dans d'autres circonstances.

- Merci de me rassurer.

- Blague à part, vous avez dû avoir des amants pitoyables pour vous désintéresser d'un instant de communion aussi intense.

- Je ne peux pas dire s'ils étaient bons ou mauvais, je n'en ai eu que deux et... je n'ai pas aimé, répondit l'archimage en s'allongeant. Ca vient sûrement de moi.

- Je ne vais pas me vanter, mais je n'ai jamais déçu mes partenaires, commença Hermione en mettant un peu d'huile sur ses doigts avant de les déposer sur le dos de l'archimage.

Jaina retint sa respiration alors que les images que Lexa lui avait imposées remontaient devant ses yeux.

- Je vous ai fait mal ? S'inquiéta la Source.

- Non, tout va bien.

Hermione poursuivit son massage, rassurée, et fredonna une chanson calme tout en dénouant chaque tension du dos de l'archimage.

- Je repense à ce que vous avez dit, finit-elle par reprendre. Je ne pense pas que ça vienne de vous. Il y a des alchimies qui se font et parfois, ça ne marche pas. Mais je comprends que deux mauvaises expériences... coup sur coup, si j'ose ce mauvais jeu de mots, ont de quoi vous refroidir.

- Franchement, je m'en passe très bien et ça m'évite d'être distraite. Par contre, je pourrais devenir dépendante de vos massages.

- Si ça vous donne un prétexte pour venir me voir plus souvent, je me plierai à l'exercice avec plaisir. Mais pour aujourd'hui, c'est fini. Je vais vous chercher vos vêtements, ne bougez pas.

Lorsqu'elle revint dans la chambre, Jaina s'était lovée dans ses couvertures, comme un chat, et semblait s'y être endormie, délassée, reposée et au chaud.

Hermione se gratta la nuque, le paquet de vêtement sous un bras, se demandant quoi faire.

- Bah merde... j'vais dormir où, moi ? En plus, elle va attraper froid, à moitié nue...

Soupirant, la Source agita la main au-dessus du lit, mettant un peu d'ordre dans la chose. Les draps et couvertures s'organisèrent autour de Jaina pour la couvrir et Hermione se créa une place pour pouvoir s'allonger à son tour. Elle regarda la jeune femme et posa un baiser léger sur sa tempe.

- Bonne nuit archimage, faites de beaux rêves.


Quand Jaina se réveilla, le jour ne s'était pas encore levé. Mais elle sentait que c'était l'histoire de quelques minutes avant que les premiers rayons du soleil percent l'obscurité qui régnait. Elle se demanda pendant quelques instants où elle se trouvait avant que les évènements de la veille lui reviennent en mémoire : N'zoth, la visite chez Hermione, le massage divin.

Un sourire satisfait étira ses lèvres et elle resta quelques instants à profiter du calme de la pièce. La respiration tranquille d'Hermione la berçait et elle se sentait presque sur le point de se rendormir. Mais elle n'était pas femme à traîner au lit. Aussi, elle se leva sans bruit et chercha à tâtons ses affaires qu'elle finit par trouver pliées sur une chaise. Elle s'habilla rapidement et s'approcha de la Source pour la regarder dormir. Elle avait l'air fatigué et Jaina songea qu'elle avait dû se coucher tard. Elle approcha sa main du visage aux traits tirés et en dessina l'ovale du bout des doigts.

- Ce serait tellement simple de me laisser aller à vous aimer... Mais je refuse de plier au désir de l'Origine de toutes magies, murmura-t-elle.

Elle hésita mais finit par se pencher et posa brièvement ses lèvres sur celles de la brunette. Elle sentit qu'elles s'animaient sous sa pression pourtant légère. Surprise, elle ne s'éloigna pourtant pas et revint chercher ce contact soyeux. Le baiser restait léger mais n'avait plus rien de fugace et dérobé. Après un instant, Jaina se recula, troublée.

- Pourquoi ?

La voix d'Hermione était un murmure qui fit frissonner l'archimage. En effet, pourquoi avait-elle fait ça ? Elle entendit Hermione repousser les draps et perçut que la brunette s'approchait d'elle. Les mains de la Source encadraient à présent son visage et Jaina sentit son corps se tendre dans l'attente du baiser. Les lèvres de la Source vinrent effleurer les siennes. Son cœur bondit dans sa poitrine et le frisson qui la parcourut n'avait rien de désagréable. Elle ne se déroba pas quand le baiser se fit un peu plus appuyé.

La main de la brunette vint se perdre dans ses cheveux et Jaina décida d'approfondir le baiser, venant presser son corps contre celui de sa moitié magique. Hermione l'accueillit contre elle et l'enveloppa de sa chaleur, attentive aux émotions qui troublaient sa moitié magique. Elle répondit au baiser, heureuse de partager un peu de sérénité dans l'épreuve qu'elle s'infligeait.

Elles finirent par rompre le baiser, haletantes, mais restèrent blotties l'une contre l'autre.

- Pour répondre à votre question, je ne sais pas ce qui m'a pris, chuchota Jaina.

- Et maintenant ? Que faisons-nous ? Demanda doucement Hermione.

- Peut-on oublier ce qui vient de se passer ?

Hermione eut un petit rire désabusé. C'était trop beau pour être vrai. Mais ça lui éviterait de s'épuiser. Un mal pour un bien.

- Je ne vous impose rien, et je peux faire en sorte que vous oubliez ce baiser, réellement, si vous le souhaiter.

- Je ne serai pas lâche au point d'utiliser la magie pour effacer mes problèmes, répondit l'archimage. Hermione, je suis vraiment désolée de vous entraîner dans mes égarements.

- Je respecte votre décision. Mais essayez de ne pas tester vos sentiments et envies avec moi.

Jaina posa sa main sur la joue de la brunette.

- La dernière chose que je souhaite, c'est vous blesser. Croyez-moi. Je suis vraiment désolée. Quand je suis près de vous, je... Le mieux serait de prendre nos distances. Mais c'est difficile car j'aime discuter avec vous, je me sens bien avec vous. Votre amitié m'est précieuse.

- Reste la version épistolaire alors.

L'archimage ressentit un pincement au cœur en entendant le ton de la voix d'Hermione. Elle avait blessé sa moitié magique et se maudit de l'avoir fait, de n'avoir pas résisté à l'envie qu'elle avait ressenti.

- Je suis désolée, répéta-t-elle avant de quitter rapidement la chambre.

Quelques instants plus tard, la porte de la maison claqua et Hermione poussa un soupir douloureux. Elle se leva péniblement, passa un sweat à capuche et se rendit dans son salon pour prendre Deuillegivre dans ses mains.

- C'est l'heure du repas... marmonna-t-elle en laissant l'épée maudite puiser dans son énergie.

L'opération dura plusieurs longues secondes et la brunette miniaturisa l'épée qu'elle rangea dans la poche zippée de son sweat. Epuisée, elle retourna se coucher et, à peine installée dans son lit, elle se laissa happée par le sommeil. Profondément endormie, elle ne sentit pas le mouvement d'un intrus qui s'approchait d'elle, ni le linge imbibé de chloroforme qui fut appliqué sur son visage.

L'intru resta quelques instants à la regarder, puis se rendit sans bruit jusqu'à la porte d'entrée qu'il ouvrit avant de faire signe à trois orcs qui attendaient, camouflés dans des buissons.

- C'est bon, elle est inoffensive, on l'embarque !


Ma chère Hermione,

Cela fait deux semaines que nous ne nous sommes pas vues et j'espère que vous allez bien. Je n'ai pas eu l'occasion de vous remercier pour la soirée que j'ai passé avec vous et la manière royale avec laquelle vous m'avez reçue. J'espère que vous avez pardonné ma conduite inexcusable. Croyez-moi quand je vous assure que la dernière chose que je souhaite est de vous blesser.

Je vous écris pour vous dire que nous avons réussi à pénétrer l'antre de N'Zoth et je n'ai jamais vu un endroit aussi terrifiant. Les créatures que nous croisons sont abominables, dangereuses et sanguinaires. Il règne une atmosphère lugubre dans la cité de Ny'alotha et nous luttons à chaque instant pour ne pas sombrer dans la folie. Je ne cache pas que votre présence m'aurait grandement rassurée. Quand vous êtes avec moi, j'ai le sentiment qu'il ne peut rien arriver de grave et que chaque problème trouvera aisément sa solution. Mais je dois faire mes preuves seule, pour vous montrer que je ne suis pas une ingrate égoïste incapable. J'espère me montrer à la hauteur de la charge que vous avez eu la bonté de me confier.

J'espère avoir de vos nouvelles.

Que la lumière vous garde,

Jaina Portvaillant


Ma chère amie,

Votre silence m'inquiète et j'espère que vous allez bien. J'espère que vous avez assez confiance en moi pour quérir mon aide en cas de besoin. Trois semaines que nous arpentons la cité de Ny'alotha et la corruption du dieu très ancien N'Zoth se fait de plus en plus sentir. Je sens la tension qui grandit dans nos rangs, des disputes qui éclatent de plus fréquemment pour des broutilles. Nous avons réussi à vaincre des adversaires... je ne saurai mettre des mots sur les abominations que nous avons affrontées.

Mais il y a un espoir dans ce monde de ténèbres. Des dissidents de la Horde mènent le combat avec nous. Les Elfes de sang et les Taurens ne soutiennent plus Garrosh Hurlenfer et veulent le chasser du trône de chef de guerre. Une fois N'Zoth éliminé, nous partirons pour Orgrimmar afin d'en chasser le tyran qui la dirige depuis trop longtemps.

Je dois vous laisser, Anduin et son ami Irion vont en venir aux mains si je ne m'interpose pas. Hermione, donnez-moi de vos nouvelles, ça me rassurerait de lire que vous allez bien. Malgré mon comportement lors de notre dernière rencontre, soyez assurée que je tiens à vous.

Avec toute mon amitié,

Jaina Portvaillant


Le retour vers Hurlevent à l'issue de la campagne contre N'Zoth fut tout aussi épique que les derniers jours passés dans les abysses hantés par le démon. Il fallut plusieurs jours avant que les compagnons d'armes cessent de vouloir s'entre-étriper. Jaina avait eu fort à faire pour calmer les passions et Sylvanas ne fut pas la plus simple à apaiser.

Se retrouver dans la salle du conseil du chef de l'Alliance, dans des vêtements propres, abreuvés et repus, faisait donc le plus grand bien à tous.

- Je sais que nous sortons à peine d'une bataille contre un dieu très ancien, commença Anduin. Mais il est temps de mettre fin au règne de Garrosh Hurlenfer. Les trolls, les Taurens et les Elfes de sang veulent changer de chef de guerre et j'ai proposé l'aide de l'Alliance. Alors demain matin à la première heure, nous naviguerons vers Kalimdor pour pénétrer dans Orgrimmar !

- Et quand je mettrais la main sur Garrosh, je le tuerai, promit Sylvanas dans un murmure à l'oreille de Jaina.

- Rendez-vous à 8 heures demain matin ! D'ici là, vous avez quartier libre, conclut le roi.

- Je vais à l'auberge du Cochon siffleur pour boire une ou deux bières, tu veux venir ? Proposa l'Elfe à la Kultirassienne.

- J'ai une lettre à écrire, je te rejoins après, répondit Jaina.

- Hmmm, elle n'a pas répondu aux deux premières... j'crois que tu devrais laisser tomber. Je sais pas ce que tu as fait, mais tu as merdé. Et pourtant, elle est patiente, notre déesse.

- Et moi je suis tenace... mais surtout je suis inquiète. Elle m'a semblée vraiment épuisée la dernière fois que je suis venue lui rendre visite.

- Hmm, c'est vrai qu'à chaque fois que je la vois, elle est plus décrépie. Ca a une durée de vie limitée une déesse ?

Jaina fusilla l'elfe du regard.

- Ok, dès qu'on a fini cette campagne, on va la chercher pour la remettre en état de marche.


Garrosh était assis sur son trône et dévisageait avec colère la prisonnière qui était escortée par trois orcs.

- Un mois et demi que ça dure ! Rugit-il. Dis-moi où se trouve le pouvoir de l'autre déesse !

Un des gardes donna une bourrade dans le dos de la captive qui s'écroula sur le sol dans un fracas métallique de chaînes qui la tenait aux poignets et aux chevilles. Pour toutes réponses, Hermione posa un regard ennuyé sur le chef de guerre qui se leva d'un bond et fondit sur elle pour lui attraper le menton de sa main. Il exerça sur le visage une pression douloureuse mais la brunette n'avait pas l'air incommodé.

- Les chamans m'ont dit que la magie n'était pas retournée à la terre. Alors à qui l'as-tu donnée ? Qui est devenu l'autre moitié de toi ?

Hermione cracha au visage de Garrosh et ce dernier la gifla à la faire tomber en arrière.

- Remettez-lui une dose de drogue ! Et utilisez tous les moyens pour la faire parler ! Je veux le nom du nouveau dieu ce soir !

Les trois gardes ramassèrent la prisonnière sous le regard haineux du chef de guerre et la trainèrent hors de la salle du trône.

- Chef ! Cria une sentinelle en arrivant en courant. Des navires de l'Alliance sont en vue !

Garrosh attrapa son armure et sa masse.

- Dépêchez nos bateaux pour faire barrage ! Activez les canons gobelins pour pulvériser leurs barques ridicules. Et que les troupes se tiennent prêtes à égorger le premier humain qui foulera le sol de Kalimdor !


Anduin avait toujours admiré Jaina Portvaillant, d'aussi loin qu'il s'en souvenait. A force de travail, de persévérance, la native de Boralus était devenue la mage la plus puissante d'Azeroth. Et encore aujourd'hui, elle faisait la démonstration de son pouvoir, de son talent et de son abnégation.

La Kultirassienne maintenait un bouclier magique sur l'ensemble de la flotte qui s'approchait des côtes d'Orgrimmar. Elle rayonnait d'un halo de magie dorée et devait faire attention à ne pas briser sa concentration. L'artillerie de la horde qui pilonnait leur position lui demandait de renforcer par endroit la protection magique et elle était attentive à la moindre faille qui pourrait leur être fatale. Debout en plein soleil sur la proue du navire au centre de la flotte, son visage ruisselait de sueur et prenait une teinte rouge.

A ses côtés, Sylvanas regardait la cité d'Orgrimmar, une lueur impatiente dans les yeux.

- Orgrimmar dans 5 minutes ! Cria l'amiral. Préparez-vous à accoster !

- Tout va bien Jaina ? Demanda Anduin, inquiet.

- Oui, je vous promets que nous arriverons sains et saufs, fit la mage, déterminée.

- Ce soir, Garrosh ne pourra plus nuire, promit le jeune roi. Azeroth sera enfin en paix.

- Que la lumière vous entende, Majesté, répondit Sylvanas.

- Nous sommes assez prêts pour tenter de détruire leurs batteries de canons, Majesté, lança l'amiral. Dois-je donner l'ordre ?

- Allez-y ! Répondit Anduin.

Quelques instants plus tard, trois navires frappés du pavillon des Portvaillant pivotèrent et des détonations assourdissantes couvrirent le bruit des vagues. L'air marin se chargea d'une odeur de poudre et des cris se firent entendre au loin. Tandis que les bateaux de transports de troupes poursuivaient leur route jusqu'aux plages de Kalimdor pour débarquer, il se jouait un combat d'artillerie. Mais la protection de Jaina tenait bon et les boulets lancés par la Horde rebondissaient sur le dôme de pouvoir.

Le premier navire s'amarra et des centaines d'aventuriers en descendirent pour fondre sur les troupes de la Horde amassées sur le rivage. Le reste des soldats débarquèrent et allèrent détruire les dernières pièces d'artilleries afin de permettre à l'amiral suprême Portvaillant d'arrêter son dôme protecteur.

Cette dernière s'assit à même le sol et sortit de sa besace une bouteille d'eau et des petits pains qu'elle se dépêcha de manger. Elle était fatiguée et devait vite reprendre des forces car Sylvanas n'attendrait pas d'avoir du soutien pour foncer dans les lignes ennemies. L'ancienne banshee donnait déjà des ordres à ses troupes.

- Anduin, où sont les renforts des Taurens, des Trolls et des Elfes de sang ?

- Je les vois, ils arrivent pour prendre les troupes de Garrosh en tenaille. Je descends pour organiser notre attaque.

- Sois prudent. Je te rejoins d'ici quelques minutes, lança l'archimage alors que le souverain quittait le navire.


Les gradés avaient toutes les difficultés à maintenir l'ordre dans la capitale. Les civils cherchaient à se mettre à l'abri des combats, les mères serraient leurs enfants contre elles en se cachant sous des lits, les soldats orcs mettaient en place des barrages dans les grandes artères de la ville.

Seuls deux gardes étaient restés dans la prison pour surveiller la déesse. Mais les deux jeunes orcs ne paraissaient pas tranquilles.

- Vous pouvez aller vous planquer, je ne risque pas d'aller bien loin, fit Hermione, suspendue par les bras à un crochet.

Ses pieds effleuraient le sol, mais pas assez pour qu'elle puisse prendre appui. Les deux soldats se regardaient, apeurés et indécis.

- C'est votre décision. Vous pouvez aussi me détacher en partant, leur cria-t-elle alors qu'ils avaient finalement choisis de déguerpir. Et merde. J'ai plus qu'à attendre les secours, soupira-t-elle avant de laisser tomber son menton sur sa poitrine.

Les gouttes de sang qui suintaient de ses multiples plaies venaient maculer un peu plus les pierres du sol avec un petit bruit désagréable. La brunette était fatiguée, elle avait faim, elle avait soif et son corps n'était qu'une boule de douleur.

- Je vais faire un petit somme... Et à mon réveil, je tuerai Garrosh.


Après des longues heures de combat, les troupes de l'Alliance et des dissidents de la Horde pénétraient enfin dans Orgrimmar. Anduin répéta une dernière fois aux soldats les consignes : interdiction de s'en prendre aux civils. Genn Grisetête prit la tête d'une vingtaine de combattants et se dirigea vers la caserne. Sylvanas s'approcha de Jaina et lui désigna l'entrée d'un bâtiment quelques mètres plus loin.

- C'est la prison, expliqua l'elfe. On y trouvera sûrement des opposants à Garrosh. Autant les libérer et les avoir de notre côté, qu'en penses-tu ?

L'archimage observait du coin de l'oeil les éclaireurs qui s'éparpillaient dans la ville pour repérer la position de Garrosh.

- Je ne peux pas laisser Anduin sans protection, répondit la Kultirassienne.

- Qu'il vienne avec nous. Ce n'est l'affaire que de quelques minutes. Et puis, je crois savoir qu'il jette de bons sorts de soin, il est possible qu'on ait besoin de ses talents.

L'archimage fit signe à son neveu de la suivre avant de s'élancer vers les geôles, Sylvanas sur les talons. Sans surprise, la prison était abandonnée par ses gardes et les barreaux des cellules laissaient voir les bras des prisonniers qui quémandaient leur liberté.

- Anduin, prends cet étage, je vais dans les sous-sols avec Sylvanas.

Jaina descendit la première, l'elfe sur ses talons, et passa devant une première cellule qui comportait un prisonnier suspendu par les bras, la tête tombant sur sa poitrine, les yeux clos.

"Sûrement déjà mort..." songea la Kultirassienne en avançant vers la geôle suivante.

Mais le cri glaçant que poussa Sylvanas la fit tourner les talons.

- C'est Hermione ! Il faut ouvrir cette putain de porte !

Jaina regarda avec plus d'attention le corps supplicié pour convenir avec un haut-le-cœur que c'était bien de sa moitié magique dont il s'agissait. L'elfe ne fit que peu d'efforts avant que la serrure rouillée ne cède sur les coups de son arme et se brise avec fracas. L'archimage la bouscula pour se précipiter vers Hermione afin de la supporter.

- Laisse-moi la porter, ordonna Sylvanas et sers-toi de tes pouvoirs ! Mais comment as-tu fait pour ne pas savoir ?

Jaina ne répondit pas, laissant Sylvanas attraper Hermione. L'archimage envoya un trait de givre sur la chaine qui accrochait la Source au plafond, puis une boule de magie arcanique. L'instant d'après, la brunette était posée délicatement sur le sol par Sylvanas.

- Hermione, c'est nous. Dis-moi que tu m'entends... Jaina, fais quelque chose !

L'archimage acquiesça et, posant ses mains sur le corps de sa moitié magique, fit parler son pouvoir, comme Aliénor lui avait appris. Au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient, la peau se réparait et les os reprenaient leur place initiale.

- Elle a toujours l'air morte, constata l'elfe en désignant la peau pâle de la Source.

- Elle est épuisée. Comme vidée de ses forces. Je ne sais pas quoi faire.

- On la sort de là.

Sans attendre la réponse de l'archimage, Sylvanas prit la brunette dans ses bras et se dirigea rapidement vers la sortie du bâtiment, cherchant une place au soleil pour la déposer délicatement.

- Hermione, réveille-toi...

Un faible gémissement franchit les lèvres de la Source et l'elfe caressa doucement sa joue.

- Tout va bien, on va te mettre à l'abri sur un navire, promit l'elfe en regardant autour d'elle une personne qui pourrait s'occuper de la Source.

- Je me charge d'elle, fit Jaina dans son dos.

L'ancienne banshee tourna la tête avant de se redresser lentement pour la toiser.

- Je cherche une personne de confiance, et je ne suis pas certaine que tu le sois. Tu te disperses tellement dans tes quêtes que la seule personne envers laquelle tu as un devoir sacré était sur le point de mourir.

Sylvanas reprit la déesse endormie dans ses bras et se redressa.

- La personne qui l'emmènera dans un navire devra rester veiller sur elle et ne participera pas à la capture de Garrosh. Es-tu prête à t'asseoir sur ton désir de vengeance ?

Les mots ébranlèrent l'archimage, la forçant à se regarder honnêtement. Elle avait failli, l'elfe avait raison. Elle tendit les bras pour recevoir Hermione.

- Pour Garrosh, je compte sur toi. Pour elle, compte sur moi.

Sylvanas confia la déesse inconsciente à l'archimage puis, encochant une flèche sur son arc, s'éloigna rapidement, prenant la direction des combats qui faisaient rage dans la capitale de la Horde. Jaina regarda l'ancienne banshee s'éloigner et, bizarrement, elle se sentit à sa place, au chevet d'Hermione.

Le regard bleu gris se posa sur la mer à l'horizon et l'archimage décida d'ignorer les navires de l'Alliance pour transplaner avec sa moitié magique, bien décidée à la mettre hors de danger.


Et voilà !

La suite, la semaine prochaine !

D'ici là, portez vous bien !

Bises,

Sygui et Link9