Bonjour à tous!

Voici le chapitre 11! Honnêtement, je ne sais pas combien de chapitres comportera cette histoire. Je ne sais même pas si nous en sommes au milieu... Peut-être, peut-être pas. Enfin bref. Ceux qui se posaient des questions sur le chapitre précédent auront peut-être leur réponse dans celui-ci.

Bonne lecture!

SeverusRiddle


CHAPITRE 11

En cette fin de journée, Harry filait dans les couloirs de Poudlard, l'esprit accaparé par les récents événements : l'attitude de Tom, plus qu'étrange, et bien sûr, son attrait pour la potion Félix Felicis. Il l'avait réclamé à deux reprises auprès d'Harry, ce dernier lui ayant cédé son prix en échange de l'Amortentia. Cette potion, bien trop dangereuse au goût du garçon, lui rappelant d'ailleurs un peu trop l'Imperium, avait des antécédents terrifiants au sein de la famille de Tom... Elle était à la base de sa conception. Et Harry ne supportait pas de voir cette potion entre les mains du sombre sorcier. Ses pas s'aventurèrent dans les dédales, un objectif bien précis en tête. Il espérait qu'en ce samedi, il pourrait mettre son plan en exécution. Certes, l'essence des Gryffondors s'imprégnait dans son cœur, mais il était temps d'agir comme le nouveau Serpentard qu'il était. Sa ruse n'était peut-être pas aussi affûtée que la majorité des élèves de sa maison, mais il devait essayer.

La main tendue devant un immense tableau, il chatouilla la poire afin de libérer le passage. Lorsqu'il pénétra dans les cuisines, l'elfe mauve au nez écrasé en forme de tomate se présenta face à lui, le visage souriant.

— Bienvenue, M. Evans! couina-t-elle.

— Bonjour, Dibsy, la salua-t-il. J'aimerais offrir un présent au professeur Slughorn. Sais-tu ce qu'il affectionne?

— Oh oui!

D'un claquement de doigt, elle fit apparaître une boîte de chocolat noir alcoolisé.

— Ceci, dit-elle. Voulez-vous que j'ajoute un beau ruban vert?

Harry hocha la tête, le pied tapant le sol de nervosité. Il prit finalement le cadeau et remercia l'elfe avec toute la chaleur dont il était capable. Par la suite, il s'installa dans un coin ombragé et sortit la carte des Maraudeurs. Il scruta les points avec les noms. Tom se tenait encore dans le dortoir, ce qui le soulagea. Puis il trouva facilement celui de son professeur de potions. Heureusement, il était dans son bureau. D'un sourire satisfait, il emprunta le chemin jusqu'à l'antre de Slughorn, la carte rangée en sûreté. Les couloirs étaient calmes, les élèves naviguaient soit dans la Grande Salle, soit dans leur Salle commune ou bien à l'extérieur pour profiter des flocons qui tombaient. Les tableaux dormaient en majorité, comme s'ils n'avaient rien à espionner en cette journée paisible. Les armures chantaient et grinçaient lorsqu'un étudiant s'approchait un peu trop d'elles.

Devant le bureau de Slughorn, Harry prit un moment pour respirer. Ses mains tremblaient légèrement. Il avait l'impression de devenir Jedusor avec son plan...plan peut-être impossible. Mais… il devait essayer. Alors, collant son plus beau sourire sur ses lèvres, il frappa à la porte. Celle-ci s'ouvrit au bout de quelques minutes sur l'homme au ventre immense et au chapeau de travers sur la tête. Ses yeux s'écarquillèrent devant Harry, se remplissant bien vite de chaleur.

— M. Evans! Quel plaisir de vous voir! s'exclama-t-il.

— Bonjour monsieur, répondit-il en inclinant le menton. J'espère que je ne vous dérange pas dans vos corrections.

— Une petite pause, ça ne fait de mal à personne, rit Slughorn, le regard pétillant. Que puis-je faire pour vous?

Harry dévia les yeux, embarrassé.

— Pouvez-vous m'accorder un moment? J'aurais aimé discuter un peu avec vous.

— Mais oui, bien sûr!

Et l'homme écarta son gros ventre pour laisser passer Harry. Celui-ci fit quelques pas et s'arrêta, attendant que Slughorn le regarde.

— Tenez, c'est pour vous, dit-il en tendant la boîte de chocolats.

Slughorn prit le présent avec les yeux ronds.

— Eh bien, quelle surprise, mon cher Harry! En quel honneur? interrogea-t-il.

— Pour vous remerciez de votre sollicitude d'hier, alors que je n'allais pas bien, répondit-il. J'ai quitté votre classe en coup de vent et… eh bien, je voulais me faire pardonner.

Harry se sentait réellement troublé par les événements de la veille, mais pensait qu'être un peu trop humble aiderait sa cause.

— Voyons, il ne faut pas vous sentir mal, répliqua le professeur de potions. J'ai fait un détour à l'infirmerie hier et Mme Silky m'a assuré de votre repos. Vous étiez fébrile, vous aviez toutes les raisons de vous sentir mal.

— Merci de votre compréhension.

Harry tortilla ses doigts. Il devait ruser, c'était le moment.

— J'ai manqué votre cours, poursuivit-il. Je dois dire que je les adore et que je suis quelque peu frustré de mon manquement. Je veux éviter de prendre du retard. Je sais que vous êtes en congé, mais serait-ce trop de vous demander de me faire un résumé? Nous pourrions boire une tasse de thé en même temps? Ou autre… Mais je ne voudrais pas retarder vos corrections.

Le visage de Slughorn s'éclaira, un sourire élargissant ses lèvres.

— Quelle bonne idée! Venez, installez-vous dans mon petit salon.

Avec lenteur, Harry le suivit. Il avait déjà vu le bureau lors de la soirée d'Halloween, mais il avait été transfiguré à ce moment-là pour y accueillir une table de plusieurs convives. Cette fois-ci, l'espace se révélait plus convivial avec ses fauteuils rembourrés argentés, ses boiseries sombres et les bibliothèques foisonnant de livres sur les potions. Une table-basse reposait entre les assises sur laquelle Slughorn déposa son présent. Il l'ouvrit et engloutit avec joie l'une des friandises.

— Comment savez-vous que ce sont mes chocolats préférés?

— J'ai mes sources, répondit Harry avec un sourire.

— Vous vouliez du thé, mon cher?

— Oui, par ce temps froid, ça serait idéal.

Slughorn appela un elfe de maison et bientôt, un thé fumant dans une tasse en porcelaine reposait dans les mains d'Harry. Slughorn agrippa une bouteille de gin sur la table basse et ajouta un doigt dans son thé.

— Ça rehausse le goût, expliqua-t-il. Voulez-vous essayer?

À contrecœur, Harry accepta et garda son visage neutre alors qu'il souriait intérieurement.

— Eh bien, malgré votre absence d'hier, mon cher Harry, il ne faut pas vous en faire. Votre talent en potions est juste incroyable. Nous avons fait le Philtre d'Euphorie.

Et Harry laissa Slughorn parler dans un monologue interminable, approuvant quelques fois de la tête alors que son professeur remplissait sa tasse de thé qui, bientôt, devint une tasse avec seulement du gin. Harry vida une seule fois son thé, l'alcool lui réchauffant le thorax. Cela lui engourdit une grande partie de son angoisse pour poursuivre ses plans. Il se revoyait assis au même endroit, mais dans son propre présent, cherchant à lui soutirer des informations sur Voldemort et les Horcruxes. Il avait l'impression de répéter les événements, mais pour un sujet totalement différent, mais qui concernait la même personne…

— Et savez-vous qui a gagné le challenge? continua Slughorn, le nez rouge provoqué par l'alcool. Mon cher Tom!

— Ah oui?

— Je dois dire que si vous aviez été présent, le prix serait peut-être entre vos mains!

— Et quel était le prix? questionna-t-il en cherchant à adopter un air innocent.

— Un échantillon d'Amortentia!

Harry fronça les sourcils, le visage incertain. Il n'était pas difficile de mimer cette expression puisqu'elle était véridique.

— N'est-ce pas dangereux comme récompense? Vous-même avez dit que cette potion l'était bien plus que certaines...

Slughorn poussa un rire avant d'ingurgiter un autre trait d'alcool.

— Ne vous inquiétez pas, j'ai diminué les effets de l'échantillon.

Harry s'avança alors, le visage illuminé.

— Il est possible de faire ça? Vraiment? Comment?

— Je vois bien là votre curiosité, mon cher. Quel est l'ingrédient qui est un antidote pour la majorité des potions?

La bouche d'Harry s'ouvrit:

— Le bézoard.

— Tout à fait. Il suffit d'infuser le bézoard dans de l'eau de puits. Par la suite, on ajoute à quantité égale la concoction dans l'échantillon de la potion. Donc, dans ce cas-ci, j'ai mélangé 10 ml de la concoction dans 10 ml d'Amortentia.

Les bras croisés, les yeux plissés, Harry s'enfonça dans son siège.

— Mais ajouter à quantité égale… Ça n'annule pas seulement l'effet de la potion?

— C'est une bonne réflexion, approuva Slughorn. D'où l'importance d'infuser le bézoard pendant seulement 2 minutes dans l'eau de puits. Nous obtenons ainsi une efficacité partielle du bézoard.

— Vraiment intéressant! Serait-il possible de diminuer l'efficacité de n'importe quelle potion? Comme… je ne sais pas, Félix Felicis?

Harry tenta de montrer un visage intéressé, mais à la fois détaché, ce qu'il trouva difficile à faire. Il n'était pas un bon acteur. Heureusement, Slughorn, à moitié ivre, ne remarqua rien. Il semblait passer un agréable moment.

— Je me demande bien pourquoi une personne voudrait diminuer l'efficacité de cette potion, s'esclaffa-t-il.

— C'est seulement pour discuter...

— Je sais bien, mon cher. Mais oui, en utilisant la même recette, il serait possible d'obtenir le même résultat. Bon, comment? Difficile à dire. Avec Félix Felicis, je suis certain que le temps d'action se réduirait tout comme le pourcentage de chance, si je peux le dire ainsi. Bref, cela apporterait une agréable journée à son buveur, sans plus.

Les yeux fermés, Harry cherchait à retenir le sourire qui cherchait à naître contre ses lèvres.

— Merci pour les explications, professeur. Je suis très curieux sur les potions. Et je ne connaissais pas cette façon de procéder.

— Peu de sorciers le savent, il ne faut pas s'inquiéter. Comme j'ai dit plus tôt, pourquoi vouloir diminuer l'efficacité de Félix Felicis ou bien, pourquoi pas, le Philtre d'Euphorie? Ce sont les fabricants de potions qui détiennent cette information à force de faire des expériences pour la simple connaissance. J'espère seulement que tu ne tenteras pas cette expérience sur la potion que tu as gagnée dans mon cours!

Harry eut un rire jaune, malaisé, lorsqu'une idée lui vint à l'esprit.

— Ça ne serait peut-être pas une mauvaise idée… J'ai déjà pris deux fois Félix Felicis lors de mes anciens voyages! Je ne voudrais donc pas m'empoisonner.

— Vraiment! Vous êtes bien chanceux alors, sans même boire Félix! Il faudra que vous me fassiez un récit complet de vos expériences.

— Eh bien, je peux vous en faire part maintenant, si vous le désirez, offrit Harry dont le cerveau roulait pour inventer des histoires selon ses expériences vécues. Prenez donc un autre verre pendant que je vous raconte comment j'ai rencontré une immense araignée et comment j'ai pu recueillir son venin grâce à Félix.

Et Slughorn but et but. Ses yeux vitreux roulèrent parfois sur son environnement lorsqu'enfin, une fois le soleil complètement couché, il s'endormit dans son fauteuil, devant un Harry victorieux. Il attendit quelques minutes, puis, une fois certain des ronflements profonds de son professeur, sortit sa cape d'invisibilité de son sac et s'enferma dans une bulle de silence. Il fouilla alors le bureau de Slughorn, s'assurant qu'aucune protection magique n'occupait les endroits qu'il touchait. Il arpenta les lieux, puis ouvrit une porte cachant une pièce remplie de potions.

— Eurêka, murmura-t-il. Lumos!

Il déplaça ses yeux ainsi que la lumière, l'oreille tendue afin de s'assurer que Slughorn dormait toujours. Il décortiqua l'écriture brouillonne sur les étiquettes et trouva un bézoard. Mais il en avait seulement un… Il ne pouvait tout simplement pas le prendre. Il se laissa choir au sol, l'estomac tordu par la déception. Puis, il vit alors plusieurs fioles près du bézoard indiquant: « Concoction de bézoard dans l'eau de puits ». La recette était même indiquée avec la date de fabrication. D'une main tremblante, Harry agrippa une fiole, l'inséra dans son sac d'extension indétectable. Il découvrit – un peu en retard – sur le mur une tablette avec l'inventaire des potions de Slughorn. Près de la concoction de bézoard, Harry modifia magiquement le chiffre pour que le tout concorde. Il referma la pièce et retourna auprès de Slughorn, toujours endormi. Il ronflait abominablement.

Harry serra sa cape, arracha un morceau de parchemin qu'il trouva sur un des bureaux de Slughorn, et lui laissa une note de remerciement. Il partait certes comme un voleur, mais il ne voulait pas donner cette impression à son hôte. Il sortit du bureau, réalisant que c'était le moment du repas dans la Grande Salle. Appuyé contre un mur, Harry se balança sur ses pieds. Que devait-il faire? Allez manger pour faire acte de présence ou bien retourner dans le dortoir et finir ce qu'il avait commencé? Il inspecta une fois de plus sa carte et scruta son dortoir. Celui-ci était vide. Tous les Serpentards mangeaient dans la Grande Salle, dont Tom. Harry courut, la carte bien coincée dans une main.

Il poussa la porte de son dortoir et la referma avec force. Il lança plusieurs sorts de protection et de silence pour sécuriser l'endroit. Il déplia la carte et s'assura une fois de plus que Tom était toujours dans la Grande Salle ainsi que ses autres colocataires. Apaisé de l'immobilité des pas sur la carte, il s'approcha du coffre de Tom et l'inspecta. Sans surprise, plusieurs sorts le protégeaient. Il les défit un à un, ce qui lui prit une vingtaine de minutes. L'angoisse de se faire surprendre le ralentissait énormément. Mais ses colocataires se trouvaient toujours dans la Grande Salle. Lorsque le dernier enchantement fut levé, il put enfin ouvrir le coffre: des livres, des vêtements et… rien. Harry fronça les sourcils, le cœur battant la chamade.

C'était tout? Impossible. Comment un orphelin cachait-il ses jouets des Moldus? Tom avait bien acquis de telle capacité à l'orphelinat? Il approcha la main au fond du coffre et cogna 3 coups. Le son était creux: un faux fond. Harry s'empressa de retirer la planche de bois et trouva le journal de Tom ainsi que la potion de Félix Felicis. Il se dépêcha à chercher sa fiole d'Amortentia dans le sac d'Hermione et lança un Evanesco pour faire disparaître la potion. Il déboucha Félix Felicis. Puis d'un geste qu'il espérait précis, transvida la moitié dans la fiole vide qu'il fourra dans son précieux sac. Enfin, il mélangea la concoction de bézoard dans ce qui restait de Félix Felicis, en portion égale, et brassa le tout. Une étincelle illumina le fond du contenant, signe qu'un processus magique s'accomplissait. Il boucha le flacon et fut soulagé de sa pensée: Tom aurait certes le droit à deux gorgées de Félix Felicis, mais lesdites deux gorgées posséderaient des effets moindres sur la chance et sur la durée de temps. Harry déposa la fiole au fond du coffre, dans la même position de départ.

Ses yeux étudièrent le journal noir. Il tendit la main vers la couverture et, après une minute d'hésitation, effleura sa surface. Elle était chaude, faisant toutefois frissonner les doigts d'Harry. L'objet avait une pulsation, la pulsation d'une partie de l'âme de Tom. Harry ressentait une attraction pour l'objet, bien différente lors de sa deuxième année, dans son propre présent. Mais, elle était moindre: rien en comparaison à ce qu'il ressentait en touchant Tom. Après tout, l'âme de Jedusor était bien plus complète que le morceau scellé dans ce petit journal. Ses yeux se posèrent sur la carte des Maraudeurs et observèrent avec une certaine anxiété du mouvement hors de la Grande Salle. Le repas se terminait.

Il invoqua un morceau de parchemin et une plume, écrivit un mot et déposa le tout entre les pages du journal de Tom. Ce dernier verrait naturellement les barrières magiques avec une signature différente de la sienne. Il creuserait pour trouver ce qui avait été bousculé dans son coffre. Et Harry préférait qu'il croie que ça concernait son journal plutôt que la potion. N'avait-il pas, d'ailleurs, laissé planer entre eux l'existence de cet Horcruxe la veille? Tom prendrait peur qu'il lui soit arrivé quelque chose et Harry espérait, par ce leurre, qu'il ne remarque pas la potion manipulée, voire bafouée. Il s'empressa de refermer le tout au mieux, et lança les sorts de protection qu'il avait levés et s'enferma dans son lit, les rideaux tirés. Son estomac était noué, il sentait ses mains moites. Il n'avait pas faim. Mais… était satisfait de son méfait. Comme le lui avait dit Tom : n'était-il pas normal d'agir de la sorte chez les Serpentards?

Le lendemain, Harry se fit réveiller brusquement par des gestes impérieux. Il se faisait bousculer sans relâche, ce qui souleva une crainte en lui. Tom avait-il déjà découvert sa machination avec son coffre? Baguette à la main, Harry la pointa sur son agresseur.

— Hé! Calme-toi, bon sang! s'exclama Black, les yeux écarquillés.

Harry baissa sa baguette en clignant des paupières.

— Désolé, tu m'as… un peu brusqué.

— C'est Quidditch, Harry! L'as-tu oublié? Tu dois aller manger! Il ne reste qu'une heure avant le début du match.

Tel un ressort, Harry bondit hors du lit, les cheveux encore plus en désordre qu'à l'habitude. Il dormait si mal dernièrement, et voilà que sa dernière nuit avait été trop longue avec sa potion de sommeil. Il jeta un coup d'œil au lit de Tom, les draps sans aucun pli. Il était déjà debout. Harry haussa les épaules, s'enferma dans la salle de bain pour revêtir son uniforme de Quidditch et fila vers la Grande Salle pour prendre son repas. Jedusor était présent, une tasse de café entre les mains, les yeux posés sur un livre ouvert sur la table. Lentement, il leva ses pupilles qui se dilatèrent à la vue d'Harry et le scruta, le visage impassible. D'un pas hésitant, Harry s'approcha de la table afin d'y agripper un muffin qu'il grignota en vitesse. Black, toujours derrière lui, lui hurlait presque d'accélérer la cadence pour aller dans les vestiaires.

— Bonne chance pour le match, roucoula Tom, sans cligner une seule fois des paupières. Je viendrai te voir.

— Vraiment? s'exclama Orion, les yeux ronds. Tu ne viens jamais, habituellement.

Tom déposa son menton souriant dans la paume de sa main, le coude appuyé contre la table. Il fixait Harry sans s'arrêter, et ce, même si sa réponse était pour la question de Black.

— Eh bien, je me dois d'encourager notre nouvel attrapeur, répliqua-t-il.

Puis il retourna à sa lecture. Harry inspira profondément, réalisant qu'il n'avait pas daigné respirer tout le long de l'échange. Tom ne semblait pas savoir pour son coffre. Alors qu'il avala son dernier morceau de muffin, Harry se fit tirer par le col jusqu'au terrain de Quidditch.

Dans les vestiaires, Bole agissait exactement comme Olivier Dubois. Il leur montrait un tableau animé pour leurs tactiques de jeu et suppliait Harry d'attraper rapidement le Vif d'or afin d'obtenir l'avantage sur les Gryffondors pour leur futur confrontation après Noël. Aujourd'hui, les Serpentards affrontaient les Serdaigles. Ces derniers n'étaient pas féroces en jeu, mais avaient un très bon gardien du nom de Tommy Grent. Il était très difficile de marquer des buts contre lui. Et donc, leur atout reposait sur le Vif d'or.

— Alors, que doit-on faire le plus rapidement?

— Attrapez le Vif d'or dans les premières minutes de jeu, répondit Harry alors que ses coéquipiers angoissaient face à l'imminence du début de partie.

— Comment peut-on se classer pour affronter Gryffondor? continua Bole.

— En attrapant le Vif d'or dans les premières minutes de jeu, répéta Harry dans un long bâillement.

Bole se tourna vers Black et Avery, les yeux perçants.

— Votre rôle est de protéger Harry, insista-t-il. Afin…

— Que je puisse attraper le Vif d'or dans les premières minutes de jeu, ne put s'empêcher de répéter Harry en se frottant les yeux.

Orion eut un ricanement devant l'attitude d'Harry, ce qui eut pour effet de le détendre.

— Bon, allez! On y va!

Le groupe sortit sur le terrain glissant, couvert de givre. Greengrass tapota l'épaule d'Harry, un sourire encourageant aux lèvres. Habillée en uniforme de Quidditch, les cheveux attachés serrés pour éviter qu'ils ne la gênent, Greengrass ressemblait maintenant beaucoup plus à une guerrière qu'à une poupée.

— Allez, je suis certaine qu'on va gagner!

Harry hocha la tête, ensorcela ses lunettes de Quidditch pour repousser le mauvais temps et enfourcha son balai. Lorsque le sifflet résonna, il s'élança dans les airs, le plus haut possible afin d'avoir une meilleure vue. Rapidement, son corps se détendit, heureux de la caresse du vent malgré le temps gris. C'était le meilleur antidote aux humeurs maussades. Puis, son instinct s'éveilla lorsqu'un cognard le frôla de près. Il changea de position et entendit Bole hurler à Black et Avery de surveiller Harry.

Bientôt, Harry se fit escorter par la silhouette massive des deux batteurs.

— Hé, pas trop proche! s'exclama-t-il. Ça va me nuire.

— Les batteurs de Serdaigle te visent depuis tantôt avec les cognards! On doit te protéger, insista étrangement Avery.

— Bah voyons, je suis un grand garçon.

— Il ne faudrait pas que tu tombes de ton balai! continua Avery.

Harry fronça les sourcils et roula les yeux au ciel. Puis, dans un élan, il fila hors de portée des deux batteurs. Avery lui parlait rarement. Il l'observait, certes, mais Harry ne savait rien de lui sauf qu'il était un des suiveurs proches de Tom. Avery respectait seulement les instructions de Bole et désirait sûrement gagner aussi ardemment que tous les membres de l'équipe. Aucune histoire ne devait se cacher derrière ses agissements, rien ne concernant Tom du moins... Cela faisait seulement cinq minutes de jeu. Et… Harry vit le Vif d'or – alors que l'attrapeur de Serdaigle était bien loin sur le terrain – près de la tourelle où s'installaient les professeurs lors des matchs.

Alors qu'il fonçait à toute vitesse vers la boule volante, Harry remarqua Slughorn brandir une pancarte avec son nom inscrit dessus. Il secoua la tête et zigzagua entre les cognards, les piliers et referma ses doigts autour de la boule dorée lorsqu'il fut à sa hauteur, aussi facilement que de réciter l'alphabet. Il brandit le Vif d'or bien haut pour le montrer à la foule où les exclamations s'élevèrent.

— Harry Evans, de Serpentard, a attrapé le Vif d'or dans les dix premières minutes de jeu! Incroyable! Nous devrions le remercierd'éviter que l'on se gèle le derrière, s'exclama le commentateur. Ce n'est pas Malefoy qui aurait fait un tel prodige! Comme quoi la richesse ne fait pas tout… Oui, pardon, professeur. Alors, les Serpentards ont…

Le commentateur n'était clairement pas un Serpentard. Les pieds au sol, Harry secoua ses cheveux et retira ses lunettes de Quidditch. De nombreux Serpentards envahirent le terrain, dont Tom qui avançait d'un pas lent. Il semblait se diriger vers lui, mais une petite silhouette, un peu en retrait, attira son attention. Elle brandissait la main haut et fort: c'était Linette, son écharpe de Poufsouffle autour du cou.

Sans réfléchir, Harry la rejoignit avec un large sourire.

— Wow, Harry! Tu étais incroyable! le félicita-t-elle en s'approchant de lui. Tu as un talent naturel pour le vol.

— Merci! Il faut dire que j'adore ça.

Elle le prit dans ses bras, dans une grande accolade, puis s'éloigna. Elle plongea la main dans l'une de ses poches et retira quelques chocogrenouilles qu'elle fourra dans les mains d'Harry.

— Un cadeau de félicitation, expliqua-t-elle. Ce n'est pas grand-chose, mais je sais que tu as la dent sucrée.

Linette avait un magnifique sourire. Un sourire qui disparut de moitié.

— Est-ce que ça va? demanda-t-il alors qu'il suivait le trajet de son regard.

Ses yeux se fixèrent sur Tom, plus loin, derrière Black. Avery se tenait aussi près de Jedusor et lui parlait rapidement pendant que Tom hocha du menton. Toutefois, le regard de Jedusor se collait sur eux ou plutôt, sur Linette.

— Harry… Est-ce que tout va bien? Je… Tu sais, je t'apprécie beaucoup et je suis fière d'être ton amie. Mais… depuis ce jour à la bibliothèque, je sens que Jedusor m'observe de façon inhabituelle.

Harry, qui étudiait toujours le groupe de Serpentard, ramena bien vite son attention sur Linette qui se tortillait les doigts.

— Que dis-tu? la somma-t-il en lui prenant les mains afin qu'elle arrête de se les malmener.

— Jedusor… Il me fait un peu peur. J'ai l'impression que si je m'approche trop de toi, il va m'arriver quelque chose.

Harry serra fortement ses mains. Sa bouche se crispa, ses sourcils se froncèrent.

— T'a-t-il fait quelque chose?

— Non, répondit-elle, mais cette impression me colle à la peau. C'est pour ça que l'on se voit un peu moins. J'imagine que tu l'as remarqué?

Harry hocha la tête, les dents si serrées qu'il en eut mal.

— Et je t'avoue que je me sens mal de t'éviter. Les chocolats sont pour me faire pardonner.

— Linette, répondit bassement Harry, je t'apprécie énormément et je comprends que tu veuilles te protéger. Je connais un peu Tom, je sais qu'il a des humeurs… particulières. Alors, si jamais il se passe quoique ce soit d'anormal, je te demande de venir me le dire, compris?

La bouche de Linette se tordit d'angoisse, mais elle hocha le menton.

— Merci, Harry, je sais que je peux te faire confiance.

Harry la serra à son tour dans ses bras, mais celle-ci le repoussa rapidement lorsque des pas se firent entendre près d'eux. D'instinct, Harry se retourna, la main près de sa hanche où reposait sa baguette. Tom et Orion s'avançaient dans leur direction: l'un au visage impassible, mais aux yeux flamboyants d'un sentiment qu'Harry préférait ignorer, et l'autre avec un visage souriant.

— Harry! lança Orion. On va faire une petite fête dans la Salle commune pour célébrer ton succès.

— Célébrer mon succès? répéta-t-il alors qu'il sentait Linette se tendre derrière lui. C'est le succès de l'équipe, pas seulement le mien.

Tom arrêta ses pas et croisa ses bras contre sa poitrine, un sourire en coin.

— Pardonne-moi de te contredire, susurra-t-il, mais il s'agit bel et bien de ton succès.

— Devrais-je noter sur mon calendrier qu'en ce jour, Tom utilise le mot « pardonner » ? ironisa-t-il en reniflant.

Et Tom eut un rire profond, sous le regard étonné de Black. Jedusor n'était pas du genre à laisser passer un affront.

— Bonjour, Bellerose, salua Tom en scrutant la tête bouclée derrière Harry.

— Bonjour, répondit-elle.

— Qui est-ce? demanda Black.

Harry dévoila la jeune fille derrière lui et lui agrippa la main pour l'encourager. Sa cicatrice le tortura un moment et Harry fusilla Tom du regard. La douleur s'amenuisa.

— Voici Linette, présenta-t-il à Orion. Et Linette, voici Orion. C'est aussi un de mes amis, tu peux lui faire confiance.

Black tendit la main et lui offrit un baiser. Ce geste fit froncer les sourcils non seulement de Harry, mais aussi de la Poufsouffle. Mais il était vrai qu'en 1942… dans les nobles familles, certaines étiquettes demeuraient.

— Enchanté, Miss Bellerose, continua Black. Merci de prendre soin d'Harry.

Celle-ci rigola un moment.

— C'est plutôt lui qui prend soin de moi. Bon, je vous laisse entre Serpentards, lâcha-t-elle, malaisée du regard de Tom. Merci de ton écoute, Harry. J'ai bien hâte de te revoir. Peut-être lors de la sortie à Pré-au-Lard?

— Pourquoi pas? sourit-il. Bonne journée!

Et Linette rejoignit ses amis de Poufsouffle.

— Elle semble… gentille, entendit Harry.

Ce constat ne provenait pas d'Orion, mais bien de Jedusor. Et il sonnait comme une critique et non comme un compliment. Alors, Harry se tourna vers Tom, les yeux perçants. Il osa même pénétrer son espace vital, s'arrêtant à quelques centimètres du sorcier.

— Elle est effectivement très gentille, siffla-t-il, menaçant. Si gentille qu'elle est une personne qui ne mérite que le meilleur, sans subir les sautes d'humeur des autres. Est-ce que tu comprends, Tom?

Ce dernier rétrécit les yeux, un sourire toutefois sardonique aux lèvres. Puis, il déposa une main sur l'épaule d'Harry, son pouce effleurant sa chair nue. Ce contact électrisa Harry, comme lorsque Tom avait enfoui son nez dans le creux de son cou lors de leur étroite étreinte.

— Bien sûr, Evans, répondit-il d'une voix en contrôle. Je comprends tout à fait le besoin de protéger ce qui nous est cher.

Ces paroles firent monter le sang aux joues d'Harry. Malaisé et d'un coup d'épaule, il se libéra de l'emprise de Tom.

— Je vais me doucher aux vestiaires, les informa-t-il alors qu'il partit à grands pas.

— Attends-moi, Harry!

Et Orion le suivit, laissant un Tom brumeux derrière eux.

Lorsqu'Harry et Orion pénétrèrent dans la Salle commune, un vacarme assourdissant les accueillit. De la musique inconnue pour Harry s'éleva entre les murs et des montagnes de hors-d'œuvre meublaient les tables. Des bouteilles alcoolisées se trouvaient entre les mains des étudiants, qui buvaient à la victoire des Serpentards.

Greengrass se précipita sur Harry.

— Evans! Vraiment, tu as été exceptionnel! Bole n'arrête pas de parler de toi et du fait que tu sois notre miracle de l'année. Il a même pleuré à la fin du match pendant que tu discutais avec cette… Poufsouffle.

Harry entendit son dédain derrière ses mots, mais préféra l'ignorer pour le moment.

— Linette est venue me féliciter, lui répondit-il toutefois, un sourire aux lèvres. Vous pourriez bien vous entendre, je pense.

Greengrass contrôla magnifiquement son visage et haussa les épaules.

— Tiens, prends ça, dit-elle en lui tendant une bouteille.

Et elle tourna les talons pour rejoindre Avery près du feu. Harry observa sa boisson, les sourcils froncés.

— Il ne serait pas très sage de boire un dimanche alors que les cours reprennent demain, non? demanda-t-il à Orion qui buvait à sa propre boisson.

— Je suppose, rit-il. J'imagine que les professeurs ont voulu un meilleur contrôle des petites fêtes en planifiant les matchs de Quidditch les dimanches, mais… ça n'arrêtera jamais les élèves. Ils auront la gueule de bois en cours, c'est tout. Allez, viens.

Black enroula l'un de ses bras autour des épaules d'Harry et l'amena dans un endroit libre, légèrement à l'écart. Ils discutèrent un long moment sur les dix minutes du match, répétant plusieurs fois les événements pendant que Black finissait sa bouteille. Harry, quant à lui, avait préféré déposer l'alcool dans un coin sans y toucher. Malgré l'ambiance et l'humeur pétillante dans la Salle commune, son esprit lui soufflait de faire attention et de ne pas baisser sa garde. D'ailleurs, il vit Malefoy près de Lestrange marmonner silencieusement entre eux, lançant des coups d'œil dans sa direction. Comme quoi les rancunes perduraient.

— Vas-tu aller à Pré-au-Lard avec Linette? questionna alors Black.

Surpris par la question, Harry haussa les épaules.

— Je ne sais pas, peut-être, répondit-il.

— Elle est mignonne, continua Orion, manifestement ivre. J'aime bien ses fossettes quand elle rit.

Un sourire étira les lèvres d'Harry. Il croisa les bras et s'enfonça dans son fauteuil.

— Oui, elle est mignonne et très charmante, approuva-t-il. Et complètement célibataire.

— Oh! Tu t'intéresses à elle, alors? Je croyais que…

Et il s'arrêta, les sourcils froncés. Harry rigola un moment.

— Elle est mon amie, expliqua-t-il. Elle me voit comme son grand frère, c'est tout. Tu croyais quoi?

— Eh bien… Tu sais, Jedusor. Il ne te laisse pas indifférent.

À ses mots, Harry sentit ses entrailles s'entortiller si étroitement qu'il eut l'impression que ses intestins s'amusaient à créer des nœuds dans son ventre. Il fouilla les lieux de la présence de Jedusor, mais heureusement, sa présence était absente.

— Arrête tes conneries! s'exclama Harry. Et s'il avait été là et avait tout entendu? Tu sais qu'il a une certaine obsession à mon égard!

Harry fulminait.

— Et justement, continua Black, cette obsession, ça te plaît.

Harry crispa ses poings. Il aimait bien la franchise d'Orion, mais là, c'était trop.

— Arrête, siffla-t-il. Qu'essaies-tu de faire, hein?

— Harry, poursuivit-il avec sérieux, ça ne me dérange pas, tu sais. En fait, je m'en fous complètement. Tant que tu es conscient qu'il a une personnalité particulière. Et tant que tu te respectes là-dedans. C'est juste que j'ai… je me demandais si tu ne jouais pas sur deux tableaux.

Si Harry avait pris moindrement une gorgée d'un breuvage, il l'aurait immédiatement craché sur Orion. Lui, jouer sur deux tableaux?

— Pardon? Comment pourrais-je jouer sur deux tableaux alors que je n'ai aucun tableau? Linette est une amie, d'accord? Et Tom est… Tom.

Black leva ses deux mains en signe de paix.

— Et toi, Orion? Que penses-tu de Linette?

Il vit le sorcier rougir affreusement. Eh bien, il semblerait que c'était plutôt lui qui voulait jouer sur un tableau.

— Je… Peut-être que je devrais vous accompagner à Pré-au-Lard si ce n'est pas un rendez-vous entre vous deux.

Et Black continua à parler pendant qu'Harry n'écoutait que d'une seule oreille. Un sentiment de malaise était né en lui, avec force. Sa présence ici, dans le passé, changeait énormément de choses, il en était conscient. Il voulait sauver le futur, ses amis, dont Ron, Hermione et Ginny. Et plus encore. Mais, le fait qu'il se soit lié d'amitié avec Orion était-il une erreur? Le sorcier avait-il eu un intérêt particulier pour une Poufsouffle dans l'ancien passé? Et si Black tombait amoureux de Linette, réellement? Et s'ils se mariaient et avaient des enfants au lieu de fonder sa famille avec Walburga? Sirius naîtrait-il? Verrait-il le jour? Et si sa présence dans le passé effaçait de nombreuses vies au lieu de les sauver?

Harry fut submergé par l'angoisse et les nausées.

— Ça va, Harry? Tu es livide tout d'un coup.

— Je… je ne me sens pas bien, avoua-t-il. Je vais dans le dortoir.

Alors qu'il se levait et se dirigeait vers le dortoir, le pas instable, il entendit de nombreux Serpentards le féliciter. Il hocha la tête en remerciement et s'enferma dans la pièce silencieuse, soulagé de pouvoir rejoindre son lit. Mais son soulagement s'effaça bien vite: Tom lisait tranquillement sur le lit d'Harry, comme s'il lui appartenait.

— Bonsoir Evans.

— Pousse-toi, siffla Harry, c'est mon lit!

Mais Jedusor ne bougea pas, un sourire satisfait aux lèvres.

— Je pensais que nous partagions nos espaces, maintenant, répondit-il lentement.

Harry s'avança jusqu'à lui, les membres raides de colère.

— C'est quoi ces conneries? Orion, et maintenant toi! Vous vous êtes passé le mot pour être les plus crétins?

D'un mouvement souple, Tom referma son livre et souleva son torse pour s'asseoir avec aisance sur le matelas. Son corps se tourna vers Harry pendant que ses jambes se croisaient.

— Je ne sais pas ce que Black a pu faire, mais je t'assure que je ne dis pas de conneries, continua Tom, dégoulinant d'assurance. Combien de temps pensais-tu que ça me prendrait avant de comprendre que tu as fouillé mon coffre, Evans? Mon espacepersonnel. J'ai bien aimé ton petit mot: « Moi aussi je peux jouer à ce jeu. »

Ah, c'était ça le sujet.

— Aucune idée, je n'y ai pas tellement réfléchi.

Bon, c'était un mensonge, mais Harry s'en fichait. Tom mentait tout le temps.

— Alors, puisque tu as pénétré mon intimité, je vais pénétrer la tienne, siffla-t-il avec un regard si intense, si brûlant, si dominateur qu'il fit rougir furieusement Harry.

Tom le remarqua et son sourire carnassier s'étira de plus belle.

— Mais c'est toi qui as fouillé mon coffre en premier, je te rappelle! affirma Harry. On appelle ça un retour de balancier! Allez, pousse-toi de mon lit, Tom!

Sa main se porta sur sa baguette magique, baguette qu'il pointa sans hésitation entre les yeux de Tom. Ce dernier ne cilla pas une seule fois.

— Voyons Evans, baisse ta baguette, susurra-t-il. On discute en ce moment. Je ne saurai tolérer que tu agisses ainsi à mon égard alors que tu m'appartiens. N'est-ce pas, mon Horcruxe?

La main d'Harry trembla de rage. Oui, il était son Horcruxe, Tom avait une emprise sur lui plus que jamais dans ce passé. Pourquoi? Pourquoi est-ce que la haine ne pouvait pas primer sur cette espèce d'attirance entre eux, comme avec Voldemort? Il était si simple de haïr le Seigneur des Ténèbres, mais Tom Jedusor? C'était plus difficile. Même après les propos de Linette sur sa crainte de Tom, même après toutes les paroles dominatrices de Jedusor et son besoin de rappeler à Harry qu'il était sa propriété… Black avait raison: Harry appréciait l'obsession de Tom… Il aimait avoir son attention, être dans sa ligne de mire. Et il se sentait ignoble de ça! Il se dégoûtait. Comment pouvait-il ressentir de l'attirance pour ce sorcier? Comment pouvait-il vouloir le toucher? Ou plutôt, désirer que Tom le touche? Ce désir allait changer encore plus de choses sur le futur. Est-ce que Sirius serait le seul à ne pas naître? Et Ron? Et Hermione? Leur perte se fit encore plus grande dans le cœur d'Harry. Pour la première fois, il eut l'impression de réellement perdre tous ses amis, l'espoir de les revoir dans ses vieux jours perdu.

— Tu me rends dingue, Tom! Tout est de ta faute! hurla Harry, hors de lui.

— Et en quoi est-ce de ma faute? demanda-t-il en se levant pour s'approcher d'Harry.

Ce dernier recula, les yeux d'un vert étincelant.

— Tu as détruit ma vie! Tu es né pour ça! C'est l'Horcruxe, ce qui se passe ici entre nous, c'est à cause de lui!

Harry s'agrippa alors le visage et glissa ses ongles autour de sa cicatrice. Avec force, il les enfonça et gratta sa peau avec l'intention d'arracher cet éclair de son front. Il sentit du sang glisser contre sa tempe.

— Je dois m'en débarrasser! siffla-t-il sous la douleur.

Harry se sentait fou. Son esprit ne réfléchissait plus. Il avait l'impression d'être une anomalie, peu importe la ligne temporelle. Il n'avait jamais eu de libre arbitre, peu importe l'époque. À cause de la prophétie dans son présent et maintenant, à cause de Tom qui plongeait sur lui pour lui agripper les poignets.

— ARRÊTE DE TE MEURTRIR!

Les mains de Tom enserrèrent les bras d'Harry avec tellement de force que des ecchymoses viendraient bientôt colorer sa peau. Harry cria, puis ricana sans fin. Il était de nouveau cassé. Tom lui bloqua les poignets dans le dos d'une seule main et de l'autre, empoigna la mâchoire d'Harry. Son corps était trop proche. Leurs visages, à quelques centimètres, respiraient leur haleine chaude et humide.

— Arrête de te meurtrir, répéta Tom, plus doucement.

Harry le fixa un moment, toujours victime d'un rire amer, et sentit son souffle se perdre quelque part dans sa gorge. La main de Tom glissa jusqu'à sa cicatrice et l'effleura tendrement, presque avec dévotion. Harry frissonna, puis eut l'impression de fondre sous la caresse.

— Tu es magnifique, Evans. Cette cicatrice, tu dois la chérir. Ce qu'elle me fait ressentir, ce que tu me fais ressentir…

Son regard s'assombrit, devint prédateur, affamé.

— Tu es vraiment autodestructeur, Evans! lui reprocha-t-il langoureusement alors qu'il resserrait sa prise. Tu te fiches de ta personne! C'est l'une de tes plus grandes faiblesses, mais aussi l'une de tes plus grandes forces… Je ne peux tolérer ça! Tu comprends? Tu es à moi, Evans, à moi!

Malgré le sentiment de plénitude qui l'envahit, malgré le grand frisson électrique qui le parcourut de la tête aux pieds, Harry chercha à se libérer. Sa raison était toujours présente: Tom nourrissait quelque chose de malsain pour lui.

— Lâche-moi! crissa-t-il entre ses dents. Je ne suis à personne!

— Oh si, tu es à quelqu'un, roucoula Tom alors qu'il s'humidifiait les lèvres. Et cette personne, c'est moi.

Alors qu'Harry se débattait, Tom pencha son visage vers le sien et écrasa sa bouche contre sa cicatrice. Il l'embrassa avec force, puis la lécha avec concupiscence. Sa langue brûlante parcourait l'éclair avec un désir consumant. Harry écarquilla les yeux, le teint livide, les lèvres tremblantes, mais sentit une piqûre entre les jambes: l'excitation, la dureté. Si Tom continuait à le lécher ainsi, il se retrouverait dans une situation encore plus délicate. Son corps le désirait, mais son esprit se rebellait. Mais Jedusor continuait, il lécha et baisa sa cicatrice alors que sa prise se refermait comme un étau autour de Harry. Leur magie se mélangeait, fusionnait, ne fit plus qu'une. Un fort tourbillon les enveloppait dans une puissance nouvelle, une connexion unique, un désir ardant. Puis, soudainement, Tom relâcha Harry qui tomba au sol. Sa respiration était saccadée, bruyante. Tom déchiquetait Harry du regard, tout en hauteur, les yeux rubis, les lèvres rougies par le sang qu'il venait de lécher et le corps tendu par le désir. Il sortit du dortoir, laissant Harry seul.

Harry, l'esprit embrouillé, comprit toutefois que Tom était aussi troublé que lui.


Alors... Comment avez-vous trouvé ce chapitre? Harry avait l'intention de reprendre Félix Felicis, mais il a préféré la ''saboter''. Je sais que plusieurs trouvaient son choix illogique, mais de mon côté, j'aurais peur de voir Tom avec l'Amortentia. Forcer une personne dans des sentiments irréels... La justice règne en Harry et l'Amortentia, c'est tout le contraire de la justice. Et cette fin? Je crois que mon écriture va éventuellement aller dans des scènes détaillées... On verra bien, je me laisse porter par mes envies. Harry est tellement déchiré. Je n'aimerais pas vivre ce conflit. Linette n'est-elle toutefois pas adorable? Vraiment, je l'aime vraiment trop.

À la prochaine!