Réponse aux commentaires en mode invité :
Lunalei : Merci beaucoup ! Ravie que ça te plaise !
Lys-Rose : Merci pour ton message ! J'ai lu "Étoile Vilaine", et j'ai aimé, c'est très amusant. J'avoue que c'est le genre de fanfiction déjantée que j'adore lire ^^ Merci de me l'avoir conseillé. Si tu en as d'autres du même genre à me conseiller, je suis preneur :D
EveyMax : Oui j'avoue, l'idée de cette fic est assez fantasque :D J'espère que depuis, la suite t'aurait plu...
Chapitre 2 : Embarras
Darcy se contempla encore une fois dans le miroir et son regard s'attarda sur la vue du visage qui s'offrait à lui. Puis ses yeux descendirent plus bas. Il prit conscience de la tenue légère du corps où il était prisonnier, non sans entrevoir la naissance des courbes de la poitrine d'Elizabeth. Légèrement rougi par l'embarras mélangé avec une certaine tension, il détourna le regard du miroir et s'en éloigna, se maudissant d'avoir oublié ce détail. Il fallait qu'il sorte de cette chambre pleine de tentations.
Il vit un placard ancré dans le mur où il y avait probablement les tenues d'Elizabeth…
Il allait être obligé de se dévêtir, la dévêtir pour se changer…
Il secoua la tête et se demanda comment il pourrait sortir dignement de cette situation. Il n'aurait jamais imaginé qu'un jour il se retrouverait dans le corps d'une femme. Et en pas de n'importe laquelle mais celle qui l'avait repoussé avec beaucoup de rancœurs.
Darcy se dirigea vers la porte de la pièce et l'entrouvrit. Accoutré ainsi, il ne pouvait pas sortir.
Il vit dans le couloir une silhouette s'approcher de la porte :
— Miss Elizabeth, avez-vous bien dormi ? Voulez-vous vous préparer pour la journée ?
Cette personne était probablement la femme de chambre.
— Hum… oui…, répondit-il sans trop savoir ce qu'il allait faire.
— Bien mademoiselle.
Darcy la laissa entrer. Mrs. Luhn se dirigea vers l'armoire en lui demandant quelle robe « elle » souhaiterait.
Bien sûr, il allait devoir porter une robe: encore un petit détail qu'il avait oublié !
Le jeune homme ferma les yeux un instant et se demanda qui ou quoi était à l'origine de cette mauvaise blague qu'on lui faisait, et ce qu'il avait bien pu faire aux cieux pour mériter ce traitement.
— Peu importe. Choisissez ce que vous voulez.
La servante prit une robe bleue à manches longues qu'elle lui montra pour savoir si cela lui convenait. Darcy répondit par l'affirmative sans vraiment la regarder. Gêné, il allait devoir passer par beaucoup d'étapes inconvenantes avant de pouvoir mettre cet habit sur le corps d'Elizabeth.
— Votre bain est prêt mademoiselle, vous pouvez y aller.
Incrédule, il regarda la servante qui lui dit avec patience :
— C'est quand vous voulez mademoiselle.
— Je prendrai mon bain plus tard…, pourriez-vous juste… m'apporter de l'eau pour que je puisse me laver ?
La brave femme s'exécuta. Il se lava le visage et les bras puis se nettoya les dents. Après qu'il eut fini, la servante lui donna la serviette avec laquelle il se sécha. Mrs. Luhn aida « Elizabeth » à enlever sa tenue la laissant à découvert en sous-vêtement. Conscient de son état, Darcy rougit une deuxième fois et ferma ses yeux tout en essayant en vain de refouler une excitation qu'il sentit monter en lui. Elle l'aida à se vêtir.
Avec l'aide de Mrs. Luhn, il mit les bas et les bottines noires d'Elizabeth. Enfin Mrs. Luhn l'invita à s'asseoir à la coiffeuse pour lui laisser le soin de peigner les cheveux de la jeune femme. Cette étape n'avait pas effleuré l'esprit de Darcy mais au moins, le pire était passé et la regarder se faire peigner n'avait rien d'indécent.
Oubliant un instant son problème, il regarda le visage qui lui faisait face et ne put réprimer un sourire admiratif du coin des lèvres. Il la trouvait belle, et ne sut si c'était l'effet de l'amour qu'il lui portait, ou simplement sa beauté naturelle, ou les deux en même temps. Puis dans son esprit, à cette image angélique se substitua celle cruelle de la veille accompagnée de cette phrase qui le poursuivait depuis cette demande en mariage désastreuse : « Vous êtes le dernier homme au monde que je ne pourrais jamais épouser ! ». Il baissa les yeux.
Deux coups frappés à la porte l'interrompirent dans ses pensées : c'était Charlotte.
— Bonjour Lizzie, dit la jeune femme avec un sourire bienveillant. Comment allez-vous ce matin, vous sentez-vous mieux ?
Il allait se lever pour accueillir Mrs. Collins mais se rappela que ce n'était pas nécessaire.
— Bonjour …Mrs. Collins…, répondit Darcy d'un ton neutre, … je vais… bien…
Charlotte tiqua en entendant « Elizabeth » l'appeler Mrs. Collins. Mrs. Luhn finit de peigner sa maitresse avec sa coiffure habituelle avant de sortir.
— Mr Collins est parti assez tôt ce matin. Voulez-vous prendre le petit déjeuner avec moi ? lui demanda Charlotte.
— Non...
Charlotte haussa les sourcils, ne s'attendant pas à ce refus catégorique. Il s'expliqua aussitôt en se levant maladroitement :
— Je veux dire... J'allais… marcher dehors …Si cela ne vous dérange pas...
— Non, bien sûr, je vous en prie. L'air frais vous fera du bien… Attendez, vous oubliez votre chapeau.
Charlotte le lui enfila. Darcy fit une courbette et prit congé pour aller dehors. Charlotte était étonnée de la solennité d' «Elizabeth» à son égard et se demandait depuis quand «elle» avait adopté ces manières peu habituelles. La maîtresse d'Hunsford « la » regarda s'éloigner à travers la fenêtre du couloir, « elle » avait une démarche tout aussi inhabituelle que son comportement.
Dehors, Darcy soupira en dirigeant son regard vers Rosings. Il ne pouvait pas s'y présenter. Il ne voulait surtout pas attirer l'attention. Il fit des va-et-vient en arpentant la cour, tout en réfléchissant.
Finalement, il se dirigea vers les bois où il avait vu Elizabeth se promener, en espérant la revoir, ou plutôt espérant pouvoir se voir lui-même.
Mais au lieu de la rencontrer, ce fut le colonel Fitzwilliam qui le vit. Ce dernier vit de loin « Elizabeth » marcher énergiquement, regardant le sol, réfléchissant avec sérieux et apparemment troublée par quelque chose. Il l'observa attentivement.
Darcy leva les yeux et le vit. Il accéléra sa démarche pour s'approcher de son cousin en s'exclamant en chemin :
— Richard !
Il s'interrompit en voyant Fitzwilliam hausser les sourcils.
— Miss Elizabeth. Comment allez-vous ce matin ? Vous m'avez l'air bien en forme, sourit-il.
— ... Comment allez-vous colonel ? Le temps a été vraiment affreux hier soir..., soupira Darcy, l'air perdu.
— Oui... Mais heureusement que le beau temps est revenu ce matin, et espérons que cela durera. Je suis content de vous avoir croisée, on allait partir ce matin.
— Partir ...? Mais vous ne pouvez pas partir …!
Fitzwilliam encouragea « Elizabeth » du regard.
— … Pourriez-vous m'accorder une petite faveur ? Il s'agit d'une affaire assez importante.
— Vous avez toute mon attention mademoiselle, répondit le colonel avec son amabilité habituelle.
— En fait, je dois parler à M. Darcy, il est encore à Rosings j'espère, enfin … je crois ?
— Dans la maison oui.
— Et… comment va-t-il ? questionna Darcy hésitant.
— Pour tout vous dire, il m'a l'air d'être un peu fatigué depuis hier…
— Fatigué depuis hier…?
— Vous vous inquiétez pour Mr. Darcy ? sourit Fitzwilliam.
Elizabeth ne se souciait guère de lui. Elle ne le portait pas dans son cœur et le sourire de son cousin insinuait l'inverse. Si seulement il savait ce qui s'était passé la veille, il en rirait moins.
— Pas vraiment non… En vérité … je dois lui parler d'une affaire urgente.
— Dans ce cas mademoiselle, je vous inviterais bien volontiers à m'accompagner à Rosings pour le voir.
— Oh non ! A cette heure-ci il est bien trop tôt pour faire des visites. Et je ne veux surtout pas déranger Lady Catherine.
— C'est pour une bonne cause qui plus est urgente. Lady Catherine pourra comprendre.
— Ce n'est pas la peine que j'y aille. Et je ne veux pas qu'elle se pose des questions… Voyez-vous ?
— D'accord. Je comprends … répondit le colonel Fitzwilliam.
— Si vous pourriez juste appeler M. Darcy pour faire une petite marche de ce côté pour que je puisse lui parler…
— Bien sûr.
— Je vous remercie.
— Je croyais que ma présence vous aurait suffi mais apparemment je me suis trompé !
Darcy avait remarqué que depuis leur arrivée dans la région, Elizabeth s'entendait bien avec le colonel. En fait, Elizabeth s'entendait bien avec tous les gentlemen qu'elle rencontrait (et même ceux qui ne l'étaient pas vraiment si on considérait Wickham) excepté lui. Mais il comprenait aussi que c'était plutôt lui en particulier qu'Elizabeth n'appréciait pas … Et puis ce n'était pas comme s'il lui était fiancé. Loin de là. Fitzwilliam pouvait bien faire ce qu'il voulait.
Fitzwilliam reprit la parole en réalisant qu'« Elizabeth » ne réagissait pas à sa taquinerie et avait l'air plutôt perturbée qu'autre chose.
— Bien. Je vais aller chercher Darcy. Je ne suis pas sûr que je vous reverrais avant notre départ.
— On ne le sait jamais...
— Sinon, permettez-moi de prendre congé de vous et de vous dire au revoir. Je ne sais quand nous nous reverrons. En attendant, je vous donne mes meilleurs vœux pour vous et votre famille.
Darcy acquiesça simplement de la tête et avec une dernière courbette, le colonel reprit le chemin de Rosings. En chemin, il se demanda si la personne avec qui il venait de parler n'était pas de mauvaise humeur.
Quelques instants plus tôt à Rosings dans l'appartement de Darcy, Elizabeth s'était réveillée et trois coups frappés à la porte la fit rouvrir les yeux. Elle regarda ses mains et émit une petite grimace. Elle mit pieds à terre pour s'asseoir et regarda vers la porte qui s'était entrouverte. La tête d'un homme assez mur apparut et lui annonça :
— Bonjour monsieur. Le colonel Fitzwilliam m'a alerté que vous vouliez vous préparer ?
Elizabeth hésita et ne savait que répondre en se levant pour se diriger vers la porte.
— Monsieur ? redemanda l'homme.
— D'accord. Pourriez-vous me laisser quelques instants s'il vous plait ? murmura-t-elle en poussant légèrement la porte. Juste quelques instants.
— Bien monsieur.
L'homme disparut derrière la porte qu'elle referma derrière lui. Elle appuya son dos contre la porte et émit un soupir.
Puis elle sortit de la pièce par impulsion sans trop savoir ce qu'elle allait faire et regretta aussitôt son geste irréfléchi. Le valet de chambre debout dans le couloir fut confus en le voyant.
— Monsieur …? Votre bain est prêt monsieur.
— Mon bain!? répéta Elizabeth, consciente de la portée de ce mot et des situations embarrassantes que cela pourrait entraîner.
Voyant son air perdu, le valet lui rappela que la salle d'eau était juste dans la pièce d'à côté. Elle s'y dirigea, ouvrit la porte et vit une baignoire où elle allait devoir prendre son bain. Elle déglutit. De son côté, après s'être introduit et fermé la porte de la pièce, le valet de chambre sortit les vêtements du jour de Darcy et lui demanda si ils lui convenaient.
— Je vous remercie monsieur. Vous pouvez disposer.
— N'avez-vous plus besoin de mes services ? lui demanda l'homme qui avait l'habitude de ne prendre congé qu'une fois M. Darcy entièrement prêt.
— Non…, merci. Je me débrouillerai pour le reste.
— Bien monsieur.
Le valet sortit de la chambre. Dans la salle d'eau, Elizabeth se contenta de se laver le visage et se nettoyer les dents, rosissant de toucher ainsi le visage de Darcy mais le contact de l'eau fraîche lui fit du bien. Elle retourna dans la chambre et prit le pantalon, l'étendit avec ses deux mains et le regarda. C'était la première fois de sa vie qu'elle allait mettre un pantalon et elle agit par l'impulsion. Sans hésiter, Elizabeth mit le pantalon noir par-dessus le pantalon de nuit de Darcy et en
introduisant son premier pied dans le pantalon, elle trébucha et tomba.
Elle se releva et finit par le mettre, non sans quelques difficultés.
Puis elle pencha la tête et regarda la chemise entrouverte de Darcy, elle se pinça les lèvres et la déboutonna entièrement en levant la tête, essayant de deviner les boutons sans baisser ses yeux vers le torse poilu de ce corps où elle était prisonnière, et surtout évitant de l'effleurer avec les doigts… Une fois les boutons défaits, elle enleva la chemise rapidement, mit la chemise préparée par le valet avec les mêmes précautions que tout à l'heure puis termina par la veste sans prendre la peine de la fermer, ignorant le gilet qu'elle devait aussi mettre.
Elle se regarda dans le miroir, ne pouvant s'empêcher de ressentir encore une certaine confusion à la vue de ce corps que le miroir reflétait. Elle dévisagea le physique de Darcy un instant. Le souvenir de leur confrontation de la veille lui revint à l'esprit. Elle se ressaisit pour ne pas se perdre dans ses pensées et ordonna furtivement les cheveux en bataille de Darcy avec ses mains. Elle n'avait pas imaginé un jour mettre la main dans les cheveux de cet homme. En plus ils étaient agréablement lisses, soyeux et doux au toucher…
Elle enleva brusquement sa main..
.
La jeune fille aperçut la cravate de Darcy sur le lit. Elle n'avait aucune idée de comment elle allait la mettre. Décidément elle avait parlé un peu trop vite en renvoyant le valet de chambre. Mais il n'était plus question de le rappeler.
— Désolée M. Darcy mais ce matin vous allez vous priver de votre jolie cravate et de votre gilet.
Elizabeth entreprit de mettre les bas et les bottes. Évitant expressément de se voir une dernière fois dans le miroir, elle se dirigea vers la porte pour sortir. Elle fut contente de trouver facilement l'escalier pour descendre et ravie de ne croiser personne tandis qu'elle traversait le rez-de-chaussée pour sortir de la maison.
Mais une fois sur le pas de la grande porte de sortie, elle croisa le colonel Fitzwilliam qui dévisagea « Darcy » de haut en bas, visiblement surpris par son allure débraillée par rapport à celle, stricte et aristocratique, qu'il adoptait d'habitude.
— Darcy ! Vous voilà, ... Vous m'avez l'air bien pressé…
— Colonel Fitzwilliam…
— Vous alliez sortir ?
— … Oui, j'allais… me promener un peu…
— J'allais justement vous dire qu'il y a une charmante jeune fille qui souhaite vous voir avant notre départ.
— … Une jeune fille ?
— Oui, Miss Elizabeth souhaite vous voir, sourit-il. Elle se promène de ce côté…
— ...Miss Elizabeth ?
Entendre son nom comme si c'était celui d'une autre personne l'effraya.
— Oui, et à votre place, je me hâterais car elle m'a dit qu'elle doit vous parler d'une affaire urgente.
— Oh …! Je vous remercie colonel.
— Mais je vous en prie cousin. Le colonel est toujours prêt à vous rendre service, se moqua-t-il de la solennité de « Darcy » envers lui, eux qui s'étaient toujours montrés familiers l'un envers l'autre depuis leur enfance.
Fitzwilliam regarda « Darcy » s'éloigner, un petit peu curieux sur ce que Miss Elizabeth voulait dire à son cousin, avant de rentrer.
Elizabeth marchait avec ce corps bien plus lourd et ces pieds qui n'étaient pas les siens. Après quelques minutes de marche, elle arriva à l'endroit que le colonel lui avait montré. Elizabeth se vit au loin, à quelques mètres d'elle, debout au pied d'un arbre. Elle suspendit sa marche et écarquilla les yeux, en fixant son corps debout, distinct de son esprit. De son côté Darcy se retourna et se vit lui-même debout au loin, qui avait son regard fixé dans sa direction.
Quelle sensation étrange !
Vraiment très étrange !
Et angoissant…
Elizabeth se précipita impulsivement derrière le premier arbre qu'elle vit pour se cacher de la vue de « cette personne ». Elle s'appuya à l'arbre et ferma les yeux, priant que l' « autre » ne la verra pas. Voyant la réaction fuyante de sa voisine, Darcy entreprit de s'approcher discrètement. Arrivé à l'arbre, Darcy émit un : « Miss Elizabeth …!?». Celle-ci, qui ne s'attendait pas à ce que « cette personne » s'approcha d'elle de si près et si tôt, rouvrit les yeux et émit instantanément un cri et s'exclama en reculant :
— Ne vous approchez pas de moi…!
Darcy ouvrit la bouche pour tenter de parler mais il ne trouvait aucun mot à dire. Il voulut l'apaiser mais c'était difficile dans ce genre de situation invraisemblable. Il avait la désagréable sensation de revivre son expérience de la veille, où Elizabeth l'avait rabroué, mais d'une pire façon.
— Calmez-vous, finit-il par dire doucement. Je ne vous veux aucun mal … Il faut qu'on parle…
« Cette personne » debout devant elle n'avait rien de malveillant à première vue. Puis Elizabeth oublia peu à peu sa méfiance.
— Mais… qui êtes-vous… ? parvint-elle enfin à émettre avec sa voix rauque et grave.
