Quelqu'un a demandé du talent ? Bah c'était pas ici…

Si vous êtes passés sur ma page FB, vous le savez déjà, mais je vais le répéter :

J'ai encore inversé la publication. Donc, celui d'aujourd'hui ("hurt/comfort") sera remis à sa place (entre "amour de lycée/université" et "rencontre la famille"), lorsque je posterai le suivant. Et, rêvez pas, j'ai toujours rien écrit.

Non seulement, janviers, c'est vraiment pas mon mois le plus productif, mais en plus j'ai adopté une petit chienne, qui demande beaucoup d'amour (au déplaisir de mon chien xD)

Ah, et je fais partie des régions inondées. Sinon, vous, ça va ?

Bonne lecture !


Le meilleur moyen de ne pas souffrir était de ne pas penser.

Cette magnifique phrase se répétait encore et encore dans sa tête alors que Link s'asseyait avec le dos le plus droit qui soit, au fond du bus qui le ramenait chez lui.

Il était encore assez tôt pour que les places soient quasiment toutes prises mais pas suffisamment pour que les passagers soient forcés de s'entasser au-delà de la capacité prévue. Ce petit… désagrément avait au moins le bon goût de le faire rentrer plus tôt qu'à l'ordinaire.

Le souvenir fugace de son… aventure, le fit serrer plus fort son sac qu'il avait posé sur ses genoux, son visage se contractant un bref instant, mais la douleur le convainquit rapidement d'arrêter. Alors, à la place, il tourna la tête vers la vitre et s'efforça de respirer calmement. Le trajet était un peu long, il allait devoir prendre son mal en patience.


Plongé dans sa lecture du moment, Jehd manqua bien de rater son bus mais heureusement pour lui, le conducteur le reconnut et l'interpella par la porte ouverte, le faisant sursauter.

Embarrassé, il grimpa les marches et valida son abonnement, manquant de faire tomber son livre à terre et de trébucher sur ses propres pieds. Il avait le cœur battant la chamade et le souffle un peu court suite à ce cocktail d'émotions, et ce n'était pas devoir remonter toute l'allée sous les regards moqueurs ou indifférents des autres usagers qui allait le calmer…

Le sol vibra sous ses pieds alors que le bus redémarrait, le forçant à se saisir d'une des poignées ornant les sièges pour éviter de finir à terre. Évidemment, étant le seul passager à cet arrêt, le conducteur n'allait pas attendre qu'il trouve où s'asseoir !

Hélas pour lui, Jehd dut se résoudre à continuer sur sa lancée, ne trouvant aucune place disponible, jusqu'à ce que, enfin, il ne discerne une du coin de l'œil. Il n'accéléra pas le pas – pourquoi faire ? Le bus roulait et il était le seul debout – mais se redressa un peu, comme si ça lui permettait d'être assis plus tôt.

Ce n'est qu'une fois à sa hauteur qu'il comprit pourquoi tout le monde avait évité ce siège, en plus de se trouver au fond.

Son voisin avait un air inquiétant, presque sombre, mais le pire se trouvait les griffures rayant son visage. Jehd avait vu suffisamment de séries policières pour les reconnaître comme des blessures défensives. De celles qui permettaient à confondre un coupable grâce aux bouts de peau dénichés sous les ongles de la victime.

Mais Jehd était trop fourbu pour rester debout et il ne connaissait personne parmi les passagers donc il n'avait d'autre choix que de s'asseoir aux côtés de cet inconnu effrayant, ce qu'il fit avec appréhension.

Heureusement, il n'esquissa aucun mouvement, ne prononça aucun mot. Peut-être n'avait-il même pas remarqué sa présence ?

Ne voulant pas trop tenter sa chance, il s'assit de manière à ne surtout pas le frôler, même par inadvertance, et replongea illico dans sa lecture, hésitant presque à retenir sa respiration avant de se rendre compte qu'il était dans l'exagération.

Il y avait des jours comme ça où on regrettait sa grande taille et celle proportionnelle de ses membres. Et plus encore d'avoir à descendre dans plus d'une heure.


Le paysage monotone qui défilait par les grandes vitres était loin d'être passionnant mais Link s'efforçait de se concentrer dessus. Au début, c'était pour engourdir la douleur et pour éviter de laisser la colère l'étouffer. Mais ensuite, il avait senti les regards de chaque usager sur lui, leur jugement et leur opinion toute faite. Il s'était tellement appliqué à garder son attention à l'extérieur du véhicule depuis qu'il était monté à bord, il pouvait bien continuer, non ?

Les mâchoires serrées, le souffle s'accélérant, il tentait de s'imaginer à comment ça allait se dérouler la fin de la journée, une fois qu'il aura passé le pas de la porte. Les salutations à sa famille, l'inquiétude de sa mère qui l'accompagnerait jusqu'à la salle de bain pour désinfecter les plaies, les taquineries légères de son frère, la curiosité de leur petite sœur qui demandera à être portée pour mieux voir. Peut-être même que leur père sera déjà rentré et, une fois rassuré sur son sort, le gourmanderait-il pour ses mauvaises habitudes.

La petite parenthèse se fermerait sur leurs rires à tous et d'autres plaisanteries sur des anecdotes de son enfance où il avait été un petit hylien plein de vie et prêt à manger des cailloux pour comprendre le fonctionnement des Gorons !

Un petit sourire triste à ce souvenir se fraya un chemin sur son visage mais il ne tint pas longtemps, tirant sur l'une des griffures et occasionnant une étincelle de douleur.

Quand, enfin, le siège à sa gauche trouva preneur, Link ne dérogea pas à sa position ni à son exercice.

Il compterait bien les minutes, s'il en était capable. À la place, il compta les arrêts. Ce n'était pas très instructif, mais au moins ça occupait bien.

Mais ce n'était pas suffisant. Link avait toujours eu le cerveau fonctionnant à cent à l'heure, il lui fallait plus d'une idée à la fois, sinon il s'ennuyait vite.

Et ce fut ainsi qu'il commença à s'interroger sur son voisin d'infortune. À quel arrêt descendra-t-il ? Est-ce qu'il partira à la seconde où un autre siège se libérera ?

Puis, quand il commença à devenir intrigué par son apparence, il essaya de lui lancer des regards en coin, d'être imperceptible, mais hélas ils étaient installés de manière à ce que Link serait obligé de se déplacer pour l'observer correctement, et c'était loin d'être discret.

En temps normal, ses pensées seraient passées à autre chose face à cette situation, mais son visage commençait à le démanger, et il savait que c'était une très très mauvaise idée. Surtout qu'il n'avait pas pu se laver les mains entre-temps donc ça pouvait être une pire mauvaise idée, encore.

Actuellement, son esprit était tiraillé entre deux envies : se retourner pour avoir un aperçu correct de l'inconnu assis à côté de lui et se frotter la figure jusqu'au sang. Quoique cette dernière partie ne serait pas bien compliquée.


La fin du chapitre n'était pas aussi intéressante que son début. Sans doute était peut-être pour ça que Jehd lui fit des infidélités et commença à examiner les environs. Et, inévitablement, son mystérieux voisin.

Alors ? Se trouvait-il aux côtés d'un criminel ? D'une petite frappe qui était tombée sur plus forte qu'elle ? D'un de ces incels qui attaquaient les filles juste pour le plaisir de se sentir craint ?

Peut-être qu'il devrait se glisser auprès de Morock pour lui conseiller d'appeler la police ?

Mais il n'y avait bien qu'à l'abri de ses pensées que Jehd était aussi aventureux et courageux. Il n'en fit rien.

Par contre, en ayant son attention rivée sur cet inconnu, il fut aux premières loges pour la petite nouveauté.

— Vous saignez, s'entendit-il dire avant de s'en empêcher.

Pas un bonjour, pas un « excusez-moi », tapons directement là où ça fait mal, tiens…

Bon, puisque son cerveau avait décidé de prendre cette option, autant y aller jusqu'au bout…

Jehd rangea son livre dans son sac et en sortit une bouteille d'eau et des mouchoirs.

— Je n'ai pas de pansements ou d'alcool, reprit-il. Mais on peut nettoyer un minimum.

Ne sachant pas quoi rajouter, il se contenta de les lui tendre, attendant n'importe quelle réaction de sa part. Il espérait juste que s'il choisissait la violente, qu'il éviterait d'abimer ses lunettes. Ça coûtait cher et ça prenait un temps fou à remplacer…

Il aperçut une vague surprise avant que son regard ne passe de ce qu'il tenait à son visage à lui, comme s'il se méfiait de son offrande. C'était légèrement vexant, mais au moins il pouvait gérer ça.

— Oubliez ça, soupira-t-il en rétractant son bras.

À quoi s'attendait-il, franchement ? Ce n'était pas comme s'il en avait quelque chose à faire, au fond, de cet inconnu ! Il ferait mieux de retourner à sa lecture et prier de bientôt arriver à son arrêt…

C'est sans doute ce qu'il aurait fait sans la prise sur son poignet, l'invitant à faire de nouveau face au visage de son voisin mutique.

— C'est… très gentil, merci, articula celui-ci. Merci.

Au lieu de lui répondre, Jehd s'installa plus confortablement et commença à doucement tamponner les éraflures sanglantes à l'aide de son mouchoir humidifié.

Ses pensées fusaient dans tous les sens, à commencer par ce qu'il était en train de faire, et pourquoi, mais il n'osait pas les formuler et encore moins y réfléchir. Disons qu'il faisait ça sous une impulsion obscure. L'aide à son prochain et tout ce blabla. Sa lecture était inintéressante et il lui restait de nombreux arrêts avant d'être chez lui.

En fait, il n'y avait pas vraiment de raison derrière ce qu'il faisait. Juste, il le faisait.


Link garda la bouche fermée, s'installant un peu mieux pour faciliter sa tâche à son voisin. Il se prêta à l'exercice sans trop savoir quoi dire, quoi faire. Alors il jugea plus sage de ne rien dire. Ou, au moins, d'attendre qu'il eut fini avant de mettre les pieds dans le plat.

Dehors, le soleil se couchait, réduisant la luminosité entre eux, en faveur des loupiotes du bus. Le silence n'était pas vraiment de mise, c'était une atmosphère feutrée de conversations basses, de passagers somnolents, la radio indiscernable d'où ils se trouvaient, les bruits de la circulation… Plus d'une personne se laissait bercer par ce chuintement doux.

Coupé des autres usagers et du monde en général, il y avait quelque chose d'intime à laisser cet inconnu à traiter ses blessures. Bien sûr, leurs positions n'avaient rien de confortable, et ce n'était que de l'eau minérale et des mouchoirs en papier, mais c'était déjà bien mieux que tout ce qu'il avait eu à vivre depuis le matin même.

Mais toutes les bonnes choses avaient une fin, et celle-ci particulièrement.

— J'ai l'impression d'empirer la situation, marmonna son voisin en s'arrêtant.

Il se recula, un mouchoir taché de rouge froissé entre ses doigts.

— Ça coule toujours ?

— Ça a l'air de s'être calmé. Mais c'est loin d'être cicatrisé.

— Je demanderai à ma mère d'y jeter un œil, c'est pas grave. Tant que des points de suture ne sont pas nécessaires, on peut gérer.

— Je n'y connais rien. Je crois que non ?

Les longs doigts revinrent sur son visage, comme s'ils cherchaient à retracer les plaies.

Leur proximité devrait le mettre mal à l'aise, mais Link ne chercha pas à reculer, à s'éloigner. Il ne tenta pas non plus de se rapprocher, bien sûr, mais il le laissa faire, pensif. Sa peau était froide, ce qui était agréable contre ses chairs endommagées.

— Oh, pardon, je ne voulais pas… pardon.

Ils se rassirent correctement, maladroits.

— Merci, finit-il par marmonner.

— De rien.


"le dernier siège du bus est à côté de toi mais tu as des cicatrices vraiment effrayantes sur ton visage et, hum, tu saignes de l'une d'entre elles donc personne d'autre que moi ne s'assoirait là."

Link s'est fait griffer par des chats en voulant les câliner, cherchez pas…

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