Bienvenue sur le chapitre 7!

Ouf, Remus et Sirius ont enfin commencer à se sortir les doigts… Vraiment? Allons donc voir ça!

On a fini les TW avec le chapitre de la semaine dernière. Au risque d'annihiler toute tension dramatique, on sera désormais davantage dans du feel good (enfin, pour ce. ux. lles qui me connaissent, on a toujours un fond doux-amer qui traînaille aux entournures, hein ;-) surtout que ça reste des Maraudeurs !).

Comme d'hab, un com ou à défaut un fav fond toujours plaisir XD.

Bonne lecture !

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1976_Sixième année, troisième trimestre

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L'annonce du décès de son père ne prit Remus qu'à moitié par surprise. Il n'eut ni le temps d'être sidéré, ni celui de s'apitoyer. Il resta aussi absent que silencieux une très longue semaine et, quand il franchit les portes de la Salle Commune une fois revenu à Poudlard, il fut assailli de questions de tous côtés.

Il les ignora, toutes, et fonça droit dans son dortoir s'enfermer derrière son baldaquin. La voix de James fut la première qui perça le silence. Avec le courage qui le caractérisait, il ouvrit le rideau avec prudence. Les têtes de Sirius et Peter suivirent aussitôt.

Remus, couché en chien de fusil, tenta de leur adresser un sourire et se résigna à leur raconter cette semaine. Il avait rejoint sa mère à Sainte-Mangouste et ils avaient veillé le corps de son père toute la nuit.

Espérance était restée au fond de son lit les jours qui avaient suivis. Elle ne mangeait pas, ne dormait pas et restait juste couchée à fixer l'armoire ouverte sur les robes de Lyall.

A la fin de la troisième journée, Remus en avait fermé les portes. Elle n'avait pas changé de position. Elle était à ramasser à la petite cuillère et il avait eu à se charger des obsèques. Solliciter les Gobelins, organiser l'éloge et la crémation sorcière, préparer un hommage, planifier la cérémonie et l'oraison funèbre.

Il avait dû accueillir les collègues, les voisins, la famille éloignée. Il n'avait même pas réussi à pleurer. Il se sentait épuisé. Juste épuisé. Épuisé et inquiet. Sa mère ne s'était toujours pas levée. Celle de Dorothy lui avait promis de passer tous les jours et de s'occuper d'Espérance quand il ne serait plus là.

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Peter attrapa Remus, assis au bord du lit, par les épaules et le serra fort. Sirius s'installa de l'autre côté, enlaça sa taille et nicha sa tête dans son cou. James s'accroupit face à lui et attrapa ses genoux. Remus, les larmes aux yeux, n'arrêtait pas de sourire. Il n'aurait jamais imaginé avoir, un jour, des amis comme ceux-là.

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Il ne vit pas le mois s'écouler et, quand il retrouva sa mère, le week-end de son anniversaire, elle était dans une de ses phases d'hyperactivité improductive.

Remus passa deux jours à tenter de ne pas lui montrer à quel point il était inquiet de la savoir seule, dans cette maison. Sans son père, l'espace était trop grand, plus aussi propre et bien rangé qu'il ne l'était auparavant. Voir sa mère alterner ces phases d'agitation et des temps à la limite de la catatonie était tout aussi douloureux.

Il était épuisé en rentrant à Poudlard et partit une fois de plus directement s'allonger dans le dortoir vide. Il glissa un bras sous son oreiller et y trouva la montre à gousset de Sirius.

Il la serra contre lui et se força à se lever, à la recherche de celle que ses parents avaient choisie pour lui, quelques mois plus tôt, avant la disparition de Lyall. Une montre d'une sobriété à pleurer, gravée de ses initiales dans le dos.

Il l'adorait, avec son cadran noir à l'extérieur, en transparence au centre, ses chiffres romains et ses aiguilles dorées. Sans aucune hésitation, il la déposa sur la table de chevet de Sirius, invoqua la carte et partit rejoindre le reste des Maraudeurs.

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Le mois de mars passa lentement. Trop lentement. Il n'eut pas besoin de batailler bien fort pour convaincre Minerva de l'accompagner chaque samedi matin au premier village moldu pour pouvoir appeler sa mère ou, à défaut, celle de Dorothy.

Avec le décès de Lyall, elle n'était plus capable d'utiliser la Cheminette et, la plupart du temps, n'arrivait pas à guider correctement les hiboux. Elle faisait l'effort de le rassurer pourtant et il tentait de retrouver son insouciance. La prudence des Maraudeurs à son égard ne l'aidait pas à sortir de sa mélancolie.

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— Remus ? T'es pas avec Sirius ?

Il leva les yeux vers Lily.

— Nope. Je l'intéresse pas trop en ce moment.

Elle lui adressa un sourire en coin avec une pointe de condescendance puis secoua la tête et s'installa à côté de lui.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle avec douceur.

Il haussa les épaules.

— C'est plus pareil depuis…

Elle se pencha vers lui avec douceur. Il évitait encore de parler du décès de son père à haute voix.

— Franchement, Rem, nous, on n'a pas vu de différence, lui souffla-t-elle à l'oreille.

Il fronça un sourcil, peu convaincu, et Lily glissa une main distraite dans ses cheveux.

— Peut-être que, pour une fois, il fait juste preuve de… tu sais ? De sensibilité ? Je ne sais pas. Te laisser un peu d'espace, pour passer le cap ?

Remus allait répondre quand Peter surgit dans son champ de vision.

— Ah, c'est là que tu te cachais ! On doit bosser les sortilèges d'impassibilité !

Il hocha la tête et déplia son corps. Avec un sourire triste, il s'étira de tout son long avant de le suivre à la bibliothèque.

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Avril pointait le bout de son nez lorsque Gawain, leur Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, proposa aux Sixième Année de commencer les cours d'Occlumancie. Le climat politique ambiant nécessitait des mesures extrêmes et des apprentissages particuliers.

Ils avaient passé les deux dernières semaines à se préparer. Gawain leur avait appris la théorie tandis que Filius les avait formés au Sortilège d'extraction de souvenirs.

En entrant en classe, tous les élèves placèrent leur baguette sur leur tempe et firent transvaser leurs secrets les plus intimes vers les fioles nominatives mises à leur disposition le temps du cours.

Les tables furent déplacées le long des murs et la classe se plaça en cercle, au centre de la salle. Gawain trouva facilement trois volontaires à qui il appliqua le sortilège de Legilimens. Il pénétrait leur esprit avec aisance et se retirait aussi vite, respectant leur intimité.

Quand vint le tour de Remus, il détesta la sensation d'invasion de son esprit. Il fut envahi d'images, par flashs indistincts. Cela n'avait rien à voir avec ce que leur Professeur expliquait depuis plusieurs semaines.

Il avait l'impression de se trouver acculé, dans une forêt broussailleuse, et de se téléporter de taillis en taillis où les arbres étaient si serrés qu'il se sentait coincé. Prisonnier.

A chaque fois que les fourrés semblaient s'élaguer, il changeait de place, à la vitesse de l'éclair. Jusqu'à ce qu'il fatigue et se téléporte aux abords d'une clairière. Épuisé, il était prêt à se laisser faire et se sentit divaguer vers l'espace clair. Sa mère apparut aussitôt au centre de la plaine.

En un clin d'oeil, Remus se trouva à nouveau dans la salle de classe, pris par une légère sensation d'ébriété. Gawain le regarda, intrigué, juste après l'avoir libéré. Il semblait, lui aussi, éreinté.

Dans un silence de mort, il désigna une autre élève et continua l'entraînement, en jetant des coups d'oeil réguliers à Remus.

Impressionnée, la classe observait, silencieuse, les essais successifs s'éteindre en à peine quelques secondes. Jusqu'à ce que Gawain ait la mauvaise idée de solliciter Sirius. Il eut beau le supplier de passer son tour, leur Professeur, badin, n'en tint pas compte.

Il se firent face, se saluèrent, Gawain demanda s'il était prêt et, en dépit de l'absence de réaction de Sirius, lança tout de même le sortilège. Le Professeur valsa presque aussitôt à l'autre bout de la salle. Un hoquet unanime anima la classe. Remus attrapa d'autorité l'épaule de Sirius qui lança son coude en arrière, prêt à se battre pour sa survie.

— Arrête, gronda-t-il avec sévérité.

Sirius le dévisagea, les yeux grands ouverts par la panique qui l'étreignait. Son souffle était court, trop rapide, et Remus arrivait à entendre le battement de son coeur pulser dans sa poitrine. Il resserra sa prise sur son épaule. La voix de Gawain brisa le silence.

— Le cours est terminé. Vous pouvez y aller. Pas vous, Monsieur Black.

Remus, James et Peter l'attendirent, adossés devant la porte.

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— Tout va bien, Pads ?

Sirius leur adressa un sourire triste.

— Il m'a présenté des excuses, commença-t-il, amusé de leurs regards surpris.

Il ouvrit la marche vers la cour intérieure et continua.

— Je serais en retenue tous les mercredis jusqu'à ce que je maîtrise suffisamment l'Occlumancie pour ne pas l'envoyer bouler contre un mur… Il parait qu'en temps de guerre, ce n'est pas assez discret comme défense.

Il s'installa sur un banc. Remus se colla contre lui, James et Peter se serrèrent à eux à leur tour.

— C'était… vraiment bizarre. De le sentir fouiller, commença Remus en allongeant ses jambes.

— J'aurais pu te raconter, souffla Sirius, les doigts crispés sur ses genoux. Je sais ce que c'est, d'avoir l'esprit envahi.

— Ta mère ? demanda Peter avec douceur.

Sirius regardait droit devant lui et replia une de ses jambes sur le banc. Il l'enserra de son bras.

— Oui, répondit-il avec calme.

Remus glissa une main dans son dos et caressa sa peau du bout du pouce pour le réconforter. Sirius posa sa joue sur son genou et lui adressa un sourire en coin.

— Je vais bien. Je vous assure, les gars. Je vais bien.

— Tant mieux, intervint à nouveau Peter en se relevant. Autant que tu ailles bien vu qu'on est en train de sécher la Métamorphose et que Minerva nous le fera payer.

— Donc ! renchérit James, Tant qu'à finir en retenue. Méfait ?

Ils hochèrent tous la tête de concert.

— Méfait !

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Ils se précipitèrent pour récupérer les cocktails d'Empestine qu'ils avaient récolté avec patience et minutie à la fin de l'automne puis rejoignirent les vestiaires attenants au terrain de Quidditch.

Parés de sortilèges de Désillusions, ils attendirent que l'équipe de Serpentard reviennent de son entraînement pour leur jeter les fioles à la figure, avec bien plus de force que nécessaire.

Remus, coincé derrière James, lança la sienne une seconde trop tard. Regulus - qu'il avait volontairement visé - l'attrapa au vol avec la prestance qui caractérisait les Black et la renvoya aussi sec vers son lieu d'origine.

James avait déjà détalé lorsqu'il avait lancé son projectile. L'odeur de Sirius s'affaiblissait et Remus n'arrivait pas à repérer Peter, toujours désillusionné. Il vit, avec horreur, le liquide nauséabond imbiber son pantalon lorsque le verre explosa.

Regulus, les sourcils froncés, adopta une position de combat. Il le cherchait du regard et, sans attendre son reste, Remus courut, comme si sa vie en dépendait. Séparé des autres Maraudeurs, il se dirigea d'office vers leur Salle Commune.

Il traînait derrière lui un relent pestilentiel. Il retint son éclat de rire à la vue des rares élèves présents. Des grimaces déformaient leur visage à son passage et ils se pointaient mutuellement d'un doigt accusateur.

Remus se précipita sous la douche, leva le sort de Désillusion, jeta ses vêtements au sol, qu'il espérait rincer par l'eau savonneuse. Il se frotta jusqu'à ce que son nez sensible soit satisfait. Il essuyait la buée sur le miroir de la salle de bain commune, une serviette nouée autour de la taille, lorsque Sirius entra.

Un sourire aux lèvres, il se plaça dans le dos de Remus et, d'une légère caresse de la paume de sa main, vint poser le bout des doigts sur sa hanche. Il taquina la trace de patte qui y trônait, l'air trop satisfait.

— J'aime. Beaucoup.

— Je-.

Remus s'interrompit, s'empara du poignet de Sirius et le tira vers une cabine de douche.

— Qu'est-ce que tu-.

Il lui plaqua une main sur la bouche et la voix de James se fit entendre.

— Padfoot ? Fais pas semblant, je t'ai vu entrer !

Ils s'agitèrent légèrement dans la cabine et Sirius se dégagea de la prise de Remus.

— Oui ?

— T'as vu Moony ?

— Non ?

Remus se mordit l'intérieur de la joue.

— Tu viens le chercher ?

Sirius haussa les épaules et adressa un regard incertain à Remus. Il secoua la tête, sceptique.

— J'ai pas encore pris ma douche, Jamie.

Remus ferma les yeux et avala douloureusement la salive qui s'était accumulé dans sa bouche. Il était bien trop dénudé, bien trop proche, et depuis bien trop de temps face à Sirius, à l'étroit dans cette cabine de douche.

Il se retenait de baisser les yeux sur son érection et tenta, discrètement, de réajuster sa serviette.

— Ok, répondit James.

Il ne sortait pas, l'imbécile. Sirius se mordait la lèvre. Et il n'avait pas lâché son poignet depuis qu'il l'avait attrapé pour se dégager et pouvoir répondre. Les oreilles de Remus bourdonnaient presque de toute cette tension. La voix de James résonna à nouveau.

— T'attends quoi, Pads ?

— Pour ?

— Te doucher ?

En retenant un éclat de rire, Remus alluma le robinet.

— Arg !

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— C'est froid ! avança Sirius en poussant Remus contre la paroi.

— Tu vas b- ?

— Je vais bien, Prongs. J'ai… glissé !

Sirius se rapprocha de Remus et lui chuchota à l'oreille.

— Et je fais quoi, maintenant que je suis trempé et qu'il attend à côté, gros malin.

Remus se mordit l'intérieur de la joue, les yeux pétillants d'amusement. Il l'aida à retirer sa chemise. Sa main s'égara sur son torse et celles de Sirius s'agrippèrent à ses épaules. Remus se pencha vers son oreille et y posa la pointe de sa langue.

— Respire moins fort, Pads. Il va se poser des questions.

Une lueur de défi s'alluma dans les yeux de Sirius qui, un air déterminé collé au visage, laissa ses doigts glisser avec légèreté jusqu'à la serviette qui défiait encore la gravité, malgré le poids de l'eau qui l'imprégnait.

Du bout de l'index, Sirius retraça les aspérités de son os iliaque, s'infiltra entre le coton et la peau, et la détacha. Elle tomba au sol dans un bruit sourd. Remus sentit ses joues s'enflammer.

— Tu es sûr que ça va, Siri ?

— Très bien, répondit-il d'une voix étranglée alors que Remus débouclait sa ceinture. Je. Je vais en avoir pour un moment, Jamie, continua-t-il essoufflé.

Sirius se déhancha pour enlever son jean trop serré et ses sous-vêtements, indifférent aux bruits qu'il faisait désormais.

Remus eut le souffle coupé lorsqu'ils se trouvèrent tous les deux face à face, aussi nus que trempés. Ils ne s'étaient jamais vus nus, jusque-là. Jamais entièrement, jamais avec tant de lumière, jamais aussi proches, jamais avec autant de tension.

— Ok, avança James incertain. Si je ne suis pas dans le dortoir, ça voudra dire qu'on sera partis sans toi, hein ?!

La porte de la salle de bain claqua sans attendre de réponse. Remus ferma l'arrivée d'eau, avança une main vers sa hanche et hésita une seconde. Sirius leva les yeux au ciel. Il s'empara de ses poignets et les posa sur sa taille avec fermeté. Une digue céda.

Remus raffermit sa prise et se rapprocha. Leurs érections se frôlèrent et il fondit sur ses lèvres. Sirius geignit. Il en profita pour le taquiner de sa langue. Il resserra encore son étreinte et fut bien incapable de continuer à garder le silence.

Il gronda à son tour. Sirius, sur la pointe des pieds, se cambra contre lui et le poussa contre la paroi de la cabine de douche. Sa tête cogna en arrière lorsque sa bouche aspira la peau juste au-dessus de sa clavicule avec des sons affamés.

Remus s'aperçut à peine de ses ongles qui traçaient un chemin de la chute de reins de Sirius jusqu'à sa nuque. Il glissa les doigts dans ses cheveux détrempés et ne put retenir un nouveau rire au bruit obscène que fit Sirius lorsque sa bouche quitta sa gorge.

Insatiable, Remus s'empara de ses lèvres avec exigence et les mains de Sirius coururent empoigner ses fesses. Il eut besoin de reprendre son souffle et Sirius en profita pour repartir en exploration, le long de sa mâchoire, de sa gorge, de son torse.

A mesure qu'il descendait et courbait son corps, la respiration de Remus se fit plus courte. Un son étranglé s'échappa de sa gorge lorsqu'il le vit à genoux devant lui. Sans prévenir, la main de Sirius se referma sur son érection et, du bout du pouce, il recueillit le liquide translucide qui s'en échappait déjà.

Remus lui caressa la joue et attrapa délicatement une mèche qui collait à son front. Sirius planta ses yeux, presque noirs, dans les siens et, avec un sourire déterminé, laissa sa langue courir de la base de son sexe à son extrémité.

Remus cogna une fois de plus sa tête contre la cloison. Juste pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Il lui faisait une fellation. Sirius lui faisait une fellation. La sensation était incroyable.

Remus avait de plus en plus de difficultés à se retenir de s'enfoncer plus profondément dans sa bouche et soupirait des "Putain" indistincts. Dans une symbiose parfaite, Sirius attrapa ses hanches d'une poigne affirmée.

Sa langue s'affermit sur son sexe et un râle sourd s'échappa des lèvres de Remus qui glissa sa deuxième main dans ses cheveux. Il accompagnait les mouvements de Sirius, à défaut de pouvoir pilonner sa bouche, prisonnier de sa poigne. La tension au creux de ses reins devint intenable.

— Pads. Putain. Pads. Je-. Je vais.

Sirius appuya la pression de ses lèvres une dernière fois et aspira son sexe avec gourmandise. Le bruit, lorsqu'il le relâcha, sa bouche ouverte et luisante, tout comme ses pommettes trop colorées, firent vriller Remus.

Il n'eut même pas le temps de se toucher. Il se déversa en longs jets sur Sirius qui se relevait difficilement, les genoux endoloris, dans un son rauque. Pas embarrassé pour deux Noises, il vint l'embrasser avec délicatesse. Un baiser papillon, juste le temps que Remus reprenne ses esprits, et il commença à se savonner.

— Tu veux pas… que. Hem. Que je t'aide ? demanda Remus à mi-voix, les yeux braqués sur les fesses de Sirius.

— Pas la peine.

— Oh, reprit-il déçu. T'as pas ?

— Si, s'amusa-t-il, Si. Vraiment. J'ai juste… Tu sais… en cours de route.

— Oh.

Adossé à la cloison, les mains croisées dans son dos, Remus regarda Sirius fermer le robinet, lui faire face et s'approcher pour embrasser sa gorge. Il hésita un instant avant de murmurer.

— T'es doué.

— J'ai appris par imitation.

Il lui donna un coup d'épaule.

— Oh, Lord. J'ai pas envie de savoir ça, Pads.

Sirius éclata d'un rire de gorge bruyant et s'en alla comme il était venu. Remus attendit de longues minutes pour sortir et fut soulagé de trouver le dortoir vide de toute âme. Il s'habilla avec lenteur et rejoignit la Grande Salle, l'appétit débordant.

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Le couvre-feu s'apprêtait à sonner lorsque Remus et Peter rejoignirent leur Salle Commune, un joint durement négocié auprès d'un Serdaigle de Septième année en poche.

— Pads n'est toujours pas revenu ?

James s'arracha à sa contemplation de Lily, qui relisait son devoir de Potions à ses côtés, leurs genoux collés l'un à l'autre.

— Nope. Il doit toujours être avec Reggie, tu ne crois pas ?

Remus, déçu, haussa les épaules et fila à la fenêtre fumer une cigarette. Ils laissèrent passer une heure supplémentaire avant de se résoudre à aller chercher leur carte dans le dortoir.

Ils y trouvèrent Sirius roulé en boule sous la forme de Padfoot, endormi sur son lit. Ses pattes étaient agitées de légers spasmes et, lorsqu'il couina, James passa lentement sa main dans son cou pour l'apaiser.

Les garçons n'osèrent pas le réveiller. En dehors des pleines lunes, Sirius ne se transformait que lorsqu'il se sentait incapable de gérer ses émotions. Trop de joie, trop de colère, trop de tristesse. Il trouvait plus facile de reprendre le contrôle sous sa forme canine.

En silence, ils partirent se doucher et se couchèrent dans le calme. Remus n'arriva pas à s'endormir et roula une énième fois dans son lit. Il se tourna vers celui de Sirius et aperçut l'éclat de son regard briller à la lueur de la lune, son museau coincé entre ses pattes avant.

Remus tapota son matelas avec douceur. Padfoot dressa les oreilles, s'étira, rejoignit le sol et sauta sur son lit. Il se roula en boule au creux de son ventre sans changer de forme. La main de Remus glissa dans son pelage qu'il caressa jusqu'à ce qu'ils s'endorment.

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Au matin, Sirius finissait de s'habiller quand Remus se réveilla. Il fallut lui tirer les vers du nez une bonne partie de la journée pour qu'il se décide à s'expliquer et seule la patience de Peter avait permis ses confidences.

Son frère était paumé. Regulus amorçait des gestes fraternels pour aussitôt se replier derrière ses parents et son devoir envers sa famille. La veille n'avait pas fait exception et, quand il avait prétendu être d'accord avec l'allégeance imposée de leurs parents à celui qui se faisait appeler Le Seigneur des Ténèbres, Sirius avait vu rouge.

Ils s'étaient disputés et avaient failli en venir aux mains. Pas que Regulus se serait abaissé à un comportement aussi moldu, mais Sirius savait de quoi il était capable. Il avait lui-même dû user de toute sa maîtrise pour ne pas prendre cette direction.

Il tenait encore ses poings serrés, ses bras le long du corps quand le petit Croupton avait surgi de nulle part et convaincu Regulus de se détourner du Traître à son Sang.

De rage, Sirius avait alors attaqué une armure qui avait gémi sous ses coups. Le bruit de la tôle hurlante l'avait pris de stupeur et il l'avait abandonnée, là, disloquée au milieu du couloir. Il s'était réfugié dans leur dortoir et, pour ne plus ressentir cette rage et ce désespoir, il s'était métamorphosé.

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Les semaines qui suivirent furent ponctuées d'une affection nouvelle mais, ni Remus, ni Sirius, n'osaient franchir à nouveau la ligne qu'ils avaient piétinée sous la douche. Parfois, quand ils se rejoignaient le soir dans leurs lits respectifs, ils s'embrassaient du bout des lèvres mais, la plupart du temps, ils restaient simplement enlacés à se consoler sans parler.

Quand le désir était trop fort, Remus s'astreignait à rester dans son lit ou à trouver des excuses pour empêcher Sirius de l'y rejoindre. La frustration semblait plus simple que… que comprendre ce qu'il se passait entre eux.

Sirius ne semblait pas malheureux de la situation. Il flirtait toujours avec certaines filles, il évitait son frère, il faisait ses devoirs et retrouvait un semblant de confiance auprès de ses Professeurs après son début d'année désastreux.

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Le statu quo aurait probablement pu durer une éternité si, un dimanche après-midi, Remus ne s'était pas senti tiré par le col. Il se tourna vers Mary qui posa un doigt sur ses lèvres en lui intimant de se taire. Il haussa un sourcil et elle pointa James et Sirius qui, depuis la buanderie, se passaient un vif d'or.

— … d'égarement ?

— Ce n'est pas un moment d'égarement ! s'esclaffait Sirius.

Le corps de Remus se crispa, de la pointe des orteils jusqu'à la racine de ses cheveux, et il tenta de faire marche arrière. Mary le retint, les mains posées sur ses flancs.

— C'est quoi, alors, si ce n'est pas un moment d'égarement ? demanda James, curieux.

Remus, les sourcils froncés, secouait la tête. Il tentait de se dégager des bras de Mary qui était étonnamment forte. Sirius, depuis la buanderie, se passa une main sur le visage.

— Je… Je ne sais pas. Je-. C'est compliqué, Prongsie.

Les oreilles de Remus bourdonnaient. Il plongea la tête entre ses mains.

— Je ne vois pas ce qui est compliqué. Il n'y a qu'avec lui que tu es ambigu comme ça. Tu l'aimes ou non ?

— Je ne suis pas le seul à être ambigu ! Lui aussi il… et puis… depuis Marls. Après… Et maintenant…

Sirius regardait ses pieds en tirant sur les manches de son pull en cachemire.

— Pads. Vous devenez ridicule à vous renifler le derrière comme ça.

Remus sentit le visage de Mary s'écraser dans son épaule. Elle retenait un rire, la traîtresse.

— Oui, et bien, tu sais quoi, James. Tu m'emmerdes. Va te faire foutre. Là. Voilà.

— Ok, ok, désolé, s'amusa James en lui relançant le vif d'or au visage. Tu. es. amoureux. de Remus, chantonna-t-il doucement en sautillant en cercle autour de Sirius.

Mary s'empara de sa main.

— Hum. Rem ? Tu vas bien ? Tu. Tu es un peu pâle.

Elle le tira vers la Salle Commune, l'installa dans un des fauteuils près de la cheminée et se jucha à son tour sur l'accoudoir. Elle passa un bras autour de ses épaules et colla son front à sa tempe.

— Il est amoureux de toi, Rem. Et toi ?

Un rire se coinça dans la gorge de Remus.

Il enserra sa taille et laissa sa joue glisser jusqu'à sa poitrine, ronde et confortable. Il adorait coller son oreille à la naissance de son décolleté. C'était étrangement réconfortant. Il chuchota, alors que la pièce était presque vide de tout occupant.

— Avec lui, ce serait si…

— Si quoi ?

— Facile ?

Il s'esclaffa lui-même en réponse à l'éclat de rire de Mary.

— Oui. Bon. D'accord. Peut-être pas facile.

— Juste parfait pour vous, souffla-t-elle en lui pinçant la joue.

Il soupira et accepta de la suivre pour profiter de la fin d'après-midi dans le parc.

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Remus se vexa lorsque, en rejoignant la Grande Salle, il se retrouva obligé de s'installer à l'écart des Maraudeurs. Ils avaient pour habitude de se garder des places et ils n'hésitaient que très rarement à pousser les autres élèves pour se serrer les uns aux autres.

Du mieux qu'il put, il ravala son amertume et s'installa avec Mary à côté des Préfets en Chef de Gryffondor qui l'embarquèrent dans une discussion animée sur les Maléfices de défense qu'apprenaient les Septième année depuis quelques semaines.

La table se vida progressivement et Remus attendit, un soupçon de rage au fond de la gorge, que les autres Maraudeurs terminent leur repas. Il craignait à moitié qu'ils ne partent sans lui et le laisse seul, dans cette grande pièce vide.

Les yeux rivés sur le cadre doré d'un tableau à l'autre bout de la salle, il laissa son menton reposer dans sa main, le coude aplati sur la table. Ses appréhensions finirent par être balayées, quelques minutes plus tard, lorsqu'ils le rejoignirent dans leur brouhaha habituel.

— Tu ne passes pas la soirée avec Mary ? demanda Sirius avec un soupçon de moquerie dans la voix.

Remus refusa de le regarder et braqua avec obstination ses yeux sur le mur qui lui faisait face.

— J'vois pas pourquoi je passerais la soirée avec elle.

— Vous avez passé l'après-midi collés, on pensait-

— TU pensais, rectifia James.

Il remonta ses lunettes sur son nez dans une expiration bruyante.

— C'est pareil. On pensait que vous sortiez ensemble, termina Sirius en détaillant ses ongles.

Remus se leva et s'approcha beaucoup trop de Sirius, qui fut obligé de lever la tête pour capter son regard.

— Tu es un abruti, articula lentement Remus.

Il l'écarta sans délicatesse de son chemin et ignora les échanges des voix dépitées de Sirius et blasée de James. Il fila vers les serres, piller la réserve secrète de Pomona en adressant une prière silencieuse à Peter. Il n'y avait aucun doute, la Livèche permettait de faire des joints de substitution assez corrects pour calmer ses nerfs.

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Remus était bien plus détendu quand il rejoignit la Salle Commune. James n'était nulle part en vue, ce qui n'avait rien de surprenant puisque Lily n'y était pas non plus.

Peter lisait assis à même le sol aux pieds de Faith. La petite de Cinquième année, qui lui caressait les cheveux avec tendresse, avait le nez perdu dans son propre bouquin. Sirius fixait l'âtre vide de la cheminée, recroquevillé contre l'accoudoir du canapé.

Remus s'installa à ses côtés. Si serrés que leurs hanches se touchaient. Sirius tourna la tête vers lui et écrasa son front contre son épaule. Remus sentit des fourmis dans ses doigts et résista à l'envie de les enfoncer dans ses cheveux.

— Viens, chuchota-t-il à la place.

Il se releva et prit la direction des dortoirs, sans vérifier qu'il le suivait. Remus n'en avait pas besoin. L'odeur de Sirius l'accompagnait, avec cette pointe de camphre qui émergeait quand la tristesse le transperçait.

Il s'arrêta au milieu de la pièce et ne se retourna qu'après avoir entendu la porte se refermer avec douceur. Sirius y était adossé, la tête basse, les bras croisés dans son dos. Remus avança et s'arrêta à une longueur de bras.

— Je suis content que tu ne sortes pas avec Mary, souffla Sirius.

Il se décida à le regarder par en dessous et lui offrit un léger sourire en coin.

— Tu es un abruti, répéta Remus, incapable d'empêcher ses lèvres de s'incurver vers le haut.

Sirius inspira profondément, l'air penaud, sans le lâcher des yeux.

— J'ai envie de t'embrasser, continua Remus en agrippant un bout du t-shirt de Sirius.

Il le tira vers lui et un bruit sourd vibra dans sa gorge lorsque la langue de Sirius humecta ses lèvres. La main de Remus remonta le long de ses côtes, se faufila sous son aisselle et courut entre ses omoplates.

Il le rapprocha encore, entrouvrit la bouche, hésita à parler, et se liquéfia lorsque la langue de Sirius vint à sa rencontre. Remus ferma les yeux et sentit sa tête tourner alors que des bras fins s'enroulaient autour de son corps.

Sa main remonta des omoplates à la nuque de Sirius, qui s'accrocha à ses fesses et rapprocha leurs bassins. Il avança d'un pas décidé sans lâcher ses lèvres et Remus recula, jusqu'à ce que ses mollets cognent contre un matelas. N'importe lequel.

La respiration saccadée, il redressa la tête à la recherche d'air. Sirius le poussa sur le lit recouvert des vêtements de James. Remus les écarta sans même réfléchir, agrippa le t-shirt de Sirius qu'il lui retira d'autorité et l'envoya valser à travers le dortoir.

Sirius s'installa à califourchon sur ses cuisses et fondit sur sa gorge. Il aspirait la peau sans aucune maîtrise sur ses hanches. Il ondulait contre Remus qui, les paupières fermées, s'enivrait de sa fragrance. Enveloppé dans son odeur, il n'était plus qu'une succession de sons rauques, tout juste interrompus lorsque Sirius se redressa, le souffle court, les yeux rivés à la marque qu'il venait de lui infliger, l'air bien trop fier de lui.

Remus s'accrocha à sa taille, assez fort pour faire rougir sa peau, et échangea leur position sans préavis. La respiration de Sirius se fit inégale et Remus ne put retenir un rictus satisfait qui amena un court jappement sur ses lèvres.

Les mains de Sirius se perdirent dans ses boucles lorsqu'il s'empara du lobe de son oreille. Les battements de leurs coeurs martelaient sa tête et, alors qu'il accentuait la pression de ses dents, le rythme frénétique des poumons de Sirius s'aggrava encore. Ses doigts rejoignirent son jean et s'apprêtaient à en détacher un premier bouton.

— Attend, siffla Remus le regard dur.

— Que- ?

Il se redressa et aida Sirius à se lever à son tour. Son mouvement de colère cessa à l'instant où James et Peter entrèrent dans le dortoir en riant d'une blague quelconque.

Sirius s'échappa précipitamment et Remus s'effondra à plat ventre sur son lit, quelques mètres plus loin.

— Par Godric, mais vous avez foutu quoi avec mes affaires ?

Remus enfonça sa tête dans l'oreiller autant pour masquer sa gêne et sa frustration que son envie de rire face au cri outragé de James.

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A la semaine prochaine !