Chapitre IX : La Désirée

Février 1971,

Quand Rodolphus pénétra dans la salle de bain attenante à sa chambre, il découvrit à travers la buée épaisse de la pièce sa femme endormie dans la baignoire remplie d'eau. Elle était si belle, qu'il ne put s'empêcher de la contempler quelques secondes avant de la réveiller. Les cheveux humides habituellement ondulés étaient à présent lisses, relevés sur le haut de son crâne, révélant la finesse des traits de la jeune fille : son nez droit et fin, ses lèvres pleines, ses grandes paupières fermées sur de longs cils noirs, ses sourcils foncés qui accompagnaient des arcades marquées, ses fière pommettes, son mention altier, son cou élégant et ses épaules fines et graciles. Plus bas encore, un sein au mamelon foncé perçait à peine la surface de l'eau. Rodolphus ne pouvait imaginer quiconque rester insensible face à la beauté de sa femme.

Ainsi allongée, elle paraissait sereine et apaisée mais elle ne pourrait jamais être perçue comme fragile. Elle était la représentation parfaite d'une sorcière aux traits purs mais fermement dessinés – il n'y avait eu aucune hésitation dans le portrait de l'aînée des Black, aucune éraflure. Tout ce qui transparaissait d'elle était une volonté de fer, une fierté éhontée et un brin d'arrogance assumée. Bellatrix était belle, sans faire aucun effort. Pourtant, Rodolphus pensait souvent que la jeune femme n'avait pas conscience de l'effet qu'elle pouvait provoquer chez les hommes.

Depuis son arrivée dans le cercle des mangemorts, Rodolphus avait entendu moult murmures. Certains étaient condescendants, d'autres intrigués. La présence d'une sorcière aussi outrageusement séduisante auprès du Seigneur des Ténèbres avait quelque peu débridé l'imagination de certains. Beaucoup pensaient que la sorcière n'avait pas seulement proposé ses services en tant que mangemort envers leur Maître. Cela ne plaisait pas du tout à Rodolphus. Même s'il avait été surpris que Lord Voldemort ait accepté d'intégrer Bellatrix dans ses rangs, il n'était pas stupide et savait que Bellatrix était une sorcière puissante. Il ne doutait pas que son maître avait dû le remarquer aussi. Il était de toute façon totalement déplacé d'imaginer Lord Voldemort avec… sa femme. Incongru et grotesque. Quoiqu'il en soit, la question ne se posait pas. Bellatrix avait été tellement marqué par son enlèvement en automne qu'elle ne supportait plus aucun contact physique.

Quand il la voyait ainsi, sensuelle malgré elle, belle à couper le souffle, Rodolphus se demandait combien de temps il pourrait tenir. Il n'avait pas eu le loisir de faire souvent l'amour à sa femme mais chacun de leurs ébats avait été extraordinaire. Le désir au ventre, il s'approcha de la jeune femme et s'accroupit à côté de la baignoire. Bellatrix dut sentir sa présence à ses côtés car elle ouvrit aussitôt les yeux. Avec amusement, Rodolphus vit poindre dans ses yeux une lueur d'agacement.

– Qu'est-ce que tu veux ? chuchota-t-elle, sans bouger d'un centimètre, ses grands yeux noirs posés sur lui.

– Je pars en mission quelques jours avec Rosier, expliqua-t-il.

– Parfait, transmets-lui mes dédaigneuses salutations, répondit la jeune fille avant de fermer à nouveau les yeux.

Rodolphus l'embrassa à la commissure des lèvres.

– Repose-toi bien… T'en as bien besoin après tous les raids de la semaine dernière.

Bellatrix avait effectivement pris part à un nombre important de raids organisés par le Seigneur des Ténèbres un peu partout dans le pays. En même temps que les autres mangemorts, Rodolphus avait alors découvert sa femme plus déchaînée que jamais. Elle ne se contentait plus de tuer mais prenait à présent le temps de torturer ses victimes avant de les achever. Cela avait fait sourire Rodolphus. Bellatrix n'avait jamais été une sorcière comme les autres. Il avait aussi remarqué que cela semblait plaire à son maître. Il l'avait surpris une ou deux fois la regarder faire avec un air satisfait. Bellatrix était devenue en peu de temps la sorcière la plus acharnée des mangemorts, et probablement une des plus efficaces. N'en déplaise aux autres mangemorts, Bellatrix méritait de toute évidence sa place. Il lui faudrait pourtant encore du temps pour convaincre tous ces sorciers épris d'ordre et de traditions.

Rodolphus se leva et s'apprêta à sortir de la salle de bain. Il s'arrêta à l'embrasure de la porte et se retourna vers sa femme.

– Bella… Penses-tu qu'on pourra refaire l'amour un jour ?

La jeune femme rouvrit aussitôt les yeux. Rodolphus eut le temps de reconnaître avec tristesse une expression de panique recouvrir le visage de sa femme avant d'être remplacée par son mépris habituel.

– Si cela t'est trop insupportable, utilise ta main, répondit-elle sèchement.

– Je…

Rodolphus s'interrompit aussitôt. Il n'avait pas le temps de se disputer avec elle ce soir.

– À bientôt.

Il soupira puis transplana. Bellatrix regarda longtemps la place vide que laissa Rodolphus.

XxXxXxX

Quand il rentra de mission, Bellatrix l'attendait sur leur lit en nuisette. Elle était un peu tremblante mais décidée. Elle voulait être capable de coucher avec un homme de nouveau. Il était trop honteux pour elle d'accepter le fait qu'un vulgaire sang-de-bourbe qu'elle avait torturé et tué puisse encore avoir du pouvoir sur elle. Elle savait qu'en dépit de toutes les critiques qu'elle émettait à l'encontre de son mari, il était un homme de confiance. Si elle lui demandait de faire les choses d'une telle façon, il le ferait. Il obéirait à tous ses ordres.

Dans ses rêves, Bellatrix se voyait dans les bras de son maître. Si elle voulait goûter de nouveau à ces plaisirs, elle devait s'assurer d'en être capable. Elle s'entraînerait avec Rodolphus jusqu'à ce que tout redevienne comme avant. La jeune femme n'imaginait pas une telle chose possible mais peut-être pouvait-elle retrouver l'appétit sexuel qui l'avait si souvent étreint. Lord Voldemort ne lui accorderait pas de tendres caresses. S'il devait jamais se passer de nouveau quelque chose de physique entre eux, ce serait brutal et violent, Bellatrix le savait. Elle devait être capable de le supporter. Elle voulaitde toutes ses forces être capable de le supporter. Elle ne laisserait pas Igor Maggins se mettre entre le Seigneur des Ténèbres et elle.

La porte de la chambre s'ouvrit et son mari fit irruption dans la pièce. Il était dans ses habits de mangemort, le visage marqué par la fatigue. Pourtant, dès qu'il aperçut sa femme, assise sur le bord du lit dans son déshabillé de dentelle noire, ses yeux se mirent à briller.

– Si je te demande de t'arrêter, tu t'arrêteras, n'est-ce pas ?

– Bien-sûr, répondit aussitôt Rodolphus.

– Pas de « ma chérie » ou de « bébé ».

– D'accord.

– Mon rythme, mes conditions, c'est clair ?

– Tout ce que tu veux.

– Parfait.

Bellatrix leva un regard quelque peu incertain vers son mari. Elle avait dit tout ce qu'elle avait à dire mais ne savait pas comment initier le contact à présent. Rodolphus attendait toujours auprès de la porte. Il attendit quelques secondes mais voyant le malaise de sa femme, s'approcha, enleva sa cape et s'installa à côté d'elle sur lit.

– Je vais d'abord te déshabiller.

Bellatrix acquiesça. Rodolphus fit délicatement glisser le vêtement au-dessus de la tête de sa femme. Nue et tremblante, elle regardait ses genoux sans bouger.

– Viens, mettons-nous sous les couvertures.

Bellatrix hocha la tête mais ne fit aucun mouvement. Rodolphus la prit doucement dans ses bras et la déposa entre les draps de leur lit. Ils échangèrent un long regard dans lequel se mêlaient peur et incertitude du côté de Bellatrix, amour et désir du côté de Rodolphus.

– Je ne te ferai aucun mal.

– Je sais, siffla la sorcière, les dents serrées.

Rodolphus se plaça sur elle, et l'embrassa avec douceur. Bellatrix répondit au baiser. Ils n'avaient jamais été aussi tendres l'un envers l'autre. Il glissa le long de son corps, l'embrassa sur l'épaule, puis sous le sein gauche, près du nombril, l'aine, l'intérieur des cuisses et posa enfin ses lèvres sur le sexe de la jeune femme. Elle tressauta un peu. Rodolphus ne bougea plus. Il reprit un rythme léger, s'attardant davantage sur les lèvres à peine humides de sa femme, puis sortit timidement sa langue. Il l'effleura de longues minutes. Bellatrix sentait son cœur battre vite. Elle sentit la langue de Rodolphus s'engouffrer en elle. Son souffle se coupa. Elle serra les draps sous elle. Elle sentait le courage s'enfuir.

– Prends-moi maintenant, dit-elle.

Rodolphus se replaça au niveau de son visage.

– Tu n'es même pas mouillée…

– Tant pis… Je ne tiendrai pas longtemps, je veux que tu me prennes maintenant.

L'homme la regarda avec hésitation. Elle paraissait ferme et décidé mais il sentait bien qu'elle ne ressentait aucun plaisir.

– Rodolphus… Ce n'est pas grave si je n'ai pas de plaisir, ce n'est pas la priorité maintenant.

– Laisse-moi te lubrifier, d'abord, alors.

Il utilisa un sortilège d'attraction pour faire venir une petite fiole emplie d'une potion de lubrification. Ils n'en avaient encore jamais eu besoin. Il déposa une généreuse dose de la potion froide et claire comme de l'eau sur elle, et son membre déjà dressé. Placé à l'entrée de Bellatrix, il observa une courte pause avant de la pénétrer doucement. La sorcière ferma aussitôt les yeux, la mâchoire serrée, les mains toujours emmêlées dans ses draps. Un sanglot lui échappa.

– Bella… C'est moi, ouvre les yeux, je-…

Le jeune homme n'eut pas le temps de finir sa phrase. Il valsa à l'autre bout de la pièce et atterrit brutalement contre le mur opposé. Il se redressa le souffle coupé et les côtes endolories. Sur leur lit, Bellatrix le regardait avec un mélange de surprise et de lassitude.

– Désolée, un réflexe, marmonna-t-elle.

Rodolphus acquiesça.

– Laisse tomber, c'était une mauvaise idée, reprit-elle.

À ces mots, Rodolphus se hâta de se relever. Une grimace déformait son visage et tout son corps criait de douleur mais il était décidé à rassurer son épouse.

– Non, ne dis pas ça, c'était peut-être ambitieux de penser que ça marcherait dès la première fois… Recommençons, tu seras au-dessus, d'accord ?

Bellatrix laissa échapper un long soupir puis hocha la tête.

Rodolphus glissa de nouveau dans leur lit et plaça ses mains sous le dos de Bellatrix, la tint serrée contre lui avant de se retourner. Elle se trouvait maintenant allongée sur son torse.

– C'est toi qui décides, chuchota-t-il.

– Je n'y arriverai pas… murmura-t-elle.

– Bien-sûr que si, tu es la personne la plus forte que je connaisse, tu en es capable.

Bellatrix ne bougea pas un long moment. Elle ondula doucement contre lui. Il l'accompagna au même rythme. Après quelques vas et viens, elle se suréleva et accentua ses mouvements. Quelques gémissements s'échappaient de ses lèvres. Rodolphus sentait son cœur prêt à exploser alors qu'il l'observait bouger sur elle, les hanches serrées autour de lui, sa longue chevelure brune qui dégringolait sur ses épaules jusqu'aux seins ronds et fermes qui l'hypnotisaient. Elle était magnifique. Avec un pincement au cœur, il remarqua un flot continu de larmes dévaler sur son visage.

Il se redressa contre elle et l'embrassa, les bras autour de sa taille fine. Elle posa ses mains sur ses épaules.

– Je t'aime, murmura-t-il contre ses lèvres.

Un gémissement presque plaintif lui répondit.

– Je ne peux pas…

Sur ces mots, Bellatrix se leva, enfila une robe de chambre et sortit de la chambre. Rodolphus, insatisfait, laissa échapper un profond soupir avant de poser la main sur son membre gonflé.

XxXxXxX

– Que fais-tu, Bellatrix ?

– Cela ne te regarde pas, Sirius, répondit sèchement la jeune fille, les yeux parcourant à vive allure un épais grimoire noir.

– Vous êtes tous tellement ennuyeux, Regulus ne parle pas, sauf avec Kreattur… marmonna le jeune garçon, vivement que j'aille à Poudlard.

Bellatrix ne l'écoutait pas. Elle était bien trop occupée à chercher la réponse à ses questions dans la bibliothèque du manoir de son oncle au 12 Square Grimmaurd. Bellatrix avait trouvé deux solutions à ses nuits d'insomnie : les raids accompagnés d'un maximum de tortures et les potions de sommeil. Depuis une semaine pourtant, Lord Voldemort ne l'avait pas appelée, ni elle, ni Rodolphus, et sa potion était à sec. Elle était bien trop honteuse pour demander à son maître de lui concocter une nouvelle potion. Dans tous les grimoires du Manoir Lestrange, elle n'avait pas réussi à trouver un seul indice sur cette potion. Elle avait alors décidé de rendre visite à son oncle et à sa tante qui possédaient une des bibliothèques les plus fournies du pays, mais là-aussi, elle commençait à désespérer. Pour être honnête, elle n'en avait jamais entendu parler jusqu'à ce que Lord Voldemort lui en propose. Se pouvait-il que cette potion soit l'une de ses créations ? Mais pourquoi diable, Lord Voldemort aurait-il besoin d'une potion pour s'endormir ? C'eût été désobligeant de penser qu'il pouvait être sujet aux cauchemars.

– Je n'ai pas très envie d'aller à Serpentard… gémit encore Sirius, en tripotant le coin d'un vieux livre poussiéreux.

Bellatrix soupira avec exaspération.

– Sirius ! Que racontes-tu, encore ? Toi et Andromeda avez le chic pour me dire tout un tas de bêtises en ce moment !

– Quoi ? J'ai lu l'Histoire de Poudlard de Bathilda Tourdesac, et apparemment, les dortoirs des Serpentards sont situés sousle lac. Je n'ai aucune envie de dormir dans un dortoir humide et sans lumière.

Bellatrix rejoignit un autre pan de la bibliothèque en espérant se débarrasser de son idiot de cousin, mais celui-ci la suivit aussitôt.

– Est-ce qu'il y a eu des Black répartis ailleurs qu'à Serpentard ? demanda-t-il d'un ton faussement innocent.

Frustrée, Bellatrix s'aperçut que l'index de cet autre ouvrage ne faisait aucunement mention d'une potion de sommeil.

– Bellatrix… C'est quoi un mangemort ?

La jeune fille lança un regard vif à son cousin. Il mâchouillait sa lèvre inférieure, les yeux baissés sur ses chaussettes.

– Tu es trop jeune pour savoir de quoi il s'agit mais une chose est sûre Sirius : le meilleur moyen d'en devenir un est d'aller à Serpentard ! Et c'est une très grande fierté !

Sirius lui lança un regard perplexe.

– Mais…

– Je n'ai pas le temps ! coupa Bellatrix, je suis venue ici pour chercher une information, et j'ai déjà perdu trop de temps. Cesse de poser des questions stupides et va retrouver ton frère, Sirius.

– Il est nul, il est pas drôle…

Sirius consentit cependant à quitter la pièce, en traînant des pieds jusqu'à la sortie. Bellatrix leva les yeux au ciel et poursuivit ses recherches. Au bout d'une heure, elle dut s'avouer vaincu et rentra bredouille au Manoir Lestrange.

XxXxXxX

Juin 1971,

Allongée dans l'herbe du parc du manoir, un livre ouvert était posée près d'elle et une cruche de jus de citrouille flottait à ses côtés. La jeune fille avait les yeux fermés tandis que le soleil chauffait sa peau. Une simple robe jaune pâle l'habillait. Bellatrix était seule ce jour-là : Reginaldus était au Ministère de la Magie, et ses deux fils partis en mission. Cela faisait longtemps que Lord Voldemort ne les avait pas appelés. Bellatrix n'était plus surprise de ne pas avoir été conviée elle aussi à participer à la mission. Elle ne pouvait nier qu'elle était jalouse. Elle aurait aimé trouver une occupation en ces jours sombres mais elle savait qu'elle était appelée pour les missions les plus importantes.

Elle n'avait pas trouvé de solution à son sommeil, et passait désormais toutes ses nuits à s'entraîner aux sorts les plus complexes de la magie noire. Au petit matin, elle finissait par s'endormir quelques heures, épuisée, mais elle était invariablement réveillée par un cauchemar. Elle ne voyait plus Maggins dans ses rêves – ceux-ci étaient devenus déformés et flous, sans-queue-ni-têtes, mais contenaient toujours cet accent d'horreur incompressible qui la faisait suffoquer. Elle se détestait et se trouvait si faible…

Il était parfois plus facile de s'endormir en pleine journée mais toujours par intermittence. La sensation d'être allongée dans l'herbe était agréable : elle se souvenait des fins d'année à Poudlard passées dans le parc de l'école, entourée de ses amis. Les plus beaux moments étaient lors de ses premières années à Poudlard lorsque la bande de Rodolphus et elle étaient amis sans ambiguïté. Ils passaient leurs week-ends de fin d'année dehors, à se baigner dans le lac, à pique-niquer et à rire. Avec un pincement au cœur, Bellatrix se dit qu'elle aimerait retrouver ces instants insouciants où elle était heureuse et n'avait pas connu l'horreur. Sa vie avait dramatiquement changé. Il était facile de dater le moment précis où tout avait basculé : le jour de ses fiançailles.

Le jour où son père et son oncle avaient décidé que son caractère était trop encombrant pour eux ; le jour où Rodolphus l'avait trahie et enfermée dans le rôle grotesque de la femme mariée. C'était aussi le jour où elle avait rencontré le Seigneur des Ténèbres. Il lui avait apporté indépendance et pouvoir alors qu'elle avait cru son destin scellé. Bellatrix se sentit coupable de penser qu'elle n'aurait pas non plus croisé le chemin d'Iggor Maggins… Elle n'aurait pas été brisée, violée et torturée si elle ne l'avait pas rencontré. Lord Voldemort n'avait pas pu la protéger. La honte l'étreignit aussitôt. C'était à elle de se protéger : elle avait été stupide de se laisser surprendre aussi facilement. Et c'était entièrement sa faute si le souvenir de cet épisode la hantait encore chaque nuit.

– Bellatrix.

La jeune fille ouvrit les yeux dans un sursaut. L'objet de ses pensées se tenait devant elle, sous le soleil éclatant de ce début de mois de juin, drapé de noir comme à l'accoutumée. Bellatrix se releva aussitôt et épousseta les brins d'herbe de sa robe.

– Maître ! s'exclama-t-elle, en panique.

Dépourvue de ses chaussures à talons, Bellatrix se sentait minuscule face à lui.

– Je ne doute pas des bienfaits de se laisser aller au soleil mais j'ai une mission de la plus haute importance à te confier.

Cramoisie, Bellatrix acquiesça. Un minuscule sourire étira les lèvres du mage noir. Il semblait irréel. Elle ne s'habituait pas à voir Lord Voldemort en plein jour… Sa première visite au Manoir Lestrange en plein après-midi remontait au mois d'avril de l'année précédente, puis il était venu une deuxième fois en décembre après ce qu'il lui était arrivé.

– Que puis-je faire pour vous, Maître ? demanda la mangemort avec toute la dignité dont elle était capable.

– As-tu accès au coffre de ton mari à Gringotts, Bellatrix ?

– J'ai une clef, affirma-t-elle, mais je n'y suis jamais allée.

– Très bien, nous nous y rendrons demain tous les deux mais j'ai besoin, pour cela, que tu collectes un cheveu de Rodolphus.

Bellatrix pensa qu'il était effectivement probablement plus sûr que Lord Voldemort se rende à Gringotts avec un déguisement car il était maintenant activement recherché dans le pays.

– Aucun des hommes Lestrange ne doit savoir, ajouta le Seigneur des Ténèbres.

Bellatrix était surprise. Que voulait-il donc dans ce coffre ? Et comment allait-elle s'y prendre ? Très distante avec Rodolphus ces derniers temps, il lui serait difficile de lui prendre un cheveu sans qu'il s'en rende compte. Elle aurait pu tenter d'en trouver un dans sa chambre mais elle n'osait imaginer les conséquences si elle se trompait et donnait à son maître l'un de ses propres cheveux ou un poil de leur Elfe-de-maison !

Lord Voldemort dut se rendre compte de son trouble.

– Cette mission te paraît-elle trop ardue pour toi ? s'enquit-il, une inflexion moqueuse dans la voix.

Il était horriblement gênant de devoir admettre à son maître que les relations entre elle et son mari étaient compliquées.

– Non, Maître, je collecterai ce cheveu, assura-t-elle.

– Très bien, répondit-il, tu attendras qu'ils soient tous partis pour me prévenir. À demain.

– À demain, Maître.

Il translana, la laissant seule sous la chaleur caniculaire. Elle devait mettre au point un plan au plus tôt, elle n'avait pas beaucoup de temps. Sans attendre Bellatrix emporta son livre et la cruche de jus de citrouille qu'elle finit d'une gorgée et rejoignit la fraîcheur bienfaitrice du Manoir Lestrange. Elle était très embêtée par la requête du Seigneur des Ténèbres.

Ce soir-là, Bellatrix avait néanmoins concocté un plan – il n'était pas difficile de duper Rodolphus mais elle n'était pas très à l'aise avec l'idée de manigancer quelque chose contre lui. Elle était froide avec lui ces derniers temps mais cela n'était pas un caprice de sa part. Malgré tout ce que Bellatrix pouvait penser de son mari, ce n'était pas un jeu pour elle de se tenir éloignée. Elle était incapable d'entretenir la moindre intimité avec lui. Elle savait que cela le faisait souffrir et cela ne l'enchantait pas particulièrement. La mangemort aurait tout donné pour pouvoir redevenir la jeune femme libérée qu'elle avait été.

Bellatrix avait d'abord imaginé quelque chose de simple et rapide comme une accolade ou un baiser mais elle n'avait jamais eu le moindre geste tendre envers lui. Il serait improbable d'aller quémander de la tendresse – Rodolphus se montrerait méfiant, et s'il ne l'était pas, cela rendrait Bellatrix horriblement mal à l'aise. Non, il lui fallait quelque chose de plus crédible, quelque chose plus en phase avec son caractère. Elle avait toujours pu coucher avec lui, mais jamais autre chose.

Elle savait parfaitement ce qu'elle allait faire. Quelque chose qu'elle pouvait supporter et qui ne la trahirait pas. Quelque chose qui ferait même plaisir à son mari.

Vers vingt-trois heures, alors que Rodolphus était déjà couché, Bellatrix se vêtit d'une nuisette courte en soie. Sans le moindre désir, elle descendit d'un étage pour atteindre celui de la chambre de Rodolphus et pénétra dans la pièce sans frapper.

Rodolphus lisait un livre à la lumière d'une bougie, adossé contre le montant du lit. Un sourcil levé fut la preuve de sa surprise. Ne montrant pas son trouble, il posa le livre contre le lit et contempla sa femme sans dire un mot.

Bellatrix fit glisser sa culotte contre ses jambes puis l'enjamba. Elle s'approcha du lit. Rodolphus, torse nu et immobile, la regardait toujours, les yeux imperceptiblement écarquillés. Il était à quelques centimètres d'elle. Debout contre le lit, Bellatrix saisit le livre qu'il tenait toujours entre ses mains et le lança à travers la pièce.

– Allonge-toi, ordonna-t-elle.

Il ne bougea pas le temps d'une ou deux secondes, un peu perplexe, puis se laissa doucement retomber de tout son long contre le matelas. Bellatrix posa un genou sur le lit, et vint lentement enjamber la tête de son mari. Elle s'accrocha au montant en fer forgé du lit, et s'accroupit, en tremblant légèrement, au-dessus de la bouche de Rodolphus. Elle sentit aussitôt les lèvres affamées sur elle, puis la langue quémandeuse, venir la butiner sans retenue. Rodolphus glissa ses mains sous la nuisette pour caresser les fesses de sa femme, tout en la maintenant fermement collée à sa bouche brûlante. Le plaisir saisit la jeune femme sans prévenir : il lui envoyait des ondes de plaisir partout dans son corps. Elle était bizarrement excitée par les bruits obscènes que provoquait la bouche de Rodolphus contre elle, et se rendit compte avec émerveillement, que pour la première fois depuis des mois, elle était abondamment lubrifiée. Une des mains qui caressaient ses fesses s'approcha de son sexe, et Bellatrix sentit un doigt s'immiscer en elle sans la moindre résistance. Elle hurla de plaisir. Les vas-et-viens rapides de ce doigt en elle la galvanisaient.

Avec effaremenent, elle se rendit compte qu'elle voulait plus. Maintenant. Elle avait l'impression que si le sexe de Rodolphus ne rentrait pas immédiatement elle, elle allait devenir folle. D'un geste brusque, elle se décala, ce qui eut le don de faire grogner de frustration Rodolphus. Elle rejeta le drap qui recouvrait son torse, saisit son sexe douloureusement dur dans sa main, et l'enjamba de nouveau. Sans attendre et sans réfléchir, elle s'empala sur lui. La voix rauque de son mari libéra un gémissement de plaisir. Bellatrix entreprit de chevaucher Rodolphus le plus intensément possible. Rodolphus releva sa nuisette jusqu'à ses seins, les malaxa contre ses paumes, tandis que sa femme, la nuque renversée, la bouche ouverte sur des cris d'extase, lui faisait l'amour comme si sa vie en dépendait.

Il voulut se retenir plus longtemps mais il n'avait jamais connu un plaisir aussi fort. Il se redressa, l'enlaça étroitement, embrassant à pleine bouche les tétons fièrement dressés de Bellatrix, et explosa en elle dans un long grognement rauque.

Bellatrix laissa échapper un gémissement plaintif : elle n'avait pas fini, Rodolphus était venu alors qu'elle était aux portes de son orgasme.

– Pardon Bella, pardon, laisse-moi m'occuper de toi…

Bellatrix se mit sur le côté. Rodolphus s'accroupit entre ses cuisses et inséra deux doigts en elle. La jeune fille ondula contre sa main avec force. Elle était au bord du matelas. Lorsque ses coudes cédèrent sous elle, elle se retrouva sur le dos, la tête dans le vide tandis que les doigts de Rodolphus rentraient et sortaient d'elle avec rapidité… mais ce n'était pas pareil, il lui manquait le mouvement et l'intensité, la sensation de ce membre en elle.–– Laisse-moi cinq minutes, je te promets, je…

Bellatrix enleva la main de Rodolphus et se toucha elle-même, une main sur ses seins, l'autre sur son sexe. Elle vit le regard allumé de son mari et ferma les yeux. Elle avait besoin de plus, plus. Elle voulait le sexe de Rodolphus, n'importe quoi d'assez large pour combler le manque en elle, elle voulait le plaisir, le plaisir fou et incandescent, le plaisir puissant… Elle voulait l'oubli, la paix, le contrôle, le pouvoir. Voldemort.

Oh oui, voilà ce qu'elle voulait maintenant. Le sexe dur et implacable de son maître en elle, qui comblerait tout, tout ce vide.

Elle sentit les mains de Rodolphus attraper ses cuisses, et la ramener contre lui, il était toujours accroupi – il rentra en elle avec facilité, s'accrocha fermement à sa taille et la pilonna avec force. Elle ouvrit les yeux et vit les yeux embrasés de Rodolphus. C'était étrange. Elle le regardait et ne sentait que du mépris, aucune attirance, mais elle voulait ce sexe, qu'elle voyait entrer, disparaître en elle et réapparaître à chaque coup de rein. Elle avait besoin d'être libérée.

– Retourne-moi, souffla-t-elle.

Dans un geste, Bellatrix se retrouva à quatre pattes au centre du lit. Elle s'étira, les bras en avant, tandis que Rodolphus rentrait de nouveau en elle, plus violemment que jamais. Bellatrix criait. Enfin. C'était assez profond. Elle imagina Lord Voldemort venir en elle de cette façon. Elle s'imagina dans cette position si servile, si soumise contre lui. Cambrée au maximum, elle accueillit le sexe de son mari le plus profondément possible. Elle y était presque. Elle avait Voldemort en tête, son odeur, sa voix, le souvenir de sa peau contre elle. Bellatrix jouit, les lèvres en sang, pour ne pas hurler le nom de son maître tandis que Rodolphus, couvert de sueur, s'écroulait sur son dos, les mains sous elle, sur ses seins.

Bellatrix était essoufflée.

Alors que les filaments oniriques l'atteignaient, qu'un sommeil de plomb semblait l'enfoncer dans le matelas, elle se souvint qu'elle avait complètement oublié de voler un cheveu à Rodolphus.

XxXxXxX

Le lendemain matin, un baiser dans le cou la réveilla. Bellatrix n'avait pas bougé d'un iota. Elle avait dormi d'une traite, sur le ventre, au milieu du lit de Rodolphus. Les baisers continuèrent sur son épaule, ses omoplates, le creux de son dos, ses fesses qu'il embrassa à pleine bouche comme s'il voulait la mordre. Un doigt effleura ses petites lèvres endolories. Les activités de la veille avaient rendu quelque peu sensible cette partie de son anatomie.

– Rodolphus, tu vas être en-retard pour ta mission…

– Oh Bella…

Il la retourna et elle se retrouva dans ses bras. Avec surprise, Bellatrix se rendit compte que le désir revenait ! Que lui arrivait-elle ? Elle écarta mollement les jambes, toute courbaturée qu'elle était, et d'un mouvement ample, Rodolphus s'enfonça en elle. Il faisait horriblement chaud dans l'étreinte de ses bras, le souffle de son mari venait se perdre dans son cou, tandis qu'il s'introduisait en elle. Elle n'aimait pas particulièrement cette sensation mais ses hanches ondulèrent d'elle-même, de faibles gémissements s'échappèrent de ses lèvres, alors que son mari lui faisait lentement et tendrement l'amour. Elle se sentait désarmée, les jambes écartées, serrées autour de lui.

Ce n'était pas le plaisir fou et enivrant de la veille mais elle retrouvait cette sensation bénie de sentir quelque chosela combler. Elle se rendit compte qu'elle avait dormi toute la nuit… sans potion de sommeil. Cela n'était encore jamais arrivé.

– Oh Bella… répéta Rodolphus.

– J'aime quand tu es en moi, Rodolphus…

Un gémissement rauque lui répondit. Il devait croire ses paroles plus romantiques qu'elles ne l'étaient. Bellatrix ne voyait que le côté mécanique des choses – ce sexe gonflé de sang qui rentrait en elle canalisait tout son être.

Il jouit en elle. Elle se plaignit.

– Oh Bella, tu es insatiable.

Il s'écroula contre le matelas, essoufflé, les yeux fermés. Bellatrix le contempla. C'était sûrement ce qu'on pouvait appeler un bel homme. Il était musclé, raisonnablement grand, brun. Elle regarda les quelques poils qui parcouraient son torse puis posa les yeux sur son sexe encore à moitié dressé mais dont la taille avait déjà beaucoup diminué. Bellatrix était émerveillée par la façon dont ce sexe pouvait grossir au point d'emplir parfaitement le sien. C'était indescriptible mais effrayant. Elle avait toujours aimé le sexe. Sa première fois dans les bras de Lord Voldemort avait été une magnifique expérience. Elle avait également toujours aimé coucher avec Rodolphus mais elle se sentait différente. Elle brûlait à présent d'envie. Quelque chose s'était débloqué… ou cassé, en elle. Toutes les raisons qui lui faisaient peur hier, l'électrisaient aujourd'hui. Elle ne craignait plus de faire l'amour avec son maître maintenant. Au contraire, il lui semblait qu'il était tout ce dont elle avait besoin.

Elle se souvint brusquement qu'elle devait le voir aujourd'hui. Le cheveu ! Elle s'approcha de Rodolphus qui vint instinctivement la prendre dans ses bras. Elle glissa une main contre son dos et enroula un doigt dans ses cheveux. Elle n'avait absolument pas prévu d'aller aussi loin avec Rodolphus. Elle voulait juste qu'il lui lèche le sexe : elle se serait accrochée à ses cheveux et aurait pu lui en voler un. Elle serait ensuite rapidement remontée dans sa chambre. Le désir l'avait frappée avec force, inopinément, impoliment. Bizarrement.

– Bella, qu'est-ce qui s'est passé ? murmura-t-il. Qu'est-ce qui a changé ?

– Pourquoi… ça te dérange ? demanda Bellatrix, un peu sur la défensive.

– Bien-sûr que non ! s'empressa de contredire Rodolphus, hier… j'avais jamais connu… Merlin, Bellatrix, rien que d'y penser, tu es plus excitante que tout ce que j'ai vécu.

– Mmh… tu as aimé me baiser hier, hein ? dit-elle en arrachant le cheveu.

– Putain… Je voudrais rester dans ce lit et te baiser une éternité.

Elle rit. Il sourit et la regarda longuement avec une étrange expression sur le visage. Il s'approcha pour l'embrasser mais Bellatrix se recula.

– Va te préparer, le Seigneur des Ténèbres ne t'attendra pas.

Rodolphus soupira mais, reconnaissant la vérité dans ces paroles, se leva du lit. Il disparut dans la salle de bain quelques minutes. Bellatrix s'empressa de faire venir à elle une fiole pour y enfermer le cheveu. Rodolphus ressortit quelques minutes plus tard de la salle de bain en tenue de mangemort, lui souhaita une bonne journée et disparut. Bellatrix se leva elle aussi à son tour, ne pouvant s'empêcher de grimacer à cause de la douleur qu'elle sentait à son entrejambe. Elle n'avait plus l'habitude de tant de frasques. Une fois lavée et préparée, elle vérifia que tous les Lestrange de la maison étaient partis et, avec un peu de trépidation, appuya sa baguette contre sa marque.

Elle attendit vingt longues minutes assise dans l'un des canapés du salon. Elle craignit avoir mal fait et s'apprêtait à l'appeler de nouveau lorsque le Seigneur des Ténèbres fit irruption dans la pièce.

– Bonjour Bellatrix.

– Bonjour Maître, répondit-elle.

Il tendit immédiatement la main. Elle déposa la fiole avec le cheveu sur sa paume.

– Es-tu sûre que c'est le sien ? demanda-t-il de son ton froid habituel.

– Oui, Maître, affirma-t-elle.

Elle rougit de façon inexplicable. Elle se rappelait soudainement tout ce qu'elle avait fait pour obtenir ce cheveu, à quel point cela avait dérapé, les fantasmes qu'elle avait eus en pensant à son maître. Fort heureusement, il ne sembla pas remarquer sa gêne. Il sortit une autre fiole, plus grosse, de sa cape, rempli d'un liquide visqueux et y fit rentrer le cheveu. Elle eut le loisir de contempler le visage de son maître tandis qu'il était concentré avec sa potion – probablement du polynectar. Il était d'une beauté inouïe, cela avait toujours été l'opinion de Bellatrix. Elle ne pouvait expliquer ce qui l'attirait irrémédiablement vers cet homme dont la beauté était si peu conventionnelle. Avec gêne et horreur, Bellatrix sentit l'excitation la saisir de nouveau. Que m'arrive-t-il ? pensa-t-elle, entre désir et désespoir.

– As-tu la clef du coffre ?

– Oui, Maître.

Sur ces mots, Lord Voldemort but la potion et Bellatrix vit avec effarement son maître se transformer en Rodolphus Lestrange. C'était une vision très étrange : c'était bel et bien le corps de son mari qui se tenait au centre de la pièce, mais son regard, sa posture, ses expressions étaient tellement différentes. Elle n'avait jamais vu Rodolphus avec un air aussi menaçant. Elle était stupéfiée.

– Allons-y, indiqua le Seigneur des Ténèbres, en lui tendant le bras.

Le cœur battant, Bellatrix le saisit et ils transplanèrent. Ils se retrouvèrent bien évidemment au Chaudron Baveur. Personne ne savait que les époux Lestrange étaient des mangemorts, et ils furent bien accueillis par Tom, le barman et les clients du bar. Bellatrix était quelque peu amusée par la situation. S'ils savaient que Lord Voldemort se cachait sous l'apparence de Rodolphus Lestrange ! Tous deux ne perdirent pas de temps pour rejoindre le Chemin de Traverse.

Une question taraudait Bellatrix, et elle ne put s'empêcher de la poser :

– Maître, il aurait été tout aussi facile de demander la clef de Reginaldus Lestrange, dit-elle, en tant que chef de la famille Lestrange, cela aurait été plus logique, non ?

– Plus logique pour toi, peut-être, mais c'est toi et Rodolphus qui hériterez du coffre, et l'assurance dont j'ai besoin dans cette affaire, ne sera pas de courte durée. Je souhaite cacher quelque chose dans ce coffre, Bellatrix, et cela pour longtemps. Devrais-je dire plutôt pour toujours.

– Que s'agit-il, Maître ?

– Un objet très rare qui renferme un secret infiniment plus précieux encore.

– Et pourquoi pensez-vous que cela sera en sécurité dans un des coffres de Gringotts ?

Il lui lança un bref regard, un sourire aux lèvres.

– Tu verras.

Ils arrivèrent devant la grandiose entrée de la banque Gringotts.

– Bellatrix, dit-il avant d'entrer, la main fermement serrée sur son bras, cela n'en a peut-être pas l'air mais il s'agit probablement de la mission la plus importante que tu n'accompliras jamais pour moi. Tu ne devras jamaisrévéler ceci à qui que ce soit.

Bellatrix acquiesça, troublée par l'intensité qu'elle avait senti poindre dans sa voix. C'était quelque chose qu'elle avait l'habitude d'entendre dans la voix de Rodolphus. Elle était déçue à ce moment-là de ne pas être face au vrai corps de son maître, tant elle était curieuse de voir et d'entendre à quoi pouvait ressembler Lord Voldemort empreint d'une telle ferveur.

Ils pénétrèrent la banque, et furent rapidement convié par un gobelin à monter dans un wagonnet. Bellatrix n'avait jamais pénétré aussi profondément à l'intérieur des souterrains de la banque. Le coffre des Black faisait pourtant partie des premiers construits. Le wagonnet s'arrêta face à un coffre qui ne s'ouvrait pas seulement par une clef, Bellatrix le vit immédiatement, tant les rouages sur la porte semblaient complexes. Elle s'apprêta à sortir du wagonnet lorsque de l'autre côté, au centre de l'immense grotte, elle y vit un dragon. Un véritable dragon endormi. Elle se tourna vers Lord Voldemort qui la regardait avec amusement. Elle comprenait maintenant l'avantage d'un tel coffre ! Ils descendirent du wagonnet et s'approchèrent de la porte. Le gobelin leur ouvrit. Le coffre était rempli d'un nombre impressionnant de gallions et d'autres objets précieux. Lord Voldemort sortit de sa cape une petite coupe en or. Curieuse, Bellatrix s'en approcha. C'était un objet savamment décoré. Elle hoqueta de surprise en voyant le logo de Poufsouffle sur le devant de la coupe. S'il s'agissait réellement d'un objet ayant appartenu à Helga Poufsouffle, cela devait valoir une fortune. Elle sentit un souffle chaud l'entourer – un souffle qui semblait tout droit sortir de la coupe. Elle approcha une main mais ce fut à ce moment-là que Lord Voldemort s'avança à l'intérieur du coffre – il déposa la coupe au fond du caveau. Il ajouta ensuite plusieurs maléfices et ressortit.

Bellatrix était désireuse de savoir en quoi cet objet était important pour Lord Voldemort, mais elle était maintenant convaincue qu'un grand pouvoir se cachait à l'intérieur.

Lord Voldemort la raccompagna jusqu'au Manoir Lestrange et récupéra son apparence normale presque aussitôt.

– Pour que ce secret soit complètement protégé, tu vas maintenant devoir passer la dernière étape de ton apprentissage, annonça-t-il d'un ton solennel.

Bellatrix était surprise : elle pensait son éducation finie depuis un long moment !

– Il est temps que tu apprennes à fermer ton esprit, expliqua-t-il.

– L'occlumencie ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme.

– Exact, affirma-t-il, je viens cependant de recevoir de nouvelles recrues qui requièrent mon attention et je n'aurai pas de temps à t'accorder avant septembre. Je te demande donc de faire profil bas jusqu'à ce moment-là.

– D'accord, Maître.

Il lui lança un regard pénétrant puis transplana sans un bruit. Bellatrix s'assit sur un fauteuil : elle venait de vivre une journée très différente de son quotidien tranquille. Plus que jamais, elle sentait sa libido revenue, mais celle-ci semblait bien plus débridée qu'avant. Le dernier regard de Voldemort avait suffi à la faire trembler de désir. Était-ce un autre de ces divertissements ? Un dérivatif ? Une feinte ? Le prix à payer ? Après les potions de sommeil et les tortures... Était-ce finalement le sexe qui pourrait la guérir ?

Bellatrix était épuisée par toutes ces questions. Elle s'allongea en travers du fauteuil, maintenant occupée à son passe-temps favori : penser à son maître. Elle considérait être l'une de ses favorites maintenant. Comment pouvait-il en être autrement lorsqu'il avait demandé à ellede cacher cet objet si précieux, et non aux anciens mangemorts, comme Reginaldus ? A cette pensée, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Une ombre vint cependant gâcher ce tableau idyllique. Il avait mentionné de nouveaux mangemorts, et Bellatrix ne pouvait s'en réjouir totalement. Les nouveaux venus pouvaient toujours être des menaces potentielles et voler sa place dans le cercle des mangemorts. Elle était pourtant décidée à ne laisser sa place à personne.