Chapitre X : Le Cercle Restreint
Juillet 1971,
Narcissa et Andromeda étaient installées dans le salon de la demeure à Square Grimmaurd, l'une en face de l'autre, chacune occupée à lire. Andromeda était plongée dans un roman de petite taille au papier glacé tandis que Narcissa avait le nez plongé dans un parchemin assez long à l'écriture fine et serrée. Profitant du fait qu'aucune des deux n'avait remarqué son arrivée, elle se glissa derrière Narcissa et subtilisa son parchemin d'un geste rapide.
– Eh ! Bella ! Rends-moi ça ! s'exclama aussitôt Narcissa, aussitôt redressée, le rouge aux joues.
– … si tu pouvais trouver quelqu'un de confiance pour t'accompagner, je serais heureux de te retrouver dans un endroit discret cette semaine… lut Bellatrix, une inflexion moqueuse dans la voix.
Narcissa bondit de son fauteuil et arracha le parchemin des mains de sa sœur.
– Un endroit discret ? reprit Bellatrix, c'est quelque peu inapproprié, tu ne crois pas ? Ce Malefoy se croit vraiment tout permis !
Le ton de l'aînée des Black était sévère mais un sourire vint éclairer son visage. Narcissa fut instantanément soulagée.
Andromeda et Narcissa étaient rentrées de Poudlard depuis quelques jours. La première attendait impatiemment ses résultats aux ASPICs mais elle était soulagée d'avoir fini ses études. Bellatrix et Rodolphus saluèrent ses parents ainsi que son oncle et sa tante. Bien vite, ils se mirent à table. Sirius qui allait faire sa rentrée en septembre ne cessait de poser des questions à Andromeda tandis que le reste de la famille Black observait un silence contenté après le délicieux festin préparé par Kreattur, l'Elfe-de-maison. Rodolphus avait un bras nonchalamment posé autour des épaules de Bellatrix, et finissait de siroter un verre de vin, un léger sourire en coin.
– Ah, mon cher Orion, vous devriez faire un tour dans la cave de mon père au Manoir Lestrange, il vous montrerait de bien meilleurs vins.
Orion échangea un regard courroucé vers son beau-frère Cygnus, manifestement peu friand des remarques arrogantes de son neveu par alliance.
– Oh mais nous avons des vins de qualité pour les grandes occasions, se défendit aussitôt Walburga, nous ne pensons simplement pas que notre dîner de ce soir mérite un traitement de plus grande ampleur.
Rodolphus leva un sourcil sceptique, et Bellatrix cacha un sourire derrière sa serviette. La voix surexcitée de Sirius leur parvint alors :
– Et qui a gagné la coupe de Quidditch cette année ?
– Gryffondor, répondit Andromeda avec un sourire indulgent.
– Oh ! fit-il d'un air étrange, comme s'il ne savait pas si cela était une bonne ou horrible nouvelle, j'aimerais bien faire partie de l'équipe quand j'aurai l'âge.
– Quidditch ? Qui a le temps de penser à de telles frivolités en ce moment ! s'agaça encore Walburga, tu feras mieux de t'occuper de tes études quand tu seras à Poudlard, Sirius.
– Ta mère a raison, affirma Rodolphus, il ne fait pas bon d'être un faible ces temps-ci, et le Seigneur des Ténèbres n'a que faire des incapables.
– Tout le monde n'a pas vocation à faire partie de ce gang de meurtriers ! s'écria Andromeda d'une voix enflammée, ne dis pas à Sirius ce qu'il doit faire de sa vie.
– Dromeda… gronda Bellatrix d'une voix caverneuse.
– Non, Bellatrix, toi et Rodolphus êtes libres de faire ce que vous voulez de votre vie mais n'embrigadez pas Sirius et Regulus comme vous l'avez fait avec Rabastan !
Un froid polaire se posa sur la pièce à ce moment-là. Si Narcissa et Andromeda étaient au courant pour l'implication de Bellatrix dans l'Ordre des Ténèbres, il n'était pas de même pour ses parents, son oncle et sa tante.
– Rabastan n'a pas eu besoin d'être convain- commença Rodolphus avant d'être interrompu par sa belle-mère, Druella.
– Comment ça ? Es-tu à son service Bellatrix ? interrogea-t-elle, le regard posé sur sa fille dans une expression d'épouvante et de colère mêlées.
Bellatrix darda sur sa petite sœur un long regard noir, puis elle se tourna vers sa mère d'un air malaisé.
– J'ai le courage de mes opinions, expliqua-t-elle seulement, faisant ainsi référence à l'engagement passif de la famille Black dans leurs idéaux suprématistes.
– Le courage de tes opinions ? Et la famille, Bellatrix ? Qui pourra faire des enfants lorsque tu seras frappée d'un sortilège de mort ? Qui s'occupera de tes vieux parents quand tu seras enterrée ?
– Mère, je me bats aux côtés du plus grand sorcier de tous les temps, je n'ai rien à craindre.
Toute la famille les regardait maintenant avec gêne. Druella semblait au bord de l'explosion et observait sa fille d'un air impuissant. Elle se tourna soudainement vers son mari :
– Et toi, cela ne te dérange pas ? Notre fille nous annonce qu'elle est un Mangemort, et tu restes là sans rien dire ?
– Ma chère, les temps changent, tempéra Cygnus, tôt ou tard, nous serons tous amenés à faire un choix.
Rodolphus leva son verre de vin (d'une qualité néanmoins assez bonne pour être de nouveau dégusté) vers son beau-père en signe d'assentiment.
– Je le savais que cela finirait comme ça, grogna Druella d'un air désespéré, dès ce jour où tu as décidé de marier ta fille au fils de Reginaldus Lestrange. Tu le savais, je le savais. Nous savions tous les deux avec qui il était ami depuis Poudlard... Le monde ne savait pas encore de quoi était capable Lord Voldemort à l'époque, mais je l'ai toujours su. Ta fille est maintenant à son service, et cela ne te fait rien ?
Bellatrix était curieuse de savoir ce que voulait dire sa mère. Elle avait su un jour que son père avait été à Poudlard en même temps que Voldemort mais séparés d'un an d'âge ils ne s'étaient jamais réellement fréquentés. Cygnus disait se souvenir d'un sorcier très talentueux avec qui il n'avait échangé que quelques mots tout au plus. Bellatrix n'avait pas pensé un seul instant que sa mère puisse connaître plus de détails sur le Seigneur des Ténèbres car elle était d'un an plus jeune encore que son père. Qu'aurait pu partager Lord Voldemort avec une jeune fille de deux ans sa cadette ?
– Cela ne me fait pas rien du tout Druella, siffla Cygnus avec acrimonie, elle s'est engagée dans l'armée d'un puissant sorcier. Cela me rassure néanmoins de savoir qu'elle n'a pas choisi le côté des perdants.
– Vous avez toujours su que je ne suivrai pas votre modèle, murmura Bellatrix, je fais ce que j'ai toujours voulu et n'ai jamais eu à regretter mon choix.
Elle ignora ostensiblement le regard que glissa Rodolphus sur elle. Elle savait pertinemment à quoi il pensait : Maggins et les tortures qu'il lui avait infligées. Elle balaya ces souvenirs honnis avec rage et posa les yeux sur sa mère qui ne semblait aucunement rassurée par les propos de sa fille aînée.
– Ma chère Druella, dit soudain Walburga, je vous avoue ne pas comprendre… La nouvelle est étonnante, certes, d'autant de la part d'une héritière mais le Seigneur des Ténèbres me semble représenter un merveilleux espoir pour notre monde.
Druelle ignora sa belle-soeur sans cérémonie.
– Et s'il s'agissait de Narcissa ? persifla Druella vers son mari, que dirais-tu alors si notre plus jeune entrait à son service également ?
Cygnus baissa les yeux. Narcissa, installée avec discrétion au bout de la table sembla horrifiée d'être traînée dans cette conversation que personne n'avait vu arriver.
– Cela n'arrivera pas, assura Bellatrix, le Seigneur des Ténèbres n'accepte pas les femmes, je suis l'exception.
Rodolphus émit un étrange toussotement moqueur après cette phrase qui lui fit lever les yeux vers lui d'un air interrogateur. Que voulait-il dire ? Rodolphus évita son regard, et Bellatrix n'eut pas l'occasion de lui demander car Druella venait de se lever de table avec grand bruit. Elle transplana aussitôt, ce qui contraignit Cygnus, Narcissa et Andromeda à les suivre. Cette dernière regarda Bellatrix avec consternation avant de transplaner. Tous semblaient quelque peu affolés par l'issue de cette soirée.
Bellatrix et Rodolphus restèrent quelques minutes de plus en compagnie de Walburga, Orion, Sirius et Regulus puis décidèrent de regagner le Manoir Lestrange. Cette soirée avait été un véritable fiasco.
Une fois à la maison, Rodolphus et Bellatrix dirent bonne nuit à Reginaldus avant de monter se coucher. La jeune fille se dirigea aussitôt vers sa coiffeuse pour y déposer ses boucles d'oreille. Rodolphus la suivit et l'encercla de ses bras.
– Je ne pense pas que le Seigneur des Ténèbres sera fâché d'apprendre que tes parents sont au courant, ce n'était qu'une question de temps depuis que tes sœurs le savent… tenta-t-il de la rassurer, les lèvres à quelques centimètres de la peau de son cou.
Bellatrix déposa ses boucles sur la coiffeuse sans répondre. Elle se détacha légèrement de son mari pour pouvoir brosser ses longs cheveux noirs. Il la regarda à travers le miroir de la coiffeuse avec un léger sourire.
– Ma belle guerrière, chuchota-t-il en l'admirant.
– Pourquoi est-ce que tu as gloussé quand je parlais de ma place auprès de Lord Voldemort ?
– Gloussé ? Un homme ne gloussepas, Bella. Il rit, s'esclaffe, ricane et pouffe parfois mais il ne glousse certainement pas !
– Ne commence pas, gronda-t-elle en levant les yeux au ciel.
Il s'approcha de nouveau d'elle, embrassant ses cheveux puis son cou. Une de ses mains se perdit dans le décolleté de sa robe.
– Pas maintenant, réponds-moi, ordonna-t-elle d'une voix impérieuse.
Rodolphus malaxait son sein tout en continuant de déposer des baisers sur son cou puis ses omoplates.
– Tu le sauras bien assez tôt, chuchota-t-il.
Elle se retourna brusquement vers lui avec exaspération. Le décolleté de sa robe laissait apercevoir le sein que Rodolphus avait caressé, et il plongea aussitôt dessus avec un grognement bestial. Bellatrix soupira tandis qu'il embrassait son sein à pleine bouche.
Depuis le jour où sa libido s'était brusquement rappelée à elle, Rodolphus était devenu très demandeur. Bellatrix ne pouvait le blâmer. Elle avait nourri ce comportement tant le déchaînement de ses passions avait été intense trois jours durant. Au bout de ces trois jours, sa libido était subitement retombée. Ni Bellatrix ni Rodolphus n'avaient compris ce brusque retour à la réalité. Cela leur semblait quelque peu étrange mais la contrepartie de cette période de désir exacerbé était tellement bénéfique que cela ne les prédisposait plus vraiment à chercher la raison d'un tel changement. Il était maintenant étrangement beaucoup moins compliqué pour la jeune fille de faire l'amour. Leur vie sexuelle avait depuis un parfum de confort et de facilité qui donnait à leur quotidien une teinte de supportable.
Bellatrix se dit qu'il serait beaucoup plus aisé de lui soutirer des réponses une fois que le désir de son mari serait assouvi. Elle s'installa sur sa coiffeuse, écarta sa culotte d'un doigt et laissa son mari s'installer entre ses cuisses. Il s'introduisit en elle presque aussitôt. L'acte ne dura pas longtemps mais apporta la douce torpeur réconfortante que Bellatrix appréciait de plus en plus. Une fois satisfait, Rodolphus porta Bellatrix jusqu'à leur lit et la serra contre son torse. Bellatrix sentit son cœur qui battait encore la chamade contre sa poitrine.
– Il y a une femme dans les nouvelles recrues ? demanda Bellatrix, un nœud d'angoisse dans son ventre.
– Mmh, murmura Rodolphus en opinant du chef, les yeux fermés, près de s'endormir.
– Comment est-elle ?
Il y avait une sorte de crainte dans la voix de la jeune fille. Rodolphus resta silencieux de longues secondes tandis que sa respiration devenait de plus en plus profonde.
– Rousse, finit-il par marmonner en resserrant ses bras autour de Bellatrix.
Il s'endormit.
XxXxXxX
Alecto Carrow. C'était son nom. La deuxième femme acceptée dans les rangs de Lord Voldemort. Bellatrix, assise entre Rodolphus et Rabastan à la droite de Lord Voldemort ne cessait de l'observer depuis le début de la réunion. Il s'agissait d'une jeune femme d'une vingtaine d'année, aux longs et lourds cheveux auburn bouclés qui, d'une mèche, cachaient des yeux bleu-gris dont les regards froids se réchauffaient souvent d'un sourire narquois. Elle ne pouvait pas être considérée comme une grande beauté - ses traits étaient trop grossiers, son corps trop charpenté - mais Bellatrix sentait chez elle une assurance et une aisance déconcertantes.
Même du bout de la table, elle osait regarder Lord Voldemort droit dans les yeux, sans peur. Elle n'était pas la seule recrue arrivée ce jour-là mais tous les anciens Mangemorts semblaient obnubilés par elle, y compris Bellatrix. De sa place éloignée, les têtes enivrées avaient du mal à rester tournées vers Lord Voldemort. Invariablement, un Mangemort ou deux, louchaient grossièrement entre ses boucles rousses et le décolleté généreux à la peau laiteuse offerte par sa robe cintrée rouge sang. Bellatrix la détesta aussitôt… Elle devinait aisément quels parallèles les hommes avaient pu faire entre Alecto Carrow et Bellatrix Lestrange : deux sorcières engagées, puissantes, au caractère affirmé et à l'allure provocante. Or, en la voyant étaler ses charmes sans vergogne et regarder leur Maître avec cette effronterie crasse, Bellatrix ne voyait pas une combattante, mais une vulgaire putain. Était-ce ce que les autres Mangemorts voyaient aussi ? Était-elle ainsi considérée par ses pairs, et plus particulièrement, par son Maître ?
– Je vous présente donc nos nouveaux venus : Andrew Crabbe, Walden Macnair, Amycus Carrow et sa sœur, Alecto Carrow, déclara Lord Voldemort après un bref compte-rendu de leurs dernières activités, je vous demande de les accueillir chaleureusement.
À ces mots, plusieurs Mangemorts ricanèrent doucement en se regardant d'un air torve. Bellatrix était profondément dégoûtée. Au bout de quelques minutes de présentation, Lord Voldemort congédia ses fidèles à l'exception de son cercle le plus intime, à savoir ses premiers Mangemorts : Reginaldus Lestrange, Enguerrand Avery, Ennius Rosier, Charles Mulciber, Antonin Dolohov et Georges Nott. Bellatrix, Rodolphus et Rabastan se levèrent d'un même corps mais d'un geste discret, Voldemort attira l'attention du couple Lestrange et leur fit signe de s'asseoir à nouveau. Bellatrix et Rodolphus eurent du mal à cacher leur joie tant il était extrêmement rare de faire partie de cette sphère des Mangemorts. Ils attendirent en silence que la salle se vide tandis que Voldemort engageait une conversation à voix basse avec son voisin de droite, Avery. Bellatrix sentit soudain une main tapoter son épaule. Elle se retourna et vit Alecto Carrow qui se tenait derrière sa chaise, un large sourire aux lèvres :
– Vous êtes Bellatrix Lestrange, si je ne m'abuse ?
Bellatrix eut envie de faire une remarque sur ses manières déplacées mais se contenta d'acquiescer, sans dire un mot.
– Quel soulagement de voir qu'une autre présence féminine charme notre cause, s'exclama-t-elle d'une voix enjouée qui cachait pourtant un léger souffle glacial, je me languis de me battre à vos côtés, Bellatrix.
– J'espère que vous en aurez le loisir, répondit Bellatrix avec un léger sourire, car au regard de votre présentation, il semble que l'utilité toute particulière de votre présence féminine dans nos rangs ne servira pas uniquement à charmer les champs de bataille.
Bellatrix eut le temps d'apercevoir la mine déconfite d'Alecto avant de se retourner vers la table. Elle croisa aussitôt le regard presque amusé de Lord Voldemort qui venait d'interrompre sa conversation avec son voisin.
Une fois le reste des fidèles partis, il reprit la parole :
– Il est une dernière recrue que je me dois de vous présenter. Je ne peux pas prendre le risque d'exposer son identité à tous mes fidèles. Suivez-moi.
Les huit Mangemorts suivirent Lord Voldemort à travers le couloir sombre et lugubre qui menait à ses appartements. Dans le salon se tenait un homme d'une trentaine d'années aux cheveux bruns, debout au milieu de la pièce :
– Voici Augustus Rookwood, actuellement en poste au Département des Mystères qui a une information capitale à nous révéler.
Tous s'assirent sur les différents canapés du salon. Rookwood avait une voix grave et morne. Si le sujet n'avait pas été aussi sérieux, Bellatrix aurait été bien en peine de l'écouter sans s'endormir.
– Dumbledore a nommé ce groupe, l'Ordre du Phénix, et les membres sont de plus en plus nombreux. Il est impossible de savoir où ils se regroupent mais les informations que j'ai pu glaner m'indiquent un endroit tenu au secret, probablement par le Fidelitas, expliqua Rookwood d'un air impassible.
– Représente-t-il une menace sérieuse, Maître ? demanda Enguerrand Avery, un verre de Scotch à la main.
– Si le groupe est secret, cela indique probablement que Dumbledore se doute que nous avons des espions partout au Ministère de la Magie. Cela ne peut pas être un bon signe pour eux, répondit Voldemort, cela dit, nous serions mal avisés de le sous-estimer… Dumbledore est un vieux fou mais il reste tout de même l'un des sorciers les plus puissants que j'aie pu rencontrer. S'il a décidé d'agir contre nous, il trouvera les moyens de nous affecter, y compris dans nos rangs. Je vous demande donc d'être vigilants sur les nouvelles recrues mais également sur les anciennes. Observez-les, faites-les parler, écoutez-les et n'hésitez pas à me rapporter tous les éléments, même futiles, qui vous paraîtraient étranges. Est-ce compris ?
Les Mangemorts hochèrent la tête. Bellatrix essayait de ne pas le montrer mais elle était en extase. Elle avait réussi ! Elle faisait indubitablement partie des Mangemorts que Lord Voldemort considérait comme les plus loyaux et fidèles. Enfin !
XxXxXxX
Août 1971,
– Je suis désolée Rodolphus, murmura Bellatrix, impuissante face à la tristesse de son mari.
Reginaldus Lestrange venait d'être retrouvé mort dans une taverne de l'Allée des Embrumes, tué selon des témoins par un jeune homme roux dont la description correspondait à celle de Fabian Prewett. Selon Augustus Rookwood, les frères Prewett faisaient partie de l'Ordre du Phénix. Reginaldus était alors en mission pour le Seigneur des Ténèbres. Ce dernier n'avait pas pris la nouvelle avec facilité. Reginaldus avait été à ses côtés depuis le tout début – il avait été son ami à Poudlard et lui était resté fidèle depuis lors. Sa mort était une immense perte pour l'Ordre des Ténèbres.
Bellatrix était incapable de gérer ce genre d'événements. Le Manoir Lestrange était horriblement silencieux. Rabastan s'était enfermé dans sa chambre après l'enterrement sans dire un mot et Rodolphus s'était aussitôt réfugié dans le salon. Il ne cessait de se remplir des verres du whisky pur feu de très haute qualité qui avait appartenu à son père. En moins d'un an, Rodolphus avait perdu son père et sa mère. Il était maintenant orphelin et chef de la famille Lestrange.
– Par pitié, dis quelque chose, je ne sais pas du tout quoi faire, avoua Bellatrix dans un soupir.
Rodolphus ricana. Il était à califourchon sur une chaise, la tête posée sur le dossier. Il ne quittait pas l'ambre de son verre des yeux.
– Tu n'es pas très douée pour réconforter les gens, marmonna-t-il.
– Non… mais je sais des choses, et je sais que tu ne passeras jamais à autre chose en t'apitoyant ainsi sur ton sort.
D'un œil alcoolisé, il lui jeta un regard de travers.
– Ferme ta gueule, Bella…
– Charmant, répondit-elle avant de se lever du canapé en cuir où elle était installée.
Elle s'approcha de Rodolphus pour se servir d'un verre de Whisky.
– Que puis-je faire pour toi mon petit mari ? susurra-t-elle d'une voix presque moqueuse, dis-moi ce qu'il est attendu d'une femme en pareille circonstance.
Rodolphus ferma les yeux sans lui répondre. Bellatrix l'observa un instant avant de vider son verre d'un trait. Elle éclata soudainement de rire.
– J'ignore totalement ce qu'une femme normale ferait… chuchota-t-elle avec amusement, mais je sais exactement ce que mon mari aime que sa femme lui fasse.
Le temps de quelques secondes, Rodolphus n'entendit plus rien et crut qu'elle était partie mais lorsqu'il rouvrit les yeux, elle était nue devant lui. Elle s'installa sur le canapé en cuir qu'elle venait de quitter et lui lança un sourire goguenard.
– Allons… Lord Lestrange, ne restez pas là à rien faire, votre lady vous attend.
Un peu chancelant, Rodolphus se leva alors de sa chaise et vint chercher le seul réconfort que sa femme pouvait lui donner.
XxXxXxX
Un mois s'écoula. L'ambiance était triste et pesante au Manoir Lestrange, et Bellatrix commençait à sentir les affres inquiétantes de l'ennui. C'était une sensation qu'elle détestait. L'ennui apportait toujours son lot de pensées déplaisantes. Ce jour-là serait différent. Elle avait sa première leçon d'Occlumancie. Le Seigneur des Ténèbres lui avait donné rendez-vous dans dans la vaste salle de potions qu'elle avait déjà visité lorsqu'il lui avait préparé sa première potion de sommeil.
Arrivée en avance, elle attendit son maître en parcourant les nombreux rayons de potions dans la salle. Elle reconnaissait certaines – celles qu'elle avait étudié à Poudlard, et certaines qu'elle avait découvertes dans le grimoire que le Seigneur des Ténèbres lui avait prêté l'année passée, La Magie noire et ses maléfices Vol. III. D'ordinaire, elle n'était pas particulièrement intéressée par les potions mais depuis qu'elle avait goûté à l'effet de la potion de sommeil, elle s'était trouvé une toute nouvelle curiosité sur le pouvoir de cette branche de la magie. Elle remarqua quelques coffres en bois cadenassés sur les étagères des rayons avec des inscriptions tels que 7S, ou encore LV. Bellatrix se demanda ce que ces codes signifiaient, mais elle imagina que LV correspondait à Lord Voldemort. Elle était en train de tendre la main vers un énorme coffre au fond d'une des allées dont la mention était LTLV lorsqu'elle entendit le grincement de la porte. Elle interrompit aussitôt son geste et s'éloigna des rayons.
Au centre de la pièce, Lord Voldemort lui lançait un regard perplexe.
– Cherchais-tu quelque chose ? demanda-t-il.
– Non, Maître, j'essayais simplement de reconnaître certaines potions.
– En as-tu reconnu ?
– Quelques-unes… répondit-elle, avant de désigner du doigt la potion de sommeil.
– Tu peux la prendre, proposa-t-il.
– Je n'en ai plus besoin, avoua Bellatrix, un peu gênée.
Lord Voldemort sourit.
– Très bien.
Elle ne put s'empêcher de rougir un peu. Incapable de soutenir le regard perçant de son maître, elle s'empressa de prendre la parole pour dissiper son trouble :
– En quoi consiste l'Occlumancie, Maître ?
– L'Occlumancie est la seule manière de résister à une pénétration de l'esprit, elle te sera indispensable si tu te fais interroger par des Legilimens. Fort heureusement, je ne connais pas plus de deux Legilimens dignes de ce nom : Albus Dumbledore et moi-même.
Bellatrix se dit que le secret contenu dans le coffre des Lestrange à Gringotts devait être d'une très grande importance si le Seigneur des Ténèbres tenait tant à protéger son esprit.
– Pourrais-je un jour devenir Legilimens moi-même ? demanda-t-elle d'un air mutin.
– Peut-être… répondit Voldemort avec un léger sourire en coin, mais l'Occlumancie est la première étape.
– Comment allons-nous procéder ?
Lord Voldemort sortit doucement sa baguette de sa cape, et la brandit face à Bellatrix.
– Comme ça…Legilimens !
Un tourbillon d'émotions et de pensées désarticulées envahirent alors la jeune fille. Elle se vit à quatre ans dans la chambre parentale regarder par-dessus la corbeille d'un berceau le visage rose d'un nouveau-né avec un violent sentiment de jalousie. À sa droite, le visage de la petite Andromeda arbore un air de joyeuse curiosité. Clac.Elle est assise sur un tabouret, un chapeau sur la tête qui lui murmure : Tenace, déterminée, courageuse et ambitieuse… SERPENTARD! Clac. Rodolphus marche à côté d'elle, un sourire goguenard aux lèvres et tout en la regardant, il pousse d'un geste désinvolte le Gryffondor devant lui qui dégringole dans les escaliers. Bellatrix hurle de rire. Clac. C'est l'été. Square Grimmaurd. Devant les grandes fenêtres aux rideaux rouges, un sorcier habillé de noir la fixe du regard. Clac. Le même sorcier est sur elle, gémit à son oreille…
Ce fut à ce moment-là que Bellatrix lutta de toutes ses forces. Elle ne voulait pas que le Seigneur des Ténèbres voie tout cela. Elle tenta de bloquer l'intrusion impérieuse en se concentrant sur d'autres pensées mais Lord Voldemort devint alors plus incisif. Dans l'esprit de Bellatrix, mille détails qu'elle chérissait lui échappèrent comme des gouttes d'eau au creux de ses poings serrés : le souffle de son maître sur elle, la douleur dans son intimité mêlé au plaisir étrange de le sentir en elle, la pression de ses mains, le mouvement implacable de son corps contre le sien, et son cœur qui explosait de bonheur… Stop, supplia-t-elle avant de se détourner de toutes ses forces.
Lord Voldemort baissa sa baguette. Bellatrix se rendit compte qu'elle était tombée à terre, au pied de son maître. Elle n'osait lever les yeux vers lui tant la honte l'étreignait.
– Relève-toi, ordonna-t-il d'une voix calme.
Bellatrix reconnut l'accent glacial habituel de sa voix mais aucune colère. Elle se hâta de lui obéir et tenta un regard en sa direction. Il la dévisageait sans sourire mais avec une sorte de satisfaction contenue. Bellatrix fut immédiatement soulagée.
– Il y a encore du travail… Tu me laisses pénétrer ton esprit comme si tu m'y avais invité, déclara-t-il.
– J'ai pourtant essayé de vous repousser Maître… assura-t-elle, le cœur encore battant.
– Tu ne dois pas essayer de me repousser, tu n'y arriveras pas, lui expliqua-t-il, plus tu résisteras sur une même pensée, plus il me sera facile de savoir où forcer. Résister est une technique convenable pour les piètres Legilimens, mais face à moi, c'est totalement inefficace.
– Que dois-je faire alors ?
– Essaye de me guider vers des pensées que tu as choisies au lieu de m'entraîner vers celle que tu ne veux absolument pas que je voie.
Bellatrix baissa la tête, les joues rosies.
– Même s'il est étrange, selon moi, de vouloir garder secret un souvenir que nous partageons tous les deux. N'as-tu donc rien à me cacher, Bellatrix ?
Elle entendit l'amusement dans sa voix, et cela la fit sourire.
– Non, Maître, murmura-t-elle.
– C'est ce que nous allons voir… Legilimens!
XxXxXxX
Après ce premier cours, Lord Voldemort avait convenu qu'il faudrait plusieurs séances à Bellatrix afin de maîtriser complètement l'Occlumancie. Non pas qu'elle eût été complètement mauvaise mais son impulsivité et sa fougue qui pouvaient en d'autres circonstances lui être d'une grande utilité étaient des freins à l'apprentissage de cette technique magique. Pour être un bon Occlumens, et a fortiori, un bon Legilimens, il était essentiel de faire barrage à toute émotion, et de savoir maîtriser à la perfection son esprit. Son maître lui avait néanmoins affirmé qu'elle avait compris le sens dans lequel elle devait travailler, et cela la rassurait. Tout ce qu'elle avait appris du Mage Noir jusqu'ici, notamment les Impardonnables, ne lui avait pas semblé d'une infinie complexité, même si leur degré d'apprentissage excédait de loin le programme académique de Poudlard. L'Occlumancie, en revanche, était un domaine nébuleux, pour elle, qui demanderait beaucoup de travail.
Il était tard lorsqu'elle rentra au Manoir Lestrange ce soir-là. En entrant dans sa chambre, elle aperçut son mari qui dormait à plat ventre dans leur lit. Elle le regarda longuement sans savoir quoi faire… En son for intérieur, elle reconnaissait qu'il y avait quelque chose d'étrange dans sa sexualité ces derniers temps. La plupart du temps, elle essayait de ne pas y penser car les réflexions autour de sa vie sexuelle l'amenaient invariablement à revivre les moments horribles d'automne dernier.
Aussi étrange que cela pouvait paraître, l'accès d'érotisme et de désir irrépressible chez Bellatrix était passé sans signe avant-coureur. Elle s'était réveillée un matin dans le lit de Rodolphus, sans envie, sèche et morne. Le souvenir brûlant de ses accouplements extatiques la laissaient pourtant envieuse de cette liberté folle dont elle avait pu jouir nuit après nuit au début de l'été. La première fois qu'elle dut de nouveau repousser Rodolphus, il s'était offusqué :
– Ce n'est pas normal Bellatrix, avait-il soupiré avec frustration, un jour tu me sautes dessus et le lendemain t'es plus frigide que McGonagall !
– Que veux-tu que je te dise Rodolphus ? Je n'ai plus envie de toi, voilà tout.
Bellatrix avait balayé l'expression incrédule du visage de son mari avec nonchalance. Elle savait que ce n'était pas normal. Evidemment. Elle ne pouvait nier qu'elle était tremblante de peur à l'idée qu'elle était en train de devenir complètement folle. D'un autre côté, Bellatrix ne voyait plus le sexe comme un danger. Le simple fait de savoir qu'elle avait été capable d'une telle sensualité débridée la réconciliait avec le sexe. C'était devenu plus facile. Son désir n'était plus aussi brûlant et impérieux mais il revenait à elle par vagues mollassonnes, comme un creux dans le ventre qu'elle nourrissait, par intérêt ou par curiosité. Bellatrix s'était aperçu qu'elle était même encore tout à fait capable de se toucher toute seule. Peut-être avait-elle simplement moins envie de coucher avec Rodolphus comme elle l'avait elle-même proféré. Au fond d'elle, un doute persistait. Ce ne pouvait pas être aussi simple, mais elle n'était pas disposée à se torturer davantage sur cette question. L'important était que d'une façon ou d'une autre, elle se sentait mille fois mieux que six mois auparavant.
Elle aperçut une lettre encore cachetée sur sa table de nuit, et reconnut immédiatement l'écriture de ses parents. Elle soupira. Elle n'aimait pas beaucoup recevoir des nouvelles de ses parents, c'était en général peu plaisant à lire. Leur dernière lettre faisait des dizaines de centimètres dans lesquels ils se plaignaient de la répartition de Sirius à Poudlard. Son jeune et idiot cousin avait été réparti à Gryffondor ! Cela faisait des décennies que cela n'était pas arrivé dans la famille des Black, et il avait fallu que cela tombe sur l'héritier de la famille ! Quel scandale. Bellatrix était consternée également. Elle n'avait pas fait suffisamment attention à son cousin ces derniers temps mais il avait toujours alimenté une curiosité déplacée. Un peu comme Andromeda… Bellatrix rejeta ces pensées, et s'apprêta à s'installer dans son lit pour lire la lettre de ses parents.
Elle n'en eut néanmoins pas l'occasion. Une douleur aigue lui transperça l'estomac au moment où elle se penchait pour l'attraper. Elle s'assit sur le lit, tentant de maîtriser ses exclamations de douleur et d'apaiser les spasmes dans son ventre. À côté d'elle, Rodolphus ronflait toujours. Le mal s'accentua encore. Bellatrix se mit à trembler tandis qu'elle sentait son front et le bas de son dos perler de sueur. Elle voulut se relever pour atteindre la salle de bain mais elle n'en eut pas la force – tout son corps s'électrisait de douleur dès qu'elle essayait de bouger. Sa chemise de nuit se couvrait peu à peu de sang au niveau de son entrejambe. Bellatrix était maintenant terrifiée. Glissant la main sous le négligé, elle s'aperçut qu'elle saignait abondamment. Ce ne pouvait être ses règles… Cela ne lui avait jamais fait tant souffrir.
– Rodolphus ! appela-t-elle, paniquée.
En un instant, le mangemort était réveillé. Il ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Bellatrix était dos à lui, quasi immobile à l'exception de ses tremblements. Comprenant que quelque chose ne tournait pas rond, il se leva et contourna le lit. Ce qu'il vit lui glaça le sang. Le jupon de la chemise de nuit de Bellatrix était couvert de sang, et celle-ci regardait, apeurée, ses mains rouges et grelottantes.
– Par Merlin, Bella…
– Appelle un médicomage !
– Qui ?
Il était devenu trop dangereux pour Rodolphus de se rendre dans un endroit public comme Ste Mangouste. Même s'il n'y avait pas de preuve, il était suspecté d'être un mangemort par les aurors. Il n'était pas dans leur intérêt d'être examinés par les médicomages de l'hôpital magique en ce moment.
– Alecto a fait des études de médico-
– NON ! N'importe qui, sauf elle ! cracha Bellatrix, pliée en deux.
– Bella…
Sa supplication fut noyée dans les cris de Bellatrix. Il transplana sans attendre. Lorsqu'il réapparut quelques minutes plus tard, ce fut en compagnie de la mangemort rousse que Bellatrix méprisait. La souffrance noya les protestations véhémentes qu'elle voulait proférer.
En-dépit de la méfiance de la jeune fille, il ne fallut qu'un coup d'œil à Alecto pour analyser la situation.
– Il faut l'allonger sur le lit.
Rodolphus s'exécuta aussitôt, puis il s'agenouilla à côté de sa femme.
– Revelio, souffla Alecto.
Elle s'approcha davantage et lança un sort d'apaisement. Les spasmes cessèrent mais Bellatrix sentait toujours son corps s'embraser. Alecto sortit une fiole du sac en cuir qu'elle avait emporté puis s'installa en bas du lit. Rodolphus guettait avec appréhension les expressions qui glissaient sur le visage de la mangemort. Il la regarda recueillir quelques gouttes de sang qu'elle versa dans une fiole au contenu transparent. La potion vira au bleu en quelques secondes. Les lèvres d'Alecto se tordirent en une moue moqueuse.
– Elle n'a pas perdu le bébé.
– Quoi ? souffla Rodolphus d'une voix blanche.
Bellatrix entendit les mots que venait de prononcer Alecto sans les comprendre. Elle observa le visage rond de la mangemort pour y détecter une moquerie ou un mensonge mais elle semblait parfaitement sérieuse.
– Ce n'est pas possible… reprit Rodolphus, elle ne peut pas tomber enceinte.
– Il y a pourtant bien un bébé dans ce ventre, contrecarra Alecto, l'efficacité de cette potion est prouvée.
– Je n'ai plus d'ovaires… siffla Bellatrix, les dents serrées, comment peut-il y avoir un bébé si je n'ai pas d'ovaires, espèce d'idiote ? Il y a forcément un problème avec ta potion !
– Je ne suis pas médicomage mais je sais que cette potion est infaillible, répondit la rousse d'un air supérieur.
– Rodolphus, va me chercher un vrai guérisseur immédiatement, et sors cette incompétente de ma chambre !
– Bella… commença Rodolphus avant d'être interrompu par le regard fielleux de sa femme.
– D'accord, d'accord… Reste ici, ne bouge pas, je reviens dès que possible.
Il lança alors un regard d'excuse à Alecto, et tous deux transplanèrent, laissant Bellatrix seule dans sa chambre. Le sortilège d'apaisement avait un peu calmé la douleur. Elle fut néanmoins saisie de panique tandis que les mots de cette intrigante rousse se répétaient dans sa tête. Ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas être enceinte. Elle avait détruit ses ovaires à jamais. Les médicomages à Ste Mangouste avaient dit que c'était irrémédiable. Ce ne pouvait être qu'une erreur. Par Merlin, faites que ce soit faux ! supplia-t-elle, les larmes aux yeux.
Elle attendit de longues minutes, sans bouger d'un centimètre, au centre de son lit trempé de sang. La douleur s'était lentement évaporée mais la terreur ne l'avait pas quittée. Le bruit caractéristique du transplanage résonna plusieurs fois dans la pièce. Trois hommes se tenaient maintenant devant son lit. Tous arboraient une expression différente. À gauche, Rodolphus était nerveux : l'expression de son visage oscillait entre inquiétude et espoir. À droite se tenait un homme qu'elle avait rencontré un an auparavant, le médicomage français Edgar Mirepoix, dont le visage était blanc de craie. Au centre, le plus grand des trois hommes la fixait d'un air sombre et menaçant.
– Maître…
