Bonjour à tous,
Voici le seizième chapitre de la fanfiction, qui compte plus de 13 000 mots. Je savais qu'il serait long, mais c'est tout de même un sacré morceau ! C'est un chapitre quelque peu transitoire, presque comme un interlude, afin d'entamer la dernière ligne droite de cette fanfic, qui réserve encore quelques surprises. Ce chapitre est donc très différent des autres, plus ancré dans mon imagination que le reste, que j'essaie de garder proche du canon. J'espère qu'il vous plaira malgré cette différence. Quoi qu'il en soit, c'était un passage obligé avant de continuer l'histoire.
Bonne lecture !
Chronologie des évènements à se souvenir pour ce chapitre :
· Juillet 1969 : Lors de sa toute première mission, Bellatrix tue Isabella Jdanov, la toute jeune femme de Dmitri Jdanov, un mage noir russe, ayant fui l'Europe après la chute de Grindelwald, à New York. Avant d'être tuée, Isabella lui révèle les origines de Lord Voldemort.
· Janvier 1970 : Bellatrix avale une potion et dévient stérile par choix.
· Juillet 1970 : Anniversaire d'Andromeda. Rodolphus, Rabastan, Andromeda, Narcissa, Sirius et Régulus découvrent la Marque des Ténèbres de Bellatrix.
· Octobre 1970 : Bellatrix est enlevée et torturée par Maggins. Mère Lestrange est tuée. Contre-attaque des mangemorts, Bellatrix est sauvée et soignée par Edgar Mirepoix, un médicomage français débauché par Reginaldus Lestrange, qui en profite pour lui régénérer ses ovaires à la demande de Reginaldus.
· Février 1971 : Rodolphus et Bellatrix essaient de surmonter les traumatismes de Bellatrix et d'avoir un rapport sexuel. Sans succès.
· Juin 1971 :Voldemort rend visite à Bellatrix au Manoir Lestrange alors qu'elle se prélasse sur la pelouse du parc, et lui demande de récupérer un cheveu de Rodolphus, afin de se rendre à Gringotts avec lui et d'avoir accès au coffre des Lestrange. Il en profite pour verser discrètement un peu de potion d'Eros dans sa cruche de jus de citrouille.
· À différents moments de l'histoire, Bellatrix essaie de résoudre le mystère entourant le nom de « Ludmilla Thenn » mentionnée plusieurs fois :
a. son Maître lui concocte une potion de sommeil sans rêves en créditant Ludmilla Thenn.
b. Bellatrix trouve des inscriptions telles que LT, ou LVLT, ou encore 7S étiquetées sur des potions dans le laboratoire du quartier général.
c. Druella Black, la mère de Bellatrix, lui apprend que la jeune Ludmilla Thenn a enseigné à Poudlard en 1944 jusqu'aux vacances de Pâques 1945, pendant lesquelles elle a disparu.
d. Druella dit aussi avoir été témoin d'une scène étrange à Poudlard lorsqu'elle était étudiante pendant laquelle la jeune professeure semblait supplier Tom Jedusor.
Chapitre XVI: L'Héritier de Serpentard
Plongée dans les volutes argentées de la pensine, Bellatrix comprit rapidement qu'elle n'exerçait qu'un contrôle limité sur les souvenirs qui s'offraient à elle. Enfermée dans un rôle de spectatrice, elle demeurait impuissante, confinée aux marges des réminiscences de son Maître.
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Janvier 1970,
Manoir Lestrange.
Dans le salon austère du manoir Lestrange, les flammes crépitaient dans l'âtre de la cheminée, projetant sur les murs lambrissés des ombres vacillantes, semblables à des spectres dansants. Deux hommes occupaient la pièce: le premier, grand et drapé dans une robe noire, se tenait immobile près du foyer, son regard fixé sur les braises comme s'il y discernait de sombres desseins. Le second, un quadragénaire au visage marqué par l'irritation, arpentait la pièce d'un pas agité, ses bottes malmenant sans retenue le tapis luxueux qui s'étendait entre le canapé et la table basse.
Non loin de là, une femme frêle et discrète, presque effacée, était assise sur le canapé. Ses mains, entrelacées avec nervosité, trahissaient l'anxiété qui pesait sur l'atmosphère tendue.
— Je n'arrive pas à croire à la folie de cette petite idiote! fulmina Reginaldus Lestrange.
—Elle s'est révélée être une déception monumentale, ajouta froidement la femme, d'une voix plus basse mais non moins cinglante.
—Quant à cet excentrique de Cygnus, il s'est montré parfaitement incapable d'élever sa fille correctement, reprit Reginaldus, ignorant ostensiblement la présence de son épouse.
Son regard, en revanche, revenait sans cesse vers Lord Voldemort, dont la silhouette immobile, dos tourné, dominait la pièce.
—Nous savions qu'elle avait un caractère rebelle, mais cette folie dépasse tout entendement! Elle met en péril ma lignée! Quelle sorte de sorcière s'en prend à ses propres ovaires? s'indigna-t-il, le visage empourpré par la fureur.
—C'est tout bonnement abominable, murmura la femme en écho, sa voix empreinte d'un mélange de dégoût et de résignation.
Reginaldus secoua la tête avec véhémence avant de poursuivre :
—Si elle était ma fille ou ma femme, je lui aurais administré une correction dont elle se souviendrait! Mais Rodolphus… lui, il se montre bien trop indulgent. Cette union était censée être une bénédiction pour notre famille! Les Black et les Lestrange: deux lignées d'une pureté sans égale, enfin réunies. Et voilà que tout est gâché!
La femme, pâle et fébrile, mordit nerveusement ses lèvres tout en triturant l'ourlet de sa robe. Ce fut à cet instant que Lord Voldemort se retourna, enfin, brisant le silence pesant qu'il avait imposé jusque-là. Son regard perçant se posa tour à tour sur les deux époux.
—Comment Rodolphus a-t-il réagi? demanda-t-il, d'un ton glacial qui ne laissait rien transparaître de ses pensées.
—Pas si mal… marmonna Reginaldus, visiblement mal à l'aise. Mon fils a toujours eu un faible pour cette fille. Il est surtout soulagé qu'elle ait survécu.
Le mage noir, impassible, posa une autre question, son ton toujours mesuré :
—Et son état?
Reginaldus haussa les épaules d'un geste brusque.
—Elle est toujours à Sainte-Mangouste. Disons qu'elle n'est pas dans la meilleure des formes, mais cela lui servira de leçon.
Le patriarche hésita un instant, le regard fuyant, puis osa enfin poser la question :
—Maître, ne connaîtriez-vous pas un sort ou une potion pour réparer son erreur ?
Le mage noir esquissa un sourire fugace, teinté d'ironie.
—Je n'ai pas ce pouvoir, je le crains. La médicomagie n'a jamais été ma spécialité.
Le ton était mordant, presque moqueur. Reginaldus, imperturbable, se redressa, l'air toujours furieux.
—Si Bellatrix ne peut plus procréer, elle ne m'est plus d'aucune utilité en tant que belle-fille ! s'insurgea-t-il.
Voldemort, toujours aussi impassible, répliqua d'un ton plat :
—Vous avez un second fils… Il est tout à fait envisageable de marier Rabastan à la deuxième fille de Cygnus Black.
À ces mots, Madame Lestrange, jusqu'alors figée, releva brusquement la tête. Cette suggestion sembla également prendre Reginaldus de court, et il balbutia, cherchant ses mots :
—C'est… c'est effectivement envisageable, mais rien n'indique que la deuxième ne soit pas aussi incontrôlable que la première !
Voldemort esquissa un sourire à peine perceptible, son amusement presque palpable.
—Ne sois pas aussi défaitiste, mon ami. Je ne doute pas qu'au moins un des fils Lestrange parvienne à dompter une des filles Black, même si elles s'avèrent… récalcitrantes.
Son sourire s'étira légèrement, révélant une lueur ironique dans ses yeux. Reginaldus, cependant, était bien trop préoccupé pour remarquer l'humeur de son interlocuteur.
—Maître, je sais que cela peut vous sembler trivial, mais nous parlons ici de l'avenir de ma famille. Rabastan et Rodolphus sont les derniers représentants du nom Lestrange! La décision de Bellatrix de devenir stérile est un coup terrible porté aux familles de Sang-Pur. Nous manquons cruellement de jeunes filles dignes de perpétuer nos lignées. La situation est critique : il y a bien plus d'hommes que de femmes parmi les Sang-Pur !
Voldemort l'observa un moment, son expression redevenue indéchiffrable. Puis il déclara, d'un ton glacial :
—Je compatis à ton sort, Reginaldus, mais je ne saisis pas ce que tu attends de moi.
Reginaldus hésita de nouveau, le visage marqué par une expression de doute.
—S'il n'est pas possible de guérir Bellatrix, serait-il envisageable d'annuler leur mariage ?
Le mage noir haussa un sourcil, légèrement agacé.
—Annuler ? Mais leur union a été prononcée il y a six mois, contra-t-il en fronçant les sourcils.
Reginaldus, visiblement préparé à cette objection, se redressa légèrement avant de répondre:
—Il n'a pas encore été consommé, Maître.
Un éclat d'intérêt passa fugacement dans le regard de Voldemort.
—Vraiment ?
—Ils ne dorment pas ensemble. Rodolphus s'en est plaint à son frère, qui nous l'a rapporté. Pouvez-vous croire un tel toupet, Maître? Cette fille s'autorise un comportement qui frôle l'insulte.
Le mage noir resta impassible, mais une lueur glaciale traversa ses yeux.
—Il est curieux qu'elle ait jugé nécessaire de préparer une potion de stérilité si rien ne s'était encore passé. Cela ne saurait tarder.
Reginaldus, troublé par cette remarque, se redressa, cherchant à masquer son inconfort.
—Vous avez raison, bien sûr… Je dois agir sans attendre. Mais qu'en pensez-vous, Maître? Pourrions-nous envisager l'annulation de ce mariage?
—Cela créerait des tensions inimaginables avec les Blacks, souligna Voldemort, sa voix teintée d'un calme calculateur.
—Ils s'en remettront… surtout si nous leur proposons une nouvelle alliance, comme vous l'avez suggéré. Un mariage entre Rabastan et leur deuxième fille. Comment s'appelle-t-elle déjà, ma douce ?
La femme, jusque-là silencieuse, leva légèrement la tête pour répondre d'une voix claire :
—Andromeda.
—Ah oui, Andromeda. Maître, je vous assure que je mènerai ces négociations avec tact et diplomatie. Et si leur principale objection concerne l'avenir de Bellatrix, je suis prêt à la garder sous mon toit et à l'entretenir.
Voldemort posa sur lui un regard long et pénétrant, jaugeant chaque mot.
—Si Rodolphus lui est si attaché, qu'est-ce qui te fait croire qu'il acceptera ?
—Je réussirai à le convaincre ! C'est mon fils, il m'écoutera. Est-ce que j'ai votre bénédiction, Maître ?
Un silence pesant s'installa. Voldemort réfléchit un moment avant de répondre, sa voix glaciale tranchant l'air.
—Tu as ma bénédiction, Reginaldus.
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Avril 1970,
Quartier Général.
—Qu'en est-il de l'annulation de ce mariage, Reginaldus ? demanda Voldemort, son ton glacial laissant deviner une pointe d'impatience.
Reginaldus, visiblement mal à l'aise, baissa légèrement les yeux avant de répondre :
—Rodolphus a catégoriquement refusé d'envisager une annulation, et comme pour me défier, le mariage a été consommé quelques jours après… Il semble que je sois condamné à souffrir Bellatrix en tant que belle-fille.
Le mage noir resta silencieux un instant, avant de répondre d'un ton laconique :
—C'est fâcheux.
Se redressant, Reginaldus tenta de regagner contenance.
—J'ai pris la liberté de contacter Cygnus Black pour discuter d'éventuelles fiançailles entre Rabastan et Andromeda.
Voldemort acquiesça légèrement.
—Très bien.
Après une brève hésitation, Reginaldus poursuivit, d'une voix plus assurée :
—Maître, ma femme et moi aimerions rendre visite à notre famille en France ces jours-ci. Pensez-vous que nous pourrions nous absenter quelques jours ?
Le mage noir le considéra un moment avant de répondre, son ton détaché :
—Je n'y vois pas d'inconvénient.
Reginaldus s'inclina profondément.
—Merci, Maître.
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Août 1970,
Dans un cimetière balayé par des vents violents, la nuit pesait comme une chape de plomb. Deux silhouettes se faisaient face, immobiles au milieu des tombes : Lord Voldemort et Reginaldus Lestrange. Une tension presque palpable flottait dans l'air, la colère irradiant des deux hommes.
—Maître, je dois avouer que je ne comprends pas… Comment avez-vous pu recruter ma belle-fille ? Ce n'est pas la place d'une femme, et encore moins celle de la femme de mon fils!
À ces mots, Voldemort se raidit instantanément, ses traits devenant aussi tranchants qu'une lame. Ses yeux perçants se plantèrent dans ceux de son interlocuteur, faisant frémir l'air autour d'eux.
—Remettrais-tu en cause mes décisions, Reginaldus ? demanda-t-il d'une voix glaciale.
Le Mangemort déglutit, mais sa colère ne faiblit pas.
—Maître, il n'y a jamais eu de femmes Mangemorts à votre service. Pourquoi choisir ma belle-fille ? Depuis quand est-elle à vos ordres ?
Le ton de Voldemort s'éleva, incisif :
—Prends garde à toi, Reginaldus. Tu frôles l'insubordination.
Reginaldus tremblait désormais, incapable de contenir la rage qui bouillonnait en lui. Sa voix se fit plus sifflante, presque venimeuse :
—Vous mettez en péril l'avenir de ma famille !
À la vitesse d'un serpent, Voldemort brandit sa baguette dans un mouvement fulgurant.
—Doloris!
Un hurlement déchirant s'échappa des lèvres de Reginaldus tandis qu'il s'effondrait à genoux, son corps secoué par de violentes convulsions. La douleur sembla durer une éternité avant que Voldemort ne daigne lever le sort.
Reginaldus, pantelant, s'efforça de reprendre son souffle. Voldemort s'approcha lentement, dominant son fidèle Mangemort de toute sa stature.
—Reginaldus, ne confonds pas notre longue amitié avec une permission de me manquer de respect. Mes décisions me concernent et ne souffrent aucune contestation. Crois-tu réellement que je cherche à nuire à ta famille ? Depuis des décennies, chaque action que j'entreprends vise à préserver les lignées de Sang-Pur. Mais si une seule jeune fille de tout juste dix-neuf ans réussit à déjouer tes plans, en quoi cela pourrait-il être ma faute ?
Il marqua une pause, laissant le poids de ses paroles retomber comme une lame.
—Si je n'étais pas entouré d'incapables, poursuivit-il avec une froideur acérée, je n'aurais pas besoin d'avoir recours aux services d'une femme. Et pourtant, elle s'est montrée plus compétente en quelques missions que ton fils en une centaine.
Reginaldus redressa légèrement la tête, le visage encore tordu par la douleur et l'indignation.
—Rodolphus n'a pas eu l'opportunité de prouver sa valeur. Il n'a été envoyé que sur des filatures ou des exécutions mineures, Maître… Ces tâches ne reflètent pas son véritable potentiel.
Voldemort esquissa un sourire glacial.
—Tu as toujours été beaucoup trop entêté pour ton propre bien, Reginaldus.
Le Mangemort, toujours agenouillé, osa poser une dernière question, sa voix vibrante d'une colère contenue :
—Maître, de quoi aurais-je l'air avec une belle-fille à votre service ?
Voldemort éclata d'un rire bref et cruel.
—Et de quoi crois-tu que j'aie l'air avec des serviteurs aussi oublieux ? Mais ne t'en fais pas, Reginaldus. J'ai bien entendu tes doléances. Je ne manquerai pas de corriger mes erreurs… avec ton second fils.
Un éclair d'incertitude traversa le regard de Reginaldus.
—Rabastan est encore jeune, mais il saura vous servir aussi bien que Rodolphus, mon Seigneur.
—Je n'en doute pas. Lui et Bellatrix auront donc l'honneur d'accompagner l'un de mes meilleurs Mangemorts dans une mission de la plus haute importance.
Reginaldus leva les yeux, sondant Voldemort pour tenter de percer la véritable nature de cette décision. Était-ce une marque de confiance… ou une sentence déguisée? Incapable de lire dans les yeux rouges de son Maître, il demeura silencieux, le doute pesant lourdement sur ses épaules.
— Merci Maître, bredouilla-t-il.
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Février 1971,
Quartier Général.
Lord Voldemort se tenait droit, immobile comme une statue, dans le couloir menant à la salle de réception. À travers l'entrebâillement des lourdes portes, il écoutait d'un air distrait, partagé entre agacement et amusement, les bavardages de quatre de ses Mangemorts. Ces derniers semblaient s'être attardés après une réunion de l'Ordre des Ténèbres, visiblement plus enclins à plaisanter qu'à méditer sur leurs missions.
—Je t'assure, Ethan, le mariage est loin d'être une sinécure! plaisanta Rodolphus, installé nonchalamment sur une chaise qu'il faisait basculer en équilibre. Un sourire narquois flottait sur ses lèvres. Je ne peux que te conseiller de ne jamais te lancer dans cette entreprise périlleuse.
Ethan Rosier, accoudé à la table, répondit d'un ton sardonique :
—Mon cher Rodolphus, ce n'est pas le mariage qui est compliqué. C'est la personne avec laquelle tu es marié.
Cela les fit tous les deux rire. Rabastan Lestrange et Antonin Dolohov échangeaient des regards complices, un sourire discret étirant leurs lèvres.
—Es-tu sûr de vouloir épouser la deuxième des Blacks, Rabastan? lança Rosier, une moue sceptique plissant son visage.
Rabastan haussa les épaules, un air las teinté d'agacement sur les traits.
—Encore faudrait-il qu'elle daigne répondre à mes lettres. Elle m'ignore depuis des mois.
Ce constat arracha un éclat de rire moqueur à Rodolphus et Ethan, tandis qu'Antonin Dolohov répliquait d'un ton docte :
—Ça commence mal… Mais peut-être est-elle simplement un peu timide?
Rabastan secoua la tête.
—Timide? Ça, j'en doute! lança-t-il avec assurance et une ironie mordante.
—Pourquoi n'es-tu pas marié toi-même, Ethan, si le mariage ne t'effraie pas? lança Rodolphus, le ton empreint d'une curiosité moqueuse.
Ethan Rosier haussa les épaules d'un geste désinvolte avant de répondre, d'une voix basse et mesurée :
—Je préfère consacrer toute mon énergie à ma mission auprès du Seigneur des Ténèbres. Le mariage, c'est une distraction que je n'ai pas le luxe de m'offrir.
Antonin Dolohov, adossé confortablement à sa chaise, laissa apparaître un éclat malicieux dans ses yeux sombres.
—Bon, dis-nous, Rodolphus. Qu'est-ce qui ne va pas avec ta petite femme? demanda-t-il d'un ton faussement innocent.
Le sourire de Rodolphus s'effaça aussitôt. Il soupira, visiblement agacé, avant de lâcher d'une voix résignée :
—Pour être direct : elle refuse tout contact intime.
Un silence, lourd de sous-entendus, s'abattit sur la pièce avant que Rabastan, d'un ton prudent, ne rompe la tension :
—On peut comprendre, après ce qu'elle a traversé.
Rodolphus, cependant, éclata presque :
—Évidemment! Mais je ne sais plus comment l'aider! Elle fait des cauchemars à répétition dès qu'elle s'endort sans potions. Et père ne cesse de m'invectiver à ce sujet.
Rabastan plissa légèrement les yeux, manifestement interloqué.
—N'est-elle pas devenue stérile? demanda-t-il en pesant ses mots. Qu'est-ce que cela peut bien faire à notre père si Bellatrix et toi avez des relations?
À cette question, Rodolphus se dandina maladroitement sur sa chaise, ramenant brusquement ses quatre pieds au sol dans un bruit sourd.
—Depuis la mort de notre mère, il n'a plus toute sa tête, marmonna-t-il d'un ton piteux. Peut-être espère-t-il que ses ovaires aient repoussé? Qui sait?
Un éclat de rire général secoua les trois Mangemorts. Dolohov, hilare, posa un coude sur la table pour éviter de tomber de sa chaise.
—Il est optimiste! pouffa-t-il.
Rodolphus balaya la plaisanterie d'un geste las.
—Enfin, peu importe, reprit-il en retrouvant son sérieux. Vous ne connaîtriez pas un sort ou une potion pour l'aider à se détendre?
Ethan, encore amusé, haussa un sourcil interrogateur.
—Un sortilège d'Allégresse, peut-être? proposa-t-il.
Rodolphus secoua la tête, sceptique.
—Je ne pense pas que ce soit suffisant.
Antonin Dolohov plissa les yeux, réfléchissant un instant, avant de proposer d'un ton détaché :
—L'Imperium… c'est terriblement efficace, comme tu le sais bien.
Rodolphus se mit à rire brièvement, partageant probablement un souvenir douteux avec Dolohov, mais il redevint vite sérieux :
—Je ne veux pas soumettre Bellatrix de cette manière.
Rabastan suggéra à mi-voix, hésitant :
—Un filtre d'amour?
—Non! s'exclama Rodolphus, agacé. Pas un filtre d'amour. Quelque chose de plus subtil, un coup de pouce, rien de plus. Mais… est-ce que je devrais demander au Seigneur des Ténèbres?
À cette suggestion, Ethan Rosier éclata de rire.
—Tu plaisantes? Tu veux demander au Seigneur des Ténèbres une solution pour pouvoir baiser ta femme?
—Baisse le ton, Ethan! s'exclama Rabastan à voix basse, jetant des regards anxieux vers les doubles portes. Il pourrait encore être là!
Rodolphus se renfrogna, une ombre d'agacement voilant son visage.
—Il est le seul à maîtriser l'art des potions et des sortilèges de cette nature. Ce n'est pas quelque chose que l'on apprend à Poudlard.
—Oublie ça, Rodolphus. C'est ridicule, insista Ethan.
—Honnêtement, reprit Antonin Dolohov avec un sourire en coin, je ne suis pas médicomage, mais peut-être que ta femme a juste besoin de temps… et d'un bon whisky pur feu. Tu lui fais boire une bouteille et je parie qu'elle se laissera faire comme une petite biche au printemps.
À cet instant, Lord Voldemort, sans un mot, fit volte-face. L'amusement avait quitté son visage. Il quitta le couloir pour se diriger vers la salle des potions, une pièce voûtée et sombre où régnait une odeur âcre de fumées anciennes.
Il ouvrit l'un des coffres étiquetésLVLTet en sortit plusieurs carnets reliés de cuir noir. En tournant les pages d'un volume marqué de runes manuscrites, il s'arrêta sur une des inscriptions :Potion d'Eros. LT.
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Le tourbillon des pensées s'intensifia, devenant une tempête chaotique où les images déferlaient à une vitesse vertigineuse. Bellatrix tenta d'en saisir quelques-unes, des fragments fugaces qui s'échappaient comme des ombres insaisissables. Les visions se précipitaient, indistinctes et troublantes, semblables à des trains lancés à toute allure dans l'obscurité. Elle voulut s'arrêter, ralentir ce flux incessant, mais son corps refusait de répondre. Elle était prisonnière, figée dans un cocon étroit, comme enveloppée dans une toile de soie suffocante.
Le vertige l'envahit, l'aspirant dans un maelström où elle n'était qu'une spectatrice impuissante. Les pensées la portaient, la secouaient, jusqu'à ce qu'elle finisse par se laisser glisser, abandonnée, atterrissant là où elles voulaient bien la mener.
Elle se retrouva soudain dans un salon somptueux, baigné d'une lumière tamisée qui soulignait l'élégance des lieux. Les moulures délicates des murs et les tapisseries aux teintes chaudes évoquaient un raffinement discret, tandis que les fauteuils moelleux et les coussins savamment disposés invitaient à une décontraction trompeuse. L'ensemble respirait une opulence maîtrisée, un équilibre parfait entre richesse et confort.
Bellatrix sentit son souffle se suspendre lorsqu'elle aperçut une silhouette assise dans l'un des fauteuils, les jambes croisées avec une certaine nonchalance. C'était un vieux sorcier, son visage marqué par les ans mais illuminé par des yeux d'un bleu perçant qui semblaient transpercer l'âme. Elle le reconnut instantanément, et un frisson glacé parcourut son échine.
Dmitri Jdanov.
Le vieux mage noir qui les avait conviés, elle et son Maître, à un dîner à New York, lors de l'été de son intronisation. Une soirée qui s'était achevée dans un bain de sang : Bellatrix avait assassiné Isabella Jdanov, jeune épouse enceinte, tandis que Lord Voldemort avait éliminé le mage noir lui-même.
Face à lui, installé dans un fauteuil à haut dossier, Lord Voldemort observait Dmitri Jdanov avec une intensité imperturbable. Ses yeux noirs, perçants et insondables, semblaient le transpercer, comme un serpent immobile mais alerte, jaugeant sa proie avant l'attaque. Une aura de menace latente émanait de lui, enveloppant la pièce d'une tension presque palpable.
Légèrement incliné vers l'avant, ses doigts effilés effleuraient les accoudoirs du fauteuil, des gestes lents, empreints d'une maîtrise totale, mais qui évoquaient le danger imminent.
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Juillet 1969,
New York.
—Quelle merveilleuse petite fiancée tu t'es dégotée, mon cher Tom, pérorait Dmitri Jdanov, son ton oscillant entre la moquerie et une pointe de curiosité. Je peux t'appeler Tom, n'est-ce pas ?
Sans attendre de réponse, il continua d'une voix empreinte d'un sarcasme malicieux :
—Cette Helga Black a quelque chose de profondément fascinant. Elle m'évoque une petite panthère, prête à bondir, féroce et indomptable. Particulièrement séduisante, il faut l'admettre.
Face à lui, Lord Voldemort esquissa un sourire froid, presque imperceptible, qui glissa sur ses lèvres comme un éclat de glace.
—Merci, Dmitri, répondit-il avec une courtoisie feinte.
Dmitri, visiblement satisfait de sa provocation, poursuivit avec nonchalance :
—Et comment trouves-tu ma petite Isabella, avec son ventre bien rond et ses boucles dorées ?
—Elle est exquise, souffla Voldemort.
—J'ai toujours eu un faible pour les blondes, comme tu le sais, déclara Jdanov en faisant glisser lentement ses doigts sur sa baguette, un geste qui trahissait une tension latente. Isabella n'a peut-être pas la verve ou le talent de ma première femme, mais elle sait se montrer mordante, malgré les apparences.
—La première avait pourtant elle aussi ce don pour tromper son monde, fit remarquer Voldemort d'un ton désinvolte, une lueur dangereuse dans le regard.
Dmitri éclata d'un rire sonore, son visage se plissant sous l'effet d'un amusement sincère ou feint.
— Oui, tu en sais quelque chose, n'est-ce pas ?
Il lui lança un regard perçant, par-dessus ses lunettes cerclées d'or, son ton devenant plus insistant :
—Dis-moi, mon cher Voldemort, de l'eau a coulé sous les ponts depuis, mais cette question me hante encore… As-tu couché avec ma Lyouda ?
Un ricanement s'échappa des lèvres de Voldemort, rapide et presque gêné, avant qu'il ne reprenne le contrôle, enveloppant ce moment d'un mépris glacial.
—Après ce qui s'est passé… est-ce que cela a encore une importance?
—Assez, oui, répondit Jdanov, un éclat de dureté dans ses yeux. Le doute n'a pas été étranger à certaines de mes décisions.
Voldemort resta silencieux, l'observant longuement. Une haine ancienne et viscérale bouillonnait dans ses yeux noirs, mais son visage restait d'un calme terrifiant.
Puis, d'une voix glaciale, il brisa le silence :
—Cessons ces politesses. Je me dois de te révéler la véritable raison de ma présence ici, Dmitri.
Assis avec une élégance troublante, un pied posé sur le genou opposé, ses mains jointes formaient une pyramide parfaite sur ses cuisses. Bien qu'immobiles, elles trahissaient une tension contenue, prête à éclater. Chaque geste, chaque posture, était imprégné d'une menace latente, subtile mais inexorable, tel un prédateur patient guettant l'instant propice pour frapper.
—Helga Black n'est pas exactement ma fiancée, déclara-t-il, d'un ton presque doux, presque caressant.
—Non, c'est surprenant. Eh bien, tu devrais lui faire honneur comme si elle l'était, répondit Dmitri avec un sourire narquois. Il suffit de la regarder pour deviner qu'elle n'attend que cela !
Lord Voldemort accueillit la remarque avec une indifférence glaciale.
—Pendant que nous parlons ici, cette petite panthère, comme tu l'as si joliment décrite, est en train de massacrer ta ravissante épouse.
Dmitri se redressa d'un coup, amorçant un geste pour se lever. Mais avant qu'il ne puisse bouger davantage, des lianes surgies de nulle part s'enroulèrent autour de lui, le plaquant avec force dans son fauteuil. Voldemort n'avait même pas eu besoin de brandir sa baguette.
—Sois raisonnable, Voldemort! Est-ce une plaisanterie? Tu es fou de me provoquer ainsi! Prenons le temps de discuter! s'exclama Jdanov, sa voix trahissant une panique qu'il peinait à contenir.
—J'ai pris tout le temps qu'il fallait, répliqua Voldemort d'une voix tranchante. Des années. Des décennies, même.
Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.
—Et j'observe, avec une certaine ironie, que tu sais enfin utiliser correctement mon véritable nom maintenant que tu es réduit à l'impuissance.
—Pourquoi fais-tu cela? siffla Jdanov. Tu perdras l'appui de toutes les anciennes familles influentes réfugiées ici!
Voldemort éclata d'un rire sec, sans chaleur.
—Réfugiées? Dans mon vocabulaire, déguerpir après l'emprisonnement de leur chef s'apparente à de la désertion. De la lâcheté. Vous avez laissé l'Europe sombrer entre les mains des adorateurs de Sangs-de-bourbe, de Dumbledore, et de ministères gangrenés par la corruption.
—Nous avons œuvré sans relâche ici, en Amérique, Voldemort! riposta Jdanov, sa voix s'étouffant d'indignation.
Un sourire moqueur se dessina sur le visage de Voldemort.
—Les dîners mondains et cocktails en ville ne sauraient constituer des actions dignes de ce nom, Dmitri.
Il se leva lentement, chaque mouvement calculé, dominant la pièce de sa silhouette spectrale. La lumière tamisée semblait s'effacer autour de lui, comme si l'espace entier se pliait à sa présence.
—Ma venue ici, aujourd'hui, marque l'achèvement du premier chapitre de mon ascension, déclara Voldemort d'une voix froide, tranchante comme du verre. Toi, Dmitri, et tes amis, vous représentez l'ancien monde, celui des lâches et des fuyards. Ta lignée est terminée. Ton influence, tout au plus anecdotique.
Il marqua une pause, laissant ses paroles s'imprégner dans l'esprit du vieil homme ligoté.
—Le nouvel ordre commence avec moi. J'ai rêvé de ce moment des nuits entières, car il ne sert pas seulement ma vision et mes desseins, mais satisfait également une vengeance personnelle, je l'avoue.
Dmitri, bien que prisonnier, se redressa légèrement, ses yeux brillant d'une lueur de défi.
—C'est à cause de Lyouda, n'est-ce pas ?
À ces mots, Voldemort éclata de rire, un éclat sec, dénué de chaleur.
—Tu as eu l'indicible culot de colporter des rumeurs sur mes origines, moi, l'héritier de Salazar Serpentard.
—Personne ne doute de ton héritage, rétorqua Dmitri, son ton oscillant entre défi et provocation. Mais Ludmilla m'a confié bien des choses intéressantes lorsque tu étais son élève. Ce n'est pas ton oncle, ce vieux fou de Morfin Gaunt, qui a massacré cette famille de Moldus, mais toi, n'est-ce pas? Pourquoi s'en prendre à eux, Voldemort?
Un silence glacial s'abattit sur la pièce, nimbant l'atmosphère d'une tension palpable, seulement troublée par le souffle époumoné de Jdanov. Voldemort l'observait sans ciller. Ses yeux sombres, parcourus de lueurs grenat, se plissèrent légèrement, laissant scintiller un mépris acéré, presque flamboyant, dans leur profondeur insondable.
—Crois-moi, Dmitri, ce n'est pas sans une certaine satisfaction que je mets un terme à ton existence. Mais sache que je ne t'oublierai jamais, car tu m'as offert une leçon précieuse : un grand sorcier doit être prêt à sacrifier certaines pièces maîtresses pour continuer son ascension.
Avec une lenteur presque cérémonieuse, il leva sa baguette, ses gestes empreints d'une menace sourde.
— Adieu, Dmitri.
— Tom, Voldemort, attends ! Écoute-moi ! s'écria Dmitri, désormais incapable de masquer l'effroi qui teignait ses paroles. J'ai encore des contacts en Europe, des fonds, des ressources ! Je peux t'être utile !
Un rictus méprisant se dessina sur les lèvres de Voldemort, qui le transperça d'un regard impitoyable.
— Je n'ai plus besoin de toi, déclara-t-il, sa voix tranchante comme un couperet.
— Non ! Écoute ! Je connais un moyen d'atteindre Dumbledore ! balbutia Dmitri, sa panique croissant à mesure qu'il s'accrochait au moindre espoir. Je connais les secrets qu'il pourchassait avec Grindelwald ! Des artefacts d'une puissance incommensurable ! Je... je peux tout te révéler si tu m'épargnes !
Un rire bref, cruel, échappa à Voldemort, son écho résonnant comme une moquerie sinistre.
— Toujours à tenter le tout pour le tout, Dmitri... À croire que tu me penses suffisamment naïf pour te croire encore.
— Je t'en supplie, je dis la vérité ! s'époumona Dmitri, sa voix rendue aigue par le désespoir. Prenons un verre, discutons ! Donne-moi une chance !
Voldemort resta de marbre, sourd aux suppliques du vieux mage noir. Sa baguette s'inclina imperceptiblement, l'air autour de lui comprimé d'une tension électrique.
— Avada Kedavra !
Un éclair de lumière verte illumina la pièce, projetant des ombres éphémères sur les murs. Dmitri Jdanov s'effondra dans son fauteuil, son regard figé, vide, témoin muet d'une vie brutalement arrachée.
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Cette fois-ci, le flot des souvenirs devint encore plus dense, presque suffoquant. Bellatrix aperçut ce qui pouvait être les rouages de la Pensine s'emballer soudainement, comme si l'objet lui-même résistait à ce que le fil particulier de ces pensées ne se déroule davantage.
Pour la première fois, Bellatrix tenta de refermer son esprit et de contourner ces barrières, s'appuyant sur une technique similaire à celles qu'elle avait apprises lors de ses séances d'Occlumencie. Les souvenirs semblèrent ralentir, se faire légèrement plus malléables, et, sans ménagement, Bellatrix s'immisça dans l'un de ces filets vaporeux. L'espace d'une demi-seconde, une minuscule ouverture lui permit d'y pénétrer.
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Septembre 1944
Poudlard.
Ludmilla Thenn se tenait droite sur son estrade. Elle approchait de la trentaine, mais son visage jeune et pâle trahissait une intensité troublante. Ses pommettes saillantes et son menton volontaire structuraient la rondeur de son visage, tandis que ses grands yeux bleus, bordés de cils blonds épais soulignés de noir, captivaient les regards. Sa chevelure si claire qu'elle paraissait blanche était tirée en une queue de cheval haute, impeccablement ordonnée, accentuant la droiture de sa posture.
Vêtue d'une robe en soie gris perle, sobre mais élégante, elle scrutait la classe avec une assurance presque discourtoise. Face à elle, ses élèves, pour la plupart des garçons, la dévisageaient avec une curiosité mêlée d'intrigue.
—Je me nomme Ludmilla Thenn, déclara-t-elle d'une voix posée mais incisive, captant immédiatement l'attention de l'assemblée. Experte chevronnée en potions et sortilèges d'enrichissement spirituel, touchant à tout ce qui concerne les bienfaits du corps et de l'esprit, du sommeil à la mémoire, de la douleur jusqu'au plaisir, j'aurai l'honneur d'être votre nouvelle professeure de Défense contre les Forces du Mal.
Elle marqua une pause, son regard froid balayant l'assistance.
—Je suis particulièrement heureuse de faire la connaissance de mes élèves de septième année de Serpentard et de Gryffondor. Selon les notes laissées par le professeur Têtenjoy, il semblerait que cette classe regorge de talents prometteurs. Mais, connaissant le laxisme général de cette école, j'éprouve une certaine réserve.
Un murmure amusé parcourut la salle, rapidement étouffé lorsque Ludmilla leva un sourcil autoritaire.
—Commençons par faire l'appel. Beaucoup de garçons dans cette classe… Enguerrand Avery ?
Un jeune homme frêle aux cheveux blonds cendrés leva une main hésitante depuis le premier rang.
—Reginaldus Lestrange ?
—Présent, professeur, répondit un grand adolescent brun au deuxième rang, sa voix grave et assurée résonnant dans la pièce.
—Cordelia Mulciber ?
Au fond de la classe, une jeune fille isolée leva une main paresseuse, ses yeux jetant un regard distant vers l'estrade.
—Georges Nott ?
—Ici, professeur, répondit un garçon trapu d'un ton neutre.
—Tom Jedusor ?
À côté de Reginaldus, un autre adolescent grand et brun, plus séduisant et plus remarquable que les autres, leva calmement la main. Ludmilla détourna les yeux de son parchemin et fixa le jeune homme, ses iris glacés accrochés aux siens pendant de longues secondes, les paupières légèrement plissées. Le silence s'étira, malaisant, jusqu'à ce que quelques garçons autour de Tom échangent des regards amusés et quelques pouffements de rire étouffés. Ludmilla, cependant, resta imperturbable. Elle ne souriait pas.
Reprenant son parchemin d'un geste théâtral, elle poursuivit :
—Ennius Rosier ?
—C'est moi, professeur ! s'exclama un jeune homme roux, débordant d'énergie, un sourire éclatant illuminant son visage. Ses affaires, éparpillées autour de lui, semblaient refuser obstinément de rester en place.
Ludmilla fronça à peine les sourcils et déclara, sans s'attarder sur le chaos de son pupitre. Elle termina de faire l'appel, puis annonça :
—Nous allons commencer par une petite épreuve pour évaluer votre niveau. Votre ancienne professeure semblait penser que vous êtes bons, mais il m'en faudra beaucoup pour m'impressionner.
Un murmure d'excitation parcourut la classe, interrompu par une voix grave et hautaine.
—Excusez-moi, professeur, intervint Reginaldus Lestrange, mais je crois déceler un accent russe dans votre voix. D'où venez-vous ?
La question, formulée de façon impérieuse, déclencha un éclat de rire parmi les garçons de Serpentard, tous sauf Tom. Un sourire discret, à peine perceptible, effleura ses lèvres, tandis que son expression soigneusement maîtrisée s'efforçait de masquer la vive circonspection qu'il portait à l'égard de la nouvelle professeure. Professeure Thenn, imperturbable, leva un sourcil, opposant à l'impolitesse de Reginaldus Lestrange une froideur implacable, presque désarmante.
—Je ne pense pas que cela vous regarde, jeune homme. Mais pour vous répondre, je suis effectivement russe, diplômée de Durmstrang, une école bien supérieure à Poudlard.
Un murmure mêlant admiration et indignation s'éleva de l'assemblée.
—Vraiment ? Durmstrang ? J'ai toujours rêvé d'y étudier ! s'exclama joyeusement Ennius Rosier, ses yeux brillants d'enthousiasme.
Ludmilla ne releva pas la remarque et continua :
—Je vais appeler chacun de vous à tour de rôle et vous demander d'exécuter une série de sorts non-verbaux de niveau IV, selon le référencement britannique. Votre cible sera ce mannequin au fond de la salle. Avez-vous compris ?
Un chœur d'acquiescements répondit à sa question.
—Bien. Commençons avec… Tom, dit-elle soudainement, sans consulter son parchemin.
Elle posa sur Tom un long regard froid et inquisiteur. Le jeune homme, bien que conscient de l'attention inhabituelle qu'elle lui portait, se leva avec une élégance maîtrisée et rejoignit le centre de la classe sans un mot.
—Vous allez voir, professeur, il est très bon ! lança Ennius, toujours souriant.
Ludmilla ne répondit pas, mais ses lèvres s'étirèrent légèrement en une moue ambiguë.
—Commençons par un sort modérément ardu, déclara-t-elle, ses yeux rivés sur Tom.
Tom se tenait au centre de la salle, le dos droit, la posture impeccable, comme s'il était parfaitement à l'aise malgré les regards de ses camarades et celui, inquisiteur, de Ludmilla Thenn.
—Nous allons commencer par un sort de base, dit-elle enfin, d'un ton détaché.Cinctura Securis.
Elle désigna le mannequin au fond de la salle d'un mouvement nonchalant.
—Invoque une barrière parfaite autour de la cible. Non-verbale, bien entendu.
Tom inclina légèrement la tête, en signe d'acceptation. Il leva sa baguette avec précision, fixant le mannequin avec une concentration absolue. En quelques instants, un cercle lumineux bleu-argenté jaillit de sa baguette et se referma autour du mannequin. Les contours étaient nets, presque irréels.
Un murmure admiratif parcourut la classe. Ludmilla leva un sourcil, analysant le travail.
—Acceptable, commenta-t-elle froidement. Mais le bas de la barrière est légèrement irrégulier. Serait-ce une erreur d'inattention, Tom ?
Tom soutint son regard, son expression inchangée.
—Je prendrai note pour la prochaine fois, professeur, répondit-il.
—Bien. Dissipe cette barrière maintenant, sans déstabiliser l'espace autour.Vaporis.
Le jeune homme hocha la tête, et avec un mouvement fluide de sa baguette, la barrière se dématérialisa sans laisser la moindre trace. Cette fois, Ludmilla ne fit aucun commentaire, mais son regard devint plus perçant.
—Passons à un exercice de métamorphose. Transforme ce mannequin en une créature magique.Mutatio Rigorosa.
Le silence se fit dans la salle. Les élèves semblaient retenir leur souffle. Tom fixa intensément le mannequin, sa baguette pointée. Quelques secondes s'écoulèrent, puis le bois inerte du mannequin sembla s'assouplir, ses contours se floutant pour prendre une nouvelle forme. Lentement, un serpent noir émergea, sinueux, ses yeux jaunes étincelant d'un éclat menaçant.
Ludmilla esquissa un sourire glacé.
—Un serpent. Évidemment, fit-elle remarquer d'un ton mordant. Une transformation correcte, mais prévisible.
Tom ne répondit pas, mais ses sourcils se froncèrent un peu.
—Très bien, dit-elle, son ton plus sec. Maintenant, multiplie ce mannequin.Gemino Animatum.
Cette fois, Tom ferma les yeux un bref instant. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il pointa sa baguette. Une réplique parfaite du serpent apparut, suivie d'une autre, puis d'une troisième. Les trois serpents se mirent à onduler autour du mannequin original, vivants et menaçants.
Un frisson parcourut la salle. Même les élèves les plus dissipés semblaient captivés.
—Un bel effort, reconnut Ludmilla. Mais je vois une légère hésitation entre la deuxième et la troisième duplication. Peux-tu mieux faire ?
Tom inclina légèrement la tête, ses lèvres s'étirant en un sourire froid.
—Essayons autre chose.Fulgur Ignis,déclara-t-elle soudainement. Conjure une flamme et fais-la suivre une trajectoire précise.
Elle traça un cercle invisible dans l'air de son doigt.
Tom exécuta aussitôt. Une flamme jaillit de sa baguette, dansant avec une fluidité envoûtante. Elle suivit exactement le tracé que Ludmilla avait indiqué, avant de s'éteindre doucement sans le moindre débordement.
Un silence impressionné s'installa dans la salle. Ludmilla resta immobile un instant, son regard fixé sur Tom.
—C'est honnête, finit-elle par dire.
Tom resta interdit quelques secondes, visiblement décontenancé, mais il finit par incliner à nouveau la tête.
—Merci, professeur, répondit-il poliment.
Ludmilla descendit lentement de son estrade, croisant les bras en s'approchant du jeune homme.
—Cela dit, Tom, la puissance seule ne fait pas un grand sorcier. La véritable grandeur réside dans la finesse… et l'imprévisibilité, conclut-elle d'un ton énigmatique, avant de tourner les talons.
Les élèves se mirent à murmurer, fascinés par ce qu'ils venaient de voir. Tom Jedusor, cependant, resta immobile, son regard rivé un instant sur la silhouette rigide de Ludmilla avant de se détourner avec nonchalance feinte. Il haussa légèrement les épaules, un sourire presque imperceptible flottant sur ses lèvres, avant de rejoindre ses camarades.
En quittant la salle, un petit groupe se forma naturellement autour de lui, les visages illuminés par une admiration à peine voilée.
—C'était splendide, Voldemort, murmura Reginaldus, sa voix grave trahissant un mélange de fierté et d'émerveillement.
—Oui, exceptionnel, comme toujours, ajouta Enguerrand Avery, son ton devenant plus tranchant tandis qu'ils s'éloignaient du cours. Mais elle n'a pas été tendre avec toi… Elle t'a observé pendant tout le cours. Qu'est-ce qu'elle te veut?
Tom haussa à nouveau les épaules.
—Peut-être qu'elle cherche à se prouver quelque chose, répondit-il d'un ton calme mais perplexe.
—Eh bien, ça change des cours du professeur Slughorn, lança Ennius Rosier en éclatant de rire. Là-bas, tu es son chouchou!
Un sourire narquois étira les lèvres de Reginaldus.
—Oui. Pas sûr qu'elle te réserve les mêmes faveurs.
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31 décembre 1944,
Poudlard.
— Bonsoir, Professeur, salua respectueusement le jeune Tom Jedusor, adossé nonchalamment à l'une des arcades de la Cour de Métamorphoses.
La pluie tombait avec une telle abondance que les gouttes, saisies par le froid mordant, se métamorphosaient en givre avant d'atteindre le sol. Abrité sous les voûtes ancestrales, Tom affichait un air poli, mêlé d'une curiosité teintée d'assurance. Le silence régnait sur l'ensemble du château, déserté par la majorité des élèves partis retrouver leurs familles pour les fêtes de fin d'année.
— Bonsoir, Tom. Je suis ravie de constater que tu as trouvé un moment pour me rejoindre, répondit la jeune professeure avec une chaleur et une emphase nouvelles, bien loin de la froideur protocolaire du début de l'année.
— Je vous en prie, Professeure. Vous mentionniez dans votre note que vous aviez corrigé mon devoir sur les sorts d'amnésie ?
Un sourire légèrement narquois étira les lèvres de la professeure.
— Suis-moi, intima-t-elle avec une autorité tranquille.
Bien qu'un peu déconcerté par cette réponse succincte, Tom obéit sans mot dire. Ils cheminèrent sous les arcades jusqu'à la salle de Défense contre les Forces du Mal. Une fois à l'intérieur, Tom eut la surprise d'entendre le cliquetis de la clé tournant dans la serrure, suivi du bruit feutré des rideaux que la professeure tirait soigneusement. Enfin, elle murmura unMuffliatod'une voix douce.
Il se retourna, une lueur d'interrogation dans le regard, un sourcil légèrement haussé.
— Une simple précaution, dit-elle, son sourire toujours empreint de ce voile d'ironie. Ton devoir est dans mon bureau.
Ils pénétrèrent dans le bureau adjacent. Ludmilla se saisit d'un rouleau de parchemin qu'elle tendit à Tom, un sourire éclatant illuminant son visage.
— Félicitations, déclara-t-elle simplement.
Sur le parchemin, un grand « O » (Optimale) tracé d'une encre rouge éclatante captait toute l'attention. Ludmilla Thenn fit la liste des points positifs du devoir, de toutes les remarques et pistes d'améliorations proposées par Tom, dont le détail, l'innovation et la clarté témoignaient d'une maîtrise absolument remarquable pour un élève de septième année.
— Ton devoir est remarquable. Il témoigne d'une analyse d'une rare finesse, et tu n'as pas éludé l'aspect éthique, ce qui, je l'avoue, m'a agréablement surprise venant de toi.
Tom sembla pris de court, son expression quelque peu indignée.
— Il est impensable d'aborder les sorts d'amnésie sans se pencher sur les implications éthiques de son usage, rétorqua-t-il avec un sérieux glacé. Pensiez-vous réellement que je négligerais un tel aspect ?
— À vrai dire… oui, le pensais-je, si je me réfère à tapetite lettre, répondit-elle en arborant un sourire carnassier.
Tom la dévisagea, un sourcil levé, comme si elle venait de proférer quelque chose d'absurde.
—Ma petite lettre? répéta-t-il d'une voix froide, le regard empli d'un scepticisme prudent.
Ludmilla éclata d'un rire bref et cristallin. Elle se dirigea vers son bureau et en sortit un autre parchemin, qu'elle brandit avec une théâtralité exagérée.
— Oui, oui, il est temps de laisser tomber les apparences, Tom. Je parle bien-sûr de cette étonnante lettre que tu as envoyée il y a presque un an, et que je me suis procurée. Permets-moi de te la relire…
Poudlard,
Le 29 juin 1944.
À l'attention de la vénérable Confrérie des Sept Sorciers,
C'est avec la plus grande révérence que je me permets de vous adresser cette missive afin de soumettre ma candidature pour intégrer votre illustre société de Magie Noire : la célébrissime Confrérie des Sept Sorciers. J'ai été informé qu'une place est vacante depuis que le grand Gellert Grindelwald a choisi de tracer sa propre voie.
Je suis intimement convaincu de posséder les qualités requises pour rejoindre vos rangs. Mon ambition est d'approfondir mon expertise dans l'étude et la pratique de la Magie Noire, que je considère comme une discipline supérieure et exigeante. Mes compétences actuelles, bien que largement autodidactes, témoignent de ma détermination et de mon sérieux dans la poursuite de cette voie.
De plus, je tiens à souligner mon ascendance directe de Salazar Serpentard, fondateur de l'une des lignées les plus éminentes de notre communauté, qui m'a légué le don de converser avec les serpents. Cette noble filiation m'a naturellement conduit à embrasser pleinement les préceptes qui fondent votre philosophie sur la Magie Noire. Ayant étudié les thèses visionnaires de Vermilius Galatis, co-signées par Dmitri Jdanov, relatives aux restrictions juridiques qui limitent la pratique de notre art dans une grande partie de l'Europe occidentale, je partage leur rejet de ces contraintes arbitraires et oppressives.
L'idée que des sorciers talentueux devraient se priver des arcanes les plus puissantes de la magie sous prétexte de protéger le monde des Moldus constitue, selon moi, une entrave intolérable à nos libertés fondamentales et à notre droit à l'existence en tant qu'êtres supérieurs.
Bien que je sois encore élève à Poudlard, je reste entièrement disposé à vous rencontrer durant l'été afin de discuter plus en profondeur de ces thématiques. Je serais honoré de vous faire une démonstration de mes talents et de vous exposer les raisons profondes qui motivent mon souhait d'intégrer votre vénérable organisation.
Je vous prie de recevoir l'expression de ma plus haute considération.
Lord Voldemort
— Il s'agit bien de toi, n'est-ce pas ? CeLord Voldemort, c'est ainsi que tu te fais appeler dans l'intimité de ton cercle amical, non ?
Tom la fixait désormais avec une intensité glaciale, comme s'il la découvrait pour la toute première fois.
— Comment vous êtes-vous procuré cette lettre ? demanda-t-il d'un ton où perçait une froide colère.
— Mon mari me l'a confiée, répondit-elle calmement, sans se départir de son sourire ironique.
— Qui est votre mari ?
Sa question était posée avec une froideur tranchante, un éclat menaçant dans les yeux.
— Je suis Ludmilla Jdanov, la femme de Dmitri Jdanov et la fille de Wolf Thelonious, expliqua-t-elle en soutenant son regard. Thenn est un pseudonyme. Mon père et Dmitri sont les fondateurs de la Confrérie des Sept Sorciers, cette société secrète versée dans la magie noire que tu as eu l'audace de contacter.
Un frémissement imperceptible traversa le visage de Tom, trahissant un bref instant de trouble.
— Vous avez accepté ce poste de professeur uniquement pour me mettre à l'épreuve? demanda-t-il avec un soupçon d'étonnement dans la voix.
— C'était mon objectif premier, en effet. Depuis le début de l'année, j'avais pour mission de tester les capacités de l'héritier de Salazar Serpentard afin d'évaluer la pertinence de sa candidature, poursuivit-elle sur le ton de la confidence. Mais c'était également une opportunité de plus de garder un œil sur Albus Dumbledore.
— Pourquoi ne pas m'avoir informé dès le départ ?
— Si tu t'étais avéré décevant, il aurait été inutile, voire imprudent, de révéler une identité qui, pour des raisons évidentes, doit demeurer secrète.
— Suis-je donc accepté dans la Confrérie ? demanda Tom d'une voix égale, bien qu'une lueur de tension brûlait dans son regard.
— Pas encore. Il te reste à prouver pleinement l'étendue de ton talent en magie noire. Jusqu'à présent, nous n'avons abordé que des formes de magie traditionnelles, mais je dois admettre que tu un candidat plus que sérieux.
— Très bien, dit-il d'un ton posé, tentant de cacher l'enthousiasme juvénile qui se manifestait par ses yeux brillants et son petit sourire satisfait au coin des lèvres. Et comment comptez-vous procéder ?
— Nous allons explorer ensemble différentes branches de la magie noire, répondit-elle, son sourire s'élargissant légèrement. Mais nous devrons opérer avec une discrétion absolue, sans éveiller les soupçons du directeur Dippet, ou pire encore, ceux de ton professeur de métamophose.
Elle marqua une pause, le fixant pour s'assurer qu'il mesurait l'importance de ses paroles.
— Comme tu le sais, la Confrérie reste une alliée spirituelle de Grindelwald. Bien qu'il ait quitté nos rangs, la confidentialité de nos activités demeure une priorité absolue.
— Cela va de soi, répliqua Tom sans hésiter.
— Bien, dit-elle enfin, ses yeux bleus pétillant de malice. Je n'ai pas choisi cette journée au hasard. Il s'agit de ton anniversaire. Tu fêtes tes dix-huit ans aujourd'hui, n'est-ce pas ?
Tom inclina légèrement la tête, une ombre un peu embarrassée traversant son visage.
— En effet, répondit-il d'un ton neutre, prudent.
— Eh bien, c'est ma façon à moi de te souhaiter un très joyeux anniversaire, déclara-t-elle avec légèreté, un sourire énigmatique flottant sur les lèvres.
— Je vous remercie, Professeure.
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Les mois s'égrenaient, et Bellatrix, spectatrice impuissante, était plongée dans une succession de souvenirs entremêlés, comme un enchaînement rapide de mélodies jouées à un tempo effréné. Chaque cours particulier reprenait vie sous ses yeux, et bien qu'elle n'en saisît pas toujours tous les détails, la teneur générale ne lui échappait pas. La jeune professeure, avec une rigueur implacable, soumettait son élève à des épreuves toujours plus exigeantes, plus délicates. Même lorsque ses accomplissements frisaient l'exceptionnel, elle trouvait invariablement matière à le critiquer, suscitant chez le jeune homme un désir farouche de lui prouver sa valeur.
Bellatrix se reconnut lorsqu'elle était étudiante à Poudlard, et qu'elle travaillait dur pour donner le meilleur d'elle-même afin de se montrer digne de devenir un Mangemort.
Tom Jedusor manipulait les sorts, les maléfices et les enchantements avec une virtuosité rare, et Bellatrix mourait d'envie de s'approcher davantage pour capter chaque nuance de son visage, chaque inflexion de sa voix. Mais elle restait prisonnière de ce rôle de spectatrice distante, dans une position où ni le rythme ni le point de vue ne lui appartenaient.
Elle observait un jeune homme séduisant, brillant, et curieusement humain, quelque peu différent du Voldemort qu'elle avait toujours connu. Ce Tom adolescent était certes exceptionnel, mais aussi plus vulnérable, presque abordable par moments. Il tentait de maîtriser ses expressions et ses émotions, mais un œil aiguisé comme celui de Bellatrix, habituée à percer le visage froid et impassible de son Maître, pouvait discerner sur ce jeune visage adolescent une multitude de ressentis contradictoires. Et ils étaient nombreux. De la frustration à la fierté, de l'agacement à l'amusement, du doute à l'assurance, le jeune mage noir semblait arrivé à un stade ambivalent de sa vie.
Le voir évoluer parmi ses camarades de Serpentard, distribuant conseils et attentions, toujours flanqué de figures familières, certaines un peu plus jeunes telles que Antonin Dolohov ou Charles Mulciber, ou d'autres de son âge tels que Reginaldus Lestrange, Ennius Rosier ou Enguerrand Avery, lui paraissait étrangement irréel. Elle aperçut même à quelques occasions sa mère, Druella Rosier, ou encore son père, Cygnus Black, déambuler dans le sillage du tout jeune mage noir. Tous les élèves et les professeurs semblaient attirés par lui, comme aspirés par l'aura de puissance qu'il dégageait. Même silencieux, en retrait, observateur, à la marge des groupes ou des discussions, il semblait émaner de lui une impression d'autorité latente, d'importance contenue, qui imposaient le respect. Bellatrix était fascinée par les échos de ce Voldemort qui n'était pas encore tout à fait devenu l'homme qu'elle adorait.
Entre lui et sa professeure, une relation ambiguë s'instaurait, empreinte d'admiration mutuelle et de défis constants. Tom semblait déterminé à surmonter chaque obstacle, à prouver qu'il était digne de ses enseignements.
Bellatrix, submergée par la succession chaotique de souvenirs, se retrouvait plongée dans un flot d'images de cachots obscurs, de sortilèges interdits et de potions mystérieuses. Chaque vision semblait vouloir l'éloigner davantage de la vérité, comme si une force invisible cherchait à la repousser. Pourtant, une curiosité insatiable, presque vorace, l'animait. Elle était déterminée à percer les secrets des talents de maître en potions de cette étrange femme. Résolue, elle s'acharna mentalement, forçant le passage à travers l'épais voile des réminiscences.
Finalement, un souvenir émergea du tumulte, distinct, solitaire, comme perdu au cœur d'une brume hivernale. Il s'imposa à elle, limpide et immuable, mais fragile, cherchant à lui échapper comme une proie coincée au fond d'un trou.
-o-O-o-
Dans un cachot étroit et sombre, faiblement éclairé par la lumière vacillante de quelques torches, le jeune Voldemort et Ludmilla se tenaient côte à côte, concentrés au-dessus d'un chaudron. De celui-ci s'élevaient des volutes épaisses et parfumées, enveloppant la scène dans une atmosphère intime et moite.
— Tu as toutes les qualités d'un mage noir, Tom, déclara Ludmilla en le fixant de ses yeux bleus pénétrants. Mais je me demande si tu serais prêt à tout pour atteindre tes objectifs... si ton cœur est assez solide pour affronter les tourments, les sacrifices, et les revers que nécessitent les arts obscurs.
— À quoi faites-vous allusion, Professeur ? demanda Tom d'un ton mesuré, bien que son regard, aiguisé comme une lame, trahissait une curiosité prudente.
Ludmilla inclina légèrement la tête, ses yeux bleus fixant intensément ceux de son élève, comme pour sonder l'âme qui se cachait derrière cette façade d'impassibilité.
— Comme nous l'a enseigné Grindelwald, expliqua-t-elle avec une gravité feutrée, il est parfois inévitable, voire nécessaire, de recourir à la force pour accomplir nos desseins.
Elle marqua une pause, laissant ses paroles se suspendre dans l'air humide du cachot, avant d'ajouter d'une voix presque imperceptiblement plus basse :
— Pourrais-tu tuer quelqu'un, Tom ?
Tom suspendit son geste, la louche qu'il tenait en main immobilisée au-dessus du chaudron. Son regard, froid et insondable, plongea dans celui, calculateur, de sa professeure. Il reposa lentement la louche sur le bord du récipient avant de répondre d'un ton glacial :
— Qui vous dit que je ne l'ai pas déjà fait ?
Ludmilla esquissa un sourire, mais ses yeux s'élargirent légèrement sous l'effet de la surprise sincère.
— Oh ! Vraiment ? À ton âge ? s'exclama-t-elle, véritablement intriguée.
Tom demeurait silencieux comme figé dans une contemplation intérieure. Ludmilla l'observa longuement puis un léger rire échappa à ses lèvres, brisant momentanément la tension qui s'était installée entre eux.
— Ton problème, Tom, c'est que tu es bien trop sérieux.
— Que voulez-vous dire ?
— Tu ne te permets jamais de lâcher prise, poursuivit-elle avec une douceur sonnant quelque peu faux. Si tu veux un jour intégrer pleinement la Confrérie, il te faudra apprendre à être plus frivole, plus libéré. Ta rigidité, crois-moi, finira par devenir un obstacle.
Il haussa un sourcil, son regard empreint de scepticisme et d'arrogance:
— Et qu'est-ce que la frivolité pourrait bien m'apporter ?
Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de Ludmilla.
— Certaines formes de magie, Tom, ne se révèlent qu'à ceux qui osent se défaire de leur contrôle absolu. Ce n'est pas une question de domination, mais de réceptivité. Laisser un instant la magie te traverser, sans la contraindre.
Tom inclina légèrement la tête, considérant la professeure avec réserve.
— Je ne vois pas comment renoncer au contrôle pourrait être un avantage. Ne pas avoir le contrôle, c'est laisser à l'autre le loisir de s'en saisir. Entre sorciers, toute relation repose nécessairement sur un rapport de domination. Nul n'échappe à la nature intrinsèque de la magie, qui n'est, au fond, rien d'autre qu'un potentiel de force — parfois immense, parfois latent, mais toujours inégalement exploité.
Ludmilla éclata de rire, un éclat léger, presque cristallin, mais faisant état d'une malice évidente.
— Comment un être d'une intelligence aussi remarquable peut-il être à ce point obtus ? lança-t-elle avec un sourire narquois, plus pour elle-même que pour lui.
Elle le fixa, ses yeux brillant d'un amusement sincère. Puis, d'un ton plus doux, presque murmuré, elle poursuivit :
— Tu es méfiant, n'est-ce pas ? Toujours à garder tes secrets jalousement, comme si chacun d'eux était une clé précieuse que seul toi avais le droit de posséder.
— Je ne vous ai rien caché, professeure, répondit-il avec une fausse innocence.
— Oh, vraiment ? Alors, quel secret renferme la bague que tu portes à ton doigt ?
La mâchoire de Tom se crispa imperceptiblement.
— Rien, répondit-il immédiatement, tandis qu'il ramenait sa main derrière son dos, comme pour la soustraire à son regard scrutateur.
Un sourire amusé étira les lèvres de Ludmilla. Elle se rapprocha légèrement, son ton devenant plus cajoleur.
— Tu es méfiant, Tom, mais pas là où il le faudrait. Et paradoxalement, tu te montres bien trop transparent sur d'autres sujets. Cela finira par te jouer des tours.
Elle marqua une pause, le dévisageant avec un sourire empreint d'une certaine nostalgie.
— Tu sais, à ton âge, je te ressemblais beaucoup. Ce n'est pas avec les autres sorciers qu'il s'agit de lâcher prise, mais face à la magie elle-même. Et j'ai justement appris à lâcher prise… par des moyens que tu ne peux probablement pas encore concevoir.
— Lesquels ? demanda-t-il avec hauteur, ses yeux perçant les siens d'un regard inquisiteur.
— Il existe trois façons de se laisser aller pour affronter un blocage et favoriser son enrichissement spirituel, répondit-elle d'un ton détaché, presque professoral. La première, exercer la magie noire de manière exutoire. La seconde, s'abandonner à un sommeil long et sans rêves.
Elle s'interrompit, laissant le silence s'étirer, presque palpable, avant d'ajouter d'une voix basse, presque facétieuse :
— Et la troisième… se faire plaisir.
Tom haussa un sourcil, l'air sceptique, son visage trahissant sans peine son incrédulité.
— Se faire plaisir ? répéta-t-il, un brin moqueur, comme s'il pesait la futilité apparente de la notion.
— Oui, confirma-t-elle, un sourire mystérieux illuminant son visage, sans élaborer davantage sur le sujet. Ce que nous préparons ce soir, cependant, est une potion de sommeil sans rêve. L'une de mes créations personnelles. Je songe à la commercialiser un jour ; elle pourrait être utile à bien des gens.
Tom fronça les sourcils, son expression trahissant un mélange de perplexité et de mépris.
— Je ne vois pas en quoi dormir peut résoudre quoi que ce soit, fit-il remarquer.
— Non, Tom, répondit-elle avec un soupir, tu es encore imperméable à une grande partie de ce que la magie a à offrir.
Déstabilisé par cette déclaration, il préféra se concentrer sur la préparation de la potion, évitant soigneusement de répondre.
Après un silence prolongé, Ludmilla brisa l'atmosphère de nouveau :
— As-tu déjà fait l'amour, Tom ?
— Pardon ?
Il releva la tête brusquement, et malgré tous ses efforts pour rester placide, une légère teinte rosée envahit ses joues.
— Oublie-cela, finissons cette potion, dit Ludmilla avec indulgence, et ensuite tu devrais noter sa composition dans ton petit journal.
-o-O-o-
Le prochain souvenir tenta, lui aussi, de se dérober à Bellatrix, tel un poisson-diable glissant entre ses mains. Mais elle s'accrocha avec force, bien que le jour, le lieu et les couleurs restassent enveloppés d'un voile flou et évanescent.
-o-O-o-
— Est-ce que tu aimes, ça?
Ludmilla était assise tout contre Tom sur le banc d'un vieux pupitre dans une salle de classe abandonnée, sa main était plongée à l'intérieur du pantalon du jeune homme et faisait des vas-et-viens d'un rythme régulier.
Le jeune homme gardait les yeux fermés, ses sourcils légèrement froncés, trahissant une intense concentration ou une lutte intérieure. Face à lui, la jeune professeure, le regard fixe, observait chaque détail de son visage. Ses traits finement ciselés, presque parfaits, son nez droit, ses joues légèrement creuses, ses lèvres pleines.
Elle semblait se délecter de ce mélange troublant de vulnérabilité et de maîtrise, cherchant dans chaque expression, chaque mouvement imperceptible, une confirmation de ce qu'elle espérait trouver en lui.
— Je ne sais pas, répondit-il.
Elle laissa échapper un rire.
— Détends-toi, essaie de faire le vide dans ta tête.
— En fait, je crois que j'apprécierais davantage si vous vous taisiez.
Ludmilla laissa échapper un rire cristallin, amusée par la désarmante franchise du jeune homme.
— Je suppose que tu préféreras cette autre méthode, celle qui m'empêchera de prononcer le moindre mot.
Sur ces paroles, elle s'agenouilla avec une lenteur étudiée, le regard défiant, presque espiègle. Tom, après un instant d'hésitation, rouvrit les yeux pour la fixer, ses prunelles teintées d'une curiosité troublée.
— Ça ne t'excite pas de voir une professeure, une virtuose de la magie, la femme d'un Mage Noir que tu admires, agenouillé devant toi…?
— Un peu… admit Tom, le souffle court, l'excitation naissante en observant la jeune femme défaire un peu plus sa braguette, mais pourquoi faites-vous cela?
— Je me fais plaisir, et je prends ce qu'il me plaît. Tu es un jeune homme fort séduisant, et je n'ai rien de tel chez moi.
— Pardon ?
— Mmh, mmh. Dmitri et moi, vois-tu, c'est un mariage arrangé. Je l'apprécie, certes, mais il est un vieux sorcier, de plus de trente ans mon aîné. Pour tenter de raviver une étincelle de passion en moi, j'ai conçu une potion… disons, d'une nature moins noble. Une concoction capable de m'enflammer de désir pour lui. Et toi… tu ne serais pas curieux de l'essayer ? demanda-t-elle, un éclat de perfidie dans les yeux et un sourire empreint d'insolence.
—Non! s'exclama aussitôt Tom.
— Je m'en doutais, laisse-moi donc essayer naturellement.
Et sur ces mots, elle se mit à l'ouvrage.
-o-O-o-
—Pourquoi t'être mariée à ce mage noir si tu ne l'aimes pas ? Ne pouvais-tu pas refuser cette union ? demanda un jour Tom, le ton empreint d'une curiosité distante.
—Je ne pense pas que j'aurais pu trouver meilleur époux, répondit Ludmilla avec calme. Certes, il est vieux, mais c'est un grand mage noir. Je le connais depuis mon enfance. En tant que garants d'un monde en péril, nous avons une responsabilité. Il est du devoir des femmes de choisir de bons époux avec qui assurer une descendance.
Tom sembla légèrement sceptique, arquant un sourcil sans répondre immédiatement.
—Tu ne le crois pas ? poursuivit-elle en soutenant son regard. Il est aussi de la responsabilité des sorciers dignes de ce nom d'assurer une descendance, ajouta-t-elle avec un clin d'œil malicieux.
Cette fois, Tom ne put dissimuler une moue de profond dégoût.
—Je n'aurai jamais d'enfants, déclara-t-il avec une fermeté glaciale.
—Oh, vraiment ? Et pourquoi donc ? rétorqua Ludmilla, un sourire flottant sur ses lèvres.
—Je n'en ai pas besoin, affirma-t-il avec un aplomb indémontable.
Ludmilla l'observa un instant sans répondre, comme si elle cherchait à sonder ses pensées.
—Et donc, tu n'auras jamais de relation sexuelle avec aucune fille ? finit-elle par demander.
Le jeune Voldemort sembla réfléchir un instant, le visage fermé.
—Si une grossesse devait survenir, je ferais simplement tuer l'enfant, déclara-t-il froidement, d'un ton qui ne laissait aucune place au doute.
—Mmh. Un peu radical, mais efficace, commenta Ludmilla d'une voix détachée, un éclat amusé dans le regard.
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Ils progressaient sur un sentier sinueux qui longeait l'orée de la Forêt Interdite. Tom marchait d'un pas vif, presque impatient, tandis que Ludmilla s'efforçait de le rattraper, sa voix rompant le silence nocturne par une succession de supplications : « Arrête-toi ! S'il te plaît ! Tom, je t'en prie ! ».
La nuit était bien avancée, enveloppant les environs d'une obscurité dense, mais une pleine lune spectrale, suspendue haut dans le firmament, projetait une clarté froide sur leurs visages. Son éclat diffus descendait en un filet vaporeux, effleurant les cimes des arbres comme un voile d'argent.
— Tom, je t'en supplie, pardonne-moi, chuchota-t-elle, la voix tremblante d'un mélange d'inquiétude et de persuasion. J'ai approché cette situation de la mauvaise manière, je l'admets… mais je t'assure, cette potion n'a rien de commun avec l'Imperium ! Elle ne fait qu'éveiller ce qui sommeillait déjà en toi. Je n'ai fait que t'aider à surmonter tes craintes, pour que rien n'entrave ton ascension.
Il s'arrêta net et la fixa d'un regard glacial, son expression empreinte de mépris et de colère contenue.
— Peut-être devrais-je informer ton mari ? lâcha-t-il d'une voix acérée. Que penserait-il de moi en l'apprenant ? Et comment pourrais-je prétendre à une place parmi les membres de la Confrérie des Sept Sorciers si l'un d'eux se complaît avec la femme d'un autre ?
Ludmilla leva les yeux au ciel.
— Ne sois pas absurde. Ce serait une erreur. Tu dramatises une situation qui, en réalité, est insignifiante. Le sexe n'est qu'un jeu, une distraction; ça n'a pas d'importance.
Elle marqua une pause, laissant ses mots s'infiltrer dans l'esprit du jeune homme avant de reprendre, son ton mielleux teinté de condescendance :
— Tom, tu es un jeune homme débordant de talents, mais il te faut comprendre une vérité essentielle : dans ce monde, seule l'influence compte. Et, soyons honnêtes, tu n'as rien qui te distingue véritablement. Pas de relations solides, hormis quelques camarades de Serpentard encore trop jeunes pour avoir du poids. Pas de fortune. Et surtout, pas de nom.
Elle marqua une pause avant de poursuivre avec un sourire acéré :
—Oh, bien sûr, je sais que tu es l'héritier de Salazar Serpentard. Mais ton nom, c'est Jedusor. Jedusor. Un nom dénué de prestige, synonyme de rien. Tu n'es qu'un pauvre orphelin aux ambitions démesurées, mais cruellement dépourvu des moyens de les atteindre. Et oserais-je aborder le sujet de tes origines, Tom ?
Tom fit mine de chercher sa baguette, mais Ludmilla éclata d'un rire moqueur :
—Que comptes-tu faire ? M'attaquer ? Allons, sois sérieux, Tom. Je suis ta professeure. Tu ne voudrais tout de même pas risquer une exclusion de Poudlard à quelques semaines de tes ASPICS.
Elle le scruta longuement, ses yeux cherchant à percer l'armure d'assurance qu'il s'efforçait de maintenir. Puis, d'un ton plus doux, presque enjôleur, elle poursuivit :
—Dans ton malheur apparent, tu possèdes une chance inouïe. Tu es brillant, charmant, et… particulièrement séduisant. Demande à n'importe quelle sorcière de notre monde, et tu le comprendras : la séduction peut t'ouvrir des portes que même les plus puissants sortilèges ne sauraient franchir.
Elle s'approcha légèrement, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.
—Je n'ai fait que t'aider à entrevoir cette voie, mon cher. Crois-moi, tu ne pourras pas t'élever sans apprendre à user de tes charmes.
Il continua de la fixer longuement, son silence lourd de reproches, ses yeux sombres brillant d'une intensité presque inquiétante.
— Pardonne-moi, répéta-t-elle d'une voix adoucie, joignant les mains comme dans une supplication maladroite. Oublions tout cela, veux-tu ?
Il pencha légèrement la tête, comme pour jauger ses intentions, avant de répliquer d'un ton glacial :
— Alors, est-ce que tu vas me présenter aux six mages noirs de la Confrérie ?
Elle acquiesça vivement.
— Oui, tu as mérité cet honneur. Pendant les vacances de Pâques. Prends une chambre sur le Chemin de Traverse et attends mes instructions. Je te contacterai en temps voulu.
— Bien, dit-il maladroitement avant de se détourner et de rejoindre le château.
-o-O-o-
Pâques 1945,
Saint-Pétersbourg.
Ludmilla Thenn, tenant fermement le bras de Tom, transplana avec précision jusqu'au point de rendez-vous. Ils apparurent devant une petite porte cochère, sombre et basse, enchâssée dans l'imposante muraille de pierre. Sous leurs pieds, une neige boueuse, presque entièrement fondue, formait une couche humide et glissante, salissant le seuil de l'entrée.
—Suis-moi, dit-elle d'un ton assuré. Le point de rassemblement se trouve dans les profondeurs de cette forteresse. Le passage des sorciers s'effectue par cette porte, soigneusement dissimulée aux Moldus grâce à un enchantement.
D'un mouvement précis de sa baguette, Ludmilla traça sur la porte un schéma complexe, une arabesque de lignes et de symboles qui scintillèrent brièvement avant que la porte cochère ne s'ouvre dans un grincement lourd. L'entrée dévoila un escalier étroit, taillé dans la pierre, s'enfonçant dans des profondeurs obscures et inquiétantes.
— Les six t'attendent en bas, reprit-elle en lançant un regard furtif à Tom. Ils te poseront quelques questions, mais ce ne sera qu'une formalité. Mes rapports tout au long de l'année leur ont suffi pour éveiller leur intérêt… et attiser un désir brûlant de te rencontrer.
Tom esquissa un sourire, une ombre de satisfaction traversant ses traits. Sans un mot, il emboîta le pas à Ludmilla, descendant avec elle l'escalier sombre qui semblait s'enfoncer droit dans les entrailles de la forteresse.
Ils débouchèrent dans un vaste amphithéâtre circulaire, éclairé par des torches dont les flammes vacillantes projetaient des ombres mouvantes sur les murs. De lourdes tapisseries noires et or, frappées de l'inscription 7S entourée d'un cercle tressé de feuilles d'or, pendaient aux parois de pierre. En bas des marches, au centre de la pièce, une table ronde imposante était entourée de six sorciers. Une chaise restait vide, tournée dos à l'entrée, comme si elle attendait celui pour qui elle avait été réservée.
Tom et Ludmilla descendirent les marches avec une lenteur mesurée. Les regards des six sorciers, fixes et implacables, se braquèrent sur Tom. L'un d'eux, cependant, esquissa un sourire mordant, un éclat de malice dans les yeux. Ludmilla se hâta de contourner la table pour se placer entre deux vieux sorciers, debout et droite, dans une posture presque cérémonielle. Celui qui avait souri était grand et élancé, avec des yeux bleus perçants ; l'autre, brun, arborait une barbe taillée en pointe qui accentuait son allure sévère.
—Bienvenue, Tom, lança le sorcier à la barbe pointue d'une voix grave et posée. Ou préfères-tu que nous t'appelions… Lord Voldemort ?
Une rumeur sourde, comme un rire étouffé, parcourut les membres attablés.
—Je préfère que l'on m'appelle Lord Voldemort, répondit Tom avec hauteur.
Le sorcier inclina légèrement la tête, un sourire au coin des lèvres.
—Permets-moi de me présenter, ainsi que mes compagnons, cher lord. Je suis Wolf Thelonious, le père de Ludmilla. À ma droite se trouve mon plus vieil associé, Dmitri Jdanov, avec qui j'ai fondé cette vénérable société secrète. À ses côtés, Atila Altan, expert en maléfices et enchantements coercitifs. Puis Hans Leimkuhler, érudit en magie noire germanique et scandinave du XIIᵉ siècle. Seth De Lellis, détenteur d'une thèse sur les propriétés du sang de licorne, et enfin Vermilius Galatis, spécialiste des inferis, momies et créatures des mondes antiques. Nous te prions de prendre place.
Tom s'installa avec une aisance un peu forcée sur la septième chaise, jetant un bref regard circulaire à l'assemblée.
—C'est avec un très grand intérêt que nous avons examiné ta candidature, poursuivit Thelonious d'un ton presque bienveillant. D'abord en lisant ta lettre envoyée l'année dernière, puis au fil des rapports transmis par ma chère fille tout au long de cette année. Tes ambitions sont grandes, et nous les avons observées avec un intérêt soutenu. Tu incarnes tout ce que cette société apprécie chez ses membres : la puissance, la détermination, et une ambition rare.
Il marqua une pause, scrutant le visage impassible du jeune homme.
—Mais, comme nous le savons tous ici, l'ambition seule ne suffit pas.
Un murmure approbateur parcourut la table, teinté d'un amusement à peine voilé. Ludmilla restait debout, droite, mais légèrement en retrait. Dmitri Jdanov prit le relais, ses mains croisées devant lui, son sourire mince et acéré :
—Nous avons pris soin de t'étudier, très cher. Nous t'avons envoyé cette charmante professeure, qui se trouve être ma délicieuse petite épouse, pour évaluer ton potentiel, pour déterminer si tu étais digne de confiance. Malheureusement pour toi, la réponse s'est imposée à nous avec — je dois dire — une certaine limpidité.
Un ricanement discret parcourut la table, résonnant dans l'amphithéâtre de façon froide et siniste. Wolf Thelonious hocha lentement la tête, son sourire moqueur étirant ses lèvres.
— Cette lettre que tu as envoyée ? Quelle audace… mais quelle imprudence. Te dévoiler ainsi, te targuer d'être l'héritier de Serpentard, d'avoir ouvert cette fameuse Chambre des Secrets… Était-ce de l'arrogance, ou un peu de naïveté, d'enthousiasme juvénile ?
Hans Leimkuhler, assis à droite de Dmitri, se redressa légèrement, son accent germanique rendant ses mots encore plus tranchants:
—Non seulement tu as démontré que tu étais présomptueux et imprudent, mais également secret et imprévisible. Une combinaison fascinante, certes… mais terriblement nuisible. Pour faire simple, tu es dangereux.
Il marqua une pause, scrutant Tom d'un regard glacé avant de reprendre, avec une pointe de mépris :
—C'est une chose d'être ambitieux. Mais penser que nous, les gardiens de cette société, nous nous inclinerions devant un garçon capable d'exposer ses failles aussi ouvertement… C'est presque une insulte à notre intelligence.
Seth de Lellis, l'expert en sang de licorne, se pencha légèrement en avant, un sourire narquois sur les lèvres, sa voix traînante débordant de sarcasme :
—Et cette bague à ton doigt… Quelle curiosité.
Pour la première fois, une lueur de trouble passa sur le visage de Tom.
—Ce n'est qu'un vestige appartenant à ma famille… répondit-il, sa voix d'ordinaire si maîtrisée vacillant légèrement.
—Crois-tu que nous sommes si facilement dupés ? s'exclama Vermilius Galatis, son ton acéré claquant comme un fouet. Nous, les membres de la vénérable Confrérie des Sept Sorciers ? Nous, qui avons œuvré aux côtés de Gellert Grindelwald, le plus grand mage noir de tous les temps ?
Wolf reprit, sa voix s'adoucissant pour prendre une tonalité presque chaleureuse, bien que chaque mot soit porteur d'une menace froide :
—Nous avons servi un maître dont les idéaux surpassent de loin tes jeux d'enfant, Tom. Cette société que nous avons fondée repose sur des principes de prudence et de discernement. Chaque décision, chaque acte, est pesé avec soin.
Il se pencha légèrement en avant, son sourire se muant en une grimace glaciale.
—Toi, en revanche, tu es une anomalie. Une force imprévisible, incontrôlable, et bien trop menaçante pour ce que nous avons construit.
Dmitri Jdanov, les yeux mi-clos, ajouta d'un ton acerbe :
—Non, Tom. Tu n'as jamais été convié ici pour rejoindre nos rangs. Cette convocation n'avait qu'un seul but : neutraliser une menace avant qu'elle ne devienne incontrôlable.
— Expelliarmus! s'exclama Atila Altan.
C'était un guet-apens. Un piège méticuleusement tendu. D'un geste sec, la baguette de Tom s'échappa de sa main, attirée par une force invisible vers l'expert en maléfices coercitifs, qui la saisit avec un sourire glacial.
La chaise sur laquelle il était assis sembla se figer, répondant à un maléfice qui paralysait son occupant. Les muscles de Tom se contractèrent alors qu'il tentait de se lever, mais un enchantement invisible l'immobilisait complètement.
Les six sorciers se levèrent, leurs regards froids et implacables braqués sur lui, comme pour le juger. Une tension presque palpable alourdissait l'air. Ludmilla, jusque-là immobile, fit un pas en arrière, se dissimulant à moitié dans l'ombre des torches vacillantes.
Sans qu'un mot ne soit prononcé, Tom fut projeté en arrière, son corps plaqué violemment contre la table ronde sertie d'or et de bois noir. Des liens magiques jaillirent de la surface, s'enroulant autour de ses poignets et de ses chevilles avec une précision impitoyable. La table vibrait doucement, comme si elle répondait à une force obscure.
Le supplice commença.
Un premier maléfice fendit l'air, frappant son torse d'une brûlure intense. Un second, tranchant et glacial, suivit, parcourant son corps d'un frisson douloureux. Les sorts s'enchaînèrent, s'abattant sur lui comme une tempête inexorable. Chaque enchantement portait une intention claire : infliger la douleur, humilier, réduire à néant.
Leurs voix, récitant des incantations anciennes, résonnaient contre les murs de l'amphithéâtre. Des éclats de lumière rouge, verte et bleue illuminaient par intermittence l'obscurité, projetant des ombres grotesques sur les tapisseries. Les liens magiques maintenaient fermement le corps agité de convulsions.
Seth de Lellis s'avança, un sourire satisfait sur le visage, et pointa du doigt la bague ornant la main de Tom. L'anneau, gravé du symbole de Salazar Serpentard, scintillait faiblement dans la pénombre.
D'un geste lent et exalté, il tendit la main vers la bague, ignorant les tremblements qui secouaient encore le corps de Tom. À l'instant où ses doigts effleurèrent l'anneau, une réaction soudaine éclata.
Un cri de terreur jaillit de Seth alors qu'il reculait violemment, sa main semblant brûler sous un feu invisible. Sa peau vira du rouge foncé au noir, des traînées sombres se répandant le long de son bras.
—Qu'est-ce que… ? hurla-t-il, les yeux écarquillés, se tenant la main mutilée.
Les autres sorciers s'arrêtèrent net, déconcertés. Un silence pesant envahit la pièce, seulement rompu par les gémissements étouffés de Seth. L'anneau scintillait désormais d'un éclat sinistre, pulsant doucement, comme une entité vivante.
Le moment était venu. Tom ferma les yeux, et son visage, tendu par l'effort, trahissait une concentration presque surhumaine. Soudain, une énergie écrasante envahit l'amphithéâtre, comme une onde invisible mais terriblement oppressante. Un grondement sourd, semblant naître des murs eux-mêmes, résonna à travers la pièce. Les torches vacillèrent violemment, projetant des ombres grotesques et mouvantes sur les tapisseries noires et or.
Une aura sombre et dense, presque palpable, irradiait de Tom, saturant l'air d'une intensité suffocante. Son corps, couvert de sang et moite, se raidit un instant, puis, d'un mouvement brusque, il brisa les chaînes magiques qui le retenaient. Il se redressa, moins agile qu'à l'accoutumée, mais animé d'une rage palpable, presque vibrante.
D'un geste vif, et dans un éclat de fureur, il dévia un sort à main nue, sans baguette, un maléfice lancé pour l'immobiliser. En une fraction de seconde, le combat éclata, aussi violent que chaotique. Les maléfices fusaient dans l'air comme des éclairs, illuminant l'amphithéâtre de lueurs tantôt rouges, tantôt vertes, conférant à la scène une atmosphère presque infernale.
Tom esquiva avec une habileté meurtrière, se protégeant tour à tour derrière la table et les colonnes massives de l'amphithéâtre. Chaque mouvement de son corps était une danse macabre, une chorégraphie précise dont sa vie dépendait à chaque instant.
L'énergie qui émanait de lui semblait vivante, vibrant en vagues puissantes et menaçantes, comme une manifestation brute de sa colère et de sa haine. Ses yeux, désormais marqués d'un éclat rougeâtre inquiétant, semblaient percer l'obscurité. Chaque syllabe de ses incantations résonnait dans l'air, porteuse d'une puissance ancienne, presque irréelle.
Profitant d'un moment d'opportunité, Tom tendit sa paume en direction d'Atila Atlan, le sorcier qui l'avait désarmé. Une onde de choc invisible jaillit de sa main et frappa Atila avec une force dévastatrice, le projetant contre le mur de pierre dans un fracas sourd. Le corps du sorcier retomba au sol, inerte.
Comme libérée d'une prison, la baguette de Tom vola à travers la pièce, glissant dans sa main avec une précision presque surnaturelle.
Une rumeur mêlée de peur et d'effroi parcourut l'amphithéâtre, brisant un instant la frénésie du combat.
Tom, désormais seul contre six, se tenait fermement debout, sa baguette solidement empoignée. Ses gestes, rapides et précis, dégageaient une maîtrise extraordinaire, presque surhumaine. Chaque sort qu'il lançait portait une intention létale, un éclat de puissance brute et incontrôlable.
Dmitri Jdanov chancela, sa baguette tremblant dans sa main.
—Qu'est-ce que… ? murmura-t-il, les mots se perdant dans un souffle étranglé.
Hans Leimkuhler, qui s'apprêtait à lancer un sort complexe, s'immobilisa, son visage déformé par une peur palpable.
— Du calme… souffla-t-il.
Tom abattit sa baguette avec une violence inouïe, et une détonation retentit dans l'amphithéâtre, faisant trembler les murs. Hans Leimkuhler dégringola de sa position élevée dans les marches et se brisa la nuque.
—Vous pensiez me piéger ? gronda Tom, sa voix éraillée amplifiée par l'écho, résonnant comme une sentence irrévocable. Vous n'avez aucune idée de qui je suis !
Les sorciers restants échangèrent des regards, leur assurance s'effritant face à cette démonstration terrifiante. Vermilius Galatis, désespéré, lança un sort destructeur qui illumina brièvement la pièce d'une lueur écarlate. Tom contrattaqua avec une rapidité foudroyante, retournant le sort contre son adversaire. Le cri d'agonie de Galatis fut étouffé par l'explosion de lumière verte qui le consuma.
La pièce tout entière vibrait sous l'énergie dévastatrice de Tom. Chaque pas qu'il faisait semblait alourdir l'atmosphère, rendant l'air presque irrespirable. Les torches vacillaient, comme si elles tentaient désespérément de résister à cette force implacable. Seth de Lellis, à la peau encore noire, tenta de reculer, mais Tom, d'un geste implacable, libéra une onde d'énergie qui le projeta violemment contre une colonne. Le corps de Seth s'effondra, sans vie.
Wolf Thelonious, le visage crispé par l'effroi, tenta une ultime attaque, mais la fureur de Tom était sans faille. Un sort silencieux jaillit de sa baguette, frappant Thelonious avec une précision létale. Il s'écroula, son corps rejoignant ceux de ses compagnons sur le sol glacé.
Un hurlement déchirant retentit : Ludmilla.
Il ne restait plus que Dmitri Jdanov, seul, haletant, sa baguette encore levée, mais tremblante.
Tom avançait lentement vers lui, son regard incandescent, chaque pas résonnant comme une sentence. L'air semblait vibrer autour de lui, chargé d'une puissance si écrasante qu'elle en devenait presque insupportable.
—Est-ce ainsi que s'éteint votre vénérable Confrérie ? demanda-t-il d'une voix glaciale, empreinte d'un mépris cinglant. Vous ne faites pas honneur à votre réputation.
Avant qu'il ne puisse abattre son dernier adversaire, Ludmilla se précipita. Elle se plaça entre Dmitri et Tom, la baguette pointée sur le jeune home, son visage déformé par l'épouvante.
—Arrête ! Tom, je t'en supplie, assez ! Ça suffit !
Tom la fixa, ses yeux brûlant d'un éclat infernal, son visage figé dans une expression de pure domination.
— Il est trop tard pour les remords professeur, écartez-vous, ordonna-t-il d'un ton bas et menaçant.
—Non ! hurla-t-elle, avec désespoir. Je te promets que ça n'en vaut pas la peine ! Tu as prouvé ta supériorité. Regarde-les ! Ils sont tous morts. Il n'y a plus rien à prouver. Tom, je t'en supplie… laisse-le.
Le silence qui suivit était presque insoutenable. L'énergie pulsante autour de Tom semblait vouloir exploser, et pourtant, il restait immobile, le regard rivé sur Ludmilla, son visage impassible. Mais avant qu'il ne puisse répondre, Dmitri bougea.
D'un geste vif et précis, Dmitri pointa sa baguette sur Ludmilla.
—Avada Kedavra.
Une lumière verte jaillit, éclairant l'amphithéâtre d'une lueur spectrale, avant que l'obscurité ne retombe. Le corps de Ludmilla s'effondra lourdement au sol, ses bras étendus comme une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils.
Un silence glacial suivit, l'air semblant se figer sous le poids de l'acte épouvantable.
Tom demeura immobile, son visage figé dans une expression indéchiffrable. Ses yeux restaient rivés sur le corps raide de Ludmilla, et, durant un bref instant, une lueur sombre, terrible, traversa son regard. Mais cette étincelle d'émotion fut rapidement ensevelie sous une froideur implacable.
Dmitri baissa lentement sa baguette, un souffle rauque échappant de ses lèvres. Il détourna enfin son regard vers Ludmilla, étendue en croix sur le sol. Une ombre fugace de regret passa dans ses yeux.
—Ma petite Lyouda… murmura-t-il, presque inaudible, d'un ton où se mêlait fatalisme et détachement.
Puis, il releva lentement les yeux vers Tom, ses traits se durcissant.
—Elle t'a trahi, Tom, dit-il d'un ton froid, désinvolte, mais chaque mot semblait peser comme une pierre. Considère mon geste comme une main tendue, un marché.
Il marqua une courte pause, sondant le visage fermé de Tom.
—Je te propose une alliance.
Tom tourna lentement la tête vers Dmitri, ses traits marqués par une rage silencieuse et contenue.
—Pourquoi ? lâcha-t-il, sa voix basse et grondante.
Dmitri planta son regard dans le sien, une intensité fiévreuse dans ses yeux.
—Parce que je me suis lourdement trompé, répondit-il calmement. Nous avons eu tort. Et je te présente mes excuses. Tu es une force brute, une puissance que nous n'avions pas anticipée. Ce que tu viens de démontrer ici dépasse tout ce que nous aurions pu imaginer.
Il fit un pas vers Tom, levant légèrement les mains en signe de reddition.
—Écoute-moi, Tom. Tu viens de prouver que tu n'as besoin de personne pour devenir le plus puissant mage noir de tous le temps… De toute évidence, tu l'es déjà. Mais… et crois-moi sur ce point, tu auras besoin de moi pour d'autres choses.
Tom resta silencieux, son regard glacial pesant sur Dmitri. Ce dernier continua, sa voix devenant plus mesurée, plus enjôleuse :
—Je peux t'ouvrir des portes. T'offrir un accès à des cercles prestigieux, des familles influentes dans toute l'Europe. Te fournir des fonds, des ressources. Tu n'as pas d'amis, Tom, pas de protection, pas de mécènes.
Il marqua une pause, sondant Tom du regard avant d'ajouter avec une précision acérée :
—Laisse-moi la vie sauve, et ce monde est à toi.
Tom inclina légèrement la tête, ses traits toujours impassibles, mais ses doigts se crispèrent autour de sa baguette.
—Et pourquoi devrais-je te croire ?
Dmitri esquissa un sourire ténu, presque provocateur.
—Parce que tu n'as pas vraiment le choix. Comment vas-tu dissimuler ce carnage ? Le meurtre de six mages noirs de renom, et celui de ta propre professeure ? Me faire confiance est ta seule issue. Je viens de tuer ma femme pour te prouver ma bonne foi.
Le silence retomba. Pendant un instant, rien ne bougea. Puis Tom abaissa lentement sa baguette.
—Très bien, dit-il d'une voix froide, tranchante. Mais sache une chose… Si jamais tu trahis cet accord, ce que tu as vu ce soir ne sera qu'un avant-goût de ce que je te réserve.
Dmitri hocha la tête, un sourire satisfait étirant ses lèvres.
—Je n'en doute pas, Lord Voldemort.
Tom jeta un dernier regard au corps sans vie de Ludmilla, puis tremblant et boîtant, il tourna les talons, sa silhouette avalée par les ténèbres opaques de l'amphithéâtre.
-o-O-o-
Bellatrix le regarda s'éloigner longuement, un pincement violent et lancinant au creux du cœur. Elle en avait assez vu. Elle avait l'impression d'y avoir erré des années, prisonnière de souvenirs oppressants. Une étrange torpeur l'envahissait, semblable à celle qui succède à une traque acharnée : le corps brisé mais l'esprit incapable de s'apaiser. Le silence régnait, et pourtant, dans sa tête, les échos du voyage, les bruits et les images continuaient de résonner, vifs, entêtants, impossibles à chasser.
Reginaldus et ce mariage sur le point d'être annulé. Dmitri Jdanov et Ludmilla. Chaque souvenir se mêlait en un chaos troublant et désordonné. Mais ce qui pesait le plus lourd dans cette mosaïque d'ombres, c'étaient les images sombres, viscérales, qu'elle avait arrachées aux tréfonds de la mémoire de son Maître : l'étrange relation qu'il avait tissée avec cette jeune professeure, le combat titanesque contre six mages noirs, et surtout… son Maître torturé pendant des heures, cloué sur cette table d'or et de bois noir.
Bellatrix frissonna, comme si le poids de ces visions refusait de la quitter. Elle était exténuée, chaque fibre de son être réclamant un repos bien mérité.
Elle tenta de s'extraire de la Pensine, mais alors qu'elle amorçait un mouvement, elle s'immobilisa. Une ombre noire attira son regard, et son souffle se coupa net.
Adossé contre l'une des colonnes de l'amphithéâtre, les bras croisés, la peau blanche, le regard noir parcouru de reflets rouges, se tenait Lord Voldemort — son Lord Voldemort.
— As-tu trouvé ton escapade dans mes pensées à ton goût, Bellatrix ? demanda-t-il d'un ton faussement désinvolte.
PS : Pour Billy qui m'a demandé dans une review, Voldemort indique à Bellatrix qu'il a exécuté Mirepoix au début du chapitre 12 :
« Lord Voldemort sortit une fiole de son tiroir et la tendit à Bellatrix :
— Ceci devrait t'aider à accélérer ta guérison, selon Alecto, du moins.
Bellatrix le remercia mais ne put cacher une moue à l'entente du nom de la Mangemort.
— Un problème avec Alecto, peut-être ? questionna-t-il avec amusement.
— Elle est totalement incompétente, accusa-t-elle, ce n'est qu'une arriviste des plus grossières.
Lord Voldemort leva un sourcil sceptique.
— J'avais un guérisseur très talentueux, comme tu le sais, mais il a dû être exécuté pour des raisons que tu connais également, expliqua-t-il, Alecto a étudié quatre années à la faculté de la médicomagie et elle a pour l'instant toujours été capable d'accomplir les tâches que je lui ai confiées. »
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À bientôt,
SamaraXX.
