Réponses commentaires :
Salut! Alors déjà merciiii BEAUCOUP de commenter, ça fait hyper plaisir, je commençais à douter un peu de cette fic, ahaha.
Je voudrais trop pouvoir répondre à tes questions, mais comme tu dis, pour la plupart je peux pas :X même si bien-sûr j'adore qu'on se les pose!
Severus va revenir ouaip! Mais pas tout de suite tout de suite, il a quelques trucs à faire de son côté. J'adore ce perso aussi :D
Curiosité vient de l'horcruxe du médaillon, oui, il est tout trempé parce que les gens se noyaient en tentant de le récupérer. Un peu parce que l'enfance de Voldemort est morte là-bas, en fait. Et Jalousie vient du journal de Tom Jedusor, il a la même apparence que le Jedusor de HP 2, tout bêtement ^^
J'essaye de publier une fois par semaine si y a pas de problèmes, j'espère que je vais arriver à tenir ce rythme! Merci beaucoup de suivre!
-Ben ça. La Mer nous envois des puceaux, maintenant.
-Si y en avait qu'un dans tout l'océan, tu peux être sûr que c'était Greyback qui le pêcherait!
-Regardez-y comme il est beau. Et bien achalandé. C'est pas du tissu de tous les jours, ça, c'est de la soie.
-Ca s'habille pas comme ça, les gamins normaux. Et si on n'était pas sortis de la Mer des Maléfices ?
-Tonks, tu fais chier avec la Mer des Maléfices.
-Si j'étais un Hurleur, je m'habillerais tout pareil que ça.
-C'est qu'un cadavre. On y enlève tout et on balance ça dans le vide avant que ça nous refile ses maladies.
Ce fut la douleur, plus que les voix, qui réveilla Harry. La douleur et le froid.
Chaque muscle de son corps lui faisait mal. Le garçon parvint à ouvrir un œil desséché par le sel, la respiration sifflante. Il avait l'impression d'avoir couru pendant des jours. Même soulever sa poitrine à chaque inspiration le faisait souffrir. Il était allongé sur quelque-chose de dur.
-Il respire, idiot. Je dis qu'on le garde rien que ce soir. Ca me manque, les chansons, depuis que Winston est mort. On le tuera aussi bien demain.
-Pourquoi y chanterait ?
-C'est un marmot en soie, ça chante ou ça sert à rien.
-C'est un Hurleur, je vous dis.
Il y avait des silhouettes penchées au-dessus de lui, noircies par le soleil derrière-elles. De grandes silhouettes d'adultes. Harry tenta de parler mais sa langue était un morceau de viande inerte au fond de sa gorge. L'une des silhouettes se pencha un peu plus. C'était un rouquin tout juste assez âgé pour être un homme, de dix-huit ou dix-neuf ans, à la longue face et au nez retroussé criblé de tâches de rousseur. Harry n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi sale. Il portait une chemise aux larges manches qui avait peut-être un jour été blanche, des bretelles élimées et un gros ceinturon.
-De l'eau, articula Harry d'une voix rauque avant quoi que ce soit d'autre.
-Tu me donnes quoi si je t'en files ?, répondit simplement le jeune homme en bretelles.
Harry tenta de s'asseoir, et se découvrit si peu de force qu'il retomba sur le dos, deux fois, sous les rires de ceux qui l'entourais. Il finit par simplement se laisser choir sur le côté, complètement épuisé, ses boucles noires dégoulinants sur son visage. Puis un spasme remonta le long de sa colonne vertébrale et il vomit la moitié de l'océan pacifique. Les gens autour de lui s'exclamèrent peut-être ou reculèrent un peu, mais Harry était quasiment sourd, hagard.
Il n'aurait jamais pu imaginer. Il n'avait jamais su que ça ressemblait à ça, l'océan. C'était des courants incroyablement forts qui luttaient les uns contre les autres en permanence, et flotter entre eux, à la longue, ça revenait à être roué de milliers de coups, écrasé entre des mains de géants.
Soudain, tout lui revint. Le manoir au bord de la mer. Père. Grand-mère.
Voldemort les avaient trouvés.
Harry se redressa d'un bond en dérapant, haletant. Son public ricana ou s'exclama comme si tout cela faisait partie d'un spectacle que le gamin avait préparé à l'avance, et s'écarta pour lui laisser la place de tituber. Dés qu'il fit un geste le froid le saisit complètement, l'eau avait plaqué ses vêtements contre sa peau et le vent menaçait de les faire geler. Le monde tourna et tangua autour d'Harry avant qu'il ne parvienne à faire le point. Il écarquilla les yeux.
Il se tenait sur le pont d'un bateau. Un grand bateau qui semblait entièrement fait de bois noir, sur lequel s'activait des hommes par dizaines, les bras chargés de caisses, de cordages ou de nourriture. Ils étaient si nombreux et faisaient tant de bruit que l'arrivée d'Harry n'en avait même pas interpellé la moitié. Ils portaient tous le même genre de chemise à manches larges, des vestons ou des manteaux de cuir et de simples ruban noués autour de la taille comme ceinture. Des sorciers, comprit Harry avec soulagement. Aucun Moldu ne s'habillerait aussi bizarrement.
En reculant, le gamin heurta un homme qui transportait sur son dos une cage remplie de feu follets, puis il manqua glisser sur quelque-chose de visqueux et bondit de côté en découvrant un énorme serpent sous son pied. Harry blêmit lorsque l'animal rampa le long d'un des trois mâts du navire et s'assit les jambes croisées en travers de l'une des poutres qui soutenait la grande voile; le reptile venait de se changer en une magnifique femme aux yeux bridés vêtue d'une robe asiatique.
-Vous n'êtes vraiment pas amusant, leur cria-elle avec un sourire joueur. Vous n'avez pas envie de savoir d'où il arrive comme ça? Alors qu'on n'a pas croisé un navire depuis des semaines?
Des hiboux, des chouettes et des hommes voltigeaient et sautaient le long des cordages au-dessus de la tête de la femme sans que ça ne semble surprendre personne, rapides comme le vent.
Un bateau. Il avait été repêché par un bateau. Tout allait bien se passer à partir de m...
Soudain, le sang d'Harry se glaça dans ses veines. Au-dessus des voiles, un pavillon claquait sous la brise.
Un pavillon noir frappé d'une tête de mort.
Non... non, c'était impossible, personne ne pouvait manquer de chance à ce point! Soudain, l'un des pirates le saisit par le bras pour le ramener parmi ceux qui l'avaient repêché. Ils étaient une bonne dizaine, à le détailler avec méfiance et curiosité. Harry blêmit. Le visage de celui qui le tenait était... étrange. Difforme, avec des oreilles en pointe, une mâchoire et un front proéminent, quelque-chose de presque animal, et de petits yeux noirs qui brillaient au-dessus d'une rangée de crocs. Un loup-garou.
Le pirate lui adressa un sourire, révélant un peu plus ses dents aiguisées comme des poignards :
-Garf, il t'as posé une question. Qu'est-ce qu'il a à nous donner, le gamin en soie? C'est qu'elle est pas gratuite, la traversée.
-C'est qu'un foutriquet tout trempé, Fenrir, maugréa un gros pirate à la chemise noircie de sueur, assis contre le bastingage. Rends ça à la mer la gorge tranchée d'une oreille à l'autre, qu'on retourne au travail avant d'avoir des ennuis.
-Aucune imagination, soupira la femme-serpent.
Elle se tenait parmi eux, dévisageant Harry de ses yeux dorés, la tête penchée sur le côté. Quand était-elle redescendue du mât?! Sa robe asiatique, fendue à la cuisse, était du même vert que ses écailles de reptile.
-Je vais chercher Sirius, dit-elle finalement en faisant la moue.
-Tu vas rien chercher du tout, Nagini, grogna Fenrir en montrant les crocs.
-Alors viens m'attraper, fit simplement Nagini avec un clin d'oeil.
Sa transformation n'avait rien à voir avec celle d'un animagus : elle se métamorphosa si rapidement qu'Harry cru simplement voir disparaître un éclair couvert d'écailles. Il avait eu le temps de voir la femme-serpent quitter le pont pour s'engouffrer dans un escalier, mais à peine.
Mais Fenrir le tenait toujours, et Harry avait du mal à penser à quoi que ce soit d'autre. Il n'avait strictement pas dit un mot depuis qu'il s'était levé, parce qu'il ne pouvait absolument pas se permettre de laisser sa voix trembler. De laisser transparaître la moindre émotion.
-Arrêtez un peu de faire les malins, grogna une femme aux cheveux mauves. D'où est-ce que tu viens, petit? Prouve-nous que t'es pas un Hurleur, et peut-être que je te calmerai cet abruti.
-Vous regretteriez de me toucher, articula enfin Harry livide en relevant le menton. Je... je... je ne suis pas un «foutriquet».
On lui avait apprit à garder un visage lisse et distant en toutes circonstances, surtout quand il devait impressionner. Un Potter ne crie pas, ne s'affole pas et ne s'acoquine pas avec des brigands. Mais il avait de plus en plus de mal à empêcher sa voix de trembler. Il n'aurait pas pu plus mal tomber. Grand-Mère ne lui avait parlé de la mer qu'une seule et unique fois. Les sorciers décents évitaient la mer comme la peste. C'était sale, rempli de moins que rien, le monde magique avait cessé d'y évoluer depuis le Moyen Âge et la magie s'y comportait... étrangement. Le Ministère n'avait jamais pu y asseoir aucun contrôle, il n'y avait pas de lois, rien.
Et d'autres en parlaient comme des lieux les plus évolués du monde de la magie, des endroits où on avait continué à réellement étudier la sorcellerie au lieu de tout arrêter pour la cacher quand les sorciers avaient commencés à dissimuler leurs pouvoirs. On disait que la Mer était l'endroit où se cachaient les sorciers qui avaient renoncés à obéir à la loi des Moldus.
Là comme ça, entouré de pirates puants et couverts de saleté, Harry était plutôt tenté de croire la première version.
-Ah oui?, fit Fenrir en plissant ses petits yeux de requin. Raconte un peu, foutriquet. Qu'est-ce qu'on a repêché, alors ?
Harry se redressa tant bien que mal.
-Je suis Harry James P...
Tout à coup Harry se plia en deux pour vomir encore, sans réaliser une seule seconde sa chance. Il n'eut pas le temps de dire son nom. Le rouquin se pencha sur Harry en posant une main sur son dos, tentant de le comprendre.
-Un lord, gargouilla Harry à bout de forces quand il eut fini. Je suis... le jeune héritier de...
-Héritier, qu'il dit!, lança l'adolescent à la cantonade. Un lord.
Le rouquin ébouriffa brièvement les cheveux d'Harry et lui rajusta sa chemise.
-Allez petiot, dit-il. Cause bien et tu vivras p'têtre.
-Touche pas à ça, Garf, maugréa Fenrir.
Garf laissa docilement la grosse patte du loup-garou le renvoyer en arrière. Avec une rapidité inhumaine, Fenrir saisit Harry par la nuque et le suspendit par-dessus bord, en laissant les pieds du garçon battre dans le vide glacé.
-Vous n'avez pas le droit !, hurla Harry.
Ne crie pas, se répétait-il. Reste calme, reste calme !
Mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'il fonde en larmes.
-Je crois bien que Ludwick as raison, fit Fenrir avec un coup d'oeil au pirate ventru qui avait proposé de tuer Harry. S'il retrouve pas sa langue, moi je le jette par-dessus bord.
Le cœur d'Harry manqua un battement lorsqu'il regarda en bas.
Il avait été ballotté aussi bien sous la mer qu'en plein ciel, mais il s'était dit qu'une fois arrêté, il avait dû dériver sur l'eau, quelque-chose comme ça. C'était à peu près ça.
Mais s'il avait dérivé, alors c'était plutôt sur un nuage.
Le bateau voguait au beau milieu du ciel. Une mer de nuages blancs et cotonneux s'étendaient jusqu'à l'horizon, teintée d'or par un grand soleil. Rien d'autre. On ne voyait même pas la terre ferme. Le balancement du bateau s'atténuait quand il glissait sur un nuage, puis reprenait quand il n'y avait plus que le vent sous la coque. Harry n'avait jamais entendu dire que les sorciers cachaient quoi que ce soit au-dessus des nuages, même des sorciers pirates.
-Je ne suis pas dangereux !, hurla encore Harry alors que Fenrir le lâchait une griffe après l'autre.
-Oh ?, fit le loup-garou en étirant un sourire mauvais. Autant crever, alors. C'est qu'ici ça dure pas bien longtemps, c'qu'est pas dang...
Soudain, son sourire disparu, au simple grincement derrière-eux d'une botte sur une marche en bois.
-Qu'est-ce que tu as là, Fen'?, lança gaiement une voix.
Harry fut aussitôt rejeté par terre sur le pont, haletant. Les pirates s'écartèrent de lui, tranquillement mais d'un même mouvement.
Un homme descendait du pont supérieur pour les rejoindre d'une démarche bondissante, les pans d'un long manteau noir aux boutons d'argent claquant autour de lui. Plusieurs poignards étaient glissés avec sa baguette dans le ceinturon qui passait en travers de son torse, sur sa chemise bleue nuit. Ses bottes étaient d'un cuir richement tanné mais aussi crottées que celles de tous ses compagnons et un simple turban rouge nouait son pantalon de toile sombre à ses hanches, comme les autres.
Soudain, une créature qu'Harry n'avait jamais vu sauta par dessus la rambarde pour rejoindre le pirate sur le pont principal. Un gros chien à la silhouette élancée et aux oreilles pointues... à travers lequel on pouvait voir le pont. Il était fait de lumière évanescente, comme un fantôme, mais trop sombre pour être un patronus. Des lucioles de lumière bleue échappèrent à sa tête massive lorsque le capitaine lui ébouriffa joyeusement la tête, pas plus effrayé que ça.
Parce que c'était forcément le capitaine, songea Harry sans oser respirer. Harry n'avait jamais mit le pied sur un bateau, n'y connaissait rien à rien, mais il ne voyait pas comment cet homme qui avançait vers eux une bouteille à la main aurait pu ne pas être le capitaine. Il aurait été incapable de dire comment il le savait. Ca aurait pu être un joyeux ivrogne de plus ou de moins sur le navire, mais les autres réagissaient au moindre de ses mouvements de la même façon qu'ils adaptaient subtilement leur pas sur le pont au roulis de la mer. On n'entendait plus rien. Avant ça, une partie des hommes avaient continués à vaquer à leurs occupations même malgré la découverte d'Harry, comme si repêcher un garçon dans les nuages n'était pas un événement qui méritait qu'ils abandonnent leur travail, mais tout le monde s'était calmement arrêté quand l'homme au chien avait daigné s'intéresser à la situation.
-Par les Sept !, s'esclaffa-il. Comment un gamin a pu monter jusqu'ici sans bateau? Avec quel genre d'appât tu attrapes des marmots, Fenrir?
Fenrir grogna bassement, comme pour s'agacer qu'on le prive de son jouet, mais il avait reculé comme les autres.
-On l'a repêché sur un nuage, Sirius, se hâta de lancer Garf en se redressant un peu.
Comme Sirius approchait, son monstre sur les talons, deux pirates saisirent Harry par les bras pour le relever, que leur chef puisse bien le voir. Le gamin tenta de reculer, de leur glisser entre les doigts, mais il ne parvint qu'à se faire broyer les épaules. Le chien était encore plus gros vu de près. Son maître se pencha un peu sur Harry, avec aux lèvres un sourire amusé qui dévoilait des dents légèrement brunies par l'alcool. Des boucles aussi noires que celles d'Harry s'échappaient librement de son tricorne, tombant négligemment devant ses yeux gris pétillants de malice. Il le regardait. Ca pouvait paraître idiot, et pourtant, ce fut la première chose qui vint au garçon, comme si personne ne l'avait jamais vraiment vu avant. Cet homme là regardait Harry, le vrai Harry, à travers ses vêtements en soie, son masque, sa terreur. Pour lui qui n'avait jamais été qu'un nom de famille, ça avait quelque-chose de terrifiant, et pourtant le regard gris lui manqua instantanément dés qu'il quitta Harry pour parcourir la foule.
Sirius semblait déjà beaucoup s'amuser. Son chien renifla le garçon en découvrant des crocs incroyablement longs.
-Non, balbutia Harry les pieds dérapant follement sur le pont. Ne... ne vous avisez pas de...
-Tranquille, petit, dit simplement Sirius.
Il avait une voix chaude sans être grave, profonde sans être menaçante. Elle couvrait calmement les hurlements du vent, et Harry était sûr qu'elle aurait même dominé le vacarme de l'équipage s'il l'avait fallu.
Harry se rendit compte qu'il avait obéit. Il se laissait pendre entre les deux hommes qui le tenait, le souffle court, le menton reposant contre sa poitrine. Il était à bout de forces. Et il ressentait pour le capitaine le même instinct inexplicable qui l'avait poussé à prendre la mer et lui avait soufflé les bonnes réponses dans sa fuite. Sirius ne lui ferait pas de mal pour l'instant. Il pourrait, mais il n'en avait pas besoin.
-Bon gars, fit le capitaine en posant dans les cheveux d'Harry une main ferme mais sans brutalité. Il a dit quelque-chose d'intéressant?
Nagini surgit à ses côtés et laissa Sirius passer un bras autour de ses hanches pour l'embrasser.
-Fenrir n'aime pas écouter les bonnes histoires, dit-elle en coulant un regard de reproche vers le loup-garou furieux. Le petit est mignon, non? Ca ne serait pas amusant de le tuer, Sirius.
-Hmm, fit Sirius. Peut-être. S'il est pas seul. Peut-être qu'il y a un bateau marchant dans le coin rempli de riches couillons habillés tout pareils que lui.
-Des conneries, il a dit, grogna Fenrir. Mais c'est moi qui l'ai repêché. Tout ce qu'il a, c'est à moi.
-Je l'ai aidé à le remonter, protesta aussitôt Ludwick en foudroyant le loup-garou du regard.
-Si la mer nous le donne c'est peut-être qu'il vaut quelque-chose, fit Tonks en regardant Harry de haut en bas.
-Non, fit Harry en faisant un effort surhumain pour conserver un visage neutre et ne pas crier. Personne ne m'a... donné à quiconque, c'est un accident. Je ne voulais pas, je...
Il devait se calmer. Il devait s'accrocher à son masque. Il était encore un Potter, même ici, s'il le montrait alors ils seraient tous obligés de le craindre. Mais même s'il devait les convaincre qu'il avait de la valeur, l'idée d'être considéré comme un objet était terrifiante. En plus, Tonks semblait se ficher éperdument de ce qu'il pouvait bien avoir à dire :
-La mer fait rien sans bonne raison, c'est connu, continua-elle l'air suspicieuse. Y dit qu'il est lord je sais pas quoi.
-Un lord, vraiment ?, fit Sirius.
-Lord à quel point ?, renifla Fenrir. J'en connais bien moi des nobles qu'ont plus que leur joli manteau sur le dos.
En disant ces mots, il asséna une bourrade à Sirius. Harry en eu le souffle coupé, une seconde il attendit presque que le chien fantôme se jette sur le malheureux pour lui déchiqueter tout le bras. Mais loin de s'énerver, Sirius partagea les esclaffements des hommes qui l'entourait, d'un étrange rire tonitruant qui résonnait comme un aboiement, et se bagarra même joyeusement quelques instants avec les plus proches. Mais pas avec Fenrir.
-C'est bien vrai, ça, s'esclaffa le capitaine en attrapant le cou d'un matelot dans une clé de bras. T'es noble plus que moi, j'espère ?
-Pour de vrai, balbutia Harry sans parvenir à trouver la force de relever la tête. Un vrai noble. Et si vos mains s'attardent encore où que ce soit, mon grand-père vous fera pendre comme de vulgaires Moldus!
Le garçon regretta aussitôt ce qu'il venait de dire lorsque les rires moururent dans la foule, vite remplacés par des grognements agressifs.
-Sauf qu'il est pas là, Grand-Père, rétorqua Tonks en pointant sa baguette sur Harry. Et ici, on mets les mains où on veut.
-Du calme, Tonks, fit Sirius sans perdre le sourire. Il est marrant.
-J'ai pas pris la mer pour me faire piailler dessus par des Sangs-Purs.
-C'est que des mensonges, ces histoires de lord, Sirius, maugréa Fenrir. Il a combiné ça pour qu'on y refoute pas à l'eau.
-Ca se peut, fit tranquillement le capitaine. C'est bien ce que je dirais moi, pour qu'on me refoute pas à l'eau. Voyons un peu ça. R'garde moi, petit.
Le capitaine lui saisit le menton pour lui faire relever la tête. Harry avait l'impression que Sirius était environné d'une aura de calme plat qui les coupaient du reste du monde. Ce n'était même pas de la magie, juste... le genre de personne qu'il était. Le temps sembla ralentir, les bruits s'amenuiser, comme si rien n'osait approcher le capitaine sans son consentement. Le pouce de Sirius glissa sur la mâchoire d'Harry et une douce chaleur coula dans les os du garçon, si réconfortante qu'il aurait pu en gémir de soulagement.
Tous ses muscles relâchèrent leur étreinte l'un après l'autre malgré les efforts du garçon pour rester alerte, laissant Harry respirer librement pour la première fois depuis le début de ce cauchemar. Dans le sillage de la chaleur, un agréable engourdissement descendit le long de sa colonne vertébrale en se répandant dans son corps. Il ne se sentait pas en sécurité, pas encore. Mais il ne pouvait rien faire d'autre que s'en remettre à Sirius, et quelque-part, c'était un peu comme se reposer enfin. Harry était mort de fatigue.
-Ton nom ?, demanda doucement Sirius.
-...Harry...
Sa propre voix lui paraissait très loin.
-Harry, fit Sirius. Hé bien, lord Harry, ton château il est très loin d'ici. Il est tellement loin qu'y peuvent plus rien faire ni voir. Alors il n'y a plus aucun intérêt à te cacher, pas vrai? Regarde-moi.
Harry se tendit, inquiet. Il voulait obéir, mais il ne savait pas comment regarder le capitaine plus que ça. Les doigts calleux de Sirius migrèrent lentement jusqu'à la nuque d'Harry, en répandant une fois de plus la même chaleur réconfortante dans ses articulations. Lentement, avec un mélange d'horreur et de soulagement, Harry sentit ses traits se détendre un à un pour laisser son vrai visage émerger à la surface. Un visage terriblement jeune, absolument terrorisé, aux grands yeux verts remplis de larmes qu'il retenait depuis des années... et qui frémissait de la plus laide et inimaginable violence. C'était comme ça qu'Harry était au fond de lui, fou de rage, le moindre relief de son visage tordu par une terrible brutalité pour quiconque lui interdisait d'avoir ce qu'il voulait, pour ceux qui lui donnait des ordres, et pour tous ceux qui l'avaient contraint si longtemps à rester enfermé. Il excellait pour cacher ce visage. Un million de fois il l'avait caché quand on lui avait ordonné de se tenir plus droit, de mieux étudier, mieux parler, d'être plus parfait, d'avoir un sang plus pur. Le sale regard qui lui valait les coups de baguette, ce que Grand-Père appelait ses « airs de sauvage ».
-Bien, commenta simplement Sirius avec un demi-sourire.
La honte foudroya Harry. Il avait laissé quelqu'un le voir. Sirius avait vu la part indigne de lui, il l'avait révélé aussi facilement qu'on écarte les pans d'une cape d'invisibilité. Harry était un noble, il n'était pas censé se comporter comme un animal, parler trop fort ou vouloir se battre, encore moins ressentir cette envie bestiale de faire du mal.
Sirius parcouru du regard le reste de sa personne comme s'il avait obtenu ce qu'il voulait.
-Qu'est-ce que tu as là ?, marmonna l'adulte.
Harry tressaillit lorsque Sirius toucha à sa chevalière, la bague marquée du sceau des Potter. Harry n'avait même pas remarqué qu'il l'avait encore. C'était un véritable miracle, elle était trop grande pour lui et pourtant elle n'était pas tombé au manoir dans tout ce chaos, ni quand il avait coulé? Sirius écarquilla les yeux. Nagini perdit le sourire en suivant son regard, puis blêmit.
-Sirius, murmura-elle si bas que seul le capitaine et Harry l'entendirent.
Un garçon nommé Harry. Un lord. L'emblème des Potter.
L'expression de Sirius changea lentement. Le capitaine plongea à nouveau le regard dans celui le sien, et cette fois Harry su que Sirius l'avait reconnu malgré les algues et les vêtements dégoulinants, ou au moins il avait reconnu les traits des Potter. Il connaissait sa famille! Au moins assez pour savoir ce que valait leur héritier s'il le ramenait chez lui. Ils échangèrent un regard différent, plein d'une compréhension nouvelle. Harry pouvait presque voir tourner les rouages du cerveau de Sirius sous ses sourcils froncés.
-Rends-le à la mer, chuchota Nagini d'une voix chancelante.
-Une seconde, Nagi, marmonna Sirius.
-C'est lui, Sirius, insista la femme serpent plus fort. Dans mon cauchemar, il...
Et puis soudain, le capitaine arracha sa chevalière à Harry, se redressa, et le gamin se retrouva seul, toute chaleur évanouie aussi vite que si elle n'avait jamais existé.
-C'est un menteur, déclara nonchalamment Sirius sans un regard de plus pour le garçon. Rien qu'un gamin normal. On le vendra au marché noir si vous me l'avez pas cassé d'ici qu'on arrive au port.
Harry resta figé, la bouche ouverte sur une protestation qui ne sortait pas, tandis que Sirius se détournait.
Au moment où le capitaine l'oublia, Harry comprit quelque-chose de terriblement important : il n'était pas le seul pour qui le temps semblait s'arrêter sous le regard de Sirius. Comme si un charme venait d'être rompu, le garçon fut soudain englouti sous des dizaines de mains qui se refermaient sur lui comme des serres.
