IMPORTANT : Si vous étiez là hier, vous avez peut-être vu une version super bordélique de ce chapitre! Histoire qui revient en arrière, fini sur une partie sans queue ni tête qui n'avait rien à faire là... en fait, c'est trop débile, quand j'écris je fais plein de brouillons, et là sans faire exprès je les aient laissés. Le pire c'est qu'à la toute fin ça révèlait des trucs sur un chapitre un peu plus loin ! ' Ca me saoule vraiment. Bref, j'ai modifié tout ça, vous pouvez retrouver la véritable fin du chapitre...
Je remettrai ce message aussi au chapitre suivant au cas où.
Le réveil ne fut pas aussi dur que la première fois.
Il n'était pas attaché, ni en cellule ou quoi que ce soit de ce genre. Au contraire, il avait enfin chaud, malgré la fraîcheur qu'il sentait parcourir son torse nu. Le moindre muscle lui faisait mal, plus que jamais, mais il était pelotonné contre quelque-chose de doux et confortable. Des mains douces passaient sur sa poitrine, si légères qu'elles ne le faisaient pas souffrir, et une odeur de jasmin flottait dans l'air.
Il ouvrit les yeux sur le beau visage de Nagini penché au-dessus de lui. Sa peau prenait une teinte doucement dorée à la lueur des bougies, et Harry ne put s'empêcher de songer confusément qu'il n'avait jamais vu une femme aussi belle.
Mais dés qu'il tenta de remuer, le garçon cessa de respirer. Il était allongé sur un lit, au milieu d'une petite pièce tout en bois noir, comme le reste du bateau. Quelqu'un lui avait enlevé sa chemise – ou volé – et il n'avait plus que des lambeaux de pantalon pour pendre sur ses genoux. Mais surtout, sa tête reposait contre le flanc de l'esprit chien, l'énorme chien fantôme du capitaine Black. Il avait reprit sa forme transparente, affalé de tout son long au bout du lit, et son museau posé sur ses pattes était enfoui dans les couvertures, comme s'il dormait, mais Harry ne sentait aucune respiration soulever le ventre de la créature. Et l'image de ses crocs se refermant sur lui était encore imprimée sur la rétine du garçon.
Nagini était si absorbée par sa tâche qu'elle ne leva pas les yeux du torse d'Harry.
Elle était en train d'y poser un scarabée presque gros comme le poing. Le garçon retint un couinement au dernier moment. Il y en avait déjà quatre ou cinq, des scarabées verts émeraude, qui étaient en train de finir de recoudre une méchante plaie rougeâtre sur le ventre d'Harry. Son corps n'était plus qu'un champ de bleus et de contusions. Les insectes tricotaient sur la plaie comme s'ils recousaient la peau elle-même. Ça avait quelque-chose de glaçant, mais ça ne faisait pas mal. Et après toutes les façons dont on avait tenté de le blesser, Harry en avait bien trop vu pour s'inquiéter qu'on le soigne, même d'une façon aussi étrange.
-Alors ?
Harry sursauta. Le capitaine Black était juste là, assis à un large bureau près du lit. Il leur tournait le dos, penché sur une immense carte avec un compas.
-La Mer a de drôles de jeux, fit Nagini en jetant à Sirius un regard amusé. Tonks n'a pas tord, l'océan n'a pas pu amener ce gamin ici par hasard. Voldemort le cherche partout, en ce moment même.
-Et pour James ?
Une lueur d'étonnement passa dans les yeux d'or de Nagini, sans doute la même que dans les yeux d'Harry. James? Ces gens connaissaient son père? Et pire encore, comment savaient-ils pour Voldemort? Ça paraissait impossible. Il n'arrivait pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle. La voix de Nagini était unie quand elle répondit finalement :
-Je ne sais pas trop. Pourquoi tu ne l'as pas tué ?
-James? Les Olivander auraient chouinés, tu sais bien.
-Le gamin, Sirius.
-Tu es juste curieuse ou tu demandes parce que tu veux que je le tue?, fit Sirius dans un rire.
-Je n'aime pas quand tu joues avec la nourriture, c'est tout, fit-elle d'une voix sculptée pour amadouer. Et j'aime ce côté de toi qui n'est pas du genre à tuer un petit garçon.
-Ne me dis pas que t'y es attachée?
-Il s'est bien battu, non?
-C'est toi qui voulait le jeter par dessus bord!
-C'est un Ouranos – et un fort, s'il a survécu à la traversée, insista Nagini avec excitation. Il a dû trouver un Aîné, peut-être même plusieurs. Si tu disais à la Guilde que...
-Les Sept et leurs Tempêtes peuvent aller se faire foutre autant que le Ministère.
-Ce gosse a parcouru l'océan pendant des jours, sans navire, rien qu'avec son pouvoir! Tu te rends compte? Et...
La femme-serpent haussa un fin sourcil en réalisant qu'Harry la regardait, étendu sur le lit. Le garçon resta parfaitement immobile, le souffle court. Stupidement, il eut envie croiser les bras sur son torse nu, comme si c'était ça le plus important. Finalement, sans rien signaler à Sirius, Nagini rassembla les scarabées dans un bocal d'un claquement de doigt, et se contenta de se lever souplement, sans quitter le jeune sorcier des yeux. La plaie d'Harry était si finement recousue qu'on aurait cru qu'elle avait commencé à se refermer d'elle-même.
-Fait comme tu voudras, fit Nagini, mais ce gamin n'est pas James, Sirius. Il mérites au moins de savoir pourquoi tu fais ça.
Elle fit un clin d'oeil à Harry avec un sourire amusé, puis elle disparut en emportant l'odeur de jasmin avec elle.
Sirius ne semblait toujours pas s'être rendu compte que son prisonnier était réveillé. Harry parcouru rapidement la petite pièce du regard. Le grand lit couvert de coussins colorés, le bureau en bois massif, l'étagère et le coffre dans un coin, tout croulait sous les butins. On aurait dit que le capitaine du Sinistros s'amusait à fourrer ici ce qu'il dégotait partout dans le monde, des cartes approximatives gisaient ici et là entassées avec d'autres aussi finement travaillées que des œuvres d'arts, des étoffes et des fourrures aux couleurs exotiques tapissaient quasiment le sol, une grosse horloge verticale munie d'une dizaine d'aiguilles était renversée dans un coin (Harry cru un instant entendre des cris étouffés à l'intérieur), des sabres orientaux ornés de plumes échangeaient des murmures tout bas avec des épées de chevaliers dans un porte parapluie, il y avait même d'étranges objets métalliques qui semblaient appartenir à une technologie qui n'était pas de ce monde. Tout n'était pas tout à fait en mauvais état, ni sale, mais... mal entretenu. Usé.
De véritables lutins tambourinaient sans émettre un son dans de gros bocaux sur une étagère murale.
Et juste à côté, les poignards de Sirius étaient soigneusement alignés, à portée de main du bureau.
Mais encore plus à portée de main d'Harry.
Le garçon se força à respirer doucement, fébrile. Il suffisait qu'il parvienne à se soulever un peu. S'il pouvait se pencher un peu, tendre la main vers un couteau sans que Sirius ne le voit...
-Tu le tentes une fois, déclara tranquillement Sirius sans se retourner. Une seule. Si tu te rates, cette fois-ci je te tue.
Harry avait ramené sa main contre sa poitrine bien avant la fin de la phrase. Le museau du chien derrière-lui lui effleura la nuque. Est-ce que Sirius et le chien fantôme pouvaient se parler? Ou est-ce que Sirius... voyait ce que le chien voyait?
-Bien, soupira Sirius toujours penché sur sa carte comme s'il l'avait senti renoncer. Tout va bien, Harry.
Et donc, tout irait bien. Harry le croyait, et il était toujours aussi incapable de dire pourquoi. Il y avait quelque-chose de franc en lui. C'était terrifiant quand il disait qu'il allait tuer Harry, et absolument rassurant quand il disait que le garçon ne risquait rien. Peut-être que c'était juste l'effet que faisais un capitaine sur les gens.
Le jeune sorcier interdit tout de même à ses muscles de se détendre, même s'il mourait d'envie de se rallonger et de dormir encore pendant des jours. Les crocs du chien étaient terriblement près de sa nuque, et la chose n'exhalait pas même un souffle qui aurait permit à Harry de savoir si elle était encore en colère.
-C'est quoi?, osa tout bas le garçon. Cette chose ?Un patronus ou... un sinistros? Qu'est-ce qu'il me veut?
Harry bondit lorsque Sirius poussa son éclat de rire si semblable à celui d'un chien.
-Un sinistros? Oui, c'est très possible que le putain de sinistros me colle aux basques. Mais celui-là, c'est juste Patmol. Je suis son animagus, c'est une partie de moi. Ou moi de lui, pour c'que j'en sais.
-N'importe-quoi, haleta Harry. Votre forme animale ne peut pas vivre comme ça à l'extérieur de vous, ça n'existe pas.
-On est en mer, petit. La Mer est l'origine même de la Magie, ici elle est plus... imprévisible. Les sorts se renforcent, retrouvent leur forme originelle – ou prennent vie. Très souvent ils prennent vie. Voilà ce qu'est la Mer, l'essence même de la Vie qui ne demande qu'à se répandre.
Il ne tentait pas de masquer la fascination qui vibrait dans sa voix, on devinait sans mal qu'il aurait pu en parler pendant des heures.
-Oublie ce que tu crois connaître, conclut-il. Ce n'est pas pour rien que tant de sorciers ne s'approchent pas de l'océan. T'aurais pas dû t'en approcher non plus.
Harry se secoua. Que faisait-il là à débattre de sortilèges? Pourquoi était-il aussi calme alors qu'il était seul avec l'homme qui l'avait assommé? La voix suave de Sirius continuait de le remplir de confort, d'envie de l'écouter encore.
-...où est-ce qu'on est? Qu'est-ce que vous allez me faire?, lâcha Harry d'une voix rauque qu'il espérait emplie de défi. Je... je veux mes vêtements.
Il tenta de se redresser, mais la douleur lui foudroya les côtes, et Patmol l'obligea à se rallonger contre lui d'un coup de museau autoritaire. Le cœur d'Harry battait si fort qu'il en avait la nausée. Il ne voulait pas rester comme ça, allongé alors que Sirius pouvait se lever n'importe-quand. Mais la fourrure du chien était douce, et la chaleur engourdissait la colère du garçon.
-On est toujours en enfer, t'en fais pas pour ça, fit Sirius avec un demi-sourire. T'es dans ma cabine. Et te soigner, ce n'était pas mon idée. Si tu me disais plutôt ce que le rejeton de James fait ici, et pas dans son foutu manoir ?
Harry releva la tête, le souffle court. Peut-être que c'était fini. Peut-être que maintenant il allait pouvoir rentrer chez lui.
-Il a perdu sa langue, le petit seigneur ?, insista Sirius. Ou alors peut-être que tu es un cousin. Ou un bâtard. Ce serait marrant, ça, un petit bâtard.
-Non!, protesta aussitôt Harry scandalisé. Non, je suis son héritier légitime! Et il... ma famille ne tolérera pas la façon dont j'ai été traité. Mon grand-père...
-Ah oui. Ce bon vieux Fléamont. Un emmerdeur déjà à l'époque.
-Vous êtes un menteur. Mon père ne s'acoquinerait pas avec un vulgaire pirate. Et il dit sans arrêt que tous ses amis sont morts.
Sirius se retourna enfin tout à fait pour regarder Harry. Le garçon soutint son regard quelques secondes mais ne put s'empêcher de baisser les yeux, même s'il en rougissait de colère et de honte. Comment faisait Sirius pour rendre tout ce qu'il faisait tellement important? Le cœur d'Harry tomba comme une pierre au fond de son ventre lorsque le pirate lâcha avec un sourire amusé:
-C'est à cause de ton père, que je suis pirate, foutriquet. Je le remercie bien, tu noteras.
Il écarta les bras comme pour englober toute la cabine. Harry finit par comprendre ce qui le fascinait ici: c'était l'usure des objets qu'on aimait, pas seulement celui du temps. Tout ici était utilisé. Ce n'était pas que Sirius ne prenait pas soin de ses trésors : il s'en servait. Les Potter aussi avaient plein de vieilles choses, mais leurs histoires s'arrêtaient dans la poussière du manoir de Grand-Père, il ne fallait toucher à rien, il se comportait comme si même demander ce que c'était risquait d'abîmer leur passé ou de gâcher la fin de l'histoire. Tout chez Sirius était encore vivant, intensément vivant. Leur voyage et leur histoire continuaient, même maintenant Harry pouvait sentir le roulis de la mer sous ses pieds et il savait qu'ils allaient quelque-part, toujours. Il avait presque l'impression qu'il pourrait lire l'histoire de chaque trésor de Sirius rien qu'en passant la paume dessus.
-Tout ce qu'on croit mort, disparu ou perdu se retrouve sur l'océan, déclara Sirius avec un geste magistral de la main. C'est pour ça que t'es là, toi aussi, je parie.
-...Black, nota enfin Harry fébrile. Vous appartenez vraiment à la maison Black, pour de vrai? Vous... vous n'êtes pas obligé de rester comme ça. Pas si vous me ramenez en Angleterre, mon grand-père vous récompensera je vous donnes ma parole. De... de toutes façons vous n'avez pas le droit de me retenir ici.
Sirius éclata de rire une nouvelle fois.
-Jamais un Potter n'achètera quoi que ce soit à Sirius Black, croit-moi. Et Sirius Black ne leur vendra rien. A l'heure qu'il est tout le monde me croit peut-être encore à Azkaban, et ça me va.
-Azkaban ?, s'étrangla Harry.
-Là où tes vieux m'ont laissé.
Quelque-chose au fond de ses yeux ressemblait tant à ceux d'Harry lorsque Père l'avait abandonné qu'un instant le garçon en fut bouleversé. Comment quoi que ce soit qui ressemble à Harry pouvait se retrouver dans les yeux d'un pirate? Sirius prit un petit objet sur la table pour l'inspecter à la lumière. Harry ne put s'empêcher de tendre la main, déclenchant aussitôt un doux grognement d'avertissement du chien. C'était la chevalière d'Harry, sa bague.
-C'est à moi !, s'exclama le garçon.
-Tant que je l'ai, c'est à moi, lâcha doucement Sirius en jouant avec la bague comme si ce n'était rien. Si tu veux que ce soit à toi, faut venir la chercher. Cette babiole prouvera que t'es le rejeton Potter quand on va te vendre.
Le monde vacilla autour d'Harry, la panique monta en lui en même temps qu'une écoeurante envie de vomir. L'esclavage. Il allait être vendu, devenir la propriété de quelqu'un. Moins d'une journée plus tôt, il était dans son lit, en pyjama, endormi. Grand-Mère l'avait autorisé à aller dormir après avoir inspecté ses devoirs, la cravache religieusement posée au bord du bureau, et il avait été assez sage pour avoir droit à un baiser dans les cheveux, même s'il était trop grand pour ça. Bientôt, il devait passer son brevet de sorcellerie avec son précepteur. Grand-Père avait promit de lui accorder une sortie sous surveillance s'il avait des notes parfaites, même s'il ne le ferait sûrement pas après l'affaire Rose Fawley. Ce matin là il devait y avoir du bacon au petit-déjeuner et Harry avait une dissertation à rendre pour vendredi. Une dissertation très importante pour sa moyenne.
Et quelques instants plus tard, le monde n'était plus que sang et hurlements, Harry ne savait même plus quel jour on était et il se retrouvait là, à moitié nu, battu comme un chien et embarqué sur un bateau pirate volant en route pour être vendu.
-Tu as de la chance, ajouta nonchalamment Sirius, sans la bague on n'aurait rien pu prouver. On t'aurais vendu au bordel, mignon comme t'es t'aurais bien rapporté.
Harry se leva d'un bond, les poings serrés. Il pensait que Sirius ou Patmol se jetterais sur lui, mais le capitaine se contenta de sourire, avec comme une légère lueur de respect dans le regard. Le monde tournoya autour d'Harry dés qu'il posa les pieds sur le sol, et la douleur lui transperça le crâne et le ventre comme une gigantesque aiguille, mais il parvint tout de même à atteindre la porte de la chambre, chancelant.
-Sors, si tu veux, fit Sirius alors que la main d'Harry se posait sur la poignée. J'ai à peine pu enlever ta carcasse à mes gars tout à l'heure. Ils détestent qu'on leur chipe le pain de la bouche, ils seront ravis de continuer vos petits jeux là où vous aviez arrêté.
Le souvenir des mains des pirates arrachant tout à Harry figea le garçon sur place. L'air glacial de l'extérieur filtrait par le bas de la porte, et avec lui la rumeur diffuse des hommes qui continuaient de se jeter des directives de l'autre côté. Il faisait délicieusement chaud, dans la cabine, et Harry réalisa lentement que c'était sûrement une chance absolument absurde pour un prisonnier de se réveiller dans le lit du capitaine. Non, il ne retournerait pas sur le pont, jamais de la vie. La panique le reprit : il n'y avait nul-part où fuir, c'était un bateau au milieu de la mer, un monde où tout appartenait à Sirius.
Il finit par se tourner vers l'animagus avec défi.
-Ils ne peuvent rien me faire, vos gars. Sinon vous n'aurez plus rien à vendre. Je ne dois pas mourir avant d'arriver... là où vous voulez m'emmener.
Harry aurait été incapable de dire à voix haute des mots comme « marché noir » ou « esclave ». Il ne les avaient jamais prononcés avant, c'étaient des mots qui n'avaient jamais eu aucune existence, aucun pouvoir dans son monde. Il avait trop peur de découvrir ce que ça faisait de les prononcer ici, sur ce bateau.
-Il y a d'anciens Aurors autant que d'anciens Mangemorts dans mon équipage, fit Sirius en se rejetant contre sa chaise. Tu comprends pourquoi?
-Parce que vous êtes tous des traîtres.
-Parce que tous ce qui est abandonné fini à la mer, je te dis. Il y en a qui on trahis le Ministère, d'autres qui ont été trahis par le Ministère, d'autres qui en ont simplement eu ras le bol. Mais on a tous finis par décider que le seul camp qui vaille, c'est le nôtre. Ici, tout le monde peut repartir à zéro.
-Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasses?!
-Pour eux, mettre en pièces un petit aristo, ça vaut plus que tout l'or que ta famille pourrait bien nous jeter. Si tu ne t'étais pas défendu, tout à l'heure, ils t'auraient prit absolument tout, ils t'auraient arrachés jusqu'à la peau s'ils avaient pu penser qu'elle valait quelque-chose. Puis il y en a bien un ou deux qui t'auraient violés un peu, quoique bien moins qu'ils l'auraient fait d'une jolie fille.
-Vous êtes répugnant, s'horrifia Harry avec un haut le cœur.
- « Vous êtes répugnant, capitaine », corrigea Sirius. Ensuite ils t'auraient laissés te vider de ton sang, et ils se seraient plaints qu'on a plus un sou pour acheter à boire. Parce qu'aucun de ces gars n'est devenu pirate pour encore obéir à des ordres, ou donner du « monseigneur » à je ne sais qui à cause de son nom de famille. Va-y, sors si tu ne me crois pas.
Harry commençait à comprendre. A part la méchante plaie que Nagini avait recousue, il n'y avait que deux ou trois estafilades. Le torse d'Harry n'était plus qu'un champ de bleues et de contusions, quelques brûlures, de quoi rendre ça impressionnant, mais pas de plaies, et rien de cassé. Même à la toute fin, Sirius s'était certainement changé en humain à nouveau pour l'assommer d'un coup de poing ou d'un sort, plutôt que de le mordre. Le capitaine avait fait de leur duel du grand spectacle, mais il ne lui avait pas fait trop de mal, au final – il aurait pu le mutiler affreusement, le tuer dés le début. C'était ce qu'aurait fait n'importe-quel autre de ses hommes.
-...vous leur avez caché que je suis un Potter pour me sauver la vie, c'est ça? Et vous m'avez affronté en duel pour les empêcher de simplement me massacrer.
-Je suis un vrai saint, fit Sirius en haussant les sourcils. Le saint patron des lords et des foutriquets. Tu vas apprendre à apprécier le peu que t'as encore, crois-moi, comme nous tous. Et là, ce que t'as, c'est que je te laisses rester ici alors que je pourrais te foutre dehors.
Harry ferma les yeux, le dos plaqué contre la morte, la douleur pulsant dans tous ses muscles. Il devait arrêter de paniquer. Ce qu'il avait encore. Qu'est-ce qu'il avait encore? Il avait une chance folle, déjà. C'était peut-être le seul endroit sur tout le Sinistros où il était à peu près en sécurité. Il avait des points de suture, aussi, et on ne lui en ferait sûrement pas d'autres s'il rouvrait sa plaie en continuant de courir partout. Il avait l'attention de Sirius Black, et ça, il savait ce que ça coûtait de la perdre. En fait, les choses auraient pu aller beaucoup plus mal que ça. Quoi qu'il doive se passer ensuite, la seule chose qui comptait pour l'instant, c'était de survivre.
-...Je veux des vêtements dignes de mon rang, réclama soudain Harry. (ses jours rosirent légèrement) Et un repas chaud.
Il n'avait rien avalé depuis sa fuite. A présent que tout était un peu plus calme, la faim commençait à le tenailler dangereusement.
-Tu devrais les prendre, alors, lâcha simplement Sirius. On est des pirates, mon grand. Ici, tu n'as que ce que tu es assez fort pour prendre à quelqu'un.
-Il n'y a que des hommes adultes, ici, balbutia Harry. Et des femmes... d'un certain acabit.
- « D'un certain acabit » !, répéta Sirius en éclatant de rire.
-Ils sont tous plus forts que moi, cracha Harry à présent tout à fait rouge. Je ne peux rien prendre à personne !
-Finement observé.
-Ce n'est pas juste!
-Non, c'est pas juste. Tu vas chouiner ?
Harry défia Sirius du regard, mais il comprit vite que ça ne servirait à rien. Il n'aurait rien. Rien du tout à moins d'être assez fort pour le prendre.
Soudain, le garçon acheva de comprendre les règles du jeu. Sirius lui avait dit la seule chose qui comptait dés son réveil.
-...c'est votre cabine, constata-il d'une voix blanche.
-Oui.
-Et j'ai le droit de rester.
-Oui. Par terre près du chien.
-...alors qu'est-ce que je dois vous donner en échange?
Sirius sourit tristement.
-Aussi malin que ta mère. Viens là.
Harry resta contre la porte peut-être une minute entière. Puis Harry obéit. Sirius était tout ce qu'il avait pour l'instant. Lentement, il revint s'asseoir en tailleur sur le lit, en face de Sirius. Harry se tendit quand même un peu quand le regard gris passa sur son torse nu.
-Tout doux, dit Sirius d'une voix calme. Les petits garçons ne m'intéressent pas. Je ne peux pas avoir tous les défauts du monde.
Harry manqua lâcher qu'il n'était pas un petit garçon, mais c'était le pire instant possible pour protester. Puis Sirius passa une main dans les cheveux du garçon.
-Tu as peur ?, demanda doucement Sirius.
-...Non. Pas là tout de suite. J'ai confiance en vous, lâcha Harry sans en revenir lui-même de ce qu'il était en train de dire. Pourquoi j'ai confiance en vous? Vous êtes un homme horrible.
-Parce que je te dis la vérité. Même quand c'est horrible.
Enfin, Harry parvint à mettre des mots sur ce qu'il ressentait entre les mains de Sirius. Harry ne l'aimait pas, évidemment, peut-être même qu'il le détestait. Et il ne se sentait pas non plus en sécurité, pas tout à fait.
Mais il se sentait à la maison.
D'une façon inexplicable, alors qu'il venait de perdre pour toujours tout ce qui aurait pu lui sembler familier, il y avait quelque-chose chez Sirius qui faisait se sentir Harry à sa place sur le Sinistros, peut-être davantage qu'il ne s'était jamais senti à sa place chez son père. Il se sentait appartenir à tout ça, que ce soit agréable ou non. Et il avait le sentiment que le capitaine était la seule autre personne à partager et comprendre ce sentiment, comme s'il était le seul autre être qu'Harry avait rencontré à être tout à fait... réel.
Réveille-toi, bon sang, songea Harry. C'est de la folie. C'est un pirate, il fait partie des méchants et il ne s'en cache même pas.
-Il est temps de se rendre utile, Harry, murmura Sirius en laissant sa main glisser jusqu'au cœur du garçon.
Soudain, tout s'imbriqua. Comme lorsqu'Harry avait été guidé vers la mer, comme lorsqu'il avait rencontré les fantômes au fond de l'océan. Au contact de Sirius, ce sentiment à peine perceptible au fond de son cœur gonfla jusqu'à envahir tout son être, et du simple emplacement de l'océan ou juste quelques mots, c'est le monde entier qui devint... évident. Harry était à sa place. Si bien qu'il savait où était tout le reste.
-Présente-toi, ordonna doucement Sirius.
-...Harry James..., s'entendit dire le garçon d'une voix lointaine. Ouranos de la maison Potter, héritier du Léviathan d'Abraham.
Harry cilla un peu, le regard dans le vague, mais il ne tenta pas de résister à ce qui était en train de lui arriver. Sa tête se remplissait de coton tiède. Il ne savait même pas qui c'était, Abraham! Comment savait-il tout ça? Et pourquoi seulement quand Sirius le touchait ?
-Parle-moi de la Mer Souvenir, ordonna Sirius. Est-ce qu'elle se déplace par ici ?
-Non... elle est au-dessus d'Atlantis. Phinéas Malefoy y est perdu.
-Au point de se laisser repérer même par un bébé Ouranos, fit Sirius en haussant un sourcil avec mépris. 'doit être perdu de chez perdu, ce crétin. Le nuage de l'Olympe?
-La Sorcière Blanche l'attaque en ce moment même, murmura Harry le regard dans le vague. Les monstres des mers chanterons sa victoire.
-On mets le cap sur Newcastle. Que sait-tu ?
-Elvarion approche.
La mine de Sirius s'assombrit.
-Je veux l'éviter.
-Impossible.
Sirius eu un geste d'agacement. C'était la première fois qu'Harry voyait un soupçon de peur flotter au fond de ses yeux. Soudain, le garçon releva la tête. Quelqu'un le regardait. Quelqu'un qui voyait aussi loin qu'Harry lui rendait son regard, à des semaines et des semaines de voyage de là.
-Thémis Black envoie ses salutations, murmura Harry. Et espère vous revoir bientôt.
-C'est la première fois du petit, Thémis, maugréa Sirius comme s'il pouvait parler à quelqu'un d'autre à travers les yeux d'Harry. T'as pas honte de l'envahir comme ça?
-Elle dit qu'un crime comme celui que vous avez commis refusera de rester impuni. Elle dit que vous devrez bien revenir lorsque la malédiction...
Soudain, Sirius retira sa main de la poitrine d'Harry.
-Ouais, soupira Sirius. Cette partie là ne me manquera jamais.
Le monde tangua autour d'Harry, bascula sur le côté et il se retrouva affalé sur le lit. Il n'en pouvait plus, maintenant. Il n'aurait pas remué même si Voldemort en personne avait ouvert la porte. Harry avait besoin de dormir maintenant.
-Qu'est-ce... que vous m'avez fait...
-Du calme, soupira Sirius en repliant sa carte. C'est un peu éprouvant les premières fois, tu vas t'en remettre.
-...Ouranos, souffla Harry en tentant de poser une question.
Voldemort en avait parlé aussi. Et Père. Pourquoi les adultes savaient tout, s'ils ne voulaient jamais rien dire ?
-La Mer se souvient des Potter, fit simplement Sirius assis à côté de lui. Comme elle se souvient des Black, et de quelques autres encore. C'est d'ici que nous sommes tous venus il y a bien longtemps, à l'époque où les sorciers savaient fabriquer les sortilèges en puisant la magie dans les fonds marins. Il y a eu une guerre. Beaucoup de guerres. Après ça, certaines famille sorcières sont restées en mer. D'autres non. Mais leurs pouvoirs ne sont pas tous perdus. Tu devrais m'être utile pendant quelques temps, petit veinard. Enfin bon... je supposes que je serais obligé de te faire passer ta cérémonie. James serait pas content.
La voix de Sirius s'était chargée de fatigue, comme si tout ça l'avait épuisé lui aussi. Sa main passa pensivement dans les cheveux d'Harry. Effleura quelques cicatrices sur sa nuque. Les coups de Severus, ou de Voldemort, des Mangemorts, des pirates, ou de Sirius lui-même. Harry aurait été stupéfait d'être encore en vie s'il lui avait resté assez d'énergie pour ça.
-Je me souviens de quand ton père ressemblait à ça, lâcha Sirius. Avant. Peut-être que Nagini a raison. Peut-être que je t'ai sauvé parce que je te voulais pour moi, juste quelques instants. Je voulais savoir si l'homme que j'avais été étais encore là, quelque-part, et s'il allait se réveiller. Mais tu sais quoi? Non. Rien du tout. James a laissé ce Sirius là à Azkaban. Je le sauverai pas, son gosse. Je ferais peut-être pas la sale besogne des Black mais je le sauverai pas. Je suis pas fais pour être parrain, je supposes.
Là-dessus, Sirius se leva, suivi par Patmol. Harry écarquilla les yeux : pendant le bref instant où la main de Sirius passa dans son champ de vision, il aurait juré l'avoir vu devenir transparente, comme si Sirius cessait d'exister, qu'il s'effaçait. Mais le capitaine fourra prestement la main dans sa poche, et Harry était trop faible pour encore demander quoi que ce soit. Il entendit Sirius ouvrir la porte, et songea confusément que le capitaine du Sinistros le laissait sur le lit alors qu'il lui avait ordonné de dormir par terre.
-Dors, petit seigneur, conclut Sirius. Demain, mes hommes auront peut-être encore envie de jouer, et tu devras trouver un nouveau moyen de survivre.
Et Harry pu enfin s'endormir doucement, sans perdre connaissance.
Réponses commentaires :
katymny : yeees, j'essaye de faire un Sirius qui ressemble un peu plus à ce qui aurait pu se passer s'il n'avait pas pu simplement se remettre aussi facilement, enfin s'il avait dû se débrouiller un peu plus tout seul en tout cas.
Trop trop sympa merci! C'est rassurant j'ai toujours peur de trop blablater dans mes descriptions. Ca fait pas très longtemps que je lis des fics mais pareil j'ai quand même du mal à vraiment trouver celles qui me plaisent ahaha. Attends, le début c'est pas Clair Comme Nuit ? O_O Ah mais je faisais ça pour commencer par le commencement moi lol! Non oui je vais revenir par le vrai début du coup merci ! X'D
Rome7 : voilà la suite avec un ou deux jours d'avance, vu que je risquais de pas pouvoir poster samedi. J'espère que ça te plairas, merci encore de suivre !
