Chapitre XVII — Ça peut toujours être pire
Draco ne savait pas depuis combien de temps il ne bougeait plus. Il était plongé dans le noir et parfois, comme ça, soudainement, une lueur douce traversait ses paupières closes. Il pouvait entendre des bribes de conversations et discerner des voix, tantôt masculines, tantôt féminines.
La vague revenait alors et l'emportait de nouveau dans la pénombre là où tout était silencieux. Il n'avait pas mal. Il avait juste chaud. Son corps se tendait parfois à l'extrême avant de se relâcher, lui procurant une sensation de plaisir extrême. Il sentait sous lui une surface molle et son corps lui semblait peser, au moins, le poids d'un demi-géant.
— […] Vas y toi. Il entendait une voix grave avec un léger accent. […] Désir. C'est comme […]
Il ne saisissait pas l'intégralité de la conversation, mais voyait des ombres bouger.
— […] pas. C'était une voix définitivement féminine, et apeurée. […] c'est immoral […] pourquoi, moi[…]
— C'est mieux si […]. C'était une autre voix masculine. Différente de la première, légèrement plus douce. […] trois, c'est sûr […] toi. […] préfère.
— Granger[...]
Ainsi donc se dit Draco qui flottait dans son état de semi conscience, quelqu'un s'appelait Granger et ce n'était pas la voix masculine avec l'accent.
— […] toute la journée […] sauver ou […] La voix au léger accent semblait contrariée ou peut être bien apeurée, elle aussi. […] solution.
—[…] Mangouste. Reprit la voix féminine, provoquant des petites décharges dans son corps. […] meilleure idée […]
— Non. Dit la voix masculine douce. […] Azka ban […] tester illégalement […] complice.
Draco perçût un léger brouhaha et des bruits de frottements. Une ombre s'approchait. Il sentit la surface molle s'enfoncer sous un poids.
— Est ce que vous pouvez sortir? Demanda, doucement, la voix féminine qui était désormais très proche de lui.
Pendant qu'il se faisait la réflexion qu'il aimait bien cette voix, il entendit en arrière plan, des bruit sourds, des frottements, et puis un claquement léger. Le silence était de nouveau maître.
Il pouvait sentir un léger courant d'air chaud et humide venir de l'ombre qui avait encore grossi.
— Est ce que tu m'entends?
La voix avait murmuré à son oreille gauche, et un souffle chaud le caressa. Pire encore, une odeur incroyable lui sauta au nez, provoquant une contraction involontaire de son abdomen.
Il pouvait sentir que des mains, petites, s'étaient posées sur ses bras, en appuie. Une masse pesait désormais sur sa hanche gauche et appuyait sur son torse. Une masse vivante. C'était si agréable, que c'en était presque douloureux.
— Draco, soupira la voix féminine, lui provoquant d'agréables frissons. J'espère que tu pourras m'excuser.
Elle avait dit ça en s'éloignant un peu de lui. Il ne savait qui était Draco mais il comptait bien excuser cette ombre à la voix et à l'odeur si désirable.
Il sentit des mains, celles de la femme, soulever en douceur son tee-shirt et se poser sur son ventre. Un petit courant d'air froid le chatouilla agréablement et ses fesses se contractèrent.
Il entendait la respiration rapide de l'ombre et perçut le léger mouvement de doigts juste sous son nombril. Il ne pouvait pas bouger mais il aurait adorer ouvrir les yeux à ce moment là. Son cerveau vadrouillait entre un brouillard très agréable, si doux, et une conscience charnelle plus aiguisée.
Quand il revint à un état de conscience charnelle, les petites mains étaient posées sur le haut de ses cuisses nues. A vrai, dire il ne sentait plus de tissus sur son aine. La voix émit un petit gémissement, de plus loin encore. Elle n'était plus si près de son visage.
Il sentit des doigts tapoter sa peau et supposa que c'était un pouce qui faisait de légers cercles à l'intérieure de sa cuisse.
Cette sensation l'acheva, et la vague le submergea de nouveau, le plongeant dans le noir et le silence.
Hermione sortit de la chambre rapidement et se dirigea vers Théo et Blaise qui discutaient à voix basse dans la cuisine de la colocation.
— C'est fait? Demanda Blaise, alors qu'elle lavait ses mains en rougissant et en acquiesçant.
— Tu as bien pensé à lui administrer le soin tout de suite après? Demanda Théo sérieusement.
— Oui. Lui répondit-elle avec anxiété. Tu crois qu'il aura des souvenirs?
— Je ne sais pas… Il jeta un regard à Blaise. J'espère déjà que ça va marcher.
— Je suis désolé. D'accord? S'insurgea celui-ci. Tu m'as dit que c'était presque aboutit, et j'en avais assez de le voir se lamenter à cause d'elle.
Il fît un grand geste de la main en direction d'Hermione, qui s'offusqua.
— Aboutit pour la première phase de test, murmura Théo.
— Au moins, moi, je n'ai pas essayé de le tuer. Se rembrunit Hermione.
— Non c'est pire, tu lui brises le cœur. Lâcha t-il plein d'amertume. Alors que Théo le regardait avec de grands yeux en faisant non de la tête.
Hermione se leva subitement, ses yeux lançaient des éclairs.
— Je lui brise le cœur? Répéta t-elle. Je lui brise le cœur? Mais encore faudrait-il qu'il en ait un, non? Tout ça, ce n'est qu'un jeu pour lui.
Elle pointait du doigt la porte de la chambre ou reposait, encore inconscient, Draco Malefoy.
— Ah ouais! Cria Blaise en se levant à son tour. Parce que tu crois qu'il a fait quoi ces deux dernières semaines, Mlle-je-sais-tout? Hein? Il était avachi dans son lit ou sur le canapé quand il n'était pas au ministère!
Ses yeux sombres dardaient sur Hermione un regard meurtrier.
— Hermione, elle n'a pas répondu. Hermione ne veut pas me voir. Il singeait Draco se lamentant d'une manière totalement grossière et exagérée. Pourquoi elle ne veut pas me voir Blaise? Tu crois qu'elle ne voudra plus jamais me voir? Si Hermione, Quand Hermione, Avec Hermione… Putain de Hermione de merde! Ouvres les yeux Granger!
Elle se raidit d'un coup, et lui jeta un regard polaire en sortant sa baguette. Il était allé trop loin et il s'en rendait compte. Elle en donna un coup vif et ses affaires volèrent dans sa direction. Elle les attrapa au passage et se dirigea sans atteindre vers la cheminée.
Arrivée devant celle-ci, elle s'empara d'une poignée de poudre de cheminette et se retourna vers les deux hommes.
— Nott! Quand tu auras un autre moment de libre, on pourrait peut être reprendre cet entretien? Et envois moi un hibou pour me dire si Draco s'est réveillé.
Elle ignorait volontairement, et avec froideur, le regard de Blaise qui était toujours debout à côté de la table. Théo acquiesça à sa demande.
— Hermione, commença Blaise plein de remords, attends…
— Pour toi ce sera Granger! Zabini! Le toisa t-elle. Et ne t'avises plus de me demander de l'aide. J'ai compris le message.
Et, sans un regard pour le jeune homme, elle s'engouffra dans la cheminée et disparut.
— Tu as été horrible.
— Oh par merlin, ta gueule Théo. Soupira Blaise.
— Tu ne crois pas que te mettre Granger à dos ça suffisait? Dit froidement Théo. Si j'ai accepté de te revoir, c'est pas pour me prendre ce genre de réflexion. Je vais voir l'état de Draco, et toi... va prendre l'air, fait un truc, mais redescend.
Quand Draco émergea enfin, il faisait nuit noire à l'extérieur. Seule, brillait faiblement dans la nuit, la lampe de chevet. Il avait mal absolument partout et se sentait vidé, au sens littérale comme psychologique. -Ses draps étaient trempés de sueur et quand il les souleva il remarqua qu'il était entièrement nu.
Il referma rapidement les yeux et tenta de se concentrer pour se souvenir. Il se souvenait d'avoir eu de multiples érections persistantes. Il sentait encore la sensation de plaisir à la limite de la douleur et cela le fit frissonner de crainte. Il se remémorait le visage flou de Blaise qui lui parlait dans la cuisine et se souvint aussi d'un elfe de maison, mais il ne savait pas encore si il avait rêvé. Dans ses souvenirs, il ne parvenait pas à saisir les propos de Blaise, rien ne lui paraissait cohérent.
Il s'enfonça un peu plus sous les draps, quand soudain une odeur particulière lui revint en mémoire. Il y avait une femme.
Il se releva alors en s'adossant à ce qu'il comprit être sa tête de lit et regarda autour pour trouver la dite femme. Elle aurait peut être des réponses. Il entendait sa voix au loin comme un murmure, «Est ce que tu m'entends?», persuadé qu'il l'avait déjà entendue quelque part.
Son regard tomba sur une forme qui somnolait dans un fauteuil à quelques mètres de lui, dans la pénombre. Un léger ronflement était perceptible.
Il repoussa les draps et se leva, nu comme un ver, et sans gêne. Après tout, c'était sa chambre. Il s'approcha du fauteuil à pas de loup, persuadé d'y trouver Blaise en train de roupiller. Sa vue était encore un peu floue, et sa démarche raide à cause des courbatures.
— Draco? Le surprit une voix à sa gauche, qui lui fit tourner violemment la tête.
— Blaise, c'est toi? Dit-il un peu trop fort, réveillant la personne dans le fauteuil. Celle-ci, dans la seconde, invoqua un Lumos.
— Théo? Fût surpris Draco, la bouche ouverte et un sourcil relevé.
— Draco! Répondit celui-ci en baillant alors qu'à hauteur de son visage et à pas loin d'un mètre, se trouvait tout le packaging de reproduction Malefoyen.
— Mais pourquoi t'es tout nu? S'étonna Blaise , qui sentait une petite pique de jalousie.
Draco les convia à sortir de sa chambre pendant qu'il enfilait un caleçon, puis les rejoignit dans le salon. Il était affamé.
Il se positionna devant eux, alors qu'ils attendaient son retour, assis sur le canapé en pleine messe basse. Et alors qu'il allait leur parler, il se souvint d'un coup qu'il n'avait plus ce foutu plâtre moldu et tendit la jambe devant lui pour l'admirer.
Blaise et Théo attendaient la tempête, qui finit par arriver.
— Bon… commença Draco. J'ai plusieurs questions, et la première c'est, qu'est ce que fait Théo putain de Nott chez moi?
Il avait regardé Blaise avec un regard profondément sérieux.
— Vraiment? Lui répondit Théo, goguenard. De toutes les questions, c'est celle-ci que tu poses?
— Blaise. Gronda Draco. Il s'est passé quoi au juste?
Blaise se lança alors dans une grande explication, appuyé par Théo à ses côtés. Il raconta d'abord comment ils s'étaient retrouvés tous les deux lors du nouvel an. Théo aborda rapidement sa rupture avec le bel espagnol et la création de son entreprise spécialisée dans la recherche médicinale.
Au nom de José, Draco se nota mentalement d'en parler à Hermione dès que possible ça la ferait sûrement rire. Blaise enchaîna et admit à Draco que toutes les fois où il avait disparut ces deux dernières semaines, c'était pour retrouver Théo et fuir la dépression sentimentale du blond.
Draco se souvint brusquement de la mystérieuse potion et pointa un doigt accusateur vers Théo, en hurlant «C'est de ta faute!». Son colocataire l'interrompit, et expliqua alors toute l'affaire de la potion mystérieuse.
Il avoua, non sans blêmir sous les regards très froid des deux autres, qu'il avait volé une petite fiole de potion lors de la visite du labo. Théo lui avait alors expliqué quelques minutes auparavant, qu'il travaillait sur le projet d'une potion qui pouvait casser un os et le faire repousser à son état d'origine; Une demande spéciale de Sainte-Mangouste.
Draco se souvenait maintenant de la nuit et de la douleur atroce qu'il avait ressentit. Il avait envie de frapper Blaise ou peut être de lui faire goûter à la potion.
— Et après, dans la cuisine, il s'est passé quoi? Demanda t-il voulant tout de même le fin mot de l'histoire. Il y avait un elfe?
— Ah oui Horton! Rit malgré lui Blaise. J'en reviens pas que c'était la première fois que tu le voyais.
Il continua et s'arrêta un instant pour lui raconter leur arrivée dans le salon-bibliothèque de Théo. Il omit, en toute conscience, de mentionner la présence d'Hermione. Avec Théo, ils étaient d'accord pour passer ça sous silence. Après tout, elle n'aurait pas du se trouver là et, en plus de ne pas les balancer, elle les avait bien aidés en s'occupant de Draco.
Théo poursuivit et expliqua à Draco qui s'était assis, un peu nauséeux et plus blanc qu'à l'accoutumée, que la potion était faite à partir de poudre de corne d'éruptif. Un produit instable que l'on trouvait au marché noir ou en commerce très réglementé, et qui servait généralement dans les potions de virilité bas de gamme.
— J'ai du, enfin, se reprit Blaise, on a du te badigeonner avec une pâte d'absorption utilisée dans les labos de potions. Utile quand il y a des catastrophes.
Il était gêné et ne regardait plus du tout son coloc. Il savait très bien que ce n'était ni Théo ni lui qui avait ça, il n'avait pas pu faire ça à son meilleur ami.
— Mais pour ça il fallait que… Théo hésitait. Tu avant.
Il baissa la tête et se gratta la nuque, espérant que l'explication s'arrêterait là.
— Que j'explose? Demanda, sceptique, Draco. Que j'explose comment?
— Putain Draco! Jura Blaise. Que tu exploses quoi!
Et il mima un acte de masturbation avant de balancer sa main comme s'il jetait quelque chose.
— Non. Il avait les yeux grand ouvert choqué par la révélation de son ami. Vous m'avez astiqué? Quand j'étais inconscient?
— On t'a sauvé la vie, temporisa Théo, de façon un peu étrange. C'était soit ça, soit attendre de voir si tes cellules avaient absorbé la poudre et dans ce cas la mort assuré.
— Une branlette pour une vie, rigola Blaise en lui tapant sur le bras.
— Rigole pas trop toi, dit-il en se tournant vers son coloc. Tu as essayé de me tuer quand même.
— Non… je voulais te rendre service… ça a un peu loupé. Il désigna ravi la jambe de Draco qui n'avait plus rien.
— La prochaine fois, abstient toi s'il te plaît.
Il se dirigea vers la cuisine et appela Horton pour qu'il lui prépare de quoi manger. Il constata avec ravissement qu'un elfe se tenait devant lui un joli tablier bleu ceint à sa taille. Et dire que depuis tout ce temps, il avait appris à se faire des toasts quand il avait faim.
Il engloutit avec plaisir, l'assiette de sauté de bœuf aux pommes de terre, que l'elfe avait posée devant lui. Il regardait Blaise et Théo, qui se parlaient à voix basse loin de lui tout en se tenant les mains amoureusement.
— Hey au fait! Les interpella t-il, la bouche pleine de tarte aux pommes. Lequel de vous deux s'est déguisé en femme pour faire ça?
— Pardon? S'étonna Blaise en se rapprochant de lui. Mais personne ne s'est déguisé!
— Donc il y avait une femme. Assura Draco, en reposant sa part de tarte.
— Non, non. Renchérit Théo. Pas de femme, juste nous deux.
— Je vous dis que si. Insista t-il. Elle m'a parlé. Elle sentait si bon.
— Non, je te jures. Tenta Théo alors que Blaise se grattait juste derrière l'oreille. Après la poudre de cor…
— Pourquoi tu mens Blaise? Demanda le blond d'un air suspicieux, qui savait reconnaître les signes du mensonge chez son meilleur ami.
— Mais non… mais…
— Ah Ah. S'exclama joyeusement Draco en le pointant du doigt. Je le savais! Alors c'est qui? Parce que je suis sûr que c'est elle qui m'a fait... «exploser».
— Puisqu'on te dit que … Essaya de convaincre l'italien.
— Laissez tomber! Il dit cela en se dirigeant vers sa chambre et en les abandonnant là, complètement démunis. Je trouverais par moi-même quand j'aurais dormi un peu.
A cet instant, Blaise essayait d'évaluer face à qui il avait le plus de chance de survie, Hermione ou Draco. Il en conclut sans mal que c'était Draco. Il fallait donc qu'ils couvrent Hermione pour ne pas subir sa colère.
— Franchement en trois ans, tu ne t'es pas amélioré sur les mensonges. Soupira Théo, en se dirigeant vers la chambre de Blaise. Mais ça aurait pu être pire!
