Bonne lecture !

Orion était rentrée vers 18h, il avait passé le pas de la porte accrochant directement son chapeau frappé d'un médaillon en argent ou les mots Shérif de la ville de Forks dans l'État de Washington étaient lisibles.Il avait toujours été dans les forces de l'ordre mais dans la famille Black ne pas faire de longue étude était très mal vue et ne pas être dans la politique ou le droit encore plus.

Alphard avait été moqué car son rêve était de devenir professeur, il s'était vu poser un ultimatum, ses rêves ou les intérêts de la famille. Il était parti sans se retourner, et pendant longtemps, il avait nourri de la rancœur envers ce beau-frère avec qui il avait eu une si bonne entente lorsqu'ils étaient plus jeunes.

Il avait toujours eu l'intention de devenir policier, son père ne lui avait pas mis de pression — son unique fils n'avait que peu de valeur pour le vieux Black —, conscient de ses difficultés à poursuivre des études longues. Orion n'avait jamais brillé à l'école et subissait quotidiennement les railleries, qui étaient pesantes et humiliantes. Il avait dû en contrepartie épouser Walburga, sa cousine plus âgée de quelques années, pour redorer le blason de leur famille.

Toujours selon son père.

Juridiquement ce n'était pas possible de se marier avec sa cousine germaine, mais la tête de la famille des Black avait des liens et ça avait fini par se faire.

Deux enfants plus tard et une humiliation presque quotidienne n'avaient jamais su lui donner assez de courage pour partir. Orion était comme un oiseau en cage, mais une cage dorée, il faut bien l'admettre. La vie quotidienne au sein de la famille Black était plutôt paisible si l'on évitait de se mêler des affaires qui ne nous concernaient pas, ou si l'on évitait certains individus.

Cependant, tout avait changé le jour où il avait vu Sirius recroquevillé dans son lit, les bras couverts de bleus, répétant les paroles et les gestes que son grand-père avait eues envers lui, décrivant aussi avec des détails morbides ce que ce sauvage lui avait fait subir, avec le consentement de sa propre mère ! L'oiseau s'était alors transformé en aigle, brisant cette cage dorée et menaçant de son bec les prédateurs qui s'en prenaient à ses enfants. Ils avaient fait leurs valises et Orion avait menacé sa famille de révéler de nombreuses vérités compromettantes s'ils l'empêchaient d'obtenir la garde complète de ses enfants. Ils étaient arrivés à Forks avec la pleine garde de ses garçons, obtenus sans grande difficulté.

Walburga s'était remarié 3 semaines après leur divorce.

Orion n'avait jamais éprouvé d'affection pour elle, même en tant que cousine. Elle était distante, déterminée à réussir dans le cercle familial, sans s'embarrasser de principes moraux ou de gloire. Elle ne témoignait aucun amour à ses enfants, du moins elle ne l'avait jamais laissé transparaître.

C'est ainsi qu'ils étaient arrivés ici à Forks, voyageant de leur Angleterre natale avec ses économies pour rejoindre son beau-frère.

Il retira ses bottes en cuir et se dirigea immédiatement vers le réfrigérateur pour chercher une bière.

« Les garçons ? Appela-t-il une première fois. Vous êtes en haut ?

Aucune réponse

– Sirius ? Continua-t-il en montant en direction des chambres de ses enfants. Regulus ?

Orion se présenta devant la chambre de son aîné, située à gauche de l'escalier, tandis que celle de son frère se trouvait plus en profondeur, et toutes deux partageaient une salle de bains au milieu.

Il frappa une fois à la porte, mais n'obtint aucune réponse. Orion, intrigué, se dit que Sirius pourrait le réprimander plus tard, mais le fait de ne pas obtenir de réponse commençait à l'inquiéter légèrement.

– PAPA CASSE TOI ! Hurla mortifié Sirius.

Le patriarche referma la porte avec une profonde consternation. Mon Dieu, qu'avait-il donc vu ?

– Ça va ? S'inquiétait Regulus en sortant de sa chambre, bâillant à s'en décrocher la mâchoire.

– Heu, hum oui tu dormais ?

Le plus jeune acquiesça, épuisé par cette matinée pleine de nouvelles découvertes et d'émotions.

– Tu ne peux pas toquer ! Cria Sirius rougit de honte en ouvrant grand la porte en bois de sa chambre, qui claqua violemment contre le mur.

Orion fixa intensément son fils, ses joues rouges, légèrement haletantes, de petites gouttes de sueur perlant sur son front. Il ne pouvait pas se tromper, il avait bien vu ce qu'il venait de voir, il devait relativiser la situation.

– Fais attention, ça peut rendre sourd.

Sirius fut profondément affligé et referma violemment la porte, faisant trembler les gonds.

Il avait envie de pleurer, de hurler ! La honte, la honte, la honte ! Il venait de se faire surprendre par son père en train de se masturber ! Putain ! Il n'allait plus jamais sortir de sa chambre pour le restant de ses jours !

Toc toc toc

– Va-t'en !

– Sirius, écoute je suis désolé, j'ai toqué et comme personne répondait, je me suis inquiété.

L'adolescent resta silencieux, son visage toujours caché dans ses mains, assis sur son lit en désordre.

– C'est normal pour un jeune de ton âge de faire ce genre de chose. Orion fit une pause. En fait pour un humain tout court, et puis les médecins nous avaient prévenus que l'afflux de testostérones...

– Tais-toi ! Sirius ne voulait pas mettre de mot là-dessus, il ne voulait pas en parler.

– Beurk j'ai jamais fait ça moi. S'indigna Regulus

– Ce n'est pas le moment, Reggie. Tu ferais mieux de te préparer pour aller au Lodge.

Orion laissa échapper un soupir audible et la porte s'ouvrit devant Sirius.

– Je ne veux pas en parler ! S'indigna Sirius.

– N'en fait pas tout un plat, je me masturbe aussi, Alphard le fait aussi et je suis sûr que ton frère le fera aussi, tout t'es amis doivent aussi le faire, il n'y a pas mort d'homme, ce n'est pas grave d'accord ?

– Beurk mais papa ! Je n'apprécie pas du tout que tu me dises des trucs comme ça ! Horrifié, Sirius fixait l'homme. Savoir que son père l'avait vu dans cette situation lui donnait envie de hurler, de pleurer, de s'enfuir loin, très loin. C'est gênant, tu m'as vu en train de...

– Oui, bon, je suis un peu traumatisé. J'aurais préféré une scène de crime, pour être honnête.

– Glauque.

Ils plaisantèrent un peu.

– Aller ne te bidonne pas, prépare-toi et on va bientôt y aller, Alphard nous rejoint là-bas, j'ai hâte qu'il m'explique d'où lui vient sa lubie de vous faire étudier les Quileutes.

– Aucune idée.

Sirius était embarrassé, bien entendu, à cause de la scène qui ne cessait de se jouer en boucle dans son esprit, mais aussi parce qu'il redoutait la réaction d'Orion lorsqu'il lui présenterait les documents à signer.

– Allez, prépare-toi, on décolle vers 19h, Alphard nous attendra là-bas. »

Sirius opina d'un signe de tête et se dirigea vers la douche pour tourner le robinet au réglage le plus bas, afin de faire couler l'eau froide.

L'adolescent avait une confiance absolue en lui, il n'avait peur de rien et savait charmer même les adultes les plus réticents, même la vieille McGonagall, qui pourtant le punissait sévèrement, était plus douce avec lui qu'avec les autres élèves. Il était convaincu qu'elle l'appréciait au fond d'elle-même.

En se regardant dans le miroir, Sirius n'appréciait guère son reflet. Il n'était pas massif au sens littéral du terme, mais sa silhouette manquait de définition, et il avait même un petit ventre que Marlène trouvait plutôt charmant. Pourtant, il le détestait. Ses hanches étaient également plus prononcées, tout cela pour lui rappeler inlassablement l'inévitable : les hormones n'avaient pas réussi à arrêter cette puberté qu'il détestait tant.

Un soupir s'échappa de ses lèvres. Perdre du poids avait toujours été difficile pour lui, contrairement à James qui surveillait son alimentation pour rester massif de muscle et en forme physique optimale, ce qui rendait Sirius jaloux. Son meilleur ami était clairement bien fait.

C'est pour cette raison qu'il hésitait à rejoindre l'équipe de volley. Il n'en avait pas parlé à James, car il savait qu'il se moquerait de lui. Il n'aimait pas l'idée de porter des maillots moulants. C'est pourquoi il tenait à s'habiller de façon ample, même si cela contrariait son père qui détestait les vêtements oversize. Pour Sirius, cela lui donnait confiance, ça cachait ses rondeurs qu'il détestait tant.

« Sirius on y va ! On t'attend dans la voiture ! S'écria le patriarche depuis le rez-de-chaussée. »

L'adolescent attrapa son sac à dos contenant les papiers à faire signer par rapport à leur nouvel enseignement, il gravit rapidement les escaliers, enfila ses chaussures et se précipita vers la voiture pour s'installer sur le siège passager où son petit frère était sur le point de s'asseoir.

« Eh ! Papa ! Dis-lui quelque chose ! Casse-toi putain !

Regulus attrapa le t-shirt à l'effigie des Beatles de Sirius et tira dessus pour le sortir de la voiture.

– J'allais m'asseoir tu casses les couilles putain !

– T'avais qu'à être le plus rapide !

– Casse-toi connard !

– Ça va tu veux que je t'aide à insulter ton frère ?

La voix d'Orion avait toujours eu un impact considérable, et Regulus abandonna le t-shirt pour pousser un cri retentissant.

– J'allais m'asseoir !

Le cadet était tellement en colère qu'il était presque en train de sautiller sur place, les yeux brillant.

– C'est pas juste putain dit lui de se barrer !

– Si tu ne l'avais pas insulté, je lui aurais dit de partir à l'arrière mais comme tu es vulgaire tu vas derrière ! Ordonna le père en pointant le plus jeune du doigt.

Orion ne supportait vraiment pas de voir ses fils s'insulter ou se battre. Mais Regulus, probablement épuisé par sa journée, ne perçut rien et se jeta sur son frère pour le frapper de toutes ses forces. Sirius ne se laissa pas faire et riposta en lui assénant des coups au visage.

– Stop vous deux !

Orion descendit de la voiture et intervint pour séparer les deux garçons. Cependant, Regulus, déterminé à en découdre, tenait toujours fermement le t-shirt de Sirius, qui commençait à émettre des bruits de craquement, ce qui ne rassurait pas Sirius sur la durée de vie de son haut préféré.

– Mon t-shirt putain !

Le chef de famille saisit soudain le bras de Regulus, lui fit lâcher prise et le traîna ensuite jusqu'à l'arrière de la voiture où il le jeta sans ménagement.

– Écoute-moi bien ! Puni de téléphone, puni d'ordinateur, puni de télévision et tu es de corvées cuisine pendant 3 semaines !

– Mais c'est lui qui a commencé !

– EST-CE-QUE C'EST BIEN CLAIR ?!

Regulus essuya vivement les larmes prêtes à couler et, sans prononcer un mot, il boucla sa ceinture de sécurité. La gorge nouée il fixa son regard vers la fenêtre.

– Je rêve, pour une place !

Orion, furieux, referma violemment la portière du côté passager, faisant trembler la voiture, avant de faire de même avec la portière conducteur.

– Puni de téléphone toi aussi, pendant 1 semaine. Il dit en lançant un regard glaçant à Sirius.

– Quoi ? Mais je n'ai rien fait !

– Tu aurais pu laisser la place à ton frère qui effectivement était en train de s'asseoir et qui m'avait déjà demandé s'il pouvait venir devant. Ça t'apprendra à être plus mature.

– Mais...

– Sirius je te jure la ferme parce que je suis à deux doigts de dérailler. »

L'adolescent garda le silence tout au long du trajet, seul le reniflement agaçant de son jeune frère pleurnichard résonnait dans la voiture familiale.

« Bah alors, c'est quoi ces têtes d'enterrement ?

– Tes neveux sont vraiment fatigants parfois. Orion s'essaya à la droite d'Alphard après avoir salué le barman à l'entrée du restaurant qui s'avérait être aussi le patron. Ils se sont disputés pour une place à l'avant dans une putain de voiture.

– C'est lui qui a cherché aussi ! S'écria Regulus toujours secoué de quelques soubresauts.

Quelques regards se tournèrent vers eux, curieux.

– En même temps tu ne sais pas plaisanter, t'es juste un espèce de pleurnichard casse couille.

La main d'Orion heurta brutalement la table dressée, faisant sursauter couverts et verres.

– Je ne me répéterai pas deux fois, le prochain qui me cassera les oreilles avec cette histoire rentrera à pied et sera puni pour le double de ce qu'il est déjà puni.

Orion était pris d'une colère noire. Les enfants pouvaient réellement vous faire sortir de vos gonds. Pour une fois, Sirius et Regulus gardèrent le silence, se contentant d'examiner la carte du Lodge, qu'ils connaissaient pourtant par cœur.

– Eh bah, quelle ambiance. Commença Alphard une main sur le cœur après avoir été surpris par la colère de son beau-frère. Il va finir par faire une crise cardiaque, il est tout rouge, il faut faire attention les garçons.

Et c'est pour cela qu'Alphard apportait un réel réconfort au paria de la famille Black, tandis que les deux adolescents souriaient en retenant visiblement leur envie de se moquer de leur père, celui-ci fusillait son beau-frère du regard.

– Parfois je te déteste. Quand la serveuse arriva, Orion prit commandes pour tout le monde. De toute façon, ils prenaient toujours la même chose, y compris les boissons. Mais parfois je suis content que tu sois là pour désamorcer ce genre de situation.

– À ton service. Souris Alphard un pouce en l'air. J'ai convié d'autres personnes ce soir tu n'en veux pas ?

– Qui ça ?

– Un ami avec lequel on a un projet en commun et sa femme.

– Ah, bah non, pas de soucis, mais je pensais que c'était un repas de famille.

Orion avait du mal avec le changement car il était très attaché à sa routine, cela le rendait anxieux lorsqu'elle était dérangée.

– Tu verras bien, je l'ai fait venir car... Alphard jeta un regard inquiet à son beau-frère qui le regardait de manière suspicieuse, il n'était pas Shérif pour rien. Enfin, tu verras et arrêtes de me regarder comme ça veux-tu, je ne suis pas un suspect.

– Tu es suspect.

– Ah les voilà ! Lyall ! Dit plus fort Alphard pour que les derniers entrés dans le Lodge les repèrent. »

Putain de merde, pensa Sirius. S'il pensait qu'en abordant le sujet de l'introduction à la culture Quileute lors du dîner en présence d'Alphard, il aurait une chance que son père signe ce fichu papier, il se rendit maintenant compte que toutes ses chances étaient anéanties.

Le nommé Lyall était tellement bronzé dans cette région des Amériques qu'on ne pouvait ignorer son appartenance à la communauté des Premières Nations.

– Alphard, c'est quoi ces conneries ? Chuchota Orion.

– Incroyable ! Dit excité Regulus.

– Lyall ! Alphard ignora son beau-frère. Venez donc vous asseoir, je vous ai gardé des places.

Lyall prit place à gauche d'Alphard, accompagné de sa femme. La table étant ronde, tout le monde pouvait se voir parfaitement.

Bordel. Le cœur de Sirius battait à tout rompre, il sentait une crise d'angoisse monter en lui. Qu'est-ce qui avait pris Alphard d'agir de la sorte ? Sirius voulait accompagner James dans cette aventure, peu lui importait la réserve. Tout ce qu'il voulait, c'était rester avec son meilleur ami.

– Bonjour. Commença Lyall en tendant la main à son père qui lui rendit une poignée de mains crispée en retour. Je suis le proviseur du Lycée Tribale Quileute.

– Shérif...

– Black oui, je suis au courant. Continua Lyall dans un sourire.

– Alphard ?

Orion était stressé, Regulus était aux anges car il adorait apprendre sur n'importe quel sujet, Sirius semblait sur le point de suffoquer car il retenait sa respiration, et Alphard semblait regretter légèrement sa décision.

– Comme d'habitude messieurs dames ? Demanda la serveuse d'une voix bien trop aiguë.

– Oui s'il vous plaît. Affirma la femme qui accompagnait son mari.

Sirius pensa immédiatement qu'elle était sublime. Avec ses longs cheveux châtains et sa peau légèrement plus claire que celle de son mari, elle avait les yeux bleus. Il était convaincu qu'elle n'était pas Quileute, en tout cas pas entièrement, il aurait mis sa main à couper. En revanche, Lyall était le portrait craché de ce à quoi il avait pensé comme apparence physique des Premières Nations : peau hâlée, nez plein de caractère, cheveux noirs attachés en longues tresses de chaque côté de son visage, tout comme sa femme d'ailleurs ; il était imposant de par sa carrure carrée.

Sirius était petit comparé au géant Quileute à leur table, ils étaient tous comme ça ? Bon, il faut avouer qu'il faisait 1 mètre 67 il n'était pas compliqué de faire plus grand que lui.

– Waouh incroyable ! Oncle Alphard, je ne savais pas que tu connaissais aussi bien des Quileutes !

Regulus était extrêmement heureux et enchanté par cette rencontre.

– C'est tellement dommage que le programme d'échange pour les cours d'introduction à la culture Quileute ne soit accessible qu'aux secondes ! Râla le dernier des Black.

– C'est quoi cette connerie ? Orion regarda Sirius, les yeux écarquillés.

– Putain... Murmura Alphard en se prenant le visage dans ses mains.

Regulus s'installa plus convenablement, il venait de faire une bourde.

– Orion...

– Tais-toi, j'aimerais que mon fils m'en dise plus. Tu comptais me le cacher longtemps ?

– Tu abuses ! On en a discuté ce matin ensemble ! Orion tiqua, il avait oublié, la pression redescendit mais quand Sirius lui lança des papiers il crut que son cœur allait s'arrêter. Tiens, je sais que tu vas dire non maintenant, fait chier.

Orion saisit brusquement les documents, les parcourut rapidement du regard, puis les jeta négligemment sur la table.

– Tu comptais me le dire quand ? Orion se tourna lentement vers Alphard.

– Ce soir ? J'ai fait venir Lyall pour qu'il t'explique la chance que Sirius aura de participer à ce genre de programme.

– J'ai besoin d'une cigarette. »

Orion se leva précipitamment et quitta rapidement le bar-restaurant, au son du carillon accroché à la porte d'entrée.

« Eh bah. Soupira Sirius. C'était même pire que dans tous les scénarios que je m'étais imaginés, merci oncle Alphard d'avoir niqué ma seule chance de pouvoir y aller. Bon en vrai je m'en cale un rein d'aller à la réserve, je ne voulais juste pas être séparé de James. Sirius souffla. Et de Marlène, avait-il ajouté.

– J'ai essayé de t'aider espèce d'ingrat.

– Eh bah merci de ton aide si précieuse putain.

– Ton père va se calmer j'en suis sûr. Lui assura la femme de Lyall d'une voix douce et rassurante.

– Vous ne connaissez pas mon père. Souffla Sirius dépité. »

Il s'effondra sur la banquette, déçu par cette soirée. Les plats arrivèrent pendant ce temps et Orion revint s'asseoir à sa place, le visage très contrarié. Son père avait toujours réagi de la même manière dans de telles situations émotionnelles, surtout lorsque Sirius s'amusait à le mettre sous pression. Il s'asseyait toujours sur le perron de leur maison et fumait une cigarette jusqu'à ce qu'il estime qu'il pouvait reprendre la conversation sans perdre son sang-froid.

– Racontez-moi, mes oreilles sont grandes ouvertes.

Orion souhaitait des explications et il allait en obtenir. Lyall et Alphard échangèrent un regard en coin, probablement en train de décider en silence qui commencerait.

– Alors, hm hm. Alphare s'éclaira la voix, ,il appréhendait les réactions de son beau-frère. Comme tu le sais je connais Lyall depuis quelque année et il se trouve que c'est le...

– Je sais ça putain, il s'est présenté tout à l'heure !

Sirius picora son hamburger et ses frites pendant que Regulus les savourait avec un plaisir évident. À un moment donné, l'aîné lança discrètement un "tu me dégoûtes" à son cadet en voyant de la mayonnaise au coin de sa bouche. Sans se démonter, le plus jeune haussa les épaules et lui répondit "ta gueule".

– D'accord. Temporisa Alphard en montrant ses mains tel un interpellé par la police. Bon. Le directeur du Lycée de Forks inspira un grand coup. Tu connais les a priori que peuvent avoir les Américains envers les peuples des premières nations ?

– Putain oui et à raison.

Sirius tourna son regard vers Lyall et l'épouse de celui-ci, dont il avait complètement oublié le prénom. Avait-elle mentionné son nom au moins ? Peut-être, mais il n'avait pas réellement écouté, étant davantage concentré sur la réaction de son père.

– S'il vous plaît, on n'y arrivera jamais si vous ne nous écoutez pas. Posa calmement Lyall.

Orion se mordit les lèvres, faisant un effort pour refréner l'envie de hurler sur l'homme en face de lui.

– Avant les vacances de Pâques de l'année dernière, Lyall, l'un de mes amis les plus proches, et moi avons décidé d'organiser une année découverte pour nos enfants et les leurs. Nous croyons qu'en mélangeant la jeunesse, nous leur offrons l'occasion d'accepter la différence. Nous pensons que l'école est un lieu d'apprentissage et de tolérance, et cette expérience contribuera à renforcer ces valeurs chez nos enfants.

Le patriarche gronda

– De tolérance, tu parles ! Tu n'as pas trouvé mieux que de choisir l'année de mon fils pour ton expérience stupide ?

– Sirius est mon neveu. Le mettre dans ce genre de programme rassurera les parents plus réticents. Il n'y a vraiment rien à craindre, d'autant plus que de son côté, Lyall a tout comme toi son fils dans la même année que le tien et donc, il participera aussi au programme.

– Remus ? Ce voyou ?

– Remus n'est pas un voyou, Orion. Calme-toi. Tu n'aimerais pas qu'on parle ainsi de Sirius ou de Regulus en ta présence.

– Mais eux ne brûlent pas les voitures de gens honnêtes ni ne vandalisent des commerces ! S'exclama le Shérif de Forks, fusillant son beau-frère du regard.

– M. Black, je ne vous permets pas de parler ainsi de mon fils

Orion ouvrit la bouche mais Lyall continua avec beaucoup de calme et d'assurance.

- Les différents conflits que vous avez eus avec mon fils me peinent. Remus a d'ailleurs pris conscience qu'il ne pouvait pas agir de la sorte. Il s'est beaucoup calmé et nous commençons à entrevoir une amélioration avec lui. Certes, il restera un jeune homme colérique qui, je vous l'accorde, a tendance à réagir impulsivement, mais ne soyez pas trop dur avec un enfant qui a grandi dans un environnement marqué par le racisme et la discrimination. Il ne fait que se défendre, la plupart du temps.

Orion rit, oui il rit, pas d'un rire franc mais plutôt d'un rire exprimant son désarroi émotionnel des dernières minutes.

– Et si je ne veux pas qu'il y aille.

– Papa ! Je veux être avec mes amis, s'il te plaît ! Tenta Sirius.

– Si un de ces sauvages s'attaque à mon fils hein ? Quelle sera votre excuse à tous les deux ? Sirius ne deviendra pas un dommage collatéral de votre expérience foireuse.

– Ils seront à l'école, il n'y aura pas d'accident, peut-être quelques bagarres, certainement des insultes, mais rien de plus, je te le promets, mon frère.

Orion demeura silencieux pendant un moment, se penchant contre le dossier de sa chaise et laissant échapper un soupir prolongé.

– Malgré tout, il sera en contact avec les jeunes de la réserve Shérif Black. Nous envisageons d'organiser des rencontres par classe en alternance, avec deux fois moins de classes à la réserve, de sorte que mes élèves viendront à Forks deux fois par mois, tandis que vos élèves viendront une fois par mois à la réserve. Ils seront mélangés lors des cours habituels en commun avec d'autres classes, sinon ils seront ensemble comme une classe normale. Il en sera de même pour les enfants de la réserve qui viendront chez vous ; il était beaucoup trop compliqué de les mélanger à des classes déjà existantes. Cependant, les enfants dont les parents ne signeront pas l'autorisation seront directement intégrés une fois par mois dans la classe des natifs qui viendront à Forks quand leur propre classe sera à la réserve.

– Donc c'est soit j'accepte et mon fils sera toujours entouré des siens ou je ne signe pas et il sera une fois par mois mélangé à des étrangers. Orion esquilla un sourire dénué de joie. C'est un putain de traquenard.

Le Shérif Black se frotta le visage avec ses deux mains, incrédule. Il détestait ne pas avoir le choix, cela l'énervait au plus haut point. Il ne voulait pas que son fils y aille, mais en même temps, s'il n'y allait pas, il se retrouverait directement mêlé à ces sauvages. De plus, il pressentait que s'il ne griffonnait pas sur ce fichu papier, Sirius allait lui mener la vie dure. Il se tourna ensuite vers son beau-frère et, d'un regard plein de promesses, il lui dit.

« Si mon fils est blessé, tu le regretteras pour toujours de nous avoir accueillis chez toi ce jour-là Alphard, je te rendrai la vie misérable. »