Mercredi 7 septembre 2016

2h17

3h05

3h50

4h47

Sirius actionna la chasse d'eau des toilettes. C'était la quatrième fois qu'il se réveillait cette nuit, sa vessie le suppliée continuellement d'aller la soulager. L'adolescent était frais comme un paon, réveillé au possible, il n'avait plus réellement envie de dormir, il avait même un peu faim. Mais d'un coup un frisson d'horreur lui traversa le corps, un bruit s'était fait entendre, il était au niveau de sa chambre et il en était persuadé, ça venait de là. Sirius se força à prendre une respiration des plus calmes et essaya de faire marche arrière vers la porte de la chambre de son père.

Un, deux, trois pas. Pourtant, inutile d'aller au-delà, la porte d'Orion s'ouvrit lentement et silencieusement, quel ne fut pas le soulagement de Sirius de croiser le regard de son père dans l'obscurité.

« Je veux que tu restes ici. Orion donna l'ordre et Sirius hocha vivement la tête, montrant clairement qu'il n'éprouvait aucune envie de s'aventurer dans cette pièce où quelqu'un avait osé pénétrer.

Le chef de famille donna un coup de pied violent dans la porte tout en allumant la lumière, elle claqua contre le mur en plâtre, produisant un bruit assourdissant.

– PAS UN GESTE ! Cria le patriarche des Black en pointant son arme un peu partout dans la chambre de son fils.

– QU'EST-CE QUI SE PASSE ! Hurla Alphard en bas de l'escalier.

À l'époque, son oncle avait aménagé le bureau de la maison en une chambre pour libérer l'étage pour les enfants et Orion. Il ne voulait pas les entendre se plaindre et perturber son sommeil.

– Un intrus dans la chambre de Sirius ! Informa fortement Orion.

– QUOI !

– PAPA ! Hurla Regulus les cheveux débraillés en sortant de sa chambre complètement terrifié.

– J'appelle la police ? Demanda Alphard qui avait grimpé les escaliers faisant signe à Regulus de ne pas s'approcher.

– Sirius, il manque quelque chose ?

L'adolescent entra dans sa chambre et rapidement observa les environs.

– Je veux être sûr avant d'appeler des collègues et de pister ce connard qu'il y avait bien quelqu'un ici.

– Quoi ? Dit Sirius incrédule.

– Je ne peux pas traquer quelqu'un sans preuve, s'il ne manque rien même si je l'ai entendu, on m'enverra boulet au niveau des ordres de mission, ils jugent assez vite que les gens ont rêvé quand ils se font surprendre en plein milieu de la nuit.

Sirius se concentra et bientôt sa bouche s'assécha, il ne rêvait pas, c'était bien réel, quelqu'un était entré dans sa chambre, probablement en passant par la fenêtre qu'il avait laissée ouverte pour profiter de la fraîcheur du mois de septembre.

– Il manque mes fringues de la journée, tous étaient sur ma chaise de bureau.

– Tu es sûr ? Tu ne les as pas mis au sale ?

– Non, je me suis déshabillé dans ma chambre. Sirius devint fantomatique.

– Putain de taré. Jura Orion. J'appelle la brigade et ma hiérarchie, je vais traquer ce timbré ! Dis le père des adolescents en retournant dans sa chambre chercher son téléphone portable.

– Ferme ta fenêtre et bloque la Sirius, toi aussi Regulus. La voix d'Alphard retentit sans équivoque, témoignant de la prise au sérieux de la situation. »

Sirius n'avait plus réussi à trouver le sommeil. Les deux garçons avaient été installés dans la chambre du plus jeune, et ensemble, ils étaient restés éveillés à se raconter des histoires, à se faire des blagues, ou simplement à discuter. Le bruit des lourdes bottes des agents, leurs éclats de voix, ou encore les bips incessants des radios avaient eu raison de leur sommeil.

Sirius était pris d'une terreur rare, quelqu'un lui avait dérobé ses vêtements. Était-ce un fétichiste qui le suivait constamment sans qu'il ne s'en rende compte ? Il refusait d'envisager cette possibilité, son cœur se serrait violemment à cette idée, la peur le submergeait.

De Jaminette le branleur

7h15 « Chaud ton histoire de voleur de fringue, j'ai peur pour toi mec. »

Sirius n'avait aucune envie de retourner dans cette chambre. Il avait l'impression qu'elle n'était plus la sienne, qu'elle lui était devenue complètement inhospitalière. Son atmosphère avait changé, passant d'un côté chaleureux et rock'n'roll à un état complètement horrifiant, la pièce lui donnait des sueurs froides dès qu'il y mettait les pieds.

7h16 « Ça va mec, c'est un pervers de passage sûrement, ce n'est pas dramatique. »

Pourquoi Sirius mentait à son meilleur ami ? Il ne voulait pas passer pour une mauviette qui avait peur pour un rien. Il n'était pas une demoiselle en détresse !

De Jaminette le branleur

7h18 « J'espère que tu as raison... Mais maintenant que j'y pense tu as pu récupérer ton téléphone ! »

Sirius était vêtu et coiffé de son habituel chignon bas, mettant en valeur son magnifique dégradé. Il prépara ses affaires pour les cours et quitta sa chambre le plus rapidement possible.

7h23 « Évidemment avec quoi je te parle ducon... »

De Jaminette le branleur

7h24 « Hahaha ta gueule, tu viens en cours aujourd'hui alors ? »

7h27 « Ouais, c'est pour ça que mon frère et moi on a eu nos punitions de lever, mon père se sent plus rassuré de s'avoir qu'on est joignable et qu'on peut le joindre en cas de problème, j'ai eu un topo sur le self defence avec Regulus, alors James si jamais il faut taper dans les couilles ou dans la glotte. »

De Jaminette le branleur

7h30 « ah oui chaud, il a vraiment peur, c'est sûrement du sérieux ... J'ai peur pour toi putain, je vais t'écrire aussi plus souvent pour savoir où tu es ! »

« QUOI ! PAPA SÉRIEUX ! Cria Sirius face à son père.

Il était en colère, son père lui interdisait de prendre sa moto, jugeant que c'était trop dangereux. Il voulait les accompagner et les récupérer chaque jour de la semaine avec sa voiture de service.

– C'est ainsi Sirius et c'est non négociable, en voiture maintenant.

– Nan ! Tu ne peux pas me priver de ça ! Si tu ne l'attrapes jamais je ne vais plus pouvoir faire de moto c'est ça ?

– Je ne sais pas, mais pour l'instant en tout cas c'est comme ça ! Arrête de faire l'enfant et monte maintenant ! »

Sirius souffla avant de refermer bruyamment la portière en montant dans la voiture. Il ne prononça pas un mot pendant le trajet, tout comme les autres occupants, tous préoccupés par la situation de la veille. Une fois arrivé au lycée, l'aîné des frères Black, sortit précipitamment de l'habitacle, ignorant probablement les énièmes recommandations que son père essayait de lui donner. Il claqua la portière et se précipita vers le lycée jusqu'à son casier, où il l'ouvrit avec fureur, provoquant un bruit sourd qui résonna dans le couloir. Plusieurs têtes se tournèrent vers lui, mais le jeune homme ne leur prêta aucune attention.

« Waouh mec t'es sur les dents ou quoi ?

– Sans déconner ! S'emporta Sirius en claquant son casier, bousculant James en allant en direction du gymnase pour son cours de sport.

– Ca va j'y suis pour rien si un vieux pervers est venu dans ta piaule, il a du te prendre pour une meuf avec tes cheveux.

James avait essayé de détendre l'atmosphère en faisant une blague, il avait essayé mais pour Sirius ce fut une couche en plus sur son mal-être de la veille. Il avait pris sur lui pour rassurer son petit frère, pris sur lui quand son père lui avait interdit de prendre sa moto.

– Putain mais va te faire foutre James ! Moi et mes cheveux on t'emmerde, va te faire foutre encore une fois ! »

Il avait été l'objet de nombreuses moqueries sur ses cheveux. On lui avait dit qu'il ressemblait à une serpillière, puis qu'il était gay, voire pire, qu'il ressemblait à une fille ! Il se rappelait encore que son père lui avait assuré que les hommes de la famille Black avaient souvent les cheveux longs. Lui-même les avait portés longtemps long, ne les coupant que lors de son entrée dans la brigade de Forks, mettant ainsi un terme définitif à son passé.

Les railleries ne s'étaient apaisées que lorsqu'il avait commencé à fréquenter Marlène. Désormais, seul Regulus se moquait de lui, mais plus pour l'embêter que pour réellement le blesser. Cependant, dans des moments de stress comme celui-ci, ce type de remarque n'était pas tolérable pour Sirius, peu importe pour de qui cela pouvait bien provenir, tant pis pour James, s'était tombé sur lui.

« Ça va ?

Peter s'était assis par terre aux côtés du jeune Black, en train d'écouter leur professeur, Mme Bibine, qui était en train de leur expliquer les règles du football en salle. Il pleuvait tellement dehors qu'il était inenvisageable de jouer à l'extérieur.

Sirius n'éprouvait pas de haine envers Peter, il ne ressentait simplement aucune affinité avec lui, le trouvant parfois un peu inutile. Bien sûr, l'adolescent avait bien compris qu'il n'aimait pas le garçon sous couvert de jalousie par rapport à James.

– Je suis conscient de ne pas t'avoir beaucoup parlé, préférant rester avec James, que je connais depuis tout petit grâce à nos familles. J'ai été assez jaloux de votre rapprochement, tu prenais mon seul ami, celui qui m'avait pris sous son aile alors que je me faisais littéralement harceler en primaire, c'est mon sauveur. James est comme un soleil, il éclaire les personnes autour de lui.

Peter soupira et lança un sourire timide à Sirius.

– Je me rends compte qu'il va falloir que je fasse plus d'effort envers toi, vous voir vous disputer ainsi ça me fait mal au cœur, je remarque que votre amitié est bien trop belle pour la gâcher et je suis en accord maintenant sur le fait d'accepter que tu aies bien plus d'importance pour lui que moi j'en ai.

– Je n'ai pas été agréable avec toi non plus.

– Peter, tu es adorable. Si tout le monde admettait ses erreurs comme toi, le monde se porterait mieux.

Marlène posa sa tête sur l'épaule de son petit copain, contente que les deux garçons commencent à enterrer la hache de guerre.

Peter rougi aux paroles de Marlène.

– Merci Peter, dit Sirius en tendant la main vers le plus petit.

Les deux garçons échangèrent une poignée de main en signe de paix.

– James est mal depuis tout à l'heure, il me casse les oreilles, si tu pouvais vite lui pardonner ça m'arrangerai avant que je ne l'égorge.

Sirius ricana, en vérité, Peter était assez drôle quand il le voulait, bien qu'il n'ait jamais réellement voulu le reconnaître. L'adolescent n'avait jamais accroché avec lui, il est vrai. Il avait décidé de le détester, point à la ligne. La jalousie qu'il éprouvait était bien trop forte, James était à lui, c'était son ami. Mais maintenant qu'ils s'étaient excusés mutuellement, qu'ils avaient reconnus qu'ils avaient merdés, peut-être qu'ils allaient se trouver des points en commun, qui sait ?

Le football en salle n'avait jamais été sa spécialité. Malheureusement, il avait été choisi par James pour rejoindre son équipe. Parfois, Sirius avait du mal avec ça, il était l'ami de James, dans l'équipe de James, impliqué dans les farces de James. Tout tournait autour de James et toujours autour de lui. Parfois cela devenait pesant et il sentait bien que si un jour il ne parlait plus à James, il serait sûrement mis de côté par tout le monde, et personne ne serait son ami à lui. Souvent il avait cette impression que les gens l'approchaient car il était proche de James, James, James et toujours James.

Et si James découvrait tout à son sujet ? Serait-il dégoûté, tellement qu'il ne lui adresserai plus jamais la parole ? Entraînant toute l'école avec lui ? L'adolescent voulait croire que non, que son meilleur ami resterait pour toujours comme un frère pour lui. Il tenait tellement à James qu'il était prêt à sacrifier son bonheur pour lui.

« Alleeez, tu sais que je suis malheureux quand tu me fais la gueule.

– Je ne fais pas la gueule. Sirius croisa les bras après avoir reçu un coup de coude de James alors qu'il enfilait son maillot bleu, couleur de son équipe qui avait été choisi par James.

– Sirius, je te connais comme si je t'avais fait, je me suis moqué de toi et même si on le fait souvent c'était mal venu après tout le stress que tu as vécu.

– Hm.

– Pardon mon Sirius, James Potter te dit pardon, tu es le seul à qui ça arrive... James marqua une pause, un sourire au coin de ses lèvres. Et à ma mère, elle me fou trop la trouille.

L'adolescent ricana, son ami savait s'y prendre pour le faire rire.

– Je n'ai pas beaucoup dormi, j'avoue que je suis à fleur de peau.

James posa ses mains sur les épaules de son ami le fixant droit dans les yeux, il était un peu plus grand que lui.

– Ne sois pas fâché, tu fais partie de ma famille pour moi, mon frère, mon alter ego, je tiens énormément à toi et entre nous, Peter est sur le point de me tuer alors que ça fait seulement 30 minutes que tu ne me parles plus, imagine un peu ! Il va me mettre six pieds sous terre avant l'heure si tu ne me reparle pas très vite ! James rit de sa propre blague, accompagné de Sirius.

– Je ne pourrai pas résister dans ce cas, j'ai bien trop pitié de toi.

James enlaça Sirius, il avait toujours été comme ça, plutôt tactile alors que lui avait toujours été assez réticent, il avait une peur bleue que son corps le trahisse, qu'il ne révèle sans le vouloir qui il était vraiment.

– Moooh vous êtes trop chouuuu. S'écria Marlène de l'autre côté du terrain, ses mains entourant son visage.

– Chou ? Vous êtes des tapettes ou quoi pour vous enlacer ainsi ? Dit Adam un garçon de leur classe et qui faisait partie de l'équipe de volley, d'un ton emplis de dégoût.

– Vraiment Adam ? En 2016, avoir des propos aussi homophobes ? Dit James

Sirius mal à l'aise repoussa légèrement son ami pour mettre un peu de distance physique entre eux. Le jeune Black s'en alla s'installer aux côtés de Marlène, lui prenant la main, ils étaient divisés en 4 et leur équipe et celle de Marlène ne devait pas encore jouer.

– Quel con ce type. Souffla sa copine.

– Ouais. »

Le cours de sport s'était bien déroulé et l'équipe de James avait clairement sans surprise remporté la victoire, en même temps il avait uniquement sélectionné des sportifs, à l'exception de Sirius lui-même qui n'avait joué qu'en tant que figurant. Peu de ses coéquipiers lui avaient fait des passes, même James. Il était amer, incapable de se réjouir de la victoire. Il n'avait touché le ballon que trois fois, et avait mal réceptionné une fois, ce qui lui avait valu les hurlements d'Adam. Le sang de Sirius n'avait fait qu'un tour à ce moment et ils avaient presque fini par se battre.

L'adolescent soupira.

« Ça va ?

Assis sur le banc du vestiaire, en face du casier où il avait rangé ses affaires de rechange, Sirius laissa échapper un nouveau soupir.

– Qu'est-ce que j'ai fait encore ?

– Je suis si nul que ça ? Pour que tu ne me laisses presque pas jouer ?

– Quoi ? Bien sûr que non ! Si je t'ai pris dans mon équipe c'est que j'estime que tu sais jouer ! Assura James.

– À d'autre putain mais pas à moi, c'est toujours pareil, tu m'ajoutes dans ton équipe et tu me laisses de coter. La prochaine fois, ne me choisis pas merde, j'irai avec les filles et Peter, au moins avec eux je ne me sentirai pas comme un moins que rien !

– Mais qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui bordel, tu as tes règles ou quoi ?

Sirius se leva rapidement et prit ses affaires avec colère.

– Sirius merde, je n'y peux rien si tu ne sais pas jouer !

L'adolescent se tourna vivement vers James, faisant virevolter ses cheveux d'ébènes, son ami était bouche bée, probablement tout aussi choqué que lui par ce qu'il avait osé dire. Il arrivait que les deux amis se disputent de temps en temps, mais aujourd'hui, le jeune homme à la peau brune avait dépassé les bornes et Sirius se sentait épuisé, fatigué et en colère. Une colère bouillonnait en lui, prête à jaillir et à exploser.

– Putain mais va te faire mettre James, je ne t'ai jamais demandé de me faire la charité, putain de connard !

Puis l'adolescent partie furieusement vers les douches individuelles.

– T'es vraiment qu'un sale con quand tu t'y mets tu le sais ça ? Dit Peter en soufflant. »