Je ne possède aucun des personnages des films
Whumpuary 2025 consacré au film The Man From UNCLE de 2015
Un prompt tous les deux jours
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
WHUMPUARY 2025 The Man from U.N.C.L.E
15. Kidnapping
Le crépuscule tombait sur Londres, noyant les ruelles dans une brume caractéristique qui transformait les réverbères en halos fantomatiques. Illya et Napoléon marchaient côte à côte, leur mission terminée, savourant ce rare moment de calme. Le Russe était particulièrement détendu ce soir-là, presque souriant alors qu'il écoutait son partenaire se vanter de son dernier exploit. Le bruit fut presque imperceptible. Un simple froissement de tissu, le grincement d'une semelle sur le pavé humide, mais des années d'entraînement avaient aiguisé leurs instincts. Ils se figèrent simultanément, leurs corps tendus comme des arcs.
- Péril... commença Napoléon, sa main glissant déjà vers son holster.
L'attaque fut brutale, coordonnée avec une précision militaire. Six hommes surgirent des ombres, leurs silhouettes massives trahissant leur origine. KGB. Illya les reconnut instantanément à leur façon de bouger, à ces techniques qu'on lui avait lui-même enseignées. Le premier coup l'atteignit à la tempe, assez fort pour le déstabiliser mais pas pour l'assommer. Il riposta d'instinct, son poing s'écrasant sur la mâchoire de son agresseur avec un craquement satisfaisant. À côté de lui, il entendait Napoléon se battre, le bruit caractéristique de ses poings rencontrant la chair.
- Illya, derrière toi !
L'avertissement de Napoléon lui permit d'esquiver une seringue qui visait son cou. Le liquide clair qui perlait à son extrémité ne laissait aucun doute sur leurs intentions. Ils le voulaient vivant. Les mouvements d'Illya étaient fluides, mortels, des années d'entraînement prenant le dessus sur la surprise initiale. Deux hommes étaient déjà à terre, un troisième reculait en tenant son bras manifestement cassé, mais ils étaient trop nombreux, trop bien préparés.
- Non !
Le cri de Napoléon déchira la nuit alors qu'un coup particulièrement vicieux atteignait Illya au foie, le pliant en deux. Ce fut l'ouverture qu'ils attendaient. La seringue s'enfonça dans son cou, le liquide glacé se répandant dans ses veines comme du poison. Illya tenta de se débattre, mais déjà ses membres s'alourdissaient, ses mouvements devenant maladroits.
- Laissez-le !
La voix de Napoléon était méconnaissable, déformée par une rage que son partenaire ne lui avait jamais entendue. À travers sa vision qui commençait à se brouiller, Illya le vit abattre un quatrième homme, son visage habituellement décontracté transformé en un masque de fureur pure. Le temps semblait s'écouler au ralenti. Illya sentait son corps s'engourdir progressivement, mais son esprit restait désespérément lucide. Il vit avec une clarté terrifiante le chef des agents sortir son arme, vit aussi Napoléon, trop concentré sur les hommes qui maintenaient Illya pour remarquer le danger. Il voulut crier, prévenir son ami, mais sa langue était devenue trop lourde. Seul un gémissement étranglé s'échappa de sa gorge.
Le temps se figea au moment où la détonation déchira l'air. Pour Illya, chaque seconde devint une éternité de torture alors que ses muscles, paralysés par le tranquillisant, refusaient de lui obéir. Son esprit, cruellement lucide, enregistrait chaque détail avec une clarté insoutenable. Le recul de l'arme dans la main du tireur. L'impact de la balle. L'expression de surprise sur le visage de Napoléon, comme s'il ne réalisait pas encore ce qui venait de se passer. Un hurlement silencieux se forma dans la gorge d'Illya, mais ses cordes vocales paralysées ne produisirent qu'un faible gémissement. La rage, cette rage familière qui d'habitude le submergeait dans un voile rouge, était là, mais différente. Plus froide... Plus profonde… Plus dévastatrice… Elle se mêlait à une terreur primitive qu'il n'avait jamais connue auparavant, même dans ses pires moments.
Le temps reprit son cours normal quand Napoléon porta sa main à son flanc. Ses doigts élégants, ceux qui crochetaient les serrures les plus complexes avec tant de grâce, étaient maintenant maculés de son propre sang. Illya sentit son cœur se déchirer dans sa poitrine. Son partenaire, son ami, son ancre... La seule personne qui savait le calmer quand la rage menaçait de le consumer, qui comprenait ses silences et qui respectait ses démons tout en refusant de les craindre.
Leurs regards se croisèrent une dernière fois et ce fut pire que tout. Dans les yeux de Napoléon, Illya ne vit pas de peur pour lui-même, ni de la douleur, non, il ne vit que de l'inquiétude. Pour lui… Pour Illya… Même en s'effondrant, même en se vidant de son sang, cet idiot d'américain ne pensait qu'à son partenaire.
- Je suis désolé, articula Napoléon et ces mots silencieux furent comme des lames s'enfonçant dans le cœur d'Illya.
- Désolé de quoi, cowboy ? voulut-il hurler. Désolé de t'être battu pour moi ? Désolé d'avoir risqué ta vie pour me sauver ? Désolé de m'avoir montré ce que signifiait vraiment avoir un ami ?
Le brouillard du tranquillisant s'épaississait, mais la souffrance émotionnelle restait d'une clarté cristalline. Illya sentit quelque chose se briser en lui quand Napoléon toucha le sol. Le bruit de son corps heurtant le pavé résonna dans son âme comme un glas. La pluie qui commençait à tomber se mêlait au sang de son ami, créant des rivières écarlates qui s'écoulaient vers les caniveaux. Les hommes qui le maintenaient commencèrent à le traîner en arrière, mais ses yeux restaient fixés sur la forme immobile de Napoléon. La distance grandissante entre eux était une torture physique, comme si on arrachait une partie de lui-même. Il nota chaque détail avec une précision maniaque, les gravant dans sa mémoire comme une promesse : la façon dont la lumière des réverbères se reflétait dans les flaques de sang, les plis désordonnés du costume habituellement impeccable de son ami, la pâleur mortelle qui envahissait déjà son visage.
Alors que les ténèbres gagnaient finalement du terrain sur sa conscience, une pensée claire émergea du chaos de son esprit : si Napoléon mourait, il n'y aurait pas un seul endroit sur Terre où ces hommes pourraient se cacher. La rage froide qui l'habitait maintenant n'avait rien à voir avec ses explosions de colère habituelles. C'était quelque chose de plus profond, de plus fondamental. Une promesse gravée dans son âme avec le sang de son meilleur ami. Le dernier fragment de conscience d'Illya fut pour cette culpabilité dévorante qui menaçait de le consumer. Il avait failli à son devoir. Pas envers l'UNCLE, pas envers sa mission, mais envers la seule personne qui avait réussi à voir au-delà du monstre que le KGB avait créé, qui avait choisi de lui faire confiance malgré tout. La personne qui lui avait appris que l'amitié n'était pas une faiblesse, mais la plus grande des forces. Les ténèbres envahissaient rapidement la conscience d'Illya, mais son dernier souvenir fut celui de son meilleur ami s'effondrant sur le pavé mouillé, son sang se mêlant à la pluie qui commençait à tomber.
- Pardonne-moi, mon ami pensa-t-il alors que l'obscurité l'engloutissait enfin.
Le noir. Puis le froid.
OoooO
Quand Illya reprit conscience, il était attaché à une chaise dans ce qui ressemblait à une cellule d'interrogatoire soviétique. L'image de Napoléon s'effondrant le hantait toujours comme un cauchemar, plus douloureuse que ses propres blessures. Son corps était engourdi, sa bouche pâteuse, mais la souffrance dans sa poitrine n'avait rien à voir avec les drogues qu'on lui avait injectées. Il avait échoué. Échoué à se protéger, échoué à protéger son partenaire. La culpabilité le dévorait comme un acide… Ces types pouvaient bien le tuer… il ne lui restait plus rien.
OoooO
A des milliers de kilomètres de là, dans un hôpital de Londres, Napoléon s'éveilla dans un lit aux draps blancs, l'odeur aseptisée de l'hôpital lui agressant immédiatement les narines. La douleur dans son flanc, bien que lancinante, fut instantanément éclipsée par le souvenir d'Illya emmené par les agents du KGB. Son poing s'abattit violemment sur le matelas, la frustration et la colère menaçant de le submerger. Le mouvement brusque réveilla la douleur de sa blessure, lui arrachant un sifflement entre ses dents serrées.
- Napoléon !
La voix de Gaby, rauque d'avoir trop pleuré, le fit tourner la tête. Elle était assise dans un fauteuil près de la fenêtre, son petit corps recroquevillé sur lui-même. Ses yeux étaient gonflés, son maquillage avait coulé en traînées sombres sur ses joues. Elle n'avait manifestement pas dormi depuis... depuis combien de temps ?
- Combien... murmura Napoléon dont la voix se brisa, combien de temps ?
- Deux jours, répondit-elle en se levant pour s'approcher de son lit.
Ses mains tremblaient quand elle les posa sur la barrière métallique.
- Tu as perdu beaucoup de sang. Les médecins... ils n'étaient pas sûrs que...
Elle ne finit pas sa phrase, mais ses doigts se crispèrent sur le métal jusqu'à ce que ses jointures blanchissent.
La balle l'avait touché juste sous les côtes, lui avait-on expliqué plus tard. Une blessure calculée, assez grave pour le mettre hors combat, mais pas assez pour le tuer. Ils l'avaient laissé là, se vidant lentement de son sang sur le pavé londonien, comme un avertissement. Un message clair : ne pas interférer avec les kidnappeurs.
- Waverly... commença-t-il, mais Gaby secoua la tête, ses yeux se remplissant à nouveau de larmes.
- Il fait ce qu'il peut, mais diplomatiquement... ses mains sont liées. Le KGB affirme qu'Illya est un traître, qu'ils avaient le droit de...
Sa voix se brisa sur le dernier mot et les larmes qui coulaient maintenant sur les joues de Napoléon n'avaient rien à voir avec la douleur physique. L'image d'Illya, son regard empli d'horreur alors que la drogue le paralysait, semblait gravée sur sa rétine. Le pire n'était pas la peur dans les yeux de son partenaire, c'était cette impuissance absolue, cette terreur non pas pour lui-même, mais pour Napoléon qu'il voyait en danger. A cet instant, Gaby s'effondra sur le bord du lit, ses épaules secouées de sanglots silencieux. Napoléon tendit la main, ignorant la douleur que le mouvement provoqua, pour la poser sur son épaule. Elle attrapa ses doigts et les serra si fort que c'en était presque douloureux.
- Je te retrouverai, murmura-t-il dans le silence de la chambre d'hôpital, sa voix rauque de détermination.
Gaby releva la tête, ses yeux brillants de larmes mais aussi d'une lueur féroce qu'il connaissait bien.
- Je te le promets, Péril, même si je dois retourner toute la Russie, je te retrouverai
- Nous le retrouverons, corrigea Gaby, essuyant ses larmes d'un geste rageur. Je ne te laisserai pas y aller seul. Ils nous ont pris notre Illya. Ils vont découvrir que c'était une très mauvaise idée.
Le moniteur cardiaque à côté du lit accéléra son rythme alors que la rage et la détermination remplaçaient progressivement le désespoir initial. Napoléon serra la main de Gaby, scellant leur pacte silencieux. Il avait été impuissant cette nuit-là, mais ce n'était que le début. Le KGB allait apprendre à ses dépens qu'on ne s'attaquait pas impunément à ce qu'ils considéraient comme leur famille.
- Tu as un plan ? Demanda Gaby, son accent allemand plus prononcé sous le coup de l'émotion.
Un sourire dangereux étira les lèvres de Napoléon, ce sourire qui avait fait frémir tant d'adversaires par le passé.
- J'ai plusieurs contacts à Moscou qui me doivent des faveurs et j'ai quelques idées sur la façon dont le KGB traite ses... invités spéciaux.
- Alors dépêche-toi de guérir, dit Gaby en essuyant les dernières traces de larmes sur ses joues. Parce que chaque jour où Illya est entre leurs mains...
Elle ne termina pas sa phrase, mais elle n'en avait pas besoin. Napoléon fixa le plafond blanc de sa chambre d'hôpital, son esprit déjà en train d'élaborer des plans, de calculer des probabilités, d'imaginer des scenarios. Quelque part en Russie, son meilleur ami l'attendait, probablement en train d'endurer des choses qu'il préférait ne pas imaginer. Le temps pressait.
- Tiens bon, Péril, murmura-t-il. Je n'ai pas besoin d'être guéri, j'ai juste besoin de tenir sur mes jambes… On arrive.
