Hello hello !
Voici la suite, bonne lecture à vous =)
Rar :
Guest : Moi, prendre du plaisir à écrire les mésaventures de Severus ?!... Comment as-tu deviner ahah ? xD Si tu savais à quel point j'adore trouver des idées pour le pousser à bout ! D'ailleurs, il en voit de toutes les couleurs aussi dans celle que je suis entrain d'écrire ! Le pauvre, il ne sera jamais tranquille ! Comme tu l'as dit, cela le fera réfléchir à deux fois avant de cracher sur les bons soins d'Hermione :p Rien de tel qu'une petite galère pour apprécier les choses simples du quotidien parfois ! Merci pour ton commentaire, bonne lecture de ce chapitre (où je suis plus gentille avec lui, tu noteras ;) )
Hermione s'était levée aux aurores, ou presque, incapable de se rendormir après s'être réveillée à six heures. Elle était descendue dans l'arrière boutique sur la pointe des pieds afin de ne pas réveiller George, qui dormait dans la chambre voisine, son premier réflexe ayant été d'aller vérifier si Charbon n'attendait pas à la porte du jardin.
Malheureusement, il n'y avait personne.
Elle était remontée s'habiller rapidement, et était sortie à la faveur du petit matin pour tenter de le retrouver dans le village, à présent que l'orage s'en était allé.
Malheureusement, elle avait eu beau faire tout le tour de Pré-Au-Lard, toujours aucune trace du chat. Profitant d'être dehors pour aller acheter du pain et des croissants, et redéposer une affichette chez le boulanger, elle était rentrée pour déjeuner avec George. Puis, devant sa mine déconfite et ses épaules voûtées par l'inquiétude, le rouquin lui avait proposé de l'accompagner à Poudlard, au cas où le chat serait reparti en direction du château. Hagrid les avait accueillis à bras ouverts, mais avait été désolé de ne pas pouvoir leur fournir d'indication concernant le petit félin égaré.
Ils étaient restés pour le thé en compagnie du demi-géant, qui leur avait assuré qu'il garderait l'œil ouvert au cas où un chat noir viendrait flâner du côté du château, rassurant Hermione sur le fait que Crocdur était trop paresseux pour lui courir après et risquer de lui faire du mal.
Les deux jeunes sorciers étaient repartis, empruntant un chemin différent pour chercher à de nouveaux endroits. Lorsque les premières maisons du village s'étaient profilées à l'horizon, Hermione n'avait pu retenir un soupir découragé.
- Je crois que cette fois, il ne reviendra pas, avait-elle murmuré, fataliste.
George s'était rapprochée, suffisamment pour la bousculer gentiment de l'épaule, tentant de lui transmettre un peu de réconfort.
- Peut-être qu'il était finalement à quelqu'un et qu'il est rentré chez lui, avait-il dit, essayant de lui remonter le moral. Tu trouveras bien un autre petit malheureux à adopter, va. De préférence un gentil qui ne sortira pas les griffes pour un oui ou pour un non, avait-il précisé avec une grimace.
Hermione avait acquiescé silencieusement, sans pouvoir se débarrasser de la tristesse et du sentiment d'échec qui l'habitaient. Cela faisait des années qu'elle avait adopté Pattenrond, et plusieurs mois que ce dernier s'en était allé pour sa dernière demeure. Elle ne se rappelait plus exactement comment s'était passée son arrivée, mais elle ne se souvenait pas avoir galéré autant à s'en faire accepter. Où avait-elle péché avec Charbon ? Elle avait pourtant fait preuve de patience, et lui avait laissé du temps.
Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas aperçu les trois gamins qui courraient dans leur direction, et ils lui seraient rentrés dedans si George ne l'avait pas brusquement attirée sur le côté pour l'éloigner de la trajectoire des gamins.
- Encore trois qui sont bien élevés, avait commenté le rouquin en les observant s'éloigner. Rappelle moi de glisser quelques bonbons de Bonnet d'Ane dans leur commande si un jour ils viennent à la boutique, avait-il ajouté à l'attention de la Gryffondor, qui lui avait souri en retour.
- Mince, on l'a perdu ! S'était exclamé l'un des trois morveux en s'arrêtant quelques mètres plus loin.
- Ou est-ce qu'il est passé ? Il devrait être par ici ! Foutu chat noir !
- Allez, on le retrouve et on le donnera aux chiens du vieux Louis, Mamie dit qu'il mange tous les chats qui passent dans son jardin !
Hermione et George avaient échangé un regard alerté en entendant la discussion des trois mioches, et s'étaient précipités d'un commun accord à leur suite.
OoOoO
Il avait commencé la journée affamé et fatigué, il était à présent couvert de détritus, et ne doutait pas que l'odeur nauséabonde de la benne dans laquelle il était tombé lui collerait à la peau pendant des jours.
Reprenant difficilement ses esprits après sa chute, encore groggy de son harassante nuit et talonné par la faim et le froid, il avait tenté de sortir de la poubelle où il se trouvait, mais les bords lisses et encore humides des récentes pluies ne présentaient aucune prise ou presque. Il avait glissé plusieurs fois sur les parois poisseuses, s'enfonçant de plus en plus dans la couche de détritus qui macérait sous lui.
- C'est par dessus cette clôture qu'il est passé, non ?
Severus s'était figé en entendant la voix de l'un des affreux gamin qui lui avait jeté des cailloux quelques instants plus tôt, et n'avait plus bougé d'un centimètre, s'obligeant à rester immobile au milieu des immondices le temps que les gamins passent leur chemin.
Quelques minutes plus tard, les voix s'étaient éloignées, et il avait repris ses vaines tentatives pour sortir de la benne à ordures, sans plus de succès que précédemment. Il avait fini par se laisser choir sur la pile de déchet, terrassé par la fatigue et l'impuissance.
- ...bon, tu es là ?
Etait-ce ainsi que les choses allaient finir pour lui ? Avait-il survécu à deux guerres contre Le Seigneur des Ténèbres pour finir coincé au fond d'une poubelle, prisonnier dans le corps d'un chat, mourant de faim et de soif, à moitié asphyxié par l'odeur immonde des déchets en putréfaction ?
A ce stade, c'était plus qu'un simple coup de malchance, à n'en pas douter. Le sort s'acharnait.
- Allez viens Loulou, on va rentrer à la maison… S'il te plait…
Par Salazar, il était tellement au bout du bout qu'il s'imaginait même entendre la voix de Granger qui l'appelait ! Décidément, il avait touché le fond.
- Charbon ?
Severus s'était vivement redressé, réalisant seulement alors que «Charbon» était le nom ridicule dont l'avait affublé Granger toute la semaine. Par Merlin, était-il possible qu'il ne soit pas entrain de rêver ?
- Charbon ! Allez bonhomme, montre toi si tu es là !
Avant même d'en avoir véritablement conscience, comme si un instinct de survie venu tout droit des profondeurs de ce petit corps animal avait soudainement pris le contrôle sur son esprit humain, Severus s'était rué contre la paroi de la benne à ordure, miaulant sans discontinuer ou presque, incapable de s'en empêcher.
Il y avait eu de nouveaux éclats de voix, dont il n'avait pas saisi le sens exact, se réjouissant simplement d'entendre cette voix familière et ce nom scandé avec inquiétude qui, il en était certain, était bel et bien le sien. Quelques secondes plus tard, le ciel s'était obscurci au dessus de la poubelle lorsqu'un corps s'était penché par dessus l'ouverture.
- George il est là ! S'était exclamée sa propriétaire avec un soulagement palpable. Il va bien et… il a besoin d'un bain, avait précisé la jeune femme en se pinçant le nez sans pouvoir retenir une grimace.
D'aussi loin qu'il se souvenait, jamais Severus n'avait été si heureux de voir apparaître une Gryffondor, tout du moins celle-ci. Il avait même été content de revoir le visage ponctué de taches de rousseur de Weasley, arrivé quelques secondes plus tard derrière Granger, qui entre temps l'avait sorti de la poubelle, le tenant toutefois à bout de bras pour s'épargner l'odeur nauséabonde dont il semblait imbibé jusqu'à la moelle. Le rouquin avait froncé le nez à son tour lorsque la puanteur l'avait pris à la gorge.
- «Tu crois» qu'il a besoin d'un bain ? Avait-il demandé en s'écartant vivement, grimaçant. Ce n'est pas une option oui !
Pour une fois, Severus était d'accord avec lui.
Si l'idée de se faire shampooiner par Hermione Granger l'aurait tout à fait horrifié en début de semaine, il n'avait pas bronché, pourtant, lorsqu'elle l'avait plongé dans l'eau chaude, quelques instants plus tard, retenant même à grand peine un soupir de bien-être.
- C'est bien ça Loulou ! S'était réjouie la Gryffondor, agréablement surprise par sa docilité soudaine.
Docilité qui était d'autant plus inattendue que la jeune femme portait sur son visage la preuve irréfutable de sa sauvagerie de la vieille, comme l'avait constaté Severus lorsqu'elle l'avait récupéré au fond de cette poubelle sordide. Il avait tiqué en remarquant les trois belles griffes qui ornaient sa joue, et qu'elle n'avait sans doute pas pris le temps de soigner magiquement, par manque de temps ou par inexpérience en magie de soin, il n'aurait su le dire. Toujours était-il qu'il avait senti son estomac se tordre de façon fort inconfortable à ce constat tandis qu'une culpabilité certaine l'envahissait.
Il savait qu'il l'avait touchée, mais n'avait pas pensé l'avoir blessée à ce point. La veille encore, il s'était félicité de lui avoir faussé compagnie en la quittant sur cette note piquante, mais à présent qu'il avait passé les trente-six dernières heures à crapahuter seul dans la nature, manquant mourir dix fois et réalisant à quel point il avait besoin d'aide, il s'en voulait de s'être montré si odieux avec la seule personne qui lui avait tendu la main.
Contre toute attente, la jeune femme ne semblait pas lui en vouloir, ce qui était tout à fait incompréhensible. Humain, n'importe qui lui en aurait voulu d'avoir blessé ainsi une personne désireuse de l'aider. Mais il semblait admis qu'un chat puisse se comporter en parfait connard sans que personne n'y trouve à redire. Pire encore, on le félicitait de se montrer moins hargneux, alors que l'on aurait trouvé cela tout à fait normal chez un humain.
C'était à n'y rien comprendre.
Tout comme l'étrange sentiment qui avait envahi Severus lorsqu'il avait réalisé que Granger s'était inquiétée pour lui. Véritablement, inquiétée. Ce constat l'avait troublé plus que de raison. Il ne souvenait pas de la dernière fois où quelqu'un s'était véritablement inquiété pour lui, même lors des périodes les plus sombres qu'il avait traversées, lorsqu'il rentrait à Poudlard après avoir risqué sa vie en tant qu'agent infiltré pour l'Ordre. Dumbledore était chaque fois venu lui rendre visite, et s'était toujours montré soulagé de le trouver sain et sauf, mais Severus n'avait jamais su dire s'il s'était inquiété pour sa personne ou pour l'utilité qu'il lui apportait en tant qu'espion.
Toujours était-il que concernant Granger, le doute n'était pas permis. Ce Charbon qu'elle pensait avoir recueilli ne lui était d'aucune utilité, et à part lui cracher dessus toute la semaine et avait marqué son visage d'une horrible entaille, il ne lui avait rien apporté d'autre que des ennuis. Et malgré tout, elle s'était inquiétée de son sort. Certes, elle ne savait pas réellement qui il était, mais Severus avait connu tellement peu d'intérêt de la part de ses pairs au cours de sa vie que ce détail lui importait peu.
De fait, tout à ses réflexions, et encore un peu assommé par les dernières trente-six heures qu'il avait passées dans l'hostilité de Mère Nature, il s'était laissé faire lorsqu'elle lavé, moussé, rincé puis séché avec délicatesse, l'enveloppant dans une épaisse serviette éponge dans laquelle il aurait pu s'endormir tant la fatigue le guettait. La quiétude et l'apaisement que ses soins lui avaient prodigué ne ressemblaient à rien de ce qu'il avait pu connaître par le passé et, trop épuisé pour réfléchir au surréalisme de cette situation, il s'était simplement laissé porté par les sensations de ses mains dans sa fourrure, massant et caressant les zones douloureuses et courbaturées de son corps malmené par la nuit passée.
Par Salazar, c'était divin !
Il ne se rappelait pas avoir déjà ressenti pareille sérénité, et du tréfonds de sa gorge était montée une étonnante vibration, sourde et douce à la fois, reposante et étonnement sécurisante, lorsqu'elle avait continué de le caresser après qu'il ait dévoré une boîte entière de thon.
- Mais c'est qu'il sait ronronner dis donc ! S'était exclamée la voix amusée de George Weasley, quelque part non loin de la Gryffondor. Je t'avais dit que cette petite expédition sauvage lui ferait du bien !
Les mots lui étaient parvenus de loin, comme à travers un épais nuage. Il n'y avait pas prêté plus d'attention que cela. Quelle importance le charabia de cet humain pouvait-il bien avoir ? Il était rassasié, il était propre, et les grattouilles de la jeune femme le poussaient doucement vers le sommeil. Quand elle l'avait déposé dans le panier au pied de son lit, un instant plus tard, il avait presque regretté de quitter le cocon de ses bras chauds et protecteurs. Presque. Le sommeil l'avait cueilli avant qu'il n'ait pu s'attarder sur cette pensée.
OoOoO
Hermione n'avait pas pris George au sérieux lorsqu'il lui avait dit pour plaisanter, alors qu'elle avait perdu Charbon, qu'une nuit à la dure dehors par un soir d'orage lui ferait prendre conscience du confort qu'elle lui avait offert lors de la semaine passée.
Force avait été de constater que son colocataire avait eu raison.
Elle avait retrouvé Charbon le dimanche après midi et depuis, il était méconnaissable.
Il avait dormi presque sans discontinuer jusqu'au lundi, qui était le jour de fermeture hebdomadaire du magasin. Lorsqu'il était enfin sorti de sa chambre en s'étirant à qui mieux mieux, manquant toutefois se casser la figure en se redressant, il lui avait lancé un regard méfiant, mais dépourvu de la hargne qu'elle y avait lue la semaine précédente. La jeune femme avait senti son cœur accélérer en réalisant que cette fois, il y avait bon espoir que pour le petit félin commence réellement à l'accepter.
Les jours suivants l'avaient confortée dans cette idée.
Charbon ne cherchait plus à s'échapper à la moindre occasion, il ne feulait plus à tout bout de champ, et même si on ne pouvait pas dire qu'il était affectueux ou câlin, au moins ne passait-il plus ses journées caché sous le buffet. A présent qu'il montrait plus souvent le bout de son sombre museau, Hermione avait tout le loisir d'apprécier les courbes graciles de sa silhouette élégante, et d'apprendre à mieux cerner son caractère.
Là où Pattenrond avait été un compagnon placide et docile, roupillant sur le canapé et quémandant de la nourriture dans les rares moments où il était éveillé, Charbon était un chat discret et observateur, qui s'intéressait à tout ce qui se passait dans l'appartement, et même au dehors, car il passait de longs moments à observer la rue commerçante par la fenêtre du salon. Il ne réclamait aucune attention, ni caresse ni friandise, ce qui ne l'empêchait pas de suivre avec attention les moindres faits et gestes de la jeune femme lorsqu'elle remontait le midi pour déjeuner, ou le soir après la fermeture de la boutique.
Elle n'aurait su dire pourquoi, mais elle le trouvait particulièrement expressif, même s'il n'était pas tactile pour un sou. Hormis le jour où elle l'avait retrouvé dans la rue, coincé au fond de cette poubelle nauséabonde, où il avait accepté d'être lavé et papouillé une bonne partie de l'après-midi, il n'acceptait presque jamais de se laisser toucher.
Les seuls moments où elle parvenait à l'approcher suffisamment pour plonger ses doigts dans son épaisse fourrure d'ébène étaient lors des moments de folie qui lui arrivaient parfois. Ses yeux devenaient alors ronds comme des billes, ses pupilles se dilatant si largement qu'on ne les distinguait presque plus des iris sombres. Alors il se laissait aller à quelques moments de jeux ou de caresses, avant de brusquement se crisper et s'éloigner en grondant ou en faisant le gros dos. George disait qu'il était un peu schizophrène sur les bords, quant Hermione avait pris le parti de ne pas prêter attention à ces changements d'humeur, convaincue que cela lui passerait avec le temps lorsqu'il réaliserait qu'il n'avait rien à craindre d'elle.
Après tout, elle aussi était bien placée pour savoir qu'il y avait des jours avec et des jours sans.
OoOoO
Il aurait pu plus mal tomber.
C'était là la conclusion à laquelle était parvenu Severus au terme de la deuxième semaine qu'il avait passée dans le corps de Charbon, puisque les effets de la potion ne s'étaient toujours pas dissipés, et qu'il commençait sérieusement à se demander s'ils le feraient un jour.
A présent que le contrecoup de sa transformation était passé, et qu'il avait réalisé, de façon abrupte mais claire, qu'il ne pourrait pas se débrouiller seul tant qu'il serait dans cette délicate posture, il avait pu prendre du recul sur la situation, et en avait donc conclu qu'en effet, les choses auraient pu être pires.
Le premier point étant qu'il se trouvait non loin du château, ce qui était déjà une bonne chose. S'il avait été récupéré par un inconnu habitant au fin fond du Pays de Galle, il aurait été encore moins avancé.
Ensuite, il était chez une sorcière. Deuxième point positif. Il ignorait encore comment solutionner son petit problème de fourrure, mais mieux valait pour cela être en présence d'une sorcière plutôt que d'un moldu.
Le troisième point positif était justement l'identité de ladite sorcière.
A la réflexion, Granger n'était pas la pire «propriétaire» qu'il aurait pu avoir. Déjà parce qu'elle n'était pas la moins dégourdie des élèves à qui il avait enseigné par le passé, et que ses probabilités de trouver la solution pour annuler la potion augmentaient considérablement en sa présence _ encore aurait-il fallu qu'elle sache qu'il était lui, et pas juste Charbon, mais il allait travailler en ce sens incessamment sous peu. D'autre part parce que Granger était, contre toute attente, une humaine étonnement supportable. Bien plus que dans les souvenirs qu'il en avait gardés.
A présent qu'il ne passait plus son temps à échafauder des plans d'évasion, il avait pris le temps de prêter plus d'attention à son environnement, et aux deux sorciers qui habitaient chez lui _ il ignorait d'où lui venait cette intime conviction que cet appartement était à lui, mais elle était tenace, si bien qu'il avait pris le parti de l'accepter pleinement. Bref. Weasley ne s'intéressait pas vraiment à lui, et était étonnement sage, comparé à sa période estudiantine. Le passage dans la vie active l'avait sans doute assagi, et sans doute la perte de son jumeau avait-elle entamé la belle inconscience qu'il avait eu toute sa jeunesse. Toujours était-il qu'il était plutôt indifférent à Charbon, trop occupé à s'occuper de l'intendance de son commerce florissant ou à bricoler une quelconque invention idiote.
Granger, en revanche, lui était entièrement consacrée, ou presque. C'était elle qui s'occupait de changer son eau plusieurs fois par jour et de lui donner à manger, bataillant parfois pendant vingt minutes avant qu'enfin il accepte de manger une tranche de jambon avec un peu trop de gras, ou un morceau de poulet dont il ignorait l'origine. Sa dernière attention lorsqu'elle partait travailler était pour lui, et son premier mot du soir lorsqu'elle rentrait aussi. Elle lui souhaitait toujours une bonne journée le matin, et le cherchait le soir pour lui demander si celle-ci s'était bien passée.
Considérant le fait qu'elle était convaincue qu'il n'était qu'un simple chat, Severus trouvait cela complètement idiot, de traiter un simple animal de compagnie comme un véritable membre de la famille doué de parole et de compréhension. Considérant le fait qu'il était lui, en revanche… eh bien, il ne se plaignait pas de ces attentions, qui lui donnaient l'impression d'être encore un peu humain, et peut-être même plus que lorsqu'il l'était réellement, puisque jamais personne ne s'était autant soucié de lui.
Il n'avait pas prévu de s'intéresser ainsi au quotidien de la demoiselle, qu'il n'avait jamais appréciée et qu'il avait toujours trouvée agaçante en plus d'être hautement insolente, mais par la force des choses, il avait bien fallu qu'il lui prête un minimum d'attention. Ce n'était pas comme s'il avait quantité d'autres activités pour occuper ses journées. Au moins était-ce là un passe temps plus intéressant que de jouer avec la myriade de jouets qu'elle lui avait ramenés; balles, souris en mousse, et autres objets tous plus incongrus les uns que les autres dont il ne voyait pas bien ce qu'il aurait pu faire avec _ la gomme et l'élastique à cheveux, typiquement, lui avait fait lever un regard ahuri vers la sorcière, dont l'enthousiasme était retombé comme un soufflet.
De fait, il avait appris plus de choses concernant Hermione Granger en dix jours que durant les six années où il avait été son professeur _ sept, en considérant la huitième année qu'elle avait refaite après la guerre.
Certains de ses traits de caractère qu'il connaissait déjà lui avaient été confirmés, comme son goût prononcé pour la littérature, puisqu'elle était capable de passer des yeux entières un bouquin à la main, buvant et mangeant à peine, la plupart du temps sans lâcher son livre des yeux. Elle était toujours la fille sage et disciplinée qui avait fréquenté les bancs de sa salle de classe. L'appartement était toujours parfaitement rangé, et contrairement à Weasley qui sortait régulièrement rejoindre ses amis pour boire un verre ou jouer au Quidditch, elle sortait peu, ou sinon pour aller à la bibliothèque ou se promener dans le quartier.
A l'inverse, il avait découvert d'autres facettes de sa personnalité, plus ou moins inattendues, dont certaines dont il se serait bien passé d'avoir connaissance, comme son horripilante manie de chanter faux lorsqu'elle faisait le ménage ou prenait sa douche, ou son ahurissante incompétence en cuisine. A côté de cela, la jeune femme avait un côté spontané dont il ignorait l'existence, et un petit grain de folie qu'il n'aurait jamais soupçonné, lorsqu'elle se répandait en mimiques joyeuses pour tenter de le faire jouer avec un plumeau, ou qu'elle réglait ses différends avec George Weasley en lui sautant dessus avec l'intention de le faire succomber d'une crise de rire en le chatouillant sans s'arrêter. Elle faisait également du yoga à ses heures perdues, ce qui ne semblait pas l'aider à gagner en souplesse, à en voir les grimaces qu'elle esquissait à chacune de ses séances ou presque.
Elle avait aussi des moments d'égarement, où elle se perdait dans ses pensées. Severus, qui n'avait jamais été très empathe ni altruiste, ignorait d'où lui venait l'intuition qu'elle déprimait quelque peu et tentait de donner le change le reste du temps, mais il ne parvenait pas à s'en défaire. Ajouté à cela l'étrangeté de cette colocation avec l'avant dernier fils Weasley, plutôt qu'avec le cadet de la fratrie qu'elle avait fréquenté en huitième année, et cet emploi incongru dans la boutique de Farces et Attrapes dont elle n'était pourtant pas friande du temps de sa scolarité, tout ceci interpelait l'espion qu'il avait longtemps été, et qui souffrait à l'évidence d'un syndrome d'ennui chronique, s'il trouvait le temps de se questionner à ce sujet.
Il avait néanmoins eu confirmation de ses doutes quelques temps plus tard, dix jours après que Granger l'air repêché dans cette horrible poubelle qui lui donnait encore des cauchemars.
Weasley avait passé la journée à la boutique du Chemin de Traverse, et avait prévenu qu'il ne rentrerait que le lendemain, profitant d'être à Londres pour passer voir d'anciens amis de Poudlard. Alors qu'habituellement Granger venait toujours le voir lorsqu'elle remontait de la boutique, elle s'était précipitée au fond du couloir en lançant un bref «Coucou mon chat, ça va?» et n'avait même pas attendu qu'il daigne descendre du canapé où il dormait pour disparaître dans la salle de bain. Severus s'en était trouvé un brin vexé, et s'était étiré en baillant avant de descendre du sofa pour aller voir ce qu'elle fabriquait, et qui requérait plus d'attention que de lui accorder du temps.
Le bruit de la douche lui était parvenu depuis le couloir, et il avait pris le parti d'attendre dans la chambre de la jeune femme, trouvant son panier très approprié pour une micro-sieste après avoir dormi toute l'après-midi à côté du plaid qui lui était destiné sur le divan. Quelques minutes plus tard, l'eau s'était arrêtée, et la porte entrebâillée de la chambre s'était ouverte sur la propriétaire des lieux, vers qui Severus avait relevé un regard mi-paresseux mi-vexé, ne sachant plus bien qu'il voulait dormir ou s'il lui en voulait encore de l'avoir snobé tantôt.
Ses yeux s'étaient agrandis de stupeur lorsqu'il avait aperçu la demoiselle en sous-vêtements qui venait d'entrer, sa crinière brune encore humide cascadant dans son dos, l'ensemble de lingerie sombre qu'elle portait ne cachant rien ou presque de son anatomie.
Oh, Doux Merlin !
Sa mâchoire avait manqué toucher terre tandis qu'il l'observait ouvrir en grand sa penderie avant de reculer d'un pas, jugeant avec indécision les nombreuses tenues qui s'y trouvaient, inconsciente du regard ahuri posé sur elle.
- Il va falloir que tu m'aides mon chat, parce que je ne sais pas du tout quoi mettre ! S'était-elle exclamée en lui lançant un regard mi-amusé, mi-dépité.
Finalement, elle était parfaitement consciente de sa présence. Le problème restait le même que depuis vingt jours, en réalité. Elle ne savait pas qui il était réellement, en dessous de toute cette fourrure, et pensait toujours n'avoir adopté qu'un simple chat.
Si seulement elle avait su !
Pour la première fois depuis qu'il était coincé dans ce corps poilu, Severus avait espéré qu'elle ne réaliserait pas ce qu'il en était réellement, là tout de suite, car il n'était pas certain que ce soit le moment idéal pour qu'elle apprenne la vérité sur sa véritable identité. D'autant que même si, dans un réflexe de parfaite éducation, il avait détourné les yeux sitôt après avoir pris conscience de la nudité de la Gryffondor, il n'avait pu s'empêcher de papillonner du regard vers la demoiselle quelques secondes plus tard, incapable de s'en empêcher. Par Merlin, il n'était qu'un homme, après tout !
Son regard avait glissé sur les pieds nus, remontant le long des jambes délicates, découvrant avec une stupeur mêlée d'appréciation les courbes féminines de la jeune femme, qui n'avait plus grand-chose à voir avec la gamine ébouriffée aux dents trop longues qui avait passé les portes de Poudlard douze ans plus tôt. Certains auraient sans doute trouver les hanches un peu trop larges, et les formes trop pulpeuses, mais pas Severus, qui était suffisamment lucide pour savoir que la majorité des femmes faisaient plus une taille quarante qu'un trente-six, et que cela n'avait rien de honteux. Pour le coup, Hermione Granger n'avait pas à rougir de ses formes, bien proportionnées et qui lui conféraient un charme fou.
Par tous les Saints, à quoi était-il entrain de penser ?! Qu'était-il en train de faire, même !
Rougissant autant qu'il était possible pour un chat noir de le faire, il avait de nouveau détourné le regard, faisant mine d'être profondément endormi.
C'était sans compter Granger et sa manie de le prendre pour sa meilleure amie. Non mais franchement, n'avait-elle personne d'autre à qui demander de l'aide, plutôt que de s'enquérir de l'opinion de son hypothétique chat ?
- Alors, d'après toi, la verte ? Ou la noire ? Avait-elle demandé en pivotant vers lui, tenant alternativement devant elle les deux tenues sélectionnées.
Severus avait tenté de se prendre la tête entre les mains, ahuri par le surréalisme de cette situation. Par Merlin, cela en devenait presque gênant ! Non, en réalité, c'était tout à fait gênant, et pas qu'un peu !
Peut-être Granger attendait-elle réellement un signe de sa part, qui à défaut d'une décision, lui aurait permis d'opter pour l'une ou l'autre tenue. Comme rien n'était venu, et qu'il devait avoir l'air tout à fait effaré _ du moins autant qu'un visage de chat pouvait l'être _ elle avait incliné la tête de côté avec une moue vaguement accusatrice.
- Mouais… je suis d'accord avec toi, pour ce que ça changera de toute façon…, avait-elle dit en haussant les épaules, une amertume certaine dans la voix.
Interloqué par ce soudain changement d'humeur, Severus avait relevé un œil vers la demoiselle, qui avait rangé la robe verte pour jeter négligemment la noire en travers de son lit. D'aucun aurait pensé qu'à présent que sa tenue était choisie, elle l'aurait enfilée, plutôt que de rester en sous-vêtements au milieu de sa chambre, mais pas Granger. Granger, elle, avait délaissé l'armoire et la jolie robe noire _ bien que Severus aurait préféré la verte _ pour s'approcher de lui et s'accroupir près de son panier, lui offrant par la même occasion une vue imprenable sur son décolleté, alors même qu'il s'intimait depuis cinq minutes de ne pas laisser son regard s'y balader.
Par tous les Saints ! N'était-elle pas censée être pressée ?
Severus avait été tellement saisi qu'il n'avait pas bougé lorsqu'elle avait tendu une main vers lui, et grattouillé sa tête entre ses deux oreilles.
- Souhaite-moi bonne chance, je vais en avoir besoin! Avait-elle murmuré d'un air un peu triste avant de se relever.
Elle avait attrapé la robe et s'était de nouveau enfermée dans la salle de bain.
Severus, qui avait soudainement bien trop chaud, avec cette épaisse fourrure noire dans ce panier trop rembourré, était finalement reparti dans le salon.
Un quart d'heure plus tard, quand la Gryffondor était réapparue dans la pièce, le Serpentard en était de nouveau resté coi. Elle n'était plus à moitié nue, mais l'image n'en était pas moins ravissante pour autant. La petite robe noire qu'elle avait passée, sobre et élégante, mettait sa silhouette en valeur, preuve s'il en fallait qu'il n'y avait pas besoin d'aller dans l'affriolant pour attirer le regard. De même, elle avait opté pour un maquillage discret et léger, qui soulignait l'ambre de ses yeux, bien loin de ce qu'il pouvait voir chez certaines de ses septièmes années actuelles, qu'il renvoyait parfois dans leur dortoir en leur faisant remarquer qu'ils étaient dans une école de sorcellerie et non dans un atelier de peintre, et qu'il était donc inutile de venir maquillées comme des pots de peinture.
- Bisous mon chat, je reviens d'ici deux heures. Un peu plus ou un peu moins en fonction de comment ça se passe, avait-elle ajouté, pragmatique et clairement pas optimiste, en se penchant de nouveau pour déposer un baiser sur le sommet de son crâne.
Severus avait été trop abasourdi pour l'esquiver. Du moins, c'est ce qu'il s'était dit, lorsque la porte s'était refermée sur la demoiselle.
Tout plutôt que d'admettre qu'il n'était pas contre se faire embrasser par une jolie fille.
OoOoO
Hermione avait reniflé une énième fois, de façon pas très féminine, elle devait l'avouer, mais qui cela dérangeait-il, au fond ?
Une fois de plus, elle rentrait seule.
Dire qu'elle y avait cru aurait été mentir, car elle n'était pas du genre à mettre la charrue avant les bœufs. Néanmoins, force avait été de constater qu'une partie d'elle avait quand même dû espérer, sinon comment expliquer qu'elle soit si déçue à l'issue de ce rendez-vous galant ?
Peut-être parce que ledit rendez-vous n'avait pas été galant bien longtemps. Peut-être parce que son prétendant du jour, un étudiant plus âgé qu'elle avait rencontré au ministère pendant ses jours de cours, avait eu tôt fait de lui demander si elle voyait toujours Harry Potter, et ce que cela faisait d'être l'une de ses amies. Et de glisser, dans la foulée, qu'il aimerait beaucoup le rencontrer, et que cela pourrait se faire lors de leur prochain rendez-vous.
Il lui avait parlé de son admiration pour Harry, en long, en large et en travers. De sa passion pour le Quidditch, malgré l'absence d'atomes crochus manifeste de la jeune femme sur ce sujet. D'ailleurs, voyait-elle toujours Ronald Weasley, qui venait d'intégrer l'équipe de réserve des Canons de Chudley, pour ce qu'il en savait ?
Hermione était partie sans même finir son assiette lorsqu'il lui avait confié que l'on disait même qu'elle connaissait personnellement Kingsley, et qu'elle n'avait pas trop à s'en faire pour l'obtention de son diplôme l'année prochaine, avec de telles relations dans son portefeuille.
Elle avait transplané à l'entrée de Pré-Au-Lard, décidant de finir à pied le trajet jusqu'à l'appartement. Elle avait besoin d'air, et la brise estivale qui soufflait en cette nuit d'été lui avait fait le plus grand bien, même si elle n'avait en rien empêché les larmes de lui monter aux yeux, puis de s'en écouler librement tandis qu'elle songeait à cette soirée désastreuse, comme tant d'autres auparavant.
C'était idiot de pleurer pour un type pareil, elle le savait bien. Depuis la fin de la guerre, ce n'était pas ce qu'il manquait, les personnes intéressées par sa célébrité ou par les relations qu'elle entretenait avec plusieurs membres hauts placés au ministère. Elle avait appris à ne plus y prêter attention, et à ne plus s'en offusquer, depuis le temps. Seulement voilà, ce soir-là, elle n'avait pas le moral. Et de songer qu'une fois de plus, on s'intéressait plus à l'avantage que pouvaient apporter ses relations qu'à sa propre personne avait ravivé le cafard latent qu'elle traînait depuis sa rupture avec Ronald. Lui l'avait quittée pour d'autres raisons, bien-sûr, mais le résultat était à peu près le même.
On ne voulait pas d'elle. Du moins pas pour ce qu'elle était.
Les gens appréciaient l'Hermione Granger célèbre, qui pourrait jouer de ses relations pour obtenir des facilités. L'Hermione Granger étudiante exemplaire, qui filerait peut-être ses devoirs à ses camarades pour leur assurer de bonnes notes sans travailler. L'Hermione Granger petite-amie attentionnée, du moment qu'elle ne consacrait pas trop de temps à ses études et se réservait pour s'occuper de son homme.
Mais dans tout ceci, qu'en était-il de la véritable Hermione Granger ? Celle qui préférait la lecture aux mondanités, qui savait être studieuse quand il le fallait, mais n'était pas contre un moment d'amusement non plus, et qui voulait s'engager pour la défense des droits des elfes de maison, plutôt que de rester à la maison pour choyer un mari.
Celle là ne semblait pas intéresser grand monde, malheureusement.
C'est sur ses sombres idées qu'elle avait passé la porte de son appartement, sans rien retenir de ses larmes ni de son chagrin puisque George étant absent, elle avait tout le loisir de se laisser aller à la tristesse qui la consumait. Le corps secoué de sanglots douloureux, elle avait retiré ses sandales qu'elle avait laissées pêle-mêle dans l'entrée, son goût pour l'ordre et le rangement l'ayant momentanément quittée. Puis, ignorant Charbon qui s'était avancé vers elle, sans doute pour lui réclamer à manger, elle avait filé dans la salle de bain, emportant au passage la boîte de mouchoirs qui était à disposition sur la console de l'entrée.
L'eau chaude lui avait fait du bien, et avait effacé, pour un temps du moins, les larmes qui dévalaient ses joues, fondant les perles salées avec le déluge d'eau brûlante qui avait cascadé sur son corps tremblant de chagrin. Telle un automate, elle avait ensuite enfilé son pyjama, et était allée se coucher directement malgré l'heure peu avancée de la soirée. Elle s'était pelotonnée sous ses draps, et dans l'obscurité silencieuse de l'appartement désespérément vide, le chagrin l'avait retrouvée, humidifiant de nouveau ses yeux et ses joues, puis la taie de son oreiller.
Lorsqu'un grattement léger s'était fait entendre contre la porte de sa chambre, elle avait simplement dégagé son visage des draps pour se tourner vers l'entrée de la pièce.
- Charbon va t-en ! avait-elle lancé d'une voix déformée par les pleurs à l'intention du chat qui tentait d'élargir l'entrebâillement de la porte pour venir quémander à manger au plus près de la main nourricière. Toi aussi tu n'agis que par intérêt. Laisse-moi tranquille, lui avait-elle intimé quand il s'était assis au pied de son lit.
Évidemment, comme toujours, le félin n'en avait fait qu'à sa tête. Hermione avait grimacé quand il lui avait sauté dessus avec son habileté habituelle, atterrissant sur ses côtes et non à côté d'elle sur le matelas. Il s'était stabilisé avec difficulté, avant de venir s'asseoir juste à côté de sa tête, l'observant avec le stoïcisme caractéristique des représentants de sa race. Puis, sans plus de cérémonie, il s'était roulé en boule à cet endroit même sans plus lui porter d'attention.
C'était la première fois qu'il grimpait dans son lit depuis presque vingt jours qu'il était là, quand Pattenrond ne s'était pas privé de le faire dès la première nuit qu'il avait passée avec elle, des années plus tôt. La surprise de ce soudain rapprochement avec brièvement détourné Hermione de son chagrin, et la jeune femme avait observé la petite boule de poils sombre en essayant de calmer ses larmes, craignant de le faire fuir si elle continuait à sangloter sans retenue.
Elle était bien partie pour y arriver, mais la pensée fugace qu'à une époque, elle avait partagé son lit non pas avec un chat, mais avec son petit-ami, avait ravivé sa tristesse mieux que du sel sur une plaie. Elle avait attrapé un mouchoir supplémentaire dans la boîte posée près de son oreiller et, incapable de s'en empêcher, avait attiré à elle le corps chaud et doux de son chat, enfouissant son visage dans la fourrure sombre avec le besoin impérieux de serrer quelque chose contre elle pour se réconforter.
Charbon s'était raidi de tout son long, et elle avait un instant craint qu'il ne sorte crocs et griffes pour la faire lâcher prise et lui fausser compagnie, mais contre toute attente, il n'en avait rien fait. A croire que ces histoires de sixième sens animal qui permettait de savoir quand les gens étaient malheureux n'était pas qu'un mythe, finalement.
- Minou je ne sais plus quoi faire, avait-elle murmuré dans sa fourrure luxuriante tandis qu'elle sentait battre entre ses bras le cœur du petit félin. Qu'est-ce que j'ai fait à Merlin pour que cela ne fonctionne jamais ? Je ne demande quand même pas la Lune, si ? Je voudrais juste que quelqu'un m'apprécie pour ce que je suis vraiment…
Charbon n'avait pas répondu, évidemment, mais lui confier ses angoisses lui avait fait du bien, et les sanglots douloureux qui l'agitaient depuis de longues minutes s'étaient changés en des larmes silencieuses tandis que la fatigue la gagnait peu à peu. Un instant plus tard, le corps chaud du félin s'était mis à vibrer contre elle lorsqu'il s'était mis à ronronner et, bercée par le grondement régulier et apaisant, Hermione avait fini par sombrer dans un sommeil profond, tenant toujours contre elle le corps doux et réconfortant de Charbon.
