Chapitre 16 : Entre deux feux

La nuit était tombée sur la base militaire, mais l'infirmerie restait en pleine activité. Des infirmières circulaient discrètement autour du lit d'Adler, veillant sur ses constantes vitales avec la précision d'un métronome. L'une d'elles, le regard alerte, ajusta la perfusion, vérifiant le débit du liquide transparent qui s'écoulait goutte à goutte dans ses veines affaiblies.

Le souffle d'Adler était irrégulier, ses lèvres tremblaient légèrement sous l'effet de la fièvre qui s'insinuait en lui comme un ennemi invisible. Il frémit sous la couverture, son front perlant de sueur froide.

Infirmière 1: (murmurant doucement en prenant une serviette humide)

— Pauvre homme...il doit souffrir.

Elle essuya délicatement le front d'Adler, sa main tremblante d'une compassion silencieuse. L'infirmière en chef s'approcha et observa les chiffres sur le moniteur, son regard durci par l'expérience.

Infirmière en chef: (d'un ton ferme mais apaisant)

— Nous devons garder la température sous contrôle. Administrez un antipyrétique et surveillez-le de près.

L'infirmière acquiesça et prépara la seringue, l'introduisant doucement dans la perfusion. Adler, même dans son inconscience, semblait ressentir la présence autour de lui. Il remua fébrilement, murmurant des mots inintelligibles, ses traits se crispant de douleur. Ses doigts agrippèrent les draps, et une expression d'angoisse traversa son visage.

Infirmière 2: (se penchant près de lui, murmurant d'une voix douce)

— Chut...vous êtes en sécurité maintenant. Vous n'avez plus à lutter.

Mais Adler, même dans son état affaibli, semblait toujours piégé dans l'enfer qu'il avait vécu. Des images fugaces de torture, de cris et de douleur traversaient son esprit, et il se débattit dans son sommeil agité.

L'infirmière en chef réajusta les couvertures sur Adler, jetant un regard inquiet vers l'écran du moniteur cardiaque. Ses battements étaient irréguliers, trahissant l'épuisement et le traumatisme de son corps maltraité.

Dans son esprit brisé, Adler luttait contre les fantômes de son passé, la souffrance physique n'étant qu'une partie infime de son calvaire. Il savait qu'il était en vie, mais la question restait : à quel prix ?

Pendant ce temps, dans une salle de briefing adjacente, Woods, Park, Sims et Mason s'étaient rassemblés autour d'une table couverte de cartes et de dossiers. L'air lourd de tension, chacun tentait de digérer les événements tout en préparant la suite.

Le tic-tac de l'horloge murale rythmait l'atmosphère pesante, l'éclairage blafard de la pièce projetait des ombres déformées sur les murs, ajoutant à la gravité du moment.

Woods, le regard fixe et l'attitude tendue, tapotait nerveusement du doigt une carte marquée de multiples annotations.

Woods: (d'une voix rauque)

— Stitch ne peut pas être bien loin. Ses hommes sont toujours en mouvement, mais on a quelques pistes solides.

Park, debout à ses côtés, hocha la tête, son regard sombre fixé sur les données projetées.

Park:

— On ne peut pas se permettre d'agir sur un coup de tête, (ajouta-t-elle.) Adler a besoin de nous, mais nous devons être stratégiques.

Sims, assis en retrait, serrait les poings, son regard noir fixé sur l'écran.

Sims:

— Ce salaud ne s'en tirera pas comme ça. On va le traquer jusqu'au bout.

Mason, plus silencieux, croisait les bras en observant les visages tendus de ses compagnons. Il savait que chacun portait sa propre culpabilité, mais ils n'avaient pas le luxe de s'y attarder.

Mason: (d'une voix grave)

— Faisons les choses bien. Pour Adler.

Park tapa frénétiquement sur le clavier, ses doigts dansant sur les touches avec une urgence palpable. Des cartes fragmentées, des rapports cryptés et des communications interceptées s'affichaient, autant de pièces d'un puzzle mortel que Stitch leur laissait délibérément.

Park: (en tentant de masquer la tension sous-jacente de sa voix)

— Stitch n'est pas un homme qui disparaît facilement.

Mason scrutait chaque indice avec minutie. Ses traits fatigués témoignaient de nuits sans sommeil, mais son regard restait acéré.

Mason:

— Ces données montrent qu'il a un autre complexe d'opérations en Europe de l'Est. Probablement son repaire principal.

Sims haussa les sourcils, sondant Woods d'un regard méfiant.

Sims:

— Un piège ? Tu crois qu'il s'attend à ce qu'on vienne ?

Woods serra les poings si fort que ses jointures blanchirent.

Woods:

— Peu importe. On ne peut pas le laisser s'en tirer. Ce qu'il a fait à Adler...

Un silence lourd s'installa. Park inspira profondément avant de reprendre la parole, sa voix empreinte de détermination.

Park:

— Je suis d'accord. Mais on ne peut pas foncer tête baissée. Il nous faut un plan, une coordination parfaite. Stitch ne sera pas seul.

Les premières lueurs de l'aube filtraient à travers les stores poussiéreux, projetant une lueur orangée sur la carte devant eux. Park pointa une zone sur l'écran.

Park:

— Il a utilisé cette région pour des opérations clandestines. On commence là-bas.

Woods esquissa un sourire sans joie.

Woods:

— Une petite balade en forêt glacée ? Charmant.

Mason: (répliquant aussitôt, son ton grave)

— Ce ne sera pas une balade. S'il a encore des hommes dans le coin, on va avoir du grabuge.

Park hocha la tête, ses yeux brûlant d'une détermination froide.

Park:

— C'est notre meilleure chance. Sims, assure-toi qu'on ait le matériel nécessaire. Woods, Mason, soyez prêts à partir dans 5 heures.

Tous acquiescèrent, l'intensité du moment pesant sur leurs épaules. La chasse était sur le point de commencer.

Le silence pesant de l'infirmerie fut soudain interrompu par le bruit feutré de pas précipités. La porte s'ouvrit doucement, laissant apparaître la silhouette imposante du médecin en chef, son visage marqué par la fatigue et l'inquiétude contenue. Il s'approcha du lit d'Adler avec une expression concentrée, ajustant ses lunettes avant de plonger son regard expert sur les données du moniteur.

Médecin-chef: (d'un ton mesuré mais grave)

— Quelle est son évolution ?

Infirmière en chef: (relevan la tête, ses traits tirés par les heures de surveillance)

— Sa température est descendue légèrement après l'administration de l'antipyrétique, mais son rythme cardiaque reste instable. La fièvre persiste, et il montre des signes de détresse psychologique.

Le médecin hocha lentement la tête, un pli soucieux creusant son front. Il ouvrit sa trousse médicale et en sortit un stéthoscope, qu'il appliqua délicatement sur la poitrine d'Adler. Son souffle était laborieux, entrecoupé de sursauts involontaires, signe évident du combat intérieur qu'il menait.

Médecin-chef: (murmurant)

— Il est en état d'hypervigilance. Son corps et son esprit sont encore en mode survie...

D'un geste expert, il vérifia les pansements couvrant les plaies sur son torse et ses bras. Les bandages étaient légèrement tachés de sang, preuve que les blessures profondes infligées à Adler nécessitaient encore du temps pour cicatriser. Il s'empara de ciseaux stériles pour retirer délicatement le pansement principal, révélant une large ecchymose violacée qui s'étendait sur son flanc.

Infirmière 1: (légèrement troublée)

— Il a encore de légers saignements, docteur.

Médecin-chef: (avec un soupir)

— On va devoir renforcer la compression ici. Préparez une nouvelle gaze stérile et appliquez un antiseptique à base d'iodine.

L'infirmière s'exécuta rapidement, sortant un flacon du chariot médical à proximité. Elle imbiba un tampon de coton de la solution brune et l'appliqua soigneusement sur la plaie, Adler réagissant par un léger gémissement malgré son état semi-conscient. Le docteur prit ensuite une lampe pupillaire et écarta doucement les paupières d'Adler, observant la réactivité de ses pupilles.

Médecin-chef: (soupirant)

— La réponse est faible, mais présente. C'est un bon signe. Nous allons continuer l'hydratation par perfusion et surveiller tout signe de choc septique.

Il se tourna vers l'infirmière en chef, son ton plus ferme.

Médecin-chef:

— Assurez-vous qu'il reçoive une dose régulière d'antibiotiques intraveineux et ajustez son niveau d'oxygène. Il a besoin d'un soutien respiratoire plus important.

L'infirmière en chef acquiesça et ajusta le débit de la canule nasal posé sur le visage pâle d'Adler. Un bip prolongé attira soudain l'attention du médecin vers le moniteur cardiaque. Sa main experte ajusta les électrodes collées sur la poitrine d'Adler, vérifiant le bon contact.

Médecin-chef: (à voix basse)

— Tenez bon, vous êtes un battant.

Dans un sursaut, Adler ouvrit brièvement les yeux, son regard voilé par la confusion et la douleur. Ses lèvres tremblèrent, laissant échapper un murmure presque inaudible.

Adler: (faiblement)

— ...Ils arrivent... je...je ne peux pas...

L'infirmière 2 posa doucement sa main sur la sienne, son regard empli de compassion.

Infirmière 2: (d'une voix douce)

— C'est fini, monsieur Adler. Vous êtes en sécurité ici.

Mais Adler referma les yeux, son visage marqué par l'épuisement. Le médecin échangea un regard avec l'équipe, un mélange de détermination et de prudence.

Médecin-chef:

— Nous devons aussi penser à son état mental. Dès qu'il sera plus stable, il aura besoin d'un suivi psychologique approfondi.

L'infirmerie retrouva son calme relatif, uniquement rythmé par les bips des machines et les mouvements précautionneux du personnel médical. Pendant ce temps, dans la salle adjacente, l'équipe de Woods continuait ses préparatifs, bien consciente que le temps jouait contre eux...

L'infirmerie est baignée d'une lumière tamisée, les stores sont à demi-fermés, laissant passer quelques rayons du soleil. L'odeur antiseptique flotte dans l'air, le bip régulier du moniteur cardiaque emplit la pièce, créant une ambiance à la fois sereine et pesante.

Adler est allongé sur son lit, le teint pâle, des cernes marquées sous les yeux. Bien qu'il soit plus éveillé que la veille et la matinée, une fièvre persistante le ronge encore. Son regard fatigué se lève vers l'équipe qui entre doucement. Mason, Woods et Park entrent discrètement, accompagnés de Sims qui porte un dossier sous le bras.

Mason: (avec un sourire forcé)

— Hé, boss. Comment tu te sens aujourd'hui ?

Adler: (avec une voix faible mais teintée d'ironie)

— Comme quelqu'un qui aurait préféré éviter d'être torturé...mais on fait aller. Et vous, vous avez un plan pour cette foutue mission ?

Woods: (croisant les bras, essayant de masquer son inquiétude)

— On a passé la nuit dessus, t'en fais pas. On est prêts.

Park: (d'une voix douce mais professionnelle)

— Nous avons peaufiné les détails ce matin encore. On va infiltrer le complexe avec un point d'extraction sécurisé. Pas de risques inutiles.

Adler: (haussant légèrement un sourcil, un faible sourire au coin des lèvres)

— Pas de risques inutiles ? Vous avez oublié de qui vous parlez ?

Sims observe Adler, essayant de lire au-delà de son masque de stoïcisme. Il sent que leur chef est plus vulnérable qu'il ne veut bien l'admettre.
Park, elle, garde une expression professionnelle, mais en son fort intérieur, elle espère qu'ils ne rencontreront pas d'imprévus. Elle sait qu'Adler ne supporterait pas de les voir échouer.
Woods serre les dents, se forçant à ignorer le pincement au cœur qu'il ressent en voyant son vieil ami aussi affaibli.

Mason: (posant doucement une main sur le lit)

— On va assurer, t'as pas à t'en faire. Tu devrais juste penser à récupérer.

Adler: (les yeux mi-clos, visiblement épuisé)

— Je me reposerai quand je serai mort, Mason. Soyez prudents là-bas...Ne me faites pas regretter de ne pas être sur le terrain.

Sims: (tentant de détendre l'atmosphère)

— Avec Woods dans l'équipe, le plus gros danger, c'est qu'il fasse exploser quelque chose de travers.

Woods: (souriant mais avec une pointe de nervosité)

— Très drôle.

Park: (avec un regard compatissant vers Adler)

— On sera prudents. Promis.

Adler ferme un instant les yeux, prenant une profonde inspiration. L'équipe échange un regard, ressentant le poids de l'instant.

Adler: (ouvrant les yeux, plus sérieux)

— Rentrez vivants. C'est un ordre.

Les membres de l'équipe hochent la tête, une détermination silencieuse dans leur regard. Ils se préparent à partir, laissant Adler à son repos forcé. Mais dans le couloir, alors qu'ils marchent vers la sortie, l'atmosphère est plus lourde qu'ils ne voudraient l'admettre.

Mason: (murmurant)

— J'aime pas le laisser comme ça.

Sims: (hochant la tête)

— Ouais. On doit réussir cette mission, pour lui.

La porte de l'infirmerie se referme derrière eux, les laissant avec leurs pensées alors qu'ils se dirigent vers leur futur incertain.