Les jours passèrent rapidement après leur retour de vacances, et la date du procès arriva à grands pas. Lexa était terriblement anxieuse, sentant la tension monter en elle à chaque instant. En effet, la montagne de preuves à charge contre Nia Queen était telle que le verdict paraissait être une formalité.

Lorsque la Wood fut appelée à la barre, elle conserva un calme impressionnant malgré l'adrénaline qui pulsait en elle. Nia, qui avait choisi de se défendre seule, probablement par orgueil, commença à parler du fait que Lexa les avait aidés dans leur trafic.

Les mots de l'avocate résonnèrent dans la salle d'audience, semant un doute momentané chez certains spectateurs.

Mais les accusations de la plus âgée furent rapidement balayées grâce à l'intervention d'Indra Johnson, qui avait rédigé un rapport clair et précis pour protéger sa lieutenante. Roan Azplana, prit également la parole et déclara: «Lexa, le Lieutenant Wood, m'a informé de son infiltration dès qu'elle a réalisé que je désapprouvais les agissements de ma mère. Puis, je l'ai aidée dans son enquête.».

Le fait que le fils de Nia lui-même témoigne en faveur de Lexa et dénonce les actions de sa propre mère fut un coup fatal pour la prévenue. Cette dernière perdit complètement pied par la suite, s'enfonçant davantage dans ses propos. L'avocate de renom avait commis l'erreur cruciale de laisser son ego démesuré prendre le dessus et de choisir de se défendre seule, ce qui lui coûta cher.

Les dépositions accablantes, ainsi que les preuves contenues dans le disque dur, achevèrent de sceller le sort de Nia. Chaque pièce du puzzle s'imbriquait parfaitement, révélant la vérité sur ses activités illégales et ses connexions plus que dangereuses.

Finalement, la sentence était tombée. Nia Queen fut déclarée coupable sur l'ensemble des accusations portées contre elle. La salle d'audience fut envahie par un mélange de soulagement et de satisfaction.

Les procès qui suivirent furent brefs et expéditifs. Ontari, leurs complices et tout le personnel hospitalier impliqué furent rapidement jugés fautifs et condamnés à d'importantes peines d'emprisonnement.

Un à un, ils furent envoyés derrière les barreaux, dispersés dans différents centres d'incarcérations. La société retrouvait peu à peu sa tranquillité, tandis que la justice triomphait, apportant une lueur d'espoir aux victimes et à ceux qui avaient souffert de leurs actions.

Lorsque le dernier procès prit fin, Lexa ressentit enfin un soulagement profond, comme si une lourde charge avait été retirée de ses épaules. Cependant, elle savait que fermer cette page de sa vie serait plus facile à dire qu'à faire.

Les souvenirs douloureux et les cicatrices émotionnelles restaient présents, et il lui faudrait du temps pour guérir entièrement. Mais elle était déterminée à ne plus laisser ces événements la hanter.

Elle savait que cela prendrait du temps et des efforts, mais elle était fin prête à se reconstruire complètement et à avancer, tout en gardant à l'esprit que certaines choses seraient plus difficiles à oublier que d'autres.

Elle était prête à embrasser l'avenir et à trouver la paix intérieure, peu importe les défis qui se dresseraient sur son chemin.

Et elle savait également que Clarke serait à ses côtés.

Après les procès et la chute de Nia et de son réseau criminel, la vie reprenait son cours pour Lexa et Clarke, mais pas sans quelques complications.

Lexa ne revint pas à son poste pour le moment. Indra, soucieuse de protéger la brune, lui interdit de reprendre officiellement sous prétexte de lui accorder des vacances bien méritées.

La Wood passait tout de même quelques fois au poste, offrant son aide et ses conseils informels à ses collègues.

Pendant ce temps, Clarke avait réussi à réintégrer l'hôpital. Après une période de «nettoyage» en profondeur et de réorganisation, l'établissement avait retrouvé sa réputation d'antan.

Cependant, alors que la poussière retombait sur l'affaire Nia, une nouvelle ombre menaçante planait au-dessus de Lexa. Par voie anonyme, quelques documents attestant de sa participation dans le trafic furent divulgués au poste de police où Lexa travaillait.

Bien que ces documents ne révélaient pas l'ampleur de ses actes répréhensibles, la brune savait qu'ils jetaient néanmoins un doute sur sa loyauté passée et semaient la confusion au sein de la police. Jusqu'à penser qu'elle aurait réellement pu être du côté de Costia.

Lexa était sur le canapé, effarée devant les documents qui venaient de lui être présentés. Les documents la dépeignaient comme une traîtresse, une infiltrée corrompue, mettant en péril non seulement sa propre réputation, mais aussi celle de son poste.

Elle sentit une vague de nausée la submerger, tandis que les mots imprimés dans les documents se gravèrent dans son esprit. En partie parce qu'elle savait que ce qui était relaté était vrai.

Une bonne heure auparavant, elle était dans le bureau d'Indra au poste. Elle n'avait pas encore repris officiellement, mais ça ne l'empêchait pas de s'y rendre tout de même, pour ne pas être comme un lion en cage à l'appartement.

L'un de ses collègues était venu chercher Indra, et la porte étant restée ouverte, Lexa avait entendu que des rumeurs se propageaient dans l'équipe. À son encontre. Au sujet de l'infiltration. Des documents avaient été envoyés anonymement.

Indra était venue la chercher, lui demandant de rentrer chez elle, lui tendant un dossier plié en deux. Dès qu'elle eut passé la porte de son appartement, elle ouvrit le dossier et se mit à lire, effarée. Clarke la rejoignant peu de temps après.

—Ce n'est rien qui ne puisse pas être expliqué, mais c'est beaucoup plus que ce que j'étais censé faire en mission d'infiltration… Ça me met en cause dans tous les cas. Soit, on va croire, ce qui est vrai, que j'étais de leur côté, soit au mieux que je suis allé bien plus loin que ce que m'autorisent mes fonctions dans cette affaire.

—Ça va aller, Lexa. Ça aurait pu être bien pire. Et Indra est très certainement sur l'affaire en faisant tout son possible pour gérer la situation, déclara la blonde avec confiance.

—Elle ne me couvrira pas. Pas une deuxième fois. C'est ce que je mérite, et rien de moins. Et de toute façon, tu…

La sonnette de l'entrée retentit soudainement, coupant brutalement la conversation. Les deux femmes se regardèrent rapidement.

—Tu attendais quelqu'un? demanda la Griffin, étonnée.

La jeune femme n'ouvrit pas la bouche pour réagir, mais l'inquiétude qui passa dans les yeux émeraude était une réponse suffisante. D'autant plus quand la jeune femme se rapprocha rapidement de son coffre-fort et prit un pistolet qu'elle glissa à sa ceinture, avant de se diriger vers la porte.

Ouvrant doucement et avec précaution cette dernière, elle la déverrouilla complètement lorsque la personne à l'extérieur se dévoila sur son palier.

—Je… Capitaine?

—Bonjour, Wood, dit-elle en entrant, avant de voir la blonde à qui elle fit un signe de tête. Bonjour MmeGriffin.

—Bonjour Capitaine Johnson, lui répondit cette dernière avec un léger sourire rassuré.

Le silence s'installa rapidement, et une tension presque palpable s'installa. Les deux femmes avaient déjà eu quelques échanges, notamment parce que Lexa était repassée quelques fois rapidement au poste.

Mais il était clair que la situation entre elles n'était pas encore revenue à la neutralité, et encore moins à ce qu'elle avait été auparavant. Et ce qui venait de se produire avec les informations qui avaient fuité n'arrangeait en rien les choses.

—Hum… Je peux vous proposer un café? demanda la blonde à la nouvelle venue dans une volonté bien visible de détendre l'atmosphère.

La Capitaine secoua doucement la tête, indiquant poliment qu'elle n'en voulait pas, laissant de nouveau le silence s'installer.

—Bien… J'ai… Je dois remplir certains documents pour l'hôpital, je vous laisse, déclara la chirurgienne après quelques instants.

En partant, les yeux azur rencontrèrent les yeux émeraude, qui étaient presque implorants. Elle lui lança un sourire qui se voulait rassurant, avant de sortir définitivement de la pièce avec un signe de tête pour la Capitaine.

Après son départ, les deux brunes se fixèrent sans dire un seul mot pendant quelques secondes.

—Lexa… commença la plus gradée. Je ne sais pas comment ces informations ont pu être divulguées, mais on ne peut pas les ignorer. Tu peux être certaine que, dans peu de temps, l'Unité des Affaires Internes sera sur ton dos.

En prononçant ces mots, sa Capitaine garda un air neutre, mais Lexa ne savait pas vraiment à quoi s'attendre.

—Je sais, Capitaine. Vous devez faire ce qu'il faut. Et je suis prête à assumer les conséquences de ce que j'ai fait, déclara-t-elle simplement.

Un long silence suivit la déclaration de la moins gradée.

—Je vais en parler avec eux si je le peux avant qu'ils ne te voient, soupira la plus âgée. On a déjà parlé de tout ça Lexa, et tu sais ce que j'en pense. Mais tu as aussi permis de faire tomber encore plus de gens que nous le pensions quand nous avons ouvert cette enquête. Beaucoup plus que ce que nous avons réussi à faire en plusieurs années. Alors je ne sais pas ce qui va se passer, mais je te soutiendrais.

—Indra… Je ne le mérite pas, et sincèrement, je ne suis même pas certaine de le vouloir. Je sais ce que j'ai fait autant que toi, voire plus. Et je n'ai pas envie de mentir toute ma vie sur ça. Le plus simple serait que je dise tout et qu'on en finisse avec ça.

La Capitaine la regarda fixement de ses yeux foncés et acérés, avant de reprendre d'une voix encore plus ferme qu'elle ne l'était habituellement.

—Non, tu ne vas pas le faire. Je vous l'interdis, Lieutenant Wood.

Lexa fronça les sourcils, surprise par la réaction de sa responsable hiérarchique et mentor. Elle avait toujours été plus qu'irréprochable, et c'était certainement ce qui faisait qu'elle lui en voulait autant pour ce qu'elle avait fait. Alors, l'entendre lui répondre et dire ça et de cette manière…

—Si tu dis la vérité, ce n'est pas une nouvelle mise à pied ou même un renvoi qui t'attend, Lexa. C'est la prison. Et pour ça je ne pourrais rien faire. De plus, le procureur pourrait vouloir s'en mêler et te charger au maximum, pour faire un exemple. Tu risquerais la prison à perpétuité, Lexa. Si ce n'est plus.

—Est-ce que ce n'est pas ce que je mérite, au fond? soupira la jeune femme après quelques instants, en baissant les yeux et se frottant le front.

—On fait tous des erreurs, Wood. Je le sais et tu le sais. Cette fois, c'est toi, et oui, tu as fait une grosse erreur. Certains individus sont reconnus coupables et échappent à la sanction en coopérant avec les autorités. Prends le cas de Roan Azplana, par exemple. Toi, tu as mis à terre l'entièreté de ce réseau, mais bien plus d'autres encore. Tu as réussi là où nous avons échoué depuis des années. Je ne vois pas pourquoi, toi, tu ne pourrais pas être pardonnée.

Lexa se contenta de hausser les épaules en soupirant longuement.

—Peu importe si je suis pardonnée par la loi. Peu importe si Octavia, Raven, toi et les autres finissez par me pardonner un jour… Parce que je ne pourrai jamais me pardonner moi-même. Je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai fait.

—Tu as raison sur une chose: tu ne pourras jamais oublier. Mais pour ce qui est du reste, il faudra que tu nous laisses du temps. Mais je pense que nous te pardonnerons, Lexa. Et toi aussi, tu te pardonneras, même s'il t'en faudra peut-être plus.

Avec un regard ferme et un dernier signe de tête, la Capitaine quitta l'appartement sans un autre mot sous les yeux verts de la Wood. Celle-ci se contenta de soupirer une nouvelle fois avant de reculer lentement pour s'asseoir sur le fauteuil.

Elle allait donc se retrouver confrontée à une nouvelle épreuve, dans laquelle elle devrait prouver son intégrité et dissiper les doutes persistants régnant maintenant à son sujet.

—Lex'? J'ai entendu qu'Indra était partie, lui dit doucement Clarke qui se tenait contre le chambranle de la porte, ayant entendu la fin de l'échange.

Voyant la brune hocher simplement la tête, Clarke vint doucement la prendre dans ses bras sans ajouter un mot.

Peut-être que ce que sa Capitaine lui avait dit pourrait être vrai. Parce qu'après tout, la Griffin était toujours là, à ses côtés. Malgré tout ce qu'elle lui avait fait.

Et même si elle ne pensait pas que la jeune femme avait pu lui pardonner complètement pour le moment, elle était toujours là et semblait commencer à ne plus lui en vouloir, s'accrochant à elle.

Elle était toujours là, s'accrochant à elle. Peu importe le nombre de fois oùla brune lui avait dit de partir, qu'elle ne pourrait rien lui apporter de bon.

Les deux femmes restèrent là, dans une étreinte réconfortante, silencieuses, mais présentes l'une pour l'autre. Clarke avait entendu la conversation entre Lexa et sa Capitaine et comprenait maintenant les enjeux auxquels la brune était confrontée. Malgré les doutes sur les conséquences potentiellement dévastatrices, elle était déterminée à rester aux côtés de Lexa.

Après un moment, la blonde se recula légèrement pour regarder sa compagne dans les yeux. Elle pouvait voir la peine, le tourment et le dégoût d'elle-même dans le regard de la brune, mais elle pouvait aussi y lire une lueur d'espoir, même si elle était légère.

—Lexa, peu importe ce qui arrivera, je serai toujours là pour toi, déclara-t-elle d'une voix douce en prenant délicatement le visage de la Wood entre ses mains, la forçant à la regarder. Je te soutiendrai. Tu n'es pas seule dans cette épreuve, d'accord?

Comme l'avait dit Indra, la convocation des Affaires Internes ne tarda pas. Par chance, certainement grâce à son Capitaine en fait, l'audition devrait avoir lieu dans son poste. Lexa se sentirait -peut-être- un peu moins tendue en étant dans un environnement familier.

Aujourd'hui, elle se rendait donc au poste non pas pour travailler, mais pour être interrogée. Ce qui ne lui était jamais arrivé, puisque c'était en temps normal le contraire.

Lorsqu'elle arriva, elle ne sut pas vraiment comment réagir. Elle aurait aimé se rendre à son bureau, s'asseoir sur sa chaise, car c'était un endroit familier qui aurait pu lui apporter un certain réconfort.

Mais elle ne le pouvait pas. Car Octavia était à son bureau et pour cette journée qui s'annonçait déjà chargée, elle ne voulait pas en plus voir le regard noir de la Blake à son encontre. Car, parmi tous ceux qui étaient au courant de ce qu'elle avait réellement fait, la plus jeune semblait sans doute celle qui lui en voulait le plus.

De toute manière, l'heure de sa convocation n'allait pas tarder. Lexa était pratiquement certaine que l'homme qui se trouvait en face de sa Capitaine, dans le bureau de cette dernière, était là pour elle.

Il sortit quelques instants plus tard, se dirigeant vers les salles d'interrogatoire du poste. Lexa fit quelques pas hésitants vers le bureau de sa Capitaine, mais, avant qu'elle ne puisse arriver à destination, Indra l'interpela.

—Lexa, l'Agent Harris des Affaires Internes est ici. Il va falloir que tu te rendes en salle d'interrogatoire, la prévint sa Capitaine.

La jeune femme fit un signe de tête entendu, l'ayant vu partir dans cette direction et s'y attendant donc. Consciente qu'elle ne pouvait y échapper.

—Est-ce que tu veux que je vienne avec toi? Ou quelqu'un d'autre? lui proposa la plus vieille.

—Non. Non, Capitaine. Je ne peux pas vous demander de venir. Il faut que j'assume ce que j'ai fait face à lui, quoi qu'il se passe. Je vais faire comme on l'a dit, ajouta la jeune femme rapidement, voyant que la plus âgée était sur le point de répliquer. Mais je préfère le faire seule.

Indra acquiesça d'un signe de tête compréhensif, puis ouvrit la porte.

—Lexa… Malgré tout, tu as accompli de grandes choses pour notre équipe et pour la justice. Ne l'oublie jamais. Quoi qu'il en soit.

La jeune femme répondit par un simple signe de tête, et quitta le bureau du Capitaine pour rejoindre la salle d'interrogatoire. Lorsqu'elle entra, elle se dirigea instinctivement vers sa place habituelle, dos au miroir, avant de secouer doucement la tête et repousser la chaise sans s'asseoir.

Ce jour-là, ce n'était pas elle qui avait le contrôle de la situation. Bien au contraire. Alors, elle prit place de l'autre côté de la table métallique, face à la vitre sans teint, posant les mains sur l'acier glacial.

Quelques minutes plus tard, un homme d'âge moyen entra avec assurance et presque dédain. Vêtu d'un costume sombre bien taillé et d'une cravate impeccable, il fixa Lexa sans dire un mot, avant de s'installer en face d'elle et de déposer un dossier sur la table.

—Bonjour, je suis ravi de constater que vous êtes déjà présente. Nous allons donc aborder directement le sujet, car je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici. Je vous demande de me raconter en détail ce qui s'est passé lors de votre infiltration, Lieutenant Wood, dit-il en ouvrant le dossier et la fixant intensément. Sans omettre le moindre détail.

Elle se retint de soupirer bruyamment, sachant que cela prendrait du temps. La jeune femme commença donc son récit.

—Lieutenant Wood, pouvez-vous me raconter encore une fois tout ça?

Elle venait de passer des heures à détailler tout ce qui s'était passé depuis qu'elle avait pris en charge cette enquête, à l'exception des éléments qui la mettaient vraiment en difficulté.

Elle se contenta de garder son calme, sachant que ça ne lui servirait à rien de s'énerver, bien au contraire. Elle reprit du début et répéta tout une nouvelle fois.

Elle évoqua une nouvelle fois sa rencontre avec Clarke Griffin, qui lui avait fait part de ses soupçons.

Elle expliqua comment son enquête l'avait finalement conduit à Finn Collins, et la tragique issue de leur confrontation.

Sa prise de contact avec John Murphy et Ontari Queen, qui avait mené à son infiltration. Les ordres de leur part qu'elle avait dû suivre pour mener à bien l'enquête et en découvrir plus, ainsi que le début de l'infiltration de Clarke.

Elle poursuivit en décrivant sa rencontre avec Kristen Green et les instructions supplémentaires qu'elle avait reçues. Elle expliqua comment elle avait "attendu le plus longtemps possible pour accumuler un maximum de preuves", jusqu'à la mort de Kristen.

Enfin, elle décrivit comment elle avait constitué un dossier contre Nia Queen et sur tout le trafic, notamment grâce à l'aide de la chirurgienne et du fils de l'avocate elle-même.

Elle marqua une courte pause, réfléchissant à tout ce qu'elle venait de raconter. Les événements semblaient maintenant si lointains, comme s'ils appartenaient à une autre vie. Cependant, elle savait que ses actions et ses choix étaient scrutés à la loupe.

L'homme en face d'elle prit des notes dans le dossier, hochant parfois la tête. Il semblait attentif, mais également méfiant. Après avoir terminé de prendre des notes, il referma le dossier et la regarda d'un air sévère.

—Lieutenant Wood, vous avez précisé que Kristen Green était à la tête de l'entièreté du trafic, en tout cas avant sa mort. Est-ce correct?

La jeune femme n'ouvrit pas la bouche, se contentant de le lui confirmer en hochant la tête.

—Cependant, une zone d'ombre persiste dans votre récit. Dans votre dossier, j'ai pu voir que vous étiez fiancée à Costia Baines, avant que sa mort ne soit officiellement déclarée.

Face à son ton vicieux, Lexa ne put s'empêcher de déglutir, appréhendant où cette question allait la mener. Il n'avait pas mis ce point en lumière pour rien, bien au contraire.

—Sommes-nous d'accord pour dire que Kristen Green et Costia Baines étaient en réalité la même personne? Pourquoi ne m'avez-vous pas parlé de ce point en particulier?

—Qu'est-ce que vous voulez savoir? demanda-t-elle d'une voix la plus neutre possible.

—Et bien, dans un premier temps, je suis assez surpris que le Capitaine Johnson vous ait laissé sur l'affaire une fois qu'elle en a été informée, déclara l'homme en s'asseyant à nouveau en face d'elle. Dans des circonstances normales, elle aurait dû vous retirer de l'enquête.

—Justement, ce n'était pas une situation normale, loin de là. Il s'agissait de la plus grande organisation de trafic de la région, et j'étais déjà infiltrée depuis un certain temps. Ils me faisaient déjà confiance, personne n'aurait pu prendre ma place. Si je m'étais retirée à ce moment-là, il aurait été difficile de trouver un remplaçant, et cela aurait pris beaucoup de temps. Ça aurait même pu éveiller de gros soupçons et les mettre sur la défensive.

—C'est vrai, admit-il. Vous aviez leur confiance, mais êtes aussi l'un des éléments les plus efficaces de votre poste. Peut-être même dans toute la ville, à votre niveau, de ce que j'ai vu et entendu. Vous pouvez me résumer tout ça une nouvelle fois?

La brune se mordit l'intérieur de la joue pour se retenir de répliquer et, avec un soupir, fit ce qu'il lui demandait pour la troisième fois.

Une fois qu'elle eut terminé son récit une nouvelle fois, l'agent ne posa plus aucune question pendant un moment. Il se contenta simplement d'alterner entre son dossier et de la regarder fixement.

—Et qu'en était-il de vos sentiments envers celle qui avait été votre fiancée et que vous pensiez morte? Cela doit être assez étrange de retrouver la personne qu'on a aimée et perdue de cette manière. Comme une sorte de miracle.

—Qu'est-ce que vous insinuez, Agent Harris? demanda-t-elle, légèrement sur la défensive.

—Je n'insinue rien du tout, Lieutenant Wood. Je constate simplement les faits. Vous étiez en infiltration, c'est une chose. Et bien entendu, même si ce n'est pas souhaitable ni même appréciable, nous savons que, pendant une infiltration, vous êtes mis à l'épreuve et devez faire certaines choses. Mais lorsque toutes ces informations sont mises bout à bout, je me pose des questions. Surtout sur la durée de l'infiltration, pendant laquelle vous deviez également et sans aucun doute être proche de Costia Baines.

—Bien sûr que cela a duré longtemps! J'ai fait mon travail! Avez-vous déjà vu une infiltration réussir en seulement quelques heures?

La jeune brune n'avait pu s'empêcher de répliquer, l'homme la poussant à bout depuis son entrée dans la salle. Et même si elle avait réussi à rester relativement calme jusqu'à présent, sa remarque avait touché juste, car c'était la vérité. Il avait visé juste. En plein dans le mille. Et au vu du regard de l'homme, il semblait avoir compris qu'il pouvait exploiter cette faille.

—Vous étiez déjà sur la défensive, mais ça semble avoir augmenté. Pourquoi donc, Lieutenant Wood?

—Vous avez vu les questions que vous me posez?

—C'est donc que ces questions vous touchent, j'imagine? Pourquoi réagir comme ça, si ce n'est pas le cas? Est-ce que vous avez quelque chose à vous reprocher?

Lexa déglutit difficilement tout en soutenant son regard. Bien sûr qu'elle avait quelque chose à se reprocher. Beaucoup de choses, même.

—Et qu'en est-il de Clarke Griffin, dans tout ça? Sa présence et son implication dans cette affaire me paraissent assez étonnantes. Après tout, son mari est le premier cadavre que vous avez fait tomber sur votre route. Ensuite, c'est elle que vous dites avoir sauvée en tuant Costia Baines.

—Kristen Green. C'est à elle que j'ai enlevé la vie. Costia Baines est morte depuis des années, répliqua Lexa en essayant de garder son calme.

Elle pensait réellement ce qu'elle venait de dire, mais surtout, elle n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. Clarke n'avait absolument rien à voir là-dedans, elle n'avait pas à être impliquée.

—Pour moi, son nom se retrouve aux côtés de nombreuses personnes importantes du trafic qui sont décédées, ajouta-t-il en ignorant ce qu'elle venait de dire. En tuant son mari, vous avez pu vous rapprocher d'elle et…

—Et? Où est-ce que vous voulez en venir? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

Mais une fois de plus, il l'ignora complètement et continua sur sa lancée.

—Ou peut-être même que c'est Clarke Griffin qui vous a demandé de tuer son mari, pour renforcer son emprise sur le trafic. Après tout, cela s'est passé à l'hôpital où elle exerçait.

—Mais est-ce que vous vous entendez parler? Vous entendez ce que vous dites? s'exclama-t-elle, fermant violemment les poings, devant garder tout son calme pour ne pas se lever.

—Peut-être que vous avez fini par vouloir être toutes les deux à la tête du trafic en tuant la dirigeante. Peut-être que vous aviez besoin de tuer encore une autre personne.

—Où voulez-vous en venir, au juste?

—À ce que j'en ai vu, dans votre dossier, vous avez été acquittée après avoir tué votre père lorsque vous aviez douze ans?

—Oui, c'est vrai, reconnut-elle en le regardant avec suspicion. Mais je ne vois le rapport avec le dossier dont nous parlons ni où vous voulez en venir.

—Et bien, tuer à un si jeune âge, j'imagine que cela doit laisser des séquelles. Surtout en tenant compte du suicide de votre mère par la suite.

—Ça en laisse, oui,acquiesça-t-elle en serrant les dents. Je ne peux pas dire le contraire. J'ai été obligée de voir plusieurs psychologues. Mais vous savez aussi bien que moi que j'ai également eu diverses séances avant d'être accepté dans la police.

—Vous n'avez aucune pulsion meurtrière? demanda-t-il de but en blanc, en haussant un sourcil.

Malgré tout le calme qu'elle s'efforçait de maintenir pour que tout se déroule au mieux, elle commençait à être à bout.

—Non, répondit-elle froidement, lui lançant un regard noir.

—Clarke Griffin ne vous a-t-elle pas demandé de tuer son mari? Ne l'avez-vous pas fait à cause de sentiments naissants?

—Vous êtes complètement malade! Bien sûr que non! hurla cette fois la jeune femme en se levant et en frappant la table de ses mains, ne pouvant se retenir. Et Clarke n'a rien à voir là-dedans, laissez là en dehors de tout ça!

L'homme ne dit rien, se contentant de la fixer avec un sourire en coin satisfait. Il semblait plus qu'heureux de l'avoir fait sortir de ses gonds ainsi. Et il n'avait eu besoin de rien d'autre que de parler calmement.

La brune se blâma mentalement, avant de se rasseoir face à lui après quelques instants. Elle savait pertinemment que ses remarques visaient simplement à la déstabiliser, mais cela avait fonctionné.

—Lieutenant Wood, je pense que vous me cachez quelque chose. Et si je ne l'apprends pas de votre part, je me ferai un plaisir de faire interroger une nouvelle fois Mademoiselle Griffin, cette fois en ma présence.

La jeune femme le fixa intensément. C'était la pire chose qui puisse arriver à cet instant. Car, même si aucune information concernant Clarke et sa connaissance de ce qui s'était passé n'avait été révélée, en creusant, cela pourrait finir par ressortir d'une manière ou d'une autre.

Et il était absolument hors de question que la blonde soit impliquée dans toute cette affaire et qu'elle en subisse les conséquences à cause d'elle. La chirurgienne avait déjà trop perdu. Elle ne pouvait pas permettre qu'elle ne risque le moindre danger.

Elle devait tout avouer. Ainsi, Clarke serait complètement hors de cause. Elle devait reconnaître tout ce qu'elle avait fait devant cet homme. Peut-être obtiendrait-elle, si ce n'est sa liberté, au moins la rédemption.

—Je… commença-t-elle après quelques minutes, d'un air hésitant. La vérité, c'est que…

Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, la porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit à la volée. Lexa se retourna, surprise, voyant Octavia pénétrer dans la pièce.

—Monsieur, je suis vraiment désolée de vous déranger, mais la Capitaine Johnson vous attend dans son bureau, il y a un coup de fil urgent pour vous, déclara la nouvelle venue d'une voix calme, mais ferme.

—Bien, merci Détective Blake, j'arrive, dit-il en se dirigeant vers la porte. Wood, je reviens dans peu de temps. Réfléchissez bien à ce que vous avez à dire.

Il claqua la porte derrière lui, laissant Lexa seule dans la pièce avec ses pensées. Elle devait tout dire. Ça la ferait plonger, mais de toute façon, elle le méritait. Et de cette manière, Clarke et ses collègues seraient complètement hors de cause.

Une nouvelle fois, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit brusquement. Elle fronça les sourcils, il ne devrait pas déjà être revenu aussi rapidement.

—Mais qu'est-ce que tu fous, Wood! pesta Octavia, qui vint se placer devant elle, les bras croisés.

—Que… Quoi? s'étonna-t-elle, sans savoir quoi dire d'autre devant sa réaction.

—Ferme-là! assena violemment son amie en venant frapper du poing sur la table. Ferme-la! Ne dis rien!

—Je ne…

—Wood! Je sais très bien que tu étais sur le point de tout dire! Alors ferme-là et ne le fait pas!

—Clarke va…

—Ta gueule, enfin! lui intima-t-elle une nouvelle fois. Clarke ne risque rien du tout, elle est irréprochable. Il te pousse juste à bout comme il le peut et le pire c'est que ça fonctionne! Elle ne risque rien, Lexa. Rien du tout. Tu n'as pas à t'inquiéter pour elle à ce sujet.

La plus âgée ne répondit pas, se contentant de la fixer, se sentant un peu honteuse et idiote. Parce que la Détective avait probablement raison.

—Peu importe. Je vais dire la vérité. Si ça peut faire en sorte que vous m'en vouliez un peu moins…

—Mais ta gueule, Wood! Je pensais que ça t'était passé, cette idée à la con! Même si on t'en veut, ça ne veut pas dire que je veux voir ma meilleure amie, la meilleure amie et presque sœur de mon mari et la marraine de mon fils en prison, dit-elle en regardant sa montre. Je dois y aller, il va bientôt revenir et je ne devrais absolument pas être là. Alors, vraiment, tu fermes ta grande bouche et tu fais tout ton maximum pour rester avec nous.

Aussi vite qu'elle était venue, la petite brune repartit, la laissant complètement désemparée. Elle n'aurait pas pensé qu'Octavia voit les choses de cette manière-là.

Quelques minutes plus tard, l'inspecteur revint dans la salle d'interrogatoire, s'installant lentement sur sa chaise tout en déboutonnant sa veste.

—Très bien, Lieutenant Wood, reprit-il. Avant que je ne doive m'absenter, il me semble que vous aviez quelque chose à me dire.

Lexa fixa l'homme, serrant sa main sous la table pour se donner un peu de stabilité. Elle avait préparé ses paroles, bien décidée à ne pas se laisser déstabiliser à nouveau.

—Oui, reprit-elle avec assurance. La vérité, c'est que tout ce que je vous ai dit est vrai.

Elle soutenait son regard sans ciller, le fixant droit dans les yeux. L'homme aurait pu se sentir menacé face à son regard, s'il n'était pas conscient de sa position de force à ce moment-là.

—Très bien, je suppose que c'est le cas, alors, déclara-t-il enfin après quelques instants de silence.

Il baissa les yeux et rouvrit le dossier qu'il avait avec lui, se plongeant dedans, l'ignorant complètement. Lexa fronça légèrement les sourcils, surprise par son manque de réaction. Ils restèrent là, dans un silence presque pesant, chacun dans ses propres pensées.

—Pourquoi n'avez-vous pas appelé votre Capitaine et votre équipe immédiatement? demanda-t-il brusquement, interrompant le calme.

—Que voulez-vous dire, Agent Harris? demanda-t-elle à son tour, fronçant les sourcils de confusion.

—Et bien, il semble y avoir eu plusieurs minutes, de longues minutes, entre le moment où le coup de feu qui aurait mis fin à la vie de Kristen Green, Costia Baines, a retenti et votre appel à la Capitaine Indra Johnson. Du moins d'après les faits. Comment expliquez-vous ça? Vous n'en avez absolument pas parlé.

—Je n'en sais rien, répondit calmement et avec assurance la jeune femme. J'ai certainement dû m'assurer qu'il n'y avait plus aucun danger, puis vérifier que Clarke Griffin allait bien.

—N'était-ce pas le choc d'avoir ôté la vie de la femme que vous aimiez?

Réfléchissant rapidement pour ne pas commettre d'erreur, elle finit par répondre.

—Peut-être, partiellement, reconnut-elle avec franchise et, encore une fois, confiance. Mais j'ai tué Kristen Green, comme je vous l'ai déjà dit, elle n'était plus Costia Baines depuis bien longtemps. À ce moment-là, ce qui m'importait était de mettre fin au trafic et de garantir la sécurité du plus grand nombre.

—En êtes-vous certaine? Il y a s'infiltrer, et il y a basculer. Cela fait une différence. Cela arrive souvent lors de ce genre d'affaires, alors avec en plus votre ancienne fiancée dans la balance… Dites-moi, Lieutenant, n'avez-vous pas basculé?

—Non, répondit-elle fermement sans hésiter, sans briser leur échange de regard. Ce n'est pas le cas.

—En êtes-vous complètement certaine?

—Je vous dis que je n'ai pas basculé, réaffirma-t-elle avec détermination.

Il était hors de question de flancher maintenant. En aucun cas. Octavia avait eu raison de lui remettre la tête sur les épaules et elle avait écouté. Elle se redressa mentalement, prête à continuer l'interrogatoire avec tout le calme et la maîtrise dont elle était capable de faire preuve.

L'interrogatoire se poursuivit pendant un certain temps, mais l'agent de l'Unité des Affaires Internes sembla frustré de ne pas pouvoir la faire vaciller davantage, son regard toujours fixé sur le dossier.

Elle avait fait face avec le plus de calme et d'assurance dont elle était capable. Ce qui sembla l'ennuyer plus qu'autre chose au bout d'un moment.

Ils restèrent silencieux pendant un moment, jusqu'à ce qu'il décide finalement de se lever.

—Lieutenant Wood, il semble que nous en ayons terminé pour le moment, déclara-t-il. Mais nous nous reverrons certainement bientôt, j'en suis sûr.

Elle hocha simplement la tête d'un air neutre, attendant qu'il quitte la pièce. Dès qu'il fut parti, elle s'autorisa à s'étirer, sentant les muscles de son dos se raidir légèrement après de longues heures passées dans cette pièce. En plus de la tension que cet échange lui avait causée.

Dès qu'elle fut certaine qu'il n'était plus là, elle quitta la salle d'interrogatoire, son énervement refaisant surface dès qu'elle franchit les portes de la petite pièce. Contre lui, contre Costia, contre Nia… mais surtout contre elle-même.

—Wood? l'interpela sa Capitaine en la regardant avec attention.

—Tout va bien, répondit la brune en évitant son regard et serrant légèrement la mâchoire.

—Ne me mens pas une fois de plus. Tu ne quittes pas le poste dans cet état, prends le temps de te calmer. Va t'installer dans mon bureau.

Avec un signe de tête, Lexa obéit sans discuter davantage et prit place sur le canapé en cuir, baissant les stores pour plonger la pièce dans l'obscurité.

Elle resta assise pendant de longues minutes sans bouger, fixant un point invisible, tentant désespérément de se calmer. Mais chaque image, chaque phrase de cet interrogatoire revenait en boucle dans son esprit.

—Elle m'a dit de rester au poste, dit-elle en se parlant à elle-même. Ça ne veut pas dire que je dois rester ici sans rien faire.

Alors, elle se leva, décidée à faire quelque chose pour évacuer cette colère bouillonnante en elle.

Traversant le poste sans un mot, elle s'engagea vers la salle d'entraînement du sous-sol. La rage en elle était trop grande pour rester inactive.

Et en entrant dans la salle d'entraînement du sous-sol, qui était presque vide à cette heure-là, toute la colère que Wood avait gardée en elle explosa.

Sans même prendre la peine de s'équiper, elle se dirigea vers le premier sac de frappe libre sur son chemin.

Lorsqu'elle commença à le frapper avec rage et à mains nues, ceux qui étaient présents la fixèrent intensément, mais elle était trop concentrée pour s'en rendre compte. Chaque coup exprimant une frustration qu'elle ne pouvait plus contenir.

Les douleurs s'intensifiaient dans ses mains, mais elle n'y prêta aucune attention, ignorant les regards curieux ou inquiets des quelques collègues qui la regardaient de loin.

Au moment où ses articulations commencèrent à lui faire vraiment mal, elle s'aperçut qu'elle était seule dans la salle.

S'arrêtant quelques instants, elle regarda ses mains en soupirant avant de se décider à finalement mettre des gants. Elles étaient déjà en mauvais état, mais elle s'en fichait. Si elle voulait continuer à extérioriser de cette manière, elle devait le faire avant que ses mains ne soient complètement en sang ou qu'elle ne se fasse une entorse.

Une fois les gants rembourrés en place, elle se remit en position, reprenant ses frappes sur le sac en cuir dur sans se retenir. Elle frappa, et frappa, et frappa… Déversant toute sa rage et sa haine sur le sac devant elle, sans avoir aucunement conscience du temps qui s'écoulait.

Soudain, une voix familière la tira de ses pensées.

—Lex'…

En entendant la voix, la brune n'attendit pas une seconde pour baisser les mains et faire volte-face, comme surprise en faute.

—Clarke? Qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-elle, étonnée, en commençant à retirer ses gants et en les laissant tomber au sol.

—Octavia s'inquiétait, alors elle m'a dit de passer. Elle a dit que ça fait des heures que tu es là, Lexa…

Cette révélation la prit encore plus au dépourvu. Beaucoup plus de temps s'était écoulé que ce qu'elle pensait, sans qu'elle ne s'en rende compte. Bien qu'à en juger par la douleur qui émanait de ses mains, cela ne la surprenait pas réellement.

Mais ce qui était encore plus surprenant, c'est que la Blake ait prévenu la chirurgienne et lui ait même demandé de venir la sortir de là. Ce fait s'ajoutait à son intervention pendant son entretien, ou plutôt son interrogatoire, avec l'agent des affaires internes.

—Viens, on rentre à l'appartement, lui dit la blonde en la tirant une fois de plus de ses pensées.

Cette dernière avait pris les mains de la Wood pour les examiner, inquiète d'y voir des phalanges ouvertes et légèrement sanglantes.

Sans rien dire, elle quitta la salle d'entrainement, puis le poste, avec la brune derrière elle. Une fois arrivée à l'appartement, la première chose que fit la chirurgienne fut de revenir auprès de Lexa avec un tube de pommade. S'occupant doucement de ses blessures, appliquant une pommade apaisante et massant ses mains endolories. Assieds-toi, ordonna-t-elle en ouvrant le tube.

Rapidement, elle prit les mains abimées malgré le port des gants rembourrés et appliqua de la pommade avant de les masser avec précaution. Pour qu'elles se retrouvent dans cet état, la brune avait dû frapper sans relâche pendant plusieurs heures.

Ce qu'elle se garda bien de dire à la Griffin, c'est qu'avant de finalement décider de mettre les gants, elle avait frappé pendant un long moment, jusqu'à se faire mal, à mains nues.