Se réveiller auprès de Sam était quelque chose de nouveau… Quelque chose à laquelle Jack devina qu'il pourrait très vite s'habituer.

Elle dormait encore, la tête nichée au creux de son cou, un bras passé en travers de son torse et une jambe douce glissée entre les siennes. Dans le sommeil, Jack avait enroulé un bras autour d'elle et la pressait sur son cœur, comme s'il craignait qu'elle ne s'évanouisse au petit jour, dans les brumes d'un rêve.

Mais le soleil était en train de se lever et elle était toujours là, dans son lit. Jack soupira et tendit sa main libre pour éteindre le réveil qui ne tarderait pas à sonner, espérant grapiller quelques minutes de douceur en plus. Sam, cependant, était comme lui et avait l'habitude des réveils matinaux. Elle ne tarda pas à remuer, s'étirant doucement contre son corps, sans ouvrir encore les yeux. Un petit souffle heureux s'échappa de ses lèvres étirées par un sourire et Jack attendit avec une angoisse inédite qu'elle ouvre les paupières pour voir si le sourire persisterait lorsqu'elle réaliserait où elle avait passé la nuit. Et avec qui.

Deux yeux bleus papillonnèrent un peu avant de se poser sur ses prunelles chocolat et - oh surprise! – le sourire de Sam se fit encore plus éclatant.

– Bonjour… murmura-t-elle, une douce rougeur envahissant sa gorge et ses joues tandis qu'elle réalisait qu'elle était drapée sur son Commandant.

– Bonjour.

Il écarta de la main quelques mèches rebelles de son visage et Sam appuya sa joue contre sa paume.

– Quelle heure est-il? demanda-t-elle, un peu perdue.

– L'heure de se lever, soupira-t-il. Tu peux prendre ta douche, je vais préparer le petit déjeuner pendant ce temps.

Elle accepta volontiers et sortit du lit, lui laissant manquer immédiatement la chaleur de son corps. Il la suivit d'un regard lascif tandis qu'elle se faufilait vers la salle de bain, ses longues jambes nues à peine couvertes à mi-cuisse par le tee-shirt dont l'encolure trop grande dévoilait une épaule.

Au fil des ans, il avait vu Carter à différents degrés de déshabillage, que ce soit pour soigner des blessures ou simplement pour se changer lorsque les conditions étaient trop exiguës pour permettre une quelconque intimité. Mais il avait toujours essayé de détourner les yeux ou de nier l'intérêt qu'il pouvait porter à sa peau douce et blanche, parsemée de taches de rousseurs. La nouveauté, c'était qu'il se sentait en droit de la regarder ce matin.

Lorsque Sam referma la porte et que l'eau se mit à couler, Jack repoussa fermement les pensées érotiques de son corps trempé, éclaboussé par le jet d'eau chaude et se leva, passant par sa chambre pour enfiler un tee-shirt.

Il se dirigea vers la cuisine, pieds nus et les cheveux en bataille et sortit rapidement des œufs et du bacon, du fromage blanc et des fruits. Il mit la cafetière en route et bâilla.

Le temps que l'omelette cuise et que le bacon dore dans la poêle, Sam émergea du couloir dans ses vêtements de la veille.

– Janet m'a laissé un message. Elle veut qu'on passe à l'infirmerie pour de nouveaux tests.

– Super… grogna Jack.

Il déposa sur le comptoir deux tasses à café que Sam emporta à table tandis qu'il la suivait avec deux assiettes remplies.

Ils déjeunèrent en silence, profitant simplement de la compagnie de l'autre et se familiarisant encore avec les sentiments de l'autre qui allaient et venaient entre eux.

Jack les conduisit jusqu'à la base et se gara à sa place habituelle, au fond du parking, près de la voiture de Sam.

– Tu devrais peut-être y aller d'abord… proposa-t-il.

– Oui, bonne idée. Je te retrouve à l'intérieur?

– Tu peux le parier, la taquina-t-il.

Jack la regarda s'éloigner vers la Montagne et attendit dix bonnes minutes avant de quitter sa voiture.

Huit jours.

Cela faisait huit jours que Jack s'endormait avec Samantha Carter blottie dans ses bras et il n'était pas certain de pouvoir se contenir beaucoup plus longtemps…

Ils avaient échangé quelques baisers mais rien de plus et Jack trouvait la situation de plus en plus difficile.

Daniel et Teal'c avançaient sur la traduction des piliers du Temple mais, pour le moment, ce qu'ils avaient trouvé n'était pas vraiment bon.

Hammond avait programmé une réunion à 11 heures, après que Sam et Jack soient repassés par l'infirmerie pour un énième contrôle.

Tandis que SG 1 attendait le Général, en ligne téléphonique avec le Président, Daniel remarqua que Jack et Sam paraissaient communiquer sans même se parler, se contentant d'un demi-sourire ou d'un hochement de tête. Ils avaient pris place côte à côte autour de la table, leurs chaises un peu trop proches l'une de l'autre par rapport à la distance qu'ils conservaient habituellement.

Teal'c s'était contenté de hausser un sourcil en les voyant s'installer mais n'avait pas fait de commentaire, un léger sourire fleurissant simplement sur ses lèvres.

Hammond entra enfin dans la salle de briefing et s'assit dans son fauteuil avant d'ouvrir le dossier posé devant lui.

– Veuillez excuser mon retard. Alors, qu'avez-vous trouvé?

Daniel prit la parole:

– Eh bien… Le pilier Est du Temple raconte l'histoire du peuple qui vivait là et leur vénération pour Osiris. Nous pensons qu'il s'agit d'un Goa'uld ayant conquis cette planète il y a plusieurs millénaires. Il semblerait qu'il ait été plutôt bienveillant avec ce peuple, lui offrant sa protection contre le Dieu Seth. La statue que nous avons trouvé à l'intérieur de l'édifice semble être un cadeau d'Osiris à ses fidèles.

– Donc, on peut supposer qu'il s'agit d'une technologie Goa'uld? demanda Hammond.

– Je pense oui.

– Et peut-on savoir ce que cette chose est sensée faire exactement? s'agaça Jack.

– Nous avons eu plus de mal à décoder cette partie qui se trouve sur le pilier Ouest. Mais, apparemment, il s'agirait d'une sorte de lieu où les fidèles dont la vie était sur le point de s'achever avant l'heure, par blessure ou par maladie, pouvait trouver littéralement «un second souffle de vie».

– Mais, Carter allait parfaitement bien avant que ce rayon ne la touche!

– Colonel, le reprit le Général, désireux de calmer son Second.

Jack leva la main en signe d'obéissance et laissa Daniel terminer.

– Il semble que la statue soit là pour créer une connexion entre la personne entre la vie et la mort et celle qui accepte de se lier à elle pour la sauver.

– Et ce lien est permanent? questionna Sam, la voix un peu plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu.

– Nous l'ignorons, Major Carter, déclara Teal'c.

Jack serra le poing sous la table et s'efforça de se contenir. Il sentait la panique qui montait chez Sam et il savait qu'elle n'avait pas besoin qu'il ajoute ses angoisses aux siennes.

– Mon Général, je voudrais retourner sur place pour étudier cette statue, demanda finalement Sam.

Le cœur de Jack fit un bond dans sa cage thoracique et Sam porta aussitôt la main à sa poitrine.

– Dois-je vous rappeler ce qui s'est passé la dernière fois que vous avez approché ce truc, Carter? s'emporta le Colonel.

Sam croisa son regard et le soutint, chose qu'elle n'avait pas pour habitude de faire, surtout devant un public.

Hammond croisa les mains sur la table et répondit d'une voix apaisante:

– Major, je suis d'accord avec le Colonel O'Neill. Je ne crois pas qu'il soit judicieux de vous faire courir de nouveaux risques…

– Mais, c'est une technologie Goa'uld! Il y a peut-être un moyen d'inverser ses effets…

– C'est trop dangereux, Major.

– Il nous reste encore une tablette entière à traduire, peut-être que nous y trouverons plus d'informations.

– Il y avait aussi des inscriptions sur le piédestal de la statue, il me semble, ajouta Sam un peu découragée.

– Général, je me porte volontaire pour aller prendre des photographies de ces symboles, déclara Teal'c.

– Comment être sûr que vous n'allez pas être également touché par ce rayon, Teal'c? questionna le Général.

– S'il s'agit bien d'une technologie Goa'uld, il est probable qu'elle ne fonctionne que sur les humains, pas sur les Jaffas, indiqua Teal'c.

– Dr Jackson?

– Avec un bon objectif, Teal'c pourrait prendre les photos tout en restant à bonne distance…

– Très bien, vous avez le feu vert, trancha Hammond. Mais soyez prudent.

Teal'c hocha la tête et le général mit fin à la réunion.

Le Jaffa salua ses amis et partit se préparer.

– Je te rejoins en salle d'embarquement avec le matériel photo, Teal'c, lui lança Daniel en filant vers son bureau.

Jack et Sam se retrouvèrent seuls dans la salle de briefing soudain silencieuse.

– J'ai quelques rapports à terminer, on se retrouve pour le déjeuner, proposa Jack.

– D'accord… soupira Sam, dépitée en lui tournant le dos pour se rendre à son laboratoire.

Jack pouvait sentir à quel point la situation la perturbait mais, en cet instant, au SGC, il ne pouvait rien faire pour elle.

O'Neill avait étonnamment réussi à boucler tous ses rapports en retard en un temps record et il se demanda si la concentration de Sam déteignait sur lui.

Ravi, il passa au bureau de Hammond pour déposer sa pile de documents.

– Entrez une minute, Colonel, lui demanda le Général en lui faisant signe.

Jack s'avança et lui tendit les rapports. L'homme eut un haussement de sourcils surpris en les examinant rapidement.

– Vous avez terminé?

– Oui, mon Général, crâna O'Neill.

– Eh bien, ce lien avec le Major Carter a au moins un effet positif, plaisanta le Général. Asseyez-vous Jack.

O'Neill se demanda ce qui lui valait cet entretien mais, il n'eut pas à y réfléchir bien longtemps car le Général déclara:

– Comment va-t-elle, Jack?

– Carter? Cette histoire la stresse un peu, je crois…

– Rien d'étonnant… Je suis inquiet pour elle. Pour vous deux en fait.

Jack ne savait pas trop à quel sujet alors, il se contenta d'attendre la suite. Si Hammond avait eu vent du fait qu'il vivait quasiment avec Sam depuis une semaine, la deuxième chaussure ne tarderait pas à tomber, avec grand bruit…

– Le Président est totalement opposé à ce que vous quittiez l'un ou l'autre la planète tant que ce problème n'est pas réglé.

– Ah? Puis-je vous demander pourquoi, mon Général?

– Il pense que vous êtes tous les deux trop précieux pour le programme Porte des Etoiles pour qu'on vous perde tous les deux si l'un de vous était blessé ou tué en mission.

– Je vois… Carter ne va pas apprécier l'idée… Même si elle trouverait sûrement à s'amuser avec tous ces machins extra-terrestres que rapportent les équipes…

Hammond eut un sourire. En fait, il appréhendait plutôt la réaction du Colonel.

– Et vous, Jack?

– Moi?

Jack faisait l'idiot et Hammond en était bien conscient. Sous le regard inquisiteur du Général, Jack finit par soupirer:

– Oh… mon genou n'aurait plus passé la visite médicale dans peu de temps alors… je suppose que cela ne ferait pas une grande différence…

– Vous pourriez me succéder à la tête du SGC, proposa Hammond. L'État-Major apprécie l'idée.

– A vrai dire, je pensais plutôt à la retraite, Mon Général.

– Jack…

– Je ne suis pas fait pour être coincé derrière un bureau, j'ai la paperasse en horreur…

Hammond soupira. Le Président n'allait vraiment pas aimer la façon dont toute cette situation tournait.

– Bon, en attendant, pas de sortie interplanétaire pour vous deux, Colonel. Disposez.

Jack retrouva Sam à son laboratoire. Elle semblait plongée dans une expérience avec un artéfact ramené par SG 12 la semaine précédente.

– Alors? C'est une pétoire spatiale?

Sam leva la tête et lui offrit un sourire, le premier depuis qu'ils étaient arrivés à la base.

– Je ne crois pas, non… Désolée.

Jack haussa les épaules, d'un air désabusé.

– On mange?

– Oui, je n'avais pas vu l'heure.

Elle ferma son labo et ils se dirigèrent vers l'ascenseur. Alors qu'il appuyait sur l'étage du Mess, Jack déclara:

– Ah! J'ai fini tous mes rapports en retard!

– Wow! Bravo!

Elle avait l'air un peu incrédule et Jack ne savait pas vraiment s'il devait en être offusqué.

– Non! Je ne voulais pas… bredouilla soudain Sam en rougissant. J'étais juste surprise, tu traînes un peu les pieds d'habitude…

Jack fut amusé par sa gêne et cela sembla suffire à apaiser Carter.

Teal'c et Daniel les rejoignirent pendant qu'ils finissaient de déjeuner.

– Alors? demanda Jack.

– Tout s'est bien passé, O'Neill. J'ai pu filmer les symboles situés à l'intérieur du Temple.

– Et la statue? questionna Sam.

– Elle n'a pas réagi, Major Carter.

– Bien… Tant mieux, murmura-t-elle.

– Teal'c, un petit entraînement cet après-midi? proposa Jack.

Il avait besoin de se défouler un peu.

– Volontiers O'Neill.

Ce n'est que lorsqu'il fut sur le tapis face à Teal'c que Jack réalisa que ce n'était peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eue.

– Euh, attends un moment, Teal'c…

– Un problème O'Neill?

– En fait, oui. Je ne veux faire de mal à Carter, tu vois…

– J'avais cela en tête. Je vous promets de ne pas vous blesser mais vous semblez avoir besoin d'évacuer un peu la pression, O'Neill.

– Ouais… Tu peux dire ça… soupira Jack.

– Désirez-vous m'en parler?

Jack hésita. Ils étaient seuls dans le gymnase et les caméras n'avaient pas de prise de son. Il avait probablement besoin d'échanger avec quelqu'un… et Daniel lui poserait vraiment trop de questions gênantes.

– Eh bien, tu vois… ce lien entre Carter et moi, il est un peu plus complexe que ce que nous avons laissé entendre.

– Que voulez-vous dire?

– Il n'y a pas que l'aspect physique. Il y a aussi une sorte de connexion psychique qui fait que nous ressentons ce que l'autre pense.

– Je vois.

Teal'c ne semblait pas surpris outre-mesure.

– Tu t'en doutais?

– En effet. Ce matin avant la réunion, le Major Carter et vous sembliez vous parler simplement en vous regardant.

– Ah… Tu penses que Hammond l'a vu aussi?

– Je ne crois pas.

– Bien… Bien…

– En avez-vous parlé avec le Major Carter?

– On pouvait difficilement faire autrement…

– Je parlais de vos sentiments pour elle, O'Neill, précisa le Jaffa.

– De mes… Quoi? Teal'c!

Le Jaffa eut un léger sourire amusé et se remit en garde sans insister.

Jack était en sueur et ses muscles tiraient un peu mais, il se sentait bien mieux. Teal'c s'inclina avec déférence face à lui pour signifier la fin de l'entraînement et Jack se sécha le visage avec sa serviette.

– Merci Teal'c! Cela m'a fait beaucoup de bien!

– A votre service, O'Neill.

Les deux hommes prenaient tranquillement le couloir vers les vestiaires pour se doucher lorsque, tout à coup, Jack poussa un cri de surprise et de douleur et saisit son poignet droit dans sa main gauche.

– Est-ce que tout va bien, O'Neill? questionna le Jaffa avec inquiétude.

– Non… J'ai ressenti comme une violente brûlure à la main…

– Je pense que vous devriez vous rendre à l'infirmerie. Je vais vous accompagner.

Jack hésita puis se dit que c'était sûrement le mieux. Si comme il le craignait la douleur venait de Sam, elle y serait aussi.

Lorsque Jack entra dans l'infirmerie, il tomba nez-à-nez avec Janet qui semblait l'attendre.

– Colonel, laissez-moi voir votre main, ordonna-t-elle.

Docile, Jack tendit sa paume encore très douloureuse et la Doc l'examina rapidement.

– Vous n'avez pas de marque. La douleur devrait passer assez rapidement, j'ai fait une injection à Sam pour pouvoir la soigner.

– Mais que s'est-il passé, bon sang? Elle était sensée finir de rédiger des rapports!

Suivant Janet, il entra dans le box et trouva Sam, assise sur le lit, l'air confus. En le voyant, elle rougit et murmura:

– Je suis vraiment désolée, mon colonel… Le Dr Lee m'a appelée parce qu'il ne parvenait pas à mettre en marche une bobine de…

– Ah! la coupa Jack, sentant venir le blabla technique.

Sam soupira:

– Bref, il y a eu une brusque poussée d'énergie...

Jack la scruta avec davantage d'attentions pour s'assurer qu'elle n'était blessée qu'à la main. Comprenant ce qu'il faisait, Sam ajouta:

– J'ai été touchée par un arc électrique lorsque j'ai coupé le courant pour limiter les dégâts.

– Est-ce qu'il y a d'autres blessés?

– Le Dr Lee a été projeté en arrière et souffre de légères brûlures aux mains. Je vais le garder en observation cette nuit pour éliminer un risque de commotion, lui répondit Janet en passant de la pommade sur la main de Sam.

Jack sentit un picotement sur sa propre paume et il sourit doucement à Sam.

Une fois le bandage terminé, Jack suggéra qu'ils rentrent tous les deux à la maison pour éviter de nouveaux incidents et Sam ne trouva rien à répliquer, consciente que la petite expérience aurait pu exploser et la tuer, prenant du même coup la vie de Jack.

Elle resta étonnamment silencieuse durant tout le trajet mais Jack préféra ne pas perturber le cours de ses pensées qu'il sentait agitées et plutôt sombres. Il décida qu'il était plus sage d'attendre d'être en sécurité à la maison plutôt que sur la route pour en parler. Il se contenta de demander:

– Tu as besoin qu'on passe chez toi?

Sam secoua la tête:

– Non, j'ai encore assez d'affaires.

– On peut aussi lancer une lessive, tu sais.

Elle hocha la tête, pensive et Jack ne fut pas certain qu'elle l'avait entendu.

En chemin, il se gara devant le supermarché et, lorsque Sam lui jeta un regard interrogateur, il déclara:

– J'en ai pour dix minutes, on n'a plus grand-chose dans le réfrigérateur…

– Oh… D'accord… Tu as besoin d'aide?

– Non, repose-toi. Je fais vite.

Jack ressortit quelques minutes plus tard avec deux sacs en papier remplis de vivres. Il les rangea entre les sièges à l'arrière puis, se remit au volant et les ramena tranquillement jusqu'à chez lui.

– Entre, je m'occupe des courses, lui lança-t-il en ouvrant sa portière.

Sam accepta, sa main blessée ne lui permettant pas vraiment de transporter de charge.

Jack déposa les sacs sur le comptoir et entreprit de tout ranger rapidement dans les placards et le réfrigérateur, ne laissant dehors que les articles dont il aurait besoin pour cuisiner.

Sam avait disparu mais, le temps qu'il termine, elle reparut, vêtue d'un pantalon de yoga et d'un grand pull tout doux.

Elle accepta le soda qu'il lui proposait et s'installa dans le canapé.

– Je vais me changer aussi et ensuite, je ferai le repas, dit-il.

Sam fredonna son accord et mit la télévision en sourdine avant de s'allonger contre les coussins.

Elle avait dû s'assoupir un court moment car elle fut réveillée par le doux murmure des légumes qui cuisaient dans la poêle. Elle se leva et vint inspecter ce que Jack préparait. Cela lui semblait étrangement domestique de se balader en chaussettes dans sa cuisine mais elle aimait vraiment ça. Jack mélangea le poulet aux légumes avant de verser le tout dans un plat à gratin avec la crème et le fromage râpé.

– Hum… ça sent vraiment bon! le complimenta-t-elle.

– Merci.

Il tendit sa main pour attirer Sam contre lui, enroulant ses bras autour de sa taille dans un geste un peu trop naturel. La jeune femme se laissa faire, ravie de l'attention et glissa sa main indemne sur son torse. Jack déposa un baiser léger sur son front, dans ses cheveux.

– Tu m'as fait une sacrée peur tout à l'heure, Sam…

– Je sais… Moi aussi, crois-moi.

Levant les yeux vers lui, elle accrocha son regard, intense et inquiet.

– Comment allons-nous faire, Jack?

Il craignait de savoir de quoi elle parlait alors, il fit l'idiot:

– Faire quoi?

Sam soupira:

– Si les gars ne trouvent pas un moyen d'inverser les effets de ce rayon, nous ne pourrons plus jamais franchir la Porte des Etoiles, tu en as conscience? Le Pentagone ne prendra pas ce risque.

– Ouais, je sais. Hammond l'a peut-être déjà mentionné…

– Oh…

– On trouvera une solution, je te le promets.

Sam blottit son visage dans son cou et se serra fort dans ses bras. Elle poussa un petit soupir qui envoya un frisson dans le corps de Jack lorsque son souffle chaud heurta sa peau.

– En même temps… finit-elle par murmurer. Est-ce que ce serait mal de ne plus se faire tirer dessus, capturer et torturer?

Il rit et embrassa tendrement son cou.

– Peut-être pas… Mais je suis certain que tu t'ennuierais vite.

– Pas si je pouvais vivre avec toi, avoua-t-elle après un silence.

Jack glissa sa main sous son menton et la força à le regarder:

– Sam, on ne peut pas laisser les choses telles qu'elles sont.

– Pourquoi?

– Parce que je refuse de vivre en sachant que lorsque je mourrai de vieillesse, j'abrègerai aussi ta vie alors qu'il aurait dû te rester de nombreuses années à vivre.

– Personne ne sait de combien de temps il dispose…

– Allons, Sam! Je ne suis pas aussi doué que toi en mathématiques, mais, je sais compter jusqu'à 16 !

– Cela n'a jamais été important pour moi, tu sais, argumenta-t-elle.

Et quelque part, Jack savait qu'elle était sincère. Son âge n'avait jamais semblé lui poser un problème.

– Nous n'aurions plus à nous cacher… ajouta-t-elle. Je pourrais peut-être travailler comme civile pour le Programme, comme mon homologue dans ces autres réalités…

L'idée qu'elle suggérait une relation à long terme caressa agréablement l'esprit de Jack.

Ce dernier obéit à son instinct et se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes. Elle avait l'arôme sucré de son soda et le goût unique de Sam. Il mordilla sa lèvre inférieure puis la suça tendrement, réclamant sa bouche. Avec un petit gémissement, elle lui accorda ce privilège tout en emmêlant ses doigts dans ses cheveux courts, sur sa nuque.

Le baiser s'embrasa et bientôt, Jack glissa ses mains sous les fesses de la jeune femme et la souleva, la déposant en douceur sur le comptoir de la cuisine. Elle ouvrit ses cuisses pour l'accueillir plus près, tout en griffant doucement ses épaules à travers son vêtement. Jack sentit les jambes de Sam s'enrouler autour de lui, le réclamant. Il pressa expérimentalement son bassin contre celui de son Major et perçut la chaleur de son cœur à travers les couches de coton qui les séparaient. Il émit un son, quelque part entre un gémissement et un grognement. Sam haleta en retour et ondula des hanches contre lui. Jack parvint à reculer suffisamment pour reprendre son souffle et pour contempler Sam, les yeux mi-clos, les lèvres enflées de leur baiser, la poitrine haletante sous son pull doux. Durant leur étreinte, il avait passé ses mains sous son haut, dans son dos nu et il savourait ses courbes, hésitant encore à glisser vers l'avant pour la toucher là où il le voulait vraiment.

Mais Sam semblait avoir elle aussi dépassé le stade de la retenue car elle profita de ce bref instant pour attraper le bas de son pull et par l'arracher au-dessus de sa tête, se dévoilant, nue et sublime aux yeux ébahis du Colonel.

Le souffle de Jack se bloqua dans sa gorge tandis que ses yeux dévoraient l'étendue de peau diaphane qui s'offrait à lui pour la toute première fois. Du regard, il quémanda la permission de la caresser et Sam lui offrit un sourire lumineux et sexy tandis que ses yeux bleus s'assombrissaient de désir. Jack posa ses paumes chaudes, un peu calleuses, sur les mamelons soyeux et tendus de Sam et cette dernière gémit lourdement.

Jack retint un juron; elle était si incroyablement douce, si sensible. Ses seins parfaits se pressaient pleinement dans ses mains comme si elle avait été créée pour lui.

– Rien que pour toi… soupira Sam en réponse à ses pensées tout en basculant la tête en arrière.

Il embrassa la ligne de son cou en tout en la caressant sensuellement.

Carter sentit son souffle chaud sur elle un instant avant que sa bouche ne se referme sur son téton et ne le suce avec gourmandise. Elle se cramponna aux épaules solides de son Colonel et se balança langoureusement contre sa dureté qu'elle percevait à présent nettement à travers le bas de survêtement qu'il portait. Ses mains fines se faufilèrent sous son tee-shirt, explorant son dos avant de glisser plus au sud et de passer sous la barrière de son pantalon et de son boxer pour saisir fermement ses fesses. Elle l'attira tout contre elle et Jack mordilla son sein en réponse à la stimulation.

Avec un grognement nécessiteux, il la souleva dans ses bras et la porta le long du couloir jusqu'à la chambre tandis qu'elle gloussait dans son cou. Il l'allongea avec douceur sur le lit avant de flotter au-dessus d'elle, en appui sur les bras, un genou niché entre ses jambes. Sam attrapa son tee-shirt et le lui retira. Jack l'aida et balança le vêtement dans un coin de la pièce avant de reprendre possession de ses lèvres.

Cette fois, il n'y aurait pas d'hésitation. Ils en avaient tous deux conscience.

Ils avaient résisté aussi longtemps que possible mais, à présent, leurs sentiments étaient trop forts. C'était plus qu'une faim. Plus qu'un besoin. C'était l'urgence d'une connexion aussi nécessaire que l'air qui emplissait leurs poumons. Leurs cœurs battaient à l'unisson dans leur poitrine, tel un tamtam rythmant leur désir et suppliant pour la délivrance.

Chacun travailla pour déshabiller l'autre et bientôt, leurs peaux se touchèrent enfin, leur arrachant un lourd soupir de victoire.

La main de Jack s'égara entre leurs corps qui ondulaient l'un contre l'autre, se cherchant, se provoquant. Il caressa ses boucles blondes avant de s'aventurer plus bas, l'effleurant d'une caresse légère. Sam poussa un soupir et enfonça ses ongles dans ses biceps, réclamant plus de contact.

Il la trouva prête pour lui et gronda son prénom dans un souffle rauque. Se relevant pour pouvoir la regarder dans les yeux, il se pressa contre son centre brûlant et guetta son approbation.

– Jack… supplia-t-elle.

Il n'en fallut pas davantage pour qu'il bascule ses hanches et pousse lentement mais fermement son bassin contre elle, s'enfonçant entre ses parois serrées. Il la sentit s'adapter pour l'accueillir tandis qu'elle repliait ses jambes autour de sa taille pour le guider plus profondément en elle.

Jack avait souvent eu l'occasion d'imaginer sa première fois avec Sam mais, c'était mille fois mieux que dans tous ses rêves. Elle était voluptueuse et énergique, un mélange parfait de la femme et du soldat qu'il avait appris à connaître et à aimer. Elle ondulait sous lui, le rencontrant à chaque coup avec des soupirs et des cris, griffant même son dos alors que son plaisir approchait de son paroxysme. Lorsqu'elle bascula enfin, emportée par une vague puissante et soudaine, Jack le ressentit en lui-même et se laissa emporter à son tour par l'orgasme qui le déchirait.

Il cligna des yeux, reprenant conscience après s'être brièvement évanoui sous l'intensité de l'instant. Sam respirait fort sous lui et leurs cœurs galopaient encore, se freinant l'un l'autre.

Il se souleva sur ses bras pour ne pas l'écraser davantage et roula sur le côté, entraînant la couette avec lui pour les couvrir. Sans un mot, Sam vint se blottir dans ses bras avec un petit soupir satisfait qui arracha un sourire à Jack.

«Ouais… Autant pour espérer rester dans la même équipe après ça…» songea-t-il.

Il ne voulait plus qu'une chose à présent: se réveiller chaque jour dans les bras de cette femme et l'aimer jusqu'à ce que le soleil meure dans le ciel.

Le bruit d'un téléphone l'arracha à ses pensées.

– C'est le tien, je crois, déclara Sam en se levant pour fouiller dans la poche de son jean, abandonné par terre.

Elle ne tarda pas à trouver l'appareil et à le lui lancer.

– O'Neill, répondit-il avant que l'appel ne bascule sur messagerie. Oui, Daniel, j'arrive. Non, je m'en occupe. A tout de suite.

Il raccrocha.

– Qu'est-ce qu'il se passe?

– Daniel et Teal'c ont réussi à traduire la totalité du texte. Ils ont quelque chose.

Sam hocha la tête et se mit aussitôt en quête de ses vêtements.

– Est-ce que j'ai le temps de prendre une douche rapide? demanda-t-elle.

– Bien sûr! Est-ce que je peux me joindre à toi? dit-il taquin.

– Je ne suis pas sûre pour le côté rapide de la chose…

– Je promets de garder mes mains pour moi!

Évidemment, il en fut incapable mais, Sam ne trouva pas vraiment à s'en plaindre.

L'équipe SG 1 attendait dans la salle de briefing. Hammond les rejoignit enfin et s'installa en ouvrant le dossier posé devant lui.

– Dr Jackson, quelles sont les nouvelles?

Daniel remonta ses lunettes sur son nez et débuta son exposé. D'après les traductions des différents textes présents sur le site du temple, l'appareil qui avait blessé Sam était bien d'origine Goa'uld. Daniel avait pu en déduire que l'engin était capable de détecter les âmes en souffrance et qu'il avait pour objectif de relier l'un à l'autre deux êtres destinés à être ensemble.

Jack se gratta distraitement la gorge et Hammond jeta vers le Colonel et son Major un regard qui en disait long.

– Bien, est-ce qu'on peut inverser le processus? demanda le Général.

– Apparemment oui, déclara Teal'c. Il semble qu'il y est un mode d'emploi à l'intérieur du piédestal de la statue.

– Mon Général, je souhaiterais pouvoir me rendre sur la planète et étudier cela de plus près, demanda Sam.

Hammond, qui devait se douter de sa requête, déclara aussitôt:

– Le Président est d'accord pour que vous soyez autorisés à quitter la base pour vous rendre sur P4C-942, Major.

– Euh, mon Général… commença O'Neill.

– Vous aussi, Colonel. SG 1 partira dans une heure. Réglez-moi ce problème! Disposez.

Jack était dans la salle d'embarquement en premier, devançant Teal'c d'une petite minute. Daniel et Sam suivirent quelques instants plus tard, tout en bavardant des traductions que l'archéologue avaient effectuées.

– Sergent, composez P4C-942, ordonna Hammond en scrutant son équipe phare depuis la baie d'observation.

La porte se mit en rotation et les chevrons s'enclenchèrent les uns derrière les autres jusqu'à ce que le vortex se forme.

– Bonne chance, SG 1, déclara George.

O'Neill salua son supérieur et franchit la porte en premier.

En entrant dans le temple, Jack attrapa Sam par le bras en la voyant se diriger vers la statue:

– Prudence, Major, lui rappela-t-il. Je n'ai pas envie de devoir relancer à nouveau votre cœur…

– Oui, surtout que cela risque d'être compliqué si le tien est aussi arrêté, constata Daniel.

Ses deux amis lui jetèrent un regard noir et Teal'c souleva un sourcil.

– Ouais, bon! Restez sur vos gardes! recommanda Jack.

Sam contourna prudemment le piédestal pour éviter la zone d'action du rayon et s'agenouilla dans la poussière pour chercher à tâtons le panneau du tableau de contrôle de l'engin. Elle finit par entendre un léger «clic» et un tiroir s'ouvrit enfin. Comme Daniel l'avait indiqué, des glyphes Goa'uld dessinaient un mode d'emploi sur une des parois mise à jour. L'intérieur du coffret se composait de cristaux, comme dans les vaisseaux de guerre des Goa'uld.

– Daniel? appela Sam.

L'homme se faufila par le même chemin que Sam avait suivi et la rejoignit.

– Teal'c, je vais faire le tour du périmètre, déclara O'Neill en voyant les deux scientifiques commencer à converser avec passion, la tête dans la machine.

Teal'c se contenta de hocher la tête et de rester pour veiller sur leurs amis.

Deux heures plus tard, après plusieurs mouvements de cristaux et une dernière vérification, Sam se releva et épousseta ses vêtements.

O'Neill était assis par terre, de l'autre côté de la salle, à côté de Teal'c, et jouait avec son yoyo.

– Alors? demanda-t-il en voyant du mouvement.

– Je crois qu'on a réussi à inverser les effets de la machine, indiqua Sam. Il ne reste plus qu'à faire un essai…

– Et si ça ne fonctionne pas? s'inquiéta Jack.

– Je suppose que je mourrai…

O'Neill écarquilla les yeux et s'apprêtait à protester mais Sam avait déjà reculé et s'était placée dans la trajection du rayon. Elle posa sa main sur le socle, comme la première fois, et attendit.

La pierre rouge s'embrasa et la lumière la frappa, lui faisant immédiatement perdre connaissance.

– Sam! cria Jack en se précipitant vers elle.

Daniel était assez proche pour bloquer la chute de Sam. Il la saisit sous les bras et l'allongea au sol en douceur.

– Bon, a priori, ça a marché, constata l'archéologue.

Jack lui lança un regard fou et vociféra:

– Elle est inconsciente Daniel!

– Oui mais toi non! le contra Danny. Donc, vous n'êtes plus liés l'un à l'autre.

Jack posa ses doigts sur la gorge de Sam, à la recherche de son pouls. Il sentit immédiatement une pulsation forte et régulière. Une vague de soulagement le traversa.

– Son cœur bat, souffla-t-il.

– Je pense qu'elle s'est juste évanouie, confirma Daniel en voyant Sam reprendre des couleurs.

De grands yeux bleus s'ouvrirent lentement.

– Eh! Comment tu te sens? lui lança Jack en caressant sa joue, sans se soucier de ses coéquipiers.

– Bien… Je crois… Qu'est-ce qui s'est passé?

– Je crois que la machine a fonctionné. Tu as perdu connaissance mais pas Jack, lui expliqua Daniel.

Avant que Jack ne comprenne, Sam tendit sa main et lui pinça vivement l'avant-bras.

– Aïe! gémit Jack, surpris.

– Je n'ai rien senti, confirma Sam. Aidez-moi à me relever!

Teal'c lui tendit sa grande main et la souleva comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume.

– Est-ce que vous pensez pouvoir marcher, Major Carter? lui demanda-t-il.

– Oui, Teal'c, ça ira, merci.

– Bon, je propose qu'on rentre tous à la maison dans ce cas.

Daniel, Teal'c et Sam approuvèrent la proposition et Sam accepta le bras que lui offrait Jack pour retourner à la Porte des Etoiles.

Sur le chemin, Daniel et Teal'c ouvraient la marche, les devançant de quelques pas pour leur laisser un peu d'intimité.

Jack était silencieux et pensif. Il essayait de remettre dans une boîte les sentiments qu'il avait laissé échapper ces derniers jours mais, il se demandait s'il y parviendrait tant l'amour qu'il ressentait pour Sam était devenu immensément grand.

La main de la jeune femme se resserra sur son bras, attirant son regard vers elle.

– Je t'aime aussi, Jack… murmura-t-elle, pour lui seul.

– Quoi? Comment…

– Je te ressens toujours…

En y prêtant attention, Jack découvrit qu'il pouvait aussi sentir l'amour de Sam qui affluait vers lui par vagues, douces et chaleureuses.

– Mais alors? ça n'a pas fonctionné?

– Si. Je pense que mon rythme cardiaque est à nouveau le mien.

Elle se pinça vigoureusement le dessus de la main avant d'ajouter, lorsque Jack ne fit pas signe de ressentir le moindre inconfort:

– Et nos corps ne sont plus connectés l'un à l'autre pour ce qui est des blessures et de la douleur. Donc je dirais que ça a eu l'effet escompté.

– Mais pour le lien psychique alors?

– Peut-être que ça prend plus de temps… ou peut-être que c'était un effet secondaire imprévu et définitif…

Jack semblait un peu perdu. Il se demandait avec inquiétude comment il allait pouvoir expliquer au Général qu'il ne pouvait plus passer la Porte avec Sam… même si l'Homme était suffisamment observateur pour en connaître les raisons… Jack n'était pas dupe. Ce n'était pas parce qu'Hammond ne demandait rien pour ne rien savoir qu'il ignorait ce qui se passait sur sa base… ou en dehors.

– Je parlerai au Général dès notre retour, déclara alors Sam.

– Pourquoi?

«Question stupide, Jack!» se gronda-t-il.

– Non, je vais régler ça, ajouta-t-il.

Sam le tira par le bras pour stopper son avancée afin de pouvoir le regarder dans les yeux.

– Il n'en est pas question. C'est moi qui est ouvert la porte de la «pièce», Jack. C'est à moi de trouver une solution qui ne pénalise pas l'équipe. S'il te plaît…

Jack soupira lourdement et répondit finalement:

– Nous irons le voir ensemble.

Et il entrelaça ses doigts avec ceux de Sam avant de reprendre sa marche. La silhouette de la Porte se dessinait au bout du chemin. Il lui restait encore quelques minutes pour préparer ce qu'il allait dire à son supérieur.

oOo

– Colonel, Major! Comment vous sentez-vous? demanda Hammond en les faisant entrer dans son bureau.

– Aussi bien que possible, mon Général.

– Oui, nous avons réussi à inverser les effets néfastes de la machine, expliqua Sam.

– Bien! Parfait! Je suis ravi de l'entendre!

– Mon Général, auriez-vous quelques minutes à nous accorder? commença O'Neill.

Le Colonel se tortillait un peu aussi Hammond n'eut pas besoin de beaucoup plus d'information pour comprendre ce qui se tramait.

Avec un lourd soupir, le Général leur fit signe de s'asseoir.

– Je vous écoute.

– Eh bien… La période que nous venons de traverser était un peu compliquée et a… comment dire? mis à jour ce qui pourrait être un problème pour la chaîne de commandement, Monsieur, déclara Jack en s'efforçant de ne pas regarder en direction de Sam.

– Un problème de quel ordre, Colonel?

Jack prit une inspiration, prêt à sauter dans le vide mais, Sam le devança:

– J'ai des sentiments pour le Colonel O'Neill, mon Général. Et, avec tout le respect que je vous dois, je ne veux plus les ignorer.

Jack écarquilla les yeux et scruta aussitôt le visage du Général. Ce dernier ne laissait rien paraître, les laissant mijoter de longues secondes avant d'ouvrir un tiroir de son bureau et d'en sortir un dossier.

– La dernière fois que votre père est passé, nous avons eu une conversation vraiment intéressante, déclara finalement Hammond.

– Mon père? demanda Sam.

– Oui. Disons simplement que Jacob avait eu le pressentiment que quelque chose comme ça pourrait arriver. Et il m'a demandé de trouver une solution à ce problème lorsqu'il se poserait.

– Ah… murmura Jack, un peu perturbé à l'idée que Jacob Carter soit au courant.

– Le Président et l'État-Major ont validé ma proposition de vous confier la tête de l'équipe SG 8, Major. Leur officier a été grièvement blessé et devrait bientôt être mis à la retraite en raison des séquelles de ses blessures. La place est pour vous si la voulez, Sam.

Sam croisa le regard de Jack qui brillait de fierté et le Colonel hocha la tête, lui signifiant qu'elle devait accepter. C'était une chance pour elle de faire ses preuves dans un poste de Commandement et un pas de plus vers ses galons de Lieutenant-Colonel.

– Bien sûr, vous me rendrez compte directement ou au Colonel Reynolds lorsque Jack aura en charge la base en mon absence, précisa Hammond.

– Oui, Monsieur. Je vous remercie, mon Général.

– Je compte sur vous pour régulariser la situation assez rapidement, les chefs d'État-Major ne voudraient pas que cela donne des idées à d'autres personnes sur cette base.

– Bien entendu, mon général. Nous ferons le nécessaire, répondit Sam sans laisser au Colonel le temps de la réflexion.

Jack saisit discrètement la main de Sam et la serra, un sourire amusé aux lèvres.

– Disposez! ordonna encore George. Ah... Et mes félicitations à vous deux!

Les deux militaires remercièrent vivement leur commandant et quittèrent son bureau.

Une fois dans le couloir, à l'abri des regards dans l'angle mort d'une caméra, Jack murmura:

– Tu as conscience que tu viens de promettre au Général de m'épouser, n'est-ce pas?

Elle rit et répondit:

– Tout à fait. Si tu comptais t'échapper, je crains bien que ce ne soit trop tard…

Jack serra tendrement ses mains entre les siennes et souffla :

– Jamais, Sam. Jamais.

Deux mois plus tard

Jack fut réveillé en sursaut par Sam qui quittait le lit précipitamment pour courir dans la salle de bain.

L'entendant vider son estomac, il se frotta le visage et la rejoignit, lui caressant le dos et lui tenant les cheveux en arrière. Lorsque Sam se redressa enfin et tira la chasse, Jack lui tendit un gant humide pour s'essuyer le visage et une main secourable pour se relever.

– Je crois que tu devrais aller voir Janet, Sam… C'est le troisième jour consécutif… Je crois que nous savons tous les deux ce que ça signifie, chérie…

Sam se lava les dents et se rafraîchit avant de revenir se rasseoir dans le lit. Jack l'imita et, ouvrant son tiroir, en sortit un paquet de bonbons au gingembre.

– Suce ça, lui dit-il en lui tendant une friandise.

Sam ne protesta pas et le remercia en appuyant sa tête lourde contre son épaule tandis qu'il l'enveloppait dans une tendre étreinte.

– Hammond ne sera pas ravi… Mon équipe commençait à peine à trouver ses marques et voilà que je ne vais peut-être plus pouvoir franchir la Porte…

– Il te trouvera un remplaçant provisoire, ne t'inquiète pas.

Depuis que Sam dirigeait sa propre équipe, ils s'arrangeaient avec les horaires parfois décalés et les absences hors du monde. Les retards et les blessures restaient des sources permanentes d'inconfort mais, ils savaient qu'ils ne subissaient rien de plus que d'autres couples dans l'armée. Et le simple fait de pouvoir vivre ensemble était en soi un gain suffisant qui effaçait tous les autres tracas du quotidien.

Leur lien s'était un peu atténué mais, il était toujours là. S'il se concentrait suffisamment, Jack pouvait sentir si Sam allait bien et si elle était en sécurité. Sam était restée plus réceptive et parvenait même à sentir les changements d'humeur de Jack. Elle lui affirmait que c'était une conséquence de leur mésaventure mais, Jack restait persuadé qu'elle avait toujours su lire en lui mieux que quiconque.

Jack se pencha et embrassa Sam sur le bout du nez.

– Allez, je vais nous faire un petit déjeuner; j'ai un briefing à 10 heures.

– Quand partez-vous?

– Demain matin… Une histoire de nuit plus longue que le jour sur cette planète… Mais Daniel pense qu'il pourrait y avoir des ruines des Anciens alors…

Sam sourit et se leva, posant inconsciemment sa main sur son ventre encore plat.

Les chances étaient réduites avec ce que son corps avait subi au fil des ans mais, si ses nausées matinales et ses fringales nocturnes étaient un signe, il y avait un espoir.

Quelque chose de plus à fêter…

Jack et elle avaient posé quinze jours de congés à la fin du mois. Ils avaient prévu de se marier et de monter passer leur lune de miel à la cabane de Jack. Rien qu'eux deux, un lac vide de poisson et la nature sauvage à perte de vue…

Sam poussa un petit soupir lascif en imaginant toutes les activités qu'ils pourraient faire durant ces deux semaines loin de tout…

FIN